Sujet : fêtes médiévales, animations médiévales, compagnies médiévales, agenda, bastide, plus beaux villages de France. Lieu : Cordes-sur-Ciel, Tarn, Occitanie Evénement: Les Fêtes médiévales du Grand Fauconnier 2025 Dates : du 11 au 13 juillet 2025
Bonjour à tous,
‘agenda du week-end prochain nous entraînera du côté de la belle bastide occitane de Cordes-sur-Ciel pour la célébration des Fêtes médiévales du Grand Fauconnier.
Perchée sur les hauteurs, à quelques encablures d’Albi, la cité médiévale de Cordes-sur-Ciel dispose d’une histoire riche de plus de 800 ans. Construit au début du XIIIe siècle, du temps des puissants comtes de Toulouse, c’est aussi un des plus beaux villages de France.
Comptant comme une des plus anciennes bastides d’Occitanie, Cordes-sur-Ciel est encore citée comme « un chef d’œuvre d’architecture gothique » sur le site du Label. Voilà donc deux raisons supplémentaires de vous rendre à ces Médiévales si vous vous tenez dans la région.
Au programme des Médiévales du Grand Colombier 2025
Loin d’être une première, ces animations médiévales bien rodées ont déjà dépassé leur 50e édition. Depuis 1971, c’est le comité local du Grand Fauconnier qui a en charge leur organisation. La fête est aussi soutenue par diverses collectivités locales : la région occitane, le département du Tarn ainsi que la commune et la communauté de communes de rattachement de Cordes.
Côté programmation, l’ouverture des Médiévales de Cordes-sur-Ciel 2025 se fera, dès le vendredi soir, avec un grand banquet médiéval animé (sur réservations).
Les célébrations se poursuivront tout au long du week-end pour se clore le dimanche en soirée, sur un grand concert de la Compagnie du Gras Jambon. Ce groupe de musique s’est fait connaître auprès des amateurs de fêtes médiévales pour sa belle énergie et ses rythmes effrénés.
Animations médiévales, campement & marché
Les samedi et dimanche en journée, déambulations et animations permanentes seront au rendez-vous pour faire vibrer les rues de Cordes-sur-Ciel au temps du Moyen Âge.
Musiques et mini-concerts, défilés de créatures étranges et de saltimbanques, spectacles de rues, tournois de chevaliers tout sera là pour inviter petits et grands au voyage. On pourra encore compter sur un grand camp médiéval animé et des ateliers pour s’initier à la vie civile et militaire durant la période médiévale.
Enfin, un marché médiéval et artisanal sera aussi présent pour combler les envies gourmandes ou les envies cadeaux originales.
Compagnie du Gras Jambon – Castel Vocalis – Turba Musica – Tan Elleil – Comme des gosses – La Vie Moyenâgeuse – Caminaïre – Fractale Production – Les Aboyeurs – ...
Sujet : sagesse persane, conte moral, devoir politique, justice, citations médiévales, citations, sagesse, conte politique. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Auteur : Mocharrafoddin Saadi (1210-1291) Ouvrage : Le Verger de Saadi traduit pour la première fois en français, par A. C. barbier de Meynard, (1880)
Bonjour à tous,
près notre article précédent sur le Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse, juif séfardi converti au christianisme ayant introduit, dans l’Espagne des débuts du XIIe siècle, les contes orientaux en Occident, le moment ne pouvait être mieux choisi pour une escapade du côté de la Perse médiévale.
Nous sommes au XIIIe siècle et le voyageur, écrivain et conteur Mocharrafoddin Saadi distille ses contes moraux à destination de ses contemporains. Deux ouvrages de lui sont restés célèbres, le Gulistan (Golestan) ou Jardin de Roses et le Boustân (Bustan), le Verger ou Jardin de Fruits.
Exercice juste et raisonné du pouvoir, précis de bonne conduite, philosophie et sagesse, pratique religieuse, éducation, attitudes face aux âges de la vie, les sujets couverts par le poète persan sont multiples. Si de nombreux thèmes touchent l’homme du commun, la dimension politique reste toutefois importante. De nombreux passages du Boustan ou du Gulistan évoquent même les Miroirs aux Princes, genre qu’on dédiait, au Moyen Âge, à l’éducation et à l’édification morale des puissants.
« Que les rois doivent ménager le Peuple«
Les deux extraits que nous partageons aujourd’hui sont issus du Boustan de Saadi. Violence envers les faibles, injustice et tyrannie sont des thèmes récurrents chez l’auteur du XIIIe siècle. Pour lui, le pouvoir ne vaut que s’il n’est juste, trempé de mansuétude et au service du peuple.
Dans un chapitre du Boustan destiné à la conduite des rois intitulé « Que les rois doivent ménager le Peuple« , il rappelait à nouveau les devoirs des puissants contre l’injustice et l’oppression des faibles. Il le faisait même, à l’occasion, au nom de l’humanité tout entière. Comme pour de nombreux auteurs moralistes et politiques, si l’objectif est moral, il est aussi pragmatique. En faisant preuve de mansuétude, le roi peut protéger du même coup ses propres intérêts et l’exercice pérenne du pouvoir.
« C’est une lâcheté d’opprimer les faibles, comme le passereau avide qui dérobe à la fourmi le grain qu’elle charrie péniblement. Le Peuple est un arbre fruitier qu’il faut soigner pour jouir de ses fruits ; n’arrache pas impitoyablement les branches et les racines de cet arbre ; l’ignorant seul agit contre ses propres intérêts. »
Que les rois doivent ménager le Peuple, Le Boustan, Edition traduite par A. C. barbier de Meynard, (1880)
» La fortune et la prospérité sont dévolues au maître qui n’opprime pas ses subordonnés. Garde toi des plaintes du malheureux qui l’injustice foule à ses pieds. Là où la victoire se peut obtenir par la douceur, évite la lutte et l’effusion du sang. Je l’atteste au nom de l’humanité, tous les royaumes de la terre seraient trop chèrement payés au prix d’un goutte de sang qui tombe sur le sol. «
Que les rois doivent ménager le Peuple, Le Boustan, Edition traduite par A. C. barbier de Meynard, (1880)
A plus de sept siècles de Saadi, ses perles de sagesse continuent de résonner comme des évidences. Il est d’ailleurs toujours enseigné dans le monde perse et on le célèbre même grandement, chaque année, en Iran.
Pour découvrir d’autres textes médiévaux sur les devoirs politiques et moraux des puissants, c’est ici :
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : l’image d’en-tête est un détail d’enluminure issu d’un manuscrit du Boustan datant des débuts du XVIe siècle. Elle représente Saadi à la proue d’un navire apercevant le derviche de la ville de Faryab qui traverse la rivière sur un tapis volant. The David Collection, Museum National d’Art de Copenhague.
Sujet : contes orientaux, fable médiévale, contes, auteur médiéval, Espagne médiévale, poésie morale, contes moraux. Période : Moyen Âge central, XIe & XIIe siècle Auteur : Pierre Alphonse, Petrus Alfonsi, Petrus Alfonsus, Pedro Alfonso, Petrus Alphonsi, (1062-?1110) Ouvrages : Disciplina Clericalis, Discipline du Clergie, Le Castoiement d’un père à son fils.
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous embarquons pour les débuts du XIIe siècle à la découverte d’un nouveau best-seller médiéval : le Disciplina Clericalis et son adaptation en vers et en vieux-français, Le castoiement d’un père à son fils.
Pour débusquer les origines de cet ouvrage à succès du Moyen Âge central, il nous faudra passer les Pyrénées françaises à l’ouest d’Andorre avant d’entrer dans l’Aragonais. C’est là, à Huesca, dans la Province de Saragosse et au cœur de l’Espagne médiévale que l’auteur de notre best seller s’est tenu, entre la fin du XIe siècle et les débuts du XIIe siècle. Il a pour nom Pierre Alphonse (Petrus Alfonsi ou Alfonsus, ou encore Pietro Alfonso) et il se rendit célèbre au moins autant pour son œuvre que pour sa conversion tardive au catholicisme.
De Moïse Sephardi à Petrus Alfonsi
D’origine Juive, Pierre Alphonse embrassa la religion catholique à un âge relativement avancé. Il était alors dans sa quarantième année et plutôt bien implanté et reconnu dans sa communauté locale. Médecin, peut-être même rabbin, cette conversion volontaire ne manqua pas de susciter la désapprobation des siens. Quelques années plus tard, il expliqua et argumenta cette décision dans le Liber adversus Judeos ou Dialogus contra Judaeos connu en français sous le nom de « Dialogue contre les juifs ».
L’ouvrage se présente sous la forme d’un dialogue entre Moïse (l’homme d’avant la conversion) et Petrus, son nouveau moi converti et ayant endossé le prénom de Pierre l’apôtre. Cet essai connut un succès certain au Moyen Âge et alimenta les conversations théologiques opposant le christianisme au judaïsme.
Aujourd’hui, ce n’est pas cet ouvrage de Pierre Alphonse que nous souhaitons aborder mais le Disciplina Clericalis ou l’enseignement des clercs. Moins polémique que le Liber adversus Judeos, il s’agit d’une collection de contes et de récits d’inspiration orientale mais qui eut un grand retentissement dans la littérature médiévale occidentale. De fait, le Disciplina Clericalis est encore considéré, à ce jour, comme une la plus ancienne compilation de contes d’origine orientale en Occident.
Le Disciplina Clericalis et Le Castoiement d’un père à son fils.
Pour comprendre l’émergence de ce célèbre ouvrage médiéval au cœur de l’Aragonais et de l’Espagne des débuts du XIIe siècle, il faut avoir en tête deux ou trois éléments de contexte. Petrus Alfonsi est d’origine séfardi mais il nait et grandit aussi dans une province aux mains d’Al Andalous. Cette dernière ne sera reprise complétement par la reconquista qu’autour de 1118.
Dans la Huesca des débuts du XIIe siècle, les intellectuels espagnols, arabes et juifs se côtoient (voir notre biographie détaillée de Petrus Alfonsi ). La cour d’Aragon est elle-même ouverte à ces influences culturelles même si les échauffourées ne manquent pas entre les provinces aux mains du Califat de Cordoue.
Ce bain multiculturel trempé de littérature orale et écrite orientale a certainement influencé Pierre Alphonse. On sait par ailleurs qu’il a grandi avec les arabes et parle leur langue. Doté d’un bon niveau en latin et d’un excellent bagage en culture orientale, notre auteur était tout indiqué pour adapter cette tradition orientale dans une forme qui puisse séduire les lecteurs et clercs occidentaux d’alors.
Un manuel de savoir-vivre accessible et léger
Le monde arabe et perse, comme l’Europe médiévale du Moyen-Âge central furent particulièrement friands de manuels d’éducation à l’usage des jeunes princes ou nobles appelés à régner. Le Disciplina Clericalis échappe pourtant à ce genre de « Miroir des princes » et ne se réserve pas aux puissants.
L’ouvrage est, certes, rédigé par un savant. Pierre Alphonse est médecin et instruit. On le sait très proche du puissant d’Alphonse Ier d’Aragon dont il fut le médecin. Le souverain parraina aussi la conversion religieuse de notre auteur et, à cette occasion, ce dernier adopta même comme patronyme le prénom de ce dernier (le Alfonsi vient de là). Il a également pu accompagner le roi d’Aragon et de Pampelune dans certains de ses voyages ou de ses campagnes militaires 1.
Au cours de sa vie, on retrouve également Pierre Alphonse médecin à la cour du roi d’Angleterre, c’est dire qu’il côtoie les puissants. Plutôt que de prétendre les éduquer ou les édifier, il fera le choix de destiner son Disciplina Clericalis à l’éducation générale des clercs et des lettrés. Dans ses récits courts, notre auteur se montrera léger, soulignant les aspects moraux sans lourdeur et sans s’appesantir. Ses choix de vocabulaire et le ton choisi permettront aussi de mettre ses contes à la portée de tous ceux en situation de pouvoir les lire.
Au delà du style, la fraîcheur thématique de l’ouvrage a sans doute contribué aussi à son succès. La bonne connaissance des cultures séfardis, perses, arabes, et latines de Pierre Alphonse ont indéniablement contribué à faire de son Disciplina Clericalis un ouvrage novateur original en son temps. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que l’œuvre se propage et devienne une importante référence littéraire médiévale.
Le portrait de Pierre Alphonse sur cette image est tiré du Liber Chronicarum (XVe siècle)
Du latin au vieux-français vernaculaire
Le Disciplina Clericalis propose trente-trois contes ou « exempla » issus de la tradition orientale. L’ouvrage est rédigé en prose dans la langue universelle de l’Europe du Moyen Âge central, le latin. Il sera traduit en vieux français dans le courant du XIII siècle sous son titre original « La Discipline de Clergie« .
Des adaptations en vers seront vouées à un beau succès. Elles apparaîtront à la même période sous le titre « Le Castoiement d’un père à son fils » ou « Chastoiement d’un père à son fils soit « L’instruction d’un père à son fils » ( et non le châtiment que le mot « castoiement » pourrait suggérer). Dans les manuscrits d’époque, on trouvera encore le titre « Les fables Pierre Aufors » pour désigner certaines de ses adaptations versifiées.
Au passage, dans ces versions rimées, la cible s’élargit encore un peu plus de l’instruction du clerc et du lettré, vers l’éducation du père vers son fils. Le manuel de savoir-vivre supplante encore d’autant les miroirs des Princes 2 même s’il en restait éloigné dès le départ.
Influences littéraires médiévales
« Disciplina est un petit livre et pourtant l’influence de ce texte fut considérable en Occident, aussi bien en littérature que dans le domaine pratique du didactisme religieux. » Apparition et disparition du clerc dans Disciplina clericalis, Marie-Jane Pinvidic, le Clerc au Moyen Âge (op cité).
Dans le courant du Moyen Âge et des siècles suivants, on retrouvera des influences directes de l’ouvrage de Pierre Alphonse chez de nombreux auteurs. Jacques de Vitry reprendra un certain nombre de ces contes. On pourra trouver encore des traces de la Disciplina Clericalis dans La Légende Dorée de Jacques de Voragine (Jacobus de Voragine), dans le célèbre roman de Renard, chez Boccace ou encore chez Don Juan Manuel et son comte Lucanor pour ne citer que ces sources.
Du Moyen Âge central au Moyen Âge tardif, les contes de Pierre Alphonse seront aussi repris dans un nombre important de compilations monastiques de fables et contes.
Aux sources manuscrites du Disciplina Clericalis
Les Fables Pierre Aufors dans le MS 12581 de la BnF (à découvrir sur Gallica)
On peut retrouver l’adaptation française en prose ou en vers du Disciplina Clericalis de Petrus Alfonsi dans un nombre important de manuscrits médiévaux des XIIIe au XVe siècles.
Pour notre article du jour, nous avons choisi le français Français 12581 de la BnF. Sur plus de 429 folios, cet ouvrage de la fin du XIIIe siècle présente des pièces très variées. Des chansons de Thibaut de Champagne au Trésor de Brunetto Latini, en passant par des poésies, des fabliaux, le Discipline de clergie de Pierre Alphonse et même encore un traité de fauconnerie.
De son côté, le KBR Museum conserve également le Ms 11043-11044 qui présente une copie de la discipline de clergie de Pierre Alfonse.
Exemple 1, un demi ami dans le Castoiement du père à son fils
Pour présenter le premier conte du Disciplina Clericalis, nous avons choisi l’adaptation en vers tirée du Manuscrit de Augsbourg, le Ms M (cote I. 4. 2° 1, anciennement Maihingen 730). On peut la trouver retranscrite en graphie moderne dans l’ouvrage « Le Castoiement d’un père à son fils, traduction en vers de la Disciplina Clericalis de Petrus Alfonsus » par Michael Roesle (Librairie de la Cour royale de Munich, 1899).
Pierre Alfonse oppose dans ce conte un père et son « demi-ami » aux cent amis de son fils. Ces derniers le sont-ils vraiment ? Pour le savoir, il faudra d’abord les mettre au Pied du mur. La sagesse consiste ici à savoir mettre à l’épreuve ces relations avant de pouvoir les placer sur l’échelle réelle de l’amitié.
Conte 1, Du Preudom qui avoit demi ami (Probatio amicitie)
NB : ce conte nous met face à du vieux-français avec quelques tournures assez particulières. Afin de vous aider à mieux percer cette langue d’oïl du XIIIe siècle, nous avons prévu quelques clefs de vocabulaire.
Uns sages hons (homme)jadis estoit, Quant il sot que fenir devoit, Un sien fil a soi apela, Puis li enquist et demanda: – Fiex, dist il, di moy, quans (combien) amis Tu as en ta vie conquis ? Et chil respont: Mien escient En ai je conquis plus de cent. – Mult l’as, dist li pères, bien fait, Mais je cuit que autrement vait. Ja mar ton ami loeras Devant que esprové l’aras. Mult sui ore anchois (avant) de toi nés, Et si me sui toudis penés (tourmenter) D’amis aquerre et pourcachier (porchacier, rechercher), Nonques (jamais) tant ne peu esploitier (accomplir) Pour rien que je faire peüsse Que un ami entier eüsse. Nonques ne peu tant esploitier Que le peüsse avoir entier.
Et tu, biax fiex, comfaitement (comment en fait) En aves si tost conquis cent? Considera verum amicum! Or fai che que je te dirai, Esprueve, se il sont verai. Pren un veel (veau) ou autre beste, Puis li caupe orendreit (lui coupe aussitôt) le teste, Puis aies un sac apresté Qui soit de sanc ensanglenté De le beste qui ert ens mise, Et appareillie en tele guise Com se che fust uns hons ocis (un homme mort) Que on eüst par dedens mis. A tes amis le porteras Et a cascun par soi diras Que un homme as en murdre (meutre) occis, Dont tu es mult fort entrepris, Car tu nel ses ou enfoïr, Ne tu ne l’oses regehir (avouer, confesser) A nul homme qui soit en terre, Fors lui (à part lui), n’en oses conseil querre, Et il t’ en puet mult bien aidier. Sans che que l’en viegne encombriez (l’en empêcher) Car plus tost ne sera enquis Ne se maisons ne ses pourpris (enceinte). Et se aucuns t’en velt oïr, Et toi et ton mort requeillir, En chelui dois avoir fianche (confiance) Que ch’est tes amis sans doutanche; Tu ne dois ami apeler Qui ne te voira escouter.
Li fiex ensi s’ apareilla Com li pères li enseigna. Le sac a tout le beste prist, Ses amis un et un requist. Li premiers qui parler l’oï, Li dist, tantost fuies de chi (fuyez d’ici instamment); Bien est li sas sor vostre col; Pour bricon (coquin, écervelé) vous tieng et pour fol Qui de tel cose m’aparles. Ne veil estre desiretés, Pris ne raiens pour vostre atrait; Si com vous aves le mal fait, Si soit le paine toute vostre. Par saint Andrieu, le boin apostre, Ja en me maison n’ entreres, Ne vostre mort n’ i enfourres.
N’ i ot onques un seul des cent Qui ne li desist ensement (qui ne lui dit pareillement). Quant il les ot tous ensaiés (essayés, éprouvés), Si est arrière repairiés, (il est donc reparti chez lui) A son père dist que fali Li estoient tout si ami. Dist li pères: Or as apris Che que tu as oï toudis. Que au besoing veïr puet on Qui ses amis est, et qui non. Or va a mon demi ami, Puis le respreuve tout ausi (éprouve-le à son tour): Si sarons que il redira Et combien il nous amera. Et chil si fist tout maintenant.
Tout autresi comme devant. Ot as autres l’ uevre contée L’a a chestui (cestui, l’a à celui-ci) dit et contée; Et chil respont: Biax dous amis, N’ a lieu en trestout mon pourpris Ou vostre mors ne soit celée 3, Ne je n’ai maison si privée; Ne pourquant je vous aiderai Au miex que aidier vous porrai. Dont est en le maison entrés, Tous les autres en a getés (congédiés); Bien a fermée le maison Sor lui et sor son compaignon; Puis prist un picois pour foïr (creuser) Et le mort voloit enfoïr.
Quant chil vit que tant l’en estoit Que le mort enfoïr voloit. Del tout li dist le vérité, Confaitement avoit ovré; Puis prist congié, si s’ en ala Et a son père le conta. – Fiex, dist li père, amis n’est mie Qui a ton besoing ne t’aïe. – Peres, dist li fîex, saves vous Homme el siècle si éurous (eüré, heureux) Qui eüst conquis vraiement Un ami enterinement (entiérement)? Chertes, fait il, ainc (jamais) ne le vi: Mais d’un seul parler en oï Qui a mort se voloit livrer Pour un sien ami delivrer. Pères, dont me dites comment Mult volentiers or i entent.
Voilà pour notre conte du jour, les amis. Il s’agit du premier du Disciplina Clericalis et, ici, du Castoiement d’un Père à son fils. La leçon n’est pas anodine et le prélude en dit toute l’importance. C’est la dernière leçon d’un père sur le déclin à son fils.
Comme toute bonne fable ou poésie morale, le conte de Pierre Alphonse n’a pas pris une ride. Elle pourrait même avoir été rédigée hier. A l’ère du digital, des « bros », des « frérots » et des milliers « d’amis » en ligne, le récit n’en raisonne que plus fort.
Dans le conte suivant, on verra plus encore le degré d’abnégation et d’exigence que sous-tend l’amitié véritable selon Petrus Alfonsi mais ce sera pour une autre fois. Nous avons déjà assez pris de votre attention. 😉
Merci de votre lecture.
Découvrir d’autres ouvrages à succès du Moyen Âge :
Sujet : animations médiévales, compagnies médiévales, agenda, reconstituteurs, campements médiévaux, spectacles historiques, fauconnerie, Moyen Âge festif. Lieu : Provins, Seine-et-Marne, Île-de-France. Evénement : Les 40e médiévales de Provins. Dates : les 14 et 15 juin 2025.
Bonjour à tous,
es Médiévales de Provins seront de retour, ce week-end, dans la belle cité champenoise. On y fêtera la 40eme édition de ces animations aux couleurs du Moyen Âge qui comptent parmi les plus célèbres de France.
Toujours très attendu, l’événement propose de renouer avec la tradition des grandes foires médiévales. Au Moyen-Âge, la foire de Champagne était l’une des plus prisées du nord de France et ces célébrations sont donc l’occasion d’évoquer ce riche passé. Pour les visiteurs, ces Médiévales sont aussi l’occasion d’apprécier le cadre monumental particulièrement riche de la cité Champenoise.
Les plus grandes médiévales de France
Avec plus de 110 000 visiteurs reçus durant les dernières éditions, les Médiévales de Provins sont dans le Top des plus grandes fêtes historiques de France, sur le thème du Moyen Âge. Elles ont pour elles le cadre patrimonial prestigieux de la cité mais pas seulement. La qualité d’organisation et le nombre d’activités proposées contribuent beaucoup à ce succès, autant que les nombreux bénévoles qui s’y impliquent.
Au programme des 40e Médiévales de Provins
Les visiteurs en quête d’émotions, de découvertes et d’évasion seront, cette année encore, largement servis à Provins. Pour cette édition 2025, la liste des compagnies médiévales invitées augure d’un programme à la hauteur de ce 40eme anniversaire. Mesnies de reconstituteurs, groupe de musiques, troupe de danses et de théâtres n’y manqueront pas.
De nombreux lieux du centre seront investis d’animations permanentes, de déambulations en musique, de théâtre de rue et autres surprises. Loin de proposer uniquement un grand marché médiéval, il s’agira bien de faire revivre la Provins des XIIe et XIIIe siècles, du temps de ses grandes cours et de Thibaut de Champagne.
Les campements à la découverte de la vie médiévale trouveront également une large place dans ces célébrations. Les mesnies de reconstituteurs vous y inviteront à plonger dans la vie quotidienne et militaire du Moyen Âge. Démonstrations et initiations aux arts du combat médiéval y côtoieront les ateliers d’artisans à la découverte de métiers d’antan.
Compagnies médiévales et animations
Cie Lilou – Cie Kervan – Les Lanceurs de drapeaux d’ASTA – Danseries des Lys – Al Cantara – Les Ménéstriers – Waraok – Bellimercator – Les Grand Peintres – Confrérie du Crevère – Les Couloirs du Temps Champenois – Danceries Thibaud de Champagne – La Compagnie Médiévale de Sacres – Cie Sans couronne – La Maisnie des Grandgousiers – Le Clan du Lys – La Forge d’Enguerrand – Cie Dovahkiin – Demo2jadis – Les Forges de la Brume – Cie Arc de Provins – Les Rôdeurs de l’Odan – Brezbreizh – Pescaluna – La Mesnie de la Compté – Médiémomes – Les Jeux de Lyon – La Carité de Guingamor – Cie Lutka – Les R’mon Temps – La Petite Flambe – Cie Dayazll – Aouta – Theâtre du Laid Cru – Fianna Bãn – Cie Crealid – Choeur du Montois et du Provinois – Théobaldus – La belle Roue – La Léproserie de Close Barbe – L’Atelier de Julie.
Les temps forts et spectacles marqueront aussi ces 40e Médiévales de Provins : grande cérémonie d’ouverture le samedi, suivie d’un bal médiéval, d’un grand concert et d’un spectacle de drones en soirée, parade costumée avec ensemble des troupes le dimanche, cérémonie de clôture.
A côté des animations gratuites et du marché, des spectacles historiques à l’entrée modique seront aussi de la fête. La Légende des chevaliers fournira l’occasion d’un spectacle équestre épique avec une immersion du Temps de Thibaud IV de Champagne. Les Aigles des Remparts vous entraîneront à l’âge d’or de la fauconnerie médiévale pour y découvrir une large variété de rapaces. Enfin, une visite théâtralisée vous attend dans les souterrains de Provins, entre Légendes et Croyances du Moyen Âge.
Visite des lieux patrimoniaux de Provins
Comme à chaque édition des Médiévales de Provins, les monuments classés de la cité se mettront aussi sur leur 31. La Tour César, les Souterrains, le Musée du Provinois, la Grange aux Dîmes et le Prieuré Saint-Ayoul inviteront les curieux de patrimoine et de culture médiévale à les découvrir.
Voilà donc pour ce programme 2025 qui devrait assurer, une fois de plus, le succès de ces belles animations provinoises.