Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, science, manuscrit ancien, hygiène, nature, santé
Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles)
Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur : collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
Bonjour à tous
uivons encore un peu, aujourd’hui, le fil de la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne, armés de notre Regimen Sanitatis Salernitanum, ce manuscrit ancien qui nous vient d’un temps où l’on mettait en vers les principes d’hygiène et de santé afin qu’ils soient mieux mémorisés et mis en pratique.
Même si on ne saurait la résumer qu’à cela, cette médecine en rimes met en avant des principes naturalistes qui semblent ne pas en finir d’enjoindre l’homme à retourner se plonger régulièrement dans les espaces naturels pour son bien-être, autant que sa santé. De fait, certains vers de cet ouvrage ne sont pas dénués d’une certaine forme de lyrisme. Les médecins de Salerne y chantent la nature dans ses beautés autant que ses bienfaits, en nous donnant l’envie de nous y transporter, sans attendre. Le passage d’aujourd’hui nous parle, tout à la fois, d’équilibre nerveux, de fortifier le cerveau, la vue et les autres organes et même de les « recréer » (régénérer). Et pour nous y aider il nous enjoint, entre autre chose, d’aller marcher dans les forêts, les montagnes, le long des ruisseaux et de plonger nos yeux dans tous les trésors de couleur que la nature offre au regard. Voilà une médecine bien charmante.
algré les phénomènes certains d’urbanisation du moyen-âge central, on sent bien l’omniprésence d’une nature encore toute proche et qui s’affirme jusque dans cette médecine. Il est bien sûr permis de se demander également si l’hyper urbanisation de la fin du XIXe et du XXe siècle nous a pas fait perdre de vue l’importance de cette relation étroite sur notre état de santé générale.
Au fond, les exodes rurales consécutives à la révolution industrielle, la mécanisation des travaux agricoles et le dépeuplement des campagnes au bénéfice des villes et de leurs promesses de travail et d’opulence économique (sont-elles toujours tenues ?) sont relativement récentes dans notre Histoire. Il demeurait encore jusqu’au milieu du XXe siècle de nombreux hommes et femmes vivant de la terre et proches de la nature et de ses cycles même si cette dernière était déjà domestiquée. Les distances et la fréquence des interactions de l’homme urbain avec l’environnement « naturel » se sont depuis largement étirées. Peut-être ne faudrait-il donc pas trop vite écarter l’importance des préceptes d’une médecine qui fut valable durant des siècles et la sous-estimer? Du reste, sans doute que certaines affirmations qui se trouvent ici faites ne seraient pas désavouées, y compris par la médecine moderne : la marche et l’exercice régulier, le grand air, etc.
Au delà de ce constat d’une médecine connectée aux espaces et aux rythmes naturels qui ne cesse d’affirmer l’importance pour la santé de l’homme d’une certaine forme de symbiose, on lira encore dans ces préceptes d’hygiène venus du moyen-âge central, l’importance accordée déjà à partir du XIIe siècle, à la propreté et l’hygiène du corps, des dents, des yeux, des mains. Toute chose prompte à déconstruire l’idée d’un monde médiéval sale et ignorant de tout principe sur ces questions. Comme on peut en juger ici, la médecine de Salerne en faisait, en tout cas, la promotion active depuis le XIe siècle. Les médiévistes et historiens le savent bien, mais il est toujours bon de répéter ces choses.
Pour fortifier le cerveau, pour récréer la vue et les autres organes
« D’eau froide, en te levant, baigne au matin tes yeux;
Frotte avec soin tes dents, et peigne tes cheveux:
Tes membres, par la marche, exerçant leur souplesse,
Tu rends à l’âme, au corps, la force et l’allégresse.
Chauffe-toi, hors du bain; saigné, rafraîchis-toi;
Après tes repas, marche, ou bien demeure coi.
Le cristal d’une eau pure et l’herbe des campagnes
Charme et repose l’oeil : gagne donc les montagnes,
Au lever de l’aurore; à midi, les berceaux
Et l’ombre des grands bois; au soir, les clairs ruisseaux.
De ces objets mouvants les teintes azurées,
De violet, de pourpre, ou de vert colorées,
Apaisent l’oeil ravi par leur calme beauté.
Laver souvent ses mains profite à la santé:
Au sortir des repas suis un facile usage
Qui te ménagera toujours double avantage:
Des mains propres d’abord, puis des yeux plus perçants,
Grâce aux nerfs raffermis dans leurs ressorts puissants. »
L’Ecole de Salerne, hygiènes, principes généraux .
Extrait, citation médecine médiévale: hygiène, influences physiques
“Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)
En vous souhaitant une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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