Sujet : musique et chanson médiévales, manuscrit de Bayeux, Canonici 213, école franco-flamande, motet, rondeau, chants polyphoniques.
Auteur: Guillaume Dufay (1397-1474)
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle.
Interprète : ensemble Obsidienne.
Album : le jardin des délices (2004)
Bonjour à tous,
oici, pour aujourd’hui, une nouvelle pièce du maître de musique du moyen-âge tardif (d’aucuns diront des débuts de la renaissance), Guillaume Dufay, Elle est interprétée par l’Ensemble Obsidienne, sous la direction d’Emmanuel Bonnardot.
Le Jardin des Délices, Obsidienne et le Manuscrit de Bayeux
Sorti en 2004, l’album le Jardin des Délices qui empruntait son titre au célèbre tableau du peintre néerlandais Jérôme Bosch, était dédié à des pièces tirées du manuscrit de Bayeux (lui-même daté des débuts du XVIe), ainsi qu’à des chansons et musiques de Guillaume Dufay et du compositeur franco-flamand Josqui Desprez. L’ensemble Obsidienne nous proposait donc ici de revisiter et de mettre à l’honneur le XVe siècle et on trouve dans ce Jardin des Délices un beau florilège de vingt-deux pièces, en provenance de cette période charnière entre le moyen-âge tardif et les débuts de la renaissance. Pour en faire le détail, cinq pièces sont de Guillaume Dufay, quatre de Josquin Desprez, le reste sont des compositions, anonymes pour la plupart, issues du Manuscrit de Bayeux.
En 2016, l’album a fait l’objet d’une réédition, au sein d’un double album ayant pour titre « Chansons de la Renaissance » et comprenant également le CD l’Amour de Moy proposant des pièces de la même période, dont un grand nombre encore issue du manuscrit ancien susnommé.
A propos de ce précieux héritage de la musique et des chansons normandes du XVe siècle qu’est le Manuscrit de Bayeux, (ou le MS Fr 9346) nous lui avions dédié un exposé détaillé dans un article précédent, aussi nous vous y renvoyons si vous souhaitez plus de détails : les richesses du manuscrit de Bayeux. Vous pouvez également le consulter directement en ligne sur le site de la BnF.
Concernant les œuvres de Guillaume Dufay et notamment la pièce que nous vous proposons aujourd’hui, on peut la trouver dans le manuscrit Canon. misc. 213 ou le Canonici 213 de la Bodleian Library d’Oxford dont nous avons également déjà parlé ici.
Par droit je puis bien complaindre et gemir, Les paroles du chant de Guillaume Dufay
C’est un poète et compositeur bien désespéré que nous présente cette pièce du jour et ce rondeau puisque nous le retrouvons, en effet, face à quelque revers de fortune et de fâcheuses inimitiés dont il se plaint ouvertement.
Par droit je puis bien complaindre et gemir,
Qui sui esent* de liesse et de joye. (*exempt)
Un seul confort ou prendre ne scayroye*,(*saurais)
Ne scay comment me puisse maintenir.
Raison me nuist et me veut relenquir* (abandonner),
Espoir me fault, en quel lieu que je soye:
Par droit je puis bien complaindre et gemir,
Qui sui esent de liesse et de joye.
Dechassiés* suy, ne me scay ou tenir, (pourchassé)
Par Fortune*, qui si fort me gueroye; (le sort)
Anemis sont ceus qu’amis je cuidoye*, (croyais)
Et ce porter me convient et souffrir.
Par droit je puis bien complaindre et gemir,
Qui sui esent de liesse et de joye.
Un seul confort ou prendre ne scayroye,
Ne scay comment me puisse maintenir.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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