Sujet : Roi Arthur, légendes arthuriennes, roman arthurien, sources historiques, Saint-Gildas, Annales Cambriae, Nennius, Arthur historique.
Période : haut moyen-âge, Xeme, VIe siècle.
Sources : Britannia.com
Auteur : David Nash Ford
Traduit de l’anglais par moyenagepassion.com
Bonjour à tous,
omme nous l’avions déjà fait par le passé, nous vous proposons aujourd’hui une nouvelle traduction d’un article du site Britannia.com sur le thème des Légendes Arthuriennes. Cette fois-ci, l’historien anglais David Nash Ford nous entraîne sur les pistes des sources historiques les plus anciennes mentionnant un roi du nom de Arthur et en examine la possible véracité. C’est un sujet que nous avons déjà évoqué partiellement dans des articles précédents mais, il y a derrière ce travail de traduction l’idée de mettre à portée des non anglophones ou de ceux qui sont à la recherche de sources en français, d’autres contributions sur le sujet, notamment vue par les historiens de l’autre côté de la manche.
Nous en profitons, au passage, pour ajouter quelques illustrations d’intérêt que vous ne trouverez pas dans la source originale, agrémentées d’un passage de l’Excidio Britanniae de Saint-Gildas, traduit également de l’anglais.
Big up pour britannica donc et encore merci à David Nash Ford pour ses travaux et ses articles sur les légendes arthuriennes. Vous pourrez trouver la version originale anglaise de cet article, à l’adresse suivante: Early References to a Real Arthur – A discussion by David Nash Ford
Les Premières références à un véritable Arthur, par David Nash Ford
« Il n’y a qu’une seule source arthurienne contemporaine qui puisse être examinée de nos jours. Concerning the Ruin of Brittain (« A propos de la ruine de la Grande-Bretagne »), ou De Excidio Britanniae a été écrit par le moine nord britannique, Saint-Gildas, au milieu du sixième siècle. Malheureusement, Gildas n’était pas un historien. Son unique préoccupation était de déplorer la perte du mode de vie romain et d’adresser des reproches aux dirigeants britanniques (Constantin, Aurelius Caninus, Vortepor, Cuneglasus et Maglocunus) qui avaient usurpé le pouvoir impérial et mis à mal les valeurs chrétiennes.
Il n’y a aucune mention d’Arthur dans l’ouvrage, mais Gildas y fait bien référence à un personnage appelé « The Bear », signification du mot celtique, Art-. Il fait l’éloge de Ambrosius Aurelianus et mentionne également le siège du mont Badon, bien qu’il ne dise rien du nom du vainqueur. Les écrits de Gildas sont datés d’immédiatement avant 549 ( date de la mort de Maglocunus, l’un de ses « usurpateurs »). Le passage mentionnant Badon date le siège de quarante-quatre ans avant cela. Cela situe Arthur, de manière ferme, au tournant du 6ème siècle. (Voir Alcock 1971) (1).
« Leur chef était Ambrosius Aurelianus, un homme qui fut peut-être le seul des Romains à avoir survécu au choc de cette tempête considérable: il est certain que ses parents, qui avaient porté le pourpre, y furent massacrés. De nos jours, ses descendants sont devenus notablement en dessous de l’excellence de leurs grand-pères. Sous ses ordres, notre peuple a retrouvé ses forces et défié les vainqueurs de se battre. Le Seigneur a donné son accord et la bataille s’est déroulée comme il se doit. À partir de ce moment, la victoire est revenue tantôt à nos compatriotes, tantôt à leurs ennemis; afin que dans ce peuple le Seigneur puisse juger (comme il tend toujours à le faire) de son Israël actuel pour voir s’il l’aime ou non. Tout cela a duré jusqu’à l’année du siège de Badon Hill, à peu près la dernière défaite des méchants, et certainement pas la moindre. C’était l’année de ma naissance … »
De Excidio Britanniae, Saint Gildas
Les Annales de la Pâque galloise ou Annales Cambriae, censées avoir été écrites durant les années auxquelles elles font référence , de 447 à 957 après JC (bien que des entrées très anciennes aient probablement été écrites quelque temps après les événements), sont parmi les premières sources à mentionner Arthur. Utilisé pour calculer les dates de Pâques, ce document enregistre également de nombreux événements historiques, au fil de ses entrées annuelles. Deux d’entre elles mentionnent Arthur. L’année 516 après JC évoque : « La bataille de Badon, au cours de laquelle Arthur porta la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ pendant trois jours et trois nuits sur ses épaules et où les Britanniques (brittons) furent vainqueurs ».
L’entrée pour l’année 537 ap-JC mentionne « Le conflit de Camlann durant lequel Arthur et Medraut (Mordred) ont péri ». Tous les personnages inclus dans ces annales sont, par ailleurs, fiables et se sont avérés être de vrais personnages historiques. Il n’y a donc aucune raison de supposer qu’Arthur et Mordred ne le soient pas également. On a suggéré que, du point de vue stylistique, l’apparition d’Arthur dans l’entrée qui mentionne Badon aurait pu être une interpolation. Les critiques à l’égard de la durée de la bataille sont cependant infondées, puisque Gildas (cité plus haut), se réfère, de façon plus correcte, à cette bataille, comme à un siège. L’affirmation selon laquelle Arthur portait « la croix de Notre Seigneur sur ses épaules » peut faire référence à une amulette contenant une morceau de la vraie croix ou il peut s’agir, plus probablement, d’une erreur de transcription du gallois « shield » (bouclier) en « shoulder » (épaule), indiquant que la croix était simplement une armoirie sur le bouclier. (Voir Alcock 1971).
Arthur se voit gratifier d’un commentaire passager, dans le poème des débuts du VIIe siècle, Y Gododdin de Aneirin, le célèbre barde de la Maison Royale des Pennines du Nord* (chaîne de montagnes anglaises). Cet écrit glorifie les contributions des armées britanniques du nord, dirigées par celle de Din-Eityn et de Gododdin, lors de la bataille de Catraeth vers 600 ap. J.-C., et un guerrier y est décrit comme ayant « des nuées de corbeaux noirs sur les remparts du fort, bien qu’il ne s’agisse pas d’Arthur « .
Le Roi Arthur, la charge du Mont Badon, gravure de 1898 par George Woolliscroft Rhead & Louis Rhead
On a prétendu que cela démontrait de la diffusion précoce de la renommée d’Arthur. Malheureusement, au regard des sous-entendus en usage dans le langage du nord, cela peut se référer à un contemporain d’Arthur, originaire du nord, le Roi Arthwys des Pennines.
La dernière référence arthurienne majeure se situe dans l’ouvrage du 8ème siècle Historia Brittonum ou Histoire des Britanniques, apparemment écrite par un historien gallois du nom de Nennius et qui a peut-être été un moine de Bangor Fawr (Gwynedd)* (ndt région du pays de Galles). Nennius s’est servi de nombreuses chroniques pour assembler cette compilation historique des peuples britanniques, suivie de généalogies et d’une liste des 28 villes de Grande-Bretagne. Ce travail est particulièrement connu pour son chapitre concernant les campagnes d’Arthur et qui raconte ses douze batailles.
Ces dernières sont peut-être un résumé en latin d’une ancienne liste de batailles galloises, probablement antérieures à la bataille de Camlann qui s’y trouve passée sous silence. A-t-on chanté cela à la cour d’Arthur ? Chaque bataille est nommée à tour de rôle, mais l’ennemi n’est pas spécifié et les lieux demeurent difficiles à identifier. Nennius affirme que, durant toutes ces batailles, Arthur « les » a combattu, en faisant référence aux Saxons originaires du Kent qu’il mentionne précédemment, bien que cela semble improbable. (Voir Alcock 1971).«
David Nash Ford
Une belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
(1) Arthur’s Britain by Leslie Alcock