Archives de catégorie : Documentaires sur le Moyen Âge
Hissez la grand voile pour une sélection variée de vidéo-documentaires autour du Moyen Âge : reconstitutions d’armures, béhourd, expérimentations archéologiques, essais de réalisateurs sur le monde médiéval, etc…
résentée dans le cadre d’une exposition sur les armes anciennes et plus particulièrement l’épée, au musée national du moyen-âge de Cluny, cette vidéo très sérieuse détaille les techniques de combat à terre en armure. Elle se base sur des traités du XVe siècle et met en présence deux combattants revêtus d’armures qui sont, sans aucun doute, le fleuron de l’époque. Ce sont d’ailleurs les reconstitutions d’armures ayant appartenu à de grands nobles et seigneurs : d’un côté, Frédéric 1er le victorieux de Bavière (1425 -1476), électeur palatin du Rhin et fils de Louis III, Pour information d’ailleurs, la reproduction de son armure (photo ci-contre), vous coûtera la bagatelle de 6105 euros sur le site boutique.epees.fr. On pourra donc en conclure que l’investissement de départ pour l’escrime ancienne est un peu plus important qu’au Judo qui, lui-même, tout étant toujours relatif, reste bien supérieur au Sumo. mais je plaisante car cette armure n’est apparemment que décorative et pèse pas moins de 45 kilos, ce qui est sans doute plus que l’authentique. Cela reste à vérifier car sauf à quelques exceptions près, les armures du moyen-âge semblent en effet avoir été plus proches de 25 kilos.
Pour ce qui est de la reconstitution de ces techniques de combat à l’épée, de l’autre côté et dans cette vidéo, nous avons donc l’armure de Robert de Sanseverino d’Aragona (1418-1487), comte de Cajazzo, noble également donc, mais encore condotierre* italien (*chef d’armées de mercenaires) et donc combattant aguerri. (ci-dessous l’armure en question).
Pour ceux qui avaient pu voir ici le documentaire sur le manuel du maître d’armes Hans Talhoffer dont nous avions publié la vidéo, ce reportage nous donnait également un aperçu de ces techniques et de la capacité de mobilité en armure. Contrairement ce qu’on pourrait être tenté de croire, ces équipements sont loin d’être aussi peu maniables qu’on pourrait le penser et n’étaient pas conçus que pour protéger un chevalier, juché sur un lourd frison. L’homme devait pouvoir combattre au sol, remonter sur sa monture ou même gravir des obstacles lors des sièges. Du fait que la charge est répartie sur l’ensemble du corps, le poids de ces armures reste donc relatif et c’est bien plus certainement l’endurance sur la durée et la longueur du combat que la liberté de mouvement qui est en question. Pour information, la moyenne, comme nous le disions, semble se situer autour de 25 kilos, ce qui correspond à peu près au poids de la tenue d’un sapeur pompier en action. Pour poursuivre la comparaison, pendant la première guerre mondiale et près de cinq siècles après, le poids moyen de la tenue militaire des fantassins, toute nation confondue, se situait autour de valeurs similaires et même supérieures puique voisines de 30 kilos, suivant que l’on inclut ou non l’ensemble du paquetage.
este qu’au vue du prix exorbitant de ce genre d’équipements à l’époque, dans ce documentaire, on a bien la fine fleur de ce type d’armures que seuls les plus nobles et fortunés chevaliers pouvaient acquérir, à défaut de les récupérer directement sur le champ de bataille ou sur leurs ennemis. Sauf bien sûr à parler des coups fatals qui intervenaient dans le feu de l’action, il faut encore ajouter que pour ce qui est d’achever au sol un homme d’armes vêtu d’une telle valeur sur lui, on préférait bien souvent mieux lui ôter, la récupérer, ainsi que son cheval, mais si possible ne pas le tuer pour obtenir rançon de sa libération. C’est un sport dont les compagnies de routiers étaient assez friandes durant la guerre de cent ans. mais qui faisaient aussi partie intégrante des retombées économiques appréciées de toute victoire durant les batailles du moyen-âge. Il y a bien sûr eu de sanglantes exceptions comme Azincourt, où la crainte d’être débordé et pris à revers par les prisonniers a poussé Henri V à faire exécuter sans forme de procès tous les prisonniers, mais l’histoire raconte que même ses archers refusèrent d’obéir à ses ordres justement pour ne pas perdre le bénéfice de ces rançons. (photo de droite, épée du XIVe siècle, musée de l’armée, Paris),
En vous souhaitant une bonne journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »
Sujet : documentaire moyen-âge, divertissement, lieux d’intérêt, Châteaux, reconstitution historique. Titre : les visiteurs de l’Histoire à la fin du moyen-âge Période : bas moyen-âge, XVe siècle, année 1450 Lieu : Château de Crèvecoeur, Normandie Média : vidéo, série télévisée Chaîne de télévision : France 5Année : 2012
Un voyage dans les couloirs du temps
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous postons un petit documentaire vidéo, léger et divertissant. Il concerne, bien entendu, le monde médiéval et nous propose un voyage dans le temps, à la fin du XVe siècle, en 1450.
Ce programme télévisuel fait partie de la série « les visiteurs de l’Histoire » diffusée par la chaîne de télévision France 5, dans le courant de l’année 2012. Dans cette série, nous suivons Arnaud Poivre d’Arvor, innocent (et presque ingénu) visiteur de l’Histoire, à la découverte de différentes périodes du passé. En l’occurrence dans cet épisode, il part explorer le château de Crèvecoeur en Auge, en Normandie, lieu d’attraction et d’intérêt historique qu’un petit groupe de passionnés a décidé d’animer et de faire revivre (photo ci-dessous). Rebaptisé, pour l’occasion, Arnaud « de passage », Arnaud Poivre d’Arvor investira les lieux, le temps de deux journées, en se glissant dans la peau d’un paysan du XVe siècle.
L’ingénu et l’historien
Chers puristes amateurs, historiens affranchis, ou passionnés d’Histoire, à la recherche du détail pointu et peut-être même, de la qualité académique, ne voyez dans ce programme télévisuel qu’un divertissement et jugez-le, s’il vous est possible, sans élitisme, et pour ce qu’il est.
Bien sûr, nous même aurions, sans doute, aimer voir un Arnaud Poivre d’Arvor moins innocent sur la période qu’il visite, pour qu’il aille plus loin dans la pertinence de ses questions et de son observation, mais tout le concept est là justement, qui consiste à opposer la « naïveté » de ce « visiteur de l’Histoire », au monde et à l’époque dans lesquels il se retrouve transporté. L’émission entend donc garder un ton léger et tirer partie de cette distance entre celui qui ne sait pas et l’univers auquel il se confronte. Elle se destine, à l’évidence, à une audience large et qui connait peu ces sujets, et entend aussi englober le public jeune dans ses visées; il s’agit donc, bien entendu, d’un positionnement voulu. Les réactions innocentes « face camera » de ce « Arnaud de passage », lui permettent, ainsi, de poser les questions que chacun pourrait se poser. Un peu moins d’innocence aurait, sans doute, permis de mieux creuser ce monde médiéval dans lequel ce programme nous invite et de mieux satisfaire notre curiosité insatiable pour le moyen-âge, mais il en faut pour tous les goûts. Le double objectif du ludique et du divertissement est, en tout cas, atteint, puisque l’ensemble se révèle, à la fois, drôle et instructif. (ci-contre photo de Arnaud Poivre d’Arvor à la paille et à la charrette)
A la décharge de notre innocent visiteur, on s’attend peut-être, aussi, face au nom qu’il porte, à une filiation plus marquée d’un point de vue journalistique, mais il faut bien qu’il s’en démarque. Injustice de l’héritage qu’il faut porter, quelquefois, malgré soi, à brûle- pourpoint, sans doute, serions-nous tenter d’en exiger moins d’un parfait inconnu, mais comment l’en rendre comptable? Il joue ici au visiteur, découvreur de l’histoire, pas au journaliste averti. Pour juger ce programme sur les ambitions qu’il affiche – une émission « ludique et instructive » de divertissement et de sensibilisation sur des thèmes historiques -, il faut bien reconnaître que la drôlerie naît justement de cette ingénuité étonnée qu’Arnaud Poivre d’Arvor nous livre, autant dans ses gestes que dans ses questions, face aux choses qu’il découvre. Au fond, cette humilité et cette candeur nous le rendent aussi drôle et sympathique et on finit par passer un bon moment en sa compagnie (et celle de son chapeau).
Derrière l’émission, il faut encore rendre tribut à Serge Tignères, son auteur, par ailleurs journaliste, écrivain, réalisateur et Docteur en Histoire, pour les garanties qu’il nous offre dans son approche des sujets et des contextes historiques. Si le visiteur de passage est innocent, les mondes dans lesquels ce passionné d’Histoire nous transporte sont approchés avec beaucoup de sérieux et très bien documentés.
Les visiteurs de l’Histoire en 1450
Sur la pertinence historique
D’un point de vue historique on pourra toujours ergoter sur certains menus détails, mais ce documentaire souligne, tout de même, certains points pertinents qui sont fidèles à ce que l’Histoire médiévale récente nous enseigne.
Fin de la guerre de Cent ans, dépopulation et émancipation relative des paysans
Durant cette période médiévale, une forme de dépopulation, née de la guerre de cent ans, est en train de changer la donne entre paysans et seigneurs. C’est un phénomène qui n’est pas du qu’à la guerre de cent ans mais qui a aussi émergé avec les épidémies de grande peste du XIVe siècles et les énormes ravages occasionnés sur les populations. D’après les données historiques actuelles, on considère qu’entre le XIVe et le XVe siècles durant laquelle la peste sévit, entre trente et cinquante pour cent de la population aurait été décimée. Dans le siècle qui va de 1340 à 1440 seulement, on mentionne, dans certaines sources, une dépopulation de la France supérieure à 40%. Entre la guerre de cent ans et cette terrible pandémie, les morts sont donc nombreux et les bras se font rares. En position de force, les serfs et les vilains renégocient alors leur statut et commencent à s’émanciper, quand ils ne désertent pas simplement les domaines pour aller travailler chez le seigneur le plus offrant; il y a eu aussi, en effet, dans ce contexte, une forme de surenchère du côté des Seigneuries pour acquérir, à prix fort, cette main d’oeuvre qui faisait cruellement défaut. Comme l’aborde ce documentaire, ce déséquilibre de l’offre et de la demande sera favorable aux paysans de l’époque qui en profiteront pour tirer leurs épingles du jeu.
Les notions d’hygiène au moyen-âge réhabilitées
Pour avoir fait quelques recherches sur la question, je suis heureux de voir que la réhabilitation des notions d’hygiène, autant que l’importance du bain, sont présentes dans ce documentaire et à Crèvecoeur. Pour être très honnête, je ne sais pas à quel point les vilains et les serfs pouvaient bénéficier des étuves en se voyant, en plus, entourés de jolies damoiselles au temps du bain, et j’en aurais plutôt quelques doutes; que cela ait été réservé aux notables, aux gens d’armes ayant quelques pièces ou aux encore aux riches marchands me semble tout de même plus probable. Cela ne veut, bien sûr, pas dire qu’on ne se lavait pas dans les Campagnes. Les traités d’hygiène du moyen-âge sont, souvent, fortement appuyés et relayés par une médecine médiévale bien présente et qui rayonne depuis les universités de Montpellier, de Toulouse ou de Salerne depuis près de trois siècles au moment où nous transporte ce documentaire. Nul doute que via les médecins d’alors dont la profession s’émancipe de plus en plus, déjà dès le XIIIe, XIVe siècles, mais aussi via les moines, ces traités et cette conscience de l’importance de la propreté corporelle et de l’hygiène ont eu des incidences sur le comportement des populations au sens large. Plus personne n’en doute aujourd’hui et c’est encore une idée reçue sur le moyen-âge qu’il convient de revisiter, au risque de décevoir les fans de Jacquouille la Fripouille, celui des visiteurs, le film, celui de Jean-Marie Poiré avec Christian Clavier et Jean Réno, cette fois-ci. L’hygiène est bien présente au moyen-âge et on sait se laver.
Un moyen-âge profondément chrétien
Durant le moyen-âge, la question de Dieu n’est pas posée et même la poésie satirique d’un Rutebeuf à l’égard des curés ou des moines mendiants ne questionne jamais l’existence de la Sainte Mère (Vierge Marie) ou du Christ (ci-contre oeuvre du début du XVe siècle, Gentile da Fabriano, Vierge à l’enfant, 1404). La religion est une évidence ancrée dans les pratiques et quand on questionne ou qu’on critique les religieux, ou même l’église, à cette époque, on le fait dans une perspective de croyant qui questionne la foi véritable et la motivation réelle de l’Institution au regard de Dieu. On questionne peu ou pas l’existence de Dieu lui-même. Cette dimension est parfaitement retraduite dans ces visiteurs de l’Histoire en 1450, au château de Crèvecoeur. Le moyen-âge est religieux et chrétien et jusque le temps des cuissons du four banal s’y compte en prières.
Centralisme du pouvoir royal de Droit Divin
Tout au long du bas moyen-âge, le pouvoir fort et centralisé que Charlemagne avait conquis et mis en place, et que ses héritiers avaient ensuite perdus, des siècles auparavant, se restructurera graduellement autour du roi. Avec ce phénomène, la féodalité sera, peu à peu, en perte de vitesse et, avec elle, le pouvoir des seigneurs. On a vu les incidences de cela sur la construction des châteaux forts et cette tendance se confirmera au fil des siècles. Pour affirmer leur pouvoir, autant que pour assurer la cohésion du territoire et se prémunir d’alliances intérieures douteuses contre leur propre couronne, nul doute que les rois eurent aussi intérêt à diminuer le pouvoir de seigneurs. Ci-dessus, un portrait du roi Charles VII (1403-1461) qui était au pouvoir en 1450. Cette toile, signée de Jean Fouquet, date elle-même de 1445, soit seulement cinq ans avant la date supposée de notre documentaire.
Faire revivre le moyen-âge avec passion
Au château de Crèvecoeur et dans ces visiteurs de l’Histoire sur la fin du moyen-âge, on sent aussi que les gens du château déploient des efforts louables et sérieux pour faire revivre, avec coeur, cette période du bas moyen-âge. Leur immersion est certaine et leur étonnement spontané face à certaines questions de leur innocent visiteur de passage – sur les cochons roses, sur la religion ou sur d’autres sujets -, le marque bien. Sur la question du jeu des « comédiens » et « acteurs » de ce château reconstitué. « Surjouent-ils par instant? » « Jouent-ils faux? » La civilisation de l’image nous a tous élevé dans un certain sens critique, mais il faut garder de l’indulgence envers les protagonistes de ce documentaire et la troupe qui anime le château de Crèvecoeur. Ce sont des passionnés d’histoire qui n’ont peut-être pas fait Actor Studio mais qui réécrivent un peu d’histoire médiévale sans texte et avec coeur. Par ailleurs, immergé en situation réelle, la perception est toujours différente de la distance que l’on peut prendre devant sa télévision ou un écran. J’ajoute pour le saluer au passage, que le personnage du maître paysan laboureur, autant que son implication dans son travail et son époque, sonnent très justes.
Réjouissances médiévales au château
Nous présenterons certainement le château de Crèvecoeur en Auge de manière plus détaillé et dans un autre article, mais nous voulons déjà donner, ici, quelques éléments sur ce joli lieu qui fait revivre le monde médiéval.
Il est ouvert une bonne partie de l’année et il s’y organise aussi des festivals, des animations, des fêtes, des reconstitutions historiques, et même des « médiévales » qui durent plusieurs jours. Alors, si vous souhaitez, le temps d’une journée, vous glisser vous aussi dans la peau d’un Arnaud de Passage pour aller y célébrer le moyen-âge, n’hésitez pas à visiter le site web du château de Crèvecoeur pour plus de détails.
Une excellente journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval et du moyen-âge sous toutes leurs formes.
Sujet : Kubilai Khan (1214-1295), roi tartare, grand khan mongol, Empereur de chine (épelé quelquefois Kublaï ou Qubilaï Khan ), et Marco Polo, explorateur & marchand vénitien (1254-1324). Média : vidéo, documentaire médiéval Période : XIIIe siècle, moyen-âge central
ujourd’hui, pour changer, nous vous proposons une incursion au cœur du monde médiéval dans sa riche histoire asiatique et extrême orientale. Dans notre article précédent, nous parlions de la lettre au roi Saint Louis, du roi de tartare, grand Khan mongol, petit-fils de Ghengis Khan, Kubilaï Khan. Ce documentaire tombe donc bien à propos pour connaître un peu mieux la destinée et le Legs de ce personnage médiéval qui, de nomade, devint empereur de Chine et fonda la Dynastie Yuan.
Kubilaï Khan, dans les yeux de Marco Polo
« J’ai résolu de faire dans ce second livre la description de la pompe, de la magnificence, de la somptuosité de la puissance, des richesses et du gouvernement de l’empire de Koubilaï, empereur des Tartares, qui tient présentement le sceptre. Car il surpasse de beaucoup tous ses prédécesseurs en magnificence, et, dans l’étendue de son domaine, il a tellement reculé les limites de son empire qu’il tient presque tout l’Orient sous sa domination. » Marco Polo (1254-1324), Le Livre des Merveilles, Livre II, »De la puissance et de la magnificence de Koublaï, très grand roi des Tartares ». (photo ci-dessus : enluminure du livre des merveilles 1307, BNF)
Une bonne partie des informations que nous avons sur Kubilai Khan nous vient des récits de Marco Polo, ce célèbre marchand vénitien, qui, voyageant vers l’Asie, devint conseiller de cet empereur de Chine hors du commun. Ayant passé plus de dix-sept ans à la cour et aux services de Kubilai Khan, l’explorateur s’émerveille de la grande tolérance de l’empereur (et à travers lui de la dynastie mongole Yuan implantée en Chine), à l’égard de chaque croyance et chaque culture présentes dans la chine d’alors. Il semblerait aussi que ce très conquérant et ambitieux petit fils de Ghengis Khan ait su s’entourer de gens aux origines les plus diverses pour asseoir son règne. Faut-il y voir une grande tolérance ou une subtile manière de se protéger dans une province finalement conquise en n’évitant de trop s’entourer d’autochtones vaincus, peut-être prompts à se retourner? La question reste ouverte.
( ci-contre: enluminure du Livre des merveilles de Marco Polo, XVe siècle, BNF)
Quoiqu’il en soit, le règne de Kubilaï Khan est souvent dépeint comme un règne de sagesse et de tolérance, et nos contemporains semblent souvent y lire, à travers les yeux de Marco Polo qui le servait, une certaine modernité, si ce n’est une sorte d’exemplarité, que traduit bien le ton de ce documentaire. Très entre nous, même si je ne veux préjuger du contraire, je me méfie assez de ce genre de rapprochements et je reste sur la réserve. Quelquefois, la tentation d’encenser ou de dénigrer les hommes du moyen-âge, au filtre de nos valeurs actuelles, nous font perdre un peu de vue les nuances. Il serait franchement intéressant de connaître la version chinoise de la même histoire pour s’en faire une idée juste. Hélas, mon mandarin et mon cantonnais sont à peu près aussi inexistants que les dromadaires albinos le sont en Papouasie occidentale.
Le legs de la Dynastie Yuan de Kubilaï Khan
De manière factuelle, au moins, la dynastie mongole, devenue dynastie Yuan, aura assurément accompli de grandes choses, et Kubilaï Khan, en plus d’être un grand guerrier et un grand conquérant, s’est avéré être aussi un fin politique. Son règne, en terres étrangères et conquises, a tenu bon et l’unification de l’empire autour de cet homme favorisa fortement les échanges commerciaux et l’expansion économique de cette chine médiévale et de l’Asie. C’est notamment sous la dynastie Mongole Yuan que Pekin deviendra, pour la première fois, la capitale de l’ensemble de la Chine. Les Arts dont Kubilaï Khan se fera le grand protecteur connaîtront également un nouvel essor sous son règne (ci-contre Statue de bois, Dynastie Yuan, XIVe siècle, The Victoria and Albert Museum, Londres). Un peu plus d’un demi-siècle plus tard, la dynastie Yuan tombera au profit de la dynastie Ming.
Avant de conclure, il faut ajouter qu’à l’époque de Marco Polo, un certain nombre de débats a entouré la véracité de ses dires. Ces débats ont même perduré jusqu’à récemment et on allait même jusqu’à dire que l’ensemble de ses récits n’étaient que de seconde main: nul doute que les marchands du moyen-âge, dans leur grands périples, échangeaient entre eux ou avec leurs acheteurs, et réussissaient, ainsi, à glaner et de nombreux récits ou rumeurs. Il semble pourtant que le récit de Marco Polo ait, depuis, été rétabli dans ses grandes lignes et même si de nombreuses affirmations du marchand vénitien restent invérifiables, personne ne s’accorde plus à dire qu’il n’a fait qu’affabuler.
Une belle journée à tous où que vous vous trouviez en ce monde.
Second et dernier épisode de notre vidéo-documentaire sur le château de Bodiam au moyen-âge et sur l’architecture médiévale
Sujet : châteaux et forteresses, architecture médiévale. le château anglais de Bodiam et la guerre de cent ans. Période : 1385-1390, XIVe siècle, bas moyen-âge. Média : vidéo documentaire, reconstitution du château et de son intérieur en 3D d’après les sources archéologiques. Outil : sand box du jeu 3D médieval engineers.
Bonjour à tous bonne gens, passionnés de moyen-âge et de monde médiéval ou simplement curieux des choses de notre belle Histoire!
ous poursuivons donc aujourd’hui la présentation du château-fort de Bodiam, superbe édifice de la fin du XIVe siècle, inspiré de l’architecture Philippienne et qui se tient en Angleterre, dans l’Est du Sussex, non loin des côtes françaises et de Calais.
Pour mieux comprendre ce château et son domaine, approcher de plus près le contexte historique de la guerre de cent ans, mais aussi l’économie médiévale et féodale, n’hésitez pas à consulter le premier épisode sur le sujet ici : le Château fort de Bodiam, témoin de la guerre de cent ans, Episode 1.
Guerre de cent ans,
grandes compagnies et grande chevauchée
Dans ce deuxième épisode et cette nouvelle vidéo, nous parlons encore de la guerre de cent ans et des compagnies de routiers, ces grandes compagnies qui terrorisèrent les campagnes françaises d’alors et auxquelles le chevalier Edward Dalyngrigge, propriétaire et bâtisseur du château de Bodiam, aurait appartenu. Nous touchons également un mot de la « Grande Chevauchée » de Jean de Gand et la déroute subi par le Duc de Lancastre nous permettra, au passage, d’appréhender la réalité des grandes pandémies du moyen-âge (peste noire et dysenterie) et leur « rôle » jusque dans les batailles. Nous abordons aussi dans cet épisode les débats soulevés par les historiens anglais sur l’efficacité défensive réelle de Bodiam et nous penchons de manière plus précise sur l’architecture du château et ce que l’on peut trouver à l’intérieur de son enceinte.
L’architecture médiévale défensive
du château de Bodiam
Du point de vue de son architecture défensive, le château de Bodiam de 1390 dispose de haut murs, de nombreuses tours, de belles douves, ainsi que d’une barbacane doublée d’un haut corps de garde doté de mâchicoulis et d’assommoirs. Ses nombreuses grilles d’entrée sont aussi comme autant de sas pour freiner tout envahisseur parti à sa conquête. On y trouve encore une poterne avec sa sortie discrète à l’arrière du château en cas de siège, un puits comme dans toute bonne forteresse qui se respecte, de nombreux pont-levis et finalement, tout ce qui en fait, en apparence au moins, un véritable château-fort apte à résister et défendre son territoire.
Pourtant, malgré tous ces dispositifs défensifs et comme nous le mentionnions plus haut, de nombreux débats ont eu cours, auprès des historiens anglais de la période médiévale, pour savoir si ce beau château aurait été réellement efficace en cas d’invasion des côtes anglaises par les armées du roi de France. Un certain nombre d’arguments sont, en effet, soulevés sur ces questions que nous détaillons dans cette vidéo.
Tout le confort et le nécessaire
entre quatre murs d’enceinte
Comme nous le disions dans notre premier article, nous avons reconstitué ce château sur plans archéologiques. A ce jour, il ne reste, en effet, du Bodiam médiéval que les murs d’enceinte et les tours, et de nombreuses interrogations subsistent encore sur certaines de ses salles. On connaît, de manière certaine, la forme générale et la hauteur qu’avaient ses bâtiments mais l’on n’est pas sûr, pour une bonne partie d’entre eux, de leur affectation ni de leur usage.
Le château de Bodiam est aussi un mélange de « classicisme » et de modernité. Inspiré d’une architecture symétrique du XIIe, XIIIe siècle, il dispose de nombreux éléments qui l’inscrivent bien dans son époque et dans la « modernité » du XIVe, avec ses défenses militaires qui anticipent déjà l’arrivée, encore récente alors, de la poudre et de l’artillerie et qui ménagent des trous à canon dans ses murs d’enceinte, avec ces vingt-huit latrines qui se déversent dans l’eau de ses douves ou encore avec ses grandes cheminées et cette impression de confort qu’il donne quand on se plonge dans sa reconstitution.
A l’intérieur de ses quatre ailes, on retrouve un ordonnancement qui, même s’il reste partiellement inconnu, semble pourtant se dessiner clairement en divisions sociales, fonctionnelles, militaires ou festives. On y trouvera, notamment, une grande salle de banquet et ses grandes cuisines, une aile seigneuriale nantie d’une chapelle, des logis et cuisines pour les serviteurs, et encore d’autres choses que nous vous proposons de découvrir dans ce vidéo documentaire historique.
L’histoire de Bodiam du XIVe au XXe siècle
Pour revenir un peu sur l’histoire de Bodiam, au delà du moyen-âge qui l’a vu s’ériger, après qu’il fut construit en 1385 par Edward Dalyngrigge le château resta la propriété de sa lignée jusqu’à la mort de ce dernier. En 1470, Sir Thomas Lewknor en hérita, mais son soutien à la maison Lancastre durant « la guerre des deux roses » lui valut un siège en 1483 dont on ne connaît pas la durée mais à l’issu duquel Bodiam lui fut confisqué. Au seizième siècle, en 1542, quelques rois et passations de pouvoir plus loin, le château revînt finalement à nouveau à la lignée Lewknor.
A partir de là, Bodiam passera dans les mains de plusieurs générations de la famille Lewknor jusqu’au début du XVIIe siècle et sera ensuite vendu à John Tufton en 1639. Ce dernier s’étant rangé du côté des royalistes durant la première Révolution anglaise se verra condamné par le parlement anglais à payer une amende, et devra vendre Bodiam pour s’en acquitter. Il vendra le château à un membre de ce même parlement : Nathaniel Powell. C’est autour de cette période que le château de Bodiam sera démantelé partielle-ment. Après la première révolution anglaise, on a, en effet, détruit, de manière volontaire, de nombreux châteaux et édifices défensifs de crainte qu’ils ne puissent servir à nouveau aux partisans royalistes. La barbacane, les ponts et ponts levis ainsi que les bâtiments situés à l’intérieur du Château seront ainsi démantelés, ce qui explique, en grande partie, l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui.
Le château restera dans la famille Powell jusqu’en 1722, date à laquelle il sera vendu à Sir Thomas Webster. Il restera dans la famille de ce dernier pendant plus d’un siècle et deviendra d’ors et déjà populaire, faisant l’objet de visites à la découverte de cette « ruine pittoresque » du XIVe siècle. Il sera à nouveau vendu en 1815 et passera ainsi dans différentes mains dans le courant du XIXe siècle, jusqu’à son acquisition par George Curzon au début du XXe, en 1916. Conscient de la valeur inestimable de ce patrimoine historique, ce dernier déploiera de grands efforts pour restaurer certaines parties du château et faire conduire également une étude archéologique et architecturale sur l’édifice. A sa mort en 1925, le château sera légué à l’institution National Trust (National Trust for Places of Historic Interest) et sera déclaré « monument historique classé ». C’est cette institution qui, aujourd’hui encore, prend grand soin de préserver le château médiéval de Bodiam et y organise les visites au public.
Voilà, mais assez parlé et place à la vidéo! Nous espérons que cette ballade dans ce beau château-fort du moyen-âge vous plaira autant qu’il nous a plu de le reconstituer et de le faire revivre pour vous à travers ce documentaire.
Une très belle journée à tous et un grand merci encore de votre présence.
Votre dévoué.
Frédéric E.
Pour Moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C