Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales

Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …

Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.

En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.

Une flèche d’humour et une épigramme de Clément Marot à un ennemi poète

poesie_medievaleSujet :  poésie médiévale, satire, mots d’esprit auteur, poète, humour, querelle,   épigramme.
Période : fin du moyen-âge, début renaissance
Auteur :  Clément Marot (1496-1544)
Titre : « A maistre Grenouille, poëte Ignorant »

Bonjour à tous,

S_lettrine_moyen_age_passion‘il était encore besoin de démontrer l’esprit et l’humour caustique de Clément MAROT quand il s’y adonne, autant que sa maîtrise du verbe et de la rime jusque dans les formes courtes, nous vous proposons aujourd’hui un de ses  savoureuses épigrammes. Celui-ci prend la forme d’une flèche assassine en direction d’un poète concurrent. Nous avions déjà abordé le thème des querelles  par poésies et plumes interposées en abordant la biographie de cet auteur du début de la renaissance et vous pouvez valablement consulter l’article en question pour  plus de détails :   Clément Marot, portrait d’un esprit libre

« Bien  ressembles à la grenouille :
Non pas que tu sois aquatique;
Mais comme en l’eau elle barbouille,
Si fais tu en l’art poétique. »
Clément Marot- Epigramme –  A Maistre Grenouille, poète ignorant.

En vous souhaitant un excellent lundi sous les meilleurs auspices.

Fred
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Des prélats égarés et de la mauvaise utilisation du pouvoir, sous la houlette du Jean de Meung

Une citation médiévale Jean  De Meung, moyen-âge central

citation_medievale_jean_de_meung_congnoissance_seigneurie_codicille_roman_de_rose_moyen-age_central

Bonjour à  tous,

O_accent_lettrine_moyen_age_passion joie cruelle et fallacieuse de la citation hors contexte,  nous voici encore au pied du Codicille du bon maître Jean de Meung, alias  Jean Clopinel ,  grand co-auteur du Roman de la Rose et érudit du  XIIIe siècle, pour nous délecter de sa sagesse toute médiévale.

Et dans ce codicille qu’il nous lègue, appendice d’un autre testament qu’il a rédigé par ailleurs, il fustige de son verbe et sans complaisance,  ses contemporains et,  par dessus tout, les religieux ou même les clercs savants. En l’occurrence dans cet extrait que nous vous proposons aujourd’hui en forme de citation, il s’adresse plus précisément aux chefs de l’église et aux prélats: abbés et évêques. Satire? peut-être un peu. Sermon, sans aucun doute.  Mais  comme tant d’autres auteurs le feront frise_vent_deco2 durant ce moyen-âge central et ce XIIIe siècle, c’est en homme pieu, soucieux de religion et de salut de l’âme, autant que de justice  qu’il s’exprime. Il ne cherche donc pas à mettre le feu aux poudres, (ce qui serait en plus un peu anachronique pour l’époque) mais plutôt à ramener dans la juste parole et,  plus encore, la juste pratique les brebis égarées de la haute hiérarchie de  l’Eglise.

Pourtant, oublieux un instant du contexte, comme elle est grande la tentation, en ne prenant que ces quatre pieds de vers, de les étirer un peu et d’en faire une morale du bon ou plutôt du mauvais exercice du pouvoir sous toutes ses formes, et de sauter,  allègrement hors de l’église et hors du temps :


“Se tu veulx mal user de ta grant seigneurie,
Se povres gens te foulent*, je ne m’en merveille mye;
Car quant la congnoissance est trop ensevelie,
Droiz et Dieu se consent que telz gens t’humilie.”
Jean de Meung (1250-1305) Le Codicille

« Si tu veux mal user de ta  grande seigneurie,
Si pauvres gens te  foulent, point ne m’en ébahis,
 car  quand la connaissance est trop ensevelie,
Justice* et Dieu s’accordent que tels gens t’humilient. »

*justice naturelle, nature,


Mais avant de nous reprendre par quelques médiévistes que notre glissement conceptuel et temporel  ferait soudain sortir légitimement de leurs gonds, empressons-nous de revenir au contexte et  au sens étroit  de ces vers de Jean De Meung.  Comme nous le disions, il s’adresse ici clairement au prélats et les enjoint d’être justes envers leurs propres clercs tout autant qu’envers les gens du simple. On trouvera, un peu plus haut dans son codicille, les lignes  suivantes qu’il leur adressent encore:

« Sçavoir vous appartient com chascun se moyenne,
Soyent clercs, soyent laiz, soyent communs ou moyenne »

frise_vent_deco2 Et pour ramener encore dans le giron d’une pratique plus proche de leur mission première,  ces ecclésiastiques dévoyés  par leur propre « fortune » et leurs propres richesses, autant que par les jeux de séduction de cour et de pouvoir, il  leur  dira aussi  dans le  même passage :  « Tout est perdu fors ce qu’on fait en charité; »

Difficile de ne pas  lire, en filigrane, dans ce sévère rappel à l’ordre de la part de l’auteur médiéval, la marque de ce même mouvement qu’on retrouvera encore dans les fabliaux, ou dans ces doigts qui pointeront les richesses des moines blancs ou celles des évêques, dans un XIIIe siècle qui mesure la distance laissée entre les petites gens et certains dignitaires de l’église, véritable caste aristocratique  affichant les marques ostentatoires de  pouvoir et d’argent,  au point d’être même rappelés ici par l’auteur à ses devoirs élémentaires de charité. 

En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
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Estampie et danse médiévale du XIVe et un mot sur Tristan et Yseult

musique_danse_medieval_tristan_iseut_yseut_yseult_estampie_litterature_moyen-ageSujet : musique, danse médiévale, estampie, Tristan et Yseut, littérature médiévale, amour courtois.
Période : XIIIe siècle, moyen-âge central
Auteur : anonyme
Manuscrit ancien :  Add MS 29987
Interprète : Jordi Savall, Hespèrion XXI
Titre:  Lamento di Tristano e rotta
Album : « Orient – Occident »
Editeur : Alia Vox (2006)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous vous proposons un peu de musique en provenance des XIIIe, XIVe et de l’Italie aujourd’hui, en compagnie de l’excellente formation Hespèrion XXI et son talentueux directeur Jordi SAVALL.

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Tirée de l’album Orient-Occident dont nous avons déjà parlé ici, cette « complainte » de Tristan, ayant pour titre original italien « Lamento di Tristano e rotta » est une Estampie (Istampitta) anonyme provenant du manuscrit ancien de Londres, référencé Add musique_danse_medievale_tristan_Yseut_Iseut_complainte_estampie_manuscrit_ancien_Add_MS_29987MS 29987 et dont nous avons déjà parlé ici. Si vous vous en souvenez l’ouvrage date du XVe et contient principalement des pièces et des danses médiévales en provenance de Toscane et de l’Italie du XIIe et XIVe siècles.

Si vous souhaitez consulter ce manuscrit ancien, il est disponible en ligne au lien suivant : Add MS 29987 – Manuscrit de Londres

La complainte de Tristan par Hespèrion XXI

Jordi Savall et Hespèrion XXI

Pour y revenir souvent ici, nous ne présentons plus Hespérion XXI et Jordi Savall, ces « musiciens-chercheurs » passionnés en quête  de la restitution la plus fidèle qui soit de l’univers musical du moyen-âge, de la renaissance, et même encore plus largement du répertoire des musiques anciennes ou classiques.
La patience d’orfèvres, le talent de virtuoses, de longues recherches immergées dans les partitions d’époques, chansonniers, manuscrits du roy et autres précieux codex, nous leur devons de nombreux concerts dans toute l’Europe et, à ce jour, ils ont déjà produits plus de cents albums de haute qualité. Tous sont disponibles sur leur site Alia Vox et vous pouvez également vous abonner à leur chaîne youtube officielle pour les suivre de plus près.

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Le roman de Tristan & Yseut :
oeuvre médiévale  majeure

« Belle amie, si est de nous : ni vous sans moi, ni moi sans vous. »
Tristan – Le roman de Tristan et Yseut

Pièce littéraire majeure de l’amour Courtois, l’histoire de Tristan et Yseut (Iseut ou encore Iseult) dont les premiers écrits remontent au XIIe siècle a fortement marqué le moyen-âge et sa littérature de son empreinte, autant qu’il a encensé les premières formes d’un amour qui allait connaître de longues heures de gloire et de noblesse: l’amour courtois. Concernant cet aspect, et même si les déboires des deux amants seront citée souvent par les poètes chantant l’amour courtois, leur passion dans le récit, à l’image de celle de Héloïse et Abelard finira pourtant par sortir du modèle de l’amour impossible et jamais consommé pour devenir transgressif, et partant transgresser aussi les valeurs de l’amour courtois, autant d’ailleurs que les valeurs chevaleresques. Tout n’est donc pas aussi simple.

Même si l’on a quelquefois glosé sur de plus lointaines origines de cette histoire, les historiens s’entendent, dans l’ensemble sur le fait, que les premières versions connues et datées de ce récit proviennent d’un poème narratif français du XIIe siècle dont la source se serait perdue, mais qui aurait inspirée l’auteur normand Béroul. (voir Le premier roman de Tristan – article persée).

"Le philtre d’amour”. Enluminure (1470) Manuscrit de Gautier de Map, Tiré du “Livre de Messire Lancelot du Lac” de Gautier de Map, Ms. français 112, fol. 239, BnF
« Le philtre d’amour”. Enluminure (1470) Manuscrit de Gautier de Map, Tiré du “Livre de Messire Lancelot du Lac” de Gautier de Map, Ms. français 112, fol. 239, BnF

A l’image du corpus des légendes arthuriennes, maintes fois reprises et ré-écrites par de nombreux auteurs (le normand Béroul, Eilhart Von Oberg, Thomas d’Angleterre, Marie de France, etc…) l’histoire du  chevalier héroïque condamné à un amour impossible avec celle qui deviendra la reine a fasciné bien des esprits dans le courant du moyen-âge central, et au delà, depuis huit siècles. Certains auteurs lui feront d’ailleurs croiser le mythe arthurien en faisant de Tristan un chevalier du roi Arthur et de la table ronde, ce litterature_poesie_medievale_tristan_yseut_amour_courtois_aventure_moyen-age_centralqu’il n’est pas dans la première version.

( Ci-contre enluminure du début du XVe siècle. Le roi Marc épie les deux amants),  Manuscrit français 97, BnF )

Magie et philtres d’amour, dragons et géants belliqueux, actes héroïques, intrigues et rebondissements, tous les ingrédients d’une grande aventure s’y trouvent, mais c’est aussi et surtout le récit d’un l’amour impossible qui, devenu charnel et passionné, conduira les deux amants à braver tous les interdits, jusqu’à défier l’autorité du Roi et toutes les règles sociales, pour finir par les dévorer dans les flammes de la passion et ne les unir que dans la mort. On fera de l’histoire de Tristan et Yseut pas moins que le premier roman d’amour français et certains auteurs le décriront même comme l’archétype de tous les romans d’amour qui lui succéderont par la suite dans la littérature.

Comme toute oeuvre devenue mythique, avec le temps, cette pièce médiévale a inspiré de nombreuses artistes et sous bien des formes: peinture, littérature, danse, théâtre et musique, et ce, dès les premiers temps de sa rédaction et pour longtemps encore après lui. La pièce d’aujourd’hui en témoigne.

En vous souhaitant une bonne écoute et une très belle journée.

Fred
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« Des plaisirs de l’étude et des sciences », une ballade médiévale du XIVe par Eustache Deschamps

poesie_medievale_satirique_eugene_deschamps_moyen_ageSujet : poésie morale, littérature médiévale, ballade, vieux français, études, sciences.
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle
Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406)
Titre : « Car tout desplais fors estude et sience»

Bonjour mes amis,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoici encore un peu, aujourd’hui de la poésie d’Eustache Deschamps, poète prolifique du XIVe, dans une ballade où il nous dévoile ses intérêts pour l’étude et la science qui, contrairement à d’autres occupations, nous dit-il, ne lassent jamais.

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L’oeuvre que nous a laissée Eustache Dechamps dit Morel est, nous l’avons déjà dit ici, colossale. S’il s’est essayé au genre de l’amour courtois, il lui a largement préféré le registre de la poésie satirique, morale ou même réaliste. C’est heureux pour nous car, ainsi, son legs a le grand avantage de nous éclairer sur un large pan de la société du moyen-âge tardif, qui est aussi celle de la guerre de cent ans et des épidémies de peste. Valeurs morales, moeurs et pratiques, costumes, tournois, jeux de cour, duels, etc.., ses textes sont une source inépuisable d’enseignement sur le monde médiéval du XIVe siècle.

eustache_deschamps_ballade_poesie_medievale_enluminure_clerc_etudes_science_savant_moyen-age_tardifSon goût pour les ballades, encore en usage durant son siècle et qui le resteront quelque temps encore, pour tomber dans l’escarcelle du génial François Villon, lui en a fait écrire plus de mille.  Il ne s’arrêtera pourtant pas à ce seul genre dont on dit même qu’il le fixera et il laissera encore des rondeaux, des virelais, des farces, mais aussi des traités didactiques dont l’un ‘L’art de Dictier » qui deviendra célèbre. Digne héritier d’ESOPE,  Eustache Deschamps excellera encore dans le genre des fables, qui, maintes fois réécrites d’une Marie de France jusqu’au XVIIe siècle d’un Jean de la Lafontaine, traverseront l’ensemble du moyen-âge et fourniront le prétexte à un genre satirique, politique et moral, qui avancera, à couvert, sous le bouclier de la métaphore animalière.

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Et le voilà clerc et savant, Eustache le sage, Eustache le désabusé aussi, revenu pour nous aujourd’hui, de six cents ans d’Histoire pour nous faire l’éloge de l’Etude et des « Sciences », cette large appellation de « sciences » qui, au moyen-âge, recouvre les nombreuses disciplines qui font de l’homme « un savant », un détenteur du savoir dans les « matières savantes ».

Formé dans sa jeunesse à la prestigieuse Université d’Orleans qui, depuis le début de ce XIVe qui l’a vu naître, dispense notamment le Droit, sa longue et variée carrière d’employé de cour lui fournira l’occasion de l’exercer, mais au delà, cette formation lui donnera sans doute aussi une rigueur qu’il  Enluminure, Université médiévale, Bologne, XIVe siècle. mettra jusque dans son exigence de style.

Revenu de tout. il a vécu longtemps et certains lisent quelquefois à travers ses rimes, l’aigreur d’un homme qui a servi sa vie entière les rois et les puissants, sans pour autant en retirer ni le prestige, ni la fortune. Le sens critique n’est pas une valeur de cour. A-t-il payé le prix d’une plume trop acerbe et trop prompte à souligner de ses traits les abus de pouvoir de tous bords? Sans doute. Pourtant indéniablement de son travail et ses loyaux services, Eustache Deschamps se démarque encore d’autres poètes de son temps en ce qu’il ne dépend pas de sa plume pour subsister. Si elle a pu lui jouer des tours, elle demeure affranchie de toute contrainte alimentaire et c’est un fait qui éclaire largement l’oeuvre de ce poète médiéval et les libertés qu’il y prend.

etudes_science_moyen-age_poesie_realiste_sociale_ballade_eustache_deschamps_moyen-age_monde_medievalEt s’il y a, par instants, un peu d’écume amère au bord de certaines de ses lignes, ce serait une erreur de ne s’arrêter qu’à cela et de ne pas voir encore à travers sa poésie l’oeil du temps, le témoin, un chroniqueur atypique entre les lignes versifiées duquel le XIVe siècle se donne à observer. Au delà de cela, ce grand auteur médiéval  reste encore le témoin d’une période de transition dans l’art de la poésie, une page qu’il aura lui-même contribuée à tourner. Ami de Guillaume de Machaut, dont il se déclare le disciple, notre auteur est un amoureux des formes et du langage, un adepte de la rigueur stylistique. Et dans ses réflexions sur une poésie qu’il déclare innée et qui ne s’apprend pas, il valorisera encore l’art de la rime et du vers comme une musique en soi, un art du langage affranchi de toute composition musicale apprise et qui entend bien se livrer au lecteur, entier et sans artifice, dans sa propre musicalité.

Car tout desplaist fors estude et science
dans le verbe d’Eustache Deschamps

Des plaisirs de l’Etude et de la Science.
Il n’est délit, joie, feste, soûlas,
Joustes, tournois, déduit, esbatement,
De quoy chascuns ne soit à la foiz las,
Combien que tout plaise au commencement.
Continuer telz choses longuement
Engendre ennui ou quelque desplaisance;
Estudier n’a pas ce mouvement :
Car tout desplaist fors estude et science.

Et ce puet-on veoir en pluseurs cas
Chascun le scet qui a entendement,
De grans festes dient pluseurs, Hélas!
Et des deliz de chacier ensement,
Et de voler, et de tournoiement,
De dame avoir, et de mener la dance;
Vanitez sont , croy donc certainement :
Car tout desplaist fors estude et science.

Mais plus vit homs, et plus passe le pas
De l’aage humain, plus quiert diligemment
L’art de sçavoir dont il veult faire un tas;
De jour en jour croist l’estudiement,
Sanz lui lasser , et continuelment,
Pour acquérir renommée et prudence,
Mais trop petit lui chaut du rémanent:
Car tout desplaist fors estude et science.

Prince, qui a terre et gouvernement
Doit voulentiers aprandre dès s’enfance,
Pour soy garder et vivre saigement:
Car tout desplaist fors estude et science.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.

Fred
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