Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales
Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …
Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.
En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.
Un dévot personnage vit en songe un roi dans le paradis et un religieux dans l’enfer. ll demanda : « Quel est le motif des degrés d’élévation de celui-la, et quelle est la cause des degrés d’abaissement de celui-ci? Car nous pensions le contraire de cela.»
Une voix se fit entendre, qui lui répondit: «Ce roi est dans le paradis à cause de son amitié pour les derviches, et ce religieux est dans l’enfer à cause de la fréquentation des rois » Mocharrafoddin Saadi (1210-1291), Gulistan, le jardin des roses
Sujet : musique ancienne, folk, chanson traditionnelle anglaise, version pour flûtes et clavier, version instrumentale. Période : XVIe, début de la renaissance, toute fin du moyen-âge. Titre : Lady Greensleeves, Greensleeves Interprète : Orlan Charles (chaîne youtube)
Bonjour à tous,
ous vous proposons un post léger pour commencer l’année dans la bonne humeur et en musique avec une version instrumentale de Greensleeves, interprétée par un quartet à une seule tête. Orlan Charles est, en effet, un musicien brésilien, instrumentiste, touche à tout (clavier, cornemuse, flûte, percussion) qui s’est fait une spécialité des « cover » et compositions multi-instrumentales maison, sur sa chaîne youtube.
La version de Greensleeves qu’il nous propose ici est, en réalité, la reprise d’une version enregistrée par le groupe brésilien Musikantiga qui, dans les années 70, suivirent, comme de nombreux autres, la vague revival folk qui émergea alors et qui inspira une partie de la génération des fleurs de l’avant et l’après woodstock.
Pendant que le rock progressif connaissait ses plus belles heures, on assistait, en effet, dans ces années-là, à l’explosion d’un mouvement folk et sa volonté de renouer avec un certain passé musical: retour aux sources, en forme d’escapade, vers un monde pré-industriel perçu comme plus authentique? Rêve de lendemains vécus dans une tradition tout à la fois naturaliste, festive, et bon enfant réconciliée? On assistait encore à la naissance, dans certaines franges de ce mouvement, de forme de recherches spirituelles, introspectives ou psychédéliques, qui, tournant le dos aux religions officielles, allaient aussi se chercher des racines du côté du paganisme anglo-saxon ou des croyances celtes, autant que leur folklore. De fait, un certain nombre de compositions anciennes, pas forcément médiévales d’ailleurs, mais aussi traditionnelles, populaires, ou encore d’origine celtique, fut redécouvert par le public, durant ces années-là.
Pour le reste, quelques cinquante ans plus tard, et plus près de notre monde moderne, voici encore une preuve, s’il en était besoin, d’un engouement qui perdure pour le monde médiéval et ses compositions musicales. Jugez plutôt, il s’invite même jusqu’à São Paulo, au pays de la Samba et du carnaval.
En vous souhaitant une très belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. Période: moyen-âge central Titre: l’Ecole de Salerne (1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc Média : lecture audio
Bonjour à tous,
our ce qui est du post d’aujourd’hui, nous prolongeons le plaisir de la compagnie de la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne. Il faut dire que résister à la lecture de quelques strophes du Flos Medicinae relevait de la gageure et je me suis trouvé dans l’incapacité de ne pas y céder. Et comme, pour une fois, le texte n’est pas en vieux français mais en français moderne du XIXe siècle avec, il faut l’avouer, une qualité dans la versification qui le distancie sûrement de son original latin, au niveau sémantique mais qui est savoureuse, il nous fallait un peu corser la difficulté. Alors plutôt que notre voix pour se prêter à l’exercice, nous avons décidé d’en emprunter deux autres. Du Docteur Knock à l’école des femmes, celle de Louis Jouvet est la première des deux, et pour sa filiation avec lui, autant que pour ses grandes lectures, celle de Fabrice Luchini est la deuxième. Toute ressemblance avec des personnes existantes ne pouvant être qu’allégorique, le genre auquel nous nous exerçons ici pourrait avoir pour nom l’imitation de loin.
Vous allez me dire que je n’en finis pas de chercher des peaux de banane sur lesquelles glisser et vous n’aurez sans doute pas tord, mais comme je ne cesse ici de le réaffirmer avec le poète latin Publilius Syrus du premier siècle avant notre ère: « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient». Il faut donc bien, fidèle à cette maxime, se situer, de temps en temps, dans la prise de risque pour étonner et pour se divertir aussi.
Un OVNI médiéval
ous voici donc rendu avec une lecture audio sur le sujet très sérieux de la médecine médiévale, à la façon de Louis Jouvet et de Luchini, même si, encore une fois, ce n’est que de très loin. Techniquement, on pourrait être tenté d’appeler cela un OVNI, comprenez un Objet Versifié Non Identifié. Tout cela a un goût de fêtes de fin d’année, un goût d’enfance aussi parce que cette chose là qui consiste à s’amuser à calquer des notes, des rythmes, des accents ou des voix, en les empruntant aux autres ne s’explique pas. Elle prend sûrement sa source dans un mimétisme grégaire. On la commence comme un enfant qui joue à ressembler aux adultes, et puis elle fait partie de vous et, quelquefois, s’y enracine. Pourtant, toute réserve gardée sur la ressemblance de facto à l’original, au delà du singer, c’est aussi une question d’alchimie, une façon de prendre, un peu, de l’essence de l’autre pour le retraduire, une sorte de transmutation ou de distillation empathique. Et comme il est question d’empathie, rien ne pourrait mieux la traduire qu’une maxime un peu étirée: dis-moi qui tu singes, je te dirais qui tu es.
Alors voilà, nous y sommes. La peau de banane étant droit devant, laissez-moi prendre un peu d’élan et je suis à vous!
La médecine médiévale de Salerne avec Louis (pratiquement) Jouvet et Fabrice (presque) Luchini
Une très belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet: chant, chanson, musique, poésie médiévale, amour courtois, complainte, manuscrit de Bayeux. Période : Moyen Âge tardif (XVe siècle) Auteur : Guillaume Dufay (1400-1474) Interprète ; Jose Lemos et l’ensemble Pegasus Early Music – 2015 (concert)
Bonjour à tous,
ous vous présentons, aujourd’hui, une chanson médiévale du XVe siècle. C’est un chant d’amour et une complainte, celle d’une belle pour son amant prisonnier. Présente dans le Manuscrit de Bayeux (le ms Français 9346 de la BnF), on la retrouve aussi chez Guillaume Dufay, auteur-compositeur considéré comme un des plus grands musiciens de son temps et dont il faut dire un mot ici.
Guillaume Dufay : éléments de biographie
Originaire de la région de Cambray, qui l’a vu naître autour de 1400, il y suivra l’enseignement des plus grands maîtres de musique du Duc de Bourgogne. La ville est alors dotée d’un centre de musique religieuse qui fournit des musiciens à la papauté romaine et, très jeune, Guillaume Dufay sera aussi choriste à la cathédrale de Cambrai.
Quelques vingt ans plus tard, on le retrouvera en Italie et à Rimini, au service de la famille Malatesta. Après un court épisode en France, il retournera autour de 1430, en Italie où il se tiendra rien moins qu’à la cour pontificale, devenant ainsi le musicien des papes. Il léguera d’ailleurs des messes qui feront longtemps référence auprès des musiciens des siècles suivants. Il y restera plus de six années avant de servir à la cour du prestigieux duc de Bourgogne, mais aussi à celle du duc Louis Ier de Savoie.
(Guillaume Dufay et Gilles Binchois, enluminure tirée du manuscrit Le Champion des dames, de Martin XVe siècle).
Durant cette longue carrière au service de la haute noblesse et des papes, l’auteur-compositeur, musicien et chanteur fusionnera le style français avec le style Italien, en les enrichissant encore d’apports anglais pour donner naissance à ce que l’on a appelé l’école franco-flamande, une école qui brillera pendant près de deux cents ans, et sera reconnu, notamment, pour son art polyphonique. Guillaume Dufay léguera, à la postérité, de nombreuses compositions liturgiques dont des messes et des motets (compositions à plusieurs voix et à capela, apparues dans le courant du XIIe siècle), mais également des compositions profanes, comme celle que nous vous proposons ici, et plus de quatre-vingt chansons qu’on peut lui attribuer avec certitude et qui on été toutes composées avant que ne débute sa carrière à la cour pontificale.
Manuscrit ancien : le codex Canonici 213
L’ouvrage dont est tirée la chanson et composition du jour est un manuscrit ancien, connu sous le nom codex Canonici 213 et plus précisément : Manuscrit. Ms. Canonici misc. 213. Conservé à la bibliothèque Bodleian d’Oxford, il contient, essentiellement, des chants polyphoniques, religieux ou profanes provenant de la première partie du XVe siècle.
On y retrouve les compositions de 55 auteurs, principalement de l’école bourguignonne et de l’école franco-flamande, tels que Gilles Binchois (Gilles de Binche), Guillaume Dufay, mais aussi Arnold de Lantins et Hugo de Lantins.
On doit au musicologue et au critique John Stainer (1840-1901), d’avoir fait connaître ce manuscrit, à la fin du XIXe siècle en présentant et éditant plus de 50 de ces pièces. Sauf erreur de notre part et pour l’instant au moins, le manuscrit original, ne semble pas être consultable en ligne.
Les interprètes du jour : quand le monde médiéval conquiert New-York
Fondé en 2005, Pegasus Early Musicest un groupe événementiel spécialisé qui organise des concerts et fédère des artistes et des passionnés autour d’un répertoire musical, allant du moyen-âge à la période romantique.
Avec des visées de distribution autant que de sensibilisation, la fondation produit, depuis près de douze ans, plus de 400 concerts par an. Elle organise également divers événements et concours pour faire connaître et appuyer de jeunes talents dans le domaine des musiques anciennes. Pour vous donner un aperçu de leur philosophie et de leur vocation, voici ce qu’ils en disent eux-mêmes:
« Pour les musiciens qui se produisent dans nos concerts, la musique ancienne est une forme d’art vivant, avec sa tradition dynamique d’improvisation et d’innovation; Son esprit de collaboration intense; Son incroyable capacité à communiquer des instincts et des émotions humaines sophistiqués; Et l’intimité directe de son style musique de chambre. Nous sommes passionnément convaincus que la musique ancienne peut être pleine de sens dans le contexte de la société contemporaine, et nous voulons partager cela avec notre public. » – Pegasus Early Music
La majorité des concerts ayant lieu dans la région de New-York, sauf à être français (ou francophones) expatriés, le meilleur moyen de découvrir leur travail reste leur chaîne youtube sur laquelle ils partagent sans compter, avec de très belles prises de son, là encore, ou même leur site web que vous pourrez trouver ici : Pegasus Early Music.
Il faut souligner ici la prestation du célèbre Jose Lemos (portrait ci-contre), contre-ténor brésilien formé au Conservatoire de Musique de Nouvelle-Angleterre et à ce jour, mondialement reconnu et primé pour ses prestations dans des registres aussi divers que l’opéra et les musiques anciennes.
Les paroles de la chanson médiévale
de Guillaume Dufay
La belle se sied au pied de la tour, Qui pleure et soupire et mène grand dolour. Son père lui demande: fille qu’avez-vous Volez-vous mari ou volez-vous seignour?
Je ne veuille mari, je ne veuille seignour, Je veuille le mien ami qui pourrit en la tour. Par Dieu ma belle fille alors ne l’aurez-vous Car il sera pendu demain au point du jour.
Père si on le pend enfouyés moi dessous, Ainsi diront les gens ce sont loyales amours.
En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Fred
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