Archives de catégorie : Musiques, Poésies et Chansons médiévales

Vous trouverez ici une large sélection de textes du Moyen âge : poésies, fabliaux, contes, chansons d’auteurs, de trouvères ou de troubadours. Toutes les œuvres médiévales sont fournis avec leurs traductions du vieux français ou d’autres langues anciennes (ou plus modernes) vers le français moderne : Galaïco-portugais, Occitan, Anglais, Espagnol, …

Du point du vue des thématiques, vous trouverez regroupés des Chansons d’Amour courtois, des Chants de Croisade, des Chants plus liturgiques comme les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, mais aussi d’autres formes versifiées du moyen-âge qui n’étaient pas forcément destinées à être chantées : Ballades médiévales, Poésies satiriques et morales,… Nous présentons aussi des éléments de biographie sur leurs auteurs quand ils nous sont connus ainsi que des informations sur les sources historiques et manuscrites d’époque.

En prenant un peu le temps d’explorer, vous pourrez croiser quelques beaux textes issus de rares manuscrits anciens que nos recherches nous permettent de débusquer. Il y a actuellement dans cette catégorie prés de 450 articles exclusifs sur des chansons, poésies et musiques médiévales.

Jordi Savall, l’autobiographie intellectuelle d’un grand maître de musique ancienne

jordi_savall_fusion_art_et_recherche_musique_ancienne_medievaleSujet : Musique ancienne, musique médiévale, viole de Gambe, maître de musique, autobiographie, artiste, conférence vidéo. viole de gambe.
Période : Moyen-âge, renaissance, baroque
Auteur : Jordi Savall
Lieu : Fondation Juan March   (2014)

Bonjour à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionu’est-ce qui fait un artiste ? Est-ce une capacité ou une volonté de dépasser ses propres inquiétudes et ses peurs, les siennes, mais aussi celles des autres ? Vais-je survivre ? Mangerais-je à ma faim ? Pour avoir la ténacité indispensable de pratiquer son art dans d’infinis efforts, jour après jour, durant des heures incomptables, sans garantie et sans contrepartie économique immédiate ou évidente, il lui faut aussi une flamme que seule la passion peut entretenir  mais n’y a-t-il pas encore, au fond de cet être unique, la certitude obstinée qu’il n’y a pas d’autres voies, quels qu’en soient les sacrifices ? Habité par une sorte de nécessité impérieuse, l’artiste véritable semble quelquefois laissé sans d’autres choix que de poursuivre inlassablement sa quête, comme si c’était pour lui la seule façon possible de traverser la vie.

Sur ce long chemin qui mène à un aboutissement jamais atteint, mené par la soif intarissable de toujours explorer de nouveaux territoires en friche, jordi_savall_autobiographie_intellectuelle_musique_ancienne_viele_de_gambeil faut aussi une poignée de rencontres clefs et de visages amis croisés sur le chemin  qui l’encouragent à poursuivre, ceux qui font un geste aux moments les plus inattendus ou qui, par leurs élans, lui délivrent autant de signes, comme une façon de lui murmurer à l’oreille : « Continues, tu es sur la bonne route ». Et parmi tous ceux-là, il y a bien sûr aussi les maîtres, ceux qui montrent la voie et qu’il faut savoir écouter. Sans une reconnaissance profonde à leur égard, sans l’humilité d’apprendre encore et toujours et sans une gratitude sincère pour ses pairs, un artiste pourrait bien finir par se perdre en chemin. A l’évidence, celui que nous avons le plaisir de vous présenter aujourd’hui ne s’y est pas perdu.

Jordi Savall et la saveur des fraises sauvages

E_lettrine_moyen_age_passionn 2014, le maître de musique, directeur d’orchestre et  virtuose de la viole de gambe Jordi Savall était reçu par la Fondation Juan March pour y donner une conférence au sujet de son autobiographie intellectuelle et de son itinéraire artistique. Le lieu était propice à plus d’un titre puisque l’institution mécène espagnole avait compté dans son parcours en lui offrant, au moyen d’une bourse et alors qu’il étudiait encore son art, la possibilité de pourvoir à ses besoins et de poursuivre son apprentissage.

Itinéraire artistique et biographie à tiroir

Comme on le verra, il n’est pas question ici de répertoire médiéval stricto sensu, même si la quête inlassable des musiques anciennes, jusque dans les manuscrits et les traités d’époque, est demeurée au cœur des préoccupations de toujours de Jordi Savall. En plus de cette fascination singulière pour l’histoire de la musique, de ses instruments et de ses techniques, il aura fallu à ce grand artiste, une infinie patience et une vie soutenue d’efforts pour débusquer, jouer et faire découvrir au public, des trésors de compositions médiévales,
renaissantes ou baroques issus du plus lointain patrimoine méditerranéen et même au delà, jusqu’aux rivages des mondes celtiques ou latino-américains. Une partie de ces musiques compte jordi_savall_maitre_de_musique-ancienne_viole_de_gambe_autobiographie_video_conferencedes partitions pour viole de gambe que personne, jusqu’à lui, ne s’était aventuré à travailler et sa contribution, sur ce seul instrument, demeure unique sur la scène musicale internationale.

Pour le reste, on aura plaisir à suivre dans cette conférence, les pas du grand musicien catalan, de son enfance jusqu’à ses projets les plus récents et les plus ambitieux, en passant par son passage à la Schola Cantarum Basiliensis ou par son travail demeuré célèbre sur la bande originale du film d’Alain Corneau Tous les Matins du Monde. Il nous emmènera également à la source de ses célèbres formations, Hespèrion XX, la Capella Reial de Catalunya, l’Orchestre des nations et on y croisera aussi de grands noms de la scène classique et baroque du XXe siècle.

Pour qui sait écouter, il y a encore, dans cette autobiographie empreinte d’humanité, des leçons à tiroir qui débordent largement le champ historique pour s’intéresser à l’humain, à l’art et encore à l’itinéraire de l’artiste (avec un grand A), et c’est une véritable joie pour nous de pouvoir la partager avec vous ici.

Qui est la Fondation Juan March ?

Pour la culture espagnole et l’Humanisme

C_lettrine_moyen_age_passionréée en 1955, par le financier et homme politique Juan March Ordinas, cette fondation madrilène est une institution patrimoniale et familiale de grand renom en Espagne. Dès son origine, elle s’est donnée pour mission de promouvoir le fleuron de la culture ibérique avec l’objectif d’en faire bénéficier la communauté la plus large et toujours avec un parti-pris de qualité. Dans les premiers temps de son existence, elle a agi principalement à travers des bourses d’études concédées à ceux qui arpentaient les larges avenues de la Culture et de l’Art espagnols et les valorisaient. Un peu plus tard, elle a mis en place ses propres programmes culturels ; ces derniers qui s’inscrivent dans la durée et dans la gratuité ont vocation, pour reprendre les propres mots de la fondation « à diffuser et renforcer la confiance dans les principes de l’humanisme dans des temps tout à la fois d’incertitude et d’opportunités, augmentées par l’accélération du progrès technologique« .

Programmes et actions de la fondation

fondation_juan-march_culture_espagne_musique_artOn y trouvera nombre d’expositions, de conférences et de concerts. La fondation héberge aussi, en son sein, une bibliothèque sur le thème de la musique, un théâtre et possède encore deux musées : le Musée d’Art Abstrait de Cuenca, et le Musée de la Fondation Juan March de Palma de Mallorque. On retrouve également cette institution aux sources de la recherche scientifique, notamment dans le domaine des Sciences Sociales, à travers l’Institut Carlos III Juan March de l’Université Carlos III de Madrid.

La programmation musicale forme un partie importante de ses actions puisqu’elle propose, chaque année, près de cent cinquante concerts. Entre musiques anciennes, opéras, et genres variés, l’approche demeure toujours didactique et orientée sur la découverte et la sensibilisation. Quant aux conférences, elles balayent le large champ de la littérature et de la poésie, celui du théâtre et du cinéma, et vont encore jusqu’à la philosophie, en débordant les frontières de l’Espagne territoriale pour s’étendre jusqu’à l’Amérique latine.  A noter que sur son site web, la Fondation rediffuse gracieusement toutes ses productions par l’intermédiaire de sa propre web Tv : Canal March

Note sur la traduction et la version française

Nous avions mis, depuis longtemps déjà, dans notre « bucket list » la traduction de cette véritable pépite, postée, il y a quelque temps, sur Youtube par la Fondation Juan March elle-même. On peut trouver en ligne nombre de vidéos et d’entrevues de Jordi Savall (qui s’exprime, par ailleurs, dans un français parfait), mais cette autobiographie demeure unique et très particulière, aussi nous espérons que vous aurez autant de plaisir à l’écouter que nous en avons eu à l’adapter en français. Puissiez-vous y goûter, comme le fait le maître de musique, à la saveur incomparable des fraises sauvages.

Avant d’en terminer, il nous faut souligner, une nouvelle fois, l’importance du mécénat ou des aides institutionnelles dans le domaine de la Culture. Il est merveilleux de penser qu’en faisant le geste, il y a près de 50 ans, d’aider un jeune étudiant têtu et passionné à poursuivre ses rêves les plus chers, une fondation a contribué à faire naître l’un des plus grands artistes sur la scène internationale des musiques anciennes.

En vous souhaitant une très belle journée

Frédéric F
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

Epigramme humoristique : sagesse paysanne contre miséreux lettré sous la plume de Saint-Gelais

Sujet : poésies courtes,  épigramme, poésie de cour, renaissance. humour, sagesse populaire, vilain
Période : XVIe, renaissance, fin du moyen-âge
Auteur : Mellin Sainct-Gelays
ou Melin (de) Saint- Gelais (1491-1558)
Ouvrage : Oeuvres complètes de Mellin Sainct- Gelays, Prosper Blanchemain, 1873.

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion-copiaour égayer votre journée, voici une épigramme de Melin Saint-Gelais. Le poète de cour renaissant y opposait, avec humour, le savoir universitaire, la science du lettré au bon sens paysan.

Homme rustre et sans manière ou représentant d’une forme certaine forme de sagesse populaire, l’image du « vilain » oscille tout au long du moyen-âge central et jusqu’aux siècles suivants pour incarner, tour à tour, les deux visages, au gré de l’inspiration des poètes.

poesie_epigramme_humour_medieval_renaissance_moyen-age-tardif_Melin-Saint-Gelais

Au siècle renaissant de Melin Saint-Gelais, on demeure toutefois assez loin de certains portraits au vitriole de paysans tels qu’on pouvait en trouver dans le courant des XIIe et XIIIe. L’eau a coulé sous les ponts ; dans le courant du XIIIe, les universités se sont ouvertes à des classes sociales plus laborieuses. On en trouvera notamment la marque dans les poésies de Rutebeuf (Ci encoumence li diz de l’Universitei de Paris) et peu à peu, certaines lettrés ou poètes revendiqueront même ouvertement leurs origines paysannes.

Au XIVe siècle, Le Dit de Franc-Gontier de Philippe de Vitry passera aussi par là pour revaloriser l’image de la vie campagnarde. Usés par les artifices des jeux de cour, certains poètes du XVe s’en feront encore les représentants (Alain Chartier, Eustache Deschamps,..) même si Villon y opposera un contre pied humoristique (voir le contredit de Franc-gontier). Sans doute peut-on ajouter à ce mouvement, le rythme de la vie urbaine et son développement. Peu à peu, la séparation entre deux mondes s’affirme, commençant déjà pour certains, à faire de la campagne un ailleurs (nostalgique ?) teinté de la promesse d’une simplicité, d’une authenticité et d’une tranquillité reconquises.

Nous retrouvons, en tout cas, dans cette épigramme de Saint-Gelais un paysan qui nous parle de simplicité, de liberté mais aussi entre les lignes, d’une forme de dignité, celle de nourrir sa famille sans devoir quémander comme le fait ici le miséreux lettré (avec un brin de condescendance).

Un maistre-ès-arts mal chaussé, mal vestu,
Chez un paysan demandoit à repaistre ;
Disant qu’on doit honorer la vertu,
Et les sept arts dont il fut passé maistre.
Comment sept arts! répond l’homme champestre;
Je n’en sais nul, hormi mon labourage ;
Mais je suis saoul quand il me plaist de l’estre,
Et si nourris ma femme et mon ménage.

Sur le thème du Vilain voir également les deux fabliaux suivants :
De Brunei la vache au prêtre de Jean Bodel – Du vilain qui conquit le Paradis en plaidant.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.

Une chanson à boire médiévale anglo-normande pour célébrer Noël

chansona-boire_noel_medieval_vieux-francais_anglo-normand_moyen-age_XIIIeSujet : chanson médiévale, Noël, chanson à boire. vieux-français, Anglo-normand
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
TitreDeu doint à tuz ces joie d’amur
Auteur :  anonyme
Ouvrage :   Recueil de chants historiques français, première série, le XIIe jusqu’au XVIIe Leroux de Lincy, Librairie de Charles Gosselin (1841)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionntre deux congés et pour célébrer Noël à la façon médiévale, nous vous proposons, aujourd’hui, de découvrir une chanson anglo-normande du moyen-âge central et plus précisément du XIIIe siècle.

Le manuscrit MS 16 E VIII
de la Librairie royale anglaise

Dans son Recueil de chants historiques français, Antoine Leroux de Lincy indique qu’elle provient d’un manuscrit anglais, sans le citer dans le détail. En élargissant les recherches, on retrouve ce même chant de Noël publié, quelques années plus tard, par  Paul Meyer (Recueil d’anciens textes bas-latins provençaux et français, 1er partie, 1874) ; ce dernier, cette fois-ci, nous donne comme source le  Royal Ms 16 E. VIII de la Librairie Royale  britannique.

Tristement, l’ouvrage en question se serait volatilisé de la salle de lecture du British Museum, un peu avant la fin du XIXe siècle, en juin 1879 ; un malotru l’aurait, en effet, subtilisé en tirant partie du fait qu’à cette période, les dispositifs de sécurité autour les ouvrages anciens n’étaient pas aussi élaborés que de nos jours. Le manuscrit contenait 147 folios, avec entre autres pièces de choix, le Bestiaire illustré d’un clerc nommé Guillaume de Normandie, un Missus Gabriel en vers  latins et anglo-normands sur l’annonciation de la vierge, une geste sur l’histoire de Charlemagne à Jerusalem et Constantinople, un Almanach lunaire en prose française, et encore deux chansons à boire, dont celle que nous publions ici et qui est plus particulièrement centrée sur le thème de la fête de Noël. (voir inventaire précis du contenu de ce manuscrit au lien suivant)

Une des plus anciennes
chansons à boire normandes

S_lettrine_moyen_age_passioni son auteur est demeuré anonyme, cette pièce qui se classe dans les chants de Noël, peut être également située dans la lignée des chansons bachiques, autrement dit des pièces festives dédiées aux joies de la fête et de la boisson. A ce titre, elle a comme grand intérêt d’être une des plus anciennes qui nous soit parvenue du berceau anglo-normand.

Quelques siècles plus tard, autour du XVIIe, on verra émerger l’idée d’un genre anglo-normand spécifique à ce type de chanson à boire: le Vaux-de-vire, avec notamment des auteurs comme Olivier Basselin (XVe siècle) et Jean le Houx (XVIe et XVIIe). Force est pourtant de constater avec Leroux de Lincy et d’autres auteurs et médiévistes du XIXe siècle qui ont édité cette chanson médiévale du XIIIe siècle que la Normandie n’a pas attendu ces deux derniers poètes (sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir bientôt) pour célébrer dignement les plaisirs de la fête et de la table.


« Deu doint à tus icels joie d’amurs »
Une chanson médiévale à boire du XIIIe 

Seignors, ore entendez à nus :
De loinz Sumes venuz à wous
Pur quère* (réclamer, prier, invoquer) Noël,
Car l’em nus dit que en cest hostel
Soleit* (avoir l’habitude, coûtume) tenir sa feste anuel
A hicest jur.

Deu doint à tus icels joie d’amurs
Qui à danz Noël ferunt honors !

Seignors, jo vus di por veir
Ke danz Noël ne velt aveir
Si joie non,
E repleni sa maison
De payn, de char* (viande) et de peison
Por faire honor.

Deu doint à tuz ces joie d’amur, etc.

Seignors, il est crié en l’ost
Qe cil qui despent bien e tost
E largement,
E fet les granz honors sovent,
Deu li duble quanque il despent
Por faire honor.

Deu doint, etc.

Seignors, escriez les malveis* (les mauvais, les méchants),
Car vus me l’troverez jameis
De bone part.
Botun, batun, ferun gruinard, (1)
Car tos dis a le quer cuuard
Por feire honor.

Deu doint, etc.

Noël beyt bien le vin engleis,
E li Gascoin et li Franceys
E l’Angevin ;
Noël fait beivere son veisin
Si qu’il se dort le chief enclin ,
Sovent le jor.

Deu doint, etc.
Seignors, jo vus di par Noël
E par li sires de cest hostel,
Car bevez ben ;
E jo primes* (en premier) beverai le men,
E pois après chescon le soen
Par mon conseli ;
Si jo vus dis trestoz : Wesseyl,* (Wes Heil, « portez vous bien »)
Dehaiz* (malheur à celui) eit qui ne dira Drincheyl* (« Drinc Heil » Buvez et profitez bien).

(1) S’il faut en croire  Charles Nisard (Des chansons populaires chez les anciens et chez les Français, 1867, Volume 1), ce  « Botun, batun, ferun gruinard » pourrait être un « appel à bâton contre les braillards ». De son côté, et  même s’il s’adresse à un période généralement plus tardive, le Dictionnaire Coltgrave nous rappelle que « Gruiner » en vieux français, évoque la même racine que l’anglais to Gruntle or to grunt : grogner, gronder. Autrement dit plutôt que braillards et pour le moderniser, il s’agirait plutôt ici des grincheux ou des grognons à qui il faudrait donner du bâton ou de la trique.


En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric F
Pour moyenagepassion.com
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Rôle et responsabilités des conseillers du Prince selon Alphonse X de Castille

Sujet  : citation, moyen-âge, prince, conseillers, exercice de la responsabilité, exercice du pouvoir, Espagne médiévale, XIIIe siècle.


alphonse-X_le-savant_citations_medievales_Espagne_XIIIe-siecle_Moyen-age

« Ceux qui laissent sciemment le roi se tromper méritent d’être punis comme des traîtres. »
Citation médiévale d’Alphonse X dit le sage ou le Savant,  roi de Castille, (1221-1284)


Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passion‘image du prince mal conseillé ou influencé de manière néfaste, coure sous la plume de nombreux auteurs, tout au long du Moyen-âge. Mesure de prudence de la part de ces derniers ? Si elle permet de ne pas se risquer à incriminer directement la personne sacrée du souverain, en pointant du doigt ses conseillers malavisés ou même, mal intentionnés, elle se fonde aussi, dans d’autres cas, sur une réalité de fait.

Stratégie d’acteurs, convoitises, ivresse du pouvoir, intérêts biaisés,  là encore, à lire entre les lignes des auteurs et poètes médiévaux, de Rutebeuf à Eustache Deschamps en passant par Alain Chartier et bien d’autres encore, les cours royales et seigneuriales regorgent de conseillers empoisonnés qui ne servent pas toujours l’intérêt des couronnes. Biais inévitable de la vie curiale, théâtre des luttes individuelles et de toutes les ambitions, au delà des simples mesquineries ou des fausses flatteries, quand une grande partie du pouvoir se concentre sur une seule tête, il faut aux princes une sérieuse dose d’intégrité et de discernement (qu’ils n’ont pas toujours), pour échapper à ces jeux d’influence ou éviter même qu’ils ne les plongent dans des conflits inextricables.

Ainsi, contre l’impunité de ceux qui pèsent dans l’ombre, sur la balance des décisions des rois, cette citation d’Alphonse X remettait ici les pendules à l’heure, en mettant les mauvais conseillers face à leur responsabilité et leurs possibles félonies. Pour ne citer qu’un exemple tragique de ce type d’influence fallacieuse et en restant dans le cadre de l’Espagne médiévale, on se souviendra que trois générations plus tard, son arrière petit-fils, Alphonse XI allait connaître des tensions sans fin opposant ses tuteurs et régents, pour se trouver lui-même, à peine monté sur le trône, pris dans un conflit sanglant dont l’histoire a retenu qu’il avait été en grande partie ourdi et fomenté par de vils conseillers. Ces derniers furent, du reste, dûment châtiés. A ce sujet, nous vous invitons à consulter l’article suivant: Don Juan Manuel, portrait d’un seigneur, chevalier et auteur médiéval dans l’Espagne déchirée du XIVe siècle

Pour le reste, voici la version espagnole originale de cette citation  : “Los que dejan al rey errar a sabiendas, merecen pena como traidores.”

En vous souhaitant une belle journée

Fred F
Pour Moyenagepassion.com
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