Sujet : festival, animations historiques, histoire vivante, artisanat, marché historique, compagnies médiévales, spectacles historiques, salon historique. Evénement : Fous d’Histoire 2023 et marché de l’histoire. Lieu : Espace Le Tigre, Margny-lès-Compiègne, Oise, Hauts-de-France. Date : les 18 et 19 Novembre 2023
Bonjour à tous,
omme chaque année, à la mi-Novembre, le festival du spectacle historique Fous d’Histoire sera de retour, le week-end prochain, à Margny-Lès-Compiègne, sous l’égide de l’Association pour l’Histoire Vivante (APHV).
Désormais bien rodé, l’événement connaîtra là sa 7ième édition. Durant ses deux jours, il sera, à l’habitude, hébergé par l’Espace d’exposition le Tigre avec certaines parties couvertes et d’autres plus en extérieur.
Un programme sans temps mort
Ceux qui nous lisent connaissent bien le concept du Festival Fous d’Histoire, puisque nous lui dédions un article à chaque nouvelle édition. Ce Salon international du Spectacle Historique comme ont choisi aussi de le baptiser ses organisateurs, propose un grand salon doublé d’un marché sur le thème de l’histoire.
Avec une pléthore de spectacles programmés, la partie salon est propice à enjouer les visiteurs, mais elle affiche également l’ambition de proposer aux professionnels de l’événementiel d’y repérer d’éventuelles animations pour leurs futurs fêtes ou célébrations.
Du point de vue de sa programmation, l’édition 2023 de Fous d’Histoire ne faillira pas à la règle. Comme l’année passée, pas moins de 120 compagnies de reconstituteurs, comédiens, amateurs ou associations spécialisées dans le spectacle ou l’évocation historiques y sont attendus sur la partie salon. Ces dernières couvriront des domaines aussi divers que la vie civile et militaire, les contes, les arts de rue et le théâtre, les musiques et les danses d’époque, l’artisanat et les ateliers les plus variés, mais encore les spectacles animaliers.
Le Marché de l’Histoire 2023
Le marché de l’Histoire sera, lui aussi, à la hauteur des éditions précédentes avec près de 200 exposants et artisans, venus des 4 coins de France et d’Europe. L’événement devrait encore proposer, comme à l’accoutumée, sa bourse d’échanges pour permettre aux passionnés puissent se dessaisir de certaines pièces ou d’y trouver la perle rare.
A noter que cette édition 2023 de Fous d’Histoire verra également la remise de Trophée divers aux plus méritants dans les domaines du spectacle comme de l’artisanat.
Périodes historiques représentées
Sur le marché comme sur les spectacles, de larges périodes historiques sont, en général, représentées à l’occasion de cet événement depuis la préhistoire jusqu’aux guerres modernes.
Les amateurs de Moyen Âge devraient y trouver également leur bonheur puisque le monde médiéval y est, en général, bien représenté. Les nombreuses fêtes médiévales organisées en France permettent aussi d’entretenir et de faire vivre bon nombre d’associations ce qui n’est pas forcément vrai de toutes les périodes historiques. Sur cette partie touchant aux temps médiévaux, notez que les compagnies invitées proposent des thèmes qui vont de la reconstitution historique la plus stricte pour s’étendre aux frontières les plus fantastiques du médiévalisme et donc au Moyen Age fantastique.
Sujet : animations médiévales, reconstituteurs, compagnies médiévales, histoire vivante, guerre de cent ans, reconstitution, Du Guesclin. Période : Moyen Âge central, XIVe siècle. Evénement : les Médiévales de Tiffauges 2023 Lieu : château de Tiffauges, Vendée, Pays de la Loire.
Bonjour à tous,
lles ne sont pas si nombreuses, en terres de France, les manifestations qui proposent de nous faire revivre le Moyen Âge historique, de manière réaliste et sourcée.
Bien souvent, dans les célébrations dites médiévales, les troupes de reconstituteurs passionnés se trouvent mêlées à des thèmes plus fantaisistes et plus imaginaires, dans un joyeux fourre-tout. La frontière entre animations et reconstitution devient alors ténue ; les marchés « médiévaux » se font artisanaux et les petites entorses au Moyen Âge déclaré sur le papier jouent la carte furtive sous l’indulgence bonhomme de l’ambiance festive, et d’un monde médiéval devenu médiévaliste.
Le Moyen Âge des fêtes médiévales : des mondes fantaisistes à l’histoire vivante
Il en faut pour tous les goûts, nous l’avons déjà dit ailleurs. Dans ce Moyen Âge western à la Duby, devenu le terrain de jeux de tous les possibles et de tous les imaginaires, l’influence du médiéval fantastique anglo-saxon a, de longtemps, laissé son empreinte chez nombre d’entre nous. Entre mondes ludiques, cinéma et littérature, difficile pour les générations ayant grandi à partir des années 70/80 (dont nous sommes) d’être restées imperméables aux visions d’un Moyen Âge revisité par un JRR Tolkien, un David Gemmell ou même, plus récemment, un GRR Martin.
D’un Moyen Âge à l’autre, de notre histoire véritable à celles prolifiques et multiples du Medieval Fantasy, le réalisme n’est souvent plus un critère, sauf pour un nombre réduit de puristes, dans cette mer de définitions plurielles. De fait, la qualité d’une manifestation finit par se juger plus souvent dans la clarté de ses partis-pris, dans la richesse et l’originalité de ses animations, ou encore dans les heures et le soin apportés à ses finitions, sous l’égide du divertissement. Il suffit d’approcher la densité de programmation d’un festival Cidre & Dragon ou d’un Normannia pour comprendre qu’on y est en présence de grands événements dans leur genre particulier, plus hybride et fantastique que réaliste.
Faire revivre le Moyen Âge historique
Quoi qu’il en soit, si l’imagination médiévaliste débridée reste peu regardante sur l’authenticité historique dans un nombre infini d’événements, en d’autres endroits plus rares, la reconstitution demeure au cordeau. A l’occasion de ces manifestations, les organisateurs préfèrent proposer un voyage au cœur d’un Moyen Âge le plus précis et le plus cohérent possible, dans une attention infinie aux détails. Quand la magie opère, l’histoire s’invite alors dans le présent, pour devenir vibrante et refaire pleinement sens sur les terres qui la voit renaître le temps d’un événement, insufflant ainsi une nouvelle vie à leurs patrimoines culturels originels.
Souvent, ces événements se tiennent autour de fleuron de notre patrimoine monumental ou de forteresses médiévales classées : le château de Foix, les remparts d’Aigues-Mortes, la forteresse de Montrond-les-Bains, pour n’en citer que quelques-uns. De rares endroits à préserver pour de belles manifestations qui leur font honneur. C’est le cas de celle, exceptionnelle, qui fait l’objet de cet article : la médiévale du château de Tiffauges en Vendée.
Un retour au château de Tiffauges
« …Un éblouissant voyage dans le temps qui aiguise tous vos sens. Vos yeux en premier, qui ne savent où se poser tant il y a de choses à découvrir, de couleurs éclatantes, d’armures rutilantes, d’oriflammes, de costumes chamarrés, d’objets précieux ou juste usuels dont aucun ne sonne faux. Votre nez ensuite, chatouillé par le fumet alléchant des chaudrons sur les feux de camp ou par les effluves des échoppes des marchands, dont les délices ravissent aussi vos papilles… Et pour finir votre oreille, particulièrement sollicitée ! Par la musique qui vous donne aussitôt envie de danser, mais aussi par le fracas des armes sur le champ de bataille et les tirs d’artillerie qui à tout moment vous font sursauter. Car là encore tout est vrai. »
Virginie – Visiteuse aux Mediévales de Tiffauges 2023
Aujourd’hui, l’Association Roi Uther, organisatrice d’événements historiques et le studio Barry’s photography nous ont fait l’amitié de nous gratifier de quelques sublimes photos, en provenance de l’édition 2023 de la Médiévale de Tiffauges.
Cet événement ambitieux reçoit, chaque année, plusieurs centaines de reconstituteurs en armure d’époque, pour un vrai parti-pris de reconstitution historique. Il a été impulsé en 2018 par le département de Vendée qui continue de le soutenir depuis. Sa dernière édition s’est tenue en septembre 2023 ; nous vous l’avions annoncée dans unarticle détaillé. Dans le contexte de la guerre de cent ans et des guerres de Bretagne, elle s’apprêtait à mettre en scène un Bertrand Du Guesclin sur le pied de guerre et à la préparation d’un futur siège.
Ici, en plus d’une belle galerie de photos qui vous fera revivre en images, ou découvrir un peu mieux cette manifestation médiévale si vous ne vous y êtes pas encore rendus, nous avons également le plaisir de partager un billet de Gérard Paugam, président de l’association Roi Uther, au sujet de cette édition passée. Nous lui laissons donc la parole sans plus attendre et faisons aussi place à cette belle galerie d’images.
Tiffauges l’autre fête médiévale !
A l’heure ou chaque petite cité médiévale se dote de sa fête, carnaval, où bien souvent se côtoient sorcières, viking et adeptes de fantaisies ou d’arthurien, le château de Tiffauges lui, fait le choix de la reconstitution historique.
La médiévale de Tiffauges c’est une immersion, un livre ouvert par près de 500 reconstituteurs, hommes, femmes et enfants en armures, costumes civils, campements et échoppes historiques.
Le public est plongé dans un quotidien médiéval : odeurs de feux de camps, cliquetis des armures, danse et musique, marché médiéval …l’expérience immersive est unique et totale.
Chaque année, Roi Uther met en valeur un événement. Ces thèmes vont construire l’âme de la fête, donner des temps forts où les reconstitueurs vont présenter l’histoire vivante, vivre durant 48h00 au plus près de la réalité des hommes et des femmes de cette époque.
Pour cette 6ème édition, 10500 visiteurs ont profité d’un nouveau scénario bâti autour de Bertrand Duguesclin, connétable de France et son appel aux armes pour prendre la cité de Thouars. Amaury de Craon, époux de Péronnelle de Thouars rendra les clefs de la ville début novembre 1372 !
Nous avons maintenant une équipe de 4 Hérauts qui commentent les moments forts, une équipe de maréchaux de lice garantissent la bonne tenue des engagements et pour 2024 de nouvelles améliorations.
Bertrand Duguesclin sera à nouveau le héros les 28 et 29 septembre 2024.
Sujet : monde médiéval, histoire médiévale, anthropologie, histoire culturelle, symbole, cochon, animaux, régicide, capétiens, royauté française, anthropologie, médiéviste. Période : Moyen âge central, XIIe et XIIIe siècle Ouvrage : Le roi tué par un cochon (Edition du Seuil, 2015) Auteur : Michel Pastoureau
Bonjour à tous,
e 13 octobre 1131, le jeune prince Philippe, fils et héritier direct de Louis VI le gros déambule à cheval, avec quelques uns de ses gens, dans les rues de Paris. Est-il lancé dans un galop imprudent ? Joue-t-il à se courser avec l’un de ses écuyers ? Les chroniqueurs hésitent.
Pourtant, par un funeste tour du destin, un porc errant viendra se prendre dans les pattes de sa monture, faisant choir le futur roi alors âgé de 15 ans. Quelques heures plus tard, le terrible drame s’abat sur la couronne : le jeune Philippe est mort des suites de ses blessures. Il était l’ainé choyé du souverain. La royauté avait mis en lui tous ses futurs espoirs et même s’il avait été déjà sacré à Reims en 1129, il ne règnera jamais sur la France contre toutes les attentes de son géniteur, Louis VI.
Enluminure de l’accident du prince Philippe dans le Mss 677 de la ville de Besançon – Chronique anonyme, en langue française (fin du XIVe siècle)
Quand le destin des capétiens croisa celui d’un porc « envoyé du diable »
L’événement pourrait passer pour anodin et la « grande histoire » l’a même un peu oublié, mais c’eut été sans compter sur la présence de Michel Pastoureau. Partant du funeste accident, le médiéviste va dérouler ici toute son érudition pour nous entraîner dans un voyage au cœur du Moyen Âge central. Il y mettra même ses larges connaissances des bestiaires, des héraldiques, des couleurs et des symboles du monde médiéval au service d’une hypothèse étonnante : sous l’apparence du simple accident urbain, ce « porcus diabolicus », comme le nomment certains chroniqueurs d’alors, cet animal infâme, ce porc envoyé du diable aurait-il pu, à ce point, affecter le destin de la lignée capétienne pour que, se pensant souillée et presque maudite, elle cherche finalement à se laver de l’infâmie, et à se racheter aux yeux de Dieu, en se drapant de nouveaux symboles propices à conjurer le sort :
D’un côté, le lys, celui de la mère des mères, la vierge Marie, fleur des fleurs du culte marial naissant,
De l’autre, le bleu roi, couleur de la lumière divine, qui avait déjà occupé Michel Pastoureau dans son histoire des couleurs.
Conjugués, ces deux symboles puissants et protecteurs, s’imposeront, en effet, tous deux, quelque temps après l’incident, sur les habits royaux les plus symboliques de la couronne de France.
Ombre et souillure d’un cochon diabolique
Dans une grande aventure, pour passer au crible son étonnante hypothèse, Michel Pastoureau donnera dans ce livre une leçon magistrale de nouvelle histoire, en liant chronologies, histoire des symboles et des mentalités et bien entendu, approche anthropologique et historique.
Il nous parlera du lourd deuil du père du prince : Louis VI le gros a-t-il, par ses exactions et ses conduites par trop libertine, suscité la colère de Dieu ? Il abordera encore la question du possible poids qu’aura fait peser cet héritage du frère défunt sur l’autre fils qui par là, deviendra rien moins que le nouveau roi de France, Louis VII. Suivons un peu Michel Pastoureau sur les traces de ce règne qui, sans le porc errant n’aurait jamais du avoir lieu.
Louis VII ou le règne maladroit d’un héritier de circonstance
Peu préparé à ses fonctions, ce roi par accident, accumulera les maladresses. D’un naturel très pieu et d’un caractère peu amène, il se fâchera avec le pape et d’autres encore, entrera en conflit ouvert avec Thibaut de Champagne. En 1143, et dans le cadre de ses passes d’armes d’avec le puissant comte, les gens de Louis VII seront même à l’origine des terribles incidents conduisant au drame de l’église de Vitry-en-Perthois : un millier de villageois en furent victimes et périrent brûlées en les murs de l’édifice religieux où ils s’étaient réfugiés. Pour le souverain, il fallut bien au moins un départ aux croisades pour tenter d’expier l’horreur de cette tragédie, mais son voyage oriental ne se soldera par aucune victoire flamboyante et bien plutôt par des déroutes.
Enfin, et c’est encore une pierre à l’édifice de sa déroute, Louis VII le jeune ratera totalement son mariage (arrangé par son père), avec Aliénor d’Aquitaine. Il se montrera incapable de concevoir un héritier (ils auront cependant deux filles). Mauvais assortiment, natures incompatibles, jalousie trop grande de Louis le Jeune ou frivolité d’Aliénor ? L’union finira par un divorce qui verra la belle, deux ans plus tard, conclure un remariage avec le roi Henri II d’Angleterre (autre terrible disgrâce). De neuf ans son cadet, le souverain anglois donnera à Aliénor de nombreux descendants dont un nombre incomptable de fils, autre disgrâce par procuration pour Louis VII. L’ombre du porc maléfique encore lui et la punition divine planerait-elle sur tout cela, mais surtout sur l’esprit ou les dispositions psychologiques de la lignée capétienne ? Michel Pastoureau tient son fil et nous le suivons avec plaisir et même, à plus d’un tour, une certaine jubilation. Le sujet est passionnant et l’historien ne perd pas son fil pour le rendre crédible.
Un exercice de synthèse érudit et réjouissant
Afin de servir sa démonstration, le médiéviste fera encore des détours par l’histoire des croisades, les bestiaires médiévaux et notamment l’histoire du porc domestique. Fort répandu dans les villes d’alors, l’animal les nettoie de sa grande voracité. Nous visiterons également avec l’auteur, la symbolique médiévale attachée au cochon, en opposition à celle de son cousin sauvage le sanglier, qu’on affronte à la chasse et dont on tire quelques mérites guerriers. Michel Pastoureau en profitera encore pour disgresser sur le statut du porc et les interdits comparés qui pèsent sur sa consommation dans différentes cultures et religions en tentant de donner des pistes à leur propos : porc attaché à la souillure, porc omnivore, porc (trop) proche de nous du point de vue anatomique, etc…
On croisera encore, dans cet ouvrage finalement très dense, de grands personnages historiques comme Bernard de Clairvaux ou l’abbé et homme d’état Suger animés de leurs propres enjeux. On y sera gratifié d’un bonne dose d’historiographie sur l’incident et on en ressortira copieusement instruit sur l’héraldique, la nature végétale des symboles royaux français contre les animaux préférés par les royaumes de l’Europe d’alors.
Faire de l’histoire sérieuse avec des choses triviales
Pour conclure, on a même un peu de mal a restituer la richesse et la densité de ce petit ouvrage tant Michel Pastoureau y a mis d’information, en faisant des détours et des parenthèses toujours passionnantes sans perdre de vue longtemps son hypothèse. Il reste de ses érudits intarissables qui sait tenir ses lecteurs et ses auditeurs en haleine.
Au passage et pour les apprentis- chercheurs en sciences humaines, il donnera aussi une belle leçon de méthodologie, en démontrant comment à partir d’une hypothèse et de choses qui pouvaient sembler, à première vue triviales, on peut faire sérieusement de la science historique. Dans l’exercice, il aura fait, dans le même temps la nique à l’histoire classique ou « la grande histoire » comme on a pu la nommer, en interrogeant, une fois de plus ses fondements, pour établir dans la lignée de ses pairs, les Duby ou les Le Goff que les dates et les faits importants ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
Finalement, pour boucler la leçon de méthode et sur le terrain de l’épistémologie, la falsifiabilité de Poppers demeurera au centre de la conclusion de cet ouvrage ; l’hypothèse, par certains aspects, cocasse, de ce porcus diabolicus et son influence sur les emblèmes royaux de la France capétienne et du bleu de la France actuelle restera une hypothèse, sauf à trouver plus d’éléments ou de documents capables de l’avérer ou de l’infirmer. Entre-temps, le médiéviste nous aura donné beaucoup de plaisir, au long d’un ouvrage qui reste parfaitement accessible à tout type de publics et dont on sent aussi, à son ton plus d’une fois amusé, qu’il a pris beaucoup de plaisir à l’écrire.
Comment se procurer cet ouvrage ?
Ce livre de Michel Pastoureau est disponible au format poche chez Points. Il fait un peu moins de 300 pages mais aucun caractère n’y est perdu. Voici un lien utile pour l’acquérir : le roi tué par un cochon, Michel Pastoureau, Edition Points (2018). Si vous préférez écouter cet ouvrage, notez qu’il est également disponible chez Audible en forma audio, lu par Olivier Martinaud et paru chez l’éditeur Le livre qui parle.
Découvrir d’autres ouvrages de Michel Pastoureau :
Frédéric EFFE. Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : le détail d’enluminure sur l’image d’en-tête est tiré du manuscrit médiéval Royal 16 G VI de la British Library d’Angleterre. Daté du milieu du XIV siècle et superbement illuminé, cette longue série de manuscrits médiévaux présente une édition révisée des Grandes Chroniques de France.
Sujet : musique médiévale, musiques anciennes, ballade polyphonique, Ars nova, chanson médiévale, amour courtois, sentiment amoureux. Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle Auteur : Francesco Landini (1325-1397) Titre :Gran piant agli ochi Interprètes : Ensemble 400 Concert : Eglise de Saint-Georges Martyre, Milan, Italie (2022).
Bonjour à tous,
ous partons, aujourd’hui, à la découverte de nouvelles musiques médiévales, du côté de l’Italie du Moyen Âge tardif. A cette occasion, nous croiserons, à nouveau, l’organiste et maître de musique Francesco Landini, grand représentant de l’Ars Nova florentin du XIVe siècle.
Tristesse & douleur de la séparation
La chanson du jour est une ballade polyphonique. C’est aussi une nouvelle pièce courtoise du compositeur florentin du trecento. Meurtri par une séparation brutale d’avec sa belle, Landini nous contera ses déboires amoureux. Dans le pur style de l’amant courtois, il y fera étalage de sa douleur et de sa peine et, s’adressant à l’objet de son désir, il lui affirmera sa volonté de ne plus s’enticher d’aucune autre, si cet amour devait s’arrêter à jamais.
Ce n’est pas la première fois que Landini s’épanche sur sa douleur et ses déconvenues amoureuses. On se souvient même que la formation médiévale La Reverdie avait dédié un album complet à cette partie du répertoire du maître de musique italien (voir l’occhio del cor et les yeux tristes de Francesco Landini).
Aux sources manuscrites de cette ballade
A l’habitude, du point de vue des sources anciennes et manuscrites, c’est le très beau Codice Squarcialupi (Ms Med Pal 87) qui nous servira ici de guide. Ce manuscrit daté des débuts XVe siècle est actuellement conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. Sur l’image ci-dessus, vous retrouverez la chanson polyphonique du jour, accompagnée de sa partition d’époque.
Pour la version en musique de cette pièce de Francesco Landini, nous vous proposons de découvrir l’interprétation de l’Ensemble 400, à l’occasion d’un concert donné, en décembre 2022 à l’Eglise de Saint-Georges Martyre, de Milan. On doit cet enregistrement à Edoardo Lambertenghi, youtubeur et technicien du son milanais passionné de musiques anciennes dont la chaîne est très riche en contenu.
L’ensemble 400 et la passion des musiques médiévales et anciennes
Actif depuis plus de 15 ans sur la scène des musiques anciennes, l’Ensemble 400 est une formation italienne spécialisée dans un répertoire médiéval et renaissant qui s’étend du XIIIe au XVe siècle. Fondée par des experts dans le domaine des musiques anciennes, elle explore un territoire qui s’étend aux musiques profanes et liturgiques de la France, l’Angleterre et l’Italie médiévales.
L’Ensemble 400 est issu de Musicaround, association italienne établie à Gênes et qui se dédie à la promotion des musiques anciennes, depuis l’organisation de concerts et d’événements à l’enseignement de ces dernières. Vous pourrez retrouver l’actualité de cette formation sur le site officiel de l’association . A date, ils se sont déjà produits dans de nombreux festivals, principalement en Suisse et en Italie.
Membre de l’Ensemble 400
Marcello Serafini (viele), Giuliano Lucini (luth), Maria Notarianni (harpe, vièle), Vera Marenco (voix), Alberto Longhi (voix).
Gran piant agli ochi ou la douleur amoureuse par Francesco Landini
Gran piant agli ochi, greve dogli al core Abbonan sempre l’anima, si more.
Per quest’amar’ et aspra diapartita Chiamo la mort’ e non mi vuol udire. Contra mia volglia dura questa vita, che mille morti mi convien sentire.
Ma bench’i’ viva, ma’non vo’seguire Se non vo’, chiara stella et dolce amore.
Gran piant agli ochi …
Traduction française de cette pièce
Grande peine aux yeux, grande douleur au cœur Abondent toujours, tandis que l’âme se meurt.
A cause de cette séparation amère et âpre J’appelle la mort mais elle ne veut m’entendre. Contre ma volonté, cette vie perdure, Et il me faut endurer plus de mille morts.
Mais même si je suis en vie, je ne veux plus poursuivre Aucune autre que vous, brillante étoile et doux amour.
Grande peine aux yeux, grande douleur au cœur…
En vous souhaitant très belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : sur image d’en-tête, on retrouve l’enluminure de Francesco Landini dans le Codex Squarcialupi, ainsi que le feuillet correspondant à la ballade polyphonique du jour.