Sujet : danse, musique médiévale, estampie, manuscrit ancien, chansonnier du Roy, trouvères, troubadours, Miracle, Vierge Marie, Culte marial, Français 844, chansonnier du Roy. Période : moyen-âge, XIIIe siècle. Auteur : anonyme Titre : La quinte estampie royale Interprètes : Anne Azema – Shira Kammen Album : Etoile du nord – Le Miracle Médiéval (2003)
Bonjour à tous,
n 2003, la directrice d’orchestre, musicienne et chanteuse soprano Anne Azemasortait un album dédié aux poésies et chansons médiévales sur le thème des miracles de la Vierge, ayant pour titre: Gauthier de Coincy. Etoile du Nord, le Miracle médiéval.
De Coincy. Etoile du nord, le miracle marial
par Anne Azema
Avec onze pièces datant du moyen-âge central, Anne Azema faisait le choix, dans cet album, d’une formation réduite à minima, en s’accompagnant uniquement de la talentueuse vielliste et instrumentiste américaine Shira Kammen. Du reste, les deux artistes n’en étaient pas à leur première collaboration puisqu’elles avaient déjà eu l’occasion d’exercer leur talent mutuel et leur complicité, bien avant cela, et notamment dès le début des années 90, dans le cadre de la Boston Camerata et de la Camerata Mediterranea.
Du point de vue des pièces présentées, l’idée directrice de Anne Azema était la mise en miroir des miracles chantés ou narrés par les trouvères du Nord de la France avec ceux de l’Espagne médiévale. A ce titre,, l’oeuvre majeure compilée par Alphonse X le Sage de Castille dont nous sommes familiers ici (voir index des Cantigas de Santa Maria) y tenait une bonne place.
Contenu de l’album
On peut ainsi trouver, dans cette Etoile du Nord, des compositions de trouvères célèbres de la fin du XIIe et même plutôt du XIIIe, siècle florissant du culte marial : une chanson de Rogeret de Cambrai, une de Thibaut de Champagne, trois Cantigas de Santa Mariadu roi Alphonse le Sage et encore quatre pièces de Gauthier de Coincy, qui occupe un place particulière dans cet album puisque ce dernier lui est dédié. On peut encore y écouter deux pièces demeurées anonymes dont la Quinte Estampie Royale du manuscrit médiéval Français 844 ou Chansonnier du roy que nous vous présentons ici. En terme de contenu, ce n’est, certes, pas la plus représentative de l’album et elle pourrait même sembler y faire un peu office d’interlude, mais comme elle est, à l’image du reste des pièces, très réussie, nous avons jugé intéressant de vous la faire connaître.
Du point de vue distribution, l’album est encore édité à ce jour et toujours disponible à la vente en ligne. On peut le trouver au format CD, mais aussi au format digitalisé, ce qui offre l’avantage de pouvoir en pré-écouter les différentes titres pour s’en faire une meilleure idée ; L’album Etoile du Nord: le miracle médiéval, de Anne Azema
La quinte estampie royale sous la vielle de Shira Kammen
Gauthier de Coincy (1177-1236)
Disons un mot ici de Gauthier de Coincy (Gautier) avant que l’occasion nous soit donnée, d’en faire un portrait plus complet. On doit à ce moine trouvère de la fin du XIIe et des débuts du XIIIe siècle nombre de chansons et récits de Miracles au sujet de la vierge ( LesMiracles de notre Dame). Certains inspireront même d’autres auteurs médiévaux et notamment certaines Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille.
Dans cet album, on notera parmi les pièces présentées du trouvère, de courts récits de miracles mais aussi de beaux échantillons de son talent courtois. Sa chanson « Ja pour yver, pour noif ne pour gelee »notamment, est une véritable ode à la vierge et à son amour sur le modèle de la lyrique courtoise des troubadours. Nous aurons assurément l’opportunité de vous la présenter plus tard dans le temps.
Sujet : fête médiévale, moyen-âge festif, marché médiéval, compagnies médiévales, animations, campements médiévaux, Tournoi médiéval, chevalerie, tournoi du ceinturon d’argent. Evénement : Les 21eme médiévales d’Alby Lieu : Alby-sur-Chéran, Haute-Savoie,
Auvergne-Rhône-Alpes Dates : les 11 et 12 mai 2019
Bonjour à tous,
is entre Annecy et Aix-les-Bains, Alby sur Chéran est un bourg médiéval de charme qui occupait, au moyen-âge, une position hautement stratégique et comptait pas moins de sept châteaux ou maisons fortes. C’est à cette période de l’Histoire que la municipalité, assistée de l’association Alby Médiévales, se propose, chaque année, de ramener ses nombreux visiteurs, à l’occasion de grandes réjouissances médiévales.
Marché médiéval, animations,
spectacles et grand tournoi
Pour cette 21e édition, de nombreuses animations sont au programme et la liste des troupes invitées laisse présager d’un beau divertissement, Entre musiciens, comédiens facétieux, artisans et reconstituteurs, quelques 150 artistes et mesnies de médiévistes animeront cette médiévale. On pourra y visiter 9 campements à la découverte de la vie au Moyen-âge. Comme à l’habitude, un marché médiéval de plus d’une cinquantaine d’exposants se tiendra aussi sur place et le samedi soir, un banquet médiéval sera suivi d’une grande nocturne avec concert et spectacles.
Compagnies médiévales et artistes présents
L’Ost du Phénix – La Compagnie Dovahkiin – Cie Médiévale de l’Eau d’Hoons – compagnie Cercle de Feu – Jean-Luc Scavino – Les 4 fers en l’air – Les Sans terres de Régordane – Les Voyageurs de Sleipnirsfari – Mesnie de Sabaudia – L.I.R. de Savoie – Brame Farine – De Fil en Epée – Les Loups de Midgard – Futhark – Médiéval War Music – Les Tritons Ripailleurs – Les Goliards – Les Ménestrels de l’Aloète
Tournoi du Ceinturon d’Argent 2019
L’événement verra aussi se dérouler la seconde étape du Tournoi du Ceinturon d’Argent 2019 dont nous avions déjà parlé à l’occasion du rassemblement médiéval du prince d’Orange 2019. Avec pour cadre le château de Montpon qui leur ouvre exceptionnellement ses portes, 45 participants et compétiteurs répartis dans quatre disciplines martiales inspirées du moyen-âge central à tardif s’affronteront : lices à pied XIIIe siècle, lices à pied XIVe et XVe siècles, archerie et arbalestrie
Sujet : fête médiévale, moyen-âge festif, marché, artisanat, compagnies médiévales, animations, campements, fauconnerie Evénement : 20eme fête et marché médiéval Lieu : Semur-en-Auxois, Côte-d’Or, Bourgogne-Franche-Comté Dates : les 11 et 12 mai 2019
Bonjour à tous,
epuis deux décennies, le mois de mai venu, la cité médiévale de Semur-en-Auxois fête dignement le moyen-âge. Avec l’arrivée de la 20e édition de ces réjouissances, la municipalité qui les organise n’a pas dérogé à la règle, en concoctant un programme très complet pour cette fin de semaine.
Animations, spectacles, marché et banquet
Avec plus de 20 compagnies artistiques et troupes venues investir les rues de la ville, on assistera, durant tout le week-end, à une foule de divertissements et d’animations d’inspiration médiévale : théâtre de rue, musique, défilés et parades, spectacles de fauconnerie, … On pourra également arpenter, à loisir les allées du marché artisanal à la rencontre de ses échoppes et d’une cinquantaine d’exposants et pour compléter le tableau, il y a aura encore du tir à l’arc, des campements d’époque (réalistes ou plus fantastiques), mais aussi des jeux et une ferme pour les enfants.
En plus des tavernes qui accueilleront, à bras ouverts, les gueux ou nobliaux venus traîner leurs chausses sur les pavés de la belle cité fortifiée, un grand banquet est également prévu le samedi soir (sur réservation).
Compagnies médiévales ou artistiques
Cie Mandalas – Graoulish Barden – Acus Vacuum – Cradem Aventure – Vagus Animis – Cie Bric à Brac – Cornalusa – Cie l’Ambroisie – Colporteur de couleurs – Chouette oh la vie – Ferme du Chaineau – L’Artilleur du Roi – Les Archers de l’Auxois – Andilly Loisirs – Les Gueux d’Semur – Les Templiers de St Florentin – Les Croisés de Médiolano – Mediev’Auxois – Les Ambassadeurs Cardolingiens – Souvigny Grand Site
Sujet : poésie médiévale, ballade, auteur médiéval, moyen-français, poésie réaliste, poésie satirique Auteur :François Villon (1431-?1463) Période : moyen-âge tardif, XVe siècle. Titre : « La ballade de l’appel de Villon
ou question au clerc du guichet» Sources et ouvrages ; voir pied d’article.
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous partons en direction du Moyen-âge tardif, avec une nouvelle ballade de François Villon, et quelle ballade puisqu’il s’agit d’un des derniers textes qui nous soit connu de lui, dans l’ordre chronologique.
Villon dans les Manuscrits médiévaux
Du côté des manuscrits anciens, on pourra retrouver les poésies de Villon aux côtés d’autres auteurs médiévaux, dans le Manuscrit de Stockholm Vu 22, daté du XVe siècle (image ci-dessous). Pour consulter en ligne, suivez le lien.
La ballade de l’appel de Villon dans le Manuscrit de Stockholm Vu 22
On citera également ici le Français 1661 (consulter sur Gallica), le Français 20041 (en ligne ici) ou même encore le célèbre Jardin de plaisance et fleur de réthorique (voir fac-similé) tous trois datés du XVe siècle et conservés à la BnF. A la fin de ce même siècle et avec l’arrivée de l’imprimerie, l’oeuvre de Villon commencera à être plus largement diffusée et par un grand nombre d’éditeurs. Il sera, dès lors, le seul à y « tenir la vedette » et pour longtemps.
Contexte historique
Villon rattrapé par sa triste destinée
Sorti de sa geôle de Meung à la fin de l’année 1461, François Villon n’eut que peu de répit. De retour à Paris, le poète semble y avoir vécu dans la précarité, logeant probablement, à nouveau, dans une petite chambre d’Escolier du cloïtre Saint-Benoit (François Villon sa vie et son temps, Pierre Champion, 1913). Dans la foulée de cette libération il a vraisemblablement parachevé de rédiger son oeuvre majeure « le Testament » et, entre les lignes de ce legs, autant qu’en accord avec certains de ses biographes, on peut imaginer un Villon assagi autant que fortement diminué par la dure épreuve de l’emprisonnement et les tortures qu’on lui a fait subir. Si la grâce du Roi a miraculeusement soustrait le « Pauvre Villon » comme il se nomme désormais lui-même dans ses vers, des mains de ses tortionnaires, il faut se souvenir que, dans la solitude du cachot, il a aussi passé de longues heures à craindre le pire, se voyant déjà pendu, et tout cela l’a marqué de manière indélébile.
Libre à nouveau et convenu d’être désormais un homme de bien, a t-il pour autant les moyens de vivre honnêtement et de déroger à la force de l’habitude ? Ce n’est pas si sûr. Ses soutiens ne sont guère nombreux et arrêté une nouvelle fois dans le courant de l’année 1462 pour un vol dont le détail n’est pas connu mais qui semble de peu d’importance, son passé le rattrapera durement : comme Villon refait surface avec cette affaire, il se retrouvera, en effet, astreint à payer à la faculté de théologie une amende de 40 écus d’or par an, sur une durée de 3 ans en compensation du vol au collège de Navarre, datant de 1456.
Après avoir été relaxé, le destin et peut-être encore un peu les habitudes de « mauvaise vie » et leur lot de fréquentations douteuses semblent coller à la peau du Poète. Un soir, alors qu’il rentre de souper avec quelques compagnons qui n’ont pourtant plus rien des coquillards qu’il avait jadis côtoyés, son chemin d’infortune croisera celui de François Ferrebouc ; l‘homme est notaire pontifical et jouit alors d’une bonne réputation et d’un certain pouvoir à Paris. A la nuit tombée, alors que la petite bande passe devant l’étude encore allumée du notaire, Rogier Pichard – l’un des hommes présents aux côtés de Villon et que P Champion nous décrit comme un clerc particulièrement querelleur – passe sa tête à la fenêtre pour invectiver les employés qui se trouvent là. Est-il éméché ? Tout le laisse paraître. Quoiqu’il en soit, face aux provocations, ces derniers finissent par sortir. Une bagarre éclate et Ferrebouc en personne finit par s’en mêler. Sorti à son tour dans la rue, le notaire moleste l’un des compères de Villon, Robin Dogis, qui, en retour, le frappe de sa dague. La blessure est légère et Villon n’a peut-être même pas été témoin de toute l’affaire puisqu’il aurait continué son chemin sans assister à l’ensemble des échauffourées. Qu’à cela ne tienne, dès le lendemain, il sera arrêté et embastillé à nouveau au Châtelet, avec un des quatre compagnons de cette virée malencontreuse : Hutin de Moustier. Les deux autres hommes dont celui qui avait usé de sa dague ne semblent pas avoir été inquiétés.
A cette période, le châtelet comptait, semble-t-il, dans les influences de Ferrebouc et Jacques Villiers de l’IsIe-Adam, prévôt de Paris, autant que son lieutenant-criminel Pierre de la Dehors, n’avaient pas la réputation d’être des tendres. Ils n’avaient, en tout cas, pas de raison particulière de faire de cadeau à Villon qui devait paraître à leurs yeux comme un criminel émérite et récidiviste. Ce dernier fut de nouveau mis à la torture de l’eau pour avoir simplement assisté à la rixe et on requit qu’il soit condamné à mort, étranglé puis pendu. Si Pierre Champion suppose une certaine influence de Ferrebouc dans toute l’affaire, fut-elle indirecte, le médiéviste Gert Pinkernell se pose, de son côté, la question de savoir si la dureté de la sentence ne peut s’expliquer en partie par le fait que les intéressés avaient eu connaissance par ailleurs, du testament de Villon et de sa nature irrévérencieuse. On ne peut véritablement vérifier ni l’une ou l’autre de ces deux thèses.
Bien qu’abattu par la condamnation et son injustice, Villon ne se laissera pas si facilement abattre. Il défendra sa peau (comme il en prendra lui-même l’image dans cette ballade). en faisant appel de la décision devant le parlement de Paris. A son grand soulagement, la cour cassera le jugement en le commuant en un bannissement de la ville de Paris pour une durée dix ans.
Cette nouvelle décision de justice donnera lieu à cette Ballade de l’appel que le poète adressa à Etienne Garnier, clerc du guichet du Châtelet de Paris, sans doute peu après que le jugement fut rendu. Avec la poésie, Louenge à la court qui lui fait suite, c’est un des derniers textes que l’on connaisse de François Villon. On l’y découvre très inspiré, mais aussi heureux et soulagé d’avoir échappé aux fourches. Peu de temps après, il disparaîtra, emportant avec lui le mystère de sa destinée, dans le dédale de rues sombres et agitées du Paris de l’époque. D’anciens coquillards à des dignitaires froissés par la franchise ou les railleries de Villon, combien d’ennemis y avait-il, là, au dehors, qui auraient rêvé de l’occire ?
La Ballade de l’appel
ou question au clerc du guichet
Que vous semble de mon Appel, Garnier ? Feis-je sens ou follie ? Toute beste garde sa pel* (peau) ; Qui la contrainct, efforce ou lye, S’elle peult, elle se deslie. Quand donc, par plaisir voluntaire, Chanté me fut ceste omélie* (sentence), Estoit-il lors temps de me taire ?
Se feusse des hoirs Hue Capel, Qui fut extraict de Boucherie, On ne m’eust, parmy ce drapel, Faict boyre à celle escorcherie (1): Vous entendez bien joncherie* (raillerie, tromperie) ? Mais quand ceste peine arbitraire, On m’adjugea par tricherie, Estoit-il lors temps de me taire ?
Cuydez-vous que, soubz mon cappel* (coiffe, bonnet) Ny eust tant de philosophie, Comme de dire : « J’en appel ? » Si avoit, je vous certifie, Combien que point trop ne m’y fie. Quand on me dit, présent notaire: « Pendu serez ! » je vous affie* (certifie, assure), Estoit-il lors temps de me taire ?
Envoi
Prince, si j’eusse eu la pépie (2), Pieça* je fusse (je serais depuis longtemps) où est Clotaire, (3) Aux champs debout, comme ung espie (4): Estoit-il lors temps de me taire ?
Notes
(1) S’il s’était agi des héritiers de Hugues Capet, fils de boucher, on ne m’aurait soumis à cette torture (l’eau). Escorcherie a également le double-sens d’abattoir et Villon en joue ici. Pourquoi cette allusion ? Au moment des faits, le lieutenant criminel Pierre de la Dehors qui le fit soumettre à la torture et le condamna est encore boucher juré de la Grande Boucherie de Paris (cf Marcel Schwob).
(2) Pépie : maladie qui chez les oiseaux gêne l’alimentation ou même le chant. Autrement dit, « si je n’avais rien dit, si je m’étais tu. »
(3) Selon Prompsault, il s’agit d’une allusion au gibier de Monfaucon puisque le tombeau de Clotaire se trouve non loin : « Le gibet de Monlfaucon , où se faisoient les exécutions, étoit situé sur le chemin de l’abbaye Saint-Denis, où fut inhumé Clothaire III. ».
(4) pendu comme un épieur de chemin, un voleur de grands chemins.
Sources et Ouvrages
François Villon, Oeuvres, édition critique, Louis Thuasne (1923) François Villon sa vie et son temps, Pierre Champion (1913) Oeuvres complètes de François Villon par P.L Jacob (1854) François Villon: rédactions et notes,Marcel Schwob (1974) François Villon, Poésies complètes, Gert Pinkernell (1991)
Une belle journée.
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes