Sujet : poésies courtes, dizain, poésie de cour, renaissance. amour courtois, Période : XVIe, renaissance, fin du moyen-âge Auteur : Mellin Sainct-Gelays, Mellin de Saint-Gelais
ou Melin (de) Saint- Gelais (1491-1558) Ouvrage : Les poètes françois depuis le XIIe siècle jusqu’à Malherbe Tome II Pierre René Auguis (1824)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons une nouvelle poésie courte datée de la toute fin du moyen-âge et même de la renaissance.
Si l’on voulait prendre un raccourci commode, bien que certainement un peu abrupt, c’est une période qui va voir coexister et même, parfois, s’opposer une poésie de cour légère, voir primesautière qui se signe par une recherche du bon mot, de la bonne chute (voir La fleur de poésie françoyse) à une autre poésie aux ambitions plus élevées, qui entend bien faire le deuil du moyen-âge et qui prend, il faut bien le dire, son rôle très au sérieux. Cette dernière sera représentée par les auteurs de la Pléiade. Inspirés par les sonnets et le legs de Pétrarque, ils se réclameront résolument des auteurs antiques. De l’autre côté, celle qui ne rougit pas de se faire, par endroits, plus divertissante et qui renie, sans doute moins aussi, certaines de ses racines médiévales, on trouvera comme chefs de file Clément Marot et Mellin de Saint-Gelais.
C’est à ce dernier que l’on doit le dizain du jour. Nous l’avons tiré d’une excellente anthologie de la poésie française des débuts du XIXe, signée de la main de Pierre-René Auguis. Saint-Gelais y chante avec élégance les déboires d’un amant tourmenté qui ne sont pas sans évoquer sur le fond les affres sentimentaux auxquels l’amour courtois des siècles précédents nous a largement accoutumé.
Dixain
SI j’ai du bien, hélas ! c’est par mensonge, Et mon tourment est pure vérité : Je n’ai douceur qu’en dormant et en songe, Et en veillant, je n’ai qu’austérité : Le jour m’est mal, et bien, l’obscurité : Le court sommeil ma dame me présente, Et le réveil la fait trouver absente. – Ah ! pauvres yeux, où estes-vous réduits ? Clos, vous voyez tout ce qui vous contente, » Tandis qu’ouverts, ne voyez rien qu’ennuis.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : danse, musique médiévale, estampie, Italie, manuscrit ancien Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle. Auteur : anonyme Titre : Parlamento Source : Add 29987, Manuscrit de Londres Interprètes : Arte Factum Album : Saltos brincos y reverencias
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous partageons une nouvelle danse médiévale issue du Manuscrit de Londres ou MS Add 29987. Avec un peu moins de 120 pièces notées, cet ouvrage du moyen-âge tardif, frappé des armoiries des Médicis et longtemps resté sous leur garde, demeure un témoin précieux des musiques de l’Italie médiévale, de la dernière partie du XIVe siècle au XVe naissant. Parvenu à Londres à la toute fin du XIXe, l’ouvrage est actuellement conservé à la British Library (consultation en ligne ici).
La composition du jour est une estampie dont l’auteur reste, à ce jour, inconnu. Son interprétation est celle de l’ensemble médiéval andalous Artefactum dont nous avons déjà abondamment parlé ici.
Parlamento, du MS Add 29987, par l’ensemble Artefactum
Joyeux Anniversaire Artefactum
Notons que la formation Artefactum fête, cette année, ses 25 ans de carrière et de scène, aussi nous en profitons pour lui souhaiter ici un très joyeux anniversaire. Rejoignez-la sur Facebook pour suivre son actualité et notamment les concerts ou récitals spéciaux qu’elle ne manquera pas de donner à cette occasion.
Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, ouvrage, manuscrit ancien. vin, médecine préventive. Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
Bonjour à tous,
ien avant d’être chargé des fortes valeurs religieuses et symboliques chrétiennes qu’on lui connait, depuis l’antiquité grecque et même avant Galien (1), le vin avait trouvé une place de choix dans le champ médicinal. Au delà du simple plaisir gustatif et enivrant qu’on lui trouvait, on lui reconnaissait ainsi des vertus préventives certaines et il pouvait même déjà intervenir plus directement dans certaines préparations médicinales ou même être prescrit, allongé de quelques autres ingrédients, comme une véritable médecine.
Des chemises et des vipères :
deux exemples de vertus « extraordinaires »
Pour l’anecdote, on notera ici deux recettes très anciennes empruntées à Suzanne Colnort-Bodet, dans un article sur les Légendes ou histoire de la Thérapeutique alcoolique(2) : la première de ces préparations date du VIe siècle de notre ère et elle est Indiquée par le médecin grec Alexandre de Tralles (525-605). Elle consistait a faire brûler la chemise d’un malade, avant de faire macérer les cendres ainsi obtenues dans du vin. La boisson miraculeuse enfin prête, le patient devait la descendre en sept prises.
Au siècle antérieur, on trouve encore, sous la plume d’Aetius (395-454), sénateur et généralissime de l’armée impériale romaine plusieurs recettes qui se situent un peu dans le même registre. Pour n’en citer qu’une, il consiste à faire macérer des vipères dans du vin. pour obtenir une boisson qui pourrait, prétend-on, guérir entre autre l’éléphantiasis. Bien après le haut moyen-âge, cela dit, on se souvient que les vertus médicinales de la vipère continueront d’être reconnues au point de la faire même entrer dans les ingrédients de choix des thériaques les plus prisées.
Du moyen-âge central au tardif : continuité
dans un certain usage médicinal du vin
Pour revenir au vin de manière plus sérieuse, il conservera une place de choix, au sein d’une médecine préventive ou plus curative, durant tout le moyen-âge. Il sera ainsi incorporé dans nombre de remèdes ou préparation, sous les formes les plus diverses, comme nous les détaillait, Georges Dilleman en 1969, dans un article sur La pharmacopée au Moyen Âge(3)
Pour n’en citer que quelques autres exemples, on se souvient de la place du vin dans la médecine de Hildegarde de Bingen au XIe siècle. Il y a quelque temps, son vin spécialement accommodé pour aider les malades faibles du cœur a même été remis au goût du jour par certains naturopathes, suscitant, semble-t-il, un regain d’intérêt. En dehors des écrits de l’abbesse rhénane, on retrouvera encore le nectar cher a Bacchus dans un nombre conséquent d’autres traités d’hygiène de la période médiévale. Comme autre référence, on pourra mentionner ici l’Antidotaire Nicolai de la fin du XIe et des débuts du XIIe siècle (4). On retrouve, en effet, le vin dans de nombreux remèdes préconisés par l’ouvrage. Il faudrait d’ailleurs dire « les » vins plutôt que « le » vin, tant l’ouvrage se sert de grandes variétés dans les préparations : « vin douz », « vin eigre », « vin chaut », vin blanc, « vin veuz et boille », etc…
Plus tard, au XIVe siècle, autant dire presque au crépuscule du monde médiéval, l’usage de la boisson sera même évoqué dans des liste de recommandations ou des recettes ayant pour vocation de repousser au loin jusqu’à la funeste peste. On trouve notamment ces idées reprises dans quelques textes et poésies d’Eustache Deschamps : ‘bon vin cler recevoir » (Ballade des remèdes contre l’épidémie) « Boire bon vin, nette viande user » (Ballade sur l’épidémie). (5)
Dans un Moyen-âge tardif qui ignore tout de la nature réelle de la pandémie et ses modes de propagation, on mettra en oeuvre, longtemps, les moyens les plus désespérés pour la combattre. La bonne chère et le vin y trouveront bonne place. C’est logique, la santé par la prévention et, en particulier, par l’alimentation est une idée installée de longue date. Près de deux siècles après Eustache Deschamps, en plein coeur du XVIe siècle, Clément Marot nous gratifiera, à son tour, de quelques conseils pour remédier à la peste. L’esprit et les prescriptions n’auront, on le voit, guère changé :
(…)
Buvez des vins délicieux ; Puis après, entre deux lincieux Allez reposer vostre tête ; Continuez un an ou deux, De trois mois ne mourrez de peste. Clément Marot – Remède contre la peste (extraits)(6)
Le Vin par l’Ecole de Salerne
our en revenir au Flos medicinaede l’Ecole de Salerne, il est, on le sait, à ranger dans les traités d’hygiène et de médecine préventive du moyen-âge central, même si son influence a perduré à travers diverses retraductions qui lui furent postérieurs. Le vin y trouve aussi bon accueil, au delà même du chapitre que l’ouvrage lui consacre et dont nous reproduisons les lignes, ci-dessous.
Bien sûr, il ne faut pas s’y tromper, derrière une certaine légèreté de ton et une gracieuse mise en vers, la qualité du vin, le moment de la prise, l’effet recherché (apaisant, préventif, diurétique, « psychologique »,… ) autant que la condition de santé du malade, commandent. Pour les très sérieux savants de Salerne, il ne s’agit pas de rouler sous les tables ou de faire l’apologie de l’excès, mais bien de se situer dans un usage raisonnable et « encadré » de la prise, même si on le voit ici, on prête au vin bien des qualités y compris celles de soulager des tourments amoureux pour peu qu’on y adjoigne quelques pétales de rose.
Ce goût pour les vertus du vin que nous conte le Regimen Sanitatis Salernitanum explique-t-il que, selon certains historiens, nous devions les premières distillations d’alcool réussies à cette même école ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, si cette puissante forme chimique, mise au point au Moyen-âge, ne détrôna pas si facilement le vin, elle allait connaître, au fil des siècles et jusqu’à nos jours, de beaux débouchés en pharmacologie, comme en médecine.
Première partie Hygiène – De la Boisson
Le meilleur vin
Le Vin dans les humeurs verse son influence : Est-il noir? dans le sang il répand l’indolence. J’estime un vin mûri, dont la chaude liqueur Fait sauter le bouchon et ravit le buveur. Quand sa vertu dénote une illustre vieillesse, De ses dons généreux usons avec sagesse. Je cherche dans un vin le brillant, la couleur; J’y cherche plus encore le bouquet, la chaleur; Je veux qu’il ait du corps, une teinte écarlate, Que pétillant, mousseux, en écume il éclate. l’écume le vin se jugera d’abord: Bon, elle reste au centre, et, mauvais, court au bord.
Effets du bon vin.
Le bon Vin au vieillard rend vigueur de jeunesse; Au jeune homme un vin plat prête un air de vieillesse. Le vin pur réjouit le cerveau contristé Et verse à l’estomac un ferment de gaîté. Il chasse les vapeurs et les met en déroute, Des viscères trop pleins il dégage la route, De l’oreille plus fine aiguise les ressorts, Donne à l’œil plus d’éclat, plus d’embonpoint au corps De l’homme plus robuste allonge l’existence, Et des sens engourdis réveille la puissance.
Danger du vin pour un malade.
Quand ton ami se plaint d’un estomac sensible, Ne verse pas au mal une coupe nuisible.
Bonne potion.
Si la Sauge ou la Rue en ta coupe est versée, Vide-la hardiment: ton ivresse est chassée. Du rosier la fleur jointe à des vins généreux Affranchira ton coeur du tourment amoureux.
Effets nuisibles du vin nouveau.
Au coeur le Vin nouveau provoque la chaleur, Mais il monte au cerveau du confiant buveur, Et de vapeur confuse il étourdit sa tête: D’urine un flot soudain coule et plus ne s’arrête. Tout vin, en général, échauffe, appesantit; D’ivresse plus rapide un vin noir abrutit; Il charge l’estomac, le trouble, le resserre, Irrite l’intestin et brûle ce viscère.
Vin doux.
Le Vin doux de l’urine accélère le cours, Du ventre qu’il dégage arrondit les contours, Et du foie obstruant les vaisseaux engorgés, Engendre des calculs dans la bile logés.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : bibliographie, site d’intérêt, poésie médiévale, médiévalisme, auteur médiéval manuscrits anciens, poésie médiévale, littérature médiévale. Auteur : François Villon (1431-?1463) Période : du moyen-âge tardif à nos jours. Auteur/Editeur : Robert Dabney Peckham,
Société François Villon, UTM.
Bonjour à tous,
oilà déjà plus de trois décades que Robert D. Peckham, professeur émérite des universités américaines, docteur en philosophie, mais aussi poète et musicien, a fondé la Société François Villon en Ligne.
Il y a près d’un an, jour pour jour, nous avions eu l’occasion de faire ici tribut à la véritable bible que ce passionné de littérature médiévale et de langue française, a crée et maintenu autour du célèbre auteur médiéval (voir Villon en ligne : les travaux exhaustifs de Robert D. Peckham). Riche de plusieurs centaines de liens, on peut y suivre la piste de François Villon depuis les plus anciens manuscrits, jusqu’aux références les plus modernes et, quelquefois même, les plus inattendues. L’objectif est clair : dresser un panorama exhaustif de tout ce qui concerne ce poète à nul autre pareil et son legs ; en un mot, il s’agit là d’une généreuse invitation à la découverte de Villon sous toutes ses coutures, des plus académiques aux plus populaires ou triviales (s’il en est).
Villon croqué par Luigi Critone, inspiré du roman de Jean Teulé aux Editions Delcourt
Le bulletin 2019
Fidèle au rendez-vous, comme chaque année depuis 34 ans, ce grand spécialiste américain de l’œuvre villonesque vient de mettre en ligne son Bulletin 2019. Ce dernier consiste en une liste actualisée de l’ensemble des travaux réalisés dernièrement autour du poète du XVe siècle; il excède de loin la « simple » bibliographie, au sens classique du terme, puisqu’on y trouvera, aux côtés des livres, romans, bandes dessinés, thèses ou travaux universitaires sur le sujet, des liens vers des enregistrements sonores, des vidéos et articles web, etc…
Nous y trouvons bonne place et nous en profitons ici pour en remercier à nouveau Robert Peckham. Au delà de cela, son minutieux travail d’archivage et de compilation a l’immense mérite de mettre en valeur, comme aucun autre, la persistance et la permanence de l’intérêt pour la poésie de Villon dans le monde. Il est dommageable que le site hébergé par l’Université du Tennessee à Martin ait, finalement, été supprimé par l’institution, semble-t-il, pour des raisons de maintenance. Il reste a espérer que la masse de données accumulée au fil des temps autour de l’actualité de François Villon puisse se retrouver à nouveau en ligne, sous peu. Pour avoir échangé à ce propos avec le professeur émérite américain, toutes les données ont pu, en tout cas, être sauvegardées et sont, pour l’instant, sous sa bonne garde.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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