L’influence de l’air et des vents dans la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne.

medecine_medievale_ecole_salerne_science_savant_Regimen_SanitatisSujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. humilité
Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles)
Titre:  l’Ecole de Salerne (traduction de 1880)
Auteur :  collectif d’auteurs anonymes
Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc

« Hygiène: influences physiques.
Air.
Respire un Air serein, brillant de pureté, Dont nulle exhalaison ne ternit la clarté ; Fuis toute odeur infecte ou vapeur délétère Qui, montant des égouts, empeste l’atmosphère.

Vents.
De l’Aurore nous vient le Vulturne, l’Eurus, Et le Subsolanus;Zéphir, Favonius Soufflent à l’Occident; sur les plages lointaines S’élèvent, nous portant leurs brises africaines, Le Notus et l’Auster, et du Septentrion S’élancent le Caurus, Borée et l’Aquilon. »

Extrait, citation médecine médiévale: hygiène, influences physiques
“Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous poursuivons, ici, notre étude de la médecine de l’Ecole de Salerne en suivant le fil de ce long poème appelé le Flos medicinae et qui fut populaire aux XIe XIIe siècles et même jusqu’à bien des siècles plus tard.

Nous sommes toujours dans le chapitre qui concerne l’hygiène et, cette fois-ci, les médecins médiévaux de Salerne nous parlent d’Air et de Vent.  Chose qui peut nous paraître bien curieuse pour autant qu’elle soit devenue anecdotique dans les prescriptions de la médecine moderne, la qualité de l’air respiré était considérée, au moyen-âge, comme une condition véritable de santé. Bien sûr, nous le savons encore: « L’air pur, comme l’eau pure fait du bien » et il nous reste cette idée que l’air de la montagne ou l’air de la mer sont bons pour la respiration, mais cela s’arrête à peu près,aux problèmes des voies respiratoires. On sait aussi, bien sûr, et pour les mêmes raisons que tout air vaut mieux que celle de nos villes, tant elle y est de plus en plus viciée et polluée; ce n’est un mystère pour personne.

Au moyen-âge et en terme de médecine préventive, on prend l’affaire très au sérieux et il ne s’agit pas alors de pollution atmosphérique. Vapeurs méphitiques, mauvaises odeurs peuvent être considérées comme dangereuses pour la santé, et on n’hésite d’ailleurs pas à établir des relations directes entre mauvaises odeurs, émanations insalubres, air vicié et maladie.

Dans le même registre, on prête aussi aux vents une grande importance et de grandes influences sur la santé et cela vous frise_vent_deco2explique le deuxième paragraphe de l’extrait que nous publions aujourd’hui. C’est une idée sans doute plus incongrue dans le contexte de la médecine occidentale moderne que la précédente. Même si les médecins actuels n’ignorent sans doute pas que certains endroits ou climats sont bons pour le rétablissement ou la convalescence (on pense notamment aux villes thermales et à la qualité de leurs eaux), il n’existe pas véritablement, à ma connaissance, de carte répertoriant des lieux géographiques et climatiques propices à soigner précisément telle ou telle maladie ou faiblesse et encore moins en fonction des vents qui y soufflent ou des saisons.

Si vous comptez parmi les sceptiques de l’incidence direct du vent sur les états de santé, ne croyez pas cependant cette idée relève de « l’hérésie » médiévale. Les vents nommés dans l’extrait du jour sont connus et identifiés chez les anciens grecs, chez Horace et plus tard chez Pline. Et comme ils sont en relation avec les saisons qu’ils annoncent ou qu’ils accompagnent, chacun d’entre eux est aussi associé des qualités: froid, chaud, sec, humidité, fort, impétuosité, propice à calmer, etc,… On les considère donc comme créant des conditions favorables pour éradiquer certains problèmes de santé.

En l’occurrence, comme nous sommes ici, avec cette médecine versifiée du moyen-âge central, à Salerne, les vents qui s’y trouvent mentionnés sont ceux de la péninsule italienne. Pourtant, plus près de nous, en fouillant un peu ces aspects, on trouve dans le courant du XIXe siècle la tentative d’un médecin, le docteur Edouard frise_vent_deco2Carrière pour établir une carte géo-médicale de l’Italie dans un ouvrage intitulé : « Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical ».  Voici ce qu’il nous dit à propos de la péninsule italienne dans son introduction. Nous sommes en 1849:

« Si l’Italie attire pour ses souvenirs d’histoire et ses œuvres d’art , elle attire aussi pour les qualités de l’air qu’on y respire. Si elle est la terre des artistes, des curieux et des rêveurs, elle est aussi celle des malades. Si les uns vont y demander des satisfactions ou des amusements pour l’esprit, d’autres, et ils sont en grand nombre, accourent pour essayer de ranimer, sous ce ciel brillant, un flambeau qui s’éteint, le flambeau de la vie. »
Dr Edouard Carrière –  Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical

Compas des vents XVIIIe siècle, Matthaus Seutter: "Tabula Anemographica seu Pyxis Nautica",
Compas des vents XVIIIe siècle, Matthaus Seutter: « Tabula Anemographica seu Pyxis Nautica »,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour l’auteur, il ne fait aucun doute que l‘Italie était alors considérée comme une terre d’élection pour les malades et, dit-il encore, les « souffreteux ». Il n’est pas impossible que l’influence de l’Ecole de Salerne que l’on visitait déjà depuis tous les coins d’Europe à partir du XIe siècle y soit pour quelque chose, mais les lieux que l’on visite dans le courant du XIXe siècle débordent de loin cette seule ville. Au fil des siècles, il semble donc bien que c’est frise_vent_deco2l’ensemble de la péninsule qui a acquis cette réputation.

Voila là table des vents mentionnés dans l’ouvrage du Dr Carrière avec leur origine. Elle nous permet d’éclairer ceux mentionnés dans la citation de l’Ecole de Salerne qui nous occupe aujourd’hui:

Septentrion (ou Aparctias de l’antiquité): nord
Le Coecia : nord-est
Le Subsolanus ou l’Apeliotes: est
L’Eurus ou le Vulturne: sud-est
L’Auster ou le Notus : sud
L’Africus ou Libs; sud-ouest
Favonius ou Zéphir: ouest
Corus, Argestes; nord-ouest

Même s’il dédie un chapitre complet à l’influence des vents, à leur nature et à leur qualité, l’auteur ne s’arrête pas là et les déborde largement, s’intéressant encore à l’atmosphère, aux eaux, aux forêts, à la géologie, la topographie et même aux météores. Si l’on en juge par la grand place faite à cet ouvrage original dans les Annales d’Hygiène publique et de médecine légale parues autour des mêmes années,  le travail du Docteur Carrière n’a alors rien de fantaisiste, ni de marginal. Et l’on se surprendra peut-être de voir à quel point la relation établie entre climat, vent et lieu peut être précise, une fois traduite en frise_vent_deco2prescription.  En voici un extrait tiré de ces annales qui reprennent donc les travaux de E. Carrière:

« A l’instar de Massa, de Sorrente, Castellamare est parcourue par les vents septentrionaux, qui sont seulement un peu moins tièdes et un peu plus secs, aussi a-t-on remarqué que le séjour d’été des hauteurs de Castellamare est favorable aux engorgements du foie, de la matrice, sans dégénérescence des tissus, aux épuisements nerveux dus à la fatigue des plaisirs, du travail intellectuel, des affaires. (…) Ces indications se rapportent à la saison d’été, pour éviter un trop long déplacement, les malades pourraient aller passer l’hiver à Salerne. »
Annales d’Hygiène publique et de médecine légale Vol 43 (1850)

Pour être très honnête, hormis peut-être des lieux de cure répertoriés, je ne sais pas à quel point, la médecine moderne prend encore ce genre de faits vraiment en considération, et surtout de manière aussi précise, pas d’avantage que je ne peux avancer si l’Italie est toujours perçue, de nos jours encore, comme une terre de rémission privilégiée comme elle l’était encore dans le courant du XIXe: « Allez pour votre foie, vous irez me passer trois jours à Rimini et pour votre problème de Stress, vous ferez suivre avec une semaine à Rome » Chouette!

Pour revenir à des choses plus sérieuses et à la vue de ces éléments, il nous faut sans doute encore avancer dans le temps l’influence des principes de l’école de Salerne dans la médecine occidentale au moins jusqu’au XIXe siècle.

En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Tribu(t) Kaamelott: Perceval et les échecs

kaamelott_alexandre_astier_legende_medievale_roi_arthur_moyen_age_passionSujet:  Kaamelott, roi Arthur, Perceval, maître d’armes, légendes arthuriennes, Saint Graal, jeux d’échec, humour, humour médiéval, hommage, Alexandre Astier,exercice de plume.
Période: haut moyen-âge, moyen-âge central
Série télévisée : Kaamelott

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, je vous propose un petit exercice d’écriture en forme d’hommage à la série Kaamelott d’Alexandre Astier. L’idée est simple: tenter de faire vivre aux personnages attachants de cette grande série  culte quelques nouvelles aventures.

A l’heure où Alexandre Astier se prépare à chausser sa casquette de Directeur-réalisateur pour, cette fois-ci, porter la suite de la légende du Roi Arthur sur grand écran, c’est une occasion de reparler de la série culte diffusée par M6, de 2005 à 2010alexandre_astier_des_nouvelles_de_kaamelott_le_film_et_kaamelott_resistance. Pour rappel, la situation qui compliquait l’exploitation par l’auteur de son oeuvre au cinéma, s’est, en effet débloquée, depuis quelques temps déjà, pour le plus grand plaisir de ses fans et de ses aficionados.

Encore une fois, l’exercice du jour n’est qu’un simple tribut, une façon de passer quelques heures en la compagnie des héros de la légende arthurienne revisitée par le comique incomparable d’Alexandre Astier. L’idée m’en est venue, il y a quelques mois, dans cette attente de la trilogie, et après avoir revisionné pour la énième fois la série. Pas d’autres prétentions donc que le divertissement, un moyen en quelque sorte d’entretenir la flamme, même si je sais, à en juger par les nombreux groupes présents sur les réseaux sociaux qu’elle est toujours bien vive et c’est heureux. Pour le reste, vous seuls jugerez si ce clin d’oeil reste cohérent avec l’oeuvre originale. Au niveau des droits et de l’écriture, il est bien clair que cette dernière appartient, corps et âme, à son auteur et à sa société de distribution. Alors, en attendant la trilogie, pour ce qui est de mieux connaître kaamelott_perceval_et_les_echecsKaamelott, le seul, le vrai, l’original, vous pouvez vous reporter valablement à cet article complet, ou mieux encore, acquérir directement les coffrets DVD en ligne. Pour chaque livret, il y a plus de deux heures trente de visionnage jubilatoire, alors n’hésitez pas à vous faire plaisir!

Perceval et les échecs

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour revenir à nos moutons, nous nous situons quelque part entre le livre 1 et le livre 2. C’est une période de joyeuse innocence durant laquelle aucun drame n’est encore venu entacher le royaume.

kaamelott_alexandre_astier_guenievre_talentueuse_Anne_GirouardDans l’épisode d’aujourd’hui, nous retrouvons le maîtres d’armes et Perceval. Le bon roi Arthur n’y fait qu’une courte apparition, au début. A l’écran, Perceval est incarné par l’excellent Franck Pitiot  (à droite sur le visuel ci-dessous) et le maître d’armes par le non moins talentueux  Christian Bujeau (à gauche sur le visuel). C’est, bien sûr, Alexandre Astier qui incarne le roi Arthur. La reine Guenièvre qui est mentionnée dans cet « épisode » sans y être présente est jouée à l’écran par la très drôle Anne Girouard.

Extérieur. Dans la cour du château, le maître d’armes est assis avec le roi Arthur. Ils finissent une partie d’échecs:

Arthur : Bon allez, c’est pas tout ça, maître d’armes, mais j’ai à faire,
moi.

Le maître d’armes. Hé! Mais attendez Sire! On est encore en plein milieu de la partie! Vous n’allez tout de même pas partir comme ça!

Arthur avance sa tour : Non, mais je crois que vous n’y êtes pas en fait.. Regardez. Tac! Tiens voilà! Échec et mat! Apparemment, c’est pas encore cette fois ci que vous sauverez les miches de votre roi.

Le maître d’armes. Diable! Mais comment? Je n’ai encore rien vu venir. Non décidément Sire, vous êtes trop fort à ce jeu…. Mais allez tant pis! Faisons donc quelques passes d’armes pour nous réchauffer un peu les sangs!

Arthur : Heu là non. Désolé mais vous ferez ça sans moi.

Le maître d’armes : Comment?

Arthur : Non mais vous vous souvenez? On avait dit qu’on travaillait la stratégie aujourd’hui ? Bon bin voila c’est fait.

Le maître d’armes : Certes, Sire, mais tout de même! L’entrainement de terrain est d’une importance majeure dans votre formation et ce vulgaire jeu de plateau ne saurait se substituer à la qualité d’un combat à l’épée. (il se lève et dégaine) Allez! En garde ma mignonnette!

Arthur : En garde rien du tout… Vous l’avez mauvaise parce que vous avez encore perdu mais moi j’ai un peu autre chose à faire aujourd’hui! Allez bonne journée!

Le maître d’armes : Sire, revenez! Sire…. Bon…

Arthur s’éloigne et le maître d’armes se rassoit, vaincu. Pendant ce temps, Perceval arrive sur les lieux et regarde le jeu sur la table.

Perceval : C’est à quoi que vous étiez en train de jouer là?

Le maître d’armes : Aux échecs mon bon ami.

Perceval : Mais c’est compliqué ça?

Le maître d’armes : Hé bien cela dépend de ce que vous appelez compliqué. (il le regarde). Heu oui c’est assez compliqué en fait…

Perceval : Mais vous pouvez m’apprendre ou pas?

Le maître d’armes : Là tout de suite? Non. Je crains que cela soit tout de même un peu ambitieux…

Perceval : Mais allez! Au moins les bases!

Le maître d’armes : Quelle heure est-il?

Perceval : Ch’ais pas. I doit être dix heures du matin par là. Pourquoi ça se joue qu’à certaines heures?

Le maître d’armes : Non, non; là n’est pas la question.

Perceval : bin alors quoi?

Le maître d’armes : Bien… C’est l’été. La nuit se couche plus tard, ça nous laisserait, disons une dizaine d’heures pour vous apprendre les bases, soit moins de deux heures pour apprendre les mouvements de chaque pièce. Non vraiment… Vous connaissant et sans vouloir vous vexer, ça risque d’être juste, mon ami…

Perceval : Allez quoi… Moi aussi j’veux devenir bon en stratégie militaire. La dernière fois qu’ils ont voulu me faire commander un groupe d’archers, y en a trois qu’ont réussi à se planter une flèche dans la tête et deux qui ont failli se noyer en traversant le ruisseau alors qu’il y a même pas de fond. Soyez sympa…

Le maître d’armes soupire, vaincu : Bien… D’accord… Mais vous me promettez de faire un effort pour vous concentrer!

Perceval : Promis.

(…le temps passe…)

Le maître d’armes : … Comme je vous le disais, la reine bouge en ligne droite ou en diagonale…

Perceval : Mais la reine, vous voulez dire la reine?

Le maître d’armes : Mais oui, mon ami, ça fait vingt fois que je vous l’explique!

Perceval : Bon, moi je la croise pas tout le temps et c’est souvent dans les couloirs du château… Du coup, je la vois plus souvent marcher droit quand même, mais en diagonale, non ça me dit rien… Et puis ça à quoi à voir avec votre jeu çà? Vous aviez dit que vous m’apprendriez les règles. Alors moi, j’veux bien me concentrer mais si vous commencez à partir dans tous les sens, on va pas sans sortir.

Le maître d’armes : La reine mon ami! La reine! Cette pièce là s’appelle la reine… Je ne vous parle pas de notre bonne reine Guenièvre! Vous le faites exprès ou quoi?

Perceval s’énerve : Et c’est ma faute à moi si les mecs qu’ont fait votre jeu, ils ont filé à des petits bouts de bois des noms de trucs qu’existent déjà en vrai? Ca aurait pas été plus simple d’en inventer d’autres plutôt que de venir tout compliquer comme ça?

Le maître d’armes s’affale sur sa chaise en soupirant : Ecoutez, je crois qu’il vaut sans doute mieux que nous laissions tout cela de côté… Je commence à fatiguer…

Perceval : Mais non, mais attendez, j’avais presque tout compris. Allez soyez chic quoi!

Le maître d’armes hoche la tête en soupirant : Bon d’accord, mais concentrez-vous!

(…) Le soleil est déjà bas. Ils se sont enfin mis à jouer et la partie semble bien avancée.

Le maître d’armes avance un pion, d’un air las : Allez, à vous, mon ami…

Perceval prend son cavalier en main et joue avec en le faisant hennir à grands renforts de cavalcade avant de le déplacer sur l’échiquier.

Le maître d’armes: Mais Bon dieu vous êtes obligé de faire tout ce bruit à chaque fois…

Perceval. Bin, c’est un cheval quand même…

Le maître d’armes : On le voit bien que c’est un cheval, vous n’êtes pas forcé de faire tout ce tintamarre.

Perceval: C’est écrit quelque part dans les règles qu’il est muet votre cheval?

Le maître d’armes : Non.

Perceval. Bin alors, qu’est ce que vous en savez?

Le maître d’armes soupire : Passons… J’ose a peine imaginer ce que vous allez nous sortir quand vous allez déplacer votre reine.

Perceval. Ah non, mais moi ça j’y touche pas à la reine.

Le maître d’armes : De quoi ?

Perceval : Non mais le respect… C’est rapport à Arthur.

Le maître d’armes, l’air las, mais prenant sur lui: Je vous ai déjà expliqué cinquante fois que ce n’était pas Guenièvre….

Perceval: Non mais même, la reine c’est la reine…D’ailleurs j’ai rien dit quand vous avez bougé la vôtre toute à l’heure, mais ça a bien failli partir…

Le maître d’armes lève les yeux au ciel: Comme vous voudrez, mais si vous jouez sans la reine à ce jeu là, vous n’êtes pas rendu mon ptit vieux…

Perceval : Non mais arrêtez avec ça, ça peut encore partir en vrille. (regard appuyé). Sans ça, vous énervez pas, mais je voulais vous demander…

Le maître d’armes : De quoi encore?

Perceval : C’est comment déjà qu’on dit?

Le maître d’armes : C’est COMMENT QU’ON DIT QUOI?

Perceval : Hé bin quand le grand bout de bois, enfin le roi, comme vous dites, il est tout coincé dans les petites cases et qu’i peut plus bouger.

Le maître d’armes : Ah ça? On dit Échec et Mat, mon bon ami…

Perceval : Malte comme la ville?

Le maître d’armes : Mat comme le teint…

Perceval : J’comprends rien…

Le maître d’armes : Je plaisantais… Mat comme Mater. Ne cherchez pas non plus trop à toujours tout expliquer… Retenez simplement qu’on dit Echec et Mat…

Perceval : D’accord… Bon bin voilà… L’échec est malte alors… Autrement dit, vous êtes dans la mouise comme on dit chez moi au pays de Galles…

Le maître d’armes : De quoi? Mais comment? Mais ce n’est pas possible…  Il a réussi à me mettre mat! (il regarde le jeu, stupéfait, puis Perceval sans trop y croire, avant de s’affaler sur sa chaise déprimé).Et en plus sans la reine. Quelle humiliation!

Noir

Perceval : N’empêche i fait p’t’être du bruit mon cheval mais en attendant vos petits bouts de bois i sont tout coincés.

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En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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Guillaume Dufay, l’amour courtois mis en musique par un grand maître du XVe

toubadour_trouvere_musique_poesie_monde_medievale_moyen-ageSujet: chant, chanson, musique médiévale, ancienne, poésie, amour courtois,
Période : moyen-âge tardif (XVe)
Auteur : Guillaume Dufay (1400-1474)
Interprète ; The Unicorn Ensemble
Titre : J’ai mis mon coeur et ma pensée
Album : DUFAY, chansons (1995)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous revenons, aujourd’hui, sur Guillaume Dufay pour partager un peu plus avant la partie de son répertoire dédié à la musique profane et au registre de l »amour courtois. Dans un premier temps et pour sa qualité, autant que pour son côté « enlevé », nous ne vous livrons qu’une version musicale de cette composition qui a pour titre « J’ay mis mon cuer et ma pensee ». Qu’on se rassure tout de même, pour ceux que cela intéresse, vous trouverez  également les paroles de la chanson originale, en pied d’article.

Pour plus d’informations sur le grand compositeur médiéval du XVe siècle Guillaume Dufay, vous pouvez vous reporter valablement à l’article suivant:  La belle se sied au pied de la tour de Guillaume Dufay

Interprètes: l’ensemble Unicorn

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La très belle interprétation du jour, nous vient de l’ensemble Unicorn (The Unicorn Ensemble). On doit déjà autour de huit albums à cette formation autrichienne qui se consacre aux musiques médiévales et qui s’est formée en 1991.

De formation classique, le groupe est dirigé par  Michael Bosch, un musicien formé à l’Académie de musique et des arts de Vienne dont il est même sorti primé. Avec des contributions sur plus de trente cinq CD de musique ancienne et sa participation dans des groupes aussi prestigieux que le Clementic Consort,  en plus de son rôle de directeur de l’Ensemble Unicorn, il est aujourd’hui à la fois, enseignant, interprète (flûtiste  et à droite sur la photo ci-dessus) et contribue également à la rédaction d’ouvrages sur la question des musiques anciennes.

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Pour en dire encore un mot, l’ensemble puise très sérieusement son inspiration à la source des Codex et manuscrits anciens et nous sommes là, aussi près qu’on peut l’être du monde médiéval et de ses musiques.

J’ay mis mon cuer et ma pensee,
Les paroles de la composition originale

Même si, comme nous l’avons dit, elles sont absentes de l’interprétation du jour, nous publions tout de même, ici, les paroles de la chanson originale de Guillaume Dufay. Nous aurons, à n’en pas douter, l’occasion de publier une version les contenant dans le futur.

J’ay mis mon cuer et ma pensee,
Sachiés de vray certaynement,
A vous servir, dame honnouree,
Belle, bonne au vis cler et gent,
Et vous jure par mon serment:
Tant que mon corps aura duree,
En chascun lieu diray vrayment
Que vous estés la mieuls paree.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
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L’honnête homme et le noyé: un fabliau médiéval aux antipodes de la charité chrétienne ?

fabliau_medieval_humour_satirique_conte_moral_populaire_moyen-age_centralSujet : fabliau, conte populaire satirique médiéval, morale, charité chrétienne, larrons, gibet, potence.
Période : moyen-âge central (XIIe, XIIIe)
Auteur : Inconnu
Titre : du prudhomme qui sauva son compère de la noyade
Ouvrage : Fabliaux et contes (T 1), Etienne Barbazan (XVIIIe siècle)
Manuscrit ancien : MS 1830 St Germain des prés. MS 2774.

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous publions et adaptons un fabliau médiéval des XIIe, XIIIe siècles, originellement en vieux français. C’est un conte ancien que nous avons de nos jours et, à peu de choses près, oublié. Nous le tirons d’une édition de 1808 en trois tomes dédiée au genre du fabliau et que nous devons originellement à Etienne Barbazan, érudit et auteur français du XVIIIe siècle.

L’histoire nous parle d’un pêcheur qui, ayant sauvé un homme de la noyade et d’une mort certaine, en le blessant malencontreusement boudu_sauve_des_eaux_ingratitude_tragi_comique_humour_jean_renoirà l’oeil, voit ce dernier se retourner contre lui, quelques temps après, et l’assigner même devant une cour de justice.

Toute proportion gardée, ce fabliau étant sans doute plus acerbe, le fond de l’histoire n’est pas  sans rappeler le film tragi-comique de Jean Renoir, « Boudu Sauvé des Eaux »  avec Michel Simon (en photo ci-contre) dans lequel un homme sauvait aussi des eaux un pauvre bougre près de se suicider qui, une fois rétabli, lui faisait payer sa bonté,  en semant la zizanie dans sa maison.

Dans le cadre de notre fabliau du jour, l’homme est en train de se noyer involontairement alors que dans le film de Renoir, c’est par déprime que le trublion se jette à l’eau, les ressemblances s’arrêtent donc là mais, dans les deux cas, nous sommes en présence d’une histoire morale sur l’exercice de la bonté quelquefois payé d’ingratitude en retour. Dans le contexte médiéval, ce fabliau du preudome qui rescolt son compere de noier  a ceci d’intéressant que sa morale semble bien le situer aux antipodes de la charité chrétienne et de ses valeurs, et nous y reviendrons.

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Le fabliau du pêcheur en vieux français

Du Preudome
Qui rescolt son compere de noier

 Il avint à un pescheor
Qui en la mer aloit un jor,
En un batel tendi sa roi,
Garda, si vit tres devant soi
Un homme molt près de noier.
Cil fu moult preus et molt legier,
Sor ses piez salt, un croq a pris,
Lieve, si fiert celui el vis,
Que parmi l’ueil li a fichié:
El batel l’a à soi saichié,
Arriers s’en vait sanz plu attendre
Totes ses roiz laissa à tendre,
A son ostel l’en fist porter,
Molt bien servir et honorer,
Tant que il fust toz respassez
A lonc tens s’est cil porpenser
Que il avoit son oill perdu
Et mal li estoit avenu,
Cist vilains m’a mon ueil crevé,
Et ge ne l’ai de riens grevé
Ge m’en irai clamer de lui
Por faire lui mal et enui,
Torne, si ce claime au Major
Et cil lor met terme à un jor,
Endui atendirent le jor,
Tant que il vinrent à la Cort.
Cil qui son hueil avoir perdu
Conta avant, que raison fu.
Seignor, fait-il, ge sui plaintis
De cest preudome, qui tierz dis
Me feri d’un croq par ostrage,
L’ueil me creva, s’en ai domage,
Droit m’en faites, plus ne demant;
Ne sai-ge que contasse avant.
Cil lor respont sanz plus atendre
Seignor, ce ne puis-ge deffendre
Que ne li aie crevé l’ueil;
Mais en après mostrer vos vueil
Coment ce fu, se ge ai tort.
Cist hom fu en peril de mort
En la mer où devoit noier
Ge li aidai, nel quier noier
D’un croq le feri qui ert mien;
Mais tot ce fis-ge por son bien:
Ilueques li sauvai la vie,
Avant ne sai que ge vos die.
Droit me faites por amor Dé.
C’il s’esturent tuit esgaré
Ensamble pour jugier le droit.
Qant un sot qu’à la Cort avoit
Lor a dit : qu’alez-vos doutant?
Cil preudons qui conta avant
Soit arrieres en la mer mis,
La où cil le feri el vis;
Que se il s’en puet eschaper,
Cil li doit oeil amender,
C’est droiz jugement, ce me sanble.
Lors s’escrirent trestuit ensanble,
Molt as bien dit, ja n’iert deffait,
Cil jugemnz lors fu retrait.
Quant cil oï que il seroit
En la mer mis où il estoit
Où ot soffert le froit et l’onde,
Il n’i entrat por tot le monde,
Le preudome a quite clamé,
Et si fu de plusors blasmé.
Por ce vos di tot en apert
Que son tens pert qui felon sert:
Raember de forches larron
Quant il a fait sa mesprison,
Jamès jor ne vous amera
Je mauvais hom ne saura grré
A mauvais, si li fait bonté;
Tot oublie, riens ne l’en est,
Ençois seroit volentiers prest
De faire lli mal et anui
S’il venoit au desus de lui.

L’adaptation du fabliau en français moderne

N_lettrine_moyen_age_passionous prenons, ici, quelques libertés avec le texte pour les exigences de la rime, mais, pour ceux que cela intéresse, le rapprochement des deux versions devrait vous permettre de revoir l’original en vieux français avec plus d’éléments de compréhension.

De l’honnête homme
Qui sauva son compère de la noyade

Il advint qu’à un pécheur
Qui sur la mer s’en fut un jour,
Sur son bateau tendit sa voile,
Et regardant, droit devant lui
vit, un homme près de se noyer.
Il fut très vif et lestement,
Sauta bien vite sur ses deux pieds,
Pour se munir d’un crochet (une gaffe),
Il le leva, pour saisir l’autre, 
Si bien qu’il lui ficha dans l’oeil,
Puis le hissa sur le bateau,
Et sans attendre s’en retourna
Toutes voiles dehors vers son logis.
Il fit porter l’homme chez lui,
il le servit et l’honora, tant et si bien
que peu après, il fut tout à fait rétabli.

Quelques temps plus tard pourtant,
Le rescapé se mit à penser
Qu’il avait son oeil perdu
Et que mal lui était advenu.
Ce vilain a crevé mon oeil,
Je ne lui avais pourtant rien fait,
J’irais porter plainte contre lui
Pour lui causer tord et ennui.
Aussi s’en fut-il chez le juge
Qui fixa une date d’audience,
Et tous deux attendirent le jour
Puis se rendirent à la cour.

Celui qui l’oeil avait perdu
Parla d’abord, comme c’est coutume
Seigneur, dit-il, je viens me plaindre
De cet homme qui voilà trois jours,
Me blessa avec un crochet,
me creva  l’oeil et j’en souffris.
Faites m’en droit, je n’en veux pas plus
Et je ne peux rien dire de plus.
L’autre rétorque sans plus attendre:
Seigneur, je ne puis me defendre
De lui avoir crevé l’oeil,
Mais je voudrais vous démontrer,
Comment tout survint et quel fut mon tord.

Cet homme fut en péril de mort
En la mer, où il se noyait.
Je l’ai aidé, je ne peux le nier,
De ce crochet qui est le mien et l’ai blessé
Mais tout cela fut pour son bien
Car ainsi sa vie fut sauvée
Plus avant ne sais que vous dire.
Rendez-moi justice
pour l’amour de Dieu.

Les juges étaient tout égarés
Ne sachant trop comment juger,
Quand un sot que la cour avait
Dit alors: de quoi doutez-vous?
Qu’on mette celui qui se plaigne
Au même endroit dans la mer,
Là ou l’autre le blessa à l’oeil
Et s’il s’en peut échapper
que l’autre le doive dédommager.
C’est droit jugement, il me semble
Et tous s’écrièrent tous ensemble:
Voila qui est fort bien parlé,
Qu’ainsi la chose soit jugée!

Quand le rescapé eut appris
Qu’il serait en la mer remis 
A souffrir le froid et l’onde
Il n’y entra pour tout au monde.
Le preudomme fut acquitté
Et par bien des gens blâmé.

Tout cela montre, c’est bien clair
Que son temps perd qui félon sert.
Sauvez un larron du Gibet
Une fois commis son forfait
Jamais il ne vous aimera,
Et pour toujours vous haïra.
Jamais mauvais homme ne sait gré
A un autre qui lui fait bonté.
Il aura tôt fait d’oublier
Au contraire, il sera même prêt
A lui causer tord et souci 
S’il venait au dessus de lui.

La place du fabliau dans le contexte moral du moyen-âge chrétien

A_lettrine_moyen_age_passiontravers le mode satirique, ces petites contes populaires du moyen-âge que sont les fabliaux laissent souvent transparaître les leçons d’une sagesse populaire et critique qui souligne les faiblesses et les défauts de la nature humaine.

Comme nous l’avons déjà abordé, en nous penchant sur certains fabliaux de Bodel ou de Rutebeuf, on se souvient du prêtre cupide qui ne pense qu’à amasser les richesses et qui ne prêche que pour ses propres intérêts. Dans la housse partie du trouvère Bernier, on se rappelle encore du fils qui ne pratique pas la charité envers son vieux père puisqu’il est même près de le mettre dehors dans le froid et de laisser mourir de faim. C’est de la génération d’après et de son propre fils que viendra la leçon humour_fabliau_litterature_medieval_conte_satirique_moral_moyen-age_central_valeurs_chretiennesqui n’est d’ailleurs pas, là non plus, une leçon de morale chrétienne, mais bien plus une parabole sur l’éducation et une leçon de morale populaire: « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

Dans cette exploration de ce que l’on moque dans les fabliaux et qui se situe assez souvent à l’autre bout des valeurs chrétiennes de compassion et de charité, ou qui les raille, le conte ancien d’aujourd’hui est un exemple édifiant supplémentaire. Sa morale ne sort pas de nulle part toutefois et elle n’est pas isolée du reste de son époque puisque cette histoire contient, autant qu’elle illustre, un dicton en usage au moyen-âge. Le voici dans notre fabliau, c’est sa morale:

deco_eauRaember de forches larron
Quant il a fait sa mesprison,
Jamès jor ne vous amera

Sauvez un larron de la potence
Une fois qu’il a commis son crime
Il ne vous aimera jamais pour autant.

Au niveau populaire on le connait encore sous cette forme:

« Larroun ne amera qi lui reynt de fourches »
Le larron n’aimera pas celui qui le sauve du gibet ou « Sauvez un larron du Gibet ne vous gagnera pas son amour ni son respect »

On l’aura compris, les fourches dont il est question ici n’ont rien d’agricoles. Ce sont les fourches patibulaires, autrement dit la potence ou le gibet.  En creusant un peu la question, on retrouvera encore cette idée et ce proverbe dans le roman de Tristan sous une autre forme:

« Sire moult dit voir Salemon
Qui de forches, traient Larron
Ja pus ne l’ameront nul jour. »
Tristan: recueil de ce qui reste des poèmes relatifs à ses aventures, Volume 2. Francisque Michel.1835)

Pour autant qu’il soit fait référence à Salomon, dans ce dernier exemple, on ne trouve nulle trace de ce proverbe dans la bible.  A la même époque, il faut encore noter qu’on le croisera dans plusieurs langues (allemand, italien, anglais notamment). Il se présente, à peu de choses près, toujours sous  la même forme:

« Save a thief from the gallows and he ll be the first shall cut your throat »

Sauvez un voleur de la potence et ce sera le premier à vous couper la
gorge.

Vous en trouverez, ici, plus de variantes linguistiques :
The Dialogue of Salomon and Saturnus, John M Kemble.

Morale populaire, Moral chrétienne?

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour arriver à situer ce proverbe ou même ce fabliau qui en est une illustration dans le contexte des valeurs médiévales, peut-être faut-il invoquer une certaine coexistence des valeurs humaines ou de bon sens, d’un côté avec les valeurs chrétiennes  et leur morale de l’autre. L’homme peut-il naître mauvais ou bon? Même s’il peut s’amender, le moyen-âge  croit sans doute à l’idée d’une persistance de la nature de l’homme ou d’un déterminisme que les valeurs de charité sont elles-mêmes impuissantes à sauver.

deco_eauPeut-être faudrait-il être encore vigilant, dans notre approche, sur le fait que la notion de charité chrétienne si elle prend la forme du don envers les églises notamment, n’englobe pas nécessairement au moyen-âge, les mêmes choses que nous y projetons aujourd’hui. Même de la part d’un auteur chrétien comme Eustache Deschamps, il y a des poésies très acerbes contre les mendiants ou même affirmant que personne ne veut donner aux pauvres, alors que dire de l’idée de s’aventurer à sauver un larron de la potence? Sans doute que l’idée de s’interposer ne viendrait pas à l’esprit de grand monde et qu’au fond, on considère que c’est devant Dieu que le larron doive répondre de ses crimes.

Quoiqu’il en soit, dans le paysage de ce moyen-âge occidental très chrétien tel qu’on peut se le représenter parfois, les fabliaux viennent toujours appuyer sur des cordes sensibles et soulignent à quel point la nature humaine peut se situer à l’autre extrême de ces mêmes valeurs. D’une certaine manière et même si le cadre de cet article est un peu étriqué pour traiter d’un sujet aussi complexe et ambitieux, cette forme littéraire et satirique nous obligerait presque à repenser la place des valeurs chrétiennes sur l’échiquier des valeurs humaines et morales de ce monde médiéval, ou à tout le moins à les remettre en perspective ou en articulation. Pour être un amusement, la satire ou le genre satirique n’en sont pas moins des indicateurs et des baromètres du sens critique et s’il est indéniable que les valeurs chrétiennes sont au centre du monde médiéval, peut-être faut-il, à tout le moins, se méfier de dépeindre ce dernier d’une seule couleur en privant un peu vite ses contemporains de toute capacité de réflexion ou de distanciation.

Pour le reste et quant à la question de l’humour, à proprement parler, ce fabliau nous apparaît aujourd’hui sans doute plus grinçant et moral que désopilant, mais il est vrai que l’humour est si souvent attaché à l’air du temps que, dans bien des cas, il vieillit mal.

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com.
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