ans le cadre d’un film sur Jeanne de Belleville, noble bretonne devenue première femme pirate de l’Histoire, un équipe de tournage et son réalisateur recherchent des accessoires et des costumes inspirés du XIVe siècle. La liste va d’armes, de pièces d’armures et d’éléments de tenues civiles ou militaires à des accessoires divers pour des scènes en intérieur et en extérieur. Les objets seront utilisés uniquement le temps du tournage.
Si vous êtes une compagnie médiévale ou une institution spécialisée dans cette période médiévale et disposée à jouer le jeu*, n’hésitez pas à nous contacter sur nos réseaux (Facebook, Twitter) ou par courriel sur contact(@)moyenagepassion.com. Nous vous mettrons en contact direct avec la production. Merci de noter que le besoin est assez urgent. La sortie officielle du film est prévue d’ici quelques mois mais le tournage devrait démarrer instamment.
Pour le reste, l’équipe de réalisation nous fait savoir que les partenaires associés seront largement remerciés sur les réseaux, dans les crédits du film et sur les médias concernés. Des invitations sur le tournage pourront également être prévues. Tout cela sans compter le fait d’avoir posé votre petite pierre dans l’histoire aussi tragique que passionnante de Jeanne de Belleville (de Clisson).
En vous souhaitant une belle journée Fred F
* peut-être préférablement situées en Bretagne ou en région voisine
Sujet : festival, animations historiques, histoire vivante, inspiration médiévale, artisanat, marché historique, compagnies médiévales, spectacles historiques. Evénement : Fous d’Histoire 2022 et marché de l’histoire. Lieu : Espace Le Tigre, Margny-lès-Compiègne, Oise, Hauts-de-France. Date : les 19 et 20 Novembre 2022
Bonjour à tous,
ans les grands salons et événements historiques qui viennent clore la fin d’année en terres de France, on doit nécessairement compter avec le Festival Fous d’Histoire de Margny-lès-Compiègne et son marché. A chaque édition, nous ne manquons pas de relayer cet événement unique organisé par l’Association pour l’Histoire Vivante et si vous avez la chance de vous trouver dans les Hauts-de-France, les 19 et 20 novembre prochain, c’est vraiment une sortie à prévoir.
Au programme des animations
Voyage dans le temps multi-époques, spectacles, grand marché historique, si certaines éditions passées du festival Fous d’Histoire ont pu se voir compliquées par la gestion sanitaire de la Covid19, ce cru 2022 devrait revoir l’événement revenir à plein. Jugez plutôt : côté animation, le programme affiche plus de 120 compagnies historiques invitées. On y comptera un grand nombre de compagnies médiévales mais pas que. Ce festival va, en effet, bien au delà du Moyen Âge et il couvre une large période qui va de la préhistoire à la seconde guerre mondiale.
Si le marché de l’Histoire de Margny-lès-Compiègne (un des plus grands de France sinon le plus grand) vous interpelle plus encore que les animations, vous ne serez pas non plus déçus avec cette édition : près de 215 exposants et leurs échoppes sont annoncés en provenance de tous les coins de France et d’Europe. 14 nationalités y seront représentées.
Le plein d’animations historiques & de nouveautés
On le sait, le salon Fous d’Histoire s’est donné pour objectif, depuis sa création, de proposer un grand festival de spectacles historiques, aux côtés d’un des plus gros marché historique de France. Avec un très large panel d’associations, de comédiens, d’artistes et musiciens invitées, ce festival affiche aussi une double ambition : permettre aux compagnies (amatrices comme confirmées) de présenter leurs nouveaux spectacles et leurs prestations devant un public qui en redemande, tout en ayant la possibilité de toucher des professionnels de l’organisation d’événements venus chercher, sur place, des idées pour leur fêtes et animations à venir.
Au vu des compagnies invitées et quant au rythme du salon, les visiteurs peuvent s’attendre à une programmation replète et un Fous d’Histoire riche en temps forts. Entre déambulations joyeuses, théâtres, contes, facéties, combats et démonstration en armure, concerts de musiques anciennes, ateliers d’artisanat anciens et d’autres surprises encore, il y aura, ce week-end, à Margny de quoi en prendre plein les yeux et vivre de belles émotions.
Compagnies historiques invitées
Les Volontaires de la République – Les Aboyeurs – Aerarius Faber – Affiche Complet – Les Ambiani – Ambraluna – L’Ame des Siècles – APS Services – Archéologos – Archerie à Travers les Ages – Arkaval Spectacles – Armedia – Art – Artefact – Arthus Spectacles – Association pour l’Histoire Vivante – Barbara de Weg – Bardawen – Bataille et Escarmouche – Bel Accueil – La Belle Roue – Belli Mercator – Branno Teuta – La Carité de Guingamor – Cascade Action Spectacle – Celestiaes – Les Centaures du Temps – Le Cercle d’Escrime Ancienne de Marly le Roi – Le Château d’Eaucourt & le Château de Picquigny – Cirque Pouce – Cité d’Antan – Les Colporteurs de Couleurs – Cie Aouta – Cie Combin’Arts – Cie Dovahkiin – Cie Dro Lig – Cie du Clair Obscur – Cie du Zèbre à Bretelles – Cie Estocade – Cie Gina Gagap – Cie Karabas – Cie Keras – Cie L’Envolante – Cie Lez’Accros – Cie Lutka Marionnettes – Cie Smedelyn – Cie Sonjévéyés – Cie Taprobane – Cie Traum – Cie Triboulet Magique – Cie Vaporium – Cie Via Cane – Les Compagnons du Gras Jambon – Les Coupeurs de Bourses – CowProd et Cie – Créalid – Au Cuir d’Antan – David Arraez – Les Derniers Trouvères – Les Ecuyers de l’Histoire – Edel Spectacles – Emmanuelle Modier – Entre Chien et Jeu – Evenementiel Technique Catering – Fabrii Tignuarii – Fédération Belge d’Escrime Médiévale – Fédération Française des Fêtes et Spectacles Historiques (FFFSH) – La Forge de l’Histoire – Le Foubon – Les Gentilhommes de la Brette – Gestes Racines – Les Griboulets – Guerre et Chevalerie – Les Guerriers du Moyen Age – Les Héritiers du Dagr – Les Humeurs Cérébrales – L’Inventorium de Calliope – Jean le Huchier – Jean Pommerolle – JLS Sculpteur d’Histoires – John Photography – L’Aime en Terre – Leita at Bardagi – Leonardo et Cie – Lilamayi – Little River – Ludotium – Machina Silente – La Malle aux Costumes – Marina Lys – Market Garden Association – La Mesnie Enguerran – Les Monts Rieurs – Morescarole – Musée-Parc Arkéos – Nicolas Méreau – Orientissime Jean Dubois – Passion de Roy – Récréations Pour Tous – Rhésus – Rue Haute Productions – Scalpel et Matula – Société Historique de Compiègne – Somme Patrimoine – Sonata Ferox – Sous le Cerisier en Fleurs – Systema Siberian Cossack Paris – De Taille et d’Estoc – Théâtre de Pan – Théâtre du Laid Cru – Trouvailles d’Argile – Unicorn Legends – Vol en Scène – La Volte Gaillarde – Vrehnd
Comme chaque année, c’est l’espace d’Exposition Le tigre qui hébergera le festival Fous d’Histoire de Compiègne. Pour les tarifs et les modalités, nous vous invitons à vous reporter au site officiel de l’organisateur.
Sujet : musique, chanson, médiévale, vieux français, trouvère d’Arras, chant monodique, amour courtois, langue d’oïl, courtoisie. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle. Auteur : Adam de la Halle (1235-1285) Titre : Qui à droit veut amours servir Interprète :Ensemble Sequentia Album: Trouvères,Höfische Liebeslieder Aus Nordfrankreich (chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil) (1987)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous revenons au XIIIe siècle en musique, en compagnie du trouvère Adam de la Halle. En plus de ses célèbres jeux théâtraux, ses rondeaux, balades et motets et ses jeux-partis, on doit à celui qu’on appelait encore le Bossu d’Arras, un peu plus d’une trentaine de chansons. C’est l’une d’elle qui fait l’objet de cet article.
Un mode d’emploi de l’amour courtois à l’usage des loyaux amants
La pièce du jour est une chanson monodique sur le thème de l’amour courtois. Plus qu’une déclaration à une dame, le trouvère s’adressera directement, ici, aux loyaux amants et son texte se présente même comme un court mode d’emploi à l’attention de ceux qui prétendent aimer courtoisement.
Qui à droit veut amours servir, autrement dit, celui qui veut servir l’Amour droétement (avec justesse, avec raison) devra ne pas céder à ses propres tourments ni se focaliser sur les maux que lui causent sa condition de fin’amant : se concentrer sur les mérites et les fruits qu’il retirera de sa pratique courtoise (raison, sagesse,…), ne point montrer trop d’empressement, ne pas dévoiler ses sentiments trop ouvertement de crainte de se faire repousser, voilà les conseils que le trouvère prodiguera au prétendant. En reprenant les codes des troubadours occitans qui l’ont précédé sur les voies de la lyrique courtoise, Adam de la Halle les transpose dans cette chanson, pour proposer, en langue d’oïl, un court ABC de la fin’ amor à l’attention de ses contemporains.
Aux sources manuscrites de cette chanson
Pour ce qui est des sources médiévales de cette pièce, les manuscrits anciens nous laissent relativement le choix. En suivant la Bibliographie des Chansonniers français de Gaston Raynaud (1884), on pourra au moins citer trois ouvrages médiévaux dans lesquels on trouve cette chanson notée musicalement. Ils sont tous conservés à la BnF et consultables en ligne sur Gallica : le Ms Français 1109 daté des débuts du XIVe, encore connu sous le nom de Chansonnier français Q. Le Chansonnier français R, référencé Ms Français 1591. Cet ouvrage du XIVe contient des chansons notées et jeux partis variés. Enfin, on citera le très riche Ms Français 25566 dont nous avons déjà parlé ici. Connu encore sous le nom de Chansonnier français W, ce manuscrit copié à Arras date, lui aussi du XIVe siècle et comprend un nombre impressionnant de pièces musicales et littéraires de trouvères et d’auteurs du Moyen Âge central.
Concernant la transcription en graphie moderne de cette chanson médiévale, nous nous sommes appuyé sur la véritable bible que constitue l’ouvrage de l’ethnomusicologue Edmond de Coussemaker : Œuvres complètes du trouvère Adam de la Halle: poésies et musique (1872). Quant à son interprétation, nous l’avons confié à l’excellent ensemble médiéval Sequentia sous la direction de Benjamin Bagby (en photo sur l’image entête d’article, en premier plan du ms Français 1109).
Sequentia au temps des trouvères
L’ensemble Sequentia s’est formé en 1975 à l’initiative de la chanteuse et musicologue Barbara Thornton et du chanteur, compositeur et harpiste Benjamin Bagby. Les deux américains se trouvaient alors à la Schola Cantorum Basiliensis, célèbre école suisse qui a fait de l’étude des musiques et des instruments anciens son terrain d’élection et dont sont sortis nombre de musiciens et formations médiévales illustres.
Près de cinquante ans après sa formation, Sequentia est toujours actif. Vous pourrez retrouver leur actualité sur leur site web officiel. Après la disparition prématurée de Barbara Thornton en 1998, il est resté sous la direction de Benjamin Bagby. Riche d’une discographie de plus de 40 albums, cet ensemble de musiques anciennes est devenu une véritable référence sur la scène des musiques du Moyen Âge (retrouvez son portrait détaillé ici).
L’amour courtois des XIIe et XIIIe s en pays d’Oïl
Nous avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, de vous toucher un mot de l’album Trouvères, chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil (Trouvères :Höfische Liebeslieder Aus Nordfrankreich). A dire vrai, cette production est assez incontournable pour qui s’intéresse à la musique médiévale et, notamment, aux musiques profanes et courtoises produites au XIIIe siècle, dans le nord de France. En terme de répertoire, la période couverte, ici, va de la fin du XIIe siècle à la toute fin du XIIIe siècle (1175-1300).
Enregistré en 1982 et réédité depuis, ce double-album propose pas moins de 43 pièces de trouvères du Moyen-Âge central et, ce, si l’on se fit au nombre de morceaux répertoriés. En réalité, il en propose bien plus si l’on prend en compte les variations et enchaînements proposés au sein de certains morceaux.
Pour leurs qualités autant que pour la sélection proposée par Sequentia, ces chants d’amour courtois des pays de langue d’Oil n’ont pas pris une ride ; à ce jour, ce bel album salué par la presse spécialisée depuis sa sortie, continue même de faire autorité sur la scène médiévale. Si vous êtes amateur de musiques et de chansons monodiques et polyphoniques courtoises, cette production devrait trouver parfaitement sa place dans votre cédéthèque (si elle ne s’y trouve pas déjà).
Une anthologie musicale sur deux albums
Pour dire un mot des auteurs que vous retrouverez dans cette production, Adam de la Halle y tient une belle place avec 14 pièces (rondeaux, motets et chansons). Il s’y trouve très largement accompagné par Jehannot de Lescurel avec 16 pièces de ce dernier, entre balades et rondeaux. On croisera encore des noms de trouvères qui vous seront familiers si vous nous suivez depuis quelque temps : Conon de Béthune, Gace Brulé, Blondel de Nesle ou encore Petrus de Cruce. Le reste des morceaux musicaux se distribue agréablement entre pièces anonymes (motets, chansons de toile, etc…) et encore pièces instrumentales et danses médiévales.
Ce double-album de Sequentia a été réédité chez Sony en 2009. Cela commence un peu à dater mais, avec un peu de chance, vous pourrez le trouver au format CD chez votre meilleur disquaire ou même à la vente en ligne. (Attention aux occasions qui, quelquefois, font l’objet de spéculations folles sur certaines places de marché). L’autre option est de l’acquérir au format dématérialisé. Voici un lien utile pour ce faire : Trouvères de Sequentia au format MP3.
Musiciens & artistes ayant participé à cet album
Barbara Thornton (voix, chifonie), Benjamin Bagby (voix, harpe, organetto), Margriet Tindemans (violon, psaltérion), Jill Feldman (voix), Guillemette Laurens (voix), Candace Smith (voix), Josep Benet (voix), Wendy Gillespie (violon, luth).
Qui à droit veut amours servir en vieux français & sa traduction
NB : notre traduction en français moderne de cette chanson d’Adam de la Halle n’a pas la prétention d’être parfaite mais elle a le mérite d’aider à la compréhension de l’oïl souvent assez ardu du trouvère picard.
Qui à droit veut amours servir Et chanter de joieus talent Penser ne doit as maus qui sent, Mais au bien qui en puet venir. Che fait cueillir Sens et bonté et hardement, Et le mauvais bon devenir ; Car chascun bée au déservir, Puis qu’il y tent.
Celui qui veut servir justement en amour Et chanter avec un esprit joyeux (envie, volonté) Ne doit penser aux maux qu’il ressent Mais au bien qui peut en venir. Cela fait récolter Sagesse et bonté et hardiesse Et change le mal en bien : Car chacun aspire à bien servir (au mérite) Puisqu’il y tend.
Qui s’esmaie pour mal souffrir Ne qui prend garde à son tourment , Il ne puet amer longuement. Mais com plus pense par loisir A son désir , Et plus li semble anientir Lui et amours et dessevir Tout son jouvent.
Celui qui s’émeut de souffrir Ni ne se défie de son tourment Il ne peut aimer longuement. Mais comme il pense plus à loisir A son désir Et plus il lui semble anéantir Lui et Amour et payer en retour Toute sa gaité.
Par rire et par biaus dis oïr Et par joli contènement, . Vient amours au commenchement, Et ensi se veut poursievir Et esbaudir, Et espérer merchi briement, Encor n’i puist on avenir, Ensi veut amours maintenir Se douche gent.
Par rire et entendre de belles paroles Et par une conduite agréable Vient l’amour au commencement Et ainsi se veut poursuivre Et encourager Et espérer (attendre) que la grâce arrive brièvement Bien qu’on ne puisse encore y parvenir Car ainsi veut amour maintenir Ses douces gens.
Trop font chil amant à haïr Qui requièrent hardiement , Ch’est de désir folement Quil ne se puéent astenir ; Et s’au partir Sont escondit vilainement. Or ont il deus tans à souffrir, Car chou c’on ne vaurroit oïr Quiert’on souvent.
Certains amants se font trop haïr Qui exigent avec trop de hardiesse, C’est par faute de trop désirer (désirer follement) Qu’ils ne peuvent s’abstenir Et au moment de la séparation, Ils sont éconduits de manière méprisable. Mais s’ils ont du tant souffrir C’est que ce qu’on ne voudrait entendre Recherche-t-on souvent.
Pour chou fait bon mains envaïr, Car puis c’amans a hardement De proier Dame qui s’entent Moustre il qu’il le doive fuir; Car descouvrir N’oseroit son cuer nulement Fins amis, ains laist convenir Pité qui nient ne laist périr Qui tout li rent.
Pour cela il est préférable de se montrer moins envahissant Car l’amant trop empressé (hardi) D’obtenir les faveurs d’une dame qui s’y entend (dans les choses de l’amour) Lui montre qu’elle doit le fuir. Aussi n’osera-t-il Découvrir son cœur en aucune façon. Fins amants ainsi faut-il laisser faire les choses Pitié qui, jamais, ne laisse rien perdre Lui rendra tout.
Robert Nasart, d’un chant furnir Mis envers vous un plège gent. Par amours, Sire, quitiés l’ent , Car je vous veul ce chant offrir Pour remplir Che que vous avoie en couvent . Pour riens n’en vausisse mentir Qui seur tel plège acroit tenir Doit bien couvent.
Robert Nasart, je vous ai fait la douce promesse de vous fournir une chanson. De grâce, sire, tenez m’en quitte Car je vous viens offrir ce chant Pour accomplir Ce que je vous avais promis. Pour cela rien ne vaut de mentir Celui qui donne sa parole sur un tel engagement Doit bien l’accomplir.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
Sujet : humour, légendes arthuriennes, roi Arthur, extraits, citations, cinéma, médiéval fantaisie, idées reçues, roman arthurien, non sens, sorcières. Titre : Sacré Graal (the Holy Grail) Période : haut Moyen Âge, Moyen Âge central Réalisation : Les Monty Python (1975)
Bon Anniversaire Mister John Cleese,
e plus grand des Monty Python par la taille (1m96) vient de souffler ses 83 bougies. Les réseaux le célèbrent déjà largement et nous avons décidé d’en saisir, nous aussi, l’occasion. Moyen-Âge oblige, c’est avec le film Sacré Graal qu’il nous est apparu le plus logique de le faire mais la carrière du géant anglais est bien loin de se limiter à ce titre et nous ne pouvons éviter d’en dire un mot.
Le génie comique à l’état pur
On a connu John Cleese impayable dans de nombreux sketches des Monty Python : ses géniales « démarches stupides » (Silly Walks) datés du Flying Circus sont restées légendaires, de même que son habilité au « Fish Slap » ou ses recrutements totalement absurdes. Et dans les long métrages de la joyeuse bande de comiques anglais, il n’est pas une seule scène où l’acteur anglais n’apparaisse sans que sa force comique crève l’écran.
Dans les années 70, les inconditionnels de la série Fawlty Towers (l’hôtel en Folie) n’auront pas oublié, non plus, Basil Fawlty, ce propriétaire furieusement drôle d’un petit hôtel anglais, avec ses terribles gaffes et son impayable maître d’hôtel espagnol Manuel qu’il moleste au delà de toutes règles de décence. John Cleese créa la série avec son épouse d’alors Connie Booth qui y incarne Polly Sherman, la jeune et jolie serveuse et femme de chambre de l’hôtel. De 1975 a 79 fit un tabac et est même entré » depuis au Panthéon des meilleurs programmes télévisés anglais de tous les temps.
On l’avait déjà détecté quand il se trouvait chez les Monty Python mais, si l’on osait une comparaison, avec Fawlty Towers, John Cleese est devenu à l’humour anglais ce que Louis de Funès avait pu être au comique français : un génie comique, explosif, énergique, physique et remuant qui est d’autant plus drôle qu’il est colérique et impitoyable.
Ecriture, acting, l’après Monty Python
Pour avancer sur la carrière de l’acteur-auteur anglais et citer encore quelques références dans sa filmographie, comment oublier ce Poisson nommé Wanda réalisé par Charles Crichton et dont John Cleese avait coécrit le scénario ? Ce dernier en sortira d’ailleurs avec un British Academy Film Awards. En terme d’écriture, ce n’est pas le seul scénario qu’il aura épinglé à sa boutonnière puisque il en a co-écrit un certain nombre avec les Monty dont Sacré Graal, bien sûr, mais bien encore d’autres en solo. Non content d’être bon, John Cleese est aussi une valeur qui dure.
Depuis les années 90, on l’a encore vu dans un grand nombre de films (La panthère rose 2, Harry Potter à l’école des sorciers, Fierce Creatures dont il signe le scénario, …) et il aura encore prêté sa voix off à des films d’animation et même à des jeux vidéos (Jasper dans Fable III ou Sir Cadwell dans The Elder Scrolls Online en autres titres). Plus récemment, dans les années 2015, on l’a vu sur scène et sur écran avec ses complices des débuts, les Monty Python (Monty Python Live (Mostly): One Down, Five to Go – le one down étant Graham Chapman décédé en 1989). Quant à son actualité plus récente, il continue de faire des apparitions dans des films plus récents et il est assez actif sur les réseaux.
Drôle dans la vie comme à l’écran
Pour finir sur une ou deux anecdotes qui montrent que John Cleese est toujours aussi drôle dans la vie qu’au cinéma, on pourra citer son statut Facebook : « John Cleese est une personne de grande taille qui aime les lémuriens, le café et le vin. Il est aussi connu pour écrire. » ou même encore se souvenir que, dans les années 70’s, il a même volontairement caviardé sa filmographie avec des titres de longs métrages aussi nonsensiques que « Confessions d’un planificateur » (Confessions of a Programme Planner). Il n’a confessé ce dernier gag que, bien plus tard dans les années 80 et, pendant tout ce temps, en a ri sous cape.
Quoi qu’il en soit, entre une si belle carrière et sa capacité à rire de tout (y compris de lui-même), il semble que John Cleese ait trouvé là son véritable graal. Nous lui souhaitons, à nouveau, un bel anniversaire et nous vous laissons avec une scène culte du film Sacré Graal pour lui rendre hommage.
La scène culte de la sorcière dans Sacré Graal
Pour ceux qui l’ont vu, Sacré Graal des Monty Python est un empilement de scènes cultes. Avec ce film, comme avec la Vie de Brian on est à l’apogée de l’art comique et du non sens anglais des Monty Python. Chose que l’on perçoit mal de nos jours, s’attaquer aux légendes arthuriennes avec cet humour totalement décalée n’alla pas sans provoquer, en son temps, quelques remous dans la bien-pensance britannique. Il aura sans doute fallu ce Sacré Graal pour que, deux décennies plus tard, Alexandre Astier décide de se pencher sur l’écriture et la réalisation de la série Télé Kaamelott en s’inspirant, à son tour, du roman arthurien. Lui-même n’a d’ailleurs jamais renié une partie de son héritage comique du côté des Monty.
Les villageois : Nous tenons une sorcière. Brûlons-là ! Brûlons-là ! Ils la présentent au chevalier Bédivère. Villageois 1 (Eric Idle) : Nous avons trouvé une sorcière et, maintenant, on doit la brûler ! Les villageois : Brûlons-là ! Brûlons-là ! Bédivère : Comment savez-vous que c’est une sorcière ? Les villageois : Elle ressemble à une sorcière ! Bédivère : Amenez-la moi. La suspecte : Je ne suis pas une sorcière ! Bédivère : Mais vous paraissez bien en être une… La sorcière : Ce sont eux qui m’ont habillée comme ça. Les villageois protestent. La sorcière : Et ceci n’est pas mon nez ! C’est un faux ! Bédivère (à la foule) : Alors ? Villageois 1 (Eric Idle) : Bon, pour le nez, d’accord, on l’a fait. Bédivère : Le nez ? Villageois 1 (Eric Idle) : Et le chapeau… Mais c’est une sorcière ! Les villageois : Brûlez-là ! Brûlez-là ! Brûlez-là ! Bédivère : Et c’est vous qui l’avez déguisée comme ça ? Les villageois : Non, non, Non ! … Oui, un peu… Mais elle a une verrue. Bédivère : Qu’est-ce qui vous fait penser qu’elle est une sorcière ? Villageois 2 (John Cleese) : Oh ! Elle m’a transformé en salamandre. Bédivère : En salamandre ???!!!!! Villageois 2 (John Cleese) : … Je vais mieux depuis.
Les villageois : Brûlez-là ! Brûlez-là ! Brûlez-là ! Bédivère : Du calme ! Du calme. Il y existe des moyens qui permettent de savoir si c’est vraiment une sorcière. Les villageois : C’est vrai ? Dites-nous comment ! Bédivère : Dites moi, que faites-vous avec les sorcières ? Les villageois : On les brûle ! On les brûle ! Bédivère : Et que brûlez-vous en dehors des sorcières ? Villageois 1 (Eric Idle) : Toutes les sorcières ! Villageois 3 (Michael Palin) : Le bois ! Bédivère : Bien. En ce cas, pourquoi les sorcières brûlent-elles ? Les villageois cherchent et réfléchissent Villageois 2 (John Cleese) : Parce qu’elles sont en bois ! Bédivère : Très bien !Alors, comment savoir si elle est en bois ou non ? Villageois 1 (Eric Idle) : En s’en servant pour fabriquer un pont ! Bédivère : Mais ne peut-on construire des ponts à partir de la pierre ? Les villageois : Ah… Oui… Bédivère : Est-ce que le bois coule dans l’eau ? Villageois 1 (Eric Idle) : Non, il flotte ! Jetons-la dans la mare ! Les villageois clament leur approbation Bédivère : Attendez ! Qu’est-ce qui flotte aussi dans l’eau ? Villageois 3 (Michael Palin) : Le pain !… Les pommes !.… Villageois 2 (John Cleese) : Des toutes petites pierres ? Villageois 3 (Michael Palin) : La porcelaine ! Une bonne sauce ! Bédivère : Non… Villageois 2 (John Cleese) : … Une église ? … Le plomb ! le plomb ! Le Roi Arthur (Graham Chapman) qui, jusque là, observait la scène) : Un canard ! Bédivère : Exactement ! Un canard ! Donc logiquement. Si elle… ( il encourage les villageois à réfléchir) Villageois 1 (Eric Idle) : … pèse le même poids qu’un canard… Elle…. Elle est fait en bois ! Bédivère : Et donc ? Les villageois : une sorcière ! C’est une sorcière ! Bédivère : allons-y ! Utilisons la grande balance pour vérifier ! Clameur des villageois. La sorcière est mise dans la balance avec un canard de l’autre côté. Contre toute attente, la démonstration fonctionne. Elle et le canard font le même poids. Les villageois l’emporte pour la brûler : Brûlons-la ! Brûlons-la ! La sorcière : ils m’ont bien eue.
Bédivère reconnait la sagesse du Roi Arthur basée sur son intervention (double dose de non-sens). 😀
Idées reçues sur le Moyen Âge
En reprenant nos articles sur la légende de l’inquisition médiévale et l’imagerie des bûchers de sorcières au Moyen-âge, les idées qu’on s’en fait habituellement se reportent à des faits bien plus sûrement renaissants que médiévaux. Toutefois, comme il s’agit des Monty Python et que la scène reste super drôle, on les pardonne bien volontiers d’enfoncer le clou d’une idée reçue. On le fait d’autant mieux que le raisonnement par analogie utilisé ici pour créer l’effet comique résonne de manière assez pertinente. En médecine médiévale, il n’est pas rare, en effet, qu’on l’utilise des déductions pour opérer à la prescription : formes ou couleurs d’un produit en relation aux humeurs qui permettraient d’obtenir des guérisons ou des améliorations d’état, analogie de la mandragore et du corps humain, etc…
On pourra encore ajouter que certaines formes d’ordalies pratiquées durant le Moyen-âge central (ordalie par le feu ou l’eau, … voir article) pour établir l’innocence ou la culpabilité d’un prévenu n’ont quelquefois pas grand chose à envier au procédé mis en avant ici par les Monty Python.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes