Agenda : des centaines d’aventures sous le signe de l’Archéologie

Sujet : archéologie, archéologie médiévale, archéologie française, archéologie expérimentale, archéologie européennes, portes-ouvertes, découverte, chantiers de fouilles, atelier, reconstitution historique.
Evénement : les journées de l’Archéologie
Dates : le 17, 18 et 19 juin 2022

Bonjour à tous,

eux qui nous lisent régulièrement savent tout l’intérêt que nous portons à l’archéologie. Nous avons partagé, ici, plus d’un article au sujet de sites de fouilles datés du Moyen Âge, mais aussi d’archéosites médiévaux et d’archéologie expérimentale. Quant à l’archéologie médiévale discipline relativement récente qui, depuis son envol dans les années 70-80, a affirmé son autonomie pour venir compléter utilement, la compréhension du Moyen Âge nous l’avions abordé dans nos articles et vidéos sur les mottes castrales et à d’autres occasions encore (voir liens en pied d’article). Mais reprenons, ici, un peu de hauteur pour nous intéresser à l’archéologie au sens large.

L’archéologie, discipline majeure

Archéologue devant un chantier de  fouilles

Pour qui s’intéresse aux sciences humaines, à l’histoire de l’homme et, finalement, à ce que nous sommes, l’archéologie est une discipline simplement incontournable. En dehors même des vestiges monumentaux, la culture des objets du quotidien, des vêtements, des parures, l’étude de leurs formes et de leur destination a toujours été au cœur de la compréhension des cultures humaines, présentes ou passées. L’ethnologie (une de nos formations de base), s’en est souvent passionnée autant qu’elle s’est souciée de leur conservation et de muséologie.

Dans la sphère plus particulière de l’anthropologie préhistorique (autre passion provenant de la même source), il existe même un point de fusion pour ainsi dire, entre le terrain archéologique et les conclusions et extrapolations théoriques. A l’origine, le chercheur était souvent d’ailleurs, un paléontologue et un archéologue et, avant toute trace d’archives et de documents écrits, ces deux spécialités continuent de régner en maître sur un territoire temporel qui couvre des centaines de milliers d’années. De fait, les sciences préhistoriques et protohistoriques n’auraient jamais pu voir le jour sans terrain de fouilles, pas d’avantage qu’une bonne partie de nos connaissances sur les origines de l’humanité. Ce n’est même que, bien plus tard dans le temps, que l’archéologue doit partager ses découvertes et mutualiser ses conclusions avec celles de « ceux qui marchent debout au milieu des vieux livres* » (Heu ! désolé ! nous voulons dire, bien sûr, les historiens). Du reste, on croise quelquefois des historiens pluridisciplinaires qui sont, aussi, archéologues.

De l’image d’Épinal à la réalité scientifique

Archéozoologie - terrain de fouilles

Attachée, dans nos imaginaires, à des personnages comme Indiana Jones au cinéma ou même comme Lara Croft dans le domaine des jeux vidéo, la réalité quotidienne de l’archéologie, autant que ses différentes formes et la profondeur de son intérêt, demeure, quelquefois, assez méconnue du public. Bien sûr, on pourra sûrement s’accorder sur le fait que dans tout archéologue demeure souvent nichée l’âme d’un chercheur de « trésors » guidé par l’amour de la connaissance et toujours prompt à s’émerveiller à chaque nouvelle découverte. Pourtant, aujourd’hui plus encore qu’hier, les défis qu’il a à relever sont de plus en plus pointus et scientifiques.

L’archéologie s’est, en effet, ramifiée en de nombreuses disciplines en fonction des périodes mais aussi des terrains. Elle s’est aussi enrichie de l’apport de sciences du vivant connexes, toutes plus pointues et passionnantes les unes que les autres. Ses méthodes, elles aussi, se sont perfectionnées au point d’en faire une science pluridisciplinaire qui s’épanouit dans la collaboration enthousiaste de ses experts (archéozoologie, archéobotanique, palynologie, …). Enfin, depuis une trentaine d’années, sur le terrain des chantiers d’aménagements ou réaménagements, l’avènement de l’archéologie préventive a rendu cette discipline d’une grande utilité plus présente dans notre environnement immédiat.

Voilà pour ces quelques mots d’introduction sur l’Archéologie, ses réalités et et son grand intérêt, mais nous avons encore bien mieux pour vous. Un événement de taille déboule sur l’agenda qui devrait vous permettre de découvrir directement cette belle discipline, sous toutes ses formes. Le week-end prochain mettra, en effet, l’archéologie à la fête et vous serez conviés au cœur d’une foule d’aventures et d’activités liées à cette discipline.

Le grand retour des Journées de l’Archéologie

Affiche des journées européennes de l'archéologie

Du 17 au 19 juin 2022, auront donc lieu Les Journées Européennes de l’Archéologie. Cet événement à ne pas manquer à été créé, originellement, en 2010, par le ministère de la culture en partenariat avec l’INRAP. Il était alors connu sous le nom de « Journées de l’archéologie » ou « Journées nationales de l’archéologie ». Ces dernières sont demeurées franco-françaises jusqu’en 2019, date à laquelle d’autres pays européens ont suivi l’exemple (peut-être sous l’impulsion du gouvernement actuel. L’histoire ne le dit pas). Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, selon les chiffres du ministère, 26 pays de la communauté européenne y participent et se sont joints à l’événement avec leur propres activités.

Pour recentrer un peu sur les terres de France, pendant ces 3 journées, l’archéologie y sera donc à la fête. A cette occasion, de nombreuses sites de fouilles, habituellement réservés aux professionnels, seront même exceptionnellement ouverts au public. Ils couvriront toutes les périodes historiques que vous puissiez rêver découvrir ou approfondir : de la préhistoire à l’âge de bronze, jusqu’à l’antiquité gallo-romaine ou des périodes bien plus récentes en passant, bien sûr, par le Moyen Âge.

Visite guidée d'un chantier de fouilles archéologique - Inrap
Archéologie préventive – Visite guidée d’un chantier de fouilles préventives en milieu urbain – Inrap.fr

600 lieux pour découvrir l’archéologie
et ses trésors sur tout le territoire

Archéologue de l'Inrap et céramiques anciennes

Les portes ouvertes de sites de fouilles sont loin d’être les seuls événements prévus pour ces trois journées de l’archéologie : projections, spectacles et reconstitutions, villages de l’archéologie, conférences, visites guidées spéciales de monuments et de sites d’intérêt, ateliers et démonstrations seront de la partie, mais encore événements spéciaux dans les musées et monuments, archéologie expérimentale dans les parcs archéologiques et les archéosites, … La liste est longue des animations prévues et les journées prévoient aussi des activités particulières en direction du milieu scolaire. Pour en prendre la mesure, le site web officiel affiche près de 600 lieux, en France uniquement, qui proposeront chacun leurs activités et événements. Notez que, côté budget, de nombreux établissements et institutions normalement payantes afficheront, exceptionnellement, des entrées gratuites pendant ces 3 jours de grande effervescence culturelle.

Concernant le Moyen Âge, quelques premières recherches avancées nous ont fait remonter quantité d’activités de haut vol. Nous n’allons pas les détailler ici. Sur le site officiel de l’Inrap, vous retrouverez un suivi de tout ces événements, mais aussi des articles fouillés et encore un dossier complet sur l’archéologie médiévale. Pour découvrir le riche programme de ces trois journées découverte, le site officiel des journées de l’archéologie reste également incontournable. Il vous permettra d’obtenir le programme complet de votre région ou des régions voisines et même de le télécharger au format PDF. C’est un bon moyen de ne rien manquer de l’événement.

Tout cela étant dit, inutile d’ajouter que ces journées qui célèbrent en grand l’archéologie, ses réalités, ses trésors, ses trouvailles n’attendent que vous pour partir en aventure !

Archéologie médiévale : Maquette village lacustre - Musée du Lac de Paladru
Archéologie médiévale : Maquette village lacustre – Le superbe nouveau Musée Archéologique du Lac de Paladru à la fête

Retrouvez nos articles les plus populaires sur l’archéologie médiévale

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous  toutes ses formes

* Ceux qui marchent debout est une expression qui désigne les hommes dans la bande dessinée préhistorique Rahan de Roger Lécureux et André Chéret (Pif gadget représente)

Deux Nouveaux ouvrages historiques aux éditions La Ravinière

enluminure médiéval scripte

Sujet : auteur, romans historiques, édition, essai, guerre de cent ans, aventure, saga historique, fiction médiévale.
Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif
Titres : Quentin Durward, Sir Walter Scott (1823-2022), les grandes dames de la guerre de cent ans, Xavier Leloup, Editions La Ravinière (2022)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous avons le plaisir de partager avec vous un nouvel entretien avec l’auteur et éditeur Xavier Leloup. On y parlera de l’actualité de sa maison d’édition, lancée depuis peu, et de deux ouvrages historiques sur le Moyen Âge tardif qui sortent aujourd’hui même.

En vous souhaitant une bonne lecture

Nouveautés : deux livres sur le Moyen Âge,
un entretien avec Xavier Leloup

Propos recueillis par Frédéric EFFE le 8 juin 2022


— Bonjour Xavier ! Très heureux de vous retrouver pour un nouvel entretien et pour prendre des nouvelles de cette grande aventure de l’édition dans laquelle vous vous êtes lancé depuis maintenant près de 10 mois. Entre temps, le troisième tome 3 des Trois Pouvoirs est sorti et, après quelques salons du livre très fréquentés, nous nous retrouvons pour un billet d’actualité sur votre activité d’éditeur de romans historiques sur la période médiévale. Vous allez bien ? Toujours très occupé entre vos activités d’écriture et d’édition ? La tension s’étant libérée sur la Covid, vous avez pu reprendre normalement le chemin des salons et des séances de signature ?

Bonjour Frédéric. Je suis également très heureux de vous retrouver. Je me porte d’autant mieux qu’en effet, depuis quelques mois, auteurs et éditeurs ont pu reprendre le chemin des dédicaces « à visage découvert ». Pour faire la connaissance de ses lecteurs, c’est tout de même plus agréable ! Les signatures des Trois Pouvoirs m’ont ainsi permis de faire de superbes rencontres avec des passionnés de toutes générations. Nombreux d’entre eux m’ont dit combien ils aimaient l’histoire et le Moyen Âge. Cette période les fait rêver. Cela avait toujours été mon intuition, mais c’est toujours un grand bonheur de se l’entendre dire.

Quentin Durward, réédition du roman historique
de Sir Walter Scott

Quentin Durward, roman historique de Sir Walter Scott

Cela fait plaisir à entendre. Nous renverrons les lecteurs désireux de vous rencontrer et de se faire dédicacer vos livres à la rubrique actualité du site web des éditions La Ravinière. Mais revenons à l’actualité immédiate de votre maison d’édition justement. Nous avons eu, le plaisir de découvrir la sortie prochaine de deux ouvrages dont nous allons pouvoir parler dans l’ordre, en commençant par le premier : il s’agit du « Quentin Durward » du grand écrivain et historien écossais des XVIIIe, XIXe siècles Sir Walter Scott. Il était initialement avocat, d’ailleurs. Je ne sais pas si c’est une coïncidence totale, vu que vous étiez vous-même avocat dans une vie passée qui n’est pas si loin, du reste ?

Disons que du prétoire aux récits romanesques il n’y a qu’un pas que certains avocats n’hésitent pas à franchir. Mais pour honnête, je crois que Walter Scott et moi avons surtout en commun de ne pas avoir beaucoup pratiqué la profession !… Cet illustre personnage s’est d’abord fait connaître comme traducteur et poète avant de devenir le père fondateur du roman historique. Et son œuvre est pour moi une inépuisable source d’inspiration. Non seulement parce que c’est à lui qu’on doit d’avoir inventé le genre du roman historique mais surtout parce que, mieux que personne, il a su rendre compte des mentalités qui régnaient au temps de la chevalerie. Avec un art consommé du dialogue, il en fait magistralement revivre les personnages, leur donne du souffle, leur donne du corps. C’est comme si le sang des grandes figures du passé coulait dans ses veines, telles Richard Cœur de Lion ou le maître de l’ordre des Templiers.

D’Alexandre Dumas à Eugene Sue, nombreux ont d’ailleurs été nos auteurs français à revendiquer son héritage. Son influence demeure si grande qu’aujourd’hui encore, certains scénaristes continuent à s’en inspirer. Je pense par exemple au film Kingdom of Heaven, de Ridley Scott, qui emprunte certaines de ses scènes au Talisman, un captivant récit de chevalerie se déroulant au temps des croisades sous le soleil de Palestine. Il était donc naturel pour moi de vouloir de rééditer le plus français de ses romans historiques, et qui plus est se déroule pour partie en Touraine, ma région natale : Quentin Durward.

Alors, avec ce roman historique, Walter Scott nous transporte au cœur du Moyen Âge tardif, du temps des intrigues entre Louis XI et le duc de Bourgogne. On y suit le destin d’un jeune archer anglais, noble et désargenté, qui va se retrouver pris dans tout cela. C’est un livre qui a connu de nombreuses adaptations au cinéma et même à la télévision française et qui a été longtemps reconnu comme un grand classique de cette période.

Ce livre a en effet fait l’objet de célèbres adaptations : d’abord dans les années 50, par le célèbre réalisateur américain Richard Thorpe avec Robert Taylor dans le rôle-titre. Puis dans les années 70, avec une série télévisée franco-allemande qui fit la joie des spectateurs de l’ORTF en même temps que des admirateurs de Jacqueline Boyer, l’interprète de son célèbre générique. Mais depuis, plus rien. En l’espace de quelques années, ce formidable récit d’aventures sur fond de rivalité entre le royaume de France et le duché de Bourgogne semblait être tombé dans l’oubli. Et pourtant, quel roman ! Walter Scott ne nous y retrace pas seulement l’épopée de Quentin Durward, ce jeune archer écossais débarqué en France qui devra surmonter les pires dangers pour conquérir la dame de son cœur, la comtesse Isabelle de Croye. Il nous brosse également le portrait d’un Louis XI tour à tour généreux, cynique, superstitieux et surtout, terriblement manipulateur.

Or, en dépit de son absence de scrupules et de son indifférence à toute forme de pitié, de son machiavélisme, il est difficile pour le lecteur de ne pas s’y attacher. C’est même la figure politique de Louis XI qui m’a donné envie de republier ce classique, et qui justifie d’ailleurs toute la place que son portrait occupe sur la couverture du livre. Car ce souverain était aussi un homme d’esprit. Amateur de bons mots et doté d’un humour ravageur, voir scabreux, il se révèle par moment extraordinairement drôle.

Dans un Moyen Âge finissant, son mépris du protocole et des valeurs chevaleresques semble préfigurer notre époque moderne. En ce sens, c’est un personnage très contemporain. C’est pourquoi il était devenu urgent d’offrir une nouvelle jeunesse à un roman qui plonge le lecteur dans une époque médiévale, certes, fort éloignée de la nôtre, mais dont les intrigues politiques et les coups bas ne sont pas sans rappeler les fameux « coups de billard à trois bandes » si prisés par nos dirigeants d’aujourd’hui. Au vu des soubresauts politiques actuels, ce récit ne devrait pas manquer d’intéresser les nouvelles générations.

En somme, un ouvrage à relire et à redécouvrir pour tous les passionnés de Moyen Âge qui nous lisent et en particulier de son automne, le XVe siècle. On vous souhaite beaucoup de succès pour cette réédition.

Les grandes dames de la guerre de cent ans,
de Xavier Leloup

Les grandes dames de la guerre de Cent Ans ; le pouvoir médiéval au féminin.

Mais parlons, maintenant, de l’autre ouvrage sur lequel nous serions tenté de nous étendre plus encore et ce, à plusieurs titre. Tout d’abord, cette fois, c’est vous qui le signez. Ensuite, son thème nous est familier puisque c’est, ici-même, sur le site moyenagepassion qu’il a vu le jour pour la première fois. Je veux parler, bien sûr, du cycle sur les grandes dames de la guerre de cent ans. Cette série d’articles qui revisite le pouvoir médiéval au féminin sous ses formes variées dans le courant du XVe siècle, a beaucoup plu à nos lecteurs. Alors, dans cet ouvrage, le concept s’est étoffé pour donner naissance à un vrai beau livre qui, nous en sommes convaincu, devrait trouver, rapidement, son public. On y présente plus encore de portraits de dames du Moyen Âge tardif et de manière plus détaillée. Vous pouvez un peu mettre l’eau à la bouche de nos lecteurs ?

C’est par le biais des femmes que j’ai commencé à m’intéresser à la guerre de Cent Ans, ou plus exactement l’une d’entre elles, une certaine Yolande d’Aragon. Comme beaucoup, j’avais entendu parler de Jeanne d’Arc. Jeanne la Sainte, Jeanne la guerrière, Jeanne la fille du peuple qui, suivant le conseil de ses voix, avait fait sacrer le roi Charles VII à Reims et délivré Orléans. Comme pour beaucoup, la libératrice d’Orléans constituait pour moi la référence incontournable. Mais celle qui m’intriguait le plus, c’était Yolande d’Aragon : une femme de pouvoir demeurée dans l’ombre, mais dont la volonté inébranlable avait permis à son gendre, de roi Charles VII, de gagner la guerre de Cent Ans. Cette duchesse d’Anjou me semblait d’autant plus fascinante qu’elle avait secrètement soutenu la Pucelle dès les premières semaines de son épopée et que, selon toute vraisemblance, c’était grâce à cette aide que cette héroïne avait pu mener à bien sa mission… du moins jusqu’à un certain point, comme vous le découvrirez dans le livre.

Deux femmes donc, l’une politique, l’autre guerrière, agissant de concert pour sauver le royaume de France. Le tout durant une période tragique et sanglante : la guerre de Cent Ans. Il y avait là de quoi bâtir un bon roman, voir même une saga. C’est ainsi que je m’attelai à la rédaction des Trois Pouvoirs, dont l’intrigue démarre sous le règne du roi fou Charles VI, en 1407, c’est-à-dire 22 ans avant la libération d’Orléans. Mes recherches me conduisirent naturellement à m’intéresser à d’autres personnages féminins. Car comment évoquer le destin tragique du roi fou Charles VI, le père du « gentil Dauphin » de Jeanne d’Arc, sans y mêler celui de son épouse Isabelle de Bavière ? Comment retracer le funeste destin du frère du roi, le duc Louis d’Orléans, prince brillant assassiné en pleine gloire, sans évoquer celle qui aura cherché à le venger, à savoir son épouse Valentine Visconti ? Comment, enfin, ne pas faire entrer en scène la fameuse Christine de Pizan, l’un des esprits les plus brillants de ce début de XVe siècle ? Je prenais ainsi conscience qu’à cette époque, les femmes ne constituaient pas un simple élément du décorum mais qu’elles prenaient une part active à la vie publique et que, dans bien des cas, leur histoire s’avérait tout aussi passionnante que celle des hommes.

Puis c’est grâce à vous, Frédéric, et à moyenagepassion.com, que j’ai pu me lancer dans cette série de portraits dédiés aux grandes figures féminines du Moyen Âge. Avec le succès de cette chronique, m’est venue l’idée d’y consacrer un livre qui permettrait de mettre en avant ces nombreuses femmes qui ont fait l’histoire de France.

— Nous en sommes très heureux. Mais alors, au sortir, de tous ces portraits de dames du XVe siècle voyez-vous un canevas, une constance, dans toutes ces formes de pouvoir féminin ou avez-vous plutôt découvert leurs formes variées ?

Leur point commun est bien sûr d’avoir vécu durant cette période fort mouvementée que fut la guerre de Cent Ans. Mais ce qui les relie plus étroitement entre elles, c’est leur caractère de battante. Qu’elles aient été saintes (sainte Jeanne d’Arc, sainte Colette de Corbie), politiques (Yolande d’Aragon, Isabelle de Portugal), guerrières (Jeanne de Belleville, Jeanne des Armoises) ou intellectuelles (Christine de Pizan), elles ont toujours fait preuve de résolution, elles ont toujours surmonté les épreuves. Elles ne parvinrent pas toujours à leurs fins, certes. Mais au fond, peu importe. Ce qui est remarquable chez elles est d’avoir su se montrer à la hauteur des événements et de leur idéal, qu’il s’agisse de l’honneur de leur famille, leur foi ou leur patrie. Notons d’ailleurs que la plupart d’entre elles étaient très attachées à la France. C’étaient donc des patriotes.

Nouveautés parution : deux livres sur la période médiévale

Autrement dit, je me suis intéressé à ces « grandes dames » pour elles-mêmes et pas seulement en raison de leurs liens avec leurs époux ou de leurs amants. Certains historiens peuvent avoir eu tendance à évoquer les femmes historiques pour la seule raison qu’elles avaient partagé le lit des puissants. Pensez ainsi à Diane de Poitiers ou à Gabrielle d’Estrées, à madame de Pompadour, à la Montespan. Dans ce livre, c’est l’inverse : les hommes passent au second plan. Et si j’y ai inclus Agnès Sorel, la première favorite officielle de l’histoire de France, c’est pour mettre en valeur son rôle politique. D’où le titre du chapitre qui lui est consacré : « Agnès Sorel, une femme d’influence ».

Si le terme de « féminisme » est sans doute anachronique (à l’exception peut-être de Christine de Pizan, qui a beaucoup écrit sur la condition des femmes), votre expression de « pouvoir médiéval au féminin » me semble en revanche très adaptée. Ces femmes ont exercé le pouvoir sous toutes ses formes, parfois de manière ostensible, parfois plus cachée, mais toujours pleinement. Notons enfin que ces « grandes dames » furent sans doute plus nombreuses qu’on pourrait le croire. Il s’agissait donc pour moi de retrouver leur trace et de les mettre en valeur quand par le passé, avouons-le, justice ne leur avait pas toujours été rendu.

En tout cas, l’ouvrage devrait faire merveilleusement écho avec l’anniversaire des 500 ans d’Anne de France et aux différents colloques et expositions données cette année sur le pouvoir féminin au Moyen Âge. Encore une fois, nous sommes certains qu’on le verra sans doute sur bien des plages ou des lieux de vacances cette été !

Absolument ! Le lecteur y trouvera 12 portraits de dames ayant joué un grand rôle dans l’histoire médiévale et l’ouvrage est conçu pour s’adresser au grand nombre, qu’on soit passionné d’histoire ou simplement curieux d’esprit. Je me suis efforcé de scénariser le propos et de faire ressortir la psychologie de mes héroïnes. A plus de quatre siècles de nous, ces dernières devraient encore parler à de nombreuses femmes d’aujourd’hui.

Nous en sommes certain aussi. Avant de nous séparer, profitons-en pour rappeler que ces deux livres historiques viennent tout juste de paraître. Et une autre bonne nouvelle pour nos lecteurs, je crois que désormais vos ouvrages sont disponibles dans certains points de grande distribution, c’est bien cela ? Il devrait donc être encore plus simple de les obtenir.

Vous pourrez non seulement retrouver ces livres en librairies ou sur le site de la Ravinière mais aussi sur Amazon ou dans les boutiques de grands monuments historiques tel que le château de Vincennes, où la saga des Trois Pouvoirs figure déjà en bonne place. Les éditions La Ravinière viennent par ailleurs d’intégrer le catalogue d’ELECTRE, la base de référence et l’outil de recherche de toutes les librairies, bibliothèques et autres médiathèques françaises. J’en profite enfin pour annoncer trois dates de dédicaces : le 25 juin à la librairie La Boîte à Livres de Tours, le 2 juillet à la librairies Les Petits Mots à Chatou (Yvelines) et enfin le 5 août, chez Lu et Approuvé à Amboise.

Très bien. Nous nous assurerons de les transmettre à nos lecteurs. En vous remerciant encore de votre temps et en vous souhaitant un très bel été littéraire.


Retrouvez nos autres entretiens avec Xavier Leloup
Février 2021Décembre 2021

Découvrir ses articles sur Les grandes dames de la guerre de cent ans : 


En vous souhaitant une excellente journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

20eme médiévale en approche en la jolie cité de PÉROUGES

Sujet : fêtes, festivités médiévales, marché artisanal, animation médiévales, compagnies médiévales, agenda week-end, tournoi et joutes équestres, Moyen Âge festif.
Lieu : Pérouges, Ain, Auvergne-Rhône-Alpes
Evénements: La 20e médiévale de Pérouges
Dates : les 11  & 12  juin 2022

Bonjour à tous,

our qui l’a déjà visité, le village de Pérouges a tout d’une cité médiévale comme on se les imagine. Perchée en hauteur, elle possède ses petites ruelles pavées et pentues à l’abri des remparts, ses arches de pierre entre lesquelles ne passerait pas un véhicule trop large, et bien sûr, ses maisons anciennes aux lourdes et étroites portes de bois. Quand on y flâne, on peut encore dénicher au détour d’une allée, de ces petites échoppes qui vous vendent de délicieuses tartes au sucre ou encore l’enseigne un peu désuète et prometteuse d’une auberge où il fera bon se poser le temps d’une collation. Pas de doute, ce lieu plein de charme et qui a su rester jalousement hors du temps n’a pas usurper son label de plus beaux villages de France.

Le retour de la Médiévale de Pérouges

La Médiévale de Perouges 2022 - Affiche

Curieusement, pour être un des villages médiévaux les plus typiques et célèbre de l’Ain et même de la région, il aura fallu attendre les années 2000 pour voir organiser à Pérouges de grands événements festifs autour du monde médiéval. Mais peut-être est-ce dû au fait que le Moyen Âge y est si présent qu’il y est célébré toute l’année. La cité pérougienne attire, en effet, quantité de visiteurs chaque fin de semaine. Quoiqu’il en soit le week-end prochain, la fête sera, bel et bien, à l’ordre du jour sur place et, après deux tentatives consécutives (suivies d’annulation en raison des mesures sanitaires), l’année 2022 verra revenir en grand La Médiévale de Pérouges. Il s’agira de la 20eme édition et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, à l’habitude c’est l’Office Municipal de Fêtes de Pérouges qui l’organise. Cette 20e médiévale se tiendra sur deux jours les samedi 11 et dimanche 12 juin avec une nocturne animée le samedi soir.

Spectacles et animations

Les bénévoles et les compagnies et troupes invités seront là pour assurer l’ambiance et les animations médiévales. Au programme, spectacles de feu, joutes équestres, fauconnerie et vols de rapaces, déambulations en musique, bateleurs et jongleurs. Des campements seront également installées par les différentes troupes et l’on y assistera à des combats à la façon médiévale et des démonstrations d’arbalestrie. Cette année, une cession du Tournoi du Ceinturon d’argent se tiendra également sur place (voir nos articles précédents sur ce tournoi ). Des conférences sont aussi prévues mais nous n’en n’avons pas le détail. Enfin, cette médiévale vous permettra de profiter d’un marché gourmand et artisanal, dont une partie des échoppes sont d’inspiration médiévale.

Troupes et compagnies médiévales invitées

Drakonia – La fauconnerie Griffondor – Ballarom – L’épée de Fier Bois – Escossor – La guilde Pérougienne – La petite Flambe – Sagittari Liger – Les tritons ripailleurs – La Ménestrandie – Vagarem – Les Tire-Ficelles – La Bravandrille – Le Fou Gueux Jongleur – La Compagnie des Trente – Diaboli Arma – L’Ost du Phénix – etc …

Certaines parties de cet événement étant gratuites et d’autres non, nous vous invitons à visiter le site de l’organisateur pour plus d’informations.

Ne manquez pas de saisir cette occasion si vous êtes en Auvergne-Rhône-Alpes ce week-end et, particulièrement, si vous ne connaissez pas Pérouges. Cela vaut vraiment le détour.


Voir notre article détaillé sur la cité de Pérouges & son histoire.
Pour nos articles sur les éditions précédentes de cette médiévale, c’est par là : Edition 2019Edition 2018Edition 2017

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes.

NB : les photos utilisées dans le cadre de cet article proviennent des compagnies présentes à l’occasion de ces médiévales : la troupe Drakonia, la fauconnerie Griffondor, l’Ost du Phenix, la petite Flambe, et les archers de Sagittari Liger.

Contre le Moyen Âge, l’éternel retour du moyenâgeux

Sujet  :   citations, Moyen Âge,  historien, médiéviste , livres, préjugés, idées reçues, pouvoir politique
Auteur : Régine Pernoud (1909-1998)
Ouvrage : Pour en finir avec le Moyen Age, Seuil (1977)

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous sommes heureux de partager un extrait de « Pour en Finir avec le Moyen Âge« , un des plus célèbres ouvrages de Régine Pernoud. Elle le rédigea plus de 30 ans après son premier ouvrage « Lumière du Moyen Âge » daté de 1946. De l’un à l’autre, le combat restait pourtant le même : lever le voile sur le Moyen Âge historique et le remettre à sa place, au milieu d’un océan de préjugés et de vents contraires.


« C’est assez dire que le Français moyen, aujourd’hui, n’accepte plus qu’on qualifie de « gauches et maladroites » les sculptures d’un portail roman, ou de « criardes » les couleurs des vitraux de Chartres. Son sens artistique est suffisamment éveillé pour que des jugements qu’on n’aurait même pas discutés il y a trente ans, lui paraissent, à lui, définitivement périmés. Cependant il reste un certain décalage, qui, peut-être, vient surtout d’habitudes d’esprit ou de vocabulaire, entre le Moyen Age qu’il admire toutes les fois qu’il en a l’occasion, et ce que recouvre pour lui ce terme de Moyen Age. (…) Moyen Age signifie toujours : époque d’ignorance, d’abrutissement, de sous-développement généralisé, même si ce fut la seule époque de sous-développement pendant laquelle on ait bâti des cathédrales ! Cela parce que les recherches d’érudition faites depuis cent cinquante ans et davantage n’ont pas encore, dans l’ensemble, atteint le grand public. »

Régine PERNOUD – Pour en Finir avec le Moyen Âge (1977)

Une citation de Régine Pernoud sur le Moyen Âge en Image

L’actualité du combat de Régine Pernoud
pour le Moyen Âge

Dans la citation du jour, la médiéviste faisait remonter à 150 ans avant elle, et au début du XIXe siècle, les premières déconstructions sérieuses du Moyen Âge à l’égard des visions caricaturales qui les avaient précédées. Et pourtant… Aujourd’hui, de nombreux spécialistes de cette période historique continueraient sans doute de s’accorder avec elle quand elle écrivait, dans ce même livre de 1977 : « …Or le médiéviste, s’il s’est mis en tête de composer un sottisier sur le sujet, se trouve comblé par la vie quotidienne. Pas de jour où il n’entende quelque réflexion dans le genre : « Nous ne sommes plus au Moyen Age », ou « C’est un retour au Moyen Age », ou « C’est une mentalité médiévale ».

Pour en finir avec le Moyen Âge, essai de Régine Pernoud

Force est de constater, en effet, que l’actualité des petites phrases ou d’articles vus ici ou là, comme certaines énormités issues de productions cinématographiques récentes, ne cessent de lui donner raison. A presque 200 ans de son point de référence, certains préjugés perdurent à l’encontre des temps médiévaux et c’est au point qu’on a du mal à croire qu’il puisse s’agir d’un simple phénomène passif ou d’ignorance communément partagée. Même si le chemin peut, quelquefois, être long du savoir académique et des laboratoires au grand public, le fait que les relais se soient aussi peu effectués en deux siècles semble aller un peu au-delà d’un simple défaut circonstanciel du système éducatif ou d’une « négligence » des programmes. Il faut bien qu’il y ait, tout de même, quelques volontés à l’œuvre pour expliquer tout cela (voir Moyen Âge, idées reçues et Révolution des machines). Et si, on peut, tout de même, espérer que les choses se soient un peu améliorées grâce à l’œuvre de la médiéviste du XXème siècle et de quelques autres vulgarisateurs après elle, un phénomène complexe de cristallisation semble être à l’œuvre ici qui condamne le public à ne jamais pouvoir entrer, tout à fait, en contact avec le Moyen Âge historique, comme certaines de ses valeurs et richesses. Pour en dire un mot, ce phénomène nous semble à la fois historique, langagier et idéologique. Si vous voulez vous frottez à quelques réflexions le concernant, nous vous invitons à télécharger cet article « Contre le Moyen Âge, l’éternel retour du Moyenâgeux« .

Hors de l’historiquement correct

Si Régine Pernoud a été souvent décriée par certains de ses confrères — en partie pour ses convictions et sa marginalité académique, mais peut-être aussi pour ses efforts de vulgarisation couronnés de succès auprès du public — on peut constater que ses détracteurs n’ont pas toujours réussi à remettre à l’heure les pendules du Moyen Âge, pas d’avantage qu’à soulever les mêmes montagnes qu’elle (1). De fait, en 1977, l’historienne constatait déjà les prémices d’un regain d’intérêt pour la période médiévale et ses monuments, soutenus entre autre par la télévision et ses programmes éducatifs (où sont-ils ? ). Pourtant, elle n’a pas fait qu’observer ce mouvement. Par son œuvre impressionnante — pas moins de 60 ouvrages d’une grande accessibilité — elle y aura aussi contribué. En touchant un très large public, les ouvrages de Régine Pernoud ont participé de cet engouement pour le Moyen Âge que n’ont pu que constater (comme elle ou après elle) des Jacques le Goff (qui parlait de « mode du Moyen Âge ») et d’autres médiévistes. Cet intérêt pour le monde médiéval perdure encore, même s’il a pris entre-temps d’autres formes et que sont venues s’y greffer d’autres influences exogènes et d’autres représentations.

Quoi qu’il en soit, même si elle ne s’est guère préoccupée de verser dans « l’historiquement correct » et n’en déplaise à ces opposants, on lit encore Régine Pernoud aujourd’hui, et on l’apprécie toujours plus de 20 ans après sa disparition. Jugez-en simplement par les commentaires élogieux sur ses ouvrages qui constellent le web. Et si on peut admettre que les années ont un peu passé sur certains d’entre eux, leurs vérités ont loin d’avoir été emportées par le flot du temps. Les sujets traités sont riches, son œuvre exhaustive. Durant sa longue carrière, Régine Pernoud n’a pas fait que réconcilier le Moyen Âge avec les femmes et le pouvoir féminin même si elle y a grandement contribué. Elle a éclairé toute cette période de sa sagacité, avec une volonté sincère de la faire partager au plus grand nombre et de transmettre. Avec un sens véritable de la pédagogie, nul ne pourrait dire, aujourd’hui, qu’elle n’y est pas parvenu.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous  toutes ses formes

(1) Au sujet des détracteurs de Régine Pernoud, tout autant que de son legs, lire le riche article « Défendre le Moyen Âge, les combats de Régine Pernoud » de Jean-Louis Benoît, issu de l’ouvrage collectif Le Savant dans les lettres, paru en 2014, aux Presses universitaires de Rennes.

NB : sur l’image d’en-tête, en arrière plan de la photo de Régine Pernoud, l’enluminure et ses bâtisseurs de cathédrales sont tirés du manuscrit de la BnF Latin 4915 : le Mare historiarum ou la Chronique universelle de la Création à 1250 du Frère dominicain et chroniqueur italien Giovanni Colonna.

Twitter
YouTube