Kaamelott : le trailer officiel du film & un interview de son auteur

Sujet  :  Kaamelott,  médiéval-fantastique, légendes arthuriennes, cinéma, trilogie, trailer cinéma, interview, Alexandre Astier, humour
Période  : haut Moyen Âge à central
Auteur/réalisateur :   Alexandre Astier
Date de sortie : 21 juillet 2021

Bonjour à tous,

ans la foulée des bonnes nouvelles au sujet de la sortie de Kaamelott le film, au cinéma, voici le premier trailer officiel, suivi, en prime d’une interview toute fraiche du jour de l’auteur-réalisateur Alexandre Astier.

Le trailer du film Kaamelott 1er volet

D’une certaine manière, ce trailer répond à la question que nous nous posions, dans notre dernier article, sur le ton général de ce nouvel opus de Kaamelott (voir Kaamelott sortie confirmée pour juillet). Si les affiches, très artistiques, n’étaient pas dénuées d’une certaine dimension dramatique, le trailer donne un autre la et semble annoncer une comédie plutôt décapante. Je dis « semble » car une bande annonce n’est jamais tout à fait le film et on peut gager que l’auteur n’y a pas tout mis.

Kaamelott au Cinéma – trailer officiel

Le teaser de début 2020 nous en avait déjà donné un avant-goût visuel, mais on découvre ici de nouvelles images qui laissent présager d’une belle tenue en terme de production, de décors et finalement d’aventure (avec une mention spéciale pour certains costumes plutôt spectaculaires). Bref, on est loin du format parfois un peu à huis-clos des origines. Si ce dernier avait ses charmes, on comprend mieux, à la vue de ce trailer, à quel point Alexandre Astier a pu ressentir le besoin d’en repousser les bords. Il avait d’ailleurs commencé à le faire à l’occasion du Livre V, et plus encore du Livre VI de Kaamelott tourné, en partie, à Cinecittà. Là encore, pourtant, il avait dit avoir touché de nouvelles limites en terme de format : celles de la production télévisuelle contre celles du 7ème art. L’affaire était claire ; la suite se raconterait au cinéma ou elle ne serait pas. De longues années après, la première partie de son rêve est donc en train de se concrétiser.

L’interview d’Alexandre Astier

Extrait trailer Kaamelott premier volet

Publiée, aujourd’hui même, sur la chaîne youtube pop corn (redif de la chaîne Twitch Domingo), Alexandre Astier y donne quelques précisions sur le film. On y fait aussi quelques agréables détours par le voyage intergalactique, la SF et quelques autres sujets. Concernant le premier long métrage Kaamelott, il y confirme ce qu’il avait déjà déclaré il y a quelques années : le fait que le temps a passé dans la vie réelle autant (et même sans doute plus) que dans l’histoire sert son propos et il s’en dit même privilégié. Pas d’artifice donc, le temps s’est écoulé pour les personnages, comme pour les acteurs.

A l’occasion ce cet entretien, l’auteur-réalisateur affirme aussi (en toute logique) que le film ne s’adresse pas spécifiquement aux inconditionnels de Kaamelott. On pourra donc aller le voir en famille même sans rien connaître de la série TV. Quant aux fans, ils y croiseront forcément des surprises même si après tout ce temps, le meilleure chose serait sans doute de rester ouvert à l’œuvre et de se défaire, si on en avait formé, de quelque attente trop précise et particulière pour retrouver un œil neuf.

Alexandre Astier part-il « gagnant » en terme de succès ? Pas nécessairement. En tout cas, on le sent sur une réserve qui semble sincère et pas le fruit d’une fausse modestie. Même si la fan base est réputée impressionnante en taille, avant la sortie concrète, il est toujours délicat pour un réalisateur de préjuger du nombre d’entrées. Avec un peu de recul et à juger les échos que fait systématiquement la presse de la moindre nouvelle autour de l’auteur et de Kaamelott, on est quand même tenté de demeurer résolument optimiste sur l’engouement du public à aller voir ce film à partir du 21 juillet.

Ecriture, réalisation, composition, montage

On saluera encore ici sa vision globale de la tenue de l’œuvre et sa façon originale d’approcher le métier. Auteur, acteur, scénariste, réalisateur, compositeur de la musique et même monteur, le parti-pris d’assumer seul cette pluralité de fonctions qu’on a plus souvent l’habitude de voir déléguer à des personnes différentes n’est pas chose commune. Qui était le dernier à l’avoir fait en France ? Gainsbourg ? Et encore sans doute pas pour une production de cette dimension.

Extrait trailer Kaamelott au cinéma premier volet

L’auteur de Kaamelott semble, en tout cas, y trouver une liberté d’action autant qu’une façon essentielle d’exprimer, jusque dans les moindres détails, sa vision d’auteur. Dans des entretiens passés, il avait dit, à plusieurs reprises, préférer assumer les limites, voire les imperfections éventuelles d’un tel choix pour parvenir à une œuvre qui soit entièrement sienne plutôt que de prendre le risque de déléguer les choses, pour de mauvaises raisons, et pour un résultat qui soit loin de ses aspirations.

D’un point de vue de l’écriture scénaristique, autant que musicale, il faut dire que tout le monde n’a pas, non plus, sa double compétence. Et s’il n’a pas lui-même dirigé l’orchestre sur ce long métrage, il va être intéressant de voir comment sa vision, presque à la Sergio Leone, d’une musique qui préexiste au film et fait bien plus que l’accompagner se conjugue ici, toute comparaison de style gardée, avec une composition que Leone aurait inévitablement confié à Ennio Morricone. Sur Kaamelott, premier volet, c’est bien la même personne qui tiendra ces deux rôles.

Pour conclure, sachant aussi que du succès de ce premier film dépendra le déroulement et la production du reste de la trilogie, on lui souhaite, à nouveau, tout le meilleur.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

NB : sur l’image d’en-tête d’article issue du trailer, on reconnaître Franck Pitiot dans le rôle de Perceval et Jean-Chrstophe Hembert dans celui de Karadoc.

Lancement du Brussels Renaissance Festival au KBR Museum de Bruxelles

Sujet : festival médiéval, conférences, ateliers, exposition, manuscrits anciens, ducs de Bourgogne, enluminures, miniatures, Belgique médiévale
Période : Moyen Âge central à tardif
Lieu : KBR Museum,  Mont des Arts 28, Bruxelles. Belgique
Dates : du 19 juin au 11 juillet 2021

Bonjour à tous,

ur un agenda brûlant d’actualité, le KBR Museum de Bruxelles a réglé son horloge temporelle sur le moyen âge tardif et la renaissance et se propose de vous entraîner à la découverte de la Librairie des Ducs de Bourgogne et de la Belgique médiévale.

A partir du XIVe siècle, la belle capitale belge était, en effet, à la main de la très puissante maison bourguignonne. La bibliothèque nationale a ainsi hérité d’un riche patrimoine d’époque et de manuscrits anciens qu’elle se propose d’exposer aux yeux du public pendant près d’un mois. Avant de parler du riche programme de ce Festival, disons un mot du KBR Museum pour ceux qui ne le connaîtrait pas.

Le KBR Museum de Bruxelles

On connaissait auparavant, cette belle et digne dame, amoureuse d’Histoire et de culture, sous le nom de Bibliothèque Royale de Belgique. Fondée officiellement dans la première partie du XIXe siècle, en 1837, sa prédécesseure avait hérité, dès le XVe siècle, d’un fonds impressionnant de 900 manuscrits en provenance des Ducs de Bourgogne, fonds lui-même cédé à la capitale Belge en 1803.

restauration de manuscrits anciens au KBR Museum

Loin de l’archive bourguignonne des origines, le KBR Museum compte, de nos jours, pas moins de 7 millions de documents : cette archive monumentale est en évolution constante. Elle est conservée précieusement par des férus d’histoire et de patrimoine, de grands passionnés qui ont décidé de faire de la conservation, mais aussi de la transmission, leur métier.

Aujourd’hui, le KBR Muséum est donc un peu l’équivalent belge de notre BnF : une institution ayant pour mission de conserver, restaurer et proposer à la consultation, un patrimoine documentaire, culturel, scientifique, historique et pluridisciplinaire d’une valeur inestimable. Quant à son appellation, ce n’est qu’en 2019 que la Bibliothèque Royale de Belgique fut rebaptisée ainsi. La notion de Museum ouvre un peu plus sur sa vocation de conversation et d’exposition. Quant au sigle KBR, il est la marque de la double appartenance flamande et wallonne de la Belgique puisque c’est le résultat de la contraction de Koninklijke Bibliotheek (Bibliothèque royale en flamand) et Bibliothèque Royale (en Français donc) : K (Koninklijke) et R (Royale) avec un seul B central pour signifier le mot Bibliothèque/Bibliotheek. En somme, une modernisation de son nom qui s’inscrit dans la continuité historique.

Brussels Renaissance Festival, le programme

Anciennement nommé le Festival Carolus V, l’événement a lui aussi été rebaptisé. Désormais, il porte l’appellation de Brussels Renaissance Festival. Son nom s’anglicanise aussi à l’occasion de cette nouvelle édition 2021, sans doute pour mieux consacrer l’ouverture sur le monde de la capitale européenne. C’est d’ailleurs visit.brussels qui l’organise en partenariat avec le musée. Cette grande agence du tourisme et de la culture de la Région de Bruxelles a pour vocation de promouvoir la capitale intra muros mais aussi, bien au delà, auprès de l’ensemble des populations européennes.

Exposition de manuscrits médiévaux des Ducs de Bourgogne

Exposition de la Librairie des Ducs de Bourgogne

Du 19 juin au 11 juillet 2021, l’événement vous propose de découvrir de vos propres yeux, ce véritable joyau historique qu’est la librairie des Ducs de Bourgogne. Cette collection unique, engagée au milieu du XIVe siècle par Philippe le Hardi et scellée à la fin du XVe par la mort de Charles le Téméraire, contenait alors 900 manuscrits. La Bibliothèque Royale en conserve, de nos jours, un tiers. Ce fonds médiéval qui n’avait rien à envier, en son temps, avec ceux des plus belles bibliothèques d’Europe, touche toutes les thématiques et on y trouve aussi des trésors d’illustrations par les plus grands enlumineurs du Moyen Âge tardif.

Conférences & ateliers : dans les pas des peintres et des enlumineurs flamands

Brussels Renaissance Festival, affiche du festival

Pour compléter la découverte de ces manuscrits médiévaux, le KBR vous propose une véritable initiation aux arts de l’enluminure et des miniatures au Moyen Âge tardif, à travers conférences et ateliers.

Ainsi le 11 juillet, Véronique Bücken, chef de section aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, vous proposera de mettre en miroir art des enlumineurs et peintures dans les Pays-Bas bourguignons des XVe, XVIe siècles. Ce sera aussi l’occasion de partir à la découverte de l’univers des fabuleux peintres flamands de la fin du Moyen Âge et des débuts de la Renaissance. Le 27 juin, Les flamandophones pourront, quant à eux, assister à une conférence de Till-Holger Borchert sur la peinture sur parchemin, de Jan van Eyck à Simon Bening.

Pour découvrir plus en profondeur cette période et son art autour des manuscrits, rien de tel que mettre la main à la pâte. Deux ateliers du festival vous y inviteront. Le premier aura lieu le 29 juin. Il consistera en une initiation à la calligraphie, plume à la main. Ce sera le moment d’éprouver vos talents et de savoir quel copiste vous auriez pu être aux temps médiévaux. Le second atelier, en date du 1er juillet, vous invitera à la peinture aux pigments. Après la calligraphie, ce sera donc le temps de la mise en couleur. Vous y apprendrez à manipuler, mélanger et fixer vos pigments, avant de les appliquer sur des modèles de miniatures ou d’enluminures.

Initiation à la gastronomie médiévale

gastronomie médiévale, manuscrit ancien le Mesnagier de Paris
Le Mesnagier de Paris, ms. 10310-11 KBR Museum Bruxelles

Du côté de la mise en pratique, le festival complétera son offre, en conviant ceux qui le souhaitent, à un détour gastronomique par le nouveau restaurant du musée. En fait de participation active, il s’agira là de mettre les pieds sous la table et de se laisser choyer par le chef de la Maison Albert, Filip Fransen et sa brigade. Ils vous proposeront, pour l’occasion, une carte aux accents médiévaux directement inspirée du « Mesnagier de Paris », célèbre traité ménager de la fin du XIVe siècle qui contient, entre autre chose, des recettes de cuisine. Que les frileux, s’il en est, tentés de bouder cette offre gastronomique venue du passé, soient ici rassurés : la carte moderne habituelle coexistera avec cette offre médiévale « spécial festival ».

Pour clore ce vaste programme, gageons qu’on ne se déplacera, certainement pas au musée sans visiter l’ensemble de l’institution. Le cas échéant, de nombreuses formules de visites thématiques y sont proposées. Pour plus d’informations et tous détails utiles, vous pouvez retrouver le programme détaillé du Festival sur le site du musée.


Découvrir le KBR Museum autrement

Buste Duc de Bourgogne, KBR Museum

Pour ceux qui n’auraient pas la chance de se déplacer physiquement à Bruxelles, à l’occasion de cet événement, nous vous recommandons tout de même de prendre un instant pour consulter le site officiel du KBR Museum. Vous y trouverez une bibliothéque numérique riche de nombreux documents et manuscrits anciens, entre lesquels une partie de la librairie de Ducs de Bourgogne, des croquis incroyables de Pieter Bruegel et, pour nos amis mélomanes, des partitions de musique ancienne et classique datées du XIXe siècle. Cette liste est loin de résumer l’intérêt du site. Entre autre contenu, l’institution vous invitera également à flâner dans ses couloirs et ses expositions à travers une sympathique visite virtuelle.

Pour clore cet article, si vous hésitiez encore à faire un saut en Belgique à la faveur de ce bel événement culturel et médiéval, considérez encore le charme incomparable d’un séjour à Bruxelles. Entre sa gastronomie, ses animations, ses pubs, ses atouts historiques, mais encore l’esprit pétillant de ses habitants et leur sens de l’accueil, la capitale Belge saura vous fournir le cadre de moments uniques, en journée comme en soirée, au sortir du Musée.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

en août, le grand retour du festival de musique Voix et Route Romane

Festival de musiques médiévales Voix et route Romane

Sujet : événement, festival  musiques anciennes, musiques médiévales, patrimoine, églises romanes, chants polyphoniques, églises médiévales, Espagne médiévale
Période : Moyen Âge (XIIe au XVe s)
Evénement : 29 eme Festival Voix et Route Romane, « Ibérica »
Dates : du  27 août au 12 sept 2021
Lieu : Alsace, itinérant (route romane)

Bonjour à tous,

ur l’agenda des événements à retenir autour du Moyen Âge et de ses musiques, le vendredi 27 Août marquera le retour du Festival Voix et Route Romane. Il s’étalera, à l’habitude, sur plusieurs week-end, trois en tout, et proposera pas moins de 8 concerts d’exception, jusqu’à sa clôture, le dimanche 12 septembre.

Le Festival Voix et Route Romane :
musiques médiévales et patrimoine

Depuis quelques années déjà, nous relayons, avec plaisir, cet événement qui célèbre le Moyen Âge de plusieurs manières. Rappelons un peu ses fondamentaux avant de fournir plus de détails sur son programme 2021.

Le festival Voix et Route Romane affiche une double ambition : musicale et patrimoniale. Sur le mode itinérant, il se propose ainsi de faire découvrir à ses publics, les plus beaux monuments d’architecture romane de la région Grand Est et plus précisément d’Alsace, tout en les délectant de concerts de musiques médiévales donnés par les ensembles les plus prestigieux du moment.

« Iberica » : l’Espagne médiévale en vedette

Affiche du Festival de musiques médiévale Voix et route Romane

Pour cette édition, c’est « Iberica » qui sera à l’honneur, ou, si l’on préfère, l’Espagne médiévale. Ceux qui nous suivent savent combien ce thème nous est cher et, à dire vrai, ce programme 2021 s’avère plus que prometteur. Il proposera, en effet, un voyage autour des trois cultures et religions qui coexistaient alors sur la péninsule.

Pas question pour autant de tomber dans un idéalisme un peu surfait. L’introduction du programme du festival donne d’emblée le ton. On y apporte quelques bémols historiques à cette vision romancée qu’on retrouve parfois, ici ou là, d’une Espagne médiévale ou même d’une Andalousie totalement pacifiées où les 3 religions monothéistes et leur gens auraient coexisté dans une sorte d’égalitarisme, de liesse et de tolérance lisses. La réalité est un peu moins idyllique même si, en se souvenant de cours royales comme celle d’Alphonse X le savant, les organisateurs de l’événement rappellent très justement qu’à un certain niveau d’érudition et de pouvoir, l’atmosphère avait pu être quelquefois propice aux échanges et aux enrichissements mutuels.

Ajoutons que ce thème de l’Espagne médiévale tombe d’autant plus à point pour le festival qu’on célèbre, cette année, le 800e anniversaire de la naissance d’Alphonse X de Castille. Il aura, bien sûr, sa place dans la programmation, avec notamment ses cantigas de Santa Maria.

Iberica 2021 : les formations et les concerts

Voici un aperçu de ce que les organisateurs vous ont concocté. Pour ce cru, 8 ensembles de musique ancienne ont été invités.

Premier week-end, les 27 et 28 août.

Eduardo Paniagua, ensemble médiéval

Du point de vue des formations, c’est Eduardo Paniagua qui ouvrira le bal, le vendredi 27 août au soir, avec un concert dans le ton. Intitulé L’Espagne des trois cultures, ce programme verra les chants chrétiens, juifs et arabes du Moyen Âge se rejoindre et s’enchaîner sur scène, sous la houlette du grand directeur espagnol.

La Roza Enflorese, ensemble de musique médiévale

Il sera suivi, le lendemain, par l’ensemble La Roza Enflorese, originaire, quant à lui, de Belgique (comme son nom ne l’indique pas). Menée par ses deux fondateurs, la mezzo soprano Édith Saint-Mard et le flûtiste Bernard Mouton, entourés d’autres musiciens, cette formation médiévale, qui fêtera, cette année, ces 21 ans de carrière s’est consacrée tout particulièrement aux chants judéo-espagnols de la diaspora séfarade.

Second week-end, les 3,4 et 5 septembre

Ensemble Discantus, musiques anciennes et médiévales

C’est l’Ensemble Discantus qui ouvrira, le week-end suivant, avec un concert dédié aux cantigas de Sant Maria d’Alphonse X (le vendredi 3 septembre). Dans l’esprit de l’album Santa Maria, chants à la vierge dans l’Espagne du XIIIe siècle de cette formation médiévale, les cantigas d’Alphonse le Sage côtoieront ici des pièces mariales variées du Moyen Âge central et du XIIIe siècle (chants de troubadours, chants polyphoniques cisterciens, etc.). Avec ses sept voix féminines de toute beauté au rendez-vous, ce concert donné à l’Eglise de Sain-Foy de Sélestat, s’annonce comme une belle promesse d’émotion et d’évasion.

Proyecto EVOCA; quatuor médiéval

Le samedi 3, succédera une autre formation vocale féminine : Proyecto EVOCA. Ce jeune Quatuor d’origine espagnole s’est donné pour objectif « l’Exploration de la Vocalité et de l’Oralité du Chant Antique » (EVOCA) ; il proposera ici un premier programme élaboré à partir du Codex Calixtinus, manuscrit médiéval du XIIe siècle consacré à l’évocation de la vie de Saint-Jacques de Compostelle.

Cum Jubilo, formation de musique médiévale

Pour clôturer ce week-end sous des auspices artistiques très féminines, c’est Cum Jubilo, une formation française qui prendra le relai. Le dimanche, ce quintet féminin suivra, lui aussi, l’inspiration de Santiago mais en y ajoutant, cette fois, l’angle des routes de pèlerinages. Ainsi, le Codex Calixtinus viendra s’y trouver enrichi d’emprunts au corpus des Cantigas de Santa Maria. Encore un beau voyage en perspective.

Troisième week end, les 10,11 et 12 septembre

Tasto Solo, musiques du Moyen Âge et de la Renaissance

Le dernier week-end s’ouvrira sous la direction de Guillermo Pérez et sa formation Tasto Solo, dont le répertoire prend racine dans le Moyen Âge pour s’étendre jusqu’à la Renaissance. Son programme, au titre évocateur de La Flor en Paradis, entraînera son audience au XIVe siècle dans les monastères et les cours de Castille et d’Aragon. La créativité de son directeur autant que son parti pris de proposer un véritable spectacle vivant et riche d’improvisation devrait faire de ce concert un autre temps mémorable du festival à ne pas manquer.

La Quintina ensemble de musiques polyphoniques anciennes

Le samedi 11, ce sera au tour du jeune ensemble La Quintina de monter sur scène. Fondée en 2019, sous la direction du ténor Jérémie Couleau, cette formation française s’est donnée pour ambition de faire revivre les polyphonies oubliées sans se cantonner à une époque, i une ère géographique particulière. Leur concert, qui aura lieu en l’église de Saints-Pierre-et-Paul de Sigolsheim, entraînera son public dans la deuxième moitié du XVe siècle et, en Espagne, comme il se doit. On y suivra les pas et l’œuvre de Juan de Triana, compositeur espagnol, héritier de l’Ecole Franco-flamande et de ses chants polyphoniques. Sur les 20 pièces léguées par ce maître de musique de la renaissance, Jérémie Couleau et son ensemble se proposera de vous faire revivre ses chants spirituels.

Canticum Novum, musiques de l'Espagne médiévale

Enfin, le dimanche 12 septembre, pour clore ce festival en beauté, c’est l’ensemble français Canticum Novum qui nous fera voyager, une dernière fois encore, sur les routes menant à l’Espagne médiévale. Créée à la fin des années 90 par le contre-ténor et directeur d’orchestre Emmanuel Bardon, la formation explore depuis, les voies de la musique ancienne. Ayant fait de l’Europe et du bassin méditerranéen, sa zone de prédilection, il entend y questionner les échanges interculturels et les notions d’identité et de transmission. Pour ce concert de clôture, tout (ou presque) est dans le titre : Samâ-ï, Les routes d’Al-Andalous de Cordoue à Alep. On y partira donc sur les traces de la musique Arabo-Andalouse, de son émergence à son histoire et ses évolutions.

Un festival pour tous

carte des lieux du festival Voix et Route Romane

Bien entendu, le Festival Voix et Route Romane ne s’adresse pas qu’à la clientèle régionale du Grand Est. Il demeure, au contraire, totalement ouvert, ajoutant encore à sa vocation culturelle, historique et patrimoniale, une dimension touristique. Aussi, si vous ne connaissez pas la région et que vous êtes férus de musiques anciennes et de moments inoubliables dans des cadres enchanteurs, cela pourrait être un très beau choix de destination pour cet été.

Nous vous laisserons découvrir les tarifs des concerts (voir lien vers le site ci-dessous) mais nous pouvons déjà vous dire que les formules restent étonnamment accessibles au regard de la qualité proposée. Pour plus de détails sur cela, ainsi que sur les dates, lieux et réservations, merci de vous reporter au site officiel du Festival Voix et Route Romane (vous pouvez également le télécharger le programme du festival au format pdf sur ce lien alternatif).

En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE

Pour moyenagepassion.com
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Che Cosa è questa, Amor…, amour courtois, amour divin chez Landini

Sujet :  musique médiévale, ballata, chants polyphoniques, Ars nova, chanson médiévale, amour courtois
Période :  Moyen Âge tardif, XIVe siècle
Auteur : Francesco Landini (1325-1397)
Titre : Che Cosa è questa, Amor,
Interprètes : l’ensemble Mala Punica
Album : D’Amor Ragionando sous-titré Ballades du neo-Stilnovo en Italie: 1380-1415 (1994).

Bonjour à tous,

ous revenons, aujourd’hui, sur l’œuvre du maître de musique Francesco Landini. Dans l’Italie du Moyen Âge tardif et du trecento, cet organiste et compositeur florentin nous a laissé un riche legs musical polyphonique : 154 pièces à deux et trois voix entre madrigaux et « ballate » italienne. Cette dernière forme poétique et profane est typique du trecento italien et de l’Ars nova.

Amour courtois, amour mystique

La pièce du jour se situe dans la veine du reste de son œuvre. Il s’agit d’une ballata à 3 voix. Le maître organiste aveugle y mêle à la fois les codes de la courtoisie et du sentiment amoureux pour les faire s’animer d’une dimension transcendante et mystique.

Sous l’angle courtois, Landini s’adresse à l’Amour lui-même. Nous parle-t-il des vertus et de la beauté de l’amour en lui même ou, indirectement, de celles de sa bienaimée ? Elles seraient si grandes qu’il y aurait fusion entre cet amour terrestre et la mystique divine. Les deux viennent alors se répondre en miroir de sorte que le sentiment amoureux s’en trouve tout empreint de sacré. Au passage, la femme devient aussi un « intermédiaire », un rappel de l’amour divin.

C’est assez curieux parce que même si les médiévistes semblent s’accorder sur cette interprétation courtoise certains ont même émis l’hypothèse que « cosa » en fait de « chose » pouvait même être un prénom ou son diminutif, celui d’un dame chère au compositeur suivant comme on approche ce texte, Landini pourrait presque sembler être en train de parler de la vierge et de Sainte Marie plutôt que d’un amour terrestre. De fait, il pourrait être intéressant d’étudier à quel point cette chanson médiévale pourrait avoir sa place dans un corpus traitant des points de convergence entre courtoisie et culte marial.

Pour les sources de cette composition, nous vous renvoyons encore au très beau Codex Squarcialupi, le MS Mediceo Palatino 87 conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence. Ci-dessus, vous trouverez la page du manuscrit correspondant à la chanson du jour avec sa partition d’époque.

L’ensemble médiéval Mala Punica

Formé en 1987 par le flûtiste et directeur d’orchestre argentin Pedro Leonardo Memelsdorff, l’ensemble Mala Punica s’est spécialisé, à l’image de son fondateur, dans la musique ancienne et les chants polyphoniques médiévaux, le tout éclairé par de sérieuses recherches sur les sources historiques (ethnomusicologie).

Pour dire un mot de son directeur, Pedro Leonardo Memelsdorff est arrivé en Europe à la fin des années 70 et s’y est installé. Elève de la célèbre école suisse Schola Cantorum Basiliensis à l’image de nombreux grands de la scène médiévale, son parcours s’est encore enrichi d’un cursus au conservatoire d’Amsterdam et d’un Doctorat en Musicologie, également obtenu en Hollande. En plus de son propre ensemble, il a beaucoup collaboré avec Jordi Saval et Hespèrion XX. Enfin, sa grande carrière s’est aussi étendue du côté de l’enseignement et il a également publié de nombreuses contributions dans le domaine de la musicologie. Non content d’avoir été élève à la Schola Cantorum il en a été également le directeur, durant de nombreuses années.

Le Mala Punica est encore très actif sur la scène internationale et on pourra retrouver son actualité, ses concerts et ses programmes sur le site officiel de l’ensemble médiéval.

D’Amor Ragionando : L’album

C’est en 1994 que sort l’album D’Amor Ragionando sous-titré Ballades du neo-Stilnovo en Italie : 1380-1415. Sur un durée de 66 minutes, il présente neuf pièces en provenance du trecento y quattrocento italien dont quatre de Landini. Les autres compositions sont signées de Matteo de Perugia, Magister Zacharias, Ciconia et Anthonello de Caserta. Dès sa sortie, ce très bel album sera salué par la scène médiévale. On le trouve encore disponible à la vente chez certains distributeurs. Voici un lien utile pour plus d’informations : D’Amor ragionando: Ballate neostilnoviste in Italia 1380-1415

Membres ayant participé à cet album.

Pedro Memelsdorff (flûte), Kees Boeke (vielle, flûte), Svetlana Fomina (vielle), Christophe Deslignes (organetto), Karl-Ernst Schröder (luth), Jill Feldman (voix), Giuseppe Maletto (voix), Alberto Macchini (cloches, percussions)


« Che cosa è questa, Amor… »
une ballata à trois voix de Landini

Che Cosa è questa, Amor, che’l ciel produce
per far più manifesta la tuo luce?
Ell’è tanto vezzosa, onest’e vaga,

legiadr’e graziosa, adorn’e bella,

Ch’a chi la guarda subito’l cor piaga

chon gli ochi bei che lucon più che stella.
Et a cui lice star fixo a vederla tutta gioia e virtù in sé conduce
.

Che Cosa è questa, Amor, che’l ciel produce
per far più manifesta la tuo luce?
Ancor l’alme beate, che in ciel sono,

guardan questa perfecta e gentil cosa, dicendo :
(quando) fia che’n questo trono segga costei ;
dov’ogni ben si posa?

E qual nel sommo Idio ficcar gli occhi osa
vede come Esso ogni virtù in lei induce.
Che cosa è questa, Amor, che’l ciel produce

per far più manifesta la tuo luce?

Quelle est donc cette chose, Amour, que le ciel…
traduction française

Quel est donc cette chose, Amour, que le ciel produit
pour rendre ta lumière plus manifeste ?
C’est une chose si charmante, honnête et ravissante
élégante et gracieuse et bien parée,
Que celui qui la regarde en a soudainement le cœur chaviré (blessé)
par ses beaux yeux qui brillent plus qu’une étoile.
Et celui à qui il est donné de la contempler intensément
Se voit rempli de toute joie et de vertus.


Quel est donc cette chose, Amour que le ciel produit
pour rendre ta lumière plus manifeste ?
Mêmes les âmes béates qui sont aux cieux
regardent cette parfaite et noble chose en disant :
– Quand celle en qui toute bonté repose
pourra-t-elle s’asseoir sur ce trône ?


Et qui ose fixer les yeux sur le Dieu suprême
Voit comment celui-ci place toute vertu en elle.
Quel est donc cette chose, Amour, que le ciel produit
pour rendre ta lumière plus manifeste ?

En vous souhaitant très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes

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