Sujet : danse, musique médiévale, estampie, Italie, Ghaetta. Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle. Auteur : anonyme Source :Manuscrit Add 29987, Manuscrit de Londres, British Museum Titre : Ghaetta Interprètes : Arte Factum Album: « Saltos brincos y reverencias »
Bonjour à tous,
n espérant que ce billet vous trouve en joie, nous vous proposons une danse médiévale pour égayer votre journée. Tirée du Manuscrit de Londres, cette pièce nommée Ghaetta est une estampie de l’Italie du XIVe siècle, dont l’auteur est demeuré anonyme.
On trouve de nombreuses versions de cette pièce mais, aujourd’hui, nous vous proposons l’interprétation de l’excellente formation espagnole Artefactum dont nous avons déjà parlé, ici, à quelques reprises.
Tout entier dédié au répertoire de la musique médiévale, ce quatuor d’artistes andalous revisite avec bonheur les « classiques » du moyen-âge, en puisant à la source des manuscrits et des codex anciens. On leur doit, à ce jour, des albums qui passent pas les chansons de troubadours des XII, XIIe siècle, et vont jusqu’à Carmina Burana ou aux chants de pèlerins du moyen-âge central, en passant par les très célèbres Cantigas Santa Maria, et les danses médiévales et autres estampies qu’ils ont mis à l’honneur dans leur album « Saltos, brincos y reverencias » sorti en 2007 et réédité dans le courant de l’année 2016.
En vous souhaitant une merveilleuse journée et une belle écoute.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : danse, musique médiévale, saltarelle, saltarello, Italie Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle. Auteur : anonyme Source :Manuscrit Add 29987, Manuscrit de Londres, British Museum Interprètes : Arte Factum Album: « Saltos brincos y reverencias »
Bonjour à tous,
‘ensemble espagnol ArteFactum nous donne l’occasion, aujourd’hui, de revenir sur le manuscrit de Londres, référencé Add 29987, manuscrit du XVe siècle conservé au British Museum dont nous avons déjà parlé ici. C’est donc avec un joyeux et virevoltant saltarello que nous découvrons une pièce de plus de cet ouvrage ancien, précieux témoin des musiques et des chansons de l’Italie médiévale du XIVe siècle.
Artefactum, l’Andalousie à la conquête des musiques médiévales
Comme tous les Saltarello(s) contenus dans ce manuscrit ancien, la pièce du jour est restée, pour l’instant, anonyme. Concernant son interprétation, comme nous le disions plus haut, nous la devons à la très sérieuse formation andalouse qui s’est, depuis sa création en 1994, spécialisée dans les répertoires de musiques du moyen-âge central et tardif. Ajoutons encore que ce Saltarello est tiré de l’album « Saltos brincos y reverencias ». Pour l’acquérir ou pour les soutenir, n’hésitez pas à visiter leur site web. Vous pouvez également le trouver à l’achat en ligne à l’adresse suivante : Saltos, Brincos y Reverencias ou cliquer sur l’image ci-dessous.
Pour les voir en concert, aux dernières nouvelles et début novembre, ils jouaient à Tokyo, ce qui montre le bien le rayonnement de la musique médiévale dans le monde entier. Comme c’est un peu loin, avec un peu de patience, nul doute qu’ils reviendront proposer leur talent d’interprétation et leur répertoire du côté de l’Europe dans les mois qui viennent.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : danse, musique médiévale, ductia Période: moyen-âge central, XIIIe siècle Titre : « Ductia » Auteur : Anonyme Interprètes : ArteFactum Album: « Saltos brincos y reverencias » 2008
Bonjour à tous,
oici un peu de musique médiévale pour commencer dans la joie cette journée, avec une Ductia du XIIIe siècle. Comme l’estampie, la Ductia est, en générale, une pièce instrumentale destinée à être dansée même s’il en existe quelques formes chantées. De tempo modéré, rythmée par un battement de percussions, cette danse se classe dans la même famille que l’Estampie ou la nota. On la trouve mentionnée au XIVe siècle par Jean De Grouchy (1255-1320). théoricien de la musique français encore connu sous le nom de Johannes de Grocheio, dans son traité Ars musicae. L’auteur dira de ces danses qu’elles « influencent le coeur des jeunes filles et garçons et peuvent les tirer de la vanité » et leur prêtera même encore la réputation de pouvoir éloigner les passions et notamment celle qu’on appelle l’amour. Nous ne nous aventurerons pas à nous prononcer sur la nature scientifique de cette assertion mais il la faisait en relation à la difficulté technique et la concentration que ces danses très précises et structurées requéraient de leurs exécutants.
Artefactum un ensemble espagnol
dévoué au répertoire médiéval
oncernant les interprètes de cette ductia dont l’auteur est resté inconnu, à ce jour, ArteFactum est un ensemble espagnol originaire de Séville, formé de musiciens d’expérience aux trajectoires artistiques variées.
Dès leur création en 1994, le groupe s’est positionné sur le répertoire des musiques anciennes et médiévales, en ne s’interdisant rien et avec l’ambition de tout explorer de cette période, des pièces liturgiques aux compositions les plus légères, jusqu’à la poésie goliardique. On leur doit, à ce jour, cinq albums, dans lesquels ils nous entraînent successivement à la découverte de la musique des troubadours, des Cantigas Santa Maria ou des danses médiévales variées, en passant par les chants et musiques des pèlerins de Compostelle et en allant jusqu’à l’interprétation de Carmina Burana dont nous avions déjà publié un morceau de leur cru ici, il y a quelque temps.
Une très belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : poésie et chanson médiévales, humour médiéval, Goliards et poésie goliardique. Période : moyen-âge central, XI au XIIIe siècle Média : « in tabernum », tirée de Carmina Burana, Compositeur : Carl Orff Interprètes :Artefactum
In tabernum, Carmina Burana de Carl Orff
Humour médiéval au sens propre
ue les puristes et amateurs d’Histoire médiévale se réjouissent, aujourd’hui, en plus de parler de poésie, nous abordons l’humour médiéval sous une perspective historique. Jusque là, vous l’aviez compris, cette rubrique du site s’adressait plus à des façons modernes de rire du moyen-âge qu’à des commentaires éclairés sur l’humour médiéval d’époque. Cela ne changera d’ailleurs pas, dans cette rubrique, il sera bien toujours question de se divertir et de rire plus que de faire une sorte d’anthologie du rire médiéval, (qui, en réalité, serait surement nettement moins drôle comme le sont souvent les ouvrages qui parlent d’humour sans en faire). Nous allons donc continuer de maintenir cette partie du site dans son esprit original mais, une fois n’est pas coutume, nous dérogeons un peu à la règle, ici, pour parler de poésie satirique et d’humour médiéval « d’époque » donc.
Cet article a aussi sa place dans la rubrique musiques médiévales puisque nous postons ici un extrait de Carmina Burana par le groupe Artefactum(photo de droite): « cantate scénique du XXe siècle », me direz-vous! A quoi je répondrai: « certes!, » mais les paroles de cette cantate sont inspirées de poésies médiévales et goliardiques du XIIIe siècle, tirées justement du manuscrit du même nom, « Carmina Burana » découvert en 1803 à l’abbaye de Benediktbeuern, d’où sa légitime présence ici. (illustration en tête d’article, roue de la fortune, tiré de ce manuscrit)
Qui étaient les goliards?
Pour la plupart, les Goliards étaient de jeunes clercs, insoumis, qui ne s’intégraient pas aux institutions, ou même des étudiants en théologie ou en droit ayant délaissé leurs brillantes études ou ne les ayant pas encore achevées. Dans le courant du XIIe et XIIIe siècle, ce terme a donc désigné ces jeunes gens qui avaient pris la route et vagabondaient, troquant leur pitance contre leurs services, leurs poésies, ou leurs enseignements. Insouciants et peu conformistes, ces clercs chantaient alors, en latin et avec humour, les joies de la taverne – vantant les jeux et la boisson que l’on y trouvait -, mais aussi les plaisirs de la chair, et raillaient encore les religieux ou détournaient les ouvrages sacrés pour s’en moquer. Se faisant, ils suscitèrent, d’ailleurs, les foudres de l’Eglise et des universités qui, dans le courant du XIIIe siècle, condamnèrent, à diverses reprises ces clercs « ribauds » (débauchés) pour leurs agissements. (à droite, une miniature flamande de la fin du XVe siècle, scène de beuverie).
Goliards, littérature et poésie goliardique
Les Goliards nous ont laissé pour héritage des chansons et poésies satiriques et le nom d’un genre littéraire que l’on a regroupé sous l’appellation de poésie goliardique. Au sujet de leur influence littéraire, on va quelquefois jusqu’à leur prêter d’être à la genèse de la tradition satirique européenne ancienne et moderne (1) et on leur reconnaît souvent d’avoir eu une influence certaine sur l’art et la poésie de Rutebeuf et, plus tard, de Villon. Il faut noter qu’en dehors de ces clercs errants dont l’Histoire pour la plupart, n’a pas retenu les noms, d’autres auteurs célèbres s’étaient aussi essayés au genre dès le début du XIIe siècle (Abélard, Archipoeta de Cologne, Hugues d’Orléans, Gautier de Châtillon entre autres).
Les Goliards se sont-ils également inspirés de ces textes et de cette littérature, en la nourrissant à leur tour, de leurs créations? D’une certaine manière, nous sommes un peu face à la question de la poule et de l’oeuf; s’il est, en effet, facile de repérer l’influence de cette tradition satirique dans certains écrits et, par là, de savoir qui alimente cette littérature, affirmer qui en a allumé le feu ou peut en revendiquer la paternité est une autre paire de manches. Pour rester prudent, disons donc, pour l’instant, que l’ensemble de la poésie que l’on a nommé « goliardique » s’inscrit dans un corpus que ces jeunes clercs errants ont participé activement à alimenter, et en tout cas, suffisamment pour que la chose nommée dérive de l’appellation qu’on leur donnait.
Pour rejoindre les réserves ci-dessus, en fait d’accorder à ces goliards d’être les grands inspirateurs d’une certaine tradition satirique, d’autres auteurs, ailleurs, s’accordent plus à voir en ces clercs miséreux et à demi mendiants, de simples groupes d’ivrognes suffisamment lettrés pour écrire le latin, quand ce ne sont pas que des adolescents encore rebelles et bientôt rangés. O vérité historique, combien ta quête est quelquefois difficile! Voilà encore un sujet qu’il faudra creuser, plus avant, pour le démêler un peu.
(ci-contre scène de beuverie dans une taverne médiévale, fin du XIVe, British Library, Londres)
Au titre des questions qui courent sur les goliards, en tant que mouvement social et humain, les opinions entre historiens restent également partagées. Allaient-ils en bandes itinérantes véritablement structurées, ou, même, comme le suggérait à la fin du XIXe siècle l’historien médiéviste Joseph Bédier (1864-1938), étaient-ils un groupe de pression puissant, organisé comme une confrérie ou une société secrète? Bien loin de ces affirmations, Daniel POIRION (1927-1996), un autre grand historien, spécialiste du moyen-âge, nous enjoint, là encore, à la prudence. Selon lui, les sources historiques ne nous permettent d’établir rien de certain sur la dimension sociale et humaine du mouvement des goliards, et il reste de l’avis qu’en l’absence de faits avérés, il vaut mieux plutôt s’intéresser à la tradition littéraire goliardique qui est, je le cite, « d’une grande violence satirique, mais aussi d’une belle puissance poétique ». (2)
Une fois de plus, il semble que le temps et l’absence de sources, ont, pour l’instant, emporté avec eux une bonne partie des secrets de ces Goliards, en nous laissant un peu sur notre faim les concernant. Fort heureusement, il nous reste, tout de même d’eux, quelques textes qui ont traversé les âges et qui témoignent d’un certain regard insoumis, satirique, humoristique et festif sur ce moyen-âge central dont ils étaient contemporains. De l’humour médiéval donc, du vrai et de l’irrévérencieux!
La vidéo musicale, en tête de cet article et qui nous a fourni le prétexte à aborder la question des Goliards, est un extrait de la cantate Carmina Burana du compositeur allemand Carl Orff (1895-1982) (photo ci-dessous) interprété ici par l’excellent groupe, amateur de musique médiévale, ArteFactum . On doit à Carl Orff d’autres pièces que celle-ci, mais le succès populaire de cette cantateaura, d’une certaine manière, éclipsé le reste de son oeuvre auprès du grand public. D’ailleurs, Carmina Burana n’est qu’une partie d’un tryptique qui comprend deux autres pièces qui n’ont pas non plus rencontré, pour l’instant en tout cas, le même écho. Quoiqu’il en soit, la cantate Carmina Burana reste, comme nous le disions plus haut, inspirée de poésies médiévales et goliardiques du XIIIe siècle et le texte « quand nous sommes à la taverne » dont nous vous livrons ci-dessous les paroles est, bien évidemment, issu de cette tradition.
« In taberna quando sumus », version latine
In taberna quando sumus, non curamus quid sit humus, sed ad ludum properamus, cui semper insudamus. quid agatur in taberna ubi nummus est pincerna, hoc est opus ut quaeratur; si quid loquar, audiatur.
Quidam ludunt, quidam bibunt, quidam indiscrete vivunt. sed in ludo qui morantur, ex his quidam denudantur, quidam ibi vestiuntur, quidam saccis induuntur; ibi nullus timet mortem, sed pro Baccho mittunt sortem.
Primo pro nummata vini; ex hac bibunt libertini; semel bibunt pro captivis, post haec bibunt ter pro vivis, quater pro Christianis cunctis, quinquies pro fidelibus defunctis, sexies pro sororibus vanis, septies pro militibus silvanis. octies pro fratribus perversis, nonies pro monachis dispersis, decies pro navigantibus, undecies pro discordantibus, duodecies pro paenitentibus, tredecies pro iter agentibus.
Tam pro papa quam pro rege bibunt omnes sine lege. Bibit hera, bibit herus, bibit miles, bibit clerus, bibit ille, bibit illa, bibit servus cum ancilla, bibit velox, bibit piger, bibit albus, bibit niger, bibit constans, bibit vagus, bibit rudis, bibit magus, Bibit pauper et aegrotus, bibit exul et ignotus, bibit puer, bibit canus, bibit praesul et decanus, bibit soror, bibit frater, bibit anus, bibit mater, bibit ista, bibit ille, bibunt centum, bibunt mille.
Parum sescentae nummatae durant cum immoderate bibunt omnes sine meta, quamvis bibant mente laeta; sic nos rodunt omnes gentes, et sic erimus egentes. qui nos rodunt confundantur et cum iustis non scribantur.
« Quand nous sommes à la taverne »
version français moderne
Quand nous sommes à la taverne que nous importe de n’être que poussière , mais nous nous hâtons pour les jeux , qui nous mettent toujours en sueur Ce qui se passe dans la taverne où l’argent est le roi ça vaut le coup de demander et d’écouter ce que je dit.
Certains jouent , certains boivent , d’autres vivent sans pudeur De ceux qui jouent , certains se retrouvent nus certains sont rhabillés d’autres sont mis à sac . Personne ici ne craint la mort mais ils misent le sort pour Bacchus .
Le premier est pour le tournée , puis les affranchis boivent , une autre fois pour les prisonniers , une troisième pour les vivants , une quatrième pour les Chrétiens , une cinquième pour les fidèles défunts , une sixième pour les sœurs légères , une septième pour la troupe en campagne .
Une huitième pour les frères pervertis , une neuvième pour les moines dispersés , une dixième pour ceux qui naviguent une onzième pour les plaideurs , une douzième pour les pénitents , une treizième pour les voyageurs , une pour le pape une pour le roi tous boivent sans loi .
La patronne boit , le patron boit , le soldat boit , le prêtre boit , celui-ci boit , celle-ci boit , l’esclave boit avec la servante , l’agile boit , le paresseux boit , le blanc boit , le noir boit , le pondéré boit , l’inconstant boit , le fou boit , le sage boit , Le pauvre et le malade boivent , l’exilé et l’étranger boivent , l’enfant boit , le vieux boit , l’évêque et le doyen boivent , la sœur boit , le frère boit , la vieille boit , la mère boit , celui-ci boit ,celui-là boit , cent boivent , mille boivent .
Six cent pièces filent vite , quand , sans retenue tous boivent sans fin . Mais ils boivent l’esprit gai , ainsi nous sommes ceux que tous méprisent et ainsi nous sommes sans le sou , Ceux qui nous critiquent iront au diable et avec les justes ne seront pas comptés.
Voilà pour aujourd’hui, mes amis, donc, cette fois-ci, une belle journée et si d’aventure cet article vous a donné grand soif, une bonne santé avec modération!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la recherche du monde médiéval sous toutes ses formes.