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Clément Marot : du concentré d’humour noir dans une épitaphe.

humour_monde_medieval_poesie_satirique_citation_clement_marot_moyen-ageSujet : poésie médiévale satirique, épitaphe, humour médiéval, humour noir, mots d’esprit.
Période : fin du moyen-âge, début renaissance
Auteur : Clément Marot (1496-1544)
Titre : « De Frère Jehan L’evesque Cordelier Natif D’Orléans », épitaphe (1520)

Bonjour à tous,

N_lettrine_moyen_age_passionous vous invitons à découvrir, aujourd’hui, un peu de l’esprit caustique et satirique de Clément Marot en partageant une de ses épitaphes pleine d’humour, qui se comprend très bien sans traduction.

clement_marot_epitaphe_poesie_citation_medievale_satirique_humour_noir_moyen-age_tardif

« Cy gist, repose et dors léans
Le feu Evesque d’Orléans,
J’entends l’Evesque en son surnom,
Et frère Jehan en propre nom,
Qui mourut, l’an cinq cens et vingt,
De la verolle qui luy vint.
Or affin que sainctes et anges
Ne prennent ses boutons estranges.
Prions Dieu qu’au frère Frappart
Il donne quelque chambre à part. »
Clément Marot (1496-1544),
poète, auteur de la toute fin du moyen-âge, début de la renaissance.

Une excellent journée à tous!

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Actualisation du site : navigation, recherches thématiques et playlist des musiques médiévales

moyen_age_recherche_monde_medieval_auteur_thematique_lecture_audio_Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour information, nous avons, cette fin de semaine, actualisé et développé les menus qui se trouvent à la droite du site. A titre d’exemple,  le menu « lecture audio en vieux français »  a fait son apparition, ainsi qu’un menu sur les articles concernant l’histoire des châteaux-forts et des techniques de sièges médiévales. Un menu sur les auteurs dont nous avons jusque là le plus parlé est aussi disponible.  Les autres menus ont été également mis à jour et réordonnés. L’ensemble devrait constituer une alternative à la navigation catégorielle de gauche ou au champ recherche qui reste, bien sûr, toujours fonctionnel et pratique pour des recherches plus ciblées.

Au vue du nombre croissant d’articles et des actualisations quotidiennes, il va certainement nous falloir, sous peu, créer des niveaux supplémentaires de catégories, mais dans l’attente, ces changements devraient, nous l’espérons, faciliter grandement vos recherches par thématique ou par auteur médiéval sur le   site.

découverte monde médiéval

Du même coup, nous nous sommes aussi fendus d’une playlist youtube qui est tout en haut à droite du site et qui réunit – en principe et si nous n’en avons pas oublié – toutes les chansons, musiques, danses médiévales sur lesquels nous avons fait des articles détaillés jusque là : histoire, détail, auteur, interprètes, traduction-adaptation le cas échéant. Cela prend un petit côté radio « spécial moyen-âge » assez plaisant et nous y ajouterons les futurs morceaux que nous serons amené à détailler dans le futur.

playlist_medievale_danse_chansons_musiques_radio_moyen_age_marie_malicorne_le_luneuxUne seule chanson ne fait pas encore l’objet d’un article, la première, intitulée « Le luneux » mais je me devais vraiment de l’ajouter parce qu’elle possède une magie dont je n’ai pas réussi à me défaire depuis qu’un ami catalan me la fit découvrir, il y a un peu moins de dix ans. Il l’avait lui même écouté des années entières, sans en comprendre les paroles, fasciné par la pureté angélique de la voix de son interprète Marie Sauvet de Malicorne. Je lui ai traduit ce texte d’une poésie et d’une force incroyable, largement à la hauteur de cette interprétation  à fleur de peau et il lui a plu autant qu’il l’a surpris.

En espérant que toutes ces petites nouveautés vous aident à mieux naviguer sur l’ensemble des contenus et articles du site, et que tout cela vous agrée!

Une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com
« A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »

« Nécessité fait gens méprendre »: aux sources d’une citation de François Villon

poesie_medievale_satirique_eugene_deschamps_moyen_ageSujet: citation, poésie médiévale, poésie réaliste, maître de poésie, auteur, poète médiéval, citations expliquées, adaptation.
Période: moyen-âge tardif,
Auteur: François Villon (1431-1463)
Titre: Le testament (extrait)


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« Nécessité faict gens mesprendre Et faim saillir le loup des boys. »
François Villon –  maître de poésie médiévale.   Extrait du Testament.


Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoici une « citation » extraite du testament de Villon. Pour la remettre dans son contexte, elle fait suite à un passage où François Villon cite l’anecdote du corsaire Diomedés qu’Alexandre le Grand avait décidé d’interroger avant de le faire condamner. Sommer de répondre de ses crimes face à l’empereur, le pirate répondit, en substance,  que s’il en avait eu les moyens, il aurait été lui-même empereur. Au fond, tout n’était peut-être qu’une question d’échelle.  Devant sa répartie, non seulement Alexandre le Grand gracia le corsaire mais décida encore de faire sa fortune.  Dans sa poésie, Villon fera ajouter au corsaire que son infortune et sa misère seules expliquaient ou justifiaient ses actes :

« Et saichiez qu’en grant poverté,
Ce mot se dit communement,
Ne gist pas grande loyaulté. « 

L’Histoire de  l’anecdote sur Alexandre le Grand et le pirate Diomedés

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L’histoire d’Alexandre le Grand et du corsaire à la source d’inspiration de François Villon, Manuscrit “Schachzabelbuch”, Konrad von Ammenhausen, Stuttgart, 1467

Cette anecdote, connue surtout par Saint-Augustin qui la mentionne dans la Cité de Dieu pour illustrer le fait que les empires sans justice ne sont que des entreprises de brigandage, est tirée originellement de la République de Cicéron :

« Alexandre demandait à un pirate par quel attentat il osait infester la mer avec un misérable brigantin. Par le même droit, dit-il, qui vous fait ravager le monde »    Cicéron – La république – Livre III.

Voici l’extrait de Saint-Augustin :

« Que sont les empires sans la justice, sinon de grandes bandes de brigands ? De même, une bande de brigands est-elle autre chose qu’un petit empire, puisqu’elle forme une espèce de société gouvernée par un chef, liée par un contrat, et où le partage du butin se fait suivant citation_poesie_medievale_francois_villon_saint_augustin_alexandre_le_grand_ciceron_moyen-age_tardifcertaines règles convenues? Que cette troupe malfaisante vienne à augmenter en se recrutant d’hommes perdus, qu’elle s’empare de places pour y fixer sa domination, qu’elle prenne des villes, qu’elle subjugue des peuples, la voilà qui reçoit le nom de royaume, non parce qu’elle a dépouillé sa cupidité, mais parce qu’elle a su accroître son impunité. C’est ce qu’un pirate, tombé au pouvoir d’Alexandre le Grand, sut fort bien lui dire avec beaucoup de raison et d’esprit. Le roi lui ayant demandé pourquoi il troublait ainsi la mer, il lui repartit fièrement « Du même droit que tu troubles la terre. Mais comme je n’ai qu’un petit navire, on m’appelle pirate, et parce que tu as une grande flotte, on t’appelle conquérant ».
Saint Augustin – La cité de Dieu

poesie_medievale_epitaphe_villon_ballade_pendu_erik_satie_lecture_audioUtilisant l’anecdote dans le testament pour plaider en faveur de ses propres déboires et de ses inconduites, voilà ce que Villon conclut :

« Se Dieu m’eust donné rencontrer
Ung autre pitieux Alixandre
Qui m’eust fait en bon coeur entrer,
Et lors qui m’eust veu condescendre
A mal, estre ars et mis en cendre
Jugié me feusse de ma voys.
Necessité fait gens mesprendre
Et fain saillir le loup du boys. »
Francois Villon – Le testament

Ce qui très librement adapté en français moderne donne :

Si Dieu m’eut donné de rencontrer
Un être aussi compréhensif que le fut Alexandre
Qui m’eut  permis de vivre en honnête homme
Et que l’on m’eut alors surpris à m’abaisser à faire le mal
Je me serai jugé moi-même
Bon à être brûlé et mis en cendres
Nécessité fait gens mesprendre
Et faim saillir le loup du bois.


L’extrait complet de la poésie
dans la langue de maître  François Villon 

Après l’explication et la synthèse et pour varier un peu, voilà l’extrait complet de Villon dont est tirée cette citation :

Au temps qu’Alixandre regna,
Ungs homs nommé Dïomedés
Devant lui on lui admena,
Engrillonnné pousses et detz
Comme larron, car il fut des
Escumeurs que voyons courir;
S y fut mis devant ce cadés
Pour estre jugiez a mourir.

L’empereur si l’araisonna:
 » Pourquoy es tu laron en mer? »
L’autre responce lui donna:
 » Pourquoy laron me faiz clamer?
Pour ce qu’on me voit escumer
En une petïote fuste?
Se comme toy me peusse armer,
Comme toy empereur je feusse.

Mais que veulx tu! de ma fortune,
Contre qui ne puis bonnement,
Qui si faulcement me fortune,
Me vient tout ce gouvernement.
Excusez moy aucunement
Et saichiez qu’en grant poverté,
Ce mot se dit communement,
Ne gist pas grande loyaulté. « 

Quant l’empereur ot remiré
De Dïomedés tout le dit:
 » Ta fortune je te mueray
Mauvaise en bonne « , ce lui dist.
Si fist il; onc puis ne mesdit
A personne, mais fut vray homme;
Valere pour vray le bauldit
Qui fut nommé le Grant a Romme

Se Dieu m’eust donné rencontrer
Ung autre pitieux Alixandre
Qui m’eust fait en bon eur entrer,
Et lors qui m’eust veu condescendre
A mal, estre ars et mis en cendre
Jugié me feusse de ma voys.
Necessité fait gens mesprendre
Et fain saillir le loup du boys.

Voir tous les autres articles sur la poésie de François Villon.

Une belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Un trésor inestimable par Clément Marot

« D’être content sans vouloir davantage,
c’est un trésor qu’on ne peut estimer »
Citation de Clément MAROT de Cahors  (1496-1544), poète de la toute fin du moyen-âge et du début de la renaissance

Bonjour à tous,

F_lettrine_moyen_age_passion-copiaouir le bonheur de peur qu’il se sauve ou le cueillir pour ce qu’il est? Tel est « le » question comme dirait un de mes amis anglais.

Pour l’illustration de cette citation de Clément Marot, empreinte de sagesse, nous avons choisi d’utiliser son second portrait présumé. Si vous vous souvenez, dans un article précédent, nous avions abordé la question de l’autre portrait connu du célèbre poète, une peinture du XVIe siècle de Gian Giacomo de Alladio, dit Macrino D’Alba, mais comme cette dernière ne semble pas plus représenter le poète médiéval que mon arrière-grand père n’était représentant en Saucisses de Toulouse, cette fois-ci, nous avons opté pour la seconde peinture que l’on utilise généralement pour corneille_de_la_haye_peintre_royal_renaissancefigurer Marot et qui est, d’ailleurs elle-aussi, un portrait présumé. On la doit à Corneille de la Haye (1500-1575), peintre franco-hollandais contemporain de Marot, rebaptisé, quelques siècles après sa mort, Corneille de Lyon.

Quoiqu’il en soit, il reste difficile, dans bien des cas, de mettre un vrai visage sur les hommes du monde médiéval.  Les portraits que nous connaissons d’eux datent en effet, pour la plupart, de la renaissance – période durant laquelle cet art commencera a acquérir ses belles lettres -, et même souvent des siècles suivants et du XIXe siècle. D’ailleurs, ironie de l’histoire et même CQFD, pour ce peintre portraitiste lui-même, nous n’avons, là aussi, qu’un auto-portrait présumé (photo ci-dessus).

Mais, allons, puisque nous ne sommes plus à ça près, postons encore une ânerie du jour pour que la vérité triomphe. Et  que le meilleur gagne!

Sur ce joie, santé et longue vie, mes amis! Puisse l’étincelle de vie que nous portons en nous suffire, à chaque nouveau souffle, à nous faire toucher du doigt le trésor dont nous parle Clément Marot ici.

Fred
pour moyenagepassion.com.
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C