Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, chanson médiévale, galaïco-portugais, culte marial, louanges, Sainte-Marie, Vierge. Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Alphonse X (1221-1284) Titre : Santa Maria, Strela do dia, Interprètes : Ensemble Sequentia
Album : Gesänge für König Alfonso X. von Kastilien und León (1992)
Bonjour à tous,
ous repartons, toutes voiles dehors, pour l’Espagne médiévale du XIIIe siècle et l’étude des Cantigas de Santa Maria du souverain Alphonse X de Castille. Celle qui nous intéresse, aujourd’hui, est la Cantiga 100.
Pour varier un peu des Miracles que nous avons étudiés jusque là, c’est un chant de louange. Comme le poète s’adresse ici à la Sainte sous le nom de « Strela do dia« , « étoile du jour », il faut sans nul doute y voir une allusion à un ordre que Alphonse X avait lui-même fonde : l’Ordre de Sainte-Marie d’Espagne. Connu également sous le nom de El orden de la Estrella, cet ordre militaire et religieux avait vocation à défendre la couronne contre les attaques navales. L’interprétation que nous vous proposons ici est celle de l’Ensemble Sequentia sous la direction de Barbara Thornton et Benjamin Bagby.
La Cantiga de Santa-Maria 100 par Sequentia
Chants pour le roi Alphonse X de Castille et León
En 1991-92, L’ensemble médiéval Sequentia décidait de faire une incursion dans le très célèbre répertoire des Cantigas d’Alphonse X. Sous le titre « Gesänge für König Alfonso X. von Kastilien und León. » ou « Chansons pour le roi Alphonse X de Castille et León(1221-1284) », la formation proposait ainsi une sélection de dix-huit pièces dont 14 Cantigas, accompagnées de quatre autres compositions d’époques.
L’album est encore distribué à ce jour et, à toutes fins utiles, voici un lien pour vous le procurer : Sequentia performs Vox Iberica III by El Sabio (DHM). Il constitue le troisième volet d’un triptyque nommé Vox Iberica (I, II et III) autour des musiques religieuses de l’Espagne médiévale. Le premier était consacré au Codex Calixtinus, musique du XIIe siècle en l’honneur de Saint-Jacques l’apôtre. ; le second au Codex de Las Huelgas de Burgos et le troisième, celui du jour, aux Cantigas de Santa-Maria.
La Cantiga de Santa Maria 100
et sa traduction en français moderne
Esta é de loor.
Celle-ci est un chant de louanges
Santa Maria, Strela do dia, mostra-nos via pera Deus e nos guia.
Sainte-Marie Etoile du jour Montre nous la voie vers Dieu et guide-nous
Ca veer faze-los errados que perder foran per pecados entender de que mui culpados son; mais per ti son perdõados da ousadia que lles fazia fazer folia mais que non deveria.
Santa Maria…
Car tu fais voir aux égarés Qui se sont perdus par leur péchés Et comprendre qu’ils sont très coupables, Mais par toi, ils sont pardonnés De l’audace Qui leur faisait Commettre des folies Qu’ils ne devaient pas.
Sainte-Marie…
Amostrar-nos deves carreira por gãar en toda maneira a sen par luz e verdadeira que tu dar-nos podes senlleira; ca Deus a ti a outorgaria e a querria por ti dar e daria.
Santa Maria…
Tu dois nous montrer la voie Pour gagner, en toute chose, La lumière véritable et sans égale Que tu es seule à pouvoir nous désigner Car Dieu; à toi seule L’a accordé Et il a voulu te la donner pour toi et pour que tu la donnes.
Sainte-Marie…
Guiar ben nos pod’ o teu siso mais ca ren pera Parayso u Deus ten senpre goy’ e riso pora quen en el creer quiso; e prazer-m-ia se te prazia que foss’ a mia alm’ en tal compannia.
Santa Maria…
Ton jugement peut nous guider parfaitement plus que tout, vers le paradis, où dieu a toujours joie et sourires pour celui qui a voulu croire en lui; Et il me plairait, S’il te plait à toi, Que mon âme se tienne En telle compagnie.
Sujet : musique médiévale, chanson, cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie, Dragon, Vierge, lèpre. Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Alphonse X (1221-1284) Titre : Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon Interprète : Eduardo Panigua Album : Remedios Curativos (1997)
Bonjour à tous,
otre exploration du culte marial du moyen-âge central se poursuit, aujourd’hui, à travers l’étude des Cantigas de Santa Maria du roi de Castille Alphonse X. Est-il un miracle que la Sainte ne puisse accomplir pour l’homme médiéval doté de foi véritable ? Il semble que non et cette Cantiga 189 va encore nous le démontrer.
Le récit d’une guérison miraculeuse
On croise bien des dangers sur les chemins de pèlerinage, a fortiori quand l’on décide de les arpenter seul, mais l’égaré, guidé par sa foi en la Sainte mère du Christ, peut compter sur la protection de cette dernière ou sur son intervention pour réparer et effacer les plus terribles des disgrâces et des incidents de parcours. Sur les rives les plus fantastiques de ces chants dévots du XIIIe siècle, il est ici question, tout à la fois, de dragon, de poison, de lèpre (on se souviendra que ce dernier terme désignait alors un grand ensemble d’affections) et de guérison miraculeuse.
La Cantiga de Santa Maria 189 par Eduardo Paniagua
« Remedios Curativos », les remèdes curatifs
dans les Cantigas de Santa Maria
Comme nous l’avions déjà indiqué, en présentant dans un article précédent Eduardo Paniagua, on doit à ce grand musicien espagnol, passionné de répertoire médiéval, l’enregistrement de l’ensemble des Cantigas d’Alphonse X de Castille. Il y a ainsi consacré un grand nombre d’albums en opérant souvent, pour se faire, des regroupements thématiques particuliers au sein de ce vaste corpus.
En 1997, sous le titre Remedios curativos, avec sa formation spécialisée dans les musiques anciennes et médiévales, il proposait ainsi un bel album regroupant onze Cantigas de Santa Maria (dont trois en version instrumentale) sur le thème de la guérison miraculeuse. L’album est toujours édité et vous trouverez ici un lien permettant de le pré-écouter ou de l’acquérir au format CD ou MP3 : Remedios Curativos – Cantigas de Santa Maria
L’ermitage de Sainte-Marie de Salas
Le pèlerinage dont il est question dans cette chanson est celui de Sainte-Marie de Salas, à Huesca, au Nord de l’Espagne et dans l’Aragonais. Un ermitage y fut construit au début du XIIIe qui fit l’objet de nombreux récits de miracles. Comme dans nombre d’autres cas, certains d’entre eux furent sans doute forgés, au départ, autour des lieux Saints par ceux-là même qui y officiaient afin d’attirer plus de pèlerins. De fait, le lieu connut une grande popularité et vit affluer de nombreux croyants dans le courant du moyen-âge central.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon, Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison
Note : cette traduction du galaïco-portugais vers le français moderne a été effectuée, comme à l’habitude, par votre serviteur, à l’aide de sources et recherches diverses. Elle n’a pas la prétention de la perfection mais simplement de s’approcher, au plus près, du sens général du texte.
Esta é como un ome que ya a Santa Maria de Salas achou un dragon na carreira e mató-o, e el ficou gafo de poçon, e pois sãou-o Santa Maria.
Celle-ci conte comment un homme qui allait à Sainte-Marie de Salas, croisa un dragon en chemin et le tua, et il en devint lépreux et, suite à cela, Sainte Marie le guérit.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon, pois madr’ é do que trillou o basilisqu’ e o dragon.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison Puisqu’elle est la mère de celui qui terrassa le basilic* et le dragon.
(* bête légendaire, symbole biblique de Satan)
Dest’ avo un miragre a un ome de Valença que ya en romaria a Salas soo senlleiro, ca muit’ ele confiava na Virgen Santa Maria; mas foi errar o camynno, e anoiteceu-ll’ enton per u ya en un monte, e viu d’estranna faiçon
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
De là, un miracle survint à un homme de Valence allé en pèlerinage
à Salas, seul et sans compagnie, car il avait une grande confiance en la Vierge Sainte-Marie; Mais il se trompa de chemin et la nuit le surprit tandis qu’il se trouvait sur une montagne, et il vit une étrange face
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
A ssi vir ha bescha come dragon toda feita, de que foi muit’espantado; pero non fugiu ant’ ela, ca med’ ouve se fogisse que seria acalçado; e aa Virgen beita fez logo ssa oraçon que o guardasse de morte e de dan’ e d’ ocajon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Venir jusqu’à lui, toute semblable à un dragon, dont il fut très effrayé: Mais il ne s’enfuit pas face à elle, de crainte qu’elle ne le poursuive; Et à la Vierge bénite, il fit alors sa prière, Pour qu’elle le garde de la mort, des dommages et des disgrâces.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
A oraçon acabada, colleu en ssi grand’ esforço e foi aa bescha logo e deu-ll’ ha espadada con seu espadarron vello, que a tallou per meogo, assi que en duas partes lle fendeu o coraçon; mas ficou enpoçõado dela des essa sazon. Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
La prière finie, il prit sur lui et, dans un grand effort, s’approcha de la bête
Et il lui donna un coup avec sa vieille épée qui la trancha en deux moitiés
De sorte qu’il lui fendit le cœur en deux
Mais à partir de là, il fut empoisonné
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Ca o poçon saltou dela e feriu-o eno rosto, e outrossi fez o bafo que lle saya da boca, assi que a poucos dias tornou atal come gafo; e pos en ssa voontade de non fazer al senon yr log’ a Santa Maria romeiro con seu bordon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Car le poison surgit et le toucha au visage, ainsi que la vapeur Qui sortait de la bouche de la bête, de sorte que quelques jours après, il devint comme un lépreux; Et il mis toute sa volonté à ne faire rien d’autres, sinon de se rendre avec son bâton de pèlerin, jusqu’à Sainte Marie.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Aquesto fez el muy cedo e meteu-ss’ ao camo con seu bordon ena mão; e des que chegou a Salas chorou ant’ o altar muito, e tan toste tornou são. E logo os da eigreja loaron con procisson a Virgen, que aquel ome guariu de tan gran lijon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Ainsi, fit-il cela sans délai, et il se mit en chemin, son bâton à la main;
Et dès qu’il arriva à Salas, il se mit à beaucoup pleurer en face de l’autel, et, aussitôt, il se trouva soigné.
Et après cela ceux de l’église ont loué, en procession,
La vierge qui avait guéri cet homme d’une si grande blessure.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Pour les plus mélomanes d’entre vous, n’hésitez pas à consulter le site suivant : Cantigas de Santa Maria. Animé par un expert du sujet, il est en anglais, mais vous y trouverez de nombreuses indications musicales et rythmiques sur les Cantigas d’Alphonse le Sage.
Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie, vengeance, Vierge, chevalier Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Alphonse X (1221-1284) Titre : Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben, Interprètes : Rosa Gallica (régizenei együttes)
Bonjour à tous,
ous poursuivons notre voyage du côté de l’Espagne médiévale, avec les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse X de Castille, toutes entières dédiées au culte marial. Aujourd’hui, nous approchons de plus près la .Cantiga 207. Elle nous conte l’histoire d’un chevalier fervent serviteur de la Sainte qui, voulant venger son fils assassiné par un autre chevalier, accorda finalement son pardon au meurtrier et le relâchera après avoir vu l’image de la vierge (sans doute une statue) dans une église. Il est donc question ici de miracle puisque le poète nous conte même qu’ayant vu l’homme faire montre de clémence, la statue s’inclina et l’en remercia.
La Cantiga 207 par l’Ensemble médiéval Rosa Gallica musique ancienne
L’Ensemble médiéval Rosa Gallica
C’est, cette fois, du côté de la Hongrie que nous entraîne l’interprétation de la cantate du jour. Nous la devons à un tout jeune groupe qui s’est formé en 2014.
En prenant le nom de Rosa Gallica, (nom latin de la Rose de Provins), ces créateurs ont aussi tenu à marquer clairement leur intérêt pour le répertoire galaïco- portugais du moyen-âge central et notamment les Cantigas de Santa Maria d’Alphonse le Sage. De fait, ils se produisent depuis quelques années déjà, sur la scène hongroise dans un spectacle qui leur est totalement consacré.
La formation trouve en réalité ses origines dans un trio de joyeux musiciens du nom de Sub Rosa présent dans le champ de la musique médiévale depuis 1999. A l’occasion du projet autour des Cantigas, les trois artistes ont décidé d’élargir leur collaboration à plusieurs autres musiciens de talent, dont notamment une chanteuse à la superbe voix : Anna Orsolya Juhász.
Bien que n’ayant pour l’instant qu’une carrière relativement courte, on doit déjà à Rosa Gallica deux mini-CDs ainsi qu’un livre audio autour de Cantigas. Vous pourrez retrouver ces productions ainsi que des musiques à télécharger sur leur site web. Dans le même temps, le Trio Sub-Rosa continue de produire ses propres spectacles ou albums sur un répertoire plus profane et festif mais qui reste centré sur le moyen-âge central et même plus spécifiquement le XIIIe siècle.
La Cantiga de Santa Maria 207
La vengeance d’un chevalier
Esta é como un cavaleiro poderoso levava a mal outro por un fillo que lle matara, e soltó-o en ũa eigreja de Santa María, e disse-lle a Magestade “gracías” porên.
Celle-ci raconte comment un chevalier puissant en voulait (malmenait) à un autre qui avait tué son fils, et le relâcha dans une église de Sainte-Marie, et sa majesté lui dit « Merci » pour cela.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben, demostrar-ll’ averá ela sinaes que lle praz ên.
Si vous accomplissez avec bonne volonté, quelque bonne action pour la vierge, elle vous montrera les signes qu’elle s’en réjouit.
Desto vos direi miragre, ond’ averedes sabor, que mostrou Santa María con merce’ e con amor a un mui bon cavaleiro e séu quito servidor, que ena servir metía séu coraçôn e séu sen.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
A ce propos, je vous conterai d’un miracle, que vous goûterez la saveur Qui montre la miséricorde et l’amour de Sainte Marie envers un bon chevalier qui était son serviteur et qui mettait son cœur et son intelligence à la servir.
El avía un séu fillo que sabía mais amar ca si, e un cavaleiro matou-llo. E con pesar do fillo foi el prendê-lo, e quiséra-o matar u el séu fillo matara, que lle non valvésse ren.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
Il avait un fils à qui il donnait beaucoup d’amour Mais, hélas, un chevalier le tua. Et portant la tristesse Du fils qu’on lui avait pris, il voulut le tuer à l’endroit même où l’autre avait tué son fils, même si cela ne servait à rien.
E el levando-o preso en ũa eigreja ‘ntrou, e o pres’ entrou pós ele, e el del non se nembrou; e pois que viu a omagen da Virgen i, o soltou, e omildou-s’ a omagen e disso “graças” porên.
Se óme fezér de grado pola Virgen algún ben…
Et comme il l’avait fait prisonnier, il entra dans une église, Et le prisonnier entra après lui, et ce dernier ne se souvenait plus de lui ; Et après qu’il ait vu l’image (statue) de la Vierge, il le relâcha, Et alors « l’image » s’inclina et dit « Merci pour cela ».
Sujet : musique médiévale, Cantigas de Santa Maria, chanson, galaïco-portugais, culte marial, Sainte-Marie, vierge, Moyen Âge chrétien, Espagne médiévale Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Titre : Cantiga 1 « Des oge mais…» Auteur : Alphonse X (1221-1284) Interprète : Ensemble Antequera, Johannette Zomer Album : Eno Nome de Maria, Cantigas de Santa María d’Alphonse X le Sage (2001)
Bonjour à tous,
n suivant le fil des Cantigas de Santa Maria d’Alphonse le Sage, que nous nous sommes pris à traduire et commenter depuis quelque temps déjà, nous revenons aujourd’hui à leur source en vous présentant la première de ce recueil de chansons médiévales dédiées à la Sainte, sur le ton et à la manière d’un troubadour.
Dans cette première Cantiga, le poète nous explique sa résolution de ne plus exercer son art de « trouver » qu’en l’honneur de la vierge Marie, ce qu’il fera tout au long de ce volumineux ouvrage. Il y passe aussi en revue, les grands moments de la vie de la Sainte et toutes les bonnes raisons qu’il y voit de lui dédier ses vers et sa foi.
Que les amateurs de musique, mais aussi d’Histoire médiévale trouvent ici de quoi mieux comprendre les fondements de ce culte Marial, dont nous ne finissons pas de souligner l’importance au sein d’un Moyen Âge européen et chrétien qui a fait du Salut, une question primordiale et de la Sainte, une voie d’exception pour l’atteindre. Dans ceux que ces traductions pourraient encore intéresser, nous n’oublions pas non plus, les chrétiens qui nous lisent. Qu’ils leur plaisent de trouver ici, l’antique témoignage de cet amour et cette foi véritables que l’homme médiéval a voué à Marie et, pourquoi pas, les bases de quelques chants inspirés.
La Cantiga de Santa Maria 1 par L’Ensemble Antiquera
L’Ensemble médiéval Antequera
Fondée dans le courant des années 90, par sept musiciens venus de pays différents, avec une large représentation de la Hollande, l’Ensemble Antequera s’est spécialisé dans un répertoire touchant les musiques médiévales espagnoles. Sous le nom d’Antequera on ne leur connait que deux albums, celui dont est issu la pièce présentée ci-dessus, et un autre sur les musiques juives et chrétiennes de l’Espagne médiévale.
La formation n’a plus fait parler d’elle depuis longtemps déjà et on ne trouve hélas aucun site web, ni même une page Facebook en ligne pour nous donner plus de détails sur elle. La plupart des artistes l’ayant composée sont en revanche toujours actifs dans le champ des musiques anciennes. En voici la liste : Sabine van der Heyden ( chant, vièle à roue) Carlos Ferreira Santos (chant), Sarah Walden (vièle), Lucas van Gent (flûte et rebab) René Genis (luth), Michèle Claude et Robert Siwak (percussion).
Eno Nome de Maria Cantigas de Santa María d’Alphonse X le Sage
Dans le courant de l’année 2001, l’Ensemble Antequera enregistrait à Paris, à la Chapelle de l’hôpital Notre-Dame de Bonsecours, un album dédié aux Cantigas d’Alphonse X, en proposant 12 pièces choisies de ce vaste répertoire. Rejoint pour l’occasion par la très reconnue cantatrice soprano néerlandaise Johannette Zomer, l’album fut largement salué et on n’en trouve encore d’excellentes critiques en ligne.
Dans son approche des cantigas, la formation a accordé une large place à l’improvisation et a aussi fait une belle part à des variations mélodiques où viennent se mêler les influences du berceau méditerranéen et les tons chauds de la musique séfarade ou arabe de cette période. Sommes-nous proches de l’interprétation qu’en faisaient les troubadours de l’époque ? Difficile de l’affirmer même si l’on peut supposer que ces derniers s’adonnaient aussi aux digressions et aux improvisations.
Se souvenant du goût et de l’ouverture d’esprit du souverain de Castille pour les cultures présentes sur le territoire de l’Espagne d’alors (voir portrait d’Alphonse X),, on pourra encore tout à fait rejoindre l’esprit de cette interprétation et en comprendre mieux le cheminement. En se fiant aux manuscrits anciens autour de ces Cantigas, on y retrouve également illustrée une pléthore d’instruments qui laisse présumer encore de la richesse des sonorités et des interprétations auxquelles ses chansons médiévales pouvaient être sujettes.
Ajoutons encore que dans cet album où l’Ensemble déroule chaque pièce, avec délectation, on reconnaîtra la maîtrise d’un répertoire déjà longuement éprouvé. Cette production fait, en effet, suite à plus de dix ans de pratique par l’Ensemble Antequera des Cantigas de Santa Maria et il en est, en quelque sorte, le couronnement. Du côté distribution, il est toujours édité et vous pourrez le trouver à l’adresse suivante : Cantigas de Santa Maria: Eno nome de Maria.
Des oge mais quer’ eu trobar les résolutions pieuses d’un Troubadour
NB. Cette traduction n’a absolument aucune prétention de rejoindre la force et la poésie de l’originale. Ce n’est vraiment qu’un guide de compréhension générale. Dans le même esprit, nous avons aussi maintenu autant que faire se peut et au détriment du style, l’ordre des phrases pour coller à la version originale. Il est évident qu’une véritable adaptation supposerait un sérieux remaniement.
Esta é a primeira cantiga de loor de Santa María, ementando os séte goios que ouve de séu Fillo.
Ceci est la première Cantiga de louanges à Sainte-Marie, nous rappelant les sept joies qu’elle reçut de son fils.
Des oge mais quér’ éu trobar pola Sennor onrrada, en que Déus quis carne fillar bẽeita e sagrada, por nos dar gran soldada no séu reino e nos erdar por séus de sa masnada de vida perlongada, sen avermos pois a passar per mórt’ outra vegada.
A partir d’aujourd’hui, je ne veux plus « trouver » (chanter et composer)
Que pour la Dame Honorée, En laquelle Dieu voulut se faire chair, Bénite et sacrée, Pour nous donner une grande foi En son règne et nous faire héritage A ceux de sa Maison (Mesnie) De la vie éternelle Sans que nous n’ayons plus à passer Par la mort, une autre fois.
E porên quéro começar como foi saüdada de Gabrïél, u lle chamar foi: “Benaventurada Virgen, de Déus amada: do que o mund’ á de salvar ficas óra prennada; e demais ta cunnada Elisabét, que foi dultar, é end’ envergonnada”.
Et pour cela je veux commencer à conter Comment elle fut saluée Par Gabriel qui vint l’appeler : « Bienheureuse Vierge, aimée de Dieu : De celui qui doit sauver le monde Tu es maintenant enceinte, Comme ta cousine Elisabeth, qui doutait et marchait dans la honte.
E demais quéro-ll’ enmentar como chegou canssada a Beleên e foi pousar no portal da entrada, u pariu sen tardada Jesú-Crist’, e foi-o deitar, como mollér menguada, u deitan a cevada, no presév’, e apousentar ontre bestias d’ arada.
Et je veux dire encore, Comme elle arriva épuisée A Bethléem y se réfugia A la porte d’entrée Et enfanta sans tarder, Jésus-Christ, et alla l’étendre Comme une femme miséreuse Là où l’on verse l’orge (mangeoire ) dans la crèche, et l’installa parmi les bêtes de trait.
E non ar quéro obridar com’ ángeos cantada loor a Déus foron cantar e “paz en térra dada”; nen como a contrada aos tres Reis en Ultramar ouv’ a strela mostrada, por que sen demorada vẽéron sa oférta dar estranna e preçada.
Et je ne veux pas oublier Comme les anges s’en furent chanter Leur cantique de louanges à Dieu « Que la Paix sur la terre soit donnée », Ni comment l’étoile montra la contrée Aux trois rois d’outre-mer, Pour que, sans tarder, Ils viennent faire leurs offrandes Etranges et précieuses.
Outra razôn quéro contar que ll’ ouve pois contada a Madalena: com’ estar viu a pédr’ entornada do sepulcr’ e guardada do ángeo, que lle falar foi e disse: “Coitada mollér, sei confortada, ca Jesú, que vẽes buscar, resurgiu madurgada.”
Et je voudrais conter un autre épisode,, Que vous avez déjà entendu conter C’est comment Madeleine vit la pierre entrouverte du sépulcre, gardé Par l’ange qui vint à lui parler et lui dit « Pauvre femme (malheureuse), Console-toi, Jésus que tu es venu chercher, Est ressuscité à l’aube.
E ar quéro-vos demostrar gran lediç’ aficada que ouv’ ela, u viu alçar a nuv’ enlumẽada séu Fill’; e pois alçada foi, viron ángeos andar ontr’ a gent’ assũada, mui desaconsellada, dizend’: “Assí verrá julgar est’ é cousa provada.”
Et je veux encore vous montrer La très grande joie Qu’elle reçut, quand elle vit s’élever Dans un nuage empli de lumière Son fils, Et après qu’il fut élevé Ils virent les anges passer entre les gens rassemblés là et qui étaient très déconcertés En disant « C’est ainsi qu’il viendra juger, ceci en est la preuve. » (cela est chose prouvée)
Nen quéro de dizer leixar de como foi chegada a graça que Déus envïar lle quis, atán grãada, que por el’ esforçada foi a companna que juntar fez Déus, e enssinada, de Spírit’ avondada, por que soubéron preegar lógo sen alongada.
Et je ne veux non plus cesser de dire Comment lui parvint La grâce si grande que Dieu voulut lui envoyer Afin que, par elle, soit renforcée L’armée apostolique que Dieu (Jésus) avait levée, Enseignée et enrichie par l’Esprit Saint, Grâce à quoi ils surent pêcher, par la suite, sans détour.
E, par Déus, non é de calar como foi corõada, quando séu Fillo a levar quis, des que foi passada deste mund’ e juntada con el no céo, par a par, e Reínna chamada, Filla, Madr’ e Crïada; e porên nos dev’ ajudar, ca x’ é nóss’ avogada.
Et, par Dieu, ce n’est pas chose à taire, Que de conter comment elle fut couronnée, Quand son fils voulut l’emporter Au moment où elle passa dans l’autre monde Et comment ils s’unirent Côte à côte, dans le ciel Pour qu’elle soit nommée Reine, Fille, mère et servante; Et pour cela elle doit nous aider, Car elle est notre avocate.