Sujet : Kaamelott, humour, série télévisée, nouveauté, légendes arthuriennes, quête du Graal, Heroic Fantasy, médiéval-fantastique,
DVD, Blu-ray, coffret, intégrale. Période : haut moyen-âge à moyen-âge central, Auteur : Alexandre Astier Distribution : Studio M6,
Bonjour à tous,
u côté des légendes arthuriennes revisitées à la lumière de notre temps et avec humour, on notera que Alexandre Astier, auteur-réalisateur entre autres oeuvres, de Kaamelott, vient tout juste d’annoncer la sortie d’un coffret, réunissant l’ensemble des opus de la célèbresérie télévisée. Jusque là, l’offre était, en effet, fractionnée par livres.
Prévu pour début octobre prochain, ce coffret qui totalise, ainsi, des heures de visionnage (mis bout à bout, plus de 35 heures, sans coupure et sans pub !) devrait ravir les fans puisqu’un bon nombre d’entre eux l’attendait depuis longtemps déjà. Il devrait aussi donner des idées de cadeaux à tous ceux qui veulent faire partager leur goût pour les aventures épiques des chevaliers du Graal, à la façon d’Alexandre Astier.
Depuis sa sortie, la série a su conserver une base de plusieurs millions de fans; elle est encore régulièrement rejointe par de nouveaux amateurs qui la découvrent, à travers ses nombreuses rediffusions tv, et on peut donc s’attendre à ce que ce coffret rencontre un franc et légitime succès. C’est, en tout cas, tout le mal que nous lui souhaitons.
Au titre de bonus, il contiendra, sans nul doute, quelques surprises supplémentaires, comme le suggère le teaser, publié, dans la foulée, par l’auteur lui-même, sur sa chaîne youtube. Il y démontre encore l’étendue de ses talents, cette fois, dans le registre musical et la direction d’orchestre. On dira ce qu’on voudra, mais tout de même, mener à la baguette le grand Orchestre National de Lyon, c’est prestigieux.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Kaamelott, la série met en scène la quête médiévale du Saint-Graal, à travers les aventures de chevaliers de la table ronde, légèrement ralentis par leur propre capacité d’entendement.
Au programme, comédie, non-sens, situations jubilatoires et des dialogues rythmés et savoureux qui n’hésitent pas à puiser dans le registre d’un argot que n’aurait pas désavouer Michel Audiard, et qui plaque, sur les légendes arthuriennes, une modernité rafraîchissante. Il n’est pas pour autant question d’y botter en touche la gravité que prend parfois le roman arthurien dont l’auteur suit la trame (en y posant tout de même sa propre signature) ; la narration sait aussi, par instants, se faire plus grave, en particulier dans les derniers opus, qui, rappelons-le, ne sont pas tout à fait les derniers, puisque une trilogie cinématographique, en préparation, devrait leur faire suite.
Redisons-le, la richesse de Kaamelott en fait une série indémodable, à visionner et à revisionner. Pour preuve, elle est, depuis sa première sortie, régulièrement rediffusée à la télévision. Il faut d’autant plus saluer ce succès qu’elle demeure une production télévisuelle de qualité, 100% française, comme il n’y en plus tant dans notre paysage audiovisuel.
Avec ce coffret, on pourra donc profiter de Kaamelott, sans coupure et sans pub, comme nous le disions plus haut. C’est d’autant plus important que les épisodes des quatre premiers livres ont des formats courts et, il faut bien le dire, même en comprenant bien la logique économique et le modèle sous-jacent, la vente interposée de salades, de jus de fruits et autres produits de grande consommation, pouvaient, en gâter, avant ce coffret, franchement le rythme.
En vous souhaitant une très belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
PS : sur les photos de l’article et dans l’ordre, Alexandre Astier (Roi Arthur), Thomas Cousseau (Lancelot du Lac), Carlo Brandt (Méléagant)
Sujet : légendes arthuriennes, Méléagant, héros arthuriens, roi Arthur, table ronde, chevaliers, littérature médiévale, roman arthurien, Lancelot. Période : moyen-âge central, haut moyen-âge Auteurs : Chrétien de troyes et divers auteurs du XIIe à nos jours. Sources: Britannia, Universalis, Le Chevalier de la Charrette, Kaamelott.
Bonjour à tous,
ombre héros du roman Arthurien, Méléagant y est présenté tantôt comme un roi ou un prince, tantôt comme un chevalier arrogant et perfide. Mystérieux héritier d’un « royaume de l’été » (aestiva regione) est-il humain ? Dans le roman arthurien, il l’est, en général, même si certains auteurs ont avancé que son personnage avait pu être originellement inspiré par un personnage surnaturel et même une divinité obscure du monde celtique et des légendes Galloises. De là, vient sans doute le fait que son « royaume de l’été » est quelquefois interprété comme le pays des morts ou encore une lande mystérieuse dont nul ne revient. De son côté, l’historien anglais David Nash Ford, spécialiste des légendes arthuriennes, nous apprend plus prosaïquement qu’il s’agit sans doute d’une référence au Royaume celtique de Glastening, situé au Sud de Domnonée et devenu le « Somerset » anglo-saxon.
Première apparition : la vie de St Gildas et l’enlèvement de la reine Guenièvre
Dans les faits, la première apparition de Méléagant (ou Melwas originellement) dans le roman arthurien date de la première partie du XIIe siècle et c’est encore David Nash Ford quinous le confirme ici.
« … On peut trouver dans la vie de St Gildas, de Caradog de Liancarfan, écrit autour de 1130, une histoire qui conte l’intervention de St Gildas entre le roi arthur et un chevalier Melwas du pays de l’été (royaume, contrée). Melwas a enlevé Guenièvre et la retient dans sa forteresse de Glastonbury qu’Arthur viendra bientôt assiéger. Toutefois, Gildas, en éternel promoteur de la paix, persuadera Melwas de libérer Guenièvre et les deux monarques auront tôt fait de régler leur différent. On peut également retrouver cette histoire dans un poème gallois connu comme « The Dialogue of Melwas and Gwenhwyfar » (le dialogue de Melwas et de Genièvre) dont les manuscrits préservés, de nos jours, datent du XVIe siècle. Chrétien (de Troyes) reste l’auteur le plus connu pour son utilisation de cet épisode dans son histoire de Lancelot, mais il nous y conte que le chevalier avait tué Melwas (alias Melegaunce, Méléagant), ce que l’histoire St Gildas n’a jamais mentionné. »
Comme beaucoup de personnages du roman arthurien au fil des siècles, Méléagant restera un personnage changeant qui tiendra des rôles plus ou moins importants en fonction des auteurs, même s’il conservera toujours son côté sombre. Dans des récits plus tardifs, c’est Mordred qui enlèvera la reine, dans d’autres encore, ce dernier fera appel aux services de Méléagant pour le faire. Au passage, enfanté d’un pernicieux sortilège (miroir de celui qui enfanta Arthur), le fils incestueux d’Arthur et de sa demi-soeur Morgane deviendra sans conteste, le personnage le plus sombre de la matière bretonne, bien loin devant l’arrogant chevalier du « royaume de l’été ».
Le Méléagant de Chrétien de Troyes
En souscrivant à la version de Caradog de Liancarfan et sa Vie de St Gildas, Chrétien de Troyes baptisera pour la première fois le personnage du nom de Méléagant et continuera d’en faire le ravisseur de Guenièvre.Le personnage retiendra la reine prisonnière jusqu’à ce qu’elle se fasse délivrer par Gauvain et Lancelot. Ce dernier, dans le récit de l’auteur médiéval, finira par occire Méléagant et se verra même féliciter par Arthur pour cela. Décrit comme le fils du roi Baudemagus du pays de Gorre, Méléagant intervient dès le tout début du Chevalier de la Charrette et se présente d’emblée comme un ennemi d’Arthur. Dès sa première apparition, Il vient, en effet, lui signifier qu’il retient emprisonné un certain nombre de ses sujets et le défie avec arrogance et assurance.
« Rois Artus, j’ai en ma prison, De ta terre et de ta meison, Chevaliers, dames et puceles. Mes ne t’an di pas les noveles Por ce que jes te vuelle randre ; Ençois te voel dire et aprandre Que tu n’as force ne avoir Par quoi tu les puisses avoir ; Et saches bien qu’ainsi morras Que ja aidier ne lor porras. » Lancelot ou le chevalier de la charrette, Chrétien de Troyes.
Mélégant dans la série télévisée Kaamelott
Sous la plume d’Alexandre Astier, Méléagant (incarné avec talent à l’écran par l’acteur Carlo Brandt) campera le personnage le plus inquiétant de la série ( à ce jour en tout cas, puisque Mordred n’y est pas encore apparu et que Morgane, même si elle reste « prometteuse », est pour l’instant demeurée, à demi, dans l’ombre).
Maléfique et manipulateur, les mobiles véritables de Méléagant ne sont pas très clairs. A l’évidence, il voue une haine farouche au roi Arthur et ambitionne de détruire le royaume de Logres ou, en tout cas, la table ronde, en se servant de Lancelot (Thomas Cousseau à l’écran) comme son bras armé, mais il reste difficile de connaître les méandres véritables de son plan. Personnage tortueux et nimbé de mystères, il semble aussi, par moments, omniscient et on renoue ici sans doute avec l’hypothèse d’un Melwas surhumain, ou « ange de la mort », venu tout droit de la mythologie celtique. Dans la série le personnage fait d’ailleurs écho à une terrible prophétie, découverte un peu avant, par Arthur dans un livre ancien :
« Siècle des larmes, hurlements… Au jour, Dieu Roi de Logres… Fait affront du Lac combattant frère à l’épée Femme de Vannes épousée commet faute Panique, ruines, fin d’un monde Sur Terre sans démons ni sorcières Viens, dieu des morts solitaire des frayeurs Du ciel à l’insulte la Réponse » Kaamelott – Alexandre Astier
Méléagant s’annoncera lui-même explicitement comme cette réponse des Dieux insultés par les écarts de conduite du roi Arthur et notamment son aventure et ses épousailles avec la dame d’un de ses proches chevaliers. Sur la dimension mystique du personnage, on trouvera encore cette tirade d’anthologie née sous la plume inspirée d’Alexandre Astier et qui donne, tout entière, le ton.
« Moi, quand j’ai plus rien à faire ici, je me retire… Plus une goutte d’eau. Plus un rayon de soleil. Je me dessèche, de la tête aux pieds, en un petit cadavre sous un tas de feuilles… Les saisons me survolent sans me soupçonner… Et puis, un jour, la corneille raconte qu’elle a entendu au loin quelqu’un qui recommence à pleurer. Guenièvre ! Guenièvre ! Alors là, j’ouvre un œil, je rampe, mangeant la neige, léchant l’eau croupie… et mes ennemis tressaillent, car à me voir boire, ils comprennent que je suis de retour. Kaamelott – Alexandre Astier
Pour parvenir à ses fins, Méléagant approchera un Lancelot fragilisé par la perte de Guenièvre et rongé par le désespoir, La manipulation échouera en partie, mettant quelques bémols à sa nature divine et à son omnipotence (sauf à invoquer la toute puissance du libre arbitre humain), et quelques restes peut-être d’amitié ou de conscience, doublés d’un concours de circonstances, arrêteront Lancelotau moment fatidique.
Plus loin dans le temps et dans l’oeuvre, le sombre personnage va-t-il enlever Guenièvre, comme il le fait dans le roman de Chrétien de Troyes ? Même s’il n’est pas vraiment possible de le savoir tant que la suite de Kaamelott n’est pas encore connue, il demeure plus probable qu’Alexandre Astier ait décidé de réécrire totalement la partition jouée par Méléagant dans la légende du célèbre auteur médiéval, en laissant l’épisode de l’enlèvement loin derrière. Dans son approche des légendes arthuriennes, c’est d’ailleurs plutôt Lancelot qui hérite de cet aspect classique de Méléagant, puisqu’il finit, durant quelques épisodes, par lier Guenièvre pour s’assurer qu’elle ne retourne au château, durant son absence. Pour le reste, le Chevalier du Lac finira-t-il encore comme chez Chrétien de Troyes par occire l’odieux manipulateur ? Pourquoi pas ? Quoiqu’il en soit, pour le savoir, il faudra encore attendre.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.