“Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.”
Citation de Saint Augustin ou Augustin d’Hippone (354-430),
Philosophe, théologien, brillant orateur et grand mystique chrétien aux portes du haut moyen-âge et à la fin de l’Antiquité.
Archives par mot-clé : citation
Ce coeur qui damne ou sauve, extrait du testament de Jean de Meung en forme de citation.
Sujet : citation médiévale, poésie, extrait, quatrain
Auteur : Jean de Meung, Jean Clopinel (1250-1305)
Titre : le testament
Période : moyen-âge central, XIIIe siècle
Bonjour à tous,
n trouve, en général, le testament dont il est question aujourd’hui, annexé au roman de la rose. Il est attribué à Jean ou même plutôt Jehan de Meung, de son vrai nom jean Clopinel, érudit et co-auteur du nom de la rose. Il s’agit d’un texte de quelques 2176 vers, présenté sous la forme de 544 quatrains d’alexandrins monorimes. Comme son titre l’indique, cette poésie qui prend aussi la forme de conseils donnés par l’auteur à ses contemporains, est, sans doute d’ailleurs, une des dernières du brillant poète médiéval du XIIIe siècle.
“Quand ta parole est blanche et ta pensée est fauve*,
Tu voles en tenebres comme une soris chauve;
Tiex* prieres ne valent une fueille de Mauve,
Car du cuer doit issir ce qui te dampne ou sauve.”
Jean de Meung, Le testament (extrait)
Poète médiéval co-auteur du nom de la Rose.
* Fauve : hypocrite, fausse
* Tiex : telles
* Issir: sortir, venir.
4 – 2 = 3
Le quatrain en forme de citation que nous avons extrait du texte original et que nous publions aujourd’hui est tiré d’un chapitre ayant pour titre : de la vertu de prière qui conjoint homme a Diex, et oste du cuer toute mauvestié. Jean de Meung l’adresse donc, en réalité, à la forme correcte de prier.
Ah, beauté de la citation! Sortis de leur contexte, ces quatre pieds de vers auraient presque tendance à prendre des allures de généralités, ce qui n’est pas totalement pour nous déplaire, même si l’honnêteté intellectuelle nous commandait, bien sûr, de les resituer dans toute leur vérité. Vous rencontrez, d’ailleurs, ce quatrain, ici ou là, encore raccourci de ses deux derniers vers et, le cas échéant, son sens s’élargira encore d’autant : “Quand ta parole est blanche et ta pensée est fauve*, Tu voles en tenebres comme une soris chauve. », ce qui semble indéniablement prouver que la sémantique a ceci de commun avec l’homéopathie que retrancher ou diviser n’est pas forcément soustraire; ce n’est pas surement pas Paracelse qui viendra me chercher des poux dans la tête là-dessus, et c’est tant mieux, remarquez bien, parce que la vue d’un spectre de plus de cinq cents ans, fut-il Paracelse en personne, pourrait me faire flancher, si elle ne me fait battre le record olympique du 100 mètres, départ arrêté.
De la répartie en toutes circonstances
Quoiqu’il en soit, si d’aventure ce moment se présentait où un outrecuidant, le sourire en coin et fier de son effet, vous cite, l’air pompeux, ces deux alexandrins, vous aurez, j’en suis sûr, une pensée attendrie pour votre serviteur et vous pourrez alors, de toute votre superbe, jeter au front du cuistre : « Sais-tu, ma petite Martine, d’où vient exactement cette phrase ? Et qu’en plus même que fauve n’est pas qu’une couleur ? » Alors, attention, je le précise quand même, si la personne vous faisant face ne s’appelle pas Martine, il vous sera bien sûr toujours possible de remplacer le prénom dans la phrase sus-citée. Je donne un exemple pour que tout soit bien clair : mon p’tit Eusèbe, ma p’tite Marie-Catherine. Bref, vous avez compris le principe, même si je vous conseillerais assez, personnellement, et pour ménager votre effet, de maintenir la locution telle quelle; l’effet de surprise et le camouflet n’en seront que plus grands. Ah, mes amis, quelle manière plus enlevée de relever le gant! Je vois déjà d’ici la mine pitoyable du pauvre Eusèbe face à ce revers du destin! Alors, mais qu’est-ce qu’on dit? Hein? Merci qui? Je plaisante bien sûr, ne nous remerciez pas, c’est bien naturel.
Note du traditore
Même si le sens global de l’extrait est compréhensible, à l’habitude et pour vous donner un petit coup de pouce, nous avons, vous l’aurez noté, ajouté quelques aides de traduction pour certains mots de vieux français, Pour le verbe issir, tiré du vers « Car du cuer doit issir ce qui te dampne ou sauve », vous auriez, toutefois,pu en deviner le sens sans notre aide et avec un simple brin de logique. Ne dit-on pas, en effet: « l’issi d’sicours » ou même encore « par issi la sortie »? Bon, d’accord, d’accord, vous avez gagné! Cette fois encore, c’est moi qui sort. Mais ne pensez pas que vous vous en tirez à si bon compte, un jour nous aurons tout de même à parler plus longuement de Jean de Meung!
Une belle journée à tous !
Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »
Publilius Syrus Ier s. av. J.-C
Un trésor inestimable par Clément Marot
« D’être content sans vouloir davantage,
c’est un trésor qu’on ne peut estimer »
Citation de Clément MAROT de Cahors (1496-1544), poète de la toute fin du moyen-âge et du début de la renaissance
Bonjour à tous,
ouir le bonheur de peur qu’il se sauve ou le cueillir pour ce qu’il est? Tel est « le » question comme dirait un de mes amis anglais.
Pour l’illustration de cette citation de Clément Marot, empreinte de sagesse, nous avons choisi d’utiliser son second portrait présumé. Si vous vous souvenez, dans un article précédent, nous avions abordé la question de l’autre portrait connu du célèbre poète, une peinture du XVIe siècle de Gian Giacomo de Alladio, dit Macrino D’Alba, mais comme cette dernière ne semble pas plus représenter le poète médiéval que mon arrière-grand père n’était représentant en Saucisses de Toulouse, cette fois-ci, nous avons opté pour la seconde peinture que l’on utilise généralement pour figurer Marot et qui est, d’ailleurs elle-aussi, un portrait présumé. On la doit à Corneille de la Haye (1500-1575), peintre franco-hollandais contemporain de Marot, rebaptisé, quelques siècles après sa mort, Corneille de Lyon.
Quoiqu’il en soit, il reste difficile, dans bien des cas, de mettre un vrai visage sur les hommes du monde médiéval. Les portraits que nous connaissons d’eux datent en effet, pour la plupart, de la renaissance – période durant laquelle cet art commencera a acquérir ses belles lettres -, et même souvent des siècles suivants et du XIXe siècle. D’ailleurs, ironie de l’histoire et même CQFD, pour ce peintre portraitiste lui-même, nous n’avons, là aussi, qu’un auto-portrait présumé (photo ci-dessus).
Mais, allons, puisque nous ne sommes plus à ça près, postons encore une ânerie du jour pour que la vérité triomphe. Et que le meilleur gagne!
Sur ce joie, santé et longue vie, mes amis! Puisse l’étincelle de vie que nous portons en nous suffire, à chaque nouveau souffle, à nous faire toucher du doigt le trésor dont nous parle Clément Marot ici.
Fred
pour moyenagepassion.com.
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »
Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Lecture audio : ballade Eustache Deschamps (Morel), Nulz ne tent qu’a emplir son sac
Sujet : poésie médiévale, morale, satirique, politique et réaliste, ballade, vieux français
Période : moyen-âge tardif, bas moyen-âge
Média : lecture audio, lecture poétique
Musique : Erik Satie, Gymnopédie
Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406)
Titre : Nul ne tent (fort) qu’a emplir son sac
Bonjour à tous,
« Par ce convient que le peuple mendie
Car nulz ne tent qu’a emplir son Sac »
Eustache Deschamps (1346-1406)
llez-vous bien mes amis? Etes-vous en joie et ne ployez-vous pas trop sous la charge? Nous l’espérons de tout coeur. De notre côté, à quelques jours de l’article sur cette ballade d’Eustache Deschamps sur la cupidité et l’injustice des temps, et finalement, sur l’obsession des puissants à s’enrichir au détriment du travail du petit peuple, nous ne sommes finalement fendus de sa lecture audio.
Du point de vue langagier et même si six siècles nous en séparent, le vieux français d’Eustache Deschamps est déjà beaucoup plus proche du nôtre que celui d’un Rutebeuf et se comprend beaucoup mieux. Nous ne donnons donc que quelques indications sur certains mots sur lesquels vous pourriez buter en fin de lecture. Si vous le souhaitez, vous pouvez également vous référer à l’article plus détaillé sur cette ballade ici.
Lecture audio en vieux français
Nulz ne tent qu’a emplir son sac
ncore une fois, la morale, quand elle est bonne, est un peu comme un vin de garde, elle ne vieillit pas ou, si elle le fait, elle le fait bien. Je vous laisse donc déguster à nouveau ces mots écrits, il y a plus de six siècles, par un des auteurs et poètes les plus prolifiques du monde médiéval et, notamment, du XIVe siècle: le grand Eustache Deschamps. Peut-être les trouverez-vous, comme nous, d’une grande modernité ou en tout cas d’une brûlante actualité? Sur certains aspects, les temps changent-ils vraiment? La question reste ouverte. (photo ci-contre quand le valet Blaze (Yves Montand) réveillait le cupide Don Salluste (Louis de Funès) à grands coups de « Monseignor, il est l’or » et de pièces trébuchantes dans le film la folie des grandeurs, libre adaptation de la pièce « Ruy Blas » de Victor Hugo, par Gérard Oury )
Du côté musical, nous avons conservé, en fond, cette très belle pièce tirée des Gymnopédies de Erik Satie que nous avions déjà utilisé pour mettre en audio l’épitaphe de François Villon ou sa ballade des pendus.
Une excellente journée à vous où que vous vous trouviez sur notre belle planète bleue.
Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes