« Pour apprendre, il faut sonder les profondeurs de notre ignorance.»
Sainte Hildegarde Von Bingen (1098-1179)
Citation médiévales, sagesse et pensées du moyen-âge, mystique chrétienne.
« Il n’y a point de place faible, là ou il y a des gens de cœur »
Pierre de Terrail de Bayard (1476 – 1524)
Citation médiévale du célèbre chevalier sans peur et sans reproche.
our aborder l’architecture médiévale et les systèmes de défense essentiels des châteaux forts que sont les hourds, les mâchicoulis et bretèches, voici une autre de nos vidéos, réalisée à l’aide du moteur du Jeu Medieval Engineers.
En dehors de ses tours défensives, de ses hauts murs, ses pont-levis ou ses élévations (qu’elles soient naturelles ou de pierre), en dehors même des archères ou meurtrières qui offrent aux défenseurs la possibilité de tirer sur les assaillants en restant à couvert, au moyen d’arcs longs ou à l’arbalète, minimisant ainsi leurs chances d’être vus ou touchés, il existe, dans l’architecture des châteaux forts et forteresses, d’autres mécaniques de défense passive qui permettent d’ouvrir des angles supplémentaires sur les pieds de murailles ou les portes, et de les défendre avec plus d’efficacité.
Ces systèmes de défenses sont plusieurs ordres : les hourds, les mâchicoulis et les bretèches. Dans les trois cas, ils procèdent d’ouvertures verticales qui permettent des tirs plongeants ou des jets de liquides ou d’objets sur les assaillants arrivés au pied des murailles ou devant les portes du château ou de la forteresse. Dans les trois cas encore, ces systèmes défensifs ménagent une couverture au défendeur, de façon à ce qu’il puisse tirer ou jeter des choses sur les assaillants sans être lui-même fortement exposé à leurs possibles représailles. Qu’ils se tiennent sur des murs droits ou de corbeilles à créneaux, l’objectif des hourds et des mâchicoulis reste donc toujours le même, améliorer la visibilité sur les pieds de murs ou de tours et offrir un couvert propice à la défense du bâtiment.
Les hourds sont en bois. On trouve les premières traces de leur présence ou, en tout cas, de leur mention, dans l’ouvrage de Jules César « commentaires sur la guerre des gaules ». On a donc la certitude que les romains les connaissaient, même s’il est difficile de les dater précisément.
On a émis l’hypothèse que les hourds n’étaient montés qu’en temps de guerre et ôtés en temps de paix. On les trouve sur les hauts des murailles, le long des chemins de ronde, ou en haut des corps de garde et des porteries, mais aussi sur le haut des tours défensives qu’ils ornent des leurs merveilleuses boiseries. Dans ce dernier cas, comme ils sont aussi, souvent, les supports de toitures, il semble peu probable qu’on se soit pris de l’idée de les démonter, sauf à s’assurer que les années de paix allaient durer; nul doute qu’on ne le faisait pas dans les régions où les conflits perduraient entre seigneuries ou entre territoires frontaliers. Avec le temps, ces installations de bois ont été peu à peu supplantées par les mâchicoulis qui sont des trous et des ouvertures ménagés directement dans les corbeilles de pierre qui soutiennent les créneaux; le défenseur bénéficie alors de l’abri des créneaux et le dispositif a l’avantage d’être plus solide que les hourds de bois et surtout moins inflammable.
* sur la photo ci-dessus, prise à Carcassonne, les hourds reconstitués par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc en 1850 .
Avec l’évolution des engins de siège et spécialement l’avènement des trébuchets dans le courant du douzième siècle – engins redoutables, capables de propulser à grande vitesse dans les airs et contre les murailles des châteaux des blocs de pierre pouvant peser plus de 140 kilos -, la résistance des hourds se trouvait fortement compromise. De fait, progressivement, au fil du XIIIe XIVe siècle, les mâchicoulis sont venus s’y substituer. Jusque tard dans le temps et même s’ils n’avaient plus la même fonction défensive, on a tout de même souvent laissé les anciens hourds en place en haut des tours défensives, justement parce que, comme nous le disions plus haut, les toitures reposaient sur eux.
Comme les mâchicoulis, (photo ci-dessus) les bretèches sont également en pierre et sont ménagées le long des murs, pour protéger une porte ou même un angle de mur ou de muraille. (photo à gauche).
Comme le bois est périssable, la majorité des hourds n’a pas traversé le temps, certains ont été entretenus et les bois remplacés et sont encore visibles, d’autres ont été reconstitués totalement. Il faut savoir qu’à la période où les hourds étaient populaires, on pouvait en observer, pas uniquement sur les tours de garde ou les murailles des châteaux, mais également sur les églises ou même sur les bâtiments ou fermes qui se situaient dans des zones fortement exposées ou conflictuelles.
On trouve encore aujourd’hui sur le territoire français et, notamment, dans la Meuse, des églises qui ont conservé ou pris soin de leur hourd.
Quant aux mâchicoulis ou aux bretèches, on peut encore les observer dans les châteaux en pierre d’époque quand les œuvres de restauration des siècles précédents ne les ont pas détruits ou simplement bouchés.
Dans le courant du XVe siècle, avec l’avènement de l’artillerie lourde et la recentralisation des pouvoirs autour d’un roi et d’une armée forte, les guerres changeront. Graduellement, les châteaux passeront alors de châteaux forts et bâtiments défensifs à palais d’agrément et de prestige, on trouvera pourtant, encore, dans ces nouveaux édifices élevés à la gloire de leurs princes ou de leurs rois, des traces de bretèches mais elles ne seront plus alors que décoratives, comme en hommage à leurs ancêtres de pierre et aux châteaux forts.
Voilà, mes amis, un peu d’informations sur ces systèmes de défense et sur l’architecture médiévale défensive.
Une excellente journée à tous.
Frédéric EFFE.
moyenagepassion.com
A la découverte du monde du moyen-âge sous toutes ces formes.