Des conférences sur le moyen-âge et autour de la période médiévale par les plus grands érudits et experts de ces questions (historiens médiévistes, romanistes, etc…)
Sujet : légendes arthuriennes, héros arthuriens, roman arthurien, littérature médiévale, médiévalisme. Période : du Moyen Âge au monde moderne Conférences : « Les héros du roman arthurien, d’hier à aujourd’hui » Organisateur : BnF, Paris Dates : du 3 février 2025 au 28 mai 2025 Intervenants : Nathalie Koble, Myriam White-Le Goff, Christine Ferlampin-Acher, Christophe Imperiali.
Bonjour à tous,
e début février à la fin mai 2025, la prestigieuse Bibliothèque Nationale de France et son conservateur Jérôme Chaponneau vous convient à la découverte des légendes arthuriennes, au travers ses héros les plus marquants.
Quatre conférences sur les héros arthuriens
De Merlin à Lancelot, en passant par Perceval et Morgane, ce cycle de quatre conférences vous permettra de suivre l’origine médiévale et les évolutions des célèbres héros arthuriens. Chaque intervention sera conduite par d’éminents universitaires spécialistes de ces questions.
Merlin, Lancelot, Morgane, Perceval, nous les connaissons tous tant le médiévalisme et les productions littéraires, ludiques ou cinématographiques modernes continuent de les mettre à l’honneur ou de les décliner. Pourtant, que savons-nous vraiment d’eux ? D’où viennent-ils ? Comment ont-ils évolué à travers la littérature arthurienne ? Quels visages ont ils pu emprunter du Moyen Âge à nos jours, au long de plus de huit siècles de légendes arthuriennes ?
Voilà les thèmes passionnants que ces conférences de la BnF vous inviteront à aborder. En voici le détail :
Merlin, ou la mémoire du monde. Un prophète d’outre-tombe
Merlin et Blaise dans le Français 749.
D’où vient Merlin l’enchanteur et son personnage ? Entre ombres et lumières, qu’incarne-t-il ? Tout pose question sur ce personnage, jusqu’à sa disparition dans certains récits arthuriens. Ici, la BnF vous invite à découvrir les différents visages de Merlin de sa naissance jusqu’à l’époque moderne.
Conférenciére : Nathalie Koble, professeure de littérature médiévale à l’École normale supérieure. Dates : Lundi 3 Février 2025 : 18h30 -20h00 Lieu : Richelieu – Salle des conférences, 5, rue Vivienne, Paris 2e.
Morgane, entre ambiguïté et polyvalence
Lancelot et Morgane, Français 122
Mystère et fascination entourent la plus sombre des héroïnes arthuriennes. Fée ou sorcière ? Ses apparitions dans les différents récits du roman arthurien peuvent la montrer sous les jours les plus ambivalents. Elle incarne un pouvoir insaisissable et secret. Autant séductrice que dangereuse, le feu qu’elle couve n’est jamais très loin.
Conférenciére : Myriam White-Le Goff, maîtresse de conférences en littérature médiévale à l’université d’Arras. Dates : Lundi 10 Mars 2025 : 18h30 -20h00 Lieu : Petit auditorium François-Mitterrand, Quai François-Mauriac, Paris 13e.
Perceval, héros du roman arthurien
Perceval chevauchant, Français 122
Tantôt naïf, drôle et touchant, tantôt héroïque et valeureux, l’un des plus célèbres chevalier arthurien a traversé le temps, en maintenant sa popularité. La conférence vous invitera à la découverte de Perceval des récits de Chrétien de Troyes à la série Kaamelott d’Alexandre Astier et même d’autres productions hollywoodiennes plus récentes.
Conférencier : Christophe Imperiali, professeur de littérature française à l’université de Neufchâtel. Dates : Lundi 5 Mai 2025 : 18h30 -20h00 Lieu : Petit auditorium François-Mitterrand, Quai François-Mauriac, Paris 13e
Lancelot & ses représentations illustrées
Lancelot au chevet de Guenièvre, Ms Fr 122
Qu’on l’admire ou qu’on soit tenté de le fustiger pour ses trahisons, Lancelot est, sans conteste, le chevalier de la table ronde qui a la fâcheuse tendance d’éclipser ses confrères. Ses talents d’épée et son courage sont aussi légendaires que sa capacité de séduction. Cette conférence vous invitera à la découverte de ses représentations imagées. Elle fournira l’occasion d’un beau voyage au cœur des manuscrits enluminés ou des œuvres illustrées plus modernes issues du roman arthurien.
Conférencière : Christine Ferlampin-Acher, professeure de littérature médiévale à l’université de Lille Dates : Lundi 26 Mai 2025 : 18h30 -20h00 Lieu : Arsenal, 1, rue de Sully, Paris 4e.
Pour assister à ces conférences, nous vous recommandons de réserver sur le site officiel de la BnF.
NB : sur l’image d’en-tête, vous retrouverez une autre enluminure tirée du Manuscrit médiéval Français 122 de la BnF (consultable sur Gallica). L’ouvrage daté de la fin du XIVe siècle contient divers écrits arthuriens dont une copie partielle de Lancelot du Lac, de la Queste du saint Graal et de La Mort Artu. L’enluminure représente le tournoi des chevaliers au chastel du moulin.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric Effe Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
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Sujet : monde médiéval, histoire médiévale, histoire des représentations, médiévalisme. Période : Moyen Âge, XVIIIe s au XXIe s Conférences : l’Invention du Moyen Âge : du marquis de Paulmy à « Game of Thrones » Organisateur : BnF, Bibliothèque de l’Arsenal, 1, rue de Sully – 75004 Paris Dates : 18 décembre 2023, 15 janvier 2024, 5 février 2024 Intervenants : Fanny Maillet, Isabelle Durand, Vincent Ferré.
Bonjour à tous,
rands amateurs et amis du Moyen Âge sous toutes ses formes y compris les plus modernes, c’est au tour de la prestigieuse BnF de se pencher très sérieusement sur le sujet du médiévalisme. L’institution vous propose, en effet, tout prochainement, un détour par la Bibliothèque de l’Arsenal pour un cycle de conférences gratuites, animées par d’éminents médiévistes.
Du Moyen Âge au médiévalisme
Comment le Moyen Âge s’invite-t-il dans notre monde moderne et sous quelles formes ? Livres, fictions, jeux vidéo, jeux de rôles ou de plateaux, films et séries… Au XXIe siècle, les temps médiévaux continuent d’habiter nos productions culturelles modernes et, avec elles, un peu de notre quotidien. L’affaire n’est pas nouvelle. Le Moyen Âge, sa résurgence ou même sa réinvention sous les formes les plus diverses n’a guère tardé pour échapper à la courte éclipse dans laquelle avait voulu le plonger les auteurs renaissants ; même avec le plus grand des talents de plume, on ne tire pas impunément un trait sur mille ans d’histoire.
Voilà donc que le XVIIIe siècle voyait déjà renaître le Moyen Âge. Oui, mais lequel ? Sur ce nouveau terreau, notre bel objet historique se cherchait déjà de nouvelles racines et représentations sous l’impulsion du marquis de Paulmy. A quelque temps de là, suivraient bientôt les élans magnifiques des romantiques avec leur flamboyant, inquiétant et glorieux Moyen Âge. Plus tard, viendraient encore se greffer de nouvelles charges symboliques, de nouveaux territoires oniriques ou politiques, des espaces de luttes idéologiques et culturelles, de nouveaux horizons perdus ou à perdre, bref autant de nouveaux Moyen Âge(s).
La chose est actée. Depuis ses retrouvailles au XVIIème siècle (a-t-il jamais vraiment été perdu ?), le Moyen Âge projeté, revisité ou reconstruit n’a jamais cessé d’évoluer, de changer de visage. Et c’est justement cette longue et passionnante évolution, des premiers re- découvreurs des siècles passées jusqu’au Trône de Fer de G.R.R Martin, que la BnF vous propose de parcourir, à partir du 18 décembre prochain.
Le cycle de trois conférences prévu a pour titre : L’Invention du Moyen Âge : du marquis de Paulmy à « Game of Thrones ». En plus de ces interventions de qualité, les visiteurs auront la joie de découvrir quelques précieux manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal pour illustrer tous ces propos.
Trois conférences pour mieux comprendre le Moyen Âge et le Médiévalisme
Ces trois conférences seront données à l’Arsenal même. L’entrée en sera gratuite mais il est recommandé de réserver et, à défaut de se présenter suffisamment à l’avance. Voici le programme de cet événement qui devrait donner des clés utiles de compréhension sur le Moyen Âge, ses représentations historiques et modernes, comme sur le médiévalisme.
Le Moyen Âge des Lumières. Le marquis de Paulmy entre érudition et littérature
Date : le lundi 18 décembre 2023, à l’Arsenal. Horaires : 18 h 30 – 20 h.
C’est la médiéviste Fanny Maillet, enseignante en littérature médiévale à l’université de Zurich qui l’aura en charge. Il sera ici question de se pencher sur le rôle et l’influence du marquis de Paulmy. Dans le courant du XVIIIe siècle, cet homme de culture, diplomate et homme d’Etat français a, en effet, contribué à la diffusion d’un certain Moyen Âge, notamment au travers de sa collection médiévale.
Qui était le marquis de Paulmy ?
Grand collectionneur et bibliophile du XVIIe siècle, Antoine-René de Voyer, marquis de Paulmy (1722-1787) fut à l’initiative de la transformation de l’Arsenal de Paris en ce qui deviendra plus tard la prestigieuse Bibliothèque de l’Arsenal.
Amis des livres et des anciens manuscrits, revoyez vos critères sur la définition de « belle » bibliothèque et sortez vos mouchoirs ! Celle du marquis de Paulmy contenait près de cent mille ouvrages. Autrement dit, de quoi donner le vertige ou même plutôt des envies de s’enfermer des milliers d’heures pour explorer tous ces trésors. Ils sont, aujourd’hui, sous la bonne garde du conservateur des lieux et de ses archivistes.
En grand lettré, le marquis de Paulmy fut aussi à l’initiative de nombreuses publications et de sélections à partir de sa vaste collection. En plus de rendre tribut à son influence sur une première relecture du Moyen Âge, c’est un double hommage que rendra ici la Bibliothèque de l’Arsenal à son lointain aïeul et fondateur.
L’invention du Moyen Âge par les écrivains romantiques
Date : le lundi 15 janvier 2024 à l’Arsenal. Horaires : 18 h 30 – 20 h.
La professeure de littérature générale et comparée Isabelle Durand (université de Bretagne Sud) aura en charge cette deuxième conférence plus particulièrement ciblée sur les romantiques et leur nouveau souffle pour un Moyen Âge perdu et à reconquérir.
La période couvrira le XVIIIe siècle de Jean-Charles-Emmanuel Nodier pour s’étendre au XIXe siècle de Victor Hugo. Comme dans toute analyse médiévaliste sérieuse, les préoccupations et projections immédiates des romantiques, dans leur entreprise de réinvention d’un Moyen Âge onirique et sublime, seront mises en exergue.
Le médiévalisme fait des vagues (XVIe-XXIe siècle)
Date : le lundi 5 février 2024 à l’Arsenal. Horaires : 18 h 30 – 20 h.
Avec cette dernière conférence, on se rapprochera plus particulièrement du médiévalisme moderne. L’universitaire Vincent Ferré, professeur de littérature générale et comparée à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle sera en charge de la conduire.
Entre « réception savante » et Moyen Âge récréatif, l’intervenant se penchera ici sur les origines du médiévalisme. La conférence abordera particulièrement les questions soulevées par cette jeune discipline complexe qui tente de démêler les soutènements de tous ces Moyen Âge(s) de fiction, de pellicule, de costumes ou de papier. L’engouement pour ce monde médiéval qui n’en finit pas d’être à la mode et qui, par là, interpelle d’autant plus le médiévalisme, sera également examiné.
Voilà donc un programme de prestige à ne pas manquer si vous êtes en région parisienne à ces dates. N’oubliez pas de réserver le cas échéant. A cette fin, reportez-vous aux pages officielles de la BnF dédié à l’événement. Pour ceux qui se tiendront trop loin de la capitale et de l’Arsenal, on espère que la technique permettra d’assurer l’enregistrement et la rediffusion en ligne de ces conférences d’intérêt.
Frédéric EFFE. Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : le portrait du Marquis de Paulmy sur l’image d’en-tête est tirée d’un portrait daté du 18e, conservé au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. En arrière plan vous aurez reconnu le Dragon tiré du Trône de Fer de G.R.R. Martin.
Sujet : roman arthurien, légendes arthuriennes, chevaliers de la table ronde, manuscrits anciens, littérature médiévale, Ségurant, découverte médiévale. Période : Moyen Âge central à tardif, XIIIe au XVe siècle Titre : Ségurant ou le chevalier au dragon Auteur : Emanuele Arioli Média : Conférence à la Fondation Martin Bodmer, (juillet 2023) et ouvrages de l’auteur.
Bonjour à tous,
u cours des dernières semaines, ceux qui s’intéressent aux légendes arthuriennes n’ont pu manquer le grand bruit fait par les découvertes d’un archiviste- paléographe et universitaire du nom d’Emanuele Arioli. Après une décennie de recherches, ce dernier a, en effet, mis au jour l’existence littéraire et les faits d’un chevalier de la table ronde jusque lors tombé dans l’oubli : Ségurant le Brun.
Dans cet article, nous revenons dans le détail sur cette découverte inattendue. Nous vous présentons également une conférence de l’auteur ainsi qu’un récapitulatif des nombreux ouvrages qu’il a fait paraître sur le sujet.
Un chevalier oublié et quel chevalier !
La révélation de l’histoire de Ségurant est d’autant plus étonnante qu’on nous présente d’emblée ce chevalier comme l’un des plus brillants de l’épopée arthurienne. Alerte divulgâchage mais pas trop ! L’histoire raconte qu’il est si fort qu’il éclipsa les autres chevaliers durant les tournois organisés à la cour du roi breton.
L’apparition de ce héros médiéval dans le corpus arthurien est postérieure à celle de Lancelot ou Tristan. Pourtant, ces derniers auraient peut-être eu leur blason moins doré à Camelot sans l’intervention de la perfide fée Morgane. A l’occasion d’un tournoi, la terrible demi-sœur d’Arthur invoquera, en effet, le diable pour écarter ce chevalier décidemment trop talentueux. Le Malin s’étant changé en dragon, Ségurant se lancera à ses trousses. Emporté par son courage, il se laissera entraîner loin du lieu dans une poursuite effrénée de la bête. Entre-temps, la fourbe et fallacieuse fée aura convaincu Arthur que le vainqueur du tournoi, comme le dragon, n’étaient qu’une illusion.
A peine apparu à la cour, Ségurant se trouvera donc condamné à l’oubli. La malédiction de Morgane a-t-elle traversé le papier pour s’exercer sur la postérité du preux chevalier dans le monde réel ? De fait, pour étonnant que cela paraisse, les faits de Ségurant restaient jusque là oubliés du roman arthurien.
Voir la conférence présentation d’Emanuele Arioli à la Fondation Martin Bodmer
Une aventure dans l’aventure
Dans les faits, les recherches d’Emanuele Arioli sur Ségurant débutent aux archives et dans une bibliothèque. Ce jour là, le jeune médiéviste trouve dans un manuscrit médiéval une partie de l’histoire de Ségurant passée jusque là inaperçue. Le manuscrit en question est le Ms 5229 de la Bibliothèque de l’Arsenal. L’ouvrage contient les Prophéties de Merlin. Il est, aujourd’hui, consultable en ligne sur Gallica.
Trouvant le récit interrompu au milieu d’une phrase, Emanuele Arioli décide de ne point s’en ternir là. Il se lance alors dans des recherches qui le mèneront dans les plus grandes bibliothèques d’Europe en quête d’autres manuscrits. Epluchant des centaines de codex, il s’attachera à débusquer le moindre fragment de parchemin, en quête du chevalier arthurien perdu.
Une longue quête dans les manuscrits médiévaux
Obnubilé par la poursuite de son dragon, Ségurant ne recherche pas le Graal mais l’apprenti docteur semble avoir trouvé le sien. Dix ans plus tard, il aura pisté le héros chevaleresque dans 28 manuscrits, mettant à jour une trame principale, mais aussi des variantes. Les ouvrages s’étalent sur une période qui débute en 1272-1273 pour les sources les plus anciennes et s’achève au Moyen Âge tardif. Les épisodes étaient disséminés dans diverses bibliothéques en France, en Belgique, en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis.
Les manuscrits sont principalement d’origine française, flamande et Italienne mais demeurent en langue française. On y trouve de tout : codex entiers, fragments, parties de manuscrits brûlés ayant miraculeusement survécu à des incendies, … Selon le chercheur médiéviste, l’association du chevalier au dragon aux Prophéties de Merlin peut expliquer, en partie, son invisibilisation. L’ouvrage sera, en effet, interdit à la parution par l’Eglise romaine, dès le milieu du XVIe siècle. Vient sans doute s’ajouter l’apparition tardive de Ségurant dans le corpus arthurien et la baisse d’intérêt pour ce dernier à la Renaissance.
Quelques traits marquants de Ségurant
Dans son entreprise, Emanuele Arioli a établi des rapprochements entre Ségurant et Sigfried, autre héros des épopées germaniques. Il a également trouvé des correspondances manifestes entre ce dernier et Sigurd, son homologue chasseur de dragons né du côté des mondes scandinaves. Suivant l’auteur, il est fort probable qu’il se soit trouvé intégré, après coup, dans les récits arthuriens, comme se fut le cas pour Tristan.
Pourfendeur de lions, vainqueur aux tournois, Ségurant se distingue encore dans les légendes arthuriennes par d’autres traits. Destiné à un public peut-être plus aristocratique que bourgeois, son récit tardif semble bien entériner la fin de la courtoisie. Un auteur médiéval tardif s’efforcera de lui dégotter une princesse mirobolante. Cela relève toutefois de l’exception. Victime du sortilège de Morgane, le chevalier au dragon échappe aux choses de l’amour.
Par son humour et certains autres traits, l’histoire de Ségurant à la poursuite de son dragon illusoire pourrait encore annoncer la fin de la chevalerie. Cet idée n’est pas rare, cela dit, au Moyen Âge central et surtout tardif. En lisant certains auteurs médiévaux des XIIIe, XVe, on a souvent l’impression que la chevalerie reste un ailleurs insaisissable qui ne cesse d’agoniser. Un peu plus tard, Cervantes enfoncera le clou avec Don Quichotte et Emanuele Arioli établit certaines parentés entre l’auteur castillan et l’histoire de Ségurant.
Des recherches aux publications
Après un long travail de terrain, d’analyse et de classification, Emanuele Arioli a présenté sa thèse en 2017 devant la Sorbonne et le Collège de France. Mené sous la direction de Sylvie Lefèvre et de Michel Zink, ce travail lui a valu une mention très honorable. En dehors de la reconnaissance de ses pairs et comme à peu près toutes les thèses, elle passera à peu près inaperçue du grand public. Rien d’étonnant. C’est un peu la loi du genre.
Profitons en pour ajouter ici que les parutions de ce brillant médiéviste n’ont cessé d’être saluées par diverses académies depuis. Ses premiers travaux thèse présentés en 2013 devant l’Ecole des Chartes lui avaient déjà valu deux prix prestigieux et d’autres sont venus s’y ajouter.
« Ségurant ou le chevalier au dragon : étude d’un roman arthurien retrouvé », chez Honoré Champion
Quelques années plus tard, en 2019, l’auteur fera publier une première version remaniée de cette thèse chez Honoré Champion. Présenté en 2 tomes, l’ouvrage reste alors relativement confidentiel. On y trouve les versions en vieux Français et des notes propices à intéresser le public averti de la grande maison d’édition.
Le tome 1 présente le corpus central des écrits médiévaux attachés à Ségurant. On a là la version la plus fournie et la plus datée. Le tome 2 expose, quant à lui, les versions ultérieures et variantes retrouvées et réunies par l’auteur. Une réédition des deux ouvrages, datée de mars 2023, avancera encore dans la diffusion de Ségurant auprès du même public. On peut la trouver au lien suivant : Ségurant ou le chevalier au dragon, version cardinale, deuxième édition, Editions Honoré Champion.
Malgré cela, il faudra attendre sept mois pour voir la presse et les médias commencer à tendre plus sérieusement l’oreille. Ils le feront, au point d’élever Ségurant, au rang de véritable buzz médiatique automnal dans le monde du livre. Il faut dire qu’en plus du patient travail d’Honoré Champion, le jeune médiéviste, désormais professeur des universités, aura déployé de nouvelles stratégies et de nouveaux moyens pour faire connaître son chevalier arthurien au plus grand nombre.
Des livres tous publics pour découvrir Ségurant
Dans sa volonté de diffusion et comme on pourra le relever dans la conférence ci-dessus, Emanuele Arioli a eu à cœur de partager l’aventure de son héros médiéval oublié, autant que de mettre en scène sa propre course au trésor médiéval. Les amateurs de légendes arthuriennes se retrouvent donc gâtés à l’approche de Noël avec trois productions, en plus de celle susmentionnée.
Ségurant, le chevalier au dragon, Les belles lettres
Cet ouvrage présente une version plus compacte et plus orientée grand public de l’épopée de Ségurant que celle sortie chez Honoré Champion.
Pas de vieux français ici. Sur 240 pages, le livre présente en français moderne le roman disparu ainsi que des enluminures issues des manuscrits originaux. Il est disponible en format broché ou Kindle à un prix plutôt abordable et rencontre déjà un franc succès.
Ségurant, le chevalier au dragon, Seuil Jeunesse
Le parti-pris de cet ouvrage est de faire découvrir, de manière illustrée, la quête entreprise par le chercheur et les méthodes utilisées pour mettre au jour le chevalier arthurien oublié.
Mettre à la portée des jeunes publics son métier de paléographe archiviste et ses recherches dans les manuscrits, reste un moyen original de partager ses péripéties, tout en suscitant des vocations. C’est plutôt une bonne idée dans laquelle transparaît le pédagogue et professeur qu’est aussi Emanuele Arioli.
Le Chevalier au Dragon, la BD chez Dargaud
Avec ce dernier format sous le mode pure BD, l’auteur-chercheur se propose de faire découvrir Ségurant d’une autre manière encore. Pour les besoins du scénario et du format, il se permet ici quelques incursions un peu plus fictionnelles. Elles permettent notamment de combler quelques vides laissés par les aventures reconstituées du chevalier arthurien.
Tous les produits sus-décrits sont à la vente chez tout bon libraire. Aussi, n’hésitez pas à les visiter pour leur commander. Pour ceux qui sont dans des zones privées de librairies ou même hors de France, vous pourrez, bien entendu, retrouver tous ces ouvrages dans les librairies en ligne. Voici un lien utile à cet effet.
Des productions complémentaires
Pour une histoire sortie d’un labo de recherches, l’idée d’une sortie rapprochée sur tous ces supports est assez novatrice. En fait de redondances, il faut plutôt y voir une heureuse complémentarité. En plus de toucher divers publics, ces différentes productions papier se renvoient, en effet, la balle de manière plutôt heureuse.
A l’heure où il est si difficile de s’arracher aux écrans pour se plonger dans de saines lectures, la BD est un bon moyen d’entrer dans l’histoire pour les aficionados du format illustré et pour les plus jeunes. Elle peut, par la suite, susciter l’envie d’aller chercher aux racines du texte médiéval dans le ou les livres disponibles. Aurait-on trouvé une nouvelle façon d’envisager le retour à la lecture par l’image papier et la BD ? Le sujet s’y prête mais l’originalité de cette triple sortie reste à saluer.
Documentaires et conférences
Dans la foulée de toutes ses sorties, l’auteur a également travaillé, de concert, avec la chaîne de télévision Arte sur un documentaire qui vient tout juste de sortir (le 25 novembre). La réalisatrice et l’auteur ont fait le choix d’y présenter, en parallèle, les aventures filmées de l’archiviste-paléographe et celle du chevalier Ségurant en format animation.
On espère que ce format participera de la dynamique de distribution des produits et ne l’éteindra pas comme c’est trop souvent le cas. On connait hélas trop l’effet « j’ai vu le film, pas besoin de lire le livre » (l’écran, encore lui). Quoi qu’il en soit, l’auteur, comme les publics ayant déjà vu ce documentaire, ont l’air de s’en déclarer largement satisfaits.
En dehors de cela, on peut trouver quelques conférences d’Emanuele Arioli en ligne comme celle partagée un peu plus haut dans l’article. Vous pourrez également le retrouver au lien suivant dans une conférence sur le site de l’Ecole des Chartes parue tout récemment. Etant lui-même chartiste, il revient en quelque sorte à la source de ses enseignements, pour sa découverte et son approche, en compagnie de son éditeur des Belles lettres.
Bon pour les chercheurs et pour le Moyen Âge
Pour conclure, il faut se féliciter de cet enthousiasme médiatique mérité autour de Ségurant. La découverte et l’opiniâtreté du chercheur auront payé même si, redisons-le, la mise au jour d’une telle nouveauté sur un corpus si largement étudié reste aussi rare qu’exceptionnelle.
De fait, bien des archivistes ou médiévistes peuvent lui envier cette trouvaille mais aussi s’en trouver d’autant plus motivés dans leur travail. La chasse au trésor est encore possible et l’on peut avec un peu de ténacité se changer tout soudain en une sorte d’Indiana Jones des temps modernes, toute mesure gardée. Au delà, tout cet écho dont bénéficie aujourd’hui Emanuele Arioli est bon pour la recherche en Histoire, pour les légendes arthuriennes, autant que pour la connaissance du Moyen-Âge et de sa littérature. On peut donc l’en féliciter doublement.
Des labos aux échos médiatiques
Ses mésaventures permettent aussi de mesurer le fossé existant entre le monde de la recherche et celui des médias, même quand les sujets s’y prêtent. Sans les supports appropriés en terme de ciblage, de marketing et de communication, il aura fallu près de 6 ans pour que la découverte d’un chevalier oublié de la cour d’Arthur passe des bancs de l’Université aux médias plus grand public. Entre l’univers Kamelott d’Alexandre Astier mais encore les séries et autres productions hollywoodiennes diverses, le roman arthurien n’a pourtant cessé de démontrer sa popularité actuelle. Il y a là peut-être un leçon à tirer.
Pour les amateurs de toutes ces déclinaisons filmées autour du roi des bretons, reste à savoir si Ségurant fera bientôt une apparition, fugace ou plus consistante, sur les grands écrans. L’auteur en rêve certainement mais ne soyons pas trop pressés et donnons au public le temps de lire un peu, puisqu’il semble en reprendre le goût grâce à ce chevalier oublié.
Sujet : Anne de France, exposition, colloque, peintures, arts, sculptures, manuscrits anciens, ducs de Bourbon, Bourbonnais. Expositions & colloques : Anne de France, Femme de pouvoir, Princesse des Arts Dates : jusqu’au 18 septembre 2022 Lieu : Musée Anne-de-Beaujeu, 5 Pl. du Colonel Laussedat, 03000 Moulins, Auvergne-Rhône-Alpes
Bonjour à tous,
l y a plus d’un siècle, on inaugurait à Moulins, dans l’Allier, le Musée départemental Anne de Beaujeu (mab). Situé dans un pavillon attenant au prestigieux Château des ducs de Bourbon, l’institution accueille encore, de nos jours, de nombreux visiteurs. Elle leur propose la découverte de collections variées qui lui ont, quelquefois, valu le surnom mérité de « petit Louvre ». L’institution, qui suscite un grand enthousiasme auprès du public, est référencée dans de nombreux guides et elle est même entrée, en 2016, au classement des musées étoilés du guide vert Michelin.
Un petit Louvre au cœur de l’Allier
En terme de périodes historiques et de pièces exposées, les visiteurs trouveront au mab un parcours aussi vaste que riche. Si le Moyen Âge y est représenté, il est loin d’être le seul. Du côté des expositions permanentes, les collections du mab vont de l’égyptologie et de l’archéologie régionale jusqu’à l’art décoratif local et encore de grandes toiles et sculptures du XIXe siècle. Entre le temps des pharaons et le XIXe siècle, le musée présente également l’histoire des Bourbons et des sculptures bourbonnaises allant du Moyen Âge à la renaissance, mais aussi des peintures et sculptures des XVe et XVIe siècles, en provenance d’Allemagne et des Pays Bas.
Les collections de l’institution ne s’arrêtent pas là. Le beau musée Anne de Beaujeu a, en effet, en charge la conservation de près de 20 000 objets et œuvres d’art qu’il dévoile, aux yeux du public, au fil d’expositions plus temporaires. On peut alors y découvrir des pièces d’exception dans des domaines aussi variés que les arts, les arts décoratifs, ou même l’histoire naturelle et la numismatique. Au delà de ses expositions permanentes et temporaires, le musée répond également présent à l’occasion d’événements spéciaux comme les journées nationales du patrimoine ou la nuit des musées. Enfin, dans la veine de ses activités de conservation et de promotion de ses collections, il édite également divers guides, de beaux livres d’art ou des catalogues d’exposition.
L’actualité du Musée Anne de Beaujeu
Côté actualité, un triple événement vous attend, en 2022, au Musée Anne de Beaujeu. Débuté depuis mars dernier, il se poursuivra jusqu’au 18 septembre de cette année et on y célèbre l’anniversaire de la disparition des 500 ans d’Anne de France (1461-1522).
Exposition événement : Anne de France, Femme de pouvoir, Princesse des Arts
Le Ministère de la Culture et la région se sont associés au mab pour faire de cette exposition sur Anne de France un événement exceptionnel. Le musée s’est également allié à d’autres établissements de renom et des pièces de haut vol sont venues enrichir momentanément le patrimoine du musée. Elles proviennent d’institutions aussi prestigieuses que Le Louvre, Versailles, Ecouen, la National Gallery et la Wallace Collection.
Comme on le verra, la grande princesse de la fin du Moyen Âge, épouse de Pierre de Bourbon et fille ainée de Louis XI et de Charlotte de Savoie, n’a pas fait que régner sur le duché du Bourbonnais et donner, plus tard, son nom au Musée Anne de Beaujeu. Cette exposition est là pour témoigner de la grandeur d’Anne de France sur les terrains étatiques, comme artistiques. En juin, l’événement se doublera même d’un colloque visant à explorer, de manière plus large encore, l’influence de cette grande dame des XVe et XVIe siècles, sur les arts, comme sur la politique et la société de son temps.
Deux ouvrages pour accompagner l’exposition
Pour tout ceux désireux de mieux connaître la personnalité et les faits d’Anne de France, Aubrée David Chapy, docteure et professeure agrégée d’histoire, co-commissaire de l’exposition vient également de faire paraître, aux éditions Passés-composés l’ouvrage « Anne de France, Gouverner au féminin à la Renaissance ». Il s’agit d’une biographie-essai sur la princesse et femme d’Etat de la fin du Moyen Âge. L’historienne qui a fait de la construction du pouvoir au féminin au Moyen âge tardif et à la Renaissance, un de ses sujets de prédilection est aussi une grande spécialiste d’Anne de France. Elle y avait, en effet, déjà consacrée une partie de sa thèse de doctorat, brillamment reçue, en 2014.
A noter également que les deux commissaire de l’exposition, Aubrée David Chapy donc, et Giulia Longo, conservatrice du musée ont également fait paraître le catalogue de l’exposition, sous le titre Anne de France (1522-2022): Femme de pouvoir, princesse des arts. Il est, lui aussi disponible depuis courant mai (voir en ligne).
Un grand colloque sur Anne de France
Comme indiqué plus haut, d’ici quelques semaines, un colloque viendra s’ajouter à l’exposition pour honorer Anne de France et son leg. Il aura lieu les vendredi 17 et samedi 18 juin 2022, au théâtre de Moulins et aura pour titre : « Autour d’Anne de France. Enjeux politiques et artistiques dans l’Europe des années 1500.«
Du point de vue du programme, la qualité des invités est à la mesure des ambitions de l’événement. Ils seront, en effet, près de 20 universitaires, conservateurs et spécialistes venus des plus prestigieuses universités et institutions françaises ou étrangères pour parler d’Anne de France, de livres et des arts bourbonnais contemporains de la Princesse. Un journée entière de ce colloque sera également dédié au pouvoir conjugué au féminin durant ces même siècles, du Moyen âge tardif et à la Renaissance.
Pour nous qui nous nous sommes déjà avancé en partie sur ces thématiques de l’empreinte des femmes dans l’histoire de France (voir le cycle sur les grandes dames de la guerre de cent ans), ce programme s’annonce d’excellente faction. On y trouvera du savoir de qualité librement dispensé puisque l’entrée est libre et sans réservation.
Pour ajouter à ces deux événements, une seconde exposition débutera le 18 juin et se poursuivra, elle aussi, jusqu’au 18 septembre 2022. Le public aura l’opportunité d’y découvrir de prestigieux manuscrits de la BnF sur le thème « Trésors enluminés des ducs et duchesses de Bourbon ». Nous restons donc dans le thème.
D’autres conférences et visites guidées autour de ces expositions animeront la vie du musée durant les mois à venir. Pour le détail de ses programmes et des horaires, voir le site officiel du Musée Anne de Beaujeu.
Ajoutons, pour conclure, que ceux qui ne s’y sont jamais rendus au musée Anne de Beaujeu de Moulin pourront profiter de leur présence sur place, pour effectuer une visité guidée du château des ducs de Bourbon.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : le portrait d’Anne de France sur l’image d’en-tête est extraite du superbe Triptyque du Maître de Moulins de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Moulins . Il a vraisemblablement été réalisé par le peintre Jean Hey entre la toute fin du XVe et le début du XVIe siècle. Les autres photos de l’article proviennent du Musée Anne de Beaujeu.