Bonjour à tous,
près le déconfinement amorcé au courant du mois de mai et comme on l’imagine, pour bien des établissements culturels, rouvrir ses portes ne sera pas suffisant pour que les visiteurs s’y engouffrent. Les changements drastiques effectués au Puy du Fou pour accueillir le public le démontrent. Face à la crise, il est important de continuer à marquer clairement son engagement sanitaire. Du reste, d’autres événements suivent déjà : quelques fêtes médiévales sont prévues dans le cadre de château notamment. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Réjouissons-nous tout en restant prudents, au regard des mesures à respecter puisque le Coronavirus 2019 n’est toujours pas éradiqué.
Loin de nos considérations historiques et médiévales habituelles et pour déroger à nos habitude, ces événements autour de LA Covid19 (les académiciens nous expliquent qu’il faut plutôt l’abréviation du virus au féminin) soulèvent quelques réflexions que nous voulions partager ici.
L’heure du confinement
Pour prendre un pas de recul sur les premiers volets de cette crise sanitaire, tout s’est passé comme si, le vieil adage « Pour vivre heureux, vivons caché« , que certains pouvaient partager jusque là, était devenu par la force des circonstances : « Pour survivre, restons cloîtré« . Plus question de choix dès lors. A l’arrivée de l’épidémie et au vu du manque de moyens, peu d’alternatives se sont ouvertes, si peu de voies ont été tracées. L’heure était au confinement : quatre syllabes pour une mesure nécessaire (pour éviter l’engorgement des hôpitaux et au moins dans les premières semaines) et qui, paradoxalement, pouvait aussi sonner un peu comme une sentence.
Dans les sociétés humaines, au passé comme au présent, la réclusion imposée par un état ou une institution se rattache, le plus souvent, à des images d’enfermement punitif, de couvre-feu, de sanctions, de violences faites aux individus. Hors de ces contextes nous n’y sommes guère habitués mais si la mesure sanitaire a emporté nécessairement une privation relative de libertés, elle était pourtant loin d’avoir la dureté de ces symboles. Du reste, si certains trublions ont eu l’oreille un peu dure, les populations ont fini, globalement, par jouer le jeu. La pire punition de ce long confinement, sera, on le sait, la violence faite à l’économie.
Quel horizon au sortir de l’abri ?
De longues semaines d’attente plus tard, si l’annonce d’un déconfinement a sonné pour la grande majorité, comme un soulagement, en réalité, c’est une sorte de demi-sortie tiède, sans visibilité claire et sans mesures véritablement incisives qui était proposée. Au fond, ce deuxième temps d’une crise covid19 (qui n’en finit plus de ne pas finir), ressemblait plus à une version 1.01 du confinement qu’à une véritable riposte.
Pour peu, il en venait même à prendre les dehors de ces hivers post-nucléaires tels qu’on les voit dans les films de genre : la guerre est survenue. La bombe a été lâchée. Quelque temps ont passé. Les yeux redécouvrent la lumière du soleil, au sortir de l’abri. C’est bon de se sentir dehors, mais cette poussière, encore en suspension dans l’air et qui s’étire, en paillettes, sous les rayons de l’astre du jour, est-elle encore chargée d’invisible poison ? Et si c’était le cas aurions-nous le moyen d’y faire face mieux que la fois d’avant ? La seule perspective sera-t-elle le reconfinement ? Devrons-nous encore redescendre dans l’abri et à quel prix pour notre économie ? Un seule certitude, ce déconfinement, nous le savons tous, n’est pas encore le monde d’après. Ce monde là se fera désirer. A entendre les politiques, il n’a pas encore de dates sur le calendrier et même plus d’horizon.
Les pandémies apocalyptiques
Bien sûr, on nous dira que nous forçons un peu le trait en nous servant de cette imagerie apocalyptique, mais tout le monde en aura saisi le fond. Et puis, nous pourrons toujours rétorquer que ce n’est pas vraiment nous qui avons commencé. Les fictions de pandémies radicales, ou même d’un monde peuplé de survivants zombies suite à des virus extra-terrestres ou de laboratoire ont, en partie, supplanté sur nos écrans les peurs nucléaires des années 80.
Une certaine montée en épingle autour de ce Coronavirus n’est d’ailleurs sûrement pas étrangère à cela. Depuis près de 15 ans, la presse a fait ses choux gras, de chaque nouveau virus, en surfant allègrement sur cette phobie (vache folle, grippe aviaire, Sars, etc…). Le sensationnalisme fait lire et fait vendre, l’aubaine était irrésistible.. Aujourd’hui, de nouveaux prédicateurs viennent aussi nous expliquer qu’ils étaient les seuls à avoir annoncé cette « Apocalypse » (légèrement sur-vendue) de la Covid, quand cette idée est dans l’air depuis des décennies déjà. Le monde ne les avait pas attendus pour se la repasser en boucle. Du reste, au vu du mondialisme, de l’accélération de la circulation des biens et des personnes, évidemment, que nous n’étions pas prêts…
Le temps de l’impuissance et des menteries
Quoiqu’il en soit, si on n’a pas pu sortir tout à fait indemne, ni en toute tranquillité de ce long hiver de la Covid, c’est qu’il n’est pas encore fini. Nul n’est besoin que de nouvelles terreurs nous soient servies, une partie d’entre nous est encore sous le coup du confinement, mais plus encore sous le choc du véritable séisme (médiatique, politique, technocratique, économique) déclenché par la venue de celui qu’on a appelé outre-atlantique et dans de grands élans dramatiques : the invisible enemy. Angoisses spontanées et légitimes auxquelles sont venues se surajouter d’autres plus manufacturées ? Oeuvre-t-on seulement à les déconstruire autant qu’on a travaillé à les échafauder ? « Comptons nos morts au quotidien », la nouvelle conception du devoir et de l’action politique, tandis que les pseudo-experts atermoient la moindre lueur d’espoir… Au regard des chiffres véritables, certains esprits ont pu, après coup, se sentir quelque peu troublés. Bien sûr qu’une action ferme était nécessaire, mais en cas d’alerte incendie, on nous avait, jusque là, tous appris à suivre le plan d’évacuation dans le calme…
Que reste-t-il ?
Alors, que nous reste-t-il, aujourd’hui, sinon ce sentiment que la Covid nous a laissé de notre propre impuissance sociale face à ces formes inévitables d’hystérie médiatique, face à ce vent de panique qui éclatait en février et ses foules qui s’écharpaient, déjà, dans les rayons des supermarchés, face à ce manque de moyens qui, bientôt, a éclaté au grand jour, face encore à cette technocratie médicale qui est allée jusqu’à écharper ses médecins de terrain, face enfin aux collusions suspectées et déjà partiellement établies avec les géants de l’industrie sectorielle.
Toutes choses nauséabondes auxquelles il nous faut ajouter les terribles ratages d’une classe politique, férue d’idéalisme supra-nationale et d’ingénierie sociale, mais si peu armée pour partir véritablement à la guerre et prendre des décisions dans le monde réel : revirements, mensonges, interdictions, demi-autorisations, ré-interdictions, ingérence sur le terrain des prescriptions médicales et finalement bannières de non responsabilité brandies hautes devant les médias ou les commissions d’assemblée. « Les masques n’ont aucun intérêt pour le grand public« , « Nous n’avons jamais manqué de masques« , « J’ai interdit la chloroquine parce qu’on prend trop de médicaments« .
De l’incapacité de compter jusqu’à 3
Alors, « Rien ne sera jamais plus comme avant ». On n’a cessé de nous le répéter, jusqu’à l’indécence mais le pire reste que nous ne sommes toujours pas victorieux, pas d’avantage que nous ne sommes dans l’après Covid. Depuis 7 mois, nous avons surnagé dans des prises de décisions qui n’ont compté que jusqu’à deux, « confinement- déconfinement » avec des graduations entre les deux. Le temps 3 de stratégies véritables pour se donner les moyens d’une victoire ferme et sans appel n’a jamais été, véritablement, posé en perspective. La phase de retranchement du long confinement n’a pas été mise à profit pour l’établir. En revanche, le temps 4 de la crise économique et de ses violences à venir, lui, a déjà été avancé très largement et à maintes reprises. La guerre sanitaire n’est pas encore gagnée qu’on songe à la prochaine dont on nous promet déjà que nous la perdrons certainement. Rien ne nous est décidément épargné. Dans le discours politique français des quarante dernières années, il n’est pratiquement jamais question de sortir la tête de sous l’eau, mais toujours d’apprendre l’apnée.
C’est un fait pourtant. Les dernières nouvelles sur la possible persistance du Coronavirus, voire sur la présence d’un certain nombre de foyers de résurgence dans le monde, semble l’indiquer clairement : l’ennemi n’a pas été totalement défait. On est donc bien forcé d’enjoindre à la prudence, tout en se réjouissant au constat que les pratiques sanitaires préventives s’ancrent, chaque jour, un peu plus, dans l’espace public : port du masque, distances physiques, gestes barrière, gestes d’hygiène…
L’horizon politique dans les mains du marché
Le peuple fera sa part du contrat sanitaire comme il y a souscrit, globalement avec sagesse, au moment du confinement. Pour autant, saura-t-on lui offrir, cette fois-ci, un horizon véritable ? Face à la Covid 19, l’action publique a jusque là consacré son impuissance à résoudre. Au mieux, elle n’a eu l’ambition que d’atermoyer ou de se défausser. Alors, va-t-elle relever enfin la tête pour gagner cette guerre sanitaire ? Quel sera le programme ? Va-t-on daigner apprendre un peu des autres et mettre en pratique les recettes qui, ailleurs, semblent avoir fait leur preuves ? Va-t-on accélérer le dépistage massif et traiter les malades en les isolant ?
Sommes-nous vraiment dans le pendant ou encore dans l’avant ? Un avant de l’attentisme, de l’ouvrir et du fermer, un avant impuissant à mobiliser intelligemment les énergies nationales, pour mettre en place des stratégies fortes et concertées dans la perspective de l’éradication du problème… Continuerons-nous d’assister au triste spectacle d’une classe politique suspendue à ses propres idéaux technocratiques ? Naguère, on l’a vu compter sur le réveil d’une Europe des experts qui n’a pas répondu présente. Hier encore, elle implorait la venue miraculeuse (à l’arrière-goût de Tamiflue) du vaccin d’un Bill Gates ou de grands labos privés, comme une façon de nous dire : « patientez, mes frères, l’action politique est morte, la solution viendra du marché… »