Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, manuscrit ancien, saignée. calendrier Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
la faveur du nouvel extrait du Flos Medicinae sur le régime au mois le mois de l’Ecole médicinale de Salerne que nous vous présentions dans l’article précédent, nous vous proposons un peu de variations graphiques autour de ce « calendrier ».
Même si les documents que l’on utilise au moyen-âge sont loin d’être tous de beaux manuscrits reliés ou même des codex, ornés de somptueuses lettrines et d’enluminures, cet art y demeure omniprésent et le monde médiéval nous a légué en témoignage de nombreuses et précieuses illustrations. Pour ceux qui auront noté les efforts que nous développons sur la partie graphique du site pour agrémenter nos articles, c’est, bien sûr, un peu de cette idée et de cette ambiance visuelle que nous tentons de recréer, pour rendre la lecture plus agréable et plus immersive de la période aussi.
Ce « calendrier » visuel du régime au mois le mois nous donne encore l’occasion de célébrer la rubrique « Médecine médiévale » que, vous l’aurez peut-être remarqué, nous venons d’ajouter comme une rubrique à part entière dans le menu catégoriel de gauche. Au fil du temps, nous y ajouterons tous les articles concernant ce sujet et sans doute même (nous y travaillons) un « herbier » médiéval.
En vous souhaitant une très belle journée !
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, manuscrit ancien, saignée. calendrier Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
Bonjour à tous,
n suivant le fil de la médecine médiévale « hygiéniste » de l’Ecole de Salerne et notamment de son long poème en vers qui traversa le temps du XIe au XVIIe siècles, nous découvrons aujourd’hui des indications de santé, au mois le mois que recommandaient alors les médecins italiens.
Sur les terres d’une Europe médiévale où, serfs ou vilains, 95% des populations sont paysannes, on vit alors, de manière étroite, au rythme du calendrier agricole et de l’alimentation saisonnière. Du côté de la médecine, on prend très au sérieux l’adaptation du « régime » (au sens large d’ensemble de mesure et pas seulement de diète) au climat et aux conditions de chaque mois. Ce nouveau chapitre du Regimen Sanitatis ou du Flos Médicinae est là pour l’attester.
Comme nous l’avions vu dans notre article précédent sur cet ouvrage ancien, de même que la médecine médiévale le fait pour les saisons, elle lie encore les mois aux humeurs, à la saignée, aux bains, aux activités physiques incluant même celle de l’amour. On n’imagine pas, sans sourire, un médecin généraliste s’avancer de nos jours, sur ce dernier terrain au moment de rédiger son ordonnance.
Quoiqu’il en soit et pour revenir à notre sujet, en rapprochant ces conseils des médecins italiens de Salerne avec les illustrations de calendrier agricole et de ses rythmes, on peut d’ailleurs aisément jeter des ponts de l’un à l’autre. Dans un contexte où la relation à l’environnement et la nature reste étroite, la médecine médiévale ne peut qu’entériner, autant qu’elle réaffirme la forte dépendance de l’homme et de sa santé, à la terre et à ses rythmes. Au passage et toute proportion gardée, cette approche hygiéniste de l’Ecole de Salerne n’apparaît pas aujourd’hui si éloignée de certains courants de médecines dites « holistiques » qui tentent de remettre en exergue l’importance du lien entre santé, environnement naturel et alimentation.
Du régime suivant les mois
Un seul rapprochement par mois te suffira, S’il n’a rien de suspect; sinon, il t’en cuira. A ce prix, des docteurs l’aréopage illustre, De vie et de santé te garantit maint lustre.
Janvier. Janvier se réjouit de vins chauds, généreux. L’hydromel est trop fade et rend moins vigoureux; Prends contre les langueurs des boissons salutaires. Écarte les soucis et fuis les mets vulgaires; Les bains sont bienfaisants; bois sans faire d’excès ; Les mets chauds en janvier méritent leur succès.
Février. La fièvre, en Février, se glisse dans tes veines. Pour écarter le froid n’épargne pas tes peines; De boissons, de mets chauds emprunte le secours. Oie, aneth et poirée entretiendront tes jours; Arrose-les de vin. Ta santé souffre-t-elle ? Fais-toi saigner au pouce, adieu le mal rebelle.
Mars. Mars, rouvrant des humeurs les sources jaillissantes, Enfante dans le corps cent douleurs renaissantes. Aux veines garde-toi de dérober leur sang, Mais de racines bois le suc rafraîchissant. Plonge-toi lentement dans de chaudes étuves Qui raniment ta force à leurs tièdes effluves. Des mets avec leur jus, des aliments sucrés Réparent la vigueur d’estomacs délabrés.
Avril. Quand Avril fleurissant vient rajeunir le monde, Quand s’entr’ouvre le sein de la terre féconde, Tout revit. Le sang pur se gonfle en bouillonnant*, Dégage alors le ventre, au pied soustrais du sang.
Mai. Tu pourras en ce mois te purger à loisir; Fais-toi saigner; des bains goûte le doux plaisir, Parfume l’eau des bains d’un arôme sauvage; L’absinthe en lotion est utile au visage.
Juin. L’hydromel trouble en Juin le cerveau du buveur; Du houblon fermentant crains la jeune liqueur; Prends la verte laitue et bois l’eau des fontaines, La bile malfaisante évitera tes veines.
Juillet. La saignée en Juillet est chose redoutable; Ne charge pas de vin un viscère irritable; Abrège ton sommeil: fuis les bains, le plaisir, Et de sauge et d’aneth compose un élixir.
Août. Pour garder en ce mois un tempérament sage, Dors peu, crains la fraîcheur, de Pamour fuis l’usage, Abandonne les bains, fais de sobres repas, Évite la saignée et ne te purge pas; De vins, de lotions crains la suite fatale; Surtout qu’aucun mets chaud à tes yeux ne s’étale.
Septembre. Que Septembre en tes mains prodigue ses fruits mûrs, Poires, pommes, raisins, lait de chèvre et vins purs; Qu’un doux jus dans ton sang coule et le renouvelle, Fais-toi saigner au bras; mange amande nouvelle.
Octobre. Qu’Octobre en tes celliers verse ses vins nouveaux, Entasse autour de toi gibier, oiseaux, chevreaux; Mange autant qu’il te plaît sans charger tes viscères, Que lasserait l’abus d’aliments salutaires. Mange et le lait de chèvre et le lait de brebis, En disques savoureux, épaissis et durcis.
Novembre. Observe de Novembre un précepte formel: Mange miel et gingembre, et bois doux hydromel. De l’amour et des bains néglige la pratique Qui rend l’époux débile et la femme hydropique.
Décembre. Les mets chauds en ce mois sont chose capitale; Point de choux. Qu’on te saigne à la veine frontale. Les lotions du corps n’ont pas d’utilité. Bois sec, mange faisans avec sécurité. Contre le froid piquant couvre avec soin ta tête, Au mal le cinnamome* et s’oppose et l’arrête.
* Cannelle
Une excellente journée !
Fred
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Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien, saignée. Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous poursuivons la lecture du Flos Medicinae de l’Ecole de Salerne et après avoir vu l’influence de l’air et des quatre vents sur la santé dans notre article précédent, l’ouvrage du XIIe siècle nous parle, cette fois-ci, de l’influence des saisons sur nos états de santé, et nous donne la marche à suivre pour assurer notre bien être en automne, en hiver, au printemps, comme en été.
Nous sommes toujours dans le chapitre concernant l’hygiène et ses principes généraux et on y apprendra entre autre que le régime alimentaire, le repos, les exercices et même « l’amour » ont intérêt à se calquer sur le rythme de la nature et sa saisonnalité. Même si nous le pratiquons encore un peu intuitivement « manger moins l’été, manger plus riche l’hiver, » etc… , la vie moderne et urbaine – ses rythmes, ses exigences, ses produits toujours disponibles qui ne suivent plus aucune saisonnalité – nous donne souvent l’impression que nous pouvons nous affranchir des rythmes de la nature. Pourtant depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres, pas seulement médiévaux, mais même ceux qui les avaient précédés depuis, au moins l’invention de l’agriculture et de l’élevage, dépendaient des saisons et étaient fortement attachés à la terre et à ses cycles de production. Il ne serait pas venu à l’idée pour la médecine d’alors que l’homme puisse s’affranchir de ces cycles naturels et en vivre totalement dissocié sans en payer le prix sur son bien-être et, plus loin, sa santé. Entre les lignes des prescriptions d’hygiène alimentaire ou purgative, on retrouve d’ailleurs dans cet extrait, quelques références claires à la saisonnalité des produits (vin en automne, viandes rôties des campagnes l’hiver).
A tout celà, il faut ajouter que ces recommandations du Flos Medicinae ne peuvent être dissociées de la théorie des humeurs. Cette dernière guide alors le médecin dans ses diagnostics, autant que dans ses prescriptions, à la recherche d’une santé qui se situe dans l’équilibre des quatre humeurs présentes dans le corps, et que le climat et les saisons viennent encore influencer. Il y est notamment fait allusion clairement dans le paragraphe sur l’Eté :
« L’Été sec et brûlant survient: sache qu’alors La bilieuse humeur domine dans le corps. »
Bile jaune, chaude et sèche comme le feu, propice aux états colériques que l’été vient faire bouillonner, pour être devenue la saison des congés payés et des doigts de pieds en éventail sur la plage, à premier vue, nous nous sommes un peu distanciés de la vision médiévale de cette saison, en terme de représentations.
La saignée, un pratique médicale
ancestrale et médiévale
our le reste on découvrira encore dans cet extrait du Regimen Sanitatis que l’automne nous permettra d’échapper à la saignée ce qui nous donne l’occasion d’un petit détour sur cette pratique médicale ancienne.
Au moyen-âge, la saignée est encore un moyen comme les purgatifs de rétablir l’équilibre des humeurs. Elle s’inscrit donc dans cette théorie. Pratiquée depuis l’antiquité, si Hippocrate (460-370 av J-C) la limitera dans son utilisation, Gallien (129-200 av J-C) en élargira le champ d’application, au risque d’en faire une remède applicable dans un grand nombre de cas de figures. L’influence de ce dernier sur le sujet sera durable et perdurera jusqu’au XVIIe siècle.
Dans le courant du moyen-âge central, Salerne suivra ce mouvement en faisant notamment de cette saignée une mesure d’hygiène préventive, et en préconisant même la « saignée de précaution ». On continuera toutefois de ne pas la prescrire aux personnes âges, aux enfants, et aux personnes en grand état de faiblesse. Curiosité propre à ce moyen-âge chrétien et conséquence de l’ascétisme sexuel que le Concile de Latran est venu imposer à ses moines et au personnel de l’épiscopat romain, dans le courant du XIIe siècle, au delà de cet usage préventif sur la santé, on retrouvera même une utilisation de cette pratique dans le champ spirituel en direction des ecclésiastiques, pour « affaiblir leurs désirs et leurs appétits de chair » .
Quoiqu’il en soit, même si elle en élargit quelque peu le champ en la plaçant du côté de la médecine préventive, l’Ecole de Salernecontinuera, nous l’avons dit, d’encadrer cette pratique de la saignée ne la recommandant qu’à certaines périodes, comme on le voit dans notre extrait du jour. En réalité, les médecins de Salerne iront même plus loin que cela en ne la prescrivant qu’à certaines dates et même qu’à certaines heures de la journée ou certains jours du calendrier lunaire. En remontant un peu plus loin dans le temps, on retrouvera encore chez Avicenne un champ d’intervention assez précis la concernant et elle ne s’adressera pas, là non plus et loin de là, à tous les cas, ni à tous les malades.
En réalité, pour rendre justice à cette pratique dans le cadre de la médecine médiévale, il semble que c’est largement plus le siècle de Molière, le XVIIe qui fera de cette saignée une véritable panacée et en élargira encore le champ et la pratique, au point de la rendre totalement abusive.
La saignée dans la médecine moderne
our le cas où vous poseriez la question d’un éventuel soubassement scientifique à cette pratique de la saignée que Molière a si bien moquée et pour cause et qui, pendant, des siècles fut une réponse médicale à bien des maux, voici quelques éléments de réflexion qui n’ont pas la prétention de l’exhaustivité..
Tout d’abord, les globules rouges contiennent du fer, et la saignée par le prélèvement d’un peu de sang permet de favoriser l’élimination d’un éventuel excédent de fer dans le sang. On apprendra encore que ce dernier finit souvent par se déposer en d’autres endroits du corps et peut être, notamment une cause de cirrhose du foie. Des cas d’anémies, également dus à cet excès de fer, peuvent être encore traités partiellement et sous contrôle médical, bien évidemment, par le prélèvement de sang. Dans ces cas là, il semblerait que la saignée, contre l’idée générale qu’elle pourrait affaiblir, permettrait, en réalité, de stimuler l’organisme et la production de « sang neuf ».
Rebaptisés en médecine moderne « phlébotomies », ces prélèvements sont encore en usage chez les médecins urgentistes qui les pratiquent dans un certain nombre de cas. Si elle a changé de nom et si on ne l’utilise plus aujourd’hui de manière aussi large que l’on pouvait le faire aux périodes antérieures, la saignée est donc toujours pratiquée par la médecine moderne.
Du régime suivant les saisons
Printemps. Le Printemps et l’Été, l’Automne, enfin l’Hiver Se partagent l’année. Humide et doux est l’air Au printemps; pour saigner le moment est propice; D’un amour modéré goûte le pur délice: La saison te prescrit les purgatifs, les bains, exercice, sueur, liberté d’intestins.
Été. L’Été sec et brûlant survient: sache qu’alors La bilieuse humeur domine dans le corps. Plus d’amour; des mets froids sur la table discrète; De bains et de saignée abstinence complète; De longs repos; ne bois qu’avec sobriété; Le corps est desséché des jeûnes de l’été: Un vomitif chassant les humeurs viciées Lave de l’estomac les routes balayées.
Automne. L’Automne est froid et sec; par ses fruits redoutables; Aux mets chauds unis donc les bons vins sur la table. Garde-toi de saignée et de mets farineux; D’un amour trop ardent fuis l’excès dangereux.
Hiver. L’Hiver, saison glacée, humide et rigoureuse, Chargera de mets chauds la table copieuse; Satisfais à ton aise un appétit actif; Qu’on te saigne, mais peu; jamais de purgatif. Mange rôtis les mets que la campagne donne; Toute viande de poivre assaisonnée est bonne.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. humilité Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
« Hygiène: influences physiques. Air. Respire un Air serein, brillant de pureté, Dont nulle exhalaison ne ternit la clarté ; Fuis toute odeur infecte ou vapeur délétère Qui, montant des égouts, empeste l’atmosphère.
Vents. De l’Aurore nous vient le Vulturne, l’Eurus, Et le Subsolanus;Zéphir, Favonius Soufflent à l’Occident; sur les plages lointaines S’élèvent, nous portant leurs brises africaines, Le Notus et l’Auster, et du Septentrion S’élancent le Caurus, Borée et l’Aquilon. »
Extrait, citation médecine médiévale: hygiène, influences physiques “Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)
Bonjour à tous,
ous poursuivons, ici, notre étude de la médecine de l’Ecole de Salerne en suivant le fil de ce long poème appelé le Flos medicinae et qui fut populaire aux XIe XIIe siècles et même jusqu’à bien des siècles plus tard.
Nous sommes toujours dans le chapitre qui concerne l’hygiène et, cette fois-ci, les médecins médiévaux de Salerne nous parlent d’Air et de Vent. Chose qui peut nous paraître bien curieuse pour autant qu’elle soit devenue anecdotique dans les prescriptions de la médecine moderne, la qualité de l’air respiré était considérée, au moyen-âge, comme une condition véritable de santé. Bien sûr, nous le savons encore: « L’air pur, comme l’eau pure fait du bien » et il nous reste cette idée que l’air de la montagne ou l’air de la mer sont bons pour la respiration, mais cela s’arrête à peu près,aux problèmes des voies respiratoires. On sait aussi, bien sûr, et pour les mêmes raisons que tout air vaut mieux que celle de nos villes, tant elle y est de plus en plus viciée et polluée; ce n’est un mystère pour personne.
Au moyen-âge et en terme de médecine préventive, on prend l’affaire très au sérieux et il ne s’agit pas alors de pollution atmosphérique. Vapeurs méphitiques, mauvaises odeurs peuvent être considérées comme dangereuses pour la santé, et on n’hésite d’ailleurs pas à établir des relations directes entre mauvaises odeurs, émanations insalubres, air vicié et maladie.
Dans le même registre, on prête aussi aux vents une grande importance et de grandes influences sur la santé et cela vous explique le deuxième paragraphe de l’extrait que nous publions aujourd’hui. C’est une idée sans doute plus incongrue dans le contexte de la médecine occidentale moderne que la précédente. Même si les médecins actuels n’ignorent sans doute pas que certains endroits ou climats sont bons pour le rétablissement ou la convalescence (on pense notamment aux villes thermales et à la qualité de leurs eaux), il n’existe pas véritablement, à ma connaissance, de carte répertoriant des lieux géographiques et climatiques propices à soigner précisément telle ou telle maladie ou faiblesse et encore moins en fonction des vents qui y soufflent ou des saisons.
Si vous comptez parmi les sceptiques de l’incidence direct du vent sur les états de santé, ne croyez pas cependant cette idée relève de « l’hérésie » médiévale. Les vents nommés dans l’extrait du jour sont connus et identifiés chez les anciens grecs, chez Horace et plus tard chez Pline. Et comme ils sont en relation avec les saisons qu’ils annoncent ou qu’ils accompagnent, chacun d’entre eux est aussi associé des qualités: froid, chaud, sec, humidité, fort, impétuosité, propice à calmer, etc,… On les considère donc comme créant des conditions favorables pour éradiquer certains problèmes de santé.
En l’occurrence, comme nous sommes ici, avec cette médecine versifiée du moyen-âge central, à Salerne, les vents qui s’y trouvent mentionnés sont ceux de la péninsule italienne. Pourtant, plus près de nous, en fouillant un peu ces aspects, on trouve dans le courant du XIXe siècle la tentative d’un médecin, le docteur Edouard Carrière pour établir une carte géo-médicale de l’Italie dans un ouvrage intitulé : « Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical ». Voici ce qu’il nous dit à propos de la péninsule italienne dans son introduction. Nous sommes en 1849:
« Si l’Italie attire pour ses souvenirs d’histoire et ses œuvres d’art , elle attire aussi pour les qualités de l’air qu’on y respire. Si elle est la terre des artistes, des curieux et des rêveurs, elle est aussi celle des malades. Si les uns vont y demander des satisfactions ou des amusements pour l’esprit, d’autres, et ils sont en grand nombre, accourent pour essayer de ranimer, sous ce ciel brillant, un flambeau qui s’éteint, le flambeau de la vie. » Dr Edouard Carrière – Le climat de l’Italie sous le rapport hygiénique et médical
our l’auteur, il ne fait aucun doute que l‘Italie était alors considérée comme une terre d’élection pour les malades et, dit-il encore, les « souffreteux ». Il n’est pas impossible que l’influence de l’Ecole de Salerne que l’on visitait déjà depuis tous les coins d’Europe à partir du XIe siècle y soit pour quelque chose, mais les lieux que l’on visite dans le courant du XIXe siècle débordent de loin cette seule ville. Au fil des siècles, il semble donc bien que c’est l’ensemble de la péninsule qui a acquis cette réputation.
Voila là table des vents mentionnés dans l’ouvrage du Dr Carrière avec leur origine. Elle nous permet d’éclairer ceux mentionnés dans la citation de l’Ecole de Salerne qui nous occupe aujourd’hui:
Septentrion (ou Aparctias de l’antiquité): nord
Le Coecia : nord-est
Le Subsolanus ou l’Apeliotes: est
L’Eurus ou le Vulturne: sud-est
L’Auster ou le Notus : sud
L’Africus ou Libs; sud-ouest Favonius ou Zéphir: ouest Corus, Argestes; nord-ouest
Même s’il dédie un chapitre complet à l’influence des vents, à leur nature et à leur qualité, l’auteur ne s’arrête pas là et les déborde largement, s’intéressant encore à l’atmosphère, aux eaux, aux forêts, à la géologie, la topographie et même aux météores. Si l’on en juge par la grand place faite à cet ouvrage original dans les Annales d’Hygiène publique et de médecine légale parues autour des mêmes années, le travail du Docteur Carrière n’a alors rien de fantaisiste, ni de marginal. Et l’on se surprendra peut-être de voir à quel point la relation établie entre climat, vent et lieu peut être précise, une fois traduite en prescription. En voici un extrait tiré de ces annales qui reprennent donc les travaux de E. Carrière:
« A l’instar de Massa, de Sorrente, Castellamare est parcourue par les vents septentrionaux, qui sont seulement un peu moins tièdes et un peu plus secs, aussi a-t-on remarqué que le séjour d’été des hauteurs de Castellamare est favorable aux engorgements du foie, de la matrice, sans dégénérescence des tissus, aux épuisements nerveux dus à la fatigue des plaisirs, du travail intellectuel, des affaires. (…) Ces indications se rapportent à la saison d’été, pour éviter un trop long déplacement, les malades pourraient aller passer l’hiver à Salerne. » Annales d’Hygiène publique et de médecine légale Vol 43 (1850)
Pour être très honnête, hormis peut-être des lieux de cure répertoriés, je ne sais pas à quel point, la médecine moderne prend encore ce genre de faits vraiment en considération, et surtout de manière aussi précise, pas d’avantage que je ne peux avancer si l’Italie est toujours perçue, de nos jours encore, comme une terre de rémission privilégiée comme elle l’était encore dans le courant du XIXe: « Allez pour votre foie, vous irez me passer trois jours à Rimini et pour votre problème de Stress, vous ferez suivre avec une semaine à Rome » Chouette!
Pour revenir à des choses plus sérieuses et à la vue de ces éléments, il nous faut sans doute encore avancer dans le temps l’influence des principes de l’école de Salerne dans la médecine occidentale au moins jusqu’au XIXe siècle.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
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