Sujet : bibliographie, auteur médiéval, médiévalisme, actualité, éducation, littérature médiévale. Période : du Moyen Âge (XVe) à nos jours. Auteur : François Villon (1431-1463) Contributeur/Editeur : Robert Dabney Peckham, Société François Villon, Université du Tennessee. 38e bulletin
Bonjour à tous,
yez, oyez ! Amis de François Villon, de son œuvre et de son actualité, le dernier bulletin de la Société François Villon signé de la plume de Robert D Peckham vient de paraître. Pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, depuis près de 4 décennies, ce professeur émérite de littérature médiévale et bibliophile américain s’est efforcé de traquer et de répertorier toutes les parutions autour du poète du XVe siècle, à travers le monde.
Si cet universitaire passionné de Moyen Âge, tout autant que de poésie et de littérature en langue française, coule désormais des jours heureux , en savourant une retraite bien méritée, il n’en est pas pour autant moins actif. Désormais, il se consacre, en effet, presque entièrement à sa passion pour les musiques anciennes et la poésie, et a déjà donné de nombreux concerts, accompagné de son autoharpe, dans le Tennessee où il est installé.
L’actualité brûlante de l’œuvre de François Villon et sa postérité
Quant au bulletin de la Société François Villon, Robert D Peckham continue, gracieusement, de le maintenir et comme rien n’échappe à sa sagacité, vous y débusquerez les informations les plus variées au sujet de l’actualité villonnesque, en de nombreuses langues. Il peut s’agir d’ouvrages et de livres que des experts modernes ont fait paraître, mais aussi de séminaires, de conférences, ou encore de documents et d’articles en ligne. Enfin, vous y verrez également mentionnés des performances et spectacles et tout un tas de données touchant l’iconographie culturelle et les représentations plus actuelles autour de François Villon ( comics, BD, etc..). Il s’agit là de la 38ème édition.
En bref, ce bulletin (comme le site très complet qui le sous-tend) est une invitation à découvrir l’actualité de l’un de nos plus grand poète médiéval sous toutes ses formes, des plus érudites aux plus profanes. Comme nous nous intéressons, ici, au Moyen Âge historique et littéraire autant qu’à ses manifestations plus récentes et au médiévalisme, vous comprendrez mieux en quoi cette approche peut nous séduire. Pour le reste, voila longtemps que nous n’avons rien publié sur Villon, mais nous avions trouvé bonne place dans les bulletins précédents (notamment le numéro 33 et le 35).
Vous pourrez retrouver le dernier bulletin de la société François Villon (lien alternatif de téléchargement). Il faudra encore attendre pour espérer revoir en ligne le site très complet réalisé par Robert Peckham qu’hébergeait l’Université du Tennessee à Martin. L’institution a, en effet, décidé de le fermer pour de raisons liées à des choix techniques et de maintenance. L’immense travail de compilation effectué par le biographe de Villon a pu être préservé mais il attend encore de trouver un hébergement en ligne pour reprendre vie. Quoiqu’il en soit, si vous vous intéressez à l’œuvre de Villon, aux productions qu’elle a suscitée et à son influence jusqu’à nos jours, le travail de Robert Peckham est unique et ne peut être ignoré. C’est une véritable mine que nous espérons pouvoir explorer à nouveau en ligne, dans toute sa richesse et dans un proche futur.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.
NB : l’illustration de l’image d’en-tête est un détail de la couverture du dernier opus de Bande Dessinée que le talentueux Luigi Critone a consacré au Villon de Jean Teulé : Je, François Villon, tome 3 : Je crie à toutes gens merci, Delcourt (2016).
eux qui nous trouvent sur les réseaux sociaux pensent quelquefois que Moyenagepassion.com se résume à une page Facebook ou Twitter. Ces dernières ne sont, pourtant, que le dessus de l’iceberg et ce début d’année 2021 nous semble propice pour faire un nouveau point sur le site, ses contenus et son fonctionnement.
Moyenagepassion, qu’est-ce que c’est ?
Moyenagepassion est avant tout un média. C’est un site d’information à visée « encyclopédique » et plus précisément, un portail d’éducation, d’exploration et de découverte ayant pour thème le monde médiéval d’hier et d’aujourd’hui. On y trouve des articles de fond, des analyses commentées sur des chansons, des textes ou des manuscrits d’époque, des traductions, mais aussi des billets de plus légers et divertissants.
Le site possède aussi un agenda des événements, expositions ou fêtes sur le thème du Moyen Âge. En 2020, du fait de la Covid, le secteur de la culture, du patrimoine et des célébrations historiques a souffert de nombreuses annulations ou fermetures. Cette section n’a donc pas vu le nombre habituel d’articles publiés. En contrepartie, nous avons reporté nos efforts sur d’autres aspects : conférences, livres, étude de textes et de manuscrits, autres divertissements (jeux, cinema, télévision, ….).
Quelques chiffres
A l’automne dernier, nous avons eu le plaisir de fêter nos 5 ans d’existence. Voici quelques chiffres atteints depuis notre premier article, un certain jour de septembre 2015.
+1 MILLION DE VISITEURS, DES MILLIONS DE PAGES VUES
1300 ARTICLES EXCLUSIFSDÉJÀ PUBLIÉS
UNE CHAÎNE YOUTUBE AVEC +360 000 VUES*
Grâce à un travail de fond sur les contenus, Moyenagepassion a acquis une excellente réputation dans ses domaines de prédilection. Aujourd’hui, nous sommes Référéncés par plus de 15 000 pages en ligne parmi lesquelles de nombreux sites d’autorité du monde éducatif, de la culture ou du divertissement. Ce chiffre augmente, au fil de nos publications, et nous remercions ici tout ceux qui nous ont déjà marqué leur confiance.
Concernant la chaîne Youtube, nous lui avons consacré encore peu de temps. Pour autant, ses contenus sont variés et nous sommes assez fiers d’être une des seules chaînes Youtube proposant la restitution orale de textes médiévaux en vieux français en vue de sensibiliser le public à l’histoire de notre langue..
Un site pour tous
Depuis sa création, Moyenagepassion est fréquenté par UNE AUDIENCE VARIÉE : enseignants, étudiants, musiciens de la scène médiévale ou folk, artistes ou artisans de la reconstitution ou du spectacle historique, gens de culture, de presse et de médias (journalistes, animateurs de radios, etc…), auteurs, éditeurs mais aussi un large public qui nous trouve à la faveur de recherches particulières sur le web.
Sur l’ensemble de la période, les consultations sont assez bien réparties entre femmes et hommes avec une légère prédominance du lectorat féminin (53,5% contre 46,5% d’hommes). Les tranches d’âge sont, elles-aussi, équilibrées ( 18-24, 20%, 25-34, 25%, 35-44, 18,50%, 45-54, 14,5%, +55, 22%). En fonction des sujets abordés, ces données peuvent, bien sûr, varier.
Fonctionnement & financement du site
De nos jours, où que l’on se tourne, un nombre croissant d’acteurs des secteurs culturel et numérique sont à la recherche de financements pour mettre en œuvre leurs projets. De notre côté, plutôt que de lancer des campagnes de crowdfunding ou de préfinancement, nous avons préféré devancer l’appel, en proposant, d’emblée, un contenu exclusif et qualitatif.
En faisant ce choix de production de contenu préalable, nous avons voulu miser sur le partage éducatif pour tous avec une idée simple : mettre à votre disposition une encyclopédie du Moyen Âge accessible à tout moment, avec une plus value véritable sur la durée.
Jusque là, le site a été financé uniquement par nos soins. En dehors de quelques rares articles d’auteurs extérieurs, nos contenus sont le fruit de milliers d’heures passées en recherche et en rédaction. La publicité ne permet pas du tout de financer cela. Aussi, en 2018, nous avons créé une page Tipeee pour permettre à ceux qui nous suivent ou qui nous visitent, de pouvoir nous apporter leur soutien.
A ce jour, nous avons peu promu cette page Tipee et, vous l’avez, de fait, peu utilisée mais nous formons le vœu que cela puisse changer. Au moyen de Tipeee, il vous est possible de nous soutenir avec des dons ponctuels ou même, pour ceux qui le souhaitent, des dons plus réguliers. Le minimum commence à 1€. TOUT SOUTIEN MÊME MODIQUE SERA GRANDEMENT APPRÉCIÉ.
Vos dons nous permettront de porter plus loin nos efforts et ce grand projet. Vous trouverez sur la page Tipee plus d’informations à ce sujet : CLIQUEZ ICI POUR NOUS SOUTENIR VIA TIPEEE
Les contenus en un clin d’œil
Le site évolue constamment mais voici un bref aperçu de ce que vous pourrez trouver sur Moyenagepassion en ce début 2021.
Musiques, poésies et chansons médiévales : +465 textes du Moyen Âge à la loupe (chansons, fabliaux, poésies satiriques, courtoisie, chants de croisade…) commentés, sourcés et traduits en français moderne par nos soins. +63 Auteurs médiévaux présentés avec certaines de leurs œuvres (trouvères, troubadours, poètes,…) + 50 anonymes. +100 Ensembles de musique médiévale ou qui se sont inspirés du Moyen Âge en vedette.
Autres catégories: en explorant le site, vous découvrirez bien d’autres choses encore, Moyen Âge à la télévision, au cinéma, dans les jeux vidéo, romans et livres, médecine médiévale, légendes arthuriennes, …
Merci encore de votre lecture.
En vous souhaitant une belle journée et encore un bonne année 2021 à tous.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : archéologue, archéologie, métiers, découverte, archéologique, Bande Dessinée, histoire, pédagogie Titre : Arkeos, Plein les fouilles Auteurs : Cédric Ghorbani (illustration), Jean-Luc Garréra et Alkéo (scénario) Date de sortie : juin 2020 Editeurs : Bamboo Edition.
Bonjour à tous,
ous vous avons déjà touché un mot, ici, de la maison Bamboo, à l’occasion de la sortie du premier tome d’une de leur BD sur le thème des Vikings : Harald et le Trésor d’Ignir. Si vous vous souvenez, cet éditeur français a fait de la Bande dessinée son grand terrain de prédilection.
Avec un catalogue qui s’élève, à ce jour, à près de 200 références, Bamboo Edition propose des titres qui vont des BD d’aventure et de pur divertissement, à des albums d’orientation plus pédagogique ou informative, sans pour autant tourner le dos à l’humour : BD sur les sports, sur les métiers, BD sur certains milieux professionnels, guides divers, … Or, cet été, en droite ligne de ces productions éducatives, la société a décidé de s’intéresser à un domaine qui touche de près les sciences historiques. Avec LesArkeos, plein les fouilles, elle a ainsi lancé un album sur les différents aspects du métier d’archéologue que nous nous allons nous faire un plaisir de vous présenter. Dans un deuxième temps de cet article et pour ceux qui le souhaitent, nous jetterons quelques bases supplémentaires sur les différences entre les métiers de l’histoire et ceux de l’archéologie, mais, pour l’instant, place à la BD !
Les Arkeos : une série à la découverte des métiers de l’archéologie
Avec Les Arkeos, nous nous trouvons face à une BD pour la jeunesse qui mélange action, humour mais aussi des éléments très concrets sur la réalité des métiers d’archéologue. Si on y trouve, bien sûr, quelques clins d’œil aux aventuriers célèbres du cinéma ou du jeu vidéo que nous avons tous en tête, c’est plutôt pour en prendre le contre pied. Les Arkéos joue, en effet, dans son approche, une carte bien plus pédagogique et réaliste, en mettant justement l’accent sur les arcanes et l’intérêt véritables du métier d’archéologue. Certaines planches de la BD sont même estampillées « Arkeofact », pour signifier qu’elles sont issues d’anecdotes réelles.
Une BD humoristique et éducative loin des clichés Hollywoodiens
Ce Tome 1 (intitulé « Plein les fouilles » donc) est signé de Cédric Ghorbani à l’illustration et de Jean-Luc Garréra au scénario, assisté de quelques solides conseillers professionnels eux-même archéologues, dont Alkéo. Avec quelques 50 pages d’aventure trépidante mettant en scène des situations et des sites de fouilles variés, cette bande dessinée comporte aussi dans son prolongement, un cahier pédagogique très utile, avec tout un tas de définitions formelles sur le métier d’archéologue, les filières, la pratique, les outils etc…
En conclusion, ces Arkeos de Bamboo Edition nous proposent un moyen très complet et distrayant de répondre à la question « Papa, c’est quoi un archéologue ? ». Ils permettent aussi de remettre quelques pendules à l’heure sur la réalité quotidienne des quelques 3000 professionnels qui exercent ce métier en France, loin de l’exploration de pyramides antiques, truffées de trésors et de chausse-trappes à la façon d’un Fort Boyard. On y apprendra aussi comment ils contribuent, par leur pratique, à une meilleure connaissance de l’histoire, autant qu’à la sauvegarde du patrimoine niché dans nos sols ou nos constructions anciennes.
i les métiers de l’Histoire et ceux de l’Archéologie nous apparaissent souvent comme nécessairement complémentaires, ils font, en réalité, l’objet de cursus assez différenciés. Quant à leur exercice, en faisant quelques raccourcis, on pourrait dire qu’avec l’Histoire, on est plutôt face à une science qui privilégie d’abord l’étude des documents, des archives et des sources écrites. Pour reconstruire sa vision du passé, c’est aussi une discipline qui vise à intégrer,de plus en plus largement, un faisceau de connaissances en provenance de recherches extérieures à ses frontières. Avec la Nouvelle Histoire, mais aussi avec les avancées de certaines autres sciences modernes, l’Histoire est ainsi devenue, de plus en plus, ce que l’on pourrait appeler une « méta-science ». En ce sens, elle s’évertue à tirer ses conclusions en agrégeant, au besoin, dans ses théories : d’autres sciences sociales et humaines (sociologie, anthropologie, psycho-sociologie …) des disciplines annexes (archéologie, climatologie, …) ou encore les leçons de ses propres pratiques, recherches, débats et erreurs (historiographie, histoire comparative).
Cette pluri-disciplinarité est « tendancielle ». Dans sa réalité et ses particularismes, elle semble plus être fonction des itinéraires particuliers, voire des parcours suivis par ses chercheurs (typicité des enseignements historiques ou des écoles, cursus croisés) que d’une systématisation méthodologique formelle. Autrement dit, elle n’est pas un passage obligé. C’est assez caractéristique des sciences humaines, cela dit : comme on a des ethnologues, on a des ethno-psychiatres, des ethno-musicologues, des socio-anthropologues, on peut avoir des historiens-archivistes, des historiens-anthropologues, des historiens-archéologues, ou des historiens « tout court »…
L’archéologue, aventurier de la conservation
De son côté, l’Archéologie est, pour une part importante, une science du terrain qui combine la recherche de traces ou d’objets (dans le sol ou dans les bâtiments et vestiges anciens), avec leur étude et leur conservation.
En dehors de ses quadrillages besogneux et ses recherches minutieuses, le métier d’archéologue a longtemps excité les imaginaires et continue de le faire. Du chapeau et du fouet d’un Indiana Jones à une très sexy Lara Croft virevoltant entre des pièges machiavéliques, à la recherche d’improbables trésors, jusqu’aux promesses d’ADN de dinosaures nichés au creux de morceaux d’ambre, l’archéologie est, pour partie, devenue, au moins aux yeux du public, une discipline « aventurière ».
Chargée de son lot de mystères, elle s’en tire donc avec l’image d’une « pratique » indéniablement plus physique que théorique sur bien des aspects. Dans leur réalité pourtant, hors des sites de fouilles, les métiers de l’archéologie se prolongent avec la conservation des découvertes présentes et passées, la protection du patrimoine, la muséographie et quelquefois même, la mise en place d’expériences d’archéo-reconstitutions. De manière encore indissociable, pour la datation et le recoupement de ses trouvailles, elle compte avec des études de laboratoire de plus en plus poussées scientifiquement.
Méta-science vs discipline auxiliaire ?
Complémentaires mais suivant chacune des voies différentes, les deux disciplines universitaires ont vu, quelquefois, des tensions se soulever entre elles, dans les courants du XXe, mais aussi au XIXe siècle. En schématisant un peu, on pourrait dire que ces frictions sont intervenues, le plus souvent, quand la première, l’Histoire, s’est mis en tête de dénier à la seconde, l’Archéologie, le droit ou même la légitimité épistémologique d’avancer sur une théorisation globale de ses trouvailles : l’archéologue ne serait-il rien sans l’historien ? Allait-il être condamné à rester à sa place (comprenez à la porte de l’académie des sciences historiques) ? Comme on le verra, notre infatigable chercheur de vestiges n’allait pas l’entendre de cette oreille .
Dans une certaine mesure, certaines critiques adressées par les historiens aux archéologues auraient même pu être prises comme un peu condescendantes, une façon de dire, en somme : « creuse et tais-toi ». Dès lors, on comprend qu’elles aient pu parfois alimenter des réactions corporatistes, à défaut d’ouvertures sur de véritables collaborations. De leur côté, certains archéologues ont pu finir par trouver agaçant d’être réduits à des sortes de « manutentionnaires » de la science du passé, privés de la légitimité d’extrapoler quand ils se sentaient pourtant bien, eux-même, au cœur de l’Histoire et de ses enjeux, mais encore, en situation tout à fait légitime de se lancer dans de possibles théorisations. C’est devenu d’autant plus vrai qu’au fil du temps, un grand nombre de développements scientifiques et même d’autres sciences sont venus se mettre, au service de l’archéologie pour la rendre de plus en plus technique et pointue.
Comme on va le voir, les motivations de ces « Casus Belli » n’ont pas toujours été corporatistes. Des chercheurs issus de double-cursus, autrement dit des historiens archéologues, ont même pu être à l’initiative de cette volonté de voir l’archéologie prendre vraiment son envol en tant que discipline totale et non plus auxiliaire : ie, une méta-science à même de produire des modélisations complètes, en intégrant, au besoin, des apports scientifiques ou théoriques annexes, fussent-ils de l’Histoire elle-même (ouch ! ).
Chassés-croisés et dialogues difficiles
On sait que certains paléontologues se livrent, entre eux, à des guerres de terrain et de découvertes féroces. Toutefois, les tensions interdisciplinaires qui nous préoccupent ici, ont été moins présentes avec le domaine des sciences préhistoriques, sol fécond sur lequel l’archéologue peut s’étendre à loisir, loin de la concurrence des historiens. C’est plutôt quand ses terres de fouilles entrent dans le domaine de l’Histoire qu’il doit marcher sur des œufs (de dinosaures ?), en particulier pour les périodes où les traces écrites et documentaires commencent à être abondantes.
Mais alors, volonté hégémonique de certains historiens de faire de leur discipline une chasse gardée ? Ou plutôt conclusions trop hâtives d’une jeune archéologie, débordant d’enthousiasme devant ses trouvailles et soucieuse d’échapper à la coupe de la « Grande » Histoire ? En s’enflammant, pouvait-elle donner, un peu trop vite, l’impression de vouloir déjà la supplanter ? Dans certains cas, des découvertes d’archéologues ont pu donner lieu à des tentatives de théorisation qui reléguaient au piloris de beaux échafaudages d’historiens. Ce n’est pas que ces derniers ne soient pas coutumiers des débats intellectuels sans merci mais ils les exercent plutôt dans les frontières de leur propre académie.
Pour nous élever un peu, n’éludons pas, une fois encore, les questions d’épistémologie. Dans ce domaine, elles touchaient beaucoup la légitimité des angles de vue. Schématisons encore : 1/ Le fragment d’objet peut-il suffire, à lui seul, à reconstruire toute la complexité de la scène ou pire de la période ? 2/ Quand il ne suffit pas (et il suffit rarement, les archéologues le savent bien), peut-on emprunter des concepts ou des parties seulement d’échafaudages à l’Histoire ? Venant de l’anthropologie et de la sociologie, je vous avouerai que rien ne me choque en terme de sciences humaines. Les cloisons sont rarement étanches et les concepts ou modèles y circulent assez ouvertement, mais ceci n’engage que moi et je suis hors académie.
Enfin ajoutons que dans ses voies d’accès, l’archéologie compte des origines hybrides qui ont pu jouer contre elle. Entre Histoire de l’Art et de l’objet d’un côté, et Histoire tout court de l’autre, elle a pu, à certains moments de son aventure scientifique, se trouver placée dans un entre-deux propice à essuyer les plâtres de part et d’autre.
Histoire et archéologie médiévale
Naissance d’un nouvel « homo medievalis archeologicus »
Concernant la période du Moyen âge, dans les années 70-80, on assista, autour de l’Université de Caen, à une volonté de faire naître l’archéologie médiévale comme une discipline ( voire même une « Académie ») à part entière, et ce au niveau européen même. Des noms comme ceux de Michel Bur ou de Michel De Boüard (sur la photo), eux-même à la fois historiens et archéologues, férus de Nouvelle Histoire, furent à cette initiative (voir vidéo sur les mottes castrales). Ils réussirent même plutôt bien leur affaire puisque, depuis un certain grand colloque de Caen au début des années 1990, l’archéologie médiévale a continué de faire son chemin.
Nous l’avons dit, quand on se réfère aux tensions entre les deux disciplines, il faut prendre garde ne point forcer exagérément le trait ; il y eut de nombreux cas de complémentarité, d’éclairages mutuels , loin des querelles académiques ou même de tout enjeu épistémologique, entre histoire et archéologie médiévale. A l’image des fondateurs de cette dernière, certains chercheurs ont également continué d’avoir les deux casquettes, maniant aussi bien la paléographie que le pinceau ou « le latin que la truelle » (pour paraphraser l’article de Isabelle Cartron et Luc Bourgeois cité ci-dessous).
Des incompréhensions qui se sont installées
Quoiqu’il en soit, bien après la fondation de cette archéologie médiévale, on notait encore quelques sorties continuant d’alimenter les frictions, le plus souvent de la part d’historiens. En but à ces attaques, les archéologues médiévaux semblent plutôt, de leur côté, avoir joué la carte du retrait poli ou du silence, en continuant de fortifier leurs terres, non sans une certaine placidité. En 2008, à quelques 40 ans de l’émergence de leur discipline, l’harmonie ne semblait, pourtant, toujours pas au beau fixe comme le confirmaient les enseignants et chercheurs universitaires Isabelle Cartron et Luc Bourgeois dans un article sur le sujet :
« Aujourd’hui, les historiens, selon leur formation et leurs centres d’intérêt, font plus ou moins apparaître les sources archéologiques dans leurs ouvrages méthodologiques. Elles sont, par exemple, traitées à l’égal des autres sources dans un petit livre publié par Olivier Guyotjeannin, alors qu’on les cherche en vain dans un ouvrage collectif récent consacré aux sources du médiéviste. Malgré ces remarques, il faut tenir compte du fait que cette spécialité a fait l’objet d’attaques – violentes à défaut d’être toujours bien informées – venues justement d’historiens et d’historiens de l’art.«
Un peu de lumière au bout du chemin : au terme de leur article, nos deux auteurs œuvraient tout de même dans le sens d’une réconciliation (surmontable de leur point de vue), tout en plaidant pour une plus grande clarté dans les positionnements.
L’envol de l’Archéologie
Un peu plus de 10 ans plus tard, l’archéologie médiévale, et, au delà, l’archéologie, en tant que science à part entière, continue de bien se porter. Déjà loin des quolibets essuyés par le passé, elle semble moins disposée que jamais à renoncer à sa volonté de produire une compréhension globale des données historiques, à partir de ses trouvailles et à l’aide d’autres sciences. Aujourd’hui, entre toutes les disciplines concernées, l’heure est aussi plus à l’ouverture et à l’intégration. On collabore, par exemple, volontiers autour du concept élargi de « culture matérielle » qui réconcilie et fédère autour d’un même objectif, anthropologie, ethnographie, archéologie et histoire. Sur un autre front, il faut aussi constater que l’archéologie se trouve de plus en plus débordée par certaines exigences du terrain : les opérations de sauvegarde urgentes et in extremis du patrimoine pour lesquelles des crédits sont plus favorablement déclenchés, prennent, quelquefois, le pas sur des études de fond, plus propices à la théorisation.
Pour conclure, nous avons commencé par une BD légère et éducative pour faire un détour plus large sur les métiers de l’Histoire et de l’Archéologie et quelques-unes de leurs frictions passées. Félicitations si vous êtes parvenu jusque là. N’hésitez pas à jeter un œil aux Arkéos de chez Bamboo (à l’attention des jeunes publics). Enfin, pour prolonger votre voyage dans le domaine de l’archéologie médiévale, nous vous proposons de retrouver, ci-dessous nos articles les plus consultés sur le sujet.
Fred A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Quelques autres sources pour aller plus loin
– Salammbô et la querelle du « roman archéologique Corinne Saminadayar-Perrin – Revue d’histoire littéraire de la France (2011) – L’archéologie médiévale dans et hors l’histoire Mathias Dupuis – Faire l’anthropologie historique du Moyen Âge (2010) – L’archéologie médiévale au MuCEM aujourd’hui. Survivance insolite ou nouveaux chantiers ? Charles Viaut – Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (2016)
Sujet : bibliographie, auteur médiéval, médiévalisme, sources, actualité, éducation, littérature médiévale, manuscrit ancien Période : du Moyen Âge (XVe) à nos jours.
Auteur : François Villon Contributeur/Editeur : Robert Dabney Peckham, Société François Villon, Université du Tennessee.
Bonjour à tous,
omme chaque année, depuis plus de trois décades, l’éditeur universitaire américain, spécialiste de littérature française médiévale et Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques Robert D Peckham vient d’actualiser son très complet bulletin au sujet de François Villon.
L’actualité de Villon sous toutes ses formes
Avec 167 entrées, on trouve, tout à la fois, dans cette précieuse contribution 2020, des éléments biographiques actuelles sur l’auteur médiéval, entre références de recherches universitaires ou d’ouvrages, liens vers des manuscrits anciens, mais encore listing d’articles, de pages web, de vidéos ou de lectures audio.
Une belle découverte à la British Library
Entre de nombreux autres liens d’intérêt, cette 35ème édition du Bulletin de la Société François Villon relève notamment la découverte, en 2019, d’une copie de la Ballade joyeuse des taverniers de Villon, dans un manuscrit médiéval daté (voir photo). C’est, en effet, sur une page de garde du Harley MS 512, ouvrage consacré à De Proprietatibus Rerum, une encyclopédie rédigée au XIIIe siècle par le frère franciscain Barthélemy l’Anglais que les conservateurs de la British Library ont retrouvé cette ballade du grand maître de poésie. Dans un bon vieil argot d’époque, Villon se proposait d’y passer par les pires traitements, les taverniers ayant pour habitude de couper leur vin pour augmenter leur marge :
Que tous leurs corps fussent mis par morceaulx, Le cueur fendu, desciré par monceaulx, Le col couppé d’ung bon branc acherin, Descirez soient de truye et de pourceaulx Les taverniers qui brouillent nostre vin.
Extrait de la Ballade joyeuse des taverniers – François Villon
Le choix de l’exhaustivité
Quoiqu’il en soit, de l’élément le plus formel au plus iconographique ou même anecdotique, le choix de ce bulletin demeure toujours celui de l’exhaustivité. Il s’agit, en effet, pour le biographe, de dresser un panorama le plus complet possible des publications, mentions ou contributions autour de François Villon, sans faire de distinguo entre études universitaires et historiques, ou reconnaissance et tributs plus populaires.
Comme il le fait lui-même remarquer, ses travaux ont aussi le mérite de montrer combien Villon demeure un objet intense d’intérêt, d’étude et de curiosité. Avec des entrées répertoriées dans pas moins de 11 langues – anglais, français, allemand, espagnol, portugais, tchèque, polonais, hongrois, basque , japonais, roumain – ce bulletin établit, sans conteste, à quel point Villon est, encore de nos jours, un des auteur et poète médiéval les plus reconnus dans le monde.
Saluons ici, au passage l’opiniâtreté du très érudit chercheur américain. Comme nous l’avions déjà mentionné ici (voir article), Bob Peckham a en effet décidé, depuis quelques années déjà, de se consacrer entièrement à sa passion pour la musique, la poésie et la chanson. Entre deux concerts et compositions, il continue, pourtant, d’actualiser ce bulletin François Villon avec tout le travail de recherches méticuleux que cela suppose. Du reste, il ne fait pas que compiler des éléments biographiques sur Villon. À la lumière de ses longs et patients travaux et des découvertes modernes sur Villon, il appelle également de ses vœux, dans ce bulletin, à un véritable réexamen du canon et du corpus Villon.
En vous souhaitant une excellente journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.