« A trop parler, on avilit les mots »
Une citation médiévale de Alphonse X de Castille,
Roi, poète, érudit du XIIIe siècle (1221-1284), moyen-âge central.
Version originale espagnole:
« El mucho hablar hace envilecer las palabras »
Bon du coup, rien à ajouter on va dire et c’est déjà presque trop. :p
« Si m’excuse de mon langage – Rude, malotru et sauvage, – Car né ne suis pas de Paris. » Jean Clopinel dit Jean de Meung (1250-1305) poète, érudit médiéval, traducteur et écrivain co-auteur du Roman de la Rose.
« Combien est épineux le chemin de la vie, et combien alpestre et dure est la montée que l’homme doit parcourir pour arriver à une véritable valeur ! »
François Pétrarque (1304-1374)
rudit, poète, diplomate, homme de science, historien et humaniste florentin du XIVe siècle, François Pétrarque est reconnu, encore à ce jour, comme un de plus grands auteurs italiens du moyen-âge avec Dante. Considéré encore comme un des pères de l’humanisme, on lui prête une influence durable sur la poésie romantique et moderne occidentale, mais, au delà, sur les valeurs morales et politiques des siècles suivants.
« C’est pourquoi également l’art qui exprime avec le plus de rigueur et de perfection les sentiments et les aspirations les plus constants et les plus élevés de l’homme passe nécessairement par Pétrarque, de Bembo à Michel-Ange et à Ronsard, de Góngora et Milton à Klopstock, de Shelley et Heine à Leopardi, Heredia et D’Annunzio. » Vittore BRANCA – Universalis – Pétrarque
yant grandi en Provence, amoureux du Vaucluse et des sources de la Sorgue qui longtemps l’inspireront, Petrarque connaîtra aussi la vie bruyante d’Avignon, siège des papes d’alors. Plus tard, il finira par rentrer en Italie pour y passer le reste de sa vie.
Influencé par les confessions de Saint Augustin à l’âge de trente ans, son chemin se fraiera, dés lors, entre une foi chrétienne profonde et une ascèse à laquelle il aspire mais que sa nature de bon vivant semble le condamner à ne pas pouvoir toujours atteindre. Ainsi, il encensera les périodes de solitude et de retraites méditatives mais les alternera aussi avec des périodes plus mondaines. Ambitieux, mais aussi apprécié et reconnu de son temps, il acceptera également un certain nombre de missions politiques et diplomatiques, après être retourné définitivement sur le sol italien.
Sur son chemin de vie « alpestre », comme il le décrit lui-même dans cette citation, sa foi triomphera pourtant et il sera considéré comme un poète profondément chrétien ayant même oeuvré pour le renouveau des valeurs chrétiennes et classiques de l’Italie du XIVe siècles et les quelques disciples d’Averroès qui, sur le tard, le prendront à partie en moquant ses croyances n’y pourront rien changé. Au delà de tout cela, il restera, quoiqu’il en soit, considéré comme un des plus grands érudits, poète de son temps, un auteur de grand talent et un homme à l’humanisme profond.
Une belle journée!
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique médiévalen culte marial, Cantigas de Santa Maria Période : XIIIe siècle Auteur : Alphonse X de Castille Interprète : Jordi Savall Titre: Cantiga 248 Album : La Lira D’esperia II
Galicia, Editeur : Alia Vox (2014)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous présentons une pièce du XIIIe siècle, interprétée par le grand musicien, violiste, violoncelliste, chef de coeur et chef d’orchestre catalan Jordi Savall. Il s’agit d’une recréation d’une des pièces des Cantigas de Santa Maria, un manuscrit de poésies et de chansons galaïco-portugaises datant du règne du roi de Castille Alphonse X le sage, (Alfonso X el sabio). L’instrument que l’artiste utilise ici est un rabel (ou rebab). C’est un instrument ancien à cordes et à archet que l’on retrouve en occident dans le moyen-âge et qui provient d’Orient. Sa présence est, semble-t-il, attestée avant le XIIIe siècle, mais on le trouve également dans le manuscrit d’époque des cantigas dont provient le morceau que nous vous proposons aujourd’hui. Il en existe plusieurs formes (voir photo en haut de l’article et photo plus bas également).
Alphonse X roi de Castille et de Léon,
Dit Alphonse le sage, ou le savant
lphonse X, dit le sage ou le savant, fut roi de Castille entre 1252 et 1284. Il a connu un règne relativement mouvementé fait de rebellions, puis de querelles de succession. Ce souverain de Castille et de Léon a, à double titre, mérité ses appellations de sage et de savant. Pour le côté sage, s’il n’a pas rencontré de grand succès militaires dans ses tentatives d’annexion des royaumes voisins, pas plus que dans la guerre contre les Maures – dont certains auteurs lui reprochent quelquefois de ne pas l’avoir menée de manière assez marquée, même si très jeune il contribua tout de même à la reconquête de Murcia et plus tard de Seville – , Alphonse X a su mener un politique économique très bénéfique pour son royaume, réformant la monnaie, encourageant la création de nombreux marchés et créant encore de nombreuses réformes dans le domaine législatif, judiciaire et légal. Il essaya aussi, mais sans succès, durant une grande partie de son règne d’être sacré Saint empereur germanique mais n’y accéda pas, obtenant, tout de même, le titre de roi des romains. (ci contre la statue d’Alphonse X de Castille, devant la bibliothèque nationale de Madrid)
Pour le côté savant, Alphonse X fut un érudit dans des domaines aussi variés que l’Histoire, les sciences, le Droit, l’astronomie, mais aussi la littérature et la poésie. Il finance et parraine un réseau d’intellectuels latins, chrétiens, islamiques et juifs, connu sous le nom de l’école des traducteurs de Tolède. Ils traduiront et retranscriront pour lui de nombreux ouvrages. Il participera également activement à ses travaux en mettant sa plume à contribution. De fait, On lui doit des chroniques historiques et des traités judiciaires, mais encore des ouvrages sur l’astronomie, sur les jeux, sur les échecs ou même sur les fables, On lui reconnait aussi d’avoir donné un nouveau souffle à la prose castillane en contribuant à l’enrichir avec des apports latins, arabes, et encore hébraïques.
n reconnaissance de sa contribution dans le domaine des sciences, l’astronome Giovanni Riccioli, nomma même, en 1651, un cratère de la lune en l’honneur du roi de Castille : le cratère Alphonsus. Il se nommait au départ « Alphonsus Rex » mais plus tard, après que les noms furent normalisés, le « Rex » disparut et il n’en resta qu’Alphonsus.
D’un point de vue musical et poétique, Alphonse X le sage laissa des chansons dans les registres de l’amour courtois et même du burlesque rédigées en Galaïco-portugais, une langue qu’il affectionnait et dont on le crédite encore d’avoir contribué à la promouvoir. On lui attribue également les Cantigas de Santa Maria, manuscrit de plus de 420 poésies et chansons et leur notation musicale, dédiées, pour la plupart, comme leur nom l’indique à Sainte Marie, oeuvre de laquelle est tirée la pièce que nous vous proposons aujourd’hui. Il n’est pas certain qu’il les ait lui même toutes composées, mais le manuscrit est, en tout cas, daté de son règne et il est certain qu’il a contribué à sa création. Il existe, encore, à ce jour quatre manuscrits qui nous sont parvenus de ces Cantigas. Ils se trouvent conservés dans différentes bibliothèques d’Espagne (Bibliothèque nationale de Madrid, Bibliothèque de El Escurial, Bibliothèque de Florence).
Jordi Savall, artiste et musicien d’exception
à la recherche des sonorités anciennes
« Ce que nous proposons c’est une tentative de recréer un certain art de faire sonner l’archet pendant la période médiévale. Il ne s’agit ni d’une hypothétique reconstruction historique d’un concert de cette époque, ou une étude musicologique de faits qui ne peuvent, de toute façon, être connu avec une absolue certitude. » Citations de Jordi Savall. Voir son site web très détaillée et complet
e grand artiste s’est fait connaître particulièrement en France pour sa participation dans le film d’Alain Corneau, « Tousles matins du monde« (récompensé par le César de la meilleure bande son), Jordi Savall a également composé et interprété la musique du film de Jacques Rivette « Jeanne la pucelle« . En dehors de ces deux références côté français, le musicien et chef d’orchestre catalan est un passionné de son art et un artiste de grand talent. Il a, à son actif, une carrière de plus de cinquante ans, dédiée aux musiques anciennes et médiévales, jalonnée de succès et de récompenses, mais aussi extrêmement productive; il donne encore en moyenne près de 140 concerts par an et possède son propre label de production Alia-vox qu’il avait crée en 1998 avec la cantatrice lyrique soprano catalane Montserrat Figueras (1942-2011). A ce jour, Jordi Savall a enregistré plus de 230 disques dans des répertoires aussi divers que le monde médiéval, la renaissance, et encore les musiques baroques et classiques.
Nous espérons que vous apprécierez ce très beau morceau, interprété de main de maître et d’une gravité qui dénote avec les mélodies légères et rythmées que nous publions souvent ici.
Une très belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com. « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C