Sujet : fêtes, festival, marché médiéval, animations, compagnies médiévales, salon du livre, fantasy, féerie, moyen-âge imaginaire. Période: moyen-âge fantastique Lieu : Château de Varzy (Nièvre, Bourgogne-Franche-Comté) Evénement: Festival les Lithannienes 2018 Dates : du 30 juin au 1er juillet 2018
Bonjour à tous,
our ceux qui se trouveront dans la Nièvre et en Bourgogne-Franche-Comté, cette fin de semaine, un festival d’intérêt est à noter. Il a pour cadre le village et le château de Varzy et pour nom Les Lithaniennes. Il s’agit de sa 4eme édition et une de ses particularités est d’avoir été créé, dans un premier temps, pour proposer un grand salon du livre, en région, autour des domaines de l’imaginaire, soit un champ qui couvre largement les thèmes du médiéval fantastique, de la féerie et du fantasy.
L’initiative est d’autant plus originale qu’à travers cette célébration du moyen-âge onirique, de la littérature et des cultures de l’imaginaire, ses organisateurs entendent bien valoriser les créateurs, les auteurs autant que les artisans et producteurs locaux. Pour la 4eme année consécutive, le défi est donc relevé, démontrant qu’un petit village de charme et son château peuvent porter et pérenniser un festival ambitieux,
Salon du livre, marché médiéval fantastique et animations en continu
n plus du salon du livre et comme les années précédentes, on pourra trouver aux Lithaniennes 2018, quantité d’animations , mais encore un marché artisanal et des échoppes d’inspiration médiévale fantastique. Pour cette édition, la thématique choisie gravite autour des créatures fantastiques. Au château comme au village de Varzy, il faut donc s’attendre à en croiser de tout bord et de tout poil, ce week-end.
Côté salon, près de 60 auteurs et illustrateurs seront sur place, tout au long du festival, pour présenter leurs oeuvres et créations au public et les dédicacer. Côté animation, entre compagnies médiévales et artistes spécialisés dans l’évocation historique invités pour l’occasion, mais encore un grand nombre de bénévoles associé à l’opération, on pourra compter sur quantité de divertissements: entre autres réjouissances, scénettes, danses médiévales, musiques et troubadours, ateliers divers et encore un grand campement fin XIIIe/ début XVe siècle sur plus de 700 mètres carré, animé par la troupe de reconstituteurs : la confrérie du Cerbère.
Il faudra ajouter encore à tout cela un banquet médiéval animé, le samedi, en soirée. Dans l’esprit du festival, il a la particularité de proposer exclusivement des productions locales et bio : ses vins, ses fromages, ses viandes. Bref, nous sommes en Bourgogne, Franche-Comté et vous n’y trouverez que des bons produits pour ripailler, sans effets secondaires et sans risque aggravé.
Du côté du marché médiéval fantastique, l’artisanat demeure un critère. Pas de revendeurs ici, mais uniquement des exposants, créateurs. Plus de 40 exposants devraient y être présents.
Encore une fois, pour l’ensemble de ses activités, mais aussi pour son intentionnalité, ces Lithuaniennes 2018 démontrent que la volonté des acteurs, autant que leur flamme et leur passion peuvent soulever des montagnes, aussi, si vous êtes dans la région, cette fin de semaine, nous ne pouvons que vous conseiller d’aller y faire un tour.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : fêtes médiévales, festival, marché, compagnie, animation médiévale, agenda, bestiaire fantastique, médiéval fantasy Période : moyen-âge fantastique Lieu : Cusset Allier, Auvergne-Rhône-Alpes Evénements: Les Flamboyantes 4e édition Dates : du vendredi 25, au dimanche 27 mai 2018
Bonjour à tous,
‘est avec grand plaisir que nous vous annonçons, à l’agenda de ce week-end, le retour des grandes fêtes médiévales de Cusset, plus connues sous le nom Les Flamboyantes.
En collaboration avec l’Association pour l’Histoire Vivante ainsi que différents partenaires, associations locales et (ne les oublions pas) bénévoles, entrepreneurs, exploitantes agricoles et commerçants, la cité de Cusset propose là un événement original et de qualité qui attire à lui un public, chaque année, plus nombreux. Songez que dès la 3eme édition, celle de 2017 donc, ce sont en effet pas moins de 25000 visiteurs qui sont venus se divertir, festoyer et ripailler au rythme effréné des très nombreuses animations proposées durant ces trois jours de fêtes.
Animaux et créatures fantastiques
L’édition 2018, 4eme du nom, mettra en exergue le thème du bestiaire médiéval et des créatures fantastiques et continuera donc de se situer résolument à la lisière du moyen-âge historique et du médiéval fantasy. On pourra ainsi voir s’y côtoyer les reconstitutions d’époques les plus réalistes et les prestations les plus oniriques et imaginaires.
Du point de vue des troupes médiévales, artistes, bateleurs et reconstituteurs présents, plus de 30 compagnies ont été invitées cette année, dépassant ainsi le nombre de l’année dernière et portant avec elles la promesse de quantités de spectacles et d’animations festives et colorées. Et si l’on doutait encore du dynamisme culturel de la cité de Cusset et de la grande implication des artistes et acteurs du cru dans la fête, qu’on sache que près de la moitié des troupes présentes à ses flamboyantes 2018 sont locales et se sont investies dans la création d’animations ou de spectacles sur mesure pour l’occasion.
Liste des compagnies médiévales, artistiques, musicales et théâtrales présentes aux Flamboyantes 2018
Cie Atchaka (Marco Polo) – Les Monts Rieurs – Ferme Gröning – La Compagnie du Nord (l’éléphant de Charlemagne) – Cie Gueule de Loup – La Petite Flambe et le bestiaire de Renart – Cie Aouta (danse macabre) – Planète Vapeur (les Dragonautes) – Cie La muse et ses crieurs de rues – Cie Drog Lig (Orin) – La Mesni des Leus du Val de Loire – Le Cirque Pouce – La Cie du Poisson (le jugement dernier du cochon) – Les Humeurs Cérébrales (concert Arthur’s Reel) – La ferme de la Blaquière et ses dromadaires – Les Poids sont Plumes – La Sabotée Cussétoise – Les Sens Uniques – Les Habités – Au Joly Bois – La ludosphère – Les Amis du Vieux Cusset – Visa Beauté – Réglisse Menthe Théâtre – Art et Matière – Compagie d’Escrime de Vichy – Tanawa – Les Comités de Quartier – Soif de Théâtre – Otaguilde – Comité des Fêtes de Cusset – Conseil Citoyen de Presles-Arcins
Déambulations musicales et festives, grande parade fantastique, dans laquelle on pourra apercevoir cette année l’incroyable dragon mécanique de plus de 7 mètres de haut et 22 mètres de long de la compagnie Planète-vapeur, concerts, animations continues, spectacles, camps et ateliers, théâtre de rue, humour, tout sera au rendez-vous cette fin de semaine à Cusset pour vous transporter, hors du temps dans un monde médiéval recréé, reconstitué et rêvé.
Du côté emplettes et envies gourmandes, la fête proposera encore un marché médiéval, installé dans de nombreuses rues et places de la ville. Enfin, entre autres nouveautés à noter pour cette édition 2018, la municipalité ouvrira également ses antiques souterrains pour les faire découvrir au public. Vestiges du moyen-âge tardif et des fortifications édifiées dans le courant du XVe siècle, leur visite (animée) sera l’occasion d’une plongée dans l’histoire et le patrimoine médiéval de la ville.
Pour la qualité de ses animations, des compagnies invitées, autant que pour le concept de l’événement, d’année en année, ces festivités s’affirment être, pour nous, un véritable coup de coeur.
Sujet : fêtes, festival, féerie, légendes, médiéval fantastique, médiéval fantaisie, marché, animations médiévales, salon du livre, auteurs, illustrateurs. Evénement : L’Orée des Légendes Lieu : Monthermé, Ardennes (Grand Est) Dates : les 7 et 8 avril 2018
Bonjour à tous,
i vous êtes du côté des Ardennes, ce week end, un autre événement à ne pas manquer vient s’ajouter sur l’agenda. Depuis 2016 et tous les deux ans, se tient en effet à Monthermé, un festival créatif et original du nom de l’Orée des Légendes. Il fait suite à un événement qui existait déjà depuis près de 10 ans sur place (le printemps des légendes) mais dans sa forme actuelle et biennale, il s’agit de sa deuxième édition; avec plusieurs milliers de visiteurs, la première fut un véritable succès.
Sur toute la journée de ce samedi et ce dimanche, on célébrera ici la féerie, l’imaginaire & les légendes (des Ardennes et d’ailleurs). L’édition précédente avait suivi les pas du loup et cette mouture 2018 se centrera quant à elle plus particulièrement sur les esprits de la nature : elfes, fées, lutins et farfadets seront donc au programme, mâtinés d’une large touche de fantaisie (fantasy). Pas de moyen-âge réaliste ici, vous l’avez compris, mais quelques zones de recouvrement avec le moyen-âge fantastique que nous affectionnons aussi et qui suffisent amplement à nous fournir l’excuse de vous parler de ce beau festival.
Le programme du festival
ur place, créateurs, artistes et artisans viendront présenter leurs oeuvres et partager leur passion autour de ces thèmes légendaires, oniriques et imaginaires. Le festival s’articule autour de trois grands axes : une partie Salon du livre et de l’illustration à la rencontre des auteurs et illustrateurs, un côté « scène » avec des animations continues et des compagnies d’artistes venus pour l’occasion et enfin un grand marché sur le thème de la féerie.
Côté Salon. Editeurs, auteurs et illustrateurs
Sur la partie salon du livre et de l’illustration, à l’occasion de cette édition, plus d’une soixantaine d’auteurs, illustrateurs et acteurs de l’édition seront présents pour échanger avec le public et dédicacer leurs créations. En voici une liste non exhaustive (plus du triple est attendu).
Sylvie Ginestet – Lansdalls éditions – Le Monde des Etoiles – Samar Hachem – Laetitia Reynders – Bavar – SoMK -Ixel – Olivier Bernard – Julie Fouret – Nina Lopez – Jim Colorex – Patricia Le Sausse – Pascal Boillet – Librairie l’Arbre aux 100.000 Rêves
(l’illustration ci-dessus est empruntée à l’artiste et peintre décorateur lillois Jim Colorex. Ce passionné de contes et légendes a été notamment sollicité, cette année, pour décorer des vitrines de la ville.)
Côté scène.
Troubadours, conteurs et danseurs
euxième axe fort de l’événement, le festival accueille en son sein des spectacles et animations variées, en continu. Quatre troupes d’artistes et troubadours viendront ainsi émailler ces deux jours de leurs contes, musiques, danses et jongleries et, par dessus tout, de leur bonne humeur :
Prima Nocta – Tan Elleil – Lundazépa – Hybrida Luna
Côté Jardin.
Un grand marché féerique
Enfin, pour couronner le tout, l’Orée des Légendes propose encore un marché « féerique ». Plus de 65 échoppes seront ainsi installées aux noms plus magiques les unes que les autres : La Fée Bidouille, La Gardienne des Âmes , La légende des fées, Elfe et Cie, etc… En chinant un peu, peut-être trouverez-vous ici quelques objets enchantés ou trempés de magie elfique.
Pour tous ceux qui se trouvent dans le Nord Est de la France cette fin de semaine, c’est vraiment ici un très beau voyage de deux jours qui vous est proposé. Pour tout vous dire et même si nous avions juré de tenir notre langue, en nous fiant au bruissement des feuillages et aux chants d’oiseaux de la belle forêt qui borde Monthermé, il est même possible que vous y croisiez des Ents.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-Age sous toutes ses formes.
En réalité, du point de vue de sa datation, cette chanson n’a absolument rien de médiéval puisque son texte remonte aux années 1828. Outre qu’elle demeure fort agréable à écouter – la belle voix de Gabriel Yacoub se coulant toujours parfaitement dans ce style de texte – elle permet aussi de mieux illustrer le procédé littéraire par lequel Victor Hugo crée une facture et une ambiance médiévale sur une toile de fond historique qui pourtant ne l’est pas. Loin des grandes guerres et échauffourées du moyen-âge, cette ballade a, en effet, pour contexte la bataille de Prague de 1757 qui, pendant la guerre de sept ans, opposa violemment les prussiens aux autrichiens. Elle fut d’ailleurs l’une des plus meurtrières du XVIIIe siècle avec plusieurs dizaines des milliers d’hommes tués ou blessés de chaque bord.
Cette ballade dramatique et romantique de Victor Hugo se situe dans le contexte de cette bataille, au retour des troupes et il nous conte les déboires d’une jeune fille attendant son bien-aimé, parti au combat. En s’apercevant qu’il ne reviendra pas, elle mourra sur le coup. Il n’est donc pas question de récit historique et on s’inscrit ici clairement dans l’univers de la fiction et même du conte. Sur sa toile de fond autant que sur le récit, cette poésie a été directement inspirée à Hugo par le poète allemand Gottfried August Bürger (1748-1794), auteur romantique que l’on crédite d’avoir été, dans le courant du XVIIIe siècle, l’un des pionniers de ces nouvelles « ballades » d’inspiration médiévale.
Lénore, une ballade fantastique et gothique du Gottfried August Bürger
n 1774, cet auteur, célèbre par ailleurs pour son adaptation ou même, peut-on dire pour sa réécriture en allemand des Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Munchhausen (que Terry Gilliam porta à l’écran). publia, dans un magazine allemand, une ballade romantique ayant pour titre Lénore et qui fit date.
Bien plus gothique et fantastique que le traitement qu’a choisi d’en faire Victor Hugo dans son adaptation, il y était aussi question d’une jeune fille attendant le retour de son bien-aimé de la bataille de Prague. Dès le début du texte, ne le voyant pas revenir, elle invoquera la mort et son voeu se verra exaucé d’une étrange manière, tout au long de la ballade. Précisons que le « médiéval fantastique » dont il est question ici n’est pas encore teinté de fortes racines celtiques ou nordiques tel qu’on pourra le retrouver au XXe siècle après JJR Tolkien et la littérature Heroic fantasy. Nous sommes avec Lénore dans un fantastique qui mêle macabre, univers gothique et romantisme, et qui renvoie d’assez près justement à l’imagerie du macabre médiéval tel qu’il se constitue, en occident dans le courant du moyen-âge central (voir le thème de la mort dans la littérature française médiévale, Marie-thèrese Lorcin, À réveiller les morts : La Mort au quotidien dans l’Occident médiéval)
Voici quelques courts extraits de cette ballade de Bürgen, tirés d’une adaptation française versifiée de 1854.; elle ne peut certainement pas rendre totalement justice à l’original, mais elle nous permet au moins de l’approcher :
D’un songe affreux Lénore poursuivie Au point du jour se réveilla soudain. « Mon cher Wilhelm, as-tu perdu la vie ? Es-tu parjure ou te verrai-je enfin ? » Sous Frédéric il partit pour l’armée, Et combattit à Prague en bon hussard : Mais depuis lors sa jeune bien-aimée Ne reçut plus de lettres de sa part.
Les troupes sont de retour, l’amant de la jeune fille n’en fait pas partie et elle s’effondre, comprenant qu’elle l’a perdu.
… La mère accourt et vers elle s’élance : « Que vois-je ? ô Dieu ! Qu’as-tu, ma chère enfant ? Viens dans mes bras, parle avec confiance, Dis-moi ton mal : je t’écoute en tremblant » – Oh ! c’en est fait ; tout est perdu, ma mère ! Tout est perdu ! Hélas ! Wilhem est mort ! Il n’est plus rien qui m’attache à la terre: Dieu, sans pitié, m’abandonne à mon sort !
… Oh ! C’en ait fait! Wilhem est mort, ma mère ! Il est perdu, oui, perdu sans retour : Il n’est pour moi plus de bonheur sur terre ! Pourquoi faut-il qu’on m’est donné le jour ? Mort ! Frappe-moi, brise mon existence, Et qu’à jamais mon nom soit oublié ! Jouis, ô Dieu! Jouis de ma souffrance, Puisque pour moi tu n’as pas de pitié.
Suite à ce « voeu », le fiancé viendra bientôt chercher la jeune fille à la nuit. Toute à sa joie, la belle tardera à comprendre que sous le visage de son amant, c’est en réalité la mort qui est venue la prendre pour la guider jusqu’à sa perte et réaliser son voeu. Sans se révéler, la Camarde fardé et en armure de chevalier l’amènera sur sa monture, à travers la campagne et jusqu’au lit nuptial (le tombeau), dans un voyage gothique et fantastique qu’on imaginerait avoir tout à fait sa place dans l’univers d’un Tim Burton :
Vois-tu vois-tu l’étrange phénomène ? Au clair de lune, on aperçoit là-bas Sous le gibet la gent aérienne* (les noirs corbeaux), Qui danse en rond et qui prend ses ébats. « Ah ! ça, venez et suivez-nous, canailles ! Je vous voir décorer notre bal; Vous ouvrirez la danse à nos fiançailles, Et nous suivrez jusqu’au lit nuptial!
Bürger, Lénore – 1774 – Traduction française de 1854
hème du blasphème qui prend un tour fantastique avec cette mort invoquée sans y penser vraiment et qui répond à l’invitation de la jeune fille, thème aussi de la mort et de l’érotisme avec ce lit nuptial devenu le tombeau des amants, thème romantique bien sûr des amants unis dans leur fin, le tout dans un univers gothique et une imagerie macabre qui renvoient à des origines clairement médiévales, cette ballade de Bürger fut traduite maintes fois dans d’autres langues et inspira de nombreux auteurs hors de l’Allemagne mais également d’autres artistes comme le peintre Ary Scheffer, considéré comme un des maîtres de la peinture romantique (voir tableau ci-dessus).
Dans son approche du récit, Victor Hugo a, quant à lui, plutôt choisi de se centrer sur le long défilé des troupes, en utilisant un grand renfort d’images et de vocables évocateurs pour nous immerger dans une ambiance médiévale prégnante. En modifiant le déroulement de l’histoire, il privilégie l’attente, l’espoir et met aussi le suspense en exergue. Le thème du blasphème, comme celui du macabre et de l’épopée nocturne et gothique sont, de fait, évacués de sa version (il aura l’occasion d’y revenir dans d’autres textes). L’idée romantique et peut-être aussi, finalement, fantastique, résidera ici dans le trépas soudain de la jeune fille, incapable de survivre à la disparition de son amant.
La chanson de Malicorne inspirée par Hugo
Chanson tirée de l’album Malicorne 4
Daté de 1977, le très réussi et salué album studio Malicorne 4 présentaitdes chansons traditionnelles françaises revisitées à la manière folk, celtique et « rock-progressif » du groupe. Dans ce corpus, la chanson La fiancée du timbalier (joueur de timbales) était d’ailleurs la seule qui soit rattachée à un auteur connu et identifié. On trouve toujours l’album à la vente au format CD : Malicorne 4 format CD.
D’autres versions vinyle devenues collectors et plus onéreuses peuvent également être débusquées (en voici une disponible au moment de cet article: Malicorne Vol.4 format Vynile )
Concernant cette poésie de Victor Hugo, le compositeur et pianiste Camille Saint-Saëns l’avait lui-même mise en musique dans le courant du XIXe siècle, avec une version pour piano et également une version pour piano/chant nettement plus lyrique (voir partition sur archive.org).
La fiancée du timbalier de Victor Hugo
ballade du XIXe aux couleurs médiévales
Monseigneur le duc de Bretagne A, pour les combats meurtriers, Convoqué de Nante à Mortagne, Dans la plaine et sur la montagne, L’arrière-ban de ses guerriers.
Ce sont des barons dont les armes Ornent des forts ceints d’un fossé ; Des preux vieillis dans les alarmes, Des écuyers, des hommes d’armes ; L’un d’entre eux est mon fiancé.
Il est parti pour l’Aquitaine Comme timbalier, et pourtant On le prend pour un capitaine, Rien qu’à voir sa mine hautaine, Et son pourpoint, d’or éclatant !
Depuis ce jour, l’effroi m’agite. J’ai dit, joignant son sort au mien : – Ma patronne, sainte Brigitte, Pour que jamais il ne le quitte, Surveillez son ange gardien ! –
J’ai dit à notre abbé : – Messire, Priez bien pour tous nos soldats ! – Et, comme on sait qu’il le désire, J’ai brûlé trois cierges de cire Sur la châsse de saint Gildas.
À Notre-Dame de Lorette J’ai promis, dans mon noir chagrin, D’attacher sur ma gorgerette, Fermée à la vue indiscrète, Les coquilles du pèlerin.
Il n’a pu, par d’amoureux gages, Absent, consoler mes foyers ; Pour porter les tendres messages, La vassale n’a point de pages, Le vassal n’a pas d’écuyers.
Il doit aujourd’hui de la guerre Revenir avec monseigneur ; Ce n’est plus un amant vulgaire ; Je lève un front baissé naguère, Et mon orgueil est du bonheur !
Le duc triomphant nous rapporte Son drapeau dans les camps froissé ; Venez tous sous la vieille porte Voir passer la brillante escorte, Et le prince, et mon fiancé !
Venez voir pour ce jour de fête Son cheval caparaçonné, Qui sous son poids hennit, s’arrête, Et marche en secouant la tête, De plumes rouges couronné !
Mes soeurs, à vous parer si lentes, Venez voir près de mon vainqueur Ces timbales étincelantes Qui sous sa main toujours tremblantes, Sonnent, et font bondir le coeur !
Venez surtout le voir lui-même Sous le manteau que j’ai brodé. Qu’il sera beau ! c’est lui que j’aime ! Il porte comme un diadème Son casque, de crins inondé !
L’Égyptienne sacrilège, M’attirant derrière un pilier, M’a dit hier (Dieu nous protège !) Qu’à la fanfare du cortège Il manquerait un timbalier.
Mais j’ai tant prié, que j’espère ! Quoique, me montrant de la main Un sépulcre, son noir repaire, La vieille aux regards de vipère M’ait dit : – Je t’attends là demain !
Volons ! plus de noires pensées ! Ce sont les tambours que j’entends. Voici les dames entassées, Les tentes de pourpre dressées, Les fleurs, et les drapeaux flottants.
Sur deux rangs le cortège ondoie : D’abord, les piquiers aux pas lourds ; Puis, sous l’étendard qu’on déploie, Les barons, en robe de soie, Avec leurs toques de velours.
Voici les chasubles des prêtres ; Les hérauts sur un blanc coursier. Tous, en souvenir des ancêtres, Portent l’écusson de leurs maîtres, Peint sur leur corselet d’acier.
Admirez l’armure persane Des templiers, craints de l’enfer ; Et, sous la longue pertuisane, Les archers venus de Lausanne, Vêtus de buffle, armés de fer.
Le duc n’est pas loin : ses bannières Flottent parmi les chevaliers ; Quelques enseignes prisonnières, Honteuses, passent les dernières… Mes soeurs ! voici les timbaliers !… «
Elle dit, et sa vue errante Plonge, hélas ! dans les rangs pressés ; Puis, dans la foule indifférente, Elle tomba, froide et mourante… Les timbaliers étaient passés.
Une belle journée à tous et une bonne écoute !
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes