Sujet : mottes castrales, archéologie médiévale, château à mottes, vie médiévale, Période : 1150, moyen-âge central Média : vidéo, documentaire, monde 3D, médiéval engineers
Auteur : votre serviteur
Titre : Tout savoir sur les mottes castrales épisode 2
Bonjour à tous,
près de nombreuses heures passées en post-production pour illustrer, animer, etc, voilà enfin publié notre deuxième épisode sur les mottes castrales! Cette fois-ci, nous vous proposons de nous
suivre à l’intérieur de l’enceinte du château à motte pour y découvrir sa basse-cour et avec elle, la vie médiévale qu’on pouvait y croiser.
L’épisode 2 sur les mottes castrales :
la basse cour du château à motte
Contexte historique
Pour rappel, nous nous situons au milieu du XIIe siècle et dans l’idée, notre monde a vu le jour près d’un demi-siècle auparavant. A la faveur du temps passé, on a pu ériger sur la motte une tour plus grande et il se prépare ici la transition de la simple base défensive d’un seigneur vers ce qui pourra avec le temps devenir, peut-être, un village. Si l’endroit n’en est encore que l’embryon, il n’est déjà plus tout à fait le lieu construit
à la hâte face aux envahisseurs barbares ou normands de la fin du siècle précédent; commerce, religion, agriculture, élevage et artisanat, la vie s’y organise petit à petit mais il ne connaît pas encore une forte densité démographique et continue de s’inscrire fortement dans sa ruralité. Au juger du nombre de mottes construites entre la fin du XIe et même jusqu’au XIIe siècle sur les terres de la France actuelle, on peut supposer qu’un certain nombre d’entre elles se sont retrouvées dans ce cas de figure.
Soyons clairs
Afin de dissiper tout possible malentendu, je précise encore que ce monde 3D n’est pas la reconstitution historique d’une motte ayant existé. Même si on peut imaginer trouver des constantes dans les bâtiments présents dans ces châteaux de bois et de terre des XIe, XIIe siècle, il y avait aussi et sans nul doute, une certaine hétérogénéité dans ce qui les peuplait: plus ou moins d’artisans, des spécialités régionales peut-être même déjà, plus ou moins de serfs ou de cultures, des élevages variés en fonction de l’altitude, du climat, et encore d’autres variantes en fonction de leur taille et des ressources matérielles et humaines en présence.
Même si l’on connait un peu mieux les châteaux à mottes de nos jours qu’on ne les connaissait dans les années 80, la conduite de l’étude de terrain et de la fouille systématique est loin d’être la règle et les analyses de synthèse, comparatives et transversales ne semblent pas non plus légion. Le fait que nombre de ces constructions aient été en bois, le fait encore qu’on a reconstruit sur de nombreux sites d’autres installations avec le temps, compliquent encore grandement la tâche de l’archéologie.
Face à ce puzzle à trous, ll nous a paru intéressant de prendre le problème sous un autre angle et, plutôt que de reconstituer fidèlement une motte existante, de tenter de créer un monde à la croisée de possibles. Cela n’exclut pas, bien sûr, le fait que nous puissions être tenté dans le futur de nous attaquer à des reconstitutions plus fidèles, il s’agit simplement
ici d’un autre exercice. Même si ce dernier est étayé par des recherches et des lectures en archéologie et en histoire médiévale, cette vidéo reste donc une invitation au voyage dans un château probable du monde médiéval mais fictif.
Je m’empresse encore d’ajouter pour être sûr d’être tout à fait compris, que ce documentaire n’a pas non plus la prétention de présenter une motte castrale « archétypale ». Si les archéologues et historiens y ont renoncé devant la complexité du sujet: les disparités et l’hétérogénéité des formes autant que le manque de systématisation des fouilles, il serait plutôt malvenu de ma part d’y prétendre. Il est question ici de créer un support de découverte pour parler de la vie médiévale dans ces premiers châteaux et de susciter les questions, plus que d’apporter les réponses. Nous y parlons de bien des choses: agriculture, élevage, habitat médiéval, artisanat, conservation, fond de cabane, religion, et même de cette forme de justice particulière qui s’exerçait sous la forme du duel judiciaire, mais il y a aussi et assurément de nombreuses choses dont nous ne parlons pas, d’autres métiers, d’autres artisans, d’autres formes de justice. En bref, nous avons du faire des choix.
Tout cela étant dit, nous espérons que vous apprécierez cette balade entre la « conférence » et le voyage dilettante. qui, sans se prendre tout à fait au sérieux, aspire tout de même à vous faire découvrir quelques petites choses sur les mottes castrales et sur la vie au moyen-âge central tout en vous divertissant. Vous y trouverez également quelques références utiles si l’envie vous prenait de creuser ces sujets.
Une belle journée à tous et un bon visionnage!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : documentaire moyen-âge, divertissement, lieux d’intérêt, Châteaux, reconstitution historique. Titre : les visiteurs de l’Histoire à la fin du moyen-âge Période : bas moyen-âge, XVe siècle, année 1450 Lieu : Château de Crèvecoeur, Normandie Média : vidéo, série télévisée Chaîne de télévision : France 5Année : 2012
Un voyage dans les couloirs du temps
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous postons un petit documentaire vidéo, léger et divertissant. Il concerne, bien entendu, le monde médiéval et nous propose un voyage dans le temps, à la fin du XVe siècle, en 1450.
Ce programme télévisuel fait partie de la série « les visiteurs de l’Histoire » diffusée par la chaîne de télévision France 5, dans le courant de l’année 2012. Dans cette série, nous suivons Arnaud Poivre d’Arvor, innocent (et presque ingénu) visiteur de l’Histoire, à la découverte de différentes périodes du passé. En l’occurrence dans cet épisode, il part explorer le château de Crèvecoeur en Auge, en Normandie, lieu d’attraction et d’intérêt historique qu’un petit groupe de passionnés a décidé d’animer et de faire revivre (photo ci-dessous). Rebaptisé, pour l’occasion, Arnaud « de passage », Arnaud Poivre d’Arvor investira les lieux, le temps de deux journées, en se glissant dans la peau d’un paysan du XVe siècle.
L’ingénu et l’historien
Chers puristes amateurs, historiens affranchis, ou passionnés d’Histoire, à la recherche du détail pointu et peut-être même, de la qualité académique, ne voyez dans ce programme télévisuel qu’un divertissement et jugez-le, s’il vous est possible, sans élitisme, et pour ce qu’il est.
Bien sûr, nous même aurions, sans doute, aimer voir un Arnaud Poivre d’Arvor moins innocent sur la période qu’il visite, pour qu’il aille plus loin dans la pertinence de ses questions et de son observation, mais tout le concept est là justement, qui consiste à opposer la « naïveté » de ce « visiteur de l’Histoire », au monde et à l’époque dans lesquels il se retrouve transporté. L’émission entend donc garder un ton léger et tirer partie de cette distance entre celui qui ne sait pas et l’univers auquel il se confronte. Elle se destine, à l’évidence, à une audience large et qui connait peu ces sujets, et entend aussi englober le public jeune dans ses visées; il s’agit donc, bien entendu, d’un positionnement voulu. Les réactions innocentes « face camera » de ce « Arnaud de passage », lui permettent, ainsi, de poser les questions que chacun pourrait se poser. Un peu moins d’innocence aurait, sans doute, permis de mieux creuser ce monde médiéval dans lequel ce programme nous invite et de mieux satisfaire notre curiosité insatiable pour le moyen-âge, mais il en faut pour tous les goûts. Le double objectif du ludique et du divertissement est, en tout cas, atteint, puisque l’ensemble se révèle, à la fois, drôle et instructif. (ci-contre photo de Arnaud Poivre d’Arvor à la paille et à la charrette)
A la décharge de notre innocent visiteur, on s’attend peut-être, aussi, face au nom qu’il porte, à une filiation plus marquée d’un point de vue journalistique, mais il faut bien qu’il s’en démarque. Injustice de l’héritage qu’il faut porter, quelquefois, malgré soi, à brûle- pourpoint, sans doute, serions-nous tenter d’en exiger moins d’un parfait inconnu, mais comment l’en rendre comptable? Il joue ici au visiteur, découvreur de l’histoire, pas au journaliste averti. Pour juger ce programme sur les ambitions qu’il affiche – une émission « ludique et instructive » de divertissement et de sensibilisation sur des thèmes historiques -, il faut bien reconnaître que la drôlerie naît justement de cette ingénuité étonnée qu’Arnaud Poivre d’Arvor nous livre, autant dans ses gestes que dans ses questions, face aux choses qu’il découvre. Au fond, cette humilité et cette candeur nous le rendent aussi drôle et sympathique et on finit par passer un bon moment en sa compagnie (et celle de son chapeau).
Derrière l’émission, il faut encore rendre tribut à Serge Tignères, son auteur, par ailleurs journaliste, écrivain, réalisateur et Docteur en Histoire, pour les garanties qu’il nous offre dans son approche des sujets et des contextes historiques. Si le visiteur de passage est innocent, les mondes dans lesquels ce passionné d’Histoire nous transporte sont approchés avec beaucoup de sérieux et très bien documentés.
Les visiteurs de l’Histoire en 1450
Sur la pertinence historique
D’un point de vue historique on pourra toujours ergoter sur certains menus détails, mais ce documentaire souligne, tout de même, certains points pertinents qui sont fidèles à ce que l’Histoire médiévale récente nous enseigne.
Fin de la guerre de Cent ans, dépopulation et émancipation relative des paysans
Durant cette période médiévale, une forme de dépopulation, née de la guerre de cent ans, est en train de changer la donne entre paysans et seigneurs. C’est un phénomène qui n’est pas du qu’à la guerre de cent ans mais qui a aussi émergé avec les épidémies de grande peste du XIVe siècles et les énormes ravages occasionnés sur les populations. D’après les données historiques actuelles, on considère qu’entre le XIVe et le XVe siècles durant laquelle la peste sévit, entre trente et cinquante pour cent de la population aurait été décimée. Dans le siècle qui va de 1340 à 1440 seulement, on mentionne, dans certaines sources, une dépopulation de la France supérieure à 40%. Entre la guerre de cent ans et cette terrible pandémie, les morts sont donc nombreux et les bras se font rares. En position de force, les serfs et les vilains renégocient alors leur statut et commencent à s’émanciper, quand ils ne désertent pas simplement les domaines pour aller travailler chez le seigneur le plus offrant; il y a eu aussi, en effet, dans ce contexte, une forme de surenchère du côté des Seigneuries pour acquérir, à prix fort, cette main d’oeuvre qui faisait cruellement défaut. Comme l’aborde ce documentaire, ce déséquilibre de l’offre et de la demande sera favorable aux paysans de l’époque qui en profiteront pour tirer leurs épingles du jeu.
Les notions d’hygiène au moyen-âge réhabilitées
Pour avoir fait quelques recherches sur la question, je suis heureux de voir que la réhabilitation des notions d’hygiène, autant que l’importance du bain, sont présentes dans ce documentaire et à Crèvecoeur. Pour être très honnête, je ne sais pas à quel point les vilains et les serfs pouvaient bénéficier des étuves en se voyant, en plus, entourés de jolies damoiselles au temps du bain, et j’en aurais plutôt quelques doutes; que cela ait été réservé aux notables, aux gens d’armes ayant quelques pièces ou aux encore aux riches marchands me semble tout de même plus probable. Cela ne veut, bien sûr, pas dire qu’on ne se lavait pas dans les Campagnes. Les traités d’hygiène du moyen-âge sont, souvent, fortement appuyés et relayés par une médecine médiévale bien présente et qui rayonne depuis les universités de Montpellier, de Toulouse ou de Salerne depuis près de trois siècles au moment où nous transporte ce documentaire. Nul doute que via les médecins d’alors dont la profession s’émancipe de plus en plus, déjà dès le XIIIe, XIVe siècles, mais aussi via les moines, ces traités et cette conscience de l’importance de la propreté corporelle et de l’hygiène ont eu des incidences sur le comportement des populations au sens large. Plus personne n’en doute aujourd’hui et c’est encore une idée reçue sur le moyen-âge qu’il convient de revisiter, au risque de décevoir les fans de Jacquouille la Fripouille, celui des visiteurs, le film, celui de Jean-Marie Poiré avec Christian Clavier et Jean Réno, cette fois-ci. L’hygiène est bien présente au moyen-âge et on sait se laver.
Un moyen-âge profondément chrétien
Durant le moyen-âge, la question de Dieu n’est pas posée et même la poésie satirique d’un Rutebeuf à l’égard des curés ou des moines mendiants ne questionne jamais l’existence de la Sainte Mère (Vierge Marie) ou du Christ (ci-contre oeuvre du début du XVe siècle, Gentile da Fabriano, Vierge à l’enfant, 1404). La religion est une évidence ancrée dans les pratiques et quand on questionne ou qu’on critique les religieux, ou même l’église, à cette époque, on le fait dans une perspective de croyant qui questionne la foi véritable et la motivation réelle de l’Institution au regard de Dieu. On questionne peu ou pas l’existence de Dieu lui-même. Cette dimension est parfaitement retraduite dans ces visiteurs de l’Histoire en 1450, au château de Crèvecoeur. Le moyen-âge est religieux et chrétien et jusque le temps des cuissons du four banal s’y compte en prières.
Centralisme du pouvoir royal de Droit Divin
Tout au long du bas moyen-âge, le pouvoir fort et centralisé que Charlemagne avait conquis et mis en place, et que ses héritiers avaient ensuite perdus, des siècles auparavant, se restructurera graduellement autour du roi. Avec ce phénomène, la féodalité sera, peu à peu, en perte de vitesse et, avec elle, le pouvoir des seigneurs. On a vu les incidences de cela sur la construction des châteaux forts et cette tendance se confirmera au fil des siècles. Pour affirmer leur pouvoir, autant que pour assurer la cohésion du territoire et se prémunir d’alliances intérieures douteuses contre leur propre couronne, nul doute que les rois eurent aussi intérêt à diminuer le pouvoir de seigneurs. Ci-dessus, un portrait du roi Charles VII (1403-1461) qui était au pouvoir en 1450. Cette toile, signée de Jean Fouquet, date elle-même de 1445, soit seulement cinq ans avant la date supposée de notre documentaire.
Faire revivre le moyen-âge avec passion
Au château de Crèvecoeur et dans ces visiteurs de l’Histoire sur la fin du moyen-âge, on sent aussi que les gens du château déploient des efforts louables et sérieux pour faire revivre, avec coeur, cette période du bas moyen-âge. Leur immersion est certaine et leur étonnement spontané face à certaines questions de leur innocent visiteur de passage – sur les cochons roses, sur la religion ou sur d’autres sujets -, le marque bien. Sur la question du jeu des « comédiens » et « acteurs » de ce château reconstitué. « Surjouent-ils par instant? » « Jouent-ils faux? » La civilisation de l’image nous a tous élevé dans un certain sens critique, mais il faut garder de l’indulgence envers les protagonistes de ce documentaire et la troupe qui anime le château de Crèvecoeur. Ce sont des passionnés d’histoire qui n’ont peut-être pas fait Actor Studio mais qui réécrivent un peu d’histoire médiévale sans texte et avec coeur. Par ailleurs, immergé en situation réelle, la perception est toujours différente de la distance que l’on peut prendre devant sa télévision ou un écran. J’ajoute pour le saluer au passage, que le personnage du maître paysan laboureur, autant que son implication dans son travail et son époque, sonnent très justes.
Réjouissances médiévales au château
Nous présenterons certainement le château de Crèvecoeur en Auge de manière plus détaillé et dans un autre article, mais nous voulons déjà donner, ici, quelques éléments sur ce joli lieu qui fait revivre le monde médiéval.
Il est ouvert une bonne partie de l’année et il s’y organise aussi des festivals, des animations, des fêtes, des reconstitutions historiques, et même des « médiévales » qui durent plusieurs jours. Alors, si vous souhaitez, le temps d’une journée, vous glisser vous aussi dans la peau d’un Arnaud de Passage pour aller y célébrer le moyen-âge, n’hésitez pas à visiter le site web du château de Crèvecoeur pour plus de détails.
Une excellente journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval et du moyen-âge sous toutes leurs formes.