Sujet : animations médiévales, reconstituteurs, marché médiéval, compagnies médiévales, histoire vivante, guerre de cent ans. Période : Moyen Âge central, XIVe siècle. Evénement : les Médiévales de Tiffauges Lieu : château de Tiffauges, Vendée, Pays de la Loire. Date : 23 & 24 septembre 2023
Bonjour à tous,
eux qui suivent de près notre agenda médiéval le savent bien, les festivités autour du Moyen-Âge sont tellement à la mode en terres de France que la notion finit par recouvrir des réalités extrêmement disparates.
Il en faut pour tous les goûts et, au fond, ces réalités ne font que refléter les visions souvent un peu fourre-tout d’un Moyen-âge qui a largement débordé de sa réalité historique pour s’étendre à un ailleurs médiéval imaginaire, littéraire ou fantastique.
Dans ce vaste champ de pratiques, certaines fêtes médiévales, plus rares, insistent pourtant, pour se situer du côté d’une évocation historique plus rigoureuse et plus exigeante. Cela va, en général, avec les hauts lieux d’intérêt patrimonial dans lesquelles elles se tiennent, mais c’est aussi souvent le fruit d’une volonté et d’un véritable parti-pris de leurs organisateurs. En fait de simples divertissements librement inspirés de « temps médiévaux » un peu flous, on y trouve alors une ambition plus clairement affichée de transmission et de défense d’une certain patrimoine historique et intellectuel.
Dans ces événements remarquables, les passionnés de Moyen Âge et d’histoire vivante se trouvent heureux comme des poissons dans l’eau. Mais personne n’est exclu et les visiteurs en quête de distraction y trouvent aussi leur compte. Ils peuvent y faire le plein d’émotions et de divertissement tout en revenant, au passage, sur quelques idées reçues (elles sont nombreuses) sur la période médiévale.
Les Médiévales de Tiffauges : un vrai parti-pris d’évocation historique
La manifestation médiévale que nous vous proposons de découvrir, ce week-end, se situe justement dans cette famille d’événements plus exigeants du point de vue de l’historicité et dont il faut saluer la tenue. Impulsée en 2018 par le département de Vendée et toujours soutenue par lui, elle se tient, une fois l’an, au château de Tiffauges, et affiche clairement son ambition de transmission et d’immersion dans le Moyen Âge historique.
Pour mener à bien ce projet, elle est confiée, depuis son lancement, aux bons soins de la très sérieuse Association Roi Uther de Gérard Paugam et son équipe. Les compagnies médiévales, parmi les plus renommées de France et d’ailleurs, y sont invitées et des centaines de reconstituteurs en armure et en tenues d’époque répondent à l’appel.
Bertrand du Guesclin et l’ost de France aux portes de Tiffauges
A chaque nouveau cru de ces Médiévales, un nouveau thème et un nouveau scénario sont proposés. Pour cette édition 2023, les organisateurs ont décidé de convier les visiteurs à un voyage au milieu de XIVe siècle qui marquera l’apparition à Tiffauges du célèbre Bertrand du Guesclin.
Nous sommes en 1372, dans le contexte de la guerre de cent ans et en plein guerre de succession de Bretagne. A la tête de l’ost royal, le connétable de France et de Castille a déjà fait tomber la plupart des villes du secteur. Tiffauges a déjà été reprise et du Guesclin s’apprête désormais à assiéger Thouars. La ville reste à la main d’Amaury de Craon et Péronnelle de Thouars, eux-mêmes alliés des anglais.
Mais pour mener à bien son siège et s’y préparer, le chef de guerre français doit d’abord réunir ses hommes et ses alliés. L’objectif est de lancer une vaste revue de troupes mais aussi de s’assurer de les mettre en condition. Ce week-end au château de Tiffauges, on pourra donc suivre de près ce fourmillement d’activités sous la houlette du célèbre héros médiéval, tout au long des deux jours de la manifestation.
Tournois et entraînements militaires
Pour faire bonne mesure et aiguiser les compétences des nobles en présence comme celles des combattants moins titrés, du Guesclin organisera divers tournois à cheval ou à pied. Les combattants spécialistes des armes de jet auront aussi leurs défis à relever, et archers et arbalétriers seront là pour s’entraîner et se mesurer aux épreuves de tir. Pour clore le tableau militaire, l’artillerie sera, elle aussi, présente à la manœuvre avec ses canons d’époque et autres bombardes.
Vie de camp, soins de guerre & taverne comme au XIVe siècle
Au titre de cette vie médiévale reconstituée sous la houlette de Bertrand du Guesclin, on pourra encore découvrir un camp de soins d’époque avec ses barbiers et ses blessés , mais aussi une taverne avec ses animations et ses jeux. Un grand campement médiéval sera également installé et on pourra y retrouver tout un mélange de vie civile et militaire, avec ses artisans médiévaux dans des domaines divers, et encore les populations et personnels qui suivaient alors les soldats en campagne.
Les dominicains seront également là pour donner une messe à la façon du XIVe siècle et s’assurer du salut des âmes. Enfin, au milieu de cette effervescence, on pourra encore se faire une idée de la vie d’un chef de guerre en campagne, en visitant le logement itinérant de Du Guesclin.
Compagnies médiévales & troupes invitées
Comme nous le disions, pour faire revivre à plein cette ambiance de nombreuses mesnies et troupes de reconstituteurs sont attendues des quatre coins de France, mais aussi de Belgique, d’Angleterre et de République Tchèque.
La Mesnie Enguerran – L’Alliance des Lions d’Anjou – Emptivus Miles – Maisnie de l’Hermine – La Confrérie de la Quintefeuille – L’ost du Castel – Les Tards Venus – Mignoned ar Bro – Ar Soudarded – La guerre des couronnes – Via Historiae – L’Ost du Phénix – Elsass Tempora – Les Chiens de St Martin – Les Armoises – Les Heures de Bedford – les Genz d’Armes 1415 – La Guilde des 3 couronnes – La Grant Compaigne – La Compagnie Gwesclen – Milite Nothie – Les écorcheurs Simwé – Kes Francs Compaings Brabançons – Societas Anglicis – Le Feu Liégeois – Les Plantegênets – Compagnies de république Tchèque – La Volte Gaillarde – Sonj – Smedelyn
Marché médiéval, musique et danses
En plus des nombreux temps forts de la reconstitution, un marché médiéval de 25 artisans dument sélectionnés se tiendra sur place. Musiciens et danseurs seront aussi là pour animer la fête.
Retrouver nos articles sur les éditions précédentes de cette manifestation : Edition 2019 – Edition 2022
En vous souhaitant une belle journée et de belles médiévales au château de Tiffauges si vous vous y rendez.
Fred Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
NB : les photos utilisées dans cet article sont non contractuelles et n’ont vocation qu’à donner une idée de ces Médiévales. Crédit photo @Barry ‘s photography. Pour la superbe affiche 2023, elle a été réalisée par le célèbre illustrateur Ugo Pinson.
Sujet : auteur, romans historiques, édition, Jeanne d’Arc, actualité littéraire, guerre de cent ans, aventure, saga historique, fiction médiévale, siège d’Orléans, Jeanne d’Arc, aventure médiévale Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif Titres : Les trois pouvoirs, T4 l’Envoyée de Dieu Xavier Leloup, Editions La Ravinière (2023)
Bonjour à tous,
l’occasion de la sortie du 4ème tome de la saga médiévale des Trois pouvoirs intitulé « L’envoyée de Dieu », nous avons, à nouveau, le plaisir de recevoir Xavier Leloup, auteur, mais également éditeur aux Editions La Ravinière qu’il a fondées, il y a déjà quelques années.
Un Entretien exclusif avec Xavier Leloup des éditions la Ravinière
Propos recueillis par Frédéric EFFE le 30 juin 2023
Mpassion : Bonjour Xavier, Nous sommes, encore une fois, heureux de vous recevoir. Que de temps passé depuis notre dernière entrevue. Vous êtes en forme, j’espère ?
Xavier L : Je me trouve d’autant plus en pleine forme que j’ai de nouveau l’occasion de m’entretenir avec vous, cher Frédéric !
Actualité des éditions & réédition d’Ivanhoé
« Ivanhoén’est pas seulement un grand roman de chevalerie et d’aventures. C’est aussi un livre débordant de sensualité et de romantisme, ce qui le rend intemporel. »
Mpassion : Le plaisir est partagé ! Visiblement, les éditions La Ravinière continuent sur leur lancée et leur projet de proposer des romans historiques ayant pour cadre le Moyen Âge. Après Quentin Durward qui avait fait l’objet d’une précédente entrevue, on les a vues rééditer, tout récemment, Ivanhoé de Sir Walter Scott, autre ouvrage fictionnel du grand écrivain anglais, sur toile de fond historique et médiévale.
C’est même d’ailleurs le premier roman de Walter Scott qui se déroulait au Moyen Âge et, il a été plutôt bien accueilli dès sa parution. puisqu’il a même assuré le succès de son auteur en Europe, en consacrant, au passage, une certaine mode du roman historique.On se souvient aussi qu‘il avait été adapté sur grand écran par Richard Thorpe, en 1952 mais depuis le livre semblait un peu tombé dans l’oubli. Peut-être pourriez-vous nous dire un mot du roman et de ce choix de publication ?
Xavier L : Ivanhoé est un grand classique dont beaucoup ont entendu parler grâce au cinéma, mais sans jamais l’avoir réellement lu, ou lu seulement en version abrégée. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu le faire découvrir à une nouvelle génération de lecteurs en le rééditant dans sa version intégrale et, qui plus est, traduite par Alexandre Dumas. L’année où ses Trois Mousquetaires font justement l’objet d’une nouvelle adaptation sur grand écran, le moment ne pouvait pas être mieux choisi !
Ivanhoé, ce sont d’abord de fabuleuses scènes de tournois et d’affrontements à la lance, des sièges de châteaux mettant aux prises des personnages aussi célèbres que Robin-des-Bois, frère Tuck ou Richard-Cœur-de-Lion, ce roi anglais revenu des croisades pour reconquérir son trône. Mais c’est aussi un roman d’amour, avec un trio amoureux s’articulant autour du chevalier chrétien Ivanhoé, de la princesse saxonne Rowena ainsi que de la séduisante juive Rebécca (incarnée par Elisabeth Taylor dans le film de Richard Thorpe), elle-même objet de la passion dévorante du vil templier Brian de Bois-Guilbert.
Bref, Ivanhoé n’est pas seulement d’un grand roman de chevalerie et d’aventures. C’est aussi un livre débordant de sensualité et de romantisme, ce qui le rend intemporel.
Le goût des romans historiques et médiévaux
« … le défi du roman historique consiste à se faire une place entre des livres d’histoire, certes intéressants, mais qui n’ont rien de romanesques et des ouvrages de Medieval fantasy, qui jouent avec les codes médiévaux sans pour autant être de véritables romans historiques… »
Mpassion :Pour rester encore un peu sur le sujet des éditions La Ravinière, et avant de parler de la Saga des Trois Pouvoirs et de la sortie de son quatrième opus : en plus de votre saga historique on en est donc maintenant à 2 rééditions de Sir Walter Scott, et un autre ouvrage de portraits sur Les Grandes Dames qui ont fait l’histoire de la guerre de Cent Ans, signé de votre plume.
Avec le recul de plus de 2 ans d’existence, quel est l’accueil réservé par le public à ce positionnement de votre maison d’édition sur les fictions ou les essais historiques portant sur la période médiévale ? On sait que « le Moyen Âge est à la mode », Jacques le Goff nous l’avait confirmé, mais en dehors des fêtes médiévales, des séries télévisées ou des jeux vidéos, qu’en est-il dans le monde du livre ? L’enthousiasme des lecteurs est-il au rendez-vous et surtout, qu’en est-il de l’accueil presse ou des revues spécialisées ? Autre question que j’ai en tête et que je vous pose dans la foulée, y a-t-il encore une place sur les rayons des libraires pour les fictions sur fond historique dans un monde du livre qui semblait jusqu’à très récemment, sérieusement investi par les univers médiévaux fantasy inspirés des cultures anglo-saxonnes. Dites-nous tout, le roman historique fait-il glorieusement front au Medieval Fantasy et comment trouve-t-il sa place ? Et que pourrait-on faire, le cas échéant, pour améliorer la situation ?
» …Depuis son lancement, La Ravinière a réussi à conquérir plus de 9 000 lecteurs. »
Xavier L : Il existe indéniablement une forte demande pour le roman historique, en particulier médiéval. Le succès de mes dédicaces en atteste, qui me permettent de rencontrer de nombreux amateurs du genre souvent très enthousiastes. Il en va différemment des libraires, généralement moins enclins à s’intéresser à un genre qui ne répond guère à leurs goûts personnels. À cela s’ajoute une offre éditoriale très abondante, qui monopolise leur temps de lecture. Il s’agit donc de prendre le temps de les convaincre et, surtout, de leur faire lire les ouvrages afin qu’ils en fassent ensuite la promotion auprès de leurs clients.
Dans ce contexte, le défi du roman historique consiste à se faire une place entre des livres d’histoire, certes intéressants, mais qui n’ont rien de romanesques et s’adressent le plus souvent à une clientèle masculine et âgée, et des ouvrages de médiéval fantasy, qui jouent avec les codes médiévaux sans pour autant être de véritables romans historiques et font baigner le lecteur dans un univers en réalité assez déraciné. L’objectif d’une maison d’édition comme la mienne est donc de se constituer une communauté de fidèles en jouant sur tous les leviers permettant de les toucher : librairies, réseaux sociaux et media (locaux ou nationaux), rencontres-dédicaces. C’est ainsi que depuis son lancement, La Ravinière a réussi à conquérir plus de 9 000 lecteurs.
Les Trois Pouvoirs & l’arrivée de « l’envoyée de Dieu »
« …C’est alors que se répand une étonnante rumeur : une jeune paysanne venue des marches du royaume aurait été envoyée par Dieu pour lever le siège d’Orléans et faire sacrer le Dauphin Charles, « qui doit être vrai et est vrai roi de France».«
Mpassion : Bravo, en tout cas, voilà qui fait plaisir à entendre ! Venons-en maintenant au 4eme opus de la saga des Trois Pouvoirs sous-titré L’envoyée de Dieu ? Est-ce que vous pouvez nous toucher un mot des 3 premiers ouvrages, afin de recontextualiser un peu mieux l’arrivée de celui-ci pour nos lecteurs ? Et peut-être aussi nous dire un mot de son intrigue sans trop la « divulgâcher », comme disent nos amis québécois ? Nos lecteurs vont également se demander s’il faut avoir lu les trois premiers ouvrages pour entrer dans celui-ci ?
Xavier L : Quand le livre commence, nous nous trouvons à la fin de l’hiver 1429. Assiégée depuis des mois par les Anglais, la ville d’Orléans est tout près de se rendre : 22 ans, déjà, que le duc d’Orléans, frère du roi Charles VI, a été assassiné en plein Paris, rue Vieille-du-Temple – 14 ans que l’armée de Charles VI a été défaite par les troupes du roi anglais Henri V à Azincourt – 10 ans, enfin, que Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne, a été assassiné, à son tour, sur le pont de Montereau.
Dans ce contexte, la France se divise en trois : une France franco-anglaise gouvernée depuis Paris par le duc de Bedford, une France bourguignonne, celle du duc de Bourgogne Philippe le Bon, et enfin une France française ou « armagnac » dont le roi n’est autre que le roi Charles VII, dernier descendant de la dynastie des Valois.
Au milieu de ces trois puissances, une femme : Yolande d’Aragon, la puissante duchesse d’Anjou. Belle-mère du roi de France, elle soutient Charles VII de toutes ses forces en même temps qu’elle cherche à dénouer l’alliance anglo-bourguignonne. C’est alors que se répand une étonnante rumeur : une jeune paysanne venue des marches du royaume aurait été envoyée par Dieu pour lever le siège d’Orléans et faire sacrer le Dauphin Charles, « qui doit être vrai et est vrai roi de France ». Mais certains, n’ayant aucun intérêt à ce que cette « Pucelle » parvienne jusqu’à Charles VII, vont tout faire pour l’empêcher de le rencontrer à Chinon…
Il n’est donc nullement nécessaire d’avoir lu les trois premiers tomes pour se plonger dans ce nouvel opus. Dix années se sont écoulées depuis le tome 3, dont la plupart des protagonistes sont morts ou disparus. Les fidèles de la saga auront toutefois le plaisir d’en retrouver les principaux héros, à savoir l’ancien prévôt de Paris Guillaume de Gaucourt, la duchesse d’Anjou Yolande d’Aragon et enfin le chef des brigands parisiens, le mystérieux roi des Tartas. Sans oublier le fidèle Dimenche Le Loup, bien entendu. Avec L’envoyée de Dieu, c’est en quelque sorte un nouveau cycle qui commence. Et un cycle au sein duquel Jeanne d’Arc va jouer les tous premiers rôles.
Mpassion :C’est, il est vrai, une arrivée très attendue de Jeanne d’Arc dans la saga et qui met particulièrement en valeur la partie de son épopée qui se déroule dans une province chère à votre cœur, la Touraine.
Xavier L : De mon point de vue de tourangeau, le local rejoint ici le national puisque les premiers mois de l’épopée johannique se sont historiquement déroulés en Touraine. Sainte-Catherine-de-Fierbois, Chinon, Loches, Tours, Blois… c’est en quelque sorte à un voyage en Val de Loire qu’est convié le lecteur, à mesure qu’il suit la Pucelle dans ses pérégrinations.
J’ai également pris soin de décrire aussi précisément que possible le siège d’Orléans, qu’il s’agisse des « bastilles », ces fameuses tours édifiées autour de la ville par les Anglais, du positionnement des troupes, ou du déroulé des fameux conseils de capitaines. In fine, je crois donc que le lecteur aura une idée assez précise des différents théâtres de guerre au sein desquels s’est illustrée Jehanne d’Arc.
La Jeanne d’Arc de Xavier Leloup
» Une autre caractéristique du roman tient, il me semble, à son caractère immersif. J’ai souhaité plongé d’emblée le lecteur dans le feu de l’action, qu’il s’agisse des intrigues de cour ou de la libération d’Orléans. «
Mpassion : Autre question un peu inévitable et que nos lecteurs vont certainement se poser. Entre historiens, auteurs de fiction et même scénaristes de cinéma, d’Anatole France à Jules Michelet, Régine Pernoud, Georges Duby, Max Gallo en allant même jusqu’à Philippe de Villiers ou Luc Besson, vous n’êtes pas le premier à vous attaquer à l’épopée de la légendaire pucelle d’Orléans. On n’a sans doute pas fini d’épuiser le sujet du reste. Mais même si vous vous situez bien plus dans l’univers de la fiction que du biopic, la question qui nous intéresse ici est qu’est-ce qu’elle a de particulier votre Jeanne d’Arc ? Comment vous l’êtes-vous appropriée ? Et peut-être, encore, si ce n’est pas trop personnel, qu’est-ce qui vous a touché le plus chez elle ?
Xavier L : Pour être honnête, j’étais au départ assez intimidé à l’idée de mettre en scène une icône telle que Jehanne d’Arc, à la fois héroïne nationale et Sainte, symbole mondial de la pureté et du courage. Et puis, sa personnalité a fini par s’imposer à moi. Celle qui n’est au départ qu’une mystérieuse prophétesse se révèle progressivement comme un véritable chef de guerre, quitte pour cela à s’opposer frontalement aux plus grands seigneurs du royaume et à désobéir à leurs ordres.
Ce que le roman montre, je crois assez bien, est que si le personnage a d’abord laissé sceptique, sa fougue, sa détermination, sa foi en Dieu comme en elle-même, sa pureté d’âme et de cœur, vont finalement réussir à emporter l’adhésion des plus sceptiques. À Orléans, tout le monde semble lui répéter que la libération de la ville est impossible, que les « Anglois » sont invincibles, qu’il vaut mieux attendre de nouveaux renforts. À quoi elle rétorque avec obstination qu’Orléans finira par être libéré sous peu et, qu’au contraire, il n’y pas une seule minute à perdre pour lancer l’assaut.
« Et c’est d’ailleurs bien là tout l’intérêt d’un roman historique que de restituer le parfum d’une époque, d’en récréer l’ambiance et l’atmosphère. Le récit mêle aussi aux événements historiques des scènes au ton plus léger, voire franchement comiques. »
Mpassion : Jeanne est donc venue à vous, en quelque sorte, par ses faits et les éléments historiques qu’on en connaît.
Xavier L : Oui. Une autre caractéristique du roman tient, il me semble, à son caractère immersif. J’ai souhaité plongé d’emblée le lecteur dans le feu de l’action, qu’il s’agisse des intrigues de cour ou de la libération d’Orléans. « On est vraiment transporté dans la scène », en disent d’ailleurs les premiers lecteurs. Et c’est d’ailleurs bien là tout l’intérêt d’un roman historique que de restituer le parfum d’une époque, d’en récréer l’ambiance et l’atmosphère.
Le récit mêle aussi aux événements historiques des scènes au ton plus léger, voire franchement comiques. Car l’objectif est bien de divertir. Il n’y a cependant là rien de bien nouveau, Alexandre Dumas n’ayant pas procédé autrement dans des romans tels que Vingt Après ou Les Trois Mousquetaires. Dernier point, la part de mystère laissée au personnage. Le roman ouvre des portes, lance des pistes, mais finalement ne tranche rien, laissant le lecteur se forger sa propre opinion sur Jehanne d’Arc.
Moyen Âge historique & fictionnel, où placer le curseur ?
« … La part de vérité historique est prépondérante, en particulier en ce qui concerne la levée du siège d’Orléans. Reste que par définition, un roman historique n’est pas un livre d’histoire… »
Mpassion : Et c’est très appréciable ! Autre question, pour anticiper un peu sur les critiques qu’on entend déjà d’ici par certains puristes qui vous accuseront peut-être de prendre quelques libertés avec l’histoire de France et de remplir les blancs à votre manière, qu’est-ce que vous leur répondez ? Pour être très clair, on reste ici dans une fiction romanesque sur fond historique, il n’y a donc pas de prétention de restitution d’un Moyen Âge strictement historique, pas d’avantages que de révélation de faits nouveaux sur l’histoire de Jeanne d’Arc. Mais peut-être pourriez-vous nous redire un mot de votre processus de rédaction ? Quelle est la part du réel et du fictionnel ? La part de références et la part plus libre ou disgressive ? Où se situe la prétention historique ? Et finalement aussi, à qui se destinent d’abord vos romans ?
Xavier L : Lors des dédicaces, les lecteurs me demandent très souvent quelle est la part de vérité historique dans l’histoire que je leur dépeins. Et à moi, alors, de leur répondre : « 90% de ce que je viens de vous raconter est vrai ! ». Il n’en va pas différemment dans ce nouvel opus, où la part de vérité historique est prépondérante, en particulier en ce qui concerne la levée du siège d’Orléans. Reste que par définition, un roman historique n’est pas un livre d’histoire. Lorsqu’il l’ouvre, le lecteur doit donc accepter que tout n’y soit pas strictement véridique mais, dans l’ensemble, vraisemblable.
En l’occurrence, la quasi-totalité des propos que Jehanne d’Arc tient dans le livre sont du verbatim. J’ai bien sûr pris quelques libertés avec l’histoire officielle, ajoutant ici ou là des sous-intrigues et des personnages imaginaires, de l’amour, du psychologique, mais en refermant L’envoyée de Dieu, le lecteur en aura tout de même beaucoup appris sur « la Pucelle ». Ce roman s’adresse donc aux lecteurs de tous âges et de tous horizons, quelle que soit leur culture historique.
Une production TV ou cinématographique en vue ?
Mpassion : Sur un autre sujet qui ne manquera pas d’intéresser les amateurs de productions télévisuelles ou cinématographiques, j’ai lu, me semble-t-il dans un article de la presse tourangelle que des contacts avaient été pris auprès de producteurs pour une éventuelle mise à l’écran de la série. Rumeurs ou faits avérés ? Verra-t-on bientôt votre Jeanne d’Arc à l’écran ?
Xavier L : Un grand producteur français s’intéresse en effet au projet, même si je ne peux pas vous en dire davantage pour le moment. Nous verrons. Mais si Les Trois Pouvoirs sont portés à l’écran, croyez-bien que les lecteurs de Moyenagepassion en seront les premiers informés !
Séances dédicaces et projets futurs
Mpassion : Bien, nous saurons apprécier le suspense et en pas insister, en espérant que tout cela voit le jour. Les vraies productions françaises sur fond de Moyen Âge historique se font trop rares. Un dernier mot pour donner envie à nos lecteurs d’acquérir l’ouvrage et peut- être aussi quelques informations sur votre actualité et vos projets futurs même si nous vous cueillons là en plein actualité de ce 4eme tome et qu’il va sûrement vous occuper pour les mois à venir.
Xavier L : Je me trouve actuellement en pleine période promotion, qui m’a vu notamment passer sur TV Tours et enchaîner les signatures partout en France. Je donne d’ailleurs rendez-vous à vos lecteurs le samedi 8 juillet à partir de 10h à l’excellente librairie d’Amboise Lu et Approuvé pour une nouvelle dédicace des Trois Pouvoirs. Située à seulement quelques centaines de mètres d’une forteresse royale, je ne pouvais sans doute rêver meilleur endroit ! Les lecteurs d’Histoire Magazine pourront enfin retrouver mes deux derniers livres recensés dans son numéro d’été.
Mpassion : Merci pour vos réponses et pour cette entrevue. On renvoie donc nos lecteurs sur le site officiel des Editions la Ravinière ou chez tout bon libraire pour y débusquer le 4eme tome des Trois pouvoirs et les autres ouvrage déjà disponibles.
Xavier L : Merci à vous, Frédéric, et à bientôt !
Retrouvez nosentretiens en compagnie de Xavier Leloup.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
NB : en arrière plan de la photo de l’auteur, sur l’image d’en-tête, on retrouve un autre détail enluminure extraite du manuscrit médiéval Ms Français 5054 : Jeanne d’Arc assiégeant Paris. Vigiles de Charles VII de Martial d’Auvergne (1430-1508). Ce manuscrit superbement illustré, daté de la fin du XVe siècle (vers 1485) peut être consulté Gallica.fr.
Sujet : guerre de cent ans, monde médiéval, pouvoir féminin, nouveautés littéraires, portraits de femmes, chroniques. Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif Portrait : Isabelle de France (1295-1358) Auteur : Xavier Leloup Ouvrage : Les Grandes Dames de la Guerre de Cent Ans, Editions la Ravinière (2022)
Préambule
Bonjour à tous,
n mars 2021, nous engagions avec Xavier Leloup, auteur de la saga historique Les trois pouvoirs, une série intitulée Les Grandes Dames de la Guerre de Cent ans. Dans le cours de cette même année, cette collaboration donna lieu à cinq chroniques sur le pouvoir médiéval au féminin ; leur succès fut alors immédiat auprès de nos lecteurs, mais aussi sur les réseaux sociaux sur lesquels elles furent partagées.
Depuis lors, moins de deux ans se sont écoulés et, pourtant, que de chemin parcouru ! D’auteur de romans historiques, Xavier Leloup est devenu éditeur. Fin 2021, il a ainsi créé La Ravinière, une maison spécialisée dans l’édition d’ouvrages et de fictions historiques avec le Moyen Âge comme période de prédilection. Nous l’avions d’ailleurs reçu en entretien pour qu’il nous parle de cette nouvelle aventure. Quelque temps plus tard, en juin 2022, il nous annonçait la sortie de deux nouveaux ouvrages : la réédition (qui serait bientôt saluée par la presse) d’une célèbre fiction médiévale : le Quentin Duward de Sir Walter Scott. Mais encore une nouveau livre signé de sa main et qui ne pouvait nous faire plus plaisir ; ce dernier ouvrage portait, en effet, le nom du cycle initié, ici-même, sur Les Grandes dames de la Guerre de Cent ans et se proposait d’en prolonger le thème.
Sans surprise, à quelques mois de son lancement, ce livre sur les femmes de pouvoir qui ont marqué l’histoire du Moyen Âge tardif continue de faire la joie des libraires et des lecteurs de tous bords. Les chroniques dont nous avait originellement gratifié leur auteur, ont été largement remaniées pour faire la place à des portraits encore plus détaillés de nos héroïnes françaises ; sont venues également s’y ajouter de nombreuses autres histoires de femmes qui, chacune à leur manière, ont influencé l’histoire de France pendant ces siècles troublés.
Excellente nouvelle pour tous nos lecteurs. Aujourd’hui, pour renouer avec ce grand cycle et donner l’envie de se plonger dans cet ouvrage à tous ceux qui ne le connaitraient pas encore, nous vous proposons de découvrir le nouveau portrait d’une grande dame de la guerre de cent ans sous la plume de Xavier Leloup : celui d’Isabelle de France (1295-1358) et de son étonnant destin. Sans plus attendre, nous lui cédons donc le pas pour une nouvelle chronique tirée de son livre. Il s’agit même de celle qui ouvre le bal de l’ouvrage.
En vous souhaitant une belle lecture. Frédéric Effe
Isabelle la Conquérante une chronique de Xavier Leloup
Prenez une princesse fière et élégante, fille de l’un des plus grands rois capétiens. Puis mariez-la à un roi anglais des plus fantasques ayant un certain penchant pour les garçons. Vous aboutirez alors au fabuleux destin de la reine d’Angleterre Isabelle de France, la « louve », qui réussit à conquérir le royaume de son propre époux.
24 novembre 1326. Hereford, à l’ouest de l’Angleterre. Le sire Hugues Despenser, ancien favori du roi Edouard II, se voit lire la liste des griefs qui ont été retenus contre lui : crimes, attentat contre la reine, confiscation de ses biens, complots visant à la faire assassiner, mauvais traitements envers les veuves et les enfants des opposants à sa tyrannie.
Les grands barons qui composent ce tribunal d’exception ne tardent pas à rendre leur jugement : c’est la peine de mort. Despenser sera pendu comme un voleur, écartelé comme un traître, décapité comme un rebelle, ses entrailles seront arrachées et brûlées. Mais le condamné devra d’abord parcourir les rues de la ville, nu et couronné d’orties, sous les huées. Puis on l’attache à une claie tirée par des chevaux qui vont le conduire à la place du marché. Là, il est pendu à une grande échelle par un nœud coulant passé autour de son cou. « Et quand il fut ainsi lié », décrit Jean Froissard dans ses Chroniques, « on lui coupa en premier le vit [le pénis] et les couilles comme hérétique et sodomite, ainsi que l’on disait aussi du roi. Et pour avoir fait se quereller le roi et la reine et l’avoir faite chasser. » La tête de Despenser finira clouée sur la tour-porte du pont de Londres. Quant à son corps, il est découpé en quatre quartiers expédiés aux grandes villes.
Un roi sous emprise
La reine d’Angleterre, Isabelle de France, tient sa revanche. Des années qu’elle courbe le dos face aux humiliations, aux avanies, aux exactions du favori de son époux. Aux côtés de son père Despenser l’Aîné, le jeune Hugues a longtemps fait régner la terreur au royaume d’Angleterre. Il était « l’œil droit » d’Edouard II selon l’auteur de La Chronique de Lanercost, ou encore celui qui tournait autour du roi comme le chat autour de sa proie, selon les termes des Flores Historiarum¸ une autre chronique de l’époque. Surtout, le favori n’a jamais entendu partager le roi avec quiconque, pas même avec la reine. Et ce n’est pas le premier. Avant lui, il y eut un certain Pierre Gaveston, jeune Gascon lui aussi « bien-aimé du roi ». Dès avant son mariage avec son épouse française, Edouard II éprouvait pour ce jeune homme une passion exclusive, dévorante, qui l’avait conduit à le faire comte de Cornouailles et lui allouer une rente de 4 000 livres par an. « Nous étions trois dans ce mariage », écrira plus tard Isabelle. Et ce, au plus grand dam de la noblesse d’Angleterre. Gaveston, un homme puissant mais détesté, et à la langue bien pendue, qui par trois fois dut fuir le royaume d’Angleterre avant de finir décapité.
Mais Edouard II est incorrigible. Seulement cinq années s’écoulent, le voilà qui s’entiche d’un nouveau favori. Sauf qu’avec ce Despenser, un nouveau cap est franchi. Non content d’avoir acquis de nombreuses seigneuries, il va se faire une spécialité de l’extorsion de richesses. Impitoyable, il n’hésite pas à utiliser la force pour soutirer de l’argent à de riches héritières ou aux veuves des hommes qu’il a fait exécuter. Tel est le cas d’une certaine Alice de Lacy, menacée d’être brûlée vive si elle ne lui paie pas une amende de 20 000 livres. Or sur tout cela, le roi d’Angleterre ferme les yeux. Pire, Edouard couvre de faveurs aussi bien son favori que son épouse Eléonore, sa propre nièce, sans qu’on puisse déterminer avec certitude s’il entretient des rapports amoureux avec l’un, avec l’autre, ou bien les deux. Mais pour Isabelle, la situation ne fait guère de doute. C’est bien avec Hugues que son époux la trompe.
« Je crois que le mariage est une union entre un homme et une femme, basé par-dessus tout sur une vie commune, mais quelqu’un s’est introduit entre mon mari et moi qui est en train d’essayer de rompre ce lien », déclarera-t-elle de manière solennelle devant son frère, le roi de France Charles IV, une fois réfugiée à Paris. Et la reine d’ajouter, tout entière vêtue de noir et coiffée d’une guimpe de veuve : « Je déclare que je ne reviendrai pas tant que cet intrus ne sera pas chassé, mais, oubliant ma robe de mariée, je ne me vêtirai plus que des robes de veuve et porterai le deuil jusqu’à je sois vengée de ce pharisien ».
Rebelle à son mari, rebelle à son roi
Ces affirmations ont beau être justifiées, elles n’en sont pas moins d’une incroyable audace. Non seulement la reine Isabelle refuse de rejoindre son époux en Angleterre mais qui plus est, elle sous-entend publiquement qu’il la trompe avec une personne de son sexe. C’est là rompre avec toutes les conventions de l’époque et pour ainsi dire, lui déclarer la guerre. Mais on reconnaît bien là la fille de Philippe le Bel, le puissant roi capétien surnommé « le roi de fer ». Des cheveux d’or, grande et bien formée, elle n’a pas seulement hérité sa beauté. Elle a aussi son intelligence, sa détermination, la haute idée de sa propre dignité ; son goût pour la chasse aussi.
Si elle a longtemps fait passer en premier ses devoirs de reine, Isabelle de France déclare qu’à compter de ce jour, elle ne comptait plus se soumettre. De batailles perdues contre les Ecossais, en conflits avec les barons, en fuites à travers le pays, le roi d’Angleterre l’a plusieurs fois mise en péril de mort. Un exemple de ce qu’elle a dû subir : alors que les grands du royaume assiégeaient la capitale, Isabelle en fut réduite à accoucher de sa deuxième fille dans une Tour de Londres si délabrée qu’au moment de la délivrance, elle se trouva éclaboussée par la pluie traversant le plafond !
La reine d’Angleterre n’aurait toutefois osé prendre la tête de la rébellion contre son époux si elle n’avait possédé dans son jeu une carte maîtresse. Cette carte maîtresse, c’est le sire Roger Mortimer de Wigmore. Ancien lieutenant du roi en Irlande et l’un de ses plus fidèles barons, la tyrannie des Despenser l’a conduit à devenir à son tour l’un de ses plus farouches opposants. C’est un homme intrépide, épris de fastes et jaloux de son rang. Il est venu se réfugier en France après sa spectaculaire évasion de la Tour de Londres. Isabelle et Roger ont également en commun le goût des récits de chevalerie et des romans arthuriens, si bien qu’à l’image de Lancelot et Guenièvre, ils ne vont pas tarder à devenir amants. « En vérité, très cher frère, il est apparent à nous et à tous qu’elle ne nous aime pas comme elle le devrait envers son seigneur, et la cause qui l’a poussée à dire des mensonges sur notre neveu et à s’éloigner de nous est due, selon mes pensées, à une volonté désordonnée depuis qu’elle garde en sa compagnie ouvertement et notoirement Mortimer, à l’encontre de tous ses devoirs », écrira Edouard II à son cousin de France dans une énième tentative de faire revenir son épouse auprès de lui.
Isabelle chef de guerre
C’est donc aux côtés de ce grand soldat que la reine va entreprendre ce que nul n’avait tenté depuis Guillaume le Conquérant : envahir le royaume d’Angleterre. Or malgré une force militaire composée de seulement 1 500 hommes, elle va réussir. Au fur et à mesure de son avancée en terre anglaise, les ralliements à sa cause se multiplient. Et il ne s’agit pas seulement de ces barons, de ces évêques qui ont en commun la haine des Despenser. C’est en vérité tout le peuple anglais qui se lève pour rallier sa cause. Cambridge, Oxford, Gloucester, Bristol puis enfin Londres, en quelques mois seulement, Isabelle de France se rend maîtresse de toute l’Angleterre.
Le règne d’Edouard II n’y résistera pas. On finira par le retrouver en compagnie de son cher Despenser, errant dans la lande sous une pluie battante, après avoir vainement tenté de s’échapper par la mer. Conservé deux ans en captivité, le roi trouvera la mort au château de Berkeley, dans la nuit du 20 au 21 septembre 1327.
Faut-il pour autant considérer, à l’image du poète Thomas Gray, qu’Isabelle était cette « Louve de France, dont les crocs acharnés déchirent les entrailles de son époux mutilé » ? Ce serait là lui faire injustice. D’abord parce que l’assassinat du roi a sans doute été ordonné par Roger Mortimer sans même qu’elle n’en ait été avertie. Convaincu de ce qu’Edouard constituerait une menace tant qu’il demeurerait en vie et craignant son évasion, son amant a préféré le faire tuer. Ensuite parce qu’en dépit de la triste fin de Despenser, la reine saura fait preuve d’une relative clémence à l’encontre de ses anciens alliés. Comme le souligne l’historienne Sophie Brouquet dans sa biographie d’Isabelle de France (1) : « au total, la répression se borne à six exécutions. Isabelle de France n’a pas fait couler de bain de sang et se montre davantage prête à pardonner que les Despenser … En réalité, très vite, le gouvernement de la reine a offert un grand nombre de pardons. Il y a eu peu d’enfermements et de confiscations, et les biens sont souvent rendus à leurs propriétaires. »
D’une tyrannie à l’autre
Par la suite, Isabelle commettra toutefois plusieurs erreurs politiques.
Elle est si prompte à recouvrer ses biens que son revenu annuel s’élève bientôt à 40 000 livres, soit un tiers des revenus du royaume. De quoi faire des jaloux. Sa politique pacificatrice envers les Ecossais, de même que ses volontés d’accommodements avec la France, vont aussi déplaire aux Grands. Mais surtout, il y a son idylle avec Mortimer. Moins celle-ci est dissimulée, et plus elle fait scandale. Au faîte de leur puissance, les deux amants iront même jusqu’à organiser de grandes festivités autour de la légende arthurienne durant lesquelles Mortimer, costumé en roi Arthur, trônera à la place d’honneur en compagnie d’une Guenièvre qui n’est autre que la reine elle-même.
Mortimer est alors devenu comte de la Marche – titre inédit créé spécialement en son honneur – et un pair du royaume bénéficiant de 8000 livres de rente. A chacun de ses déplacements, une garde armée l’accompagne. « Roi fou » l’appelle son propre fils, « homme gonflé d’orgueil », écrit de son côté l’auteur du Brut, célèbre chronique anglo-normande. Autant dire que pour beaucoup, la tyrannie de Mortimer ne vaut guère mieux que celle des Despenser.
L’ambitieux roi Edouard III n’aura donc guère de mal à trouver des complices pour faire capturer l’impudent. « Beau fils, ayez pitié du gentil Mortimer. Ne le blessez pas ; c’est un preux chevalier. Notre bien-aimé ami, notre cher cousin », l’aurait imploré Isabelle alors que ses partisans s’apprêtaient à mettre la main sur son amant dans un château de Nottingham endormi. Mais la roue de la Fortune avait déjà tourné. Accusé à son tour de haute trahison, Mortimer trouvera la mort sur le gibet.
C’est beaucoup de morts, décidément, qui auront jalonné l’existence de cette fille de France. Mais on ne choisit pas son destin, ni encore moins son époque. Mariée à 12 ans à un roi excentrique, Isabelle aura toutefois su traverser les tempêtes avec courage et une rare intelligence politique. Cette femme distinguée avait aussi réussi à faire vivre autour d’elle une cour brillante où le raffinement des parures n’avait d’égal que la parfaite entente entre des sujets séparés par la langue. Comme l’écrit encore Sophie Brouquet, la reine avait « su nouer des liens étroits avec des nobles anglais, tout en conservant auprès d’elle des hommes et des femmes venus de France… Sa cour est à l’image de cette jeune reine fière, intelligente, avide de richesses, aristocratique, pacifique et multiculturelle. »
Ironie du sort, c’est son sens de l’honneur familial qui signera la perte des siens. En 1314, elle dénonce à son père l’adultère de ses belles-sœurs françaises, ce qui aboutira à une crise de régime et l’extinction de la dynastie des Capétiens directs au profit de leurs cousins Valois. Pour qui voudrait en savoir davantage, il se suffit de se replonger dans la saga des Rois Maudits. Puis en 1328, quand les ambassadeurs du roi de France Philippe VI viennent réclamer l’hommage d’Edouard III pour la Gascogne, c’est Isabelle qui refuse et leur jettera avec hauteur : « Mon fils, qui est le fils d’un roi, ne prêtera jamais l’hommage à un fils de comte ». La rupture avec la France est dès lors définitive et Philippe VI confisque la Gascogne. C’est alors une autre histoire qui commence, celle d’un terrible conflit entre France et Angleterre qui durera plus de cent années.
(1) Sophie Cassagnes-Brouquet Isabelle de France, reine d’Angleterre, éditions Perrin 2020)
NB : sur l’image d’en-tête vous pouvez découvrir, en premier plan, une photo de l’actrice Sophie Marceau qui incarnait Isabelle de France dans le film mythique Braveheart de Mel Gibson (1995). En arrière plan, l’enluminure représente le mariage d’Isabelle de France et Edouard II d’Angleterre telle qu’on peut le découvrir dans les « Anciennes et nouvelles chroniques d’Angleterre » (Old and New Chronicles of England) de Jean de Wavrin. Ce manuscrit médiéval du XVe siècle est actuellement conservé à la British Library sous la référence Royal MS 15 E IV.
Sujet : poésie médiévale, auteur médiéval, moyen-français, manuscrit ancien, poésie, chant royal, impôts, taxation, poésie morale, poésie politique, satire. Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle. Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : «Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers !» Ouvrage : Œuvres inédites d’Eustache Deschamps, T I Prosper Tarbé (1849)
Bonjour à tous,
otre périple, d’aujourd’hui, nous entraîne vers la fin du XIVe siècle pour y retrouver une nouvelle poésie politique et satirique d’Eustache Deschamps. Comme on le verra, elle prendra la forme d’une fable singulière dans laquelle le poète médiéval montera à nouveau à l’assaut du pouvoir et de la cour pour mettre en garde la couronne contre les trop lourds charges et impôts qu’on fait alors peser sur les populations.
Les peuples tondus par leurs Etats
A chaque reprise des hostilités, la guerre de cent ans coûte cher et les princes de part et d’autre, en font, inévitablement, supporter le poids à leur peuple. Il en va toujours ainsi, avec ou sans argent magique sorti d’une planche à billet aux rotatives bien huilées, c’est toujours lui qui finit par payer le plus cher les prix des conflits entre nations.
Dans le chant royal du jour, Eustache Deschamps se servira d’animaux familiers de nos campagnes pour faire toucher du doigt les lourdes charges que la couronne fait peser sur les petites gens à la fin du XIVe siècle. L’auteur du Moyen Âge tardif n’a jamais hésité à user de sa poésie comme d’une arme pour tenter de raisonner les puissants et, une fois de plus, il ne mâchera pas ses mots. « Pour ce vous prie, gardez vous des barbiers » scandera-t-il dans le refrain de ce chant royal. Autrement dit, méfiez-vous ou prenez-garde de ceux qui ne pensent qu’à vous tondre et vous prendre vos deniers.
Aux sources historiques de cette ballade
D’un point de vue historique, et sous des airs qui pourraient vous paraître déjà-vus, ce chant royal était, plus particulièrement, destiné au roi Charles VI. Depuis 1384, ce dernier a, en effet, mis en place une nouvelle taxe : « la taille ». Au départ, cet impôt direct avait pour vocation le financement d’une opération militaire particulière contre l’anglais mais comme la règle le veut presque toujours en matière fiscale, la mesure se verra répétée. Ainsi, dans les années suivantes, à chaque nouvel effort de guerre, le souverain français se tournera vers le peuple pour le ponctionner lourdement (voir notamment Les finances royales sous Charles VI (1388-1413), Perrin Charles-Edmond, Journal des savants, 1967).
En ce qui concerne les sources, vous pourrez retrouver ce chant royal dans le manuscrit médiéval référencé MS français 840. Cet ouvrage que nous avons déjà abondamment cité, qui contient les œuvres complètes d’Eustache Deschamps. La poésie du jour se trouve au feuillet 103v et 104r, et à nouveau, un peu plus loin dans le manuscrit au feuillet 135v et suivant. Pour sa graphie en français moderne, nous nous sommes appuyés sur le Tome 1 des Œuvres inédites de Eustache Deschamps par Prosper Tarbé (1849). Pour ne citer que cette autre source du XIXe, notez que cette poésie politique est aussi présente dans les Œuvres complètes d’Eustache Deschamps par le marquis de Queux de Saint Hilaire et Gaston Raynaud.
Le chant royal d’Eustache « sur les impôts excessifs mis sur la nation »
NB : le titre « sur les impôts excessifs… » vient de Prosper Barbé, le manuscrit 840 n’en mentionne pas.
Une brebis, une chièvre, un cheval, Qui charruioient (labourer) en une grant arée (terre de labour), Et deux grans buefs qui tirent en un val Pierre qu’on ot d’un hault mont descavée (extraite), Une vache sans let, moult décharnée, Un povre asne qui ses crochès portoit S’encontrèrent là et aux besles disoit : Je vien de court. Mais là est uns mestiers Qui tond et rest (rase) les bestes trop estroit (fig : court): Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers !
Lors li chevaulx dist : trop m’ont fait de mal, Jusques aux os m’ont la char entamée : Soufrir (supporter) ne puis cuillier (collier, harnais), ne poitral. Les buefs dient : nostre pel est pelée. La chièvre dit : je suis toute affolée. Et la vache de son véel (veau) se plaingnoit, Que mangié ont. — Et la brebis disoit : Pandus soit-il qui fist forcés premiers (1) ; Car trois fois l’an n’est pas de tondre droit (droit : justement). Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers!
Ou temps passé tuit li occidental Orent long poil et grant barbe mellée. Une fois l’an tondirent leur bestal, Et conquistrent mainte terre à l’espée. Une fois l’an firent fauchier la prée : Eulz, le bestail, la terre grasse estoit En cet estat : et chascuns labouroit. Aise furent lors nos pères premiers. Autrement va chascuns tout ce qu’il voit (2): Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers.
Et l’asne dit: qui pert le principal Et c’est le cuir, sa rente est mal fondée : La besle meurt ; riens ne demeure ou pal Dont la terre puist lors estre admandée. Le labour fault (fait defaut, manque) : plus ne convient qu’om rée (tarde). Et si faut-il labourer qui que soit ; Ou les barbiers de famine mourroit. Mais joie font des peaulx les peletiers ; Deuil feroient, qui les écorcheroit (3): Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers.
La chièvre adonc respondit : à estal (étable) Singes et loups ont ceste loy trouvée, Et ces gros ours du lion curial Que de no poil ont la gueule estoupée (bouchée, pleine). Trop souvent est nostre barbe couppée Et nostre poil, dont nous avons plus froit. Rère (raser, tondre) trop près fait le cuir estre roit (dur) : Ainsi vivons envix ou voulentiers. Vive qui puet : trop sommes à destroit (détresse, difficulté) : Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers.
L’envoy.
Noble lion, qui bien s’adviseroit, Que par raison son bestail ne tondroit, Quant il seroit lieux et temps et mestiers. Qui trop le tond, il se gaste et déçoit, Et au besoing nulle rien ne reçoit : Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers !
Notes (1)Pandus soit-il qui fist forcés premiers : pendu soit celui qui, le premier, se procura les ciseaux. (2)Autrement va chascuns tout ce qu’il voit : les choses en vont bien autrement désormais (3)Deuil feroient, qui les écorcheroit : ils (les pelletiers) seraient en liesse si on les écorchait
La défiance d’Eustache Deschamps envers les abus financiers des princes
Ce chant royal ne sera pas l’unique occasion donnée à Eustache Deschamps de mettre en garde les princes contre leurs abus financiers à l’égard des petites gens. Il a adressé dans plus d’une poésie, le sujet des dépenses des puissants comme il a souvent montré du doigt leur rapacité ou leur trop grande convoitise.
Comme toujours, quand il le fait, il se place en conseiller moral et, s’il se tourne vers le pouvoir, c’est d’abord dans le souci de lui faire entendre raison. N’oublions pas qu’il sert ces mêmes princes. Son intention est donc d’appeler à plus de justice sociale pour les gens du peuple, mais aussi de permettre de maintenir la système monarchique en place et sa stabilité. Pour qu’on le situe bien, il n’est pas question pour lui d’allumer les feux de la révolte même si cela n’enlève rien à son engagement, ni à son courage.
Une opposition de fond
« La nécessité d’une utilisation plus modérée des ressources du royaume pour assurer sa pérennité est un thème majeur de la poésie de Deschamps. «
En suivant les pas de l’historienne : sur la question de la taxation, Eustache se situe en droite ligne d’une Ecole de pensée qui se défie de l’usage outrancier de l’impôt comme moyen de pourvoir aux besoins de la couronne et de l’administration du royaume. D’entre tous les savants apparentés à ces idées, on retiendra des noms comme Nicolas Oresme, Philippe de Mézières, ou encore Évrard de Trémaugon.
Dans cette continuité et pour notre poète, la condition d’un royaume stable et florissant demeure, en premier lieu, un « peuple productif et prospère » et non un roi replet entouré d’une administration roulant sur l’or, au détriment du bien commun. Au delà du fond philosophique et pour faire une parenthèse, ajoutons que la longue carrière d’Eustache près de la cour n’a, sans doute, rien fait pour changer ses vues sur ces questions. Bien loin de toute frugalité, il y fut, en effet, témoin de fastes, d’excès et de travers sur lesquels il s’est largement épanché (voir, par exemple, une ballade acerbe sur les jeux de cour) .
Les financiers contre les sachants
Corollaire de cet abus de taxation et d’une gestion dispendieuse, Eustache se défie également d’une nouvelle classe de financiers qui émergent et qui prend de plus en plus d’importance dans l’administration du royaume et les décisions prises. Comme Laura Kendrick le souligne encore :
« (…) Mais il y a aussi un côté auto-défensif et partisan dans la véritable guerre verbale que Deschamps a menée, à travers ses ballades et chansons royales, non seulement contre cette taxation injuste et gaspilleuse des ressources du royaume, mais aussi contre la montée en puissance des officiers et personnels chargés des finances du royaume. Les deux maux vont de pair. Deschamps s’en prend surtout aux hommes nouveaux sachant peu sauf « compter, getter et mannier argent » ; grâce à cette compétence limitée, ils deviennent plus importants et plus respectés que les « sages preudommes » ayant fait de longues études de textes d’autorité. Il critique le prince qui élève ces « nonsaichants » et appelle à la diminution de leur nombre. »
Laura Kendrick (op cité).
Il est extrêmement intéressant de constater qu’avec la centralisation étatique de l’impôt nait, aussi, une caste financière qui prend, peu à peu, l’ascendant sur des vues plus profondes, voir plus philosophiques et morales, dans la conduite des affaires de l’Etat. Pour le reste, nous ne pouvons que vous inviter à consulter cet excellent article de Laura Kendrick sur l’engagement politique d’Eustache Deschamps sur toutes ces questions.
Pour élargir, rappelons que ce dernier a beaucoup écrit sur la thématique de l’obsession de l’avoir ou de l’argent contre un peu de mesure, des valeurs plus charitables et plus, généralement, un sens de la vie plus conforme aux valeurs chrétiennes médiévales. A ce sujet, on pourra se reporter, par exemple, aux ballades : « Car Nul ne pense qu’à remplir son sac« , « mieux vaut honneur que honteuse richesse » ou encore « ça de l’argent » (cette dernière mettant en scène, comme celle du jour, des animaux).
Révoltes fiscales et opacité des finances
Bien avant le mouvement des gilets jaunes dont l’augmentation d’une taxe et, finalement, d’un impôt indirect avait été le détonateur social, les abus fiscaux ont été la source de nombreuses contestations à travers l’histoire française. Selon les deux économistes et universitaires Jean-Édouard Colliard et Claire Montialoux, au delà du principe même de l’impôt et de ses augmentations intempestives, le manque de clarté sur la destination réelle des fonds resterait, à travers l’histoire depuis le XIIIe siècle, une des causes majeures de soulèvements sociaux ou de mécontentement.
« En dehors de ces circonstances exceptionnelles (victoire de Charles VII) où la survie de la communauté est en jeu, les prélèvements sont considérés comme abusifs. Les révoltes fiscales parsèment ainsi l’Histoire de France jusqu’au XVIIIe siècle. Quand le roi décide à la fin du XIIIe siècle d’imposer un impôt sur chaque marchandise vendue, le tollé est si grand que le monarque est contraint d’en revenir aux aides. (…) Plus que le principe même de la levée des impôts, c’est donc l’arbitraire et l’opacité des finances royales qui nuisent à leur légitimité. »
Une brève histoire de l’impôt , Regards croisés sur l’économie 2007/1. Jean-Édouard Colliard et Claire Montialoux
Résonnances actuelles
L’article des deux économistes montre également assez bien les changements des représentations sur l’impôt d’Etat au cours de son histoire : « l’impôt est un véritable palimpseste où s’écrivent les tensions et les accords d’une société avec le corps qui la représente et les voies de réforme sont complexes, par paliers, tant son histoire est foisonnante, et chargée de consensus passés.«
On y voit, notamment, que son principe est désormais bien accepté. Le peuple français a, de longtemps, admis l’idée d’un effort individuel en contrepartie d’avantages sociaux et collectifs. Cependant, sans prendre de raccourci, les réticences eu égard à son opacité ne semblent guère avoir changé sur le fond. Certes, on peut constater, avec les auteurs, que les finances sont désormais publiques et donc supposément moins opaques, mais il reste difficile de ne pas souligner que leur niveau de complexité et d’empilement bureaucratique les rendent tout aussi abscons et inaccessibles pour le citoyen.
Aujourd’hui comme hier, ce manque de clarté continue d’alimenter les contestations autant que les suspicions. Et la grogne semble même s’accentuer plus encore à l’heure où les services publics continuent d’être démantelés ou privatisés, face à des taux de prélèvement fiscaux qui restent, dans le même temps, record ; la France est, en effet, en tête de classement dans les premiers pays européens en terme de taux d’imposition. « Où va le pognon » ? La bonne vieille question populaire semble toujours un peu triviale mais elle a la vie dure. Quant à la réponse qu’on lui fait, elle tient souvent en quelques mots qui continuent d’alimenter les interrogations : « C’est compliqué ».
Face à tout cela, un peu plus de lisibilité, de pédagogie et peut-être aussi (soyons fous), de démocratie participative ne seraient pas malvenus, particulièrement dans le contexte d’une dette française qui a littéralement explosé au cours des dernières décennies et, plus encore, ces dernières années.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : concernant les enluminures de cet article, elles sont tirées de diverses sources. Le fond arboré provient du Livre de chasse de Gaston Phébus, de la BnF (Français 616 -XVe siècle). Concernant les animaux, ils proviennent tous du bestiaire du Royal MS 12 C XIX de la British Library (vers 1210), à l’exception de la chèvre extraite du manuscrit MS Bodley 764 de la Bodleian Library.