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Les Grandes dames de la guerre de Cent Ans (1) : Yolande d’Aragon, la reine de fer

Sujet : guerre de cent ans, destin, femmes, monde médiéval, saga historique, roman, jeanne d’Arc, Charles VII.
Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif
Portrait : Yolande d’Aragon (1380-1442)
Auteur : Xavier Leloup
Ouvrage : Les Trois pouvoirs (2019-2020)


En plein Moyen Âge tardif et au cœur de la guerre de Cent Ans, le destin de grandes femmes a marqué, à jamais, celui de la France. Dans ce cycle, nous vous présenterons quatre d’entre elles et nous commençons, aujourd’hui, par la première : Yolande d’Aragon.


omment le petit roi de Bourges, prince fragile de corps et d’esprit, a-t-il pu se transformer en Charles VII le Victorieux, le Bien Servi, et finir par triompher de l’envahisseur anglais ? Comment Jeanne d’Arc, simple bergère de Lorraine, a-t-elle trouvé le moyen d’accéder à la cour de France ? de mener au-devant d’Orléans une armée composée de 3 000 hommes de guerre, 400 bêtes de bétail et plus de 600 voitures chargées de vivres ?

C’est que ces deux illustres personnages ont été aidés par une main invisible. La main invisible d’une femme dont beaucoup ignore le nom mais qui aura tenu le royaume de France à bout de bras quand celui-ci semblait condamné à disparaître. Cette femme, c’est Yolande d’Aragon, duchesse d’Anjou, reine de Sicile et des Quatre Royaumes. Femme de pouvoir, femme de l’ombre. Mais sur laquelle il convient de braquer le projecteur pour qui veut comprendre comment la France a gagné la guerre de Cent Ans.

Une femme de pouvoir

Fille du roi Jean Ier d’Aragon et de Yolande de Bar, la jeune Yolande a été éduquée pour régner, au milieu d’une cour brillante. Dès son plus jeune âge, elle s’intéresse aux choses de l’art et de l’esprit. Si bien qu’arrivée à l’âge adulte, elle se portera acquéreur des Belles Heures du duc de Berry, livre de prières enluminé figurant des scènes de cour et de campagne dans les châteaux des bords de Seine ou de Loire, véritable chef d’œuvre de l’art médiéval. Mais surtout, c’est une forte tête. Elle n’a pas 15 ans qu’elle exprime clairement son refus de se marier avec un cousin et le fait consigner par écrit, sous la forme d’un procès-verbal.

Yolande d’Aragon et Louis II d’Anjou, Chroniques de Froissart , Ms Harley 4379 , British Library (1470)

Si Yolande d’Aragon ne sera jamais souveraine, elle n’en deviendra pas moins l’épouse du duc d’Anjou, cousin du roi de France, qui règne alors sur de très vastes territoires : l’Anjou, la Provence, ainsi que le royaume de Sicile, soit tout le sud de l’Italie. Or le duc est souvent absent, notamment pour raisons militaires. Yolande d’Aragon se voit alors confier la lieutenance générale de ses fiefs. On calculera ainsi que durant leurs 6 dernières années de mariage, le duc et la duchesse d’Anjou ne se verront pas plus de 2 à 3 mois par an. Suffisamment toutefois pour concevoir cinq enfants, dont une fille, Marie, qui se mariera au dernier fils du roi de France Charles VI, un certain Charles de Ponthieu. Timide jeune homme au physique ingrat, jambes grêles et paupières tombantes, et qui ne semble pas destiné à régner. Mais que Yolande ne manquera pas de faire « sien » en l’élevant durant trois ans au milieu de sa cour angevine.

Aussi quand son époux décède, Yolande d’Aragon dispose déjà d’une solide expérience de la chose publique. Elle possède aussi un art consommé de la diplomatie. Or c’est justement ce dont l’époque, violente, tragique, crépusculaire, a si grand besoin : le roi de France Charles VI est fou, son frère le duc d’Orléans, amant de la reine, s’est fait assassiner, et la guerre des clans qui va s’en suivre dégénèrera bientôt en une guerre civile qui s’ajoutera au conflit avec les Anglais. Ceux-ci ont d’ailleurs remporté la célèbre bataille d’Azincourt, et prévoient déjà de revenir. Ultime malheur : les deux premiers héritiers de la Couronne de France meurent coup sur coup, sans qu’on ne sache jamais si leur disparition relève de l’empoisonnement ou de causes naturelles.

La bonne fée de Charles VII

Mais Yolande d’Aragon ne cessera jamais de croire dans le royaume de France. C’est d’ailleurs pour elle, chef du parti angevin et belle-mère du nouveau Dauphin, son intérêt. Et ce alors que ses partisans viennent d’assassiner le duc de Bourgogne Jean Sans Peur, poussant ainsi définitivement son duché dans les bras de l’Angleterre ; et ce alors que le roi de France Charles VI, de par le « honteux » traité de Troyes, vient de désigner le roi Henri V d’Angleterre comme son héritier présomptif ; et ce alors même que les défaites militaires s’enchaînent, que la reine de France Isabelle de Bavière a renié son propre fils.

Au faîte de ses malheurs, le « roi de Bourges » ira même jusqu’à vouloir quitter son royaume pour se réfugier en Ecosse. C’est dire si la situation semblait désespérée ! Désespérée pour tous peut-être, mais pas pour la reine de Sicile. Jamais. Son gendre a beau sombrer dans la mélancolie ou devenir le jouet des mauvais génies de sa cour, sa belle-mère n’aura de cesse de le rappeler à ses devoirs de roi. Comme l’écrira plus tard l’historien Philippe Erlanger au plus fort de la 2ème Guerre Mondiale, Yolande d’Aragon fut « l’âme, la foi, la volonté, la force profonde de la France. »

La protectrice de Jeanne d’Arc

Aussi quand en 1429, Yolande d’Aragon entendra dire que dans le Barrois, fief de sa famille maternelle, une bergère vêtue d’une robe rapiécée voulait mander au « Dauphin » qu’il eut à « bien se tenir et ne pas assigner bataille à ses ennemis puisque Messire lui enverrait un secours avant la Mi-Carême », qu’elle entendait quérir Charles VII et le mener à son sacre, la grande féodale comprit immédiatement le parti qui pourrait en être tiré.

Yolande en prière avec ses deux enfants,
Ms 691 Bibliothèque du Mans

Il n’est pas l’endroit ici de refaire toute l’histoire de Jeanne d’Arc. Remarquons simplement avec Philippe Erlanger, que dès avant que la jeune paysanne ait pris la route de Chinon, l’étonnante rumeur de ses prophéties s’était déjà répandue par tout le royaume, traversant les châteaux et les chaumières, bondissant de province en province, emplissant d’espoir tout le royaume de France.

La Pucelle accomplira la prouesse de parcourir 75 lieues en pays ennemi pour rejoindre le roi alors que des brigands guettaient en embuscade et avaient été chargés, dit-on, de l’enlever. Elle parviendra aussi à obtenir une audience auprès de Charles VII alors que de nombreux membres de son entourage y étaient opposés, puis à réunir une immense armée pour assiéger la ville d’Orléans. En réalité, rien de cela n’aurait été possible sans le soutien de Yolande d’Aragon. C’est la reine de Sicile qui se chargera d’examiner la prophétesse et de la certifier Vierge. C’est elle aussi qui, pour financer son armée, vendra bijoux et vaisselle.

Au service d’un destin supérieur

Bien que ses contemporains aient été nombreux à louer sa simplicité, sa proximité avec ses sujets, la chaleur de sa cour, Yolande d’Aragon demeure toutefois une femme politique, une femme d’Etat. Et quels que soient les sentiments de sympathie qu’elle ait pu éprouver pour sa protégée, elle n’hésitera pas à l’abandonner à son triste sort lorsque ses élans guerriers ne s’accorderont plus avec ses propres objectifs politiques : la négociation d’un retour d’alliance avec le duché de Bourgogne. La duchesse savait se montrer implacable et comme ses compagnons d’armes, comme l’Eglise, comme le roi lui-même, abandonnera la Pucelle aux Anglais ; à Cauchon, à son procès, au bûcher.

Dans les Rois maudits, Philippe Le Bel confiait à sa fille Isabelle : « Nous ne sommes points nés pour nous laisser aller à nos douleurs de personnes. Nous ne vivons point nos propres vies, mais celles de nos royaumes, et c’est par là seulement que nous pouvons trouver notre contentement… si nous convenons à notre destinée ». Voilà des mots, assurément, que Yolande aurait pu prononcer. Son petit-fils Louis XI, l’ « universel aragne », implacable souverain lui-même, la qualifiera de « tête d’homme sur un corps de femme ». Yolande d’Aragon fut donc bien une reine. Mais une reine de fer.

Reste son œuvre. Quand la reine de Sicile s’éteint en 1442, à l’âge de 62 ans, son gendre n’a pas entièrement libéré le pays, mais a déjà gagné la guerre. Et c’est bien là l’ironie, pour sa « bonne mère », que d’avoir si bien fait endosser ses décisions par le roi de France qu’elle en a elle-même été oubliée. De ce grand personnage de l’histoire de France, presque aucune image n’a subsisté. Mais telle était sans doute la volonté de Yolande d’Aragon. Au-delà des quelques biographies qui lui ont été consacrées, ne restait donc plus que le roman pour lui rendre hommage et la faire revivre, pour l’incarner. Raison pour laquelle nous avons décidé d’en faire l’un des personnages clefs de la saga des TROIS POUVOIRS.

Un article de Xavier Leloup. avocat, journaliste, auteur.
Auteur de la saga médiévale « Les Trois Pouvoirs »
Editions Librinova (2020-2021).
Découvrir son interview exclusif ici.

Voir également les autres articles du cycle Les grandes dames de la guerre de cent ans signés de cet auteur :   Isabelle de Bavière, une reine dans la tourmente – Christine de Pizanchampionne des damesLes illusions perdues de Valentine Visconti, duchesse d’Orléans.


Bibliographie & Références

Charles VII et son mystère, Philippe Erlanger, Editions Gallimard.
Yolande d’Aragon, la reine qui a gagné la guerre de Cent Ans, Gérard de Senneville, Editions Perrin.
Yolande d’Aragon ou l’unité de France, Arnaud des Roches de Chassay, Editions Charles Hérissey.
Les rois maudits, volume 1, le roi de fer, Maurice Druon, Editions Plon (réédition).

Note Moyenagepassion : l’image d’en-tête est une composition sur la base du film Jeanne d’Arc de Luc Besson (The Messenger, 1999). C’est l’actrice Faye Dunaway qui y incarnait, de manière impressionnante, le rôle de Yolande d’Aragon. Le fond de l’image est une miniature tirée du Ms 691 (Juratoire de la chapelle royale du Gué de Maulny)de la Bibliothèque municipale du Mans (médiathèque Louis Aragon). Elle représente Yolande d’Aragon, accompagnée de ses deux enfants Louis III et Marie, en prière devant la vierge (manuscrit à consulter ici).

SAGA HISTORIQUE « Les trois pouvoirs » : un entretien exclusif avec Xavier Leloup

Sujet : auteur, roman historique, guerre de cent ans, aventure, fresque historique, Jeanne d’Arc, Charles VI, roman, histoire médiévale.
Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif
Titre : Les Trois pouvoirs T1 et T2, Librinova, 2019-2020
Auteur : Xavier Leloup

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter une nouvelle formule puisqu’il s’agit d’un entretien échange. Nous le faisons avec d’autant plus de plaisir que notre premier invité est, à la fois, une homme de droit, un homme de lettres et un auteur.

Le thème reste bien sûr le Moyen Âge puisqu’il s’agit de Xavier Leloup, auteur de la saga historique : Les Trois Pouvoirs dont il a déjà fait paraître deux tomes qui connaissent déjà un grand succès. Sans plus attendre, nous vous laissons découvrir cet entretien de toute fraîcheur.


Rencontre : une plongée au cœur du XVe siècle avec Xavier Leloup

Propos recueillis  par Frédéric EFFE le 5 février 2021

Itinéraire, du droit à l’écriture

Moyenagepassion : Bonjour Xavier,
Merci d’avoir accepté cette entrevue pour nous parler de votre parcours de jeune auteur, ainsi que de vos deux romans historiques « les trois pouvoirs » paru chez Librinova. De notre côté, nous sommes ravis de pouvoir faire découvrir, à nos lecteurs, ces ouvrages, dont une partie de la presse s’est déjà largement faite l’écho. On rappelle, en préalable, que ce sont des romans qui se déroulent au XVe siècle et au Moyen Âge tardif et qui gravitent, en partie, autour du personnage de Jeanne d’Arc.

Alors, pour commencer, peut-être vous pourriez nous dire un mot de votre parcours ? Vous avez eu plusieurs vies avant tout cela en travaillant comme avocat, notamment dans le monde des affaires et de l’édition. Vous savez certainement que l’auteur d’un des ouvrages historiques qui a connu un des plus grands succès dans les 20 dernières années était, lui-même, avocat. Je veux parler de la Cathédrale de la mer de ldelfonzo Falcones. Je ne sais pas si cela a pu être à l’origine de votre vocation. Bref, deux mots de votre parcours avant de vous lancer à plein dans l’écriture et peut-être du déclencheur qui vous y a conduit ?

Xavier Leloup : J’ai connu deux tranches de vie : juridique d’abord, avec un cursus international qui m’a conduit au barreau d’affaires, journalistique ensuite, et plus parisienne, à travers la création d’un magazine dédié à la finance. Avec le recul, je dirais que la profession d’avocat apprend la rigueur et l’esprit d’analyse, quand celle de journaliste développe la curiosité d’esprit et l’habitude d’écrire. Pour un auteur de romans historiques qui doit sans cesse alterner entre ses recherches et la fiction, ces deux professions constituent la meilleure préparation qui soit. Pour le reste, tout est affaire de persévérance !

La passion de l’histoire et de la littérature

Moyenagepassion : Pourquoi un roman historique et pourquoi le Moyen Âge ? C’est un thème auquel vous êtes lié pour une raison particulière ou peut-être plus une fascination pour ce qui entoure le personnage de Jeanne d’Arc ? Comment est née votre inspiration ?

Xavier Leloup : J’ai toujours été passionné par l’histoire de France et la littérature. Mais comme beaucoup parmi ma génération, j’ai aussi été soumis très tôt à l’influence de la culture américaine, que ce soit au travers de films ou d’œuvres littéraires. Jusqu’à ce que, arrivé à la trentaine, je découvre les grands classiques de la littérature historique. C’est à ce moment-là que s’est produit le déclic. J’ai soudain été saisi du désir viscéral de bâtir une grande fresque ancrée dans un cadre non pas américain, imaginaire, ou futuriste, mais dans l’histoire de France. Or pour ce faire, quoi de plus évocateur que le personnage de Jeanne d’Arc, figure emblématique de notre pays à travers le monde ?

Le choix s’est fait d’autant plus naturellement que j’ai grandi au milieu des vieilles pierres, au cœur d’un Val de Loire longtemps prisé par la dynastie des Valois. C’est notamment au château de Chinon que s’est faite la fameuse rencontre entre Jeanne d’Arc et le futur Charles VII. J’ajouterais que le Moyen Âge représente ce que j’aime le plus dans l’histoire de France : le royal, le chrétien, l’héroïque. J’ai voulu faire revivre notre passé dans ce qu’il a de plus puissant et de plus épique, de plus universel aussi.

Jeanne d’Arc entre monde rural et guerrier, sur cette enluminure du Ms Latin 12665 de la BnF

Un regard nouveau sur l’histoire de Jeanne d’Arc

Moyenagepassion : A ce sujet, qu’est ce qui le différencie des œuvres habituelles qu’on trouve sur Jeanne d’Arc ? On est loin ici des épopées habituelles qui suivent la jeune héroïne médiévale dans son périple de reconquête, souvent à partir de sa rencontre avec le dauphin. On y assiste aussi à un beau défilé de personnages historiques avec en fond cette demi-folie du roi Charles VI qui donne presque à cette période et par endroits, des allures surréalistes. Pour mettre un peu l’eau à la bouche de nos lecteurs. Pouvez-vous nous résumer en quelques mots, ce qu’ils trouveront dans Les Trois Pouvoirs ?

Xavier Leloup : Ils découvriront une saga historique au sens classique du terme, c’est-à-dire dans la lignée des Dumas, Druon et autres Walter Scott. Mais ils trouveront également une nouvelle façon d’aborder le personnage de Jeanne d’Arc qui n’est ni naturaliste, ni mystique, mais je dirais, épique, et doté d’une forte dimension visuelle. Mes romans se prêteraient volontiers à une adaptation télévisée.

D’un point de vue scénaristique, la principale originalité de la saga consiste à raconter l’histoire de Jeanne d’Arc depuis ses origines, et même, ses origines cachées. Son point de départ est le règne de Charles VI. Nous sommes en pleine guerre de Cent Ans, durant une période de trêve. Mais le roi est fou, et une sourde rivalité entre princes déchire son royaume. J’invite ainsi le lecteur à se plonger dans un règne aussi méconnu que passionnant, peuplé de personnages shakespeariens comme Isabelle de Bavière, reine infidèle et tourmentée, ou Jean Sans Peur, le puissant duc de Bourgogne revenu des croisades de Hongrie. Et puis, il y a Yolande d’Aragon ; cette grande féodale qui a sauvé la France et sans laquelle Jeanne d’Arc n’aurait jamais pu mener sa mission à bien. On pourrait donc presque dire que dans ses premiers tomes, les Trois Pouvoirs constituent une « prequel » de l’épopée johannique.

Être romancier sur les chemins de l’Histoire

Moyenagepassion : C’est une question inévitable quand on fait face à un roman historique. Comment est-ce que vous définiriez votre roman ? Ce n’est pas véritablement une uchronie. Il y a un vrai fil conducteur historique, alors ce serait quoi ? Plutôt une fresque historique avec, dans les zone d’ombres, une fiction qui se tisse à la croisée de possibles ? Quelle est la part de fiction ?

Xavier Leloup : Alexandre Dumas avait l’habitude de dire : « Mieux vaut l’histoire écrite par les romanciers que l’histoire écrite par les historiens, d’abord parce qu’elle est plus vraie, et ensuite parce qu’elle est plus amusante ». C’est aussi mon credo. Je m’emprunte les chemins détournés de la littérature pour faire revivre le Moyen Âge et guerre de Cent Ans.

Mais pour répondre à votre dernière question, Les Trois Pouvoirs sont globalement très fidèles à la réalité historique. Ceci est si vrai qu’à certains moments, mes personnages s’expriment avec les mots rapportés par les chroniqueurs de l’époque. Cela étant dit, j’ai aussi imaginé et pris quelques libertés avec la chronologie. Je pense que pour un romancier, c’est inévitable et même nécessaire. Il faut laisser vivre ses personnages et leur prêter des passions, s’abstraire de leur existence strictement historique pour en faire des êtres incarnés, de chair et de sang.

Immersion et secrets de fabrique

Moyenagepassion : Sur les aspects de cuisine historique, tous les romanciers ont leur petit secret. On sait que les plus célèbres, comme Ken Follett s’entourent de nombreux documentalistes et informateurs. Comment avez-vous abordé vos recherches et comment avez-vous réussi à vous plonger dans cette période ? Il y a un gros travail sur le Paris du XVe siècle dans le tome 1 notamment. Comment parvient-on à un tel travail d’immersion et de restitution ?

Xavier Leloup : Vous avez utilisé le mot juste : « immersion ». On peut connaître les dates ou les faits historiques, les habitudes d’une l’époque, mais je crois que pour la restituer à sa juste mesure, il convient surtout de la comprendre. J’ai donc naturellement lu de nombreux livres d’histoire au moment de préparer le premier tome, avant de sélectionner ceux qui me seraient les plus utiles pour bâtir la trame de mon récit et construire mes personnages. À partir d’un moment, il faut savoir s’arrêter dans son enquête et choisir un angle. Je continue toutefois de lire avec assiduité les grands maîtres de la littérature. Car c’est, à mon avis, en lisant et relisant les meilleurs auteurs qu’on améliore son style et trouve de nouvelles idées.

Actualité, sortie du Tome 3 et projets

Moyenagepassion : Pour passer à des choses plus concrètes, côté distribution et actualité. Vos deux premiers romans ont trouvé leur rythme de croisière et un vrai public. Ils sont d’ailleurs disponibles à la commande au format papier dans toutes les bonnes librairies et même au format ebook. Mais quid du 3eme tome ? Il est, on l’imagine, déjà en cours ? Avez-vous une date de sortie en tête ?

Xavier Leloup : Mes livres sont disponibles sur toutes les plateformes numériques et dans plus de 5000 librairies en France. Pour les Parisiens, je recommande plus particulièrement la librairie Eyrolles, dans le Ve, ainsi que dans les Yvelines, la librairie Gibert-Joseph à Saint-Germain-en-Laye. Le tome III est en cours d’écriture et devrait sortir d’ici la fin de l’automne. Je me suis fixé comme objectif la publication d’un livre par an au cours des trois prochaines années.

Moyenagepassion : Dernière question, avec la Covid, nous sommes tous plus ou moins consignés mais on vu certains organisateurs d’événements autour du livre ou du Moyen Âge se montrer plutôt optimistes pour les mois à venir. Avez-vous des salons du livre ou des événements en perspective pour 2021 ? Où est-ce que les férus de roman historique ou les passionnés de Moyen Âge peuvent vous retrouver ? On sait que vous cultivez aussi votre présence en ligne, et notamment sur YouTube, puisque y vous faîtes régulièrement des vidéos pour présenter un peu mieux le contexte et les personnages historiques qui traversent vos romans.

Xavier Leloup : Les lecteurs peuvent retrouver toutes mes actualités sur Facebook, LinkedIn et YouTube, où j’ai créé la chaîne des TROIS POUVOIRS qui permet d’en apprendre davantage sur l’univers de la saga à travers des vidéos animées. Si la plupart de mes dédicaces ont été reportées en raison du contexte sanitaire, mes lecteurs devraient néanmoins pouvoir me retrouver les 27 et 28 mars prochain, lors de la 10ème édition du Salon du Roman Historique de la ville de Levallois.

Moyenagepassion : Merci beaucoup de votre temps Xavier, Nous invitons tous les lecteurs de moyenagepassion à se pencher de près sur vos romans et nous leur souhaitons encore beaucoup de succès pour les mois à venir.

Xavier Leloup : Merci à vous.


Se procurer ces deux romans historiques

Vous pourrez trouver les livres de Xavier Leloup au format broché chez votre libraire habituel, ainsi que dans toutes les grandes librairies en ligne (format papier ou ebook). Voici également deux liens vous permettant de vous les procurer.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est roman-historique-jeanne-darc-monde-medieval-XVe-siecle.jpg.L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est roman-historique-jeanne-darc-monde-medieval.jpg.
Les trois pouvoirs: T 1
Le prince meurtrier
Les Trois Pouvoirs T 2:
Le chevalier noir

Voilà mes amis, merci de votre lecture.

Concernant cette nouvelle formule de l’entretien-rencontre, nous espérons pouvoir la développer et vous proposer, dans le futur, plus d’échanges vivants avec des auteurs, historiens, créateurs qui gravitent autour du monde médiéval. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez en commentaires.

Une belle journée à tous.

Frédéric Effe
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.

NB : sur l’image d’en-tête, l’enluminure en arrière plan du portrait de l’auteur est tirée du manuscrit  Ms Français 2646 de la BnF : Chroniques de Jean Froissart. Elle représente le roi Charles VI, pris d’un accès de folie dans la forêt du Mans (expédition contre Pierre de Craon). Celle ayant servi à l’image « entretien rencontre avec un auteur » est tiré du Manuscrit Ms 4 de la Royal Library de Copenhague. Il représente un moine achetant du parchemin à un artisan et vérifiant sa qualité.

Agenda : les grandes fêtes de Jeanne d’Arc reviennent à Orléans pour la 590e année

jeanne-d-arc_fete-medievale_animations_Orleans_2019Sujet : fêtes, festivités médiévales, Jeanne d’Arc,  guerre de cent ans, commémoration historique, histoire vivante, défilé, marché médiéval, patrimoine culturel immatériel.
Période  : moyen-âge tardif, XVe siècle
Lieu : Orléans,  Loiret, Centre-Val de Loire
Evénement : 590e fêtes Johanniques d’Orleans
Dates : du 29 avril au 8 mai 2019

Bonjour à tous,

D_lettrine_moyen_age_passionébutées depuis hier déjà, les traditionnelles fêtes johanniques sont de retour à Orléans, cette semaine. Jusqu’au 8 mai, elles célébreront le reprise de la ville des mains des angloys par la jeune et légendaire guerrière du Moyen-âge tardif : de son entrée dans la cité, jusqu’à la remise de l’étendard, en passant par un office religieux solennel à la cathédrale Sainte Croix, l’événement se clôturera avec les hommages officiels et un grand défilé.

C’est la 590e fois que ces réjouissances, qui comptent parmi les plus anciennes fêtes commémoratives de France, se tiendront à Orléans. Depuis près de six siècles, leur succès ne s’est pas tari et, ces dernières années, elles ont attiré, en moyenne et à chaque nouvelle édition, près de 100 000 personnes, Depuis 2018, les fêtes johanniques d’Orléans ont même été ajoutées à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel de France.

fetes-medievales_johanniques_2019_Orleans_jeanne-d-arc_moyen-age

Animations médiévales, spectacles
marché, campements

Cette édition 2019 mettra particulièrement à l’honneur la fraternité, en associant à la fête les villes jumelées avec la cité d’Orléans. Le thème fait sens puisque l’histoire de l’héroïne médiévale a largement débordé les terres de France pour être connue dans le monde entier.  Côté temps fort, en plus de la mise en scène de l’épopée orléanaise de Jeanne d’Arc dans les rues de la cité, on retrouvera sur place et à l’habitude de nombreuses animations, parades et réjouissances d’inspiration médiévale, mais aussi des concerts (classiques ou plus électro) et encore un grand spectacle son et lumière projeté sur les murs de la cathédrale (le 7 mai).

fetes-johanniques_orleans_animations-marche-medieval_moyen-age_celebrationJeanne d’Arc victorieuse des Anglais entre à Orléans,
Jean-Jacques Scherrer, 1887

Comme chaque année, depuis sa première apparition sur le site, il y a plus de cent ans, en 1912, le vaste marché médiéval sera à nouveau installé, au Campo Santo, près de la cathédrale. A l’occasion de cette édition, il ouvrira ses portes du samedi 4 jusqu’au 8 mai. Plus de 100 exposants s’y tiendront et en plus des échoppes, on pourra y croiser, danse, musique, farces et scénettes, ou encore jeux d’époque variés. Des tavernes seront aussi à la disposition des visiteurs affamés ou assoiffés.

Du coté des animations toujours, le samedi, un grand campement composé de plusieurs compagnies médiévales sera également planté sur le site de La Clairière. Il proposera, lui aussi, son lot de divertissements aux couleurs du Moyen-âge : ateliers d’époque, danses, musiques et démonstrations de combats et d’escrime ancienne, etc…

Compagnies médiévales présentes  (marché et campement) 

La Mesnie des Leus du Val de Loyre – Cléry, son Histoire en Lumière – La Compagnie des Hauts Coeurs – Les Chardons d’Orléans – Bella Travée – Gueules de Loup – Sembadelle –  Corazon – La ferme du Chaineau – Médiémômes. Vol en Scène – Compagnies les Pies

Pour le détail des autres spectacles et concerts prévus à l’occasion de ces fêtes johanniques d’Orléans, nous vous laissons consulter le programme détaillé aux liens suivants.

Voir le site officiel et le programme  – Page FB de l’événement

Voir nos articles sur les éditions précédentes des fêtes d’Orléans : Edition 2017Edition 2018  – Voir toutes les fêtes Johanniques

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Au début du XVe siècle, la complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France (1)

poesie_satirique_medievale_chroniques_historique_Enguerrand-De-Monstrelet_moyen-age-tardifSujet : complainte, poésie médiévale, poésie satirique, guerre de cent ans,  extraits, moyen-Français, misère, laboureurs
Période : Moyen-âge tardif,  XVe siècle.
Titre : Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France
Auteur : anonyme
Ouvrage : Les chroniques d’Enguerrand de Monstrelet, (milieu du XVe)
Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons de découvrir un large extrait d’une poésie satirique du moyen-âge tardif, ayant pour titre la Complainte du pauvre commun et des pauvres laboureurs de France. Du point de vue des sources, cette complainte est tirée des Chroniques de Enguerrand de Monstrelet (1400-1453), 

Avec cet ouvrage portant sur l’histoire de la première moitié du XVe siècle (1400-1444). le noble chroniqueur d’origine picarde qui servit entre autres seigneurs, les ducs de Bourgogne, entendait poursuivre le travail engagé par Jean Froissard. S’il influença par ses écrits certains auteurs de son temps, on lui prêta, toutefois, moins de rigueur et de talent que ce dernier. Rabelais écrivit même de lui qu’il était « baveux comme un pot de moutarde » ( Molinier AugusteL’Histoire de France 1904, T4  ). Quant à son impartialité, notre auteur n’échappa pas à la règle, maintes fois vérifiée, mais encore bien plus manifeste dans le courant du moyen-âge, qui veut que l’Histoire ait toujours un point de vue.

Cela étant dit, ce qui nous intéresse aujourd’hui, n’est pas tant le récit du chroniqueur que cette complainte du pauvre commun qu’il ne fait que retranscrire, sans l’attribuer, et qui n’est pas de sa plume. Dans son ouvrage La Satire en France au Moyen-Âge (1893) Charles Felix Lenient rapproche ce texte, son ton satirique et une part de son inspiration du Quadrilogue Invectif d’Alain Chartier, mais il hésite tout de même à lui en attribuer, de manière certaine, la paternité. Elle demeure, en tout cas, non signée, dans les Chroniques d’Enguerrand.

Misères des laboureurs & temps troublés

Datée du début du XVe siècle, cette poésie réaliste nous conte le triste sort de nombre de paysans  saignés par la guerre de cent ans, les pillages, les disettes et les taxes. Sous la pression des événements, certains en furent même réduits à fuir les campagnes, tristes hordes de familles en guenilles, mendiant dans les villes, pour subsister. Cette complainte en est restée le témoin. Ces « pauvres communs et laboureurs » en appelaient alors à la charité de tous, dans l’indifférence générale, s’il faut en croire ces vers. Sous la complainte, la menace planait aussi clairement puisqu’ils y mettaient en garde les seigneurs et le roi  des conséquences fâcheuses où  cette  indifférence pourrait les conduire: effondrement du royaume par sa base,  d’abord, mais plus loin menace ouverte de révolte incendiaire ou même encore  désertion du pays. Quant à l’Eglise, nos Manuscrit_anciens_chroniques_Enguerrand_de_Monstrelet_moyen-age_XVe-siecle_spauvres laboureurs l’appelait aussi à leur rescousse afin qu’elle intercède auprès des nobles pour leur rappeler leur devoir de chrétiens.

Ci-contre les  Chroniques de  Enguerrand de Monstrelet, Manuscrit  Cod  37 (A,) Bibliothèque bourgeoise de Bern. voir en ligne)

Il faut, avec Charles Felix Lenient,  constater que cette clameur du peuple et des pauvres gens demeure une des plus poignantes à nous être parvenue de cette période. Ses accents vibrants de sincérité  lui confère une place très particulière dans la poésie satirique et réaliste du moyen-âge.


La complainte du pauvre commun
et des pauvres laboureurs de France

Hélas ! hélas ! hélas ! hélas !
Prélats , princes , et bons seigneurs ,
Bourgeois, marchans, et advocats,
Gens de mestiers grans et mineurs,
Gens d’armes , et les trois estats ,
Qui vivez sur nous laboureurs ,
Confortez nous d’aucun bon ayde ;
Vivre nous fault, c’est le remède.

Vivre ne povons plus ensemble
Longuement, se Dieu n’y pourvoye :
Mal fait qui l’autruy tolt* (enlève, ôte) ou emble* (dérobe, vole)
Par barat* (ruse, tromperie), ou par faulse voye.
Perdu avons soulas et joye
L’en nous a presque mis à fin ,
Car plus n’avons ne blé ne vin.

Vin ne froment ne autre blé.
Pas seullement du pain d’avoyne ,
N’avons nostre saoul la moité
Une seulle fois la sepmaine :
Les jours nous passons à grand’ peine ,
Et ne sçavons que devenir ;
Chacun s’en veult de nous fuyr,

Fuyr de nous ne devez mie,
Pensez-y, nous vous en prions.
Et nous soustenez nostre vie !
Car, pour certain , nous languissons.
Allangouris nous nous mourons,
Et ne gravons reméde en nous ,
Seigneurs , pour Dieu , confortez-nous.

Confortez-nous, vous ferez bien,
Et certes vous ferez que saiges :
Qui n’a charité, il n’a rien.
Pour Dieu , regardez noz visaiges ,
Qui sont si piteux et si pâlies ,
Et noz membres riens devenir,
Pou nous povons plus soustenir.

Soustenir ne nous povons plus
En nulle maniére qni soit :
Car, quand nous allons d’huys en huys,
Chacun nous dit : Dieu vous pourvoye !
Pain, viandes, ne de rien qui soit,
Ne nous tendez nen plus qu’aux chiens ,
Hélas! nous sommes chrestiens.

Chrestiens sommes-nous voirement* (véritablement) ,
Et en Dieu sommes tous vos frères ,
Si vous avez l’or et l’argent
Ne sçavez si durera guères :
Le temps vous aprestent les biens ,
Et si mourrez certainement ,
Et ne savez quand , ne comment.

Comment dictes-vous et pensez
Plusieurs choses que de nous dictes ,
Que ce nous vient par noz péchez ,
Et vous en voulez clamer quittes.
Pour Dieu jà plus ne le dictes ,
Et autrement nous confortez
Pour ce en pitié nous regardez.

Regardez-nous, et si pensez ,
Que sans labour ne povez vivre ,
Et que tous sur nous vous courez :
( Long- temps a que chacun nous pille)
Ne nous laissez ne croix ne pille,
Ne rien vaillant que vous puissiez ,
De quelque estat que vous soyez.

Soyez, si vous plaist, advisez ,
Et que de cecy vous souvienne ,
Que nous ne trouvons que gaigner ,
Ne nul qui nous mette en besongne.
Chacun de vous de nous s’eslongne ,
Mais s’ainsi nous laissez aller ,
A tard vous en repentirez.

Repentirez vous si acertes,
Que si ainsi nous en allons ,
Vous cherrez les jambes retraictes ,
Et au plus prés de voz talons ;
Sur vous tumberont les maisons ,
Vos chasteaulx et vos tenemens* (propriétés) :
Car nous sommes voz fondemens.

Voz fondemens sont enfondus,
N’y a mais rien qui les soustienne ;
Les murs en sont tous pourfondus,
N’y a pilier qui les retiengne,
N’y estat qui en rien se faingne
De nous mener jusque au plus bas :
Pource nous fault crier , hélas !

Hélas! prélats et gens d’église,
Sur quoy nostre foy est assise,
Chiefs estes de chrestienté ,
Vous nous voyez nuds sans chemise
Et nostre face si eslize ,
Et tous languis de povreté.
Pour t’amour Dieu , en charité ,
Aux riches gens ce remonstrez
Et que vous les admonestez.
Qu’ils ayent pitié d’entre nous autres ,
Qui pour eux avons labouré
Tant que tout leur est demouré :
De noz povretez ils sont causes ,
Comme leur dirons cy en bas :
Pour ce nous fault crier , hélas !

Hélas ! trés puissant roy françois ,
Nous pensons si bien ravisois ,
Et tu feusses bien conseillé,
Qu’aucun pou nous espargnerois :
Tu es le roy de tous les roys ,
Qui sont en la chrestienté,
Dieu t’a ceste grand’ dignité
Raillée , pour raison deffendre,
Et diligentement entendre
Aux complainctes qui vont vers toy ;
Et par ce garder nous pourras ,
De ainsi fort crier , hélas !

Hélas ! trés noble roy de France ,
Le pays de vostre obéissance
Espargnez-le : pour Dieu mercy ,
Des laboureurs ayez souv’nance,
Tout avons prins en patience
Et le prenons jusques à icy;
Mais tenez-vous asseur, que si
Vous n’y mettez aucun reméde,
Que vous n’aurez chasteau ne ville,
Que tous seront mis à exille ,
Dont jà sommes plus de cent mille
Qui tous voulons tourner la bride ,
Et vous lairions tout esgaré,
Et pourrez cheoir en tel trespas ,
Qu’il vous faudra crier , hélas !

Hélas ! ce serait grand douleur
Et grand’ pitié à regarder,
Qu’un si très excellent seigneur
Criast , hélas ! Or y pensez ,
Pas ne serez le premier ,
Qui par deffaut de raison faire ,
D’estre piteux et débonnaire
Aurait esté mis en exil.
Tenu estes de bon affaire ,
Mais que n’ayez point de contraire
Dieu vous garde de ce péril !
Et nous mettez si au délivre,
Qu’en paix puissions dessoubs vous vivre
Dés le plus haut jusques au bas,
Tant que plus ne crions , hélas !


En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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