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Abélard et Héloïse : une histoire passionnelle du moyen-âge devenue mythique

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“Ce n’est pas la quantité de tes paroles que je mesure, mais la fécondité du cœur d’où provient ce que tu dis.”
Pierre Abélard (1079-1142),  philosophe, dialecticien et théologien chrétien du moyen-âge central.

Bonjour à tous,

O_lettrine_moyen_age_passionutre son legs philosophique, Pierre Abélard, clerc et philosophe du moyen-âge central, épris de logique et de didactique, sera aussi rendu célèbre pour son idylle avec la brillante Héloïse d’Argenteuil, aristocrate cultivée qui étonne le tout
pierre_abelard_amour_courtois_moyen-age_centralParis du début de XIIe siècle par son érudition et ses connaissances des langues anciennes, autant que par son esprit libre et émancipé. A la trentaine passée, issu de famille noble et fils de chevalier, Pierre Abélard est alors un enseignant reconnu et sûr de lui, doublé d’un séducteur. Il se fera d’ailleurs le précepteur de la jeune fille, dans le but avoué, dit-on, de la conquérir.

De fait, leur relation épistolaire et platonique se transformera bientôt  au point que  les mots ne seront plus les seuls à se retrouver couchés sur le papier, mais tout le reste avec. Le fruit de l’amour courtois sera alors largement croqué et la passion brûlera d’un feu ardent entre les deux amants. Elle s’égarera même, quelquefois, sur les rivages d’une relation explosive et sulfureuse, à la fois intellectuelle et charnelle, qui n’est pas sans évoquer par certains côtés le marquis de Sade, et dans laquelle, les points ne sembleront pas tous s’écrire avec un T, ni se trouver uniquement sur les I.

Jean Vignaud, "Abélard et Héloïse surpris par Fulbert (1819), Joslyn Art Museum, Nebraska. USA
Jean Vignaud, « Abélard et Héloïse surpris par Fulbert (1819), Joslyn Art Museum, Nebraska. USA

A_lettrine_moyen_age_passionprès qu’il lui ait donné un enfant et se soit marié avec la belle Héloïse pour réparer la faute, non qu’ils y tenaient tous deux particulièrement mais contraints et forcés, l’histoire vaudra tout de même au clerc philosophe d’être émasculé sur une erreur de jugement par l’oncle et tuteur de la jeune femme, le dénommé Fulbert, chanoine de caractère, très en vue à la cour de l’époque qui lui même avait exigé leur mariage.

Instrument du rapprochement d’Abélard avec sa nièce et complice involontaire du fruit défendu de leur passion.  l’homme  avait  hérité du noyau qu’il avait, semble-t’il, mal digéré. Alors qu’Héloïse s’était retiré un temps au pensionnat  pour échapper aux remontrances de ce tuteur furibard, ce dernier, encore à cran et la croyant répudiée par Abélard  dont une épouse pouvait gêner la carrière ( un clerc ne pouvait déjà plus alors faire un bon mari pour l’église) ne fit ni une, ni deux. Il  envoya des hommes de main pour châtier, je devrais dire châtrer Abélard. La langue du chanoine a-t’elle fourché au moment de lancer ses sbires au train du clerc? L’histoire ne le dit pas. Les deux exécutants finiront, en tout amour_passion_moyen-age_abelard_heloisecas, punis par là où ils avaient péché en vertu de la loi du talion. Couic! Fulbert, quant à  lui, sera suspendu, non, pas par l’objet du délit, mais de ses fonctions et verra ses biens confisqués.

Suite au drame, les deux amants finiront religieux: Abélard moine, Héloïse  au convent. L’histoire des deux amants autant que l’infortune d’Abélard, fera grand bruit. Elle entrera, par la suite, dans la postérité par les lettres qu’ils ont échangé mais pas seulement. En littérature, citées ou reprises par Jean de Meung dans le nom de la Rose, Pétrarque, les amours d’Héloïse et Abelard deviendront bientôt mythiques et inspireront encore nombre d’artistes, de peintres et de grands auteurs pour de longs siècles,  (ci-dessus « l’adieu d’Abélard et Héloïse , de  Maria Angelica Kauffmann XIIXe siècle).  Souvenons-nous encore, ici, de l’hommage que fit François Villon, plus de trois cent ans plus tard dans sa ballade des dames du temps jadis à cette écrivain et femme du XIIe siècle, hors du commun, qui fut Héloïse d’Argenteuil.

poesie_medievale_epitaphe_villon_ballade_pendu_erik_satie_lecture_audio« Où est la très sage Hélois,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys.
Pour son amour eut cest essoyne. »
François Villon  – Les neiges d’Antan

Bien au delà du moyen-âge, la dimension tragique et passionnelle de cette histoire du XIIe siècle, en fera le symbole d’une forme d’amour libre, dépassant de loin les formes et le cadre de l’amour courtois, qui trouvera, tour à tour, un écho auprès des libertins, comme des romantiques.

Une belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com
« L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. » Publiliue Syrus  Ier s. av. J.-C.