Sujet : histoire médiévale, médiévistes, jeunes chercheurs, passion, moyen-âge, Passion médiévistes. Période : Moyen-âge central à tardif Auteur / réalisatrice : Fanny Cohen Moreau Média : programme audio, podcast, audio.
Bonjour à tous,
uand une jeune journaliste du nom de Fanny Cohen Moreau, ayant par ailleurs étudié l’histoire médiévale à la Sorbonne, avec déjà un Master en poche, décide d’allier ses deux passions pour le Moyen-âge et pour l’investigation, cela donne un podcast du nom de Passion Médiévistes qui part à la rencontre d’étudiants et jeunes chercheurs de cette discipline.
Un podcast spécial sur le moyen-âge
par des doctorants et « masterants »
Quand nous parlons d’étudiants, il s’agit là de doctorants ou de « masterants », autrement dit de jeunes chercheurs déjà bien avancés et spécialisés sur leur sujet. L’idée de leur offrir une tribune pour exposer leurs travaux est excellente à plus d’un titre et il faut préciser que pour être animé par des invités, immergés dans des sujets assez pointus, ce programme reste résolument à portée de tous : curieux, amateurs éclairés ou spécialistes.
Comme toujours, quand on se penche avec un minimum de sérieux sur le moyen-âge, on finit toujours par déconstruire les nombreux préjugés qui subsistent encore à son égard et Passion Médiévistes est aussi l’occasion (salutaire!) de revenir sur un certain nombre d’entre eux.
Plus de 10 épisodes déjà enregistrés
Le Podcast présente un peu plus d’une dizaine d’épisodes sur des sujets aussi divers que les états d’Orient autour des croisades, le Roman de Renart,les dragons et leurs représentations médiévales, la reine Gerberge, les messagers de guerre et j’en passe. Trois autres épisodes sont déjà en préparation.
Pour en vous faire une première idée, nous partageons ici un des podcasts déjà disponible. Vous apprécierez la bande annonce de de l’émission qui donne le ton avec l’humour, en particulier l’échange issu du film « On connait la chanson » de Alain Resnais devenu culte pour tous les doctorants de France en Histoire, Archéologie et autres disciplines. C’est un court dialogue entre Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui sur la thèse de cette dernière, autour des chevaliers paysans de l’an mil et des fouilles lacustres du lac de Paladru, et, du même coup, un véritable clin d’œil à la solitude insondable des étudiants chercheurs; la précision inévitable de leur objet de recherche rend quelquefois difficile, il est vrai, le partage de leur passion auprès du plus grand nombre. Fort heureusement, grâce aux podcasts de Passion Médiévistes, cela ne devrait plus demeurer une fatalité.
En plus de la formule habituelle, vous pourrez également retrouver, sur cette chaîne Soundcloud, certains reportages « hors série » dont un premier partagé ici. Il a été effectué au Musée de Cluny, à l’occasion de l’exposition : « Le verre, un Moyen Âge inventif » (sept 2017 – début Janvier 2018).
Pour information, si vous êtes doctorants, étudiants en histoire ou médiévistes, Fanny cherche toujours des invités pour les épisodes à venir, aussi n’hésitez pas à la contacter sur le FB officiel du Podcast.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour Moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : musée, figurines historiques, artisans d’art, figurines d’art, passionnés, passion. Histoire, reconstituteurs. lieu d’intérêt Période : de l’antiquité à la première guerre mondiale, nombreuses pièces du moyen-âge central à tardif. Lieu : Musée de la figurine, le Souffle de l’Histoire, centre historique du Bourbonnais. Adresse :Le Champ de la Garde, Droiturier, Allier, Auvergne-Rhône-Alpes.
Bonjour à tous,
l y a bien des manières de vivre et partager une passion pour l’Histoire. En dehors des oeuvres littéraires, illustrées ou cinématographiques, des reconstitutions en 3D, ou même encore des compagnies et mesnies de reconstituteurs qui se piquent de recréer, grandeur nature, des batailles médiévales ou des tranches de vie quotidienne du moyen-âge, il existe aussi des espaces où l’artisanat et l’art, à travers le modelage, la sculpture, la peinture et la reconstitution patiente, peuvent redonner vie aux personnages ou aux plus grands moments du passé et nous transporter, émerveillés, au coeur même de l’Histoire.
Nous avions déjà parlé ici du travail d’orfèvre de Pascale Laîné autour de ses maquettes médiévales et nous voulons aujourd’hui vous entraîner dans l’univers magique de deux autres artisans d’art : Hervé et Marie Maneval, créateurs et conservateurs du Musée de la figurines historiques d’Art : « le souffle de l’Histoire », à Droiturier, dans l’Allier.
Une collection de figurines d’art unique
epuis 30 ans, ses deux artisans passionnés façonnent de leurs mains d’incroyables figurines historiques, reconstituées minutieusement, à l’appui de sources documentaires d’époque, et mises en scène dans des dioramas, au coeur d’événements qui ont fait l’Histoire de France. Il faut insister sur le fait que nous sommes ici dans le domaine tout à fait à part, de la figurine d’Art puisqu’en plus de faire l’objet de toutes les attentions, chaque pièce présentée est unique. Du côté historique, la période couverte va de l’antiquité à la première guerre mondiale mais le moyen-âge y trouve une large place : des croisades à la guerre de cent ans et au plus funeste jour de la bataille d’Azincourt, en passant par d’autres scènes épiques ou encore d’autres chevaliers célèbres du monde médiéval, en provenance du bourbonnais ou d’autres provinces.
Du point de vue de sa taille, la structure s’étale sur trois salles et sur plus de 120 m2. La figurine d’art ayant l’avantage d’occuper peu d’espace, vous trouverez là l’une des plus belles collections qui soit dans ce domaine.
En plus de la découverte de cette exposition totalement originale dans son entier, la visite vous permettra de contempler près d’une centaine d’armes d’époque, mais encore des documents, tableaux et livres anciens, des armoriaux et d’autres raretés historiques uniques.
Vous y apprécierez également la qualité d’accueil et la passion autant que l’érudition de ses guides, auront tôt fait de vous transporter au coeur d’un grand voyage à travers les siècles. Au passage, vous y trouverez aussi quelques éclairages sur la réalisation de ces petites merveilles artistiques qui se tiennent, avec l’Histoire, au centre de leur passion.
Ajoutons encore que si Marie est plus spécialisée dans la réalisation des oeuvres, Hervé Maneval est aussi, de son côté, un expert attaché à l’évaluation de pièces historiques et un découvreur de trésors cachés. A ce titre, il est même conseiller de plusieurs commissaires priseurs. Vous pouvez donc compter sur lui quand il s’agit de prendre l’Histoire au sérieux.
Collections privées et travail à façon
En plus de la collection exposée au musée, ces deux artistes proposent encore la réalisation sur mesure de pièces à façon et sur commande: figurines, personnages, dioramas et scènes historiques, ou même encore tableaux, à destination de collectionneurs privées: grandes familles désireuses de faire revivre leurs prestigieux aïeux mais encore institutions ou monuments historiques soucieux de valoriser leur histoire et leur patrimoine, à travers les personnages ou événements qui les ont fondées, côtoyées ou marquées.
Pour plus d’informations sur le musée de la figurine historique d’art de Droiturier, voici les liens utiles : Site officiel – Facebook – Twitter
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet : monnaies médiévales, économie, histoire médiévale, numismatique, histoire de la monnaie, vidéo-documentaire Période : Antiquité jusqu’au Moyen-âge central (XIIIe siècle) Auteur : Depeyrot Georges Production : CNRS, l’Histoire en Pièces Réalisateur : Fontenoy Philippe . 1999
Bonjour à tous,
uite à notre article d’hier sur les Lombards, ces Marchands banquiers italiens si décriés au Moyen-âge, voici un documentaire produit en 1999 par le CNRS et permettant de mieux approcher l’histoire de la monnaie de l’Empire Romain au XIIIe siècle.
Les monnaies médiévales de Georges Depeyrot et Philippe Fontenoy
Georges Depeyrot, Historien versé dans l’histoire de la monnaie et la numismatique
Georges Depeyrot est un historien spécialisé dans l’Histoire de la monnaie et la numismatique. Il a rejoint le CNRS dés 1982 et il y occupe, aujourd’hui, les fonctions de directeur de recherches. Chercheur affilié à l‘Institut Louis Bachelier, il a encore enseigné et pris une part active aux recherches, dans la cadre de l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales et de l’Ecole Normale supérieure.
Son souci de privilégier une approche historique globale et sa participation à de nombreux programmes de recherche au niveau européen et méditerranéen en font aujourd’hui un grand expert de ses sujets de prédilection.
Membre de nombreux comités scientifiques et comités de gestion et pilotage dans le domaine de la recherche, il est membre honorifique de nombreux instituts archéologiques ou numismatiques en France et à l’étranger, et on lui doit encore la fondation de la Maison d’édition Moneta, dédiée à la publication autour de la numismatique et de l’économie monétaire. Pour plus de détails, vous pourrez trouverez son parcours détaillé ici.
Contributions, publications et ouvrages
Georges Depeyrot est auteur et co-auteur d’une foultitude d’ouvrages très pointus sur l’économie antique et médiévale et sur l’histoire des monnaies, du monde romain au moyen-âge mérovingien et carolingien et central. jusqu’à des périodes plus récentes.
Vous pourrez retrouver sur sa chaîne Youtube d’autres documentaires et vidéos sur le sujet. Voici également quelques liens vers certains de ses ouvrages qui pourraient vous intéresser.
Sujet : proverbe, citation, lombard, usurier, banquier, monde médiéval, littérature, poésie, histoire médiévale Période : moyen-âge central, du XIIe au XVIe Auteur : Gabriel Meurier, Rutebeuf, François Villon, Don Juan Manuel. Art, Peinture : Quentin Metsys
“Dieu me garde des quatre maisons De la taverne, du Lombard, De l’hospital et de la prison.”
Gabriel Meurier Trésor de sentences dorées, dicts, proverbes et dictons communs, réduits selon l’ordre alphabétique (1568).
Bonjour à tous,
our être tiré d’un ouvrage qui nous porte sur les rives du XVIe siècle, le proverbe que nous publions aujourd’hui pourrait bien, sans anachronisme, trouver sa place dans les deux ou trois siècles qui en précèdent la publication. On le doit à Gabriel Meurier, un marchand qui, dans le courant du XVe siècle, peut-être poussé d’abord par des nécessités professionnelles, finit par se pencher sur les langues et devenir grammairien et lexicographe. Versé en moyen français, comme en flamand et en espagnol, il rédigea quelques traités de conjugaison et de grammaire, ouvrit même, semble-t-il, une école de langues et on lui doit encore quelques recueils de dicts et « sentences » dont ce Trésor de sentences dorées, dicts, proverbes et dictons communs, réduits selon l’ordre alphabétique dontnous avons tiré le proverbe du jour.
Dans l’ensemble des dictons rapportés dans son ouvrage, il en a, sans doute, écrit quelques uns de sa plume mais comme il dit lui-même les avoir aussi glanés et répertoriés à longueur de temps et en bon lexicographe, pour la plupart d’entre eux, il est bien difficile, au bout du compte, de les dater ou d’en connaître l’origine précise. L’affaire se complique d’autant qu’il a aussi traduit des proverbes en provenance d’autres berceaux linguistiques. Quoiqu’il en soit, cet auteur a eu au moins le mérite de les répertorier, tout en en passant un certain nombre de l’oral à l’écrit pour la postérité. En dehors de sa valeur historique, l’ouvrage reste, par ailleurs, plutôt divertissant et agréable à feuilleter.
Comme nous le disions plus haut et pour en revenir au proverbe du jour, même si l’on n’en trouve apparemment pas trace avant cet ouvrage, il pourrait fort bien lui être antérieur avec sa défiance affichée envers ces quatre maisons que sont la prison, la taverne, l’hôpital et l’officine du « lombard ». Et si l’on comprend bien pourquoi on devrait se garder des trois premières, nous voulons parler plus précisément ici de la dernière, puisque ces « lombards » reviennent en effet souvent dans la littérature médiévale où ils font l’objet de satires et de critiques directes de la part de bien des auteurs. Mais avant de passer à quelques exemples pris dans ce champ, revenons un peu sur leur origine et leur histoire médiévale, guidé par un article exhaustif du professeur d’histoire et médiéviste Pierre Racine de l’Université des sciences humaines de Strasbourg sur ces questions (1).
Les Lombards, marchands banquiers
du moyen-âge central
algré les interdictions religieuses et politiques de l’usure depuis Charlemagne, sous la pression des besoins en numéraire et de la croissance économique, la société commerciale et civile du moyen-âge central inventera bientôt des formes de prêts à intérêts contournant les interdits. Les juifs, bien sûr, non soumis aux contraintes que font peser les institutions chrétiennes sur leurs ouailles, les pratiqueront, mais ils ne seront, comme nous allons le voir, pas les seuls.
Dans les débuts du XIIe siècle, période de forte expansion commerciale, les marchands génois mettront en place un système de contrat de change qui masquera les notions d’intérêt par un habile jeu de chiffres et d’arrondis. Les marchands itinérants italiens en provenance de la région utiliseront ces contrats à leur avantage pour investir et s’enrichir sur les grandes foires de Champagne et sur le pourtour oriental de la méditerranée. Leurs affaires florissantes leur permettront bientôt de devenir, à leur tour, marchands-banquiers et ils commenceront bientôt à s’organiser en véritables compagnies bancaires et commerciales. Dans le courant du XIIe siècle, le modèle gagnera d’autres régions italiennes et, loin d’être confinée à la Lombardi actuelle, l’appellation de « lombards » commencera à désigner, au sens large, ces marchands et préteurs venus d’Italie du Nord.
Un peu plus d’un siècle plus tard, dans le milieu du XIIIe, toujours bien implantés dans les foires de champagne, ces pourvoyeurs de marchandises luxueuses et d’argent trébuchant gagneront Paris et la cour royale. Par la suite, leur activité se répandra rapidement sur d’autres provinces. A la faveur du marché, ils auront alors délaissé les marchandises pour se spécialiser sur le « commerce » de l’argent et les prêts aux nobles, mais aussi en direction de toute personne, en milieu urbain ou rural, en mal de liquidités. Sous la pression de la demande, les taux d’intérêt deviendront vite prohibitifs et des premières réglementations seront mises en place. Inutile de dire que l’église, de son côté, n’aura de cesse de lutter contre ces pratiques, même si à quelques reprises on prendra quelques uns de ses dignitaires la main dans la sac.
« Leurs tables de prêt ou casane s’établissaient jusqu’au milieu des campagnes et dès lors ces financiers « lombards » devaient acquérir une mauvaise réputation à leur tour près des populations ayant recours à leur service. » Les Lombards et le commerce de l’argent au Moyen Âge – Pierre Racine
En l’absence de choix et outre la condamnation morale que le moyen-âge chrétien fait de l’usure, cette « mauvaise réputation » dont les lombards hériteront, semble aussi s’être fondée sur de sérieux écarts:
« Une enquête, provoquée par des habitants de Nîmes qui se sont plaints en 1275 près du sénéchal révèle que certains d’entre eux avaient été victimes d’une telle pratique (prêts de courte durée avec un système d’intérêts composés), aboutissant pour l’un d’entre eux à un intérêt s’élevant à 256 %. » Opus Cité
A l’évidence, même les tentatives officielles de réglementation ne parviendront pas totalement à encadrer ce trafic et ses abus. Au sortir, de marchand préteur, le terme de lombard deviendra bientôt synonyme d’usurier, honni du côté du peuple et attaché de toute une ribambelle de « qualités » assorties dans les satires. Bien sûr, de leur côté les puissants et même la couronne y auront largement recours, sachant les utiliser et usant même quelquefois d’un brin d’arbitraire pour confisquer leurs biens.
Pour conclure sur ses aspects historiques, on suivra avec intérêt dans l’article cité, les suspicions ou accusations auxquelles certaines de ces compagnies bancaires furent sujettes durant la guerre de cent ans, notamment pour leur rôle dans le financement des efforts de guerre des ennemis d’alors. Comme s’il était déjà devenu difficile, dès le courant du XIVe siècle, de mener efficacement des guerres sans l’intervention des banquiers. Quelle drôle d’idée…
L’image du lombard
dans la satire et la littérature médiévale
ans un monde chrétien qui ne goûte pas l’usure et même si l’on a recours à leurs services, cette mauvaise réputation collera longtemps à la peau des « lombards » et leur vaudra bien des satires par les auteurs médiévaux du fin fond du XIIIe jusqu’au coeur du XVIe siècle. Pour enfoncer le clou, donnons-en quelques exemples, pris dans la littérature médiévale et dans les siècles antérieurs, en commençant par quelques vers deRutebeuf datant du XIIIe siècle :
« …Là Loi chevaucha richement Et decret orguilleusement Sor trestoutes les autres ars, Moult i ot chevalier lombars Que rectorique ot amenez Dars ont de langues empanez Por percier de cuers des gens nices Qui vienent jouster à lor lices, Quar il tolent mains héritages Par les lances de lor langages »
Rutebeuf – Oeuvres Complètes. A Jubinal.
Dans la continuité de cet exemple, dans lequel Rutebeuf nous parle de don pour la parole et pour embobiner les personnes naïves (nices) et « voler » « ôter »(toler) maintes héritages, on peut encore valablement citer un ouvrage castillan du XIVe siècle, qui se présente comme un petit traité de moral avec des exemples à valeur pratique : le comte Lucanor, apologues et fabliaux du XIVe de Don Juan Manuel, traduitpar Jean Manuel Puybusque (1854). On y trouvera notamment une parabole assez édifiante sur ce même thème de « mauvaise presse » du Lombard, jusqu’au sort (peu chrétien) que lui réserve ici son insatiable soif de possession.
L’histoire a pour titre Du miracle que fit Saint-Dominique sur le corps d’un Usurier. Elle conte l’aventure d’un lombard qui n’avait de cesse que d’accumuler les richesses. Tombé brutalement malade et sur son lit de mort, un ami lui conseilla de faire mander Saint-Dominique. L’homme s’exécuta mais le Saint étant occupé fit envoyer un moine à son chevet. Craignant que le religieux ne persuade le mourant de faire donation de toutes ses richesses au monastère, ses enfants lui firent dire que l’homme était en proie à une crise et n’était pas visible. Suite à cela, le malade perdit totalement l’usage de la parole – la faute à la rapacité de sa progéniture (dont le conte semble nous dire qu’elle serait héréditaire au moins chez le lombard) – et mourut sans confession et donc privé de Salut. Un de ses fils convainquit alors Saint-Dominique de dire, tout de même, l’oraison funèbre pour le mort. Le Saint accepta et dit dans son oraison « où est ton trésor, là est ton coeur ». Et pour montrer à l’assistance la véracité de ces paroles de l’évangile (Ubi est thesaurus tuus, ibi est cor tuum) il commanda qu’on chercha le coeur du défunt là où il devait, en principe, se trouver. Pourtant, en ouvrant la poitrine de ce dernier pour y chercher l’organe, on ne le trouva pas à sa place. Il se trouvait pourrissant et grouillant de vers dans le coffre, là-même où l’homme avait gardé ses richesses. « Si corrompu , si pourri, qu’il exhalait une odeur infecte » nous dit le conte et le narrateur de conclure sur les dangers de vouloir amasser un trésor à n’importe quel prix, au détriment de ses devoirs et des bonnes oeuvres.
Enfin, donnons un dernier exemple si c’était encore nécessaire. On se souvient d’avoir encore trouvé cette figure du Lombard, prêteur et acheteur d’à peu près tout même le plus amoral, sous la plume de François Villonet de sa gracieuse ballade faite à Monseigneur de Bourbon pour lui soutirer quelques écus.
Si je peusse vendre de ma santé A ung Lombard, usurier par nature, Faulte d’argent m’a si fort enchanté Qu’en prendroie, ce croy je, l’adventure. Argent ne pend à gippon ne ceincture ;
Requête à monseigneur de Bourbon, Oeuvres de Maistre François Villon. JHR Prompsault (1835)
Finalement, près de trois siècles après Rutebeuf et comme l’atteste le proverbe queGabriel Meurier couchait sur le papier en 1568, les lombards ne semblaient guère avoir redoré leur blason, ni récupéré leur déficit d’image.
Pour ce qui est des toiles qui nous ont servi d’illustrations tout au long de cet article, elles sont toutes tirées de l’oeuvre totalement originale et incroyablement expressive du peintre primitif flamand des XVe, XVIe siècles Quentin Metsys (1466 -1530). Quelques années avant l’ouvrage de Gabriel Meurier, il faut avouer que le traitement artistique caricatural qu’il faisait du sujet de l’argent et de l’usure, allait tout à fait dans le même sens que la satire littéraire et sociale qui l’accompagnait et y renvoyait de manière très claire.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric F
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-â sous toutes ses formes