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« En Broceliande » quand les poètes d’Oxford du XXe siècle rimaient sur les Legendes arthuriennes

broceliande-legendes-arthuriennes-poesies-oxford-poetry-inspiration-medievaleSujet : poésie, légendes arthuriennes, oxford, forêt de Brocéliande, magie, luth, roman arthurien, poètes britanniques, romantisme
Période : Moyen Âge central pour les légendes, XXe siècle pour la poésie du jour.
Auteur : T. W. Earp
Titre :   « In Broceliande »
Sources : Oxford Poetry (1915)

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionu début du XXe siècle et plus précisément à partir de 1910, une revue de littérature et de poésie anglaise nommée Oxford Poetry se mit à réunir des textes d’auteurs et poètes du lieu. Présentée sous la forme d’un petit fascicule, elle fut, dès son lancement, éditée de façon annuelle. Tous les thèmes pouvaient y être abordés et on y retrouvait, en général, de très belles pièces d’auteurs, contemporains de chacun de ses numéros. Depuis sa création, Oxford Poetry a traversé le temps, en changeant maintes fois d’éditeurs et elle est, à ce jour, toujours publiée. En plus de cent-dix ans, elle a vu passer de nombreux auteurs et poètes britanniques parmi les plus grands.

Aujourd’hui, c’est l’édition de 1915 qui nous intéresse en particulier. On y retrouve, pour la première fois, un poème de JRR Tolkien intitulé « Goblin feet » (pieds de gobelin) que nous aurons l’occasion de publier plus avant mais ce qui nous occupe, pour l’instant, est une pièce d’un autre auteur, dédiée aux légendes arthuriennes.

En Brocéliande de T.W. Earp

joueuse-de-luth-legendes-arthuriennes-poesie-monde-medieval-oxford-poetryDepuis le Moyen Âge central et après sa constitution en véritable corpus, sous la plume d’auteurs à la fois anglais et français, le roman arthurien n’a cessé d’inspirer les imaginations les plus fertiles, des deux côtés de la manche. A huit siècles de ses pionniers, cela est encore vrai et le restera, sans doute, pour longtemps.

(« Lady Playing a Lute », Bartolomeo Veneto (1530), Getty Museum, Los Angeles)

Daté de 1915, la pièce que nous vous proposons de découvrir a pour titre « In Broceliande » (En Brocéliande), et pour auteur T W Earp, poète et traducteur anglais des débuts du XXe siècle. Théâtre d’une partie importante des récits arthuriens, la célèbre forêt dont la localisation a divisé bien des experts en Bretagne comme en Angleterre, a été, elle aussi, une source inépuisable d’inspiration pour un grand nombre d’écrivains et de poètes (voir Brocéliande, huit siècles de légendes arthuriennes). La pièce du jour et sa mystérieuse joueuse de luth en attestent. Du côté d’Oxford et aux débuts du XXe, on rêve encore de lointain Moyen Âge et de belles légendes. Sans doute sous l’influence des romantiques du XIXe siècle, (voir article sur la ballade médiévale au XIXe siècle), ce monde médiéval, imaginaire et reconstruit, est chargé de magie, de récits épiques et de belle poésie.

Traduire, c’est trahir…

legendes-arthuriennes-instruments-ancien-poesie-monde-medievalMême en ayant de très sérieuses bases d’anglais, pour quelqu’un dont les racines linguistiques sont profondément latines, la poésie anglo-saxonne a des méandres qu’il n’est pas toujours aisé de démêler. Ses rythmes, la nature incisive de sa langue, comme ses allégories la rendent souvent rebelle à la traduction et, dans bien des cas, je ne suis même pas tout à fait certain qu’on puisse la transposer sans totalement l’adapter ou la réinterpréter. Alors c’est un peu un défi que nous nous lançons ici.  De fait, sans doute par peur de trop la dénaturer, la traduction que nous avons faite de cette pièce de T W Earp, de l’anglais vers le français moderne, est pratiquement littérale. Il ne  me reste donc plus qu’à espérer que la force et la beauté de ses images résistent au passage d’une langue à l’autre. Sans en avoir tout le recul, il me semble que c’est le cas.


En Brocéliande

In the midst of the forest of silence,
Where even the leaves are mute,
Where never a bird wanders,
She plays upon a lute.

Au milieu de la forêt du silence
Où même les feuilles sont muettes
Où jamais un oiseau ne vagabonde,
Elle joue sur un luth.

With fingers gently passing,
She touches golden strings,
Till the trees almost remember
The long-departed wings,

Avec des doigts pleins de délicatesse
Elle caresse les cordes d’or
Jusqu’au moment où les arbres se souviennent presque
Des ailes envolées depuis longtemps,

And the knights and the gay ladies,
And the music that went before,
And the days of joy and passion.
They will find these things no more.

Et des chevaliers et des dames joyeuses,
Et de la musique qu’on jouait alors,
Et des jours de joie et de passion.
Ils ne retrouveront plus jamais toutes ces choses.

One plaintive lute recalling
The loud citoles and shawms,
She alone has not left them,
Of the beautiful, noble forms.

Un luth plaintif se souvient
Des citoles et des chalemies bruyantes,
Elle seule ne s’est pas dessaisie 
De leurs belles et nobles formes.

If she would cease from playing,
The people with hearts of stone
Would lead her from the forest,
And set her on a throne.

Et si elle cessait de jouer,
Les gens au cœur  de pierre,
La conduiraient hors de la forêt
Pour l’asseoir sur un trône.

She would be bright with jewels,
She would sit crowned on high,
But if she left the forest,
Alas, the trees would die.

Elle serait étincelante sous les bijoux,
Elle porterait haut la couronne,
Mais si elle quittait la forêt,
Hélas, les arbres en mourraient.

In the midst of the forest of silence,
Where even the leaves are mute,
Where never a bird wanders,
She plays upon a lute.

Au plus profond de la forêt du silence,
Où même les feuilles sont muettes,
Où jamais un oiseau ne vagabonde,
Elle joue sur un luth.


En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

Le Souffle du Dragon, dans le Excalibur de John Boorman

excalibur-john-boorman-citations-film-legendes-arthuriennesSujet    : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, citations médiévales, citations autour du Moyen Âge, Dragon
Période  : Moyen Âge central, haut Moyen Âge
Film  : Excalibur (1981)
Réalisateur    : John Boorman


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« J’ai été, une fois, exposé au souffle du dragon afin qu’un homme puisse s’allonger, durant une nuit, aux côtés d’une femme. Il m’a fallu 9 mois pour m’en remettre. Et tout cela pour cette chose démente qu’on appelle « Amour », cette maladie folle qui frappe le mendiant comme le roi. Plus jamais ça. Jamais… »

« I once stood exposed to the Dragon’s Breath so that a man could lie one night with a woman. It took me nine moons to recover. And all for this lunacy called, « love », this mad distemper that strikes down both beggar and king. Never again. Never. »

Merlin (Nicol Williamson),  citation extraite du film   Excalibur de   John Boorman  (1981)

Sur le même sujet, voir également Excalibur ou les Légendes arthuriennes selon John Boorman

le Roi Arthur chez les anarcho-syndicalistes, dans le Sacrée Graal des Monty Python

film_moyen_age_cine_sacre_graal_monty_pythonSujet : humour, légendes arthuriennes, Excalibur, roi Arthur, extraits, dialogues, citations médiévales, cinéma,  médiéval  fantaisie.
Titre : Sacré Graal (the Holy Grail)
Période : haut moyen-âge,moyen-âge central
Réalisation : 
Les Monty Python
Date de sortie : 
1975

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous partageons un peu de l’humour des Monty Python autour d’Excalibur et des légendes Arthuriennes. A plus de quarante ans de la sortie de Sacrée Graal, certains passages de ce film à l’humour totalement décalé sont demeurés cultes. C’est le cas de celui que nous partageons aujourd’hui.

On se souvient qu’en 1975, certains puristes de la saga arthurienne se sont montrés choqués par les délires débridés des 5 comiques anglais, en y voyant un manque de respect. Ce n’était pas la première fois, du reste, qu’une partie du public passait à côté de leur humour. Pour d’autres, le film des Monty s’inscrivait légitimement, bien qu’à sa manière, dans la fresque arthurienne, et sur ses franges les plus drôles et les plus déjantées. Bien sûr, l’humour n’y avait pas grand chose de médiéval, et, au contraire, était tout à fait moderne.

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Citations et dialogue extrait du sacrée Graal.

Le roi Arthur (Graham Chapman) bat la campagne, en compagnie de son serviteur Patsy (Terry Gilliam). Il s’arrête pour demander son chemin à un couple de vilains affairés à gratter la terre, au bord d’un champ. Il est loin de se douter qu’il va tomber sur des anarcho-syndicalistes, légèrement, en avance sur leur temps. (les deux vilains sont joués par Terry Jones, la femme, et Michael Palin). La conversation est, à peine, engagé, que l’un des deux vilains se lance dans une logorrhée politique sans fin. Excédé, Arthur finit par s’énerver et monte le ton.

Arthur : Calmez-vous ! Je vous ordonne de vous calmer !
Femme : Ordonner ? Et pour qui il se prend celui là ?
Arthur : Je suis votre roi !
Femme : En tout cas, j’ai pas voté pour vous !!!
Arthur : Les rois ne sont pas élus…
Femme : Dans ce cas, comment êtes-vous devenu roi, alors ?

(départ d’une musique de fond épique)

Arthur : La Dame du Lac… Son bras vêtu du brocart le plus pur et scintillant, a fait surgir Excalibur des profondeurs des eaux, signifiant que, par la divine providence, moi, Arthur, était élu pour porter Excalibur. Et voilà pourquoi JE SUIS VOTRE ROI !
Autre vilain : Écoutez, d’étranges femmes allongées dans des mares et qui distribuent des épées, ne constituent pas une base sérieuse pour un système de gouvernement. Le pouvoir exécutif suprême provient d’un mandat délivré par le peuple, pas d’une cérémonie aquatique grotesque !
Arthur : Calmez-vous!
Autre vilain : je veux dire, vous ne pouvez pas sérieusement espérer détenir le pouvoir exécutif suprême jusque parce qu’une pétasse détrempée vous a jeté un épée !
Arthur : FERMEZ-L
À !!!!!


Dialogue original en anglais

Arthur: I am your king!
Woman: Well I didn’t vote for you!
Arthur: You don’t vote for kings…
Woman: Well,  how’d you become king then?
Arthur: The Lady of the Lake, her arm clad in the purest shimmering silmite  held aloft Excalibur from the bosom of the water, signifying by divine providence that I, Arthur, was to carry Excalibur. THAT is why I am your  king!
Dennis : Listen, strange women lyin’ in ponds distributin’ swords is no basis for a system of government! Supreme executive power derives from a mandate from the masses, not from some farcical aquatic  ceremony!
Arthur : BE QUIET!
Dennis : I mean you can’t expect to wield supreme executive power just because some watery tart threw a sword at you!
Arthur : SHUT UP !


Voir notre autre article sur le Sacrée Graal des Monthy python

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Excalibur ou les légendes arthuriennes selon John Boorman

excalibur-john-boorman-citations-film-legendes-arthuriennesSujet : légendes arthuriennes, cinéma, Excalibur, Merlin, citations médiévales, citations autour du Moyen-âge
Période : Moyen-âge central, haut moyen-âge
Film : Excalibur (1981)
Réalisateur : John Boorman


« Les jours de ceux de notre espèce sont comptés. Le Dieu unique s’en vient pour chasser les multiples dieux. Les esprits des bois et des ruisseaux se font silencieux. C’est la marche des choses. Oui… Le temps est venu des hommes et de leurs manières. »

« The days of our kind are numbered. The one God comes to drive out the many gods. The spirits of wood and stream grow silent. It’s the way of things. Yes… it’s a time for men, and their ways. »

Merlin (Nicol Williamson),  citation extraite de Excalibur,  John Boorman


De la Morte d’Arthur de Malory
au 7ème art de John Boorman

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 1981, le réalisateur John Boorman s’attaquait aux légendes arthuriennes avec un long métrage titré Excalibur, et demeuré, encore à ce jour, célèbre pour bien des cinéphiles, amateurs ou non de Moyen-âge.

Empreint de lyrisme, avec des dialogues finement ciselés et des scènes d’action percutantes, le long métrage se signait aussi par la qualité de ses acteurs et de son casting. Ecrit à deux mains par John Boorman et  Rospo Pallenberg, le scénario était directement inspiré de l’ouvrage médiéval La morte d’Arthur de Thomas Malory, daté de la deuxième moitié du XVe siècle. Cette oeuvre compilait plusieurs sources arthuriennes de provenance diverses, réinterprétées et jonh-boorman-excalibur-legendes-arthuriennes-film-culteremaniées par son auteur ; elle est toujours considérée par de nombreux spécialistes, comme un des premiers grand roman arthurien moderne.

A partir de cette matière de choix, Boorman (en photo ci-contre) et son grand complice d’écriture créèrent une oeuvre cinématographique épique et finalement majeure. Pour un grand nombre de passionnés de moyen-âge et de matière arthurienne, Excalibur entra directement au panthéon des longs-métrages de référence sur ces sujets. Aujourd’hui encore, il fait figure de film emblématique pour qui s’intéresse au cinéma du début des années 80.

« Forged by a god. Foretold by a wizard. Found by a king. »

« Forgée par un Dieu, prédit par un Magicien, trouvée par un roi »
(slogan présent sur l’affiche d’Excalibur)

Avec, Excalibur, le réalisateur anglais allait marquer les esprits et même, à sa manière, relancer l’intérêt d’une partie du grand public pour les légendes arthuriennes. Si cette production anglo-américaine suscita, peut-être, des vocations d’historiens ou de futurs médiévistes, elle lança assurément la carrière de certains acteurs dont le moindre n’est pas Liam Neeson. Il y incarnait le rôle de Gauvain, aux côtés d’autres jeunes premiers qui devinrent, plus tard, eux aussi, des pointures du cinéma américain.

De son côté, Nicol Williamson (1936-2011), dans le rôle de Merlin l’enchanteur, n’en était déjà plus à ses premiers pas, au moment du tournage. Grand acteur britannique de formation classique, à la longue carrière cinématographique, il s’était aussi illustré sur les planches, dès ses débuts, dans de nombreux rôles shakespeariens. On retrouve, du reste, de ce classicisme dans son incarnation de Merlin à l’écran : mystérieux, insaisissable, surpuissant et empreint aussi, par instants, d’une grande théâtralité.

Au sujet d’Excalibur et des légendes arthuriennes, voici une sélection d’articles qui pourraient vous intéresser :

En vous souhaitant une très belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes