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Histoire ou presque : les chroniques de Saint-louis de Jean de Joinville

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Novembre 1252, le roi Saint Louis est effondré, sa mère, la reine mère Blanche de Castille n’est plus. Des légendaires tensions entre elle et sa belle fille, la reine Marguerite de Provence, il ne reste plus rien, que le vide.

La version officielle

Alors, sur la question du deuil de la reine mère par sa bru, nous avons, bien sûr, le « témoignage » de Jehan de Joinville. Ah le voilà lui encore! le Mossieur « je me la raconte parce que je connais du monde », le Massimo Gargia de la Jet du XIIIe, certes, en moins gigolo quand même, mais bon … Et bien voilà ce qu’il nous dit de tout cela, lui .

  » (…) Madame Marie de Vertus, moult bonne dame, et moult sainte femme, me vint dire que la reine [Marguerite] menoit moult grand deuil, et me pria que j’allasse vers elle pour la réconforter. Et quand je vins là je trouvai qu’elle pleuroit, et je lui dis que vrai dit celui qui dit que l’on ne doit femme croire à pleurer ; car c’étoit la femme que plus vous haïssiez, lui dis-je, et vous en menez tel deuil ! et elle me dit que ce n’étoit pas pour elle qu’elle pleuroit, mais pour le mésaise que le roi avoit, et pour sa fille (qui puis fut reine de Navarre), qui étoit demeurée seule en la garde des hommes ».
Jean de Joinville – Chronique de Saint Louis

Et gnagnagni et gnagnagna, et moult par ci et moult par là, comme si il ne  pouvait pas juste dire ‘beaucoup ». Nonnnnn, trop banal bien sûr! Il faut encore qu’il nous colle des petits effets de style façon soirée cocktail, je cause riche et tout. Vous voyez, lui, je suis sûr que s’il était encore là, ce serait le genre à demander deux olives dans son martini, histoire de bien marquer le coup et de se faire remarquer.

Verum non semper sine dolore

Et bien non, Messieurs les historiens ! C’est trop facile ! Cette fois encore nous ne reculerons pas et nous crierons bien haut la vérité! Parce qu’alors, oui je sais, figurez-vous même que je le vois venir, à force. On va encore venir me dire, « mon petit vieux, vous êtes à l’Ouest, ça ne s’est pas passé du tout comme vous le dites dans votre illustration. Relisez vos classiques! » Seulement voilà, Messieurs les « je sais toujours tout mieux que tout le monde »,  il se trouve qu’à l’Ouest ou pas, le petit vieux, comme vous dites si bien, il a aussi ses sources. Ah! Et non, ne vous en émerveillez point (moi aussi je peux le faire!), le sire De Joinville n’est peut-être pas non plus le seul à avoir assister à tous ces événements. Ah! Il y avait peut-être même dans le secteur, des gens de maison et s’ils n’ont pas laissé, eux, de chroniques écrites en belles lettres, genre « j’me la pète avec ma super plume », peut-être même aussi que ces gens ont transmis l’histoire véritable à leurs descendants pour qu’elle  nous jetset_medievalparvienne dans toute sa cinglante vérité. Ah, ça fait mal hein? Oui ça fait mal! Bien sûr que ça fait mal! Mais la vérité n’est-elle pas toujours un peu douloureuse? Comme on dit en latin, « Verum non semper sine dolore? », enfin c’est surtout google translate qui le dit mais je pense que vous avez cerné l’idée.

Mais heureusement, vous, fidèles amis et lecteurs, vous qui nous connaissez, vous qui vous tenez fiers et droits, résolument de notre côté et de celui de la vérité, (non mais si forcément vous êtes d’accord, ne faites pas cette tête, sinon au pire faîtes comme si je vous expliquerai plus tard). Oui, vous mes amis, vous savez que notre approche de l’Histoire ne se contente pas des quelques sources « officielles » et poussiéreuses qui nous sont parvenues! Oh ça non! A la tranquilité placide des études de bibliothèque, nous c’est l’aventure du terrain qui nous meut; cette recherche effrénée de chaque instant qui nous pousse à traquer l’Histoire, à la débusquer au coeur de notre monde même, dans le témoignage de la descendance encore bien vivante; tous ces gens au milieu de nous, si proches, et dont nul ne pourrait soupçonner qu’ils ont conservé, en secret, la vérité historique authentique, celle que l’on n’ose pas dire, celle qui dérange, celle qui déchire le voile des illusions, Oui, il faut oser! Oui, il faut de l’aplomb, peut-être même une certaine dose de témérité, ne pas avoir peur de se dresser à la face au monde et de lui crier la vérité au visage, une fois découverte, dusse-t’elle être stupéfiante et quelquefois aussi, c’est vrai, dure à entendre. Bon là, en l’occurrence, ça va encore, Marguerite de Provence qui envoit un fion à feu sa belle mère et à De Joinville, ça ne casse pas non plus trois pattes à un canard mais bon, c’est pour dire.

Les méandres de la vérité

D’autant que cette fois-ci, je défie quiconque de remettre en cause la fiabilité de nos sources sur cette question et sur les mots exacts prononcés lors de cet échange entre Jean de Joinville et Marguerite de Provence qui, à l’évidence, bien qu’ayant un joli prénom de fleur, savait aussi se montrer peau de vache. Ce jour là, mes amis, oui ce jour là même!, Irma Jombières, lavandière du roi, revenait du lavoir, une panière de linge de corps sous le bras et comme elle passait devant la pièce où se tenait De Joinville et la reine de France, elle surprit la totalité de la conversation. La vrai, l’authentique, pas celle gribouillée par De Joinville entre deux martinis, non. Bon d’accord peut-être pas entre deux martinis mais je me comprends…

Entre vous et moi, je vous le demande, solennellement, les yeux dans les yeux, pensez-vous vraiment qu’Irma aurait eu la mesquinerie d’inventer toute cette histoire quand elle la rapporta au soir à une voisine de confiance qui, elle-même, la transmit cette même fin de semaine, à un cousin de province qui fit, à son tour, jurer à ses enfants, après leur avoir contée, d’en conserver le secret et de se le passer de génération en génération? Plus proche de nous, vous aventureriez-vous véritablement à soutenir que quelqu’un qui, il y a une cinquantaine d’années de cela et plus de sept siècles après, aurait, dans son enfance, et plus précisément en classe de CE1, côtoyé le lointain descendant du fameux cousin de province de la voisine de notre bonne et honnête lavandière, oseriez-vous, lavandiere_mere_denisvraiment soutenir, disais-je, que ce quelqu’un aurait eu pu trouver quelque intérêt à échafauder tout ceci de toute pièce en nous le rapportant, il y a encore à peine quelques jours? 

Bien sûr que non, vous n’auriez jamais cette mesquinerie et nous le savons bien, va. Vous restez simplement comme nous, muet, face à l’évidence cuisante de la preuve. Et c’est dans ces moments là, voyez-vous, que je me dis qu’il est heureux de voir que le bon sens est encore de ce monde! J’ose à peine en caresser l’espoir que vous puissiez même partager avec nous ce sentiment ému qui nous vient toujours spontanément, face aux méandres que peut emprunter la vérité historique pour parvenir jusqu’à nous. Ah la coquinette, au fond, c’est un peu comme si elle nous choisissait finalement. A dire vrai, nous ne parvenons toujours pas à nous l’expliquer. Nous nous sentons simplement le témoin privilégié de tout cela, même s’il reste dur de faire l’économie des questions qui nous reviennent sans cesse: pourquoi nous? Qu’avons-nous donc de si spécial? L’avons-nous vraiment mérité? Il nous faut rester modeste mais sans doute  que la réponse est oui. Au fond, qui pouvons-nous si la vérité nous choisit et surtout qui serions-nous pour refuser un don si grand pour la découvrir?

A toi Marcel

Aussi, aujourd’hui nous sommes fiers de le crier haut et fort : Oui, Marcel, propriétaire de la Casse Automobile Marcel Martinez et Fils, de la banlieue de Poissy, Oui! Grâce à toi une autre vérité historique est révélée ce jour-même, à la grande lumière! Et ce n’est pas pour le rabais que tu nous as fait sur le carburateur de R16 et l’aile avant gauche oxydée de Simca 1100 (dont nous n’avons pas encore percé l’utilité mais que tu as insisté pour nous céder en maigre tribut de la précieuse anecdote) que nous voulons ici te rendre hommage, mais c’est bien pour avoir eu le verite_historiquecourage immense de te dresser face à l’Histoire. Oui Marcel! Cet article est le tien. Il est à toi, humble témoin de l’Histoire, et nous n’en sommes, nous, que le modeste scribe. J’entends encore tes derniers mots avant que nous nous séparions.

« – Bon mais là, franchement, en plus déjà que je vous raconte tout ça qui m’avait dit l’collègue quand qu’on était gamin, vous faites vraiment une affaire vous verrez; ça, même aux collectionneurs, j’leur vends pas normalement. Mais vous êtes sûr, par contre, vous voulez vraiment pas la roue de tracteur? Vous qu’êtes passionné d’Histoire c’est un modèle des années 80… »

Je lui répondais gentiment que j’étais venu en bus et que déjà l’aile de Simca 1100 risquait de passer limite, ce qu’il comprit dans sa grande mansuétude. Et puis, je m’éloignais. Tout était dit. Mais en chemin, je repensais à tout cela. Dans le fatras des allées bordées des carcasses rouillées de tous ces chars modernes au rebut, au milieu des aboiements des trois bergers allemands enchaînés à l’entrée de l’établissement qui avaient menacé, à tout instant, de venir boulotter les parties les plus charnues de mon anatomie, qui eut pu supposer, un seul instant, que sous l’apparent cambouis de l’obscurantisme, se tenait en ce lieu de fin des temps, une vérité de nature à changer la face de l’Histoire, n’en déplaise à monsieur de Joinville. Qui?

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Une belle journée à tous!

Fred
Pour moyenagepassion.com