Sujet : poésie satirique, morale, poésie médiévale, poète breton. devoirs des princes, miroirs des princes, poésie politique, auteur médiéval, Louis XI Période : moyen-âge tardif, XVe siècle Auteur : Jean (Jehan) Meschinot (1420 – 1491) Manuscrit ancien : MS français 24314 bnf Ouvrage : Les lunettes des Princes & poésies diverses.
Bonjour à tous,
ans le courant du XVe siècle et à l’aube de la renaissance, le poète breton Jean Meschinot s’élevait avec véhémence contre la poigne et les abus de la couronne, en la personne de Louis XI. De sa plume satirique et acerbe, l’auteur médiéval contribuait ainsi à alimenter la légende du roi tyrannique, injuste et cruel qui allait suivre longtemps le souverain du moyen-âge tardif (voir par exemple le verger du roi Louis de Théodore de Banville) (1).
O vous qui yeux avez sains et oreilles, Voyez, oyez, entendez les merveilles -, Considérez le temps qui présent court. Les loups sont mis gouverneurs des oueilles ; Fut-il jamais (nenny!) choses pareilles? Plus on ne voit que traisons à la court.
Je croy que Dieu paiera en bref ses dettes, Et que l’aise qu’avons sur molles couettes Se tournera en pouvretez contraintes. Puisque le chef qui deust garder droicture Fait aux pouvres souffrir angoisse dure Et contre luy monter larmes et plaintes.
Les bestes sont, les corbins et corneilles, Mortes de faim, dont peines non pareilles Ont pouvres gens : qui ne l’entend est sourd ! Las ! ilz n’ont plus ne pipes ne bouteilles, Cidre ne vin pour boire soubz leurs treilles, Et, bref, je vois que tout meschief leur sourt…
Seigneur puissant, saison n’est que sommeilles, Car tes subjectz prient que tu t’esveilles. Ou aultrement leur temps de vivre est court. Que feront-ils si tu ne les conseilles ? Or n’ont-ilz plus bledz, avoines ne seigles, De toutes parts misère leur accourt.
A grant peine demeurent les houettes. L’habillement des charrues et brouettes, Qu’ilz ne perdent et aultres choses maintes, Par le pillart* (allusion au roi) qui telz maulx leur procure, Auquel il faut de tout faire ouverture. Et contre luy montent larmes et plaintes.
(…)
Le peuple donc qu’en main tenez Ne le mettez à pouvreté, Mais en grant paix le maintenez, Car il a souvent pouvre esté, Pillé est yver et esté, Et en nul temps ne se repose : Trop est batu qui pleurer n’ose.
Croyez que Dieu vous punira Quant vos subgectz oppresserez; L’amour de leurs cueurs plus n’ira Vers vous, mais haine amasserez ; S’ilz sont pouvres, vous le serez, Car vous vivez de leurs pourchas* (leurs avantages, leur travail)…
Bien sûr, le contexte a changé et il ne s’agit pas de comparer la France de Louis XI à celle du XXIe siècle, et encore moins l’action de ce souverain à celle de nos dirigeants en date.
Si ce dernier a rien moins que tripler ou quadrupler l’impôt au cours de son règne, l’usage qu’il en fit reste sans commune mesure avec les politiques actuelles. Pour n’en dire que quelques mots, il modernisa, en effet, le royaume, mis à mal la féodalité et œuvra dans le sens de sa prospérité économique. A tout cela et pour mieux se resituer dans le contexte, il faut encore ajouter que Meschinot était pris activement dans le conflit qui opposait alors le roi de France à ses nobles et vassaux, sous la bannière de la ligue féodale du bien public auquel le duc de Bretagne avait adhéré.
Au delà de tout cela, il reste tout de même, de ces Lunettes des princes de Meschinotquelques belles leçons de morale politique qui continuent encore, aujourd’hui, de faire sens sur le fond.
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
(1) Sur les représentations complexes et paradoxales autour de la personne de Louis XI et notamment l’usage qu’en firent les romantiques du XIXe siècle, voir l’article de Isabelle Durand-Le Guern : Louis XI entre mythe et Histoire, Figures mythiques médiévales aux XIXe et XXe siècles, CRMH, 11.2004.
Sujet : spectacles historiques, salon, agenda médiéval, sortie historique, animations, compagnies médiévales, festival historique, histoire vivante. Evénement : Fous d’Histoire 2018 Lieu : Espace Le Tigre, Margny-lès-Compiègne, Oise, Hauts-de-France. Date : les 17 et 18 novembre 2018
Bonjour à tous,
e week-end, le salon Fous d’Histoire sera de retour à Margny-lès-Compiègne. Fondé il y a maintenant trois ans, l’événement a bien trouvé son public et semble s’installer dans la pérennité. Pour cette troisième édition, il continue de s’affirmer comme un grand rassemblement des compagnies spécialisées dans le spectacle, la reconstitution et/ou l’animation historiques. Comme à l’habitude, les visiteurs pourront ainsi retrouver, sur place, nombre de divertissements d’époque (Moyen-âge inclus), ainsi qu’un vaste marché d’exposants et d’artisans sur le thème de la passion pour l’histoire.
Spectacles, musiques et animations
pour tous et à tout heure
De nombreux ateliers ou activités permanentes sont prévues, sur la journée du samedi et du dimanche : métiers d’antan, jeux anciens (vikings, monde médiéval, etc…), mais encore spectacles animaliers ou animaux de la ferme pour les plus petits.
En plus de tout cela, cinq espaces scéniques installés pour l’occasion permettront d’assister à près de 80 animations par jour : concerts de musiques anciennes, renaissantes ou médiévales, spectacles, contes, théâtre, combats et escrime ancienne, conférences de Youtubers, mais encore activités plus participatives et initiations variées. Pour le cas où tout cela ne suffirait pas, d’autres spectacles sous forme de déambulations, à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace d’Exposition ou même du côté des stands, seront encore proposés aux visiteurs : rajoutons-en une bonne cinquantaine par jour pour vous donner une idée du fourmillement d’activités prévues, à l’occasion de ce grand salon.
Du côté marché de l’Histoire, les chiffres se tiendront dans leur fourchette habituelle avec près de 215 exposants attendus, ce qui en fait un des grands marchés thématiques annuels sur lequel il faut compter, sur l’ensemble du territoire.
Espérons que le blocage routier prévu ce samedi 17 novembre sur l’ensemble du territoire ne grève pas, outre mesure, le succès habituel de cet événement. Les organisateurs ont, en tout cas, pris les devants et donnent sur leur page Facebook quelques mesures utiles que nous vous invitons à consulter afin de vous organiser au mieux, si vous avez décidé de vous y rendre.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : poésie médiévale, littérature médiévale, auteur médiéval, ballade médiévale, poésie morale, réaliste, ballade, moyen-français, mort, vieillesse Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : « Il n’est chose qui ne viengne a sa fin» Ouvrage : Oeuvres complètes d’Eustache Deschamps, Tome V. Marquis de Queux Saint-Hilaire, Gaston Raynaud (1893)
Bonjour à tous,
uisqu’arrive le début du mois de novembre, il est de circonstance de penser à nos chers disparus et, à cette occasion, de se replonger un peu dans les conceptions médiévales de la mort.
Comme il a porté aux nues l’amour courtois, le moyen-Age a aussi beaucoup chanté le destin inéluctable qui nous conduit à notre propre finitude. De Jean de Meung et Rutebeuf à Villon, en passant par Michaut Taillevent, Jean Meschinot, Eustache Deschamps et bien d’autres encore, la camarde a traversé la poésie médiévale comme un constant rappel. Elle n’est pas tant perçue alors comme un grand vide inconnu, un néant dévoreur de consciences, mais plutôt comme un passage obligé entre deux mondes, au moins autant qu’une guide pour l’action aux services des valeurs chrétiennes.
La mort au présent dans le monde médiéval
remède contre la vanité des hommes.
« Vous vous moqueiz de Dieu tant que vient a la mort, Si li crieiz mercei lors que li mors vos mort Et une consciance vos reprent et remort; Si n’en souvient nelui tant que la mors le mort. » Rutebeuf – Le dit de la croisade de Tunis
Dans les poésies morales ou satiriques, elle fait ainsi figure indirectement de conseillère, ou disons d’un fait inéluctable à conserver à l’esprit si l’on veut avoir quelque chance d’échapper aux affres des enfers. Etape inévitable précédant le jugement, elle est celle qui rattrapera tôt ou tard, dans sa course, le puissant présomptueux, l’avide, le « convoiteux » ou le tyrannique. Et c’est encore elle dont l’approche fait se retourner le poète, entré dans son hiver, sur le temps passé et sur une vieillesse propice à le faire choir, même si, à l’image de Michaut Caron dans son passe-temps, on craint peut-être même plus le spectre de la misère, que celui de la mort. Au fil du moyen-âge, on finira par personnifier cette dernière de plus en plus et elle prendra des formes plus grinçantes et morbides, en s’invitant, dansante et goguenarde, dans ses représentations iconographiques comme un personnage à part entière.
On a quelquefois tendance à penser que le moyen-âge la chantait parce qu’elle était partout et que l’on n’avait finalement le choix que de l’avoir sous le nez. C’est un raccourci hâtif. Les guerres y étaient-elles plus meurtrières que celles de notre temps ? Non. Qu’on se souvienne simplement des millions d’enfants et de civils morts sous les bombes depuis la fin du XXe et le début de notre siècle pour s’en convaincre. Par ailleurs et quoiqu’on puisse, là encore, en préjuger, les auteurs du monde médiéval n’ont pas non plus attendu la peste noire et ses terribles ravages pour invoquer la camarde au secours de la morale. Le fait qu’on la trouve encore exposée aux gibets et aux fourches participe également d’une société qui l’enrôle dans sa marche de multiples façons.
Si la mort est omniprésence dans les esprits, c’est que le moyen-âge « l’embrasse ». Il l’invite même, quand elle n’est pas là, pour des raisons philosophiques et religieuses. Pour l’homme médiéval, elle fait partie d’une vision globale où le monde matériel et le monde immatériel ont le même degré de « réalité ». Elle se tient à leur frontière, prise dans un système de valeurs qui la met au cœur de l’action éthique et morale.
Modernité occidentale, la mort sous cloche ?
Il faut bien le constater, dans notre monde moderne occidental, indépendamment du fait que notre espérance de vie s’est améliorée, on a surtout tout mis en oeuvre pour qu’on meurt en silence et loin des regards : « penser à notre propre fin, certes, mais le plus tard possible » est un peu devenu la ligne à suivre. La mort, la vraie, pas celle de l’univers télévisuel, où se mêlent, derrière l’écran plat, morts d’actualité et morts fictionnels dans une véritable inflation, est-elle devenue indécente ? Recouverte de son terrifiant linceul, c’est en tout cas dans l’ombre qu’on la préfère et l’on rêve secrètement, plus que l’on ne l’a jamais fait, de la vaincre et de la faire reculer dans ce monde de matière même, sous la promesse d’une médecine et d’une science qui s’engagent, chaque jour un peu plus, à nous faire durer.
Sous la pression du matérialisme, la mort a donc indéniablement perdu de sa « superbe » même s’il convient, toutefois, de rester prudent dans ce genre d’analyses de surface. La société a certes organisé son éloignement manifeste sous la pression de divers phénomènes : laïcisation et recul de l’éducation religieuse – émergence d’une science moderne « toute puissante » qui allait bientôt prétendre faire reculer tous les mystères et toutes les fatalités – mouvement général d’individualisation (l’individu-client, laissé libre de ses choix, consommateur de spiritualité ou de religion et « faisant son marché ») et encore, corollaire de cette individualisation, éclatement de la famille traditionnelle (éloignement, placements des générations précédentes, et des personnes âgées,…)
De fait, une part importante des problématiques et des conceptions autour de la mort se sont beaucoup recentrées dans la sphère de l’espace privé à individuel mais cela ne signifie pas, pour autant que cette dernière s’y trouve vidée de toute substance spirituelle ou de tout rôle « actif » dans le cheminement de vie. D’ailleurs, hors de la sphère publique et quoiqu’elles projettent sur l’après-vie, nombre de pratiques religieuses ou spirituelles actuelles ont conservé à la camarde un statut « moral » d’importance . On vit alors avec elle, dans un esprit qui n’est sans doute pas très éloigné de celui qui gouvernait déjà au moyen-âge, même si la société ne vibre plus à cette unisson, au moins dans son espace public.
Eustache Deschamps, ballade Médiévale :
Il n’est chose qui ne viengne a sa fin
Au cœur du XIVe siècle, Eustache Deschamps nous parlait des quatre saisons de la vie et de la finitude de toute chose et c’est la ballade que nous avons choisi de partager avec vous aujourd’hui. Comme il s’agit de moyen-français, nous ne donnons ici que quelques clés de vocabulaire. Le reste demeure largement compréhensible.
Tout finit
Selon les temps et les douces saisons, Selon les ans et aages de nature, Selon aussi .IIII. complexions, Vient joie ou dueil a toute créature. Le sec aux champs, autre foiz la verdure, Folie et sens, povreté et richesce Es corps humains, force, vertu, jeunesce, Et puis convient tout aler a déclin, Arbres, bestes, gens mourir par viellesce : II n’est chose qui ne viengne a sa fin.
En jeune temps, nous nous esjouissons Pour le sang chaut; lors sommes plains d’ardure, Nos jeunesces et folies faisons Sanz y garder loy, raison ne mesure, Fors volunté; tout est en adventure, En cellui temps Cuidier* (croire, être présomptueux) nous point* (pique) et blesce; C’est le doulz May qui dormir ne nous lesse, Qui du vert bois nous monstre le chemin ; Lors a un coup fleur, fruit et vert delesse : II n’est chose qui ne viengne a sa fin.
Mais assez tost ceste chaleur laissons ; Après Printemps vient Esté qui po dure, Ou folement de noz vouloirs usons, Gastans noz corps en pechié et laidure. Autonpne après, moyenne saison, dure, Qui des .II. temps les fruiz meure* (mûrir) et adresse : Aux bien faisans les donne a grant largesce, Mais pareceux n’ont d’elle blef ne vin, Dont mainte gent muèrent en grant destresce : II n’est chose qui ne viengne a sa fin.
En Décembre fueilles cheoir veons D’arbres, de prez et venir la froidure ; Es chaux foyers pour ce nous retraions, Qui a de quoy, et qui non, si endure. Recorder fault sa fole nourreture, Ses maulx soufrir. De legier* (aisément) se courresse* (courroucer) Homs en ce temps qui de mal sent l’appresce* (l’oppression) Et li chéent* (choir) par viellesce li crin* (les cheveux); Ainsis s’en vont roys, ducs, contes et contesse : Il n’est chose qui ne viengne a sa fin.
Janvier, Février sont neges et glaçons, Ceuls sont de l’an la fin froide et obscure; En cel aage la teste blanche avons, En déclinant vers nostre sépulture ; Nous sommes lors chargans et plains d’ordure Hors du doulz May de joie et de leesce* (liesse). La vient la Mort qui sonne nostre messe, Car riens qui naist n’eschive son chemin Qui par ce pas sa voie ne radresce* (redresser) : Il n’est chose qui ne viengne a sa fin.
L’envoy
Prince, empereurs, rois, dames et barons, Religieus, peuples, considérons Que tuit sommes du monde pèlerin Et qu’en passant nous y trespasserons; Faisons donc bien et le mal eschivons : Il n’est chose qui ne viengne a sa fin.
En vous souhaitant une excellente journée et un bon week end de la Toussaint.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
Sujet: art martial, combat médiéval, marché médiéval, Béhourd, reconstitution historique, histoire vivante. Fédération Française de Béhourd Période: moyen-âge central à tardif Evénement : Tournoi de Béhourd des Andélys, Championnat de France Date : le samedi 13 octobre 2018 Lieu : Les Andelys, Eure, Normandie.
Bonjour à tous,
oujours du côté de l’agenda médiéval de cette fin de semaine, les amateurs de fer croisé à l’ancienne et dans les règles qui se trouveront dans les parages de la Normandie pourront assister à un grand tournoi de Béhourd aux Andelys.
L’événement, qui se tiendra le samedi 13 octobre en journée, verra s’affronter des équipes en armures d’époque reconstituées et armes au poing, en mêlée 5 vs 5. Il comptera pour les championnats de France de la discipline. Sur place, on pourra encore trouver un marché autour de l’équipement médiéval, ainsi que du quoi se sustenter.