Sujet : festival, concerts, monde celtique, cultures viking, animations médiévales, reconstitution, fêtes, évocation historique, pagan folk, folk médiéval, Evénement : Nemours Solstice Festival Lieu : Ormesson, Nemours, Seine-et-Marne, Île-de-France Dates: les 22 23 et 24 juin 2018
Bonjour à tous,
rganisé par l’Association Nemours-Médiéval qui, depuis 2005, a déjà à son actif la création de nombreux événements, fêtes et marchés sur le thème du moyen-âge (dont notamment les médiévales de Nemours), ce grand festival de trois jours, baptisé le Nemours Solstice Festival qu’elle nous propose ce week-end, se pose d’emblée comme un rassemblement de taille.
Un programme ambitieux
pour un grand rassemblement festif
Avec près de 37 compagnies , troupes et artistes spécialisés dans la reconstitution ou l’évocation historique et médiévale, plusieurs centaines de médiévistes devraient y être présents et l’espace réservé aux campements s’annonce déjà rien moins qu’imposant avec des thèmes aussi variés que les cultures viking, celtes, mais aussi écossaises.
Sur place, un grand marché artisanal promet aussi un large achalandage de produits d’inspiration médiévale puisque plus de soixante échoppes et exposants y sont attendus.
Mesnies, compagnies médiévales et artistes présents
(campements celtes, viking, écossais)
Terracrom – Sepa Hystos – Aventuriers d’un autre temps – Vikingar – Managram – La Geste de l’Hurepoix – les Barbiers fous – Les Gueux d’Smur – Les frères d’armes – Les trimardeuses – Cie ordre du pic du jour – Cie les Héritiers du Dagr -Entre chien et jeu – Midgarfolkar – Compagnons de la mémoire d’antan – Maisnie des Griffons – Mesnie de la Fortelle – La Maisnie du Val de Loing – Lous Cans Thancayres – La Trace du Geste – Branno Teuta – Cie Templière Armée de Villedieu – La Ferme médiévale du Chaineau – Harold Jenking – Jean de Boiscommun -Holmgeir Ottoson – Cie Pater Patriae – Campement de l’Enchanteresse – Mesnie d’Augerolles – Fabricae – Le Petit Paon – Cie Agartha – Cie Moriquendi – Cie Bric à Brac – Récréation pour tous – Tribu d’Af’avel.
Grands concerts tout au long de l’événement
n plus du marché médiéval et des nombreuses animations en continu – ateliers, démonstrations, scénettes, etc… – que tous les reconstituteurs, artistes et bateleurs présents se chargeront de faire tout au long du festival, des spectacles de feu émailleront également les festivités et il faudra aussi compter sur de nombreux concerts puisque l’événement se positionne résolument comme un véritable festival, au sens musical du terme. Six groupes y sont ainsi prévus qui s’enchaîneront tout au long des journées et des nocturnes à un rythme endiablé.
Groupes attendus
Au programme rock celtique, pagan folk, folk médiéval avec Celkilt, Barbarian Pipe Band, Pagan Noz, In Vino Veritas, Acus Vacuum et Ethnomus.
Une célébration du solstice en musique
dans un carré de verdure
u point de vue du site, le Nemours Solstice Festival a choisi de s’installer à environ une heure de route au sud de la capitale, près du Village d’Ormesson, à quelques encablures de Nemours. Un vaste espace de verdure y a été ménagé, au coeur d’une forêt, pour accueillir l’événement et les festivaliers. Il devrait fournir le cadre idéal pour festoyer, ripailler et se divertir cette fin de semaine, en célébrant dignement le solstice d’été.
Sujet : agenda, fêtes médiévales, animations, compagnies, marché médiéval, moyen-âge festif, événement médiéval. troupes et reconstituteurs. Lieu : Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine.Bourgogne-Franche-Comté, Centre Val-de-Loire Evénements: fêtes et animations médiévales Dates : du 16 au 17 juin 2018
Bonjour à tous,
our ceux qui ne seront pas du côté de la Normandie, pour assister au Festival North’Fest 2018, voici une sélection d’autres fêtes médiévales s’étalant sur les deux jours de fin de semaine.
Les Ducales de Guise
Fête et marché médiéval
Lieu : Château-fort de Guise, Aisne, Hauts-de-France Dates : les 15, 16 et17 juin 2018
Les premières traces datées du château-fort de Guise remontent au Xe siècle. L’édifice militaire à depuis été maintes fois remanié. Des Seigneurs et duc de Guise en passant par la main royale de Philippe-Auguste, il a été, à travers sa longue histoire le théâtre d’un grand nombre d’événements.
Le bâtiment se trouvant menacé au milieu du XXe siècle, l’association Le Club du Vieux Manoir fut alors créée pour en assurer la préservation et la restauration. sauvant ainsi le château et son donjon d’une destruction certaine. C’est cette même association qui organise les Ducales de Guise qui se tiennent dans l’enceinte et à l’ombre des vieilles pierres du vénérable Château-fort. De nombreuses animations et spectacles, y sont prévues, ainsi qu’un marché médiéval
Compagnies et troupes médiévales présentes
La Compagnie de France – Les Regrattiers d’Histoire – Les Chevaliers de la Montagne Couronnée – La Compagnie Chevaleresque du Saint-Esprit – La Ferme itinérante du Chaineau – Machina Silente – Celestiaes
Lieu : Hiers-Brouage, Charente-Maritime, Nouvelle-Aquitaine. Dates : les 16 et17 juin 2018
Organisée par les Associations B.E.C. Passion et Féeries Vénitiennes en collaboration avec les partenaires locaux, il s’agit de la 5ème édition de cette fête qui célèbre l’Histoire au sens large. Au travers des troupes de reconstituteurs invitées,la manifestation couvre une période s’étalant du moyen-âge, à la deuxième guerre mondiale.
En plus de ses parades déambulatoires, ses animations et spectacles d’époque, cette célébration propose également un Salon du livre historique et on trouvera encore sur place un marché d’une trentaine d’exposants entre gastronomie, art et artisanat.
Compagnies présentes
Olivier Varanceau – Calida Costa – Chevaliers Pourpres – Les Lames Bertrandaises – Les Pieds Poudreux – Les Bateleurs – Poudrée Masquée – Victoire – Bec Passion – Fééries Vénitiennes – 32e Fab – MVCG armée de Libération – CD 17 Escrime – Scenistorics – La Guilde d’Aquitaine – Green Oak Valley – 79eme de ligne et la Garde Chauvin
Lieu : Henin-Beaumont, Pas-de-Calais, Hauts-de-France Dates : les 16 et17 juin 2018
rganisée pour la quatrième année consécutive par l’Association de Danses anciennes et Historiques Les Pas d’Antan, en collaboration avec la municipalité de Henin-Beaumont, cette édition des Médiévales de Henin-Beaumont promet encore, cette année, un rendez-vous de qualité et de belles animations : prouesses équestres, démonstration de fauconnerie, spectacles de feu en nocturne le samedi, auxquels viendront se joindre musique, danses et bateleurs. La fête proposera encore des campements animés dont un sur les voyageurs à l’époque viking.
Compagnies médiévales,
artistes et reconstituteurs
Vel Vinatta – L’Ost du Val-de-Roost – Merlin – Fusstbusse – Perceval et le vieux sage – Fauconnerie di Pienta – Ferme Itinérante du Chaineau – La Compagnie des Chasseurs de Dragon du Sedan – Sanctae Crucis Fratres – La Confrérie du Cerbère – Ballarom Compagnie – Les Pas d’Antan – L’hypocrate Spectacles Equestres
Des échoppes et exposants se tiendront également sur place et bien sûr, on y trouvera encore largement de quoi ripailler et festoyer.
Marsat fête François 1er et la renaissance
Avec Les Marsiales 2018
Lieu : Marsat, Puy-de-Dôme, Auvergne Rhône-Alpes Dates : les 16 et17 juin 2018
Après les Médiévales de Montferrand et non loin de la capitale auvergnate, c’est au tour de la cité de Marsat de célébrer, cette fin de semaine, ses « médiévales ».
Il est question ici de Moyen-âge très tardif et même de renaissance, puisque la cité entend revenir en 1533, date à laquelle elle fut visitée par le roi François 1er en personne. En plus des animations prévues : musique, théâtre, art de rue et danses d’époque, mais aussi tournois, joutes, fauconnerie, etc…, on pourra aussi, tout au long du week-end, assister à divers événements et parades remettant en scène la visite de la tête couronnée à Marsat.
Compagnies présentes
Compagnie Vire et Volte – Compagnie Outre Mesure – Compagnie Moriquendi – Légendes D’Oisels fauconneries – Les imaginaire du 4ème mur
Pour la partie vie quotidienne et démonstration (combats, artisanats,…), des camps médiévaux seront également installés sur place par les compagnies de reconstituteurs et on pourra aussi, pour la partie marché, trouver une trentaine d’échoppes d’exposants et d’artisans. Le samedi soir, la fête sera agrémentée d’un banquet renaissance animé suivi d’un bal.
Fête Médiévale du Château de Selles-Sur Cher Lieu : Selles-sur-Cher,
Loir-et-Cher, Centre-Val de Loire Dates : les 16 & 17 juin 2018
Animations médiévales, échoppes Programme & site du château
Animations médiévales
au château de Chevreaux Lieu : Chevreaux, Jura,
Bourgogne-Franche-Comté Dates : les 16 & 17 juin 2018
ateliers, animations médiévales et Site du château de Chevreaux
Les Pontorsonnades Lieu : Pontorson,
Manche, Normandie Dates : les 16 & 17 juin 2018
Animations médiévales, échoppes Programme, site de la municipalité
Fête Médiévale de Mouy Lieu : Mouy,
Oise, Hauts-de-France Dates : les 16 & 17 juin 2018
Animations médiévales, marché Facebook de l’événement
La 4ème édition de la
Fête Médiévale de Janvry Lieu : Janvry
Essonne, Île-de-France Dates : les 16 & 17 juin 2018
Animations, spectacles, béhourd Site de l’événement
Une Aventure Médiévale et Fantastique au Château de Vallin Lieu : Saint-Victor de Cessieu
isère, Auvergne-Rhône-Alpes Dates : les 16 & 17 juin 2018
Animations médiévales, échoppes Site du château
En vous souhaitant une excellente fin de semaine.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : festival, concerts, monde viking, animations médiévales, reconstitution, fêtes, évocation historique Période : fin haut moyen-âge, Xe siècle Evénement : North-fest 2018 Lieu : Chapelle-Saint-Ouen, Seine-Maritime, Normandie. Dates: les 15, 16 et 17 juin 2018
Bonjour à tous,
ette fin de semaine, North’fest, le plus rock des festivals viking ou le plus viking des festivals rock revient en Normandie, à quelques lieues de Rouen et à la Chapelle-Saint-Ouen.
Concerts & DJ’s jusqu’au bout de la nuit
Pour sa 19eme édition, cet événement, mêlant évocation historique viking et concerts endiablés, confirmera plus que jamais sa vocation musicale avec près de quinze groupes présents et une grande nocturne jusqu’au bout de la nuit, le samedi soir. Comme pour l’édition précédente, le dernier après-midi du festival, celui du dimanche, servira encore de tremplin à de jeunes groupes montants.
Groupes présents à l’édition 2018 Lénine Renaud – Blue Butter Pot – GHB – DJ’s Cyanure & Dyvad – Flor de Fango – Brassen’s not dead – Iphaze – Noflipe – Yallah – DJ Law – Living West – Orange yeti – Ricky Dozen
Village viking, réconstituteurs et marché médiéval artisanal
Comme chaque année, de nombreuses troupes de reconstituteurs spécialisés dans le monde viking seront sur place, ce week end, pour animer le lieu de leurs démonstrations, ateliers et combats. La fête sera également agrémentée d’un marché médiéval artisanal aux couleurs nordiques et historiques lui aussi et du côté ripailles et boissons fraîches, les organisateurs se sont encore chargés de s’assurer que rien ne manquera.
Le projet North park
Initié en 2017, le projet de construction à terme, sur site, d’un village de 4000 m2, à la découverte des vikings sédentarisés de la fin du haut moyen-âge, reste d’actualité. Piloté par l’Association Thor Park, il fait même toujours l’objet d’une campagne Ulule appelant au soutien (un certain nombre d’avantages y sont notamment offerts pour les donateurs, en relation avec le festival). En plus de tout le reste, l’événement fournira donc aussi une belle occasion de s’immerger dans ce projet original et d’en découvrir les avancées.
Sujet : auteur médiéval, biographie, portrait, Espagne Médiévale, Europe médiévale, Alphonse XI, conflits nobiliaires, régences, Période : Moyen-âge central (XIIIe & XIVe siècle) Auteur : Don Juan Manuel (1282-1348) Ouvrage : « Le comte Lucanor » par Adolphe-Louis de Puibusque (1854)
Bonjour à tous,
‘aventure d’aujourd’hui nous entraîne en direction de l’Espagne médiévale du XIVe, à la découverte d’un noble espagnol qui marqua son temps, tant par ses hauts faits que par ses écrits. Son nom est Don Juan Manuel et il fut duc et prince de Villena, et également seigneur de Escalona.
De futures publications nous fourniront bientôt l’occasion de parler plus avant de son legs écrit et notamment de son ouvrage le plus connu : « El Conde de Lucanor » ou le comte de Lucanor, mais pour l’instant et dans cet article, nous nous attacherons à donner sur sa personne des éléments autobiographiques.
Sur les pas de Adolphe-Louis de Puibusque
premier traducteur français du comte Lucanor
Quand de grands hommes s’opposent, faut-il nécessairement que l’un d’eux soit le héros et l’autre le félon ? Sous la pression de leurs commanditaires, les chroniques médiévales ont souvent cédé à la tentation de présenter les choses de manière manichéenne et Don Juan Manuel s’est trouvé quelquefois jugé de manière lapidaire contre le roi Alphonse XI, (neveu d’Alphonse X dont nous parlons souvent ici). La chose était d’autant plus vrai que l’Histoire avait fait de ce souverain, « un justicier » (puisque c’est un des ses surnoms) et encore un héros de la lutte contre l’invasion sarrasine, ce qu’il fut aussi.
Pour faire justice à l’auteur, autant qu’à l’Historiographie, dans le courant du XIXe siècle, l’écrivain et traducteur français féru d’histoire Adolphe Louis de Puibusque (1801-1863) faisait paraître une traduction des oeuvres de Don Juan Manuel et, dans une large introduction, il tentait de restituer un peu de vérité historique sur l’auteur. Ce sont ses pas que nous suivrons ici. Cette saga nous entraîne dans une Espagne déchirée par des conflits nobiliaires à rebondissement qui, par leur nature, ne sont pas sans rappeler les pages les plus haletantes de certains roman d’aventure médiévale moderne. Elle vont même jusqu’à se teinter, par endroits, de fantastique et on pense parfois en les lisant, à certaines intrigues des rois maudits ou même encore, plus près de nous, au Trône de Fer de GRR Martin.
L’enfance d’un noble
& la confiance de deux rois
Né à Tolède, en 1282, de Manuel de Castille et de Béatrice de Savoie, Don Juan Manuel est le petit fils de Ferdinand III, roi de Castille, de Tolède, de léon et de Galice et il est aussi le neveu de Alphonse X de Castille dont nous avons souvent parlé ici. Cette lignée royale s’est soulignée par sa grande érudition culturelle autant qu’un souci de promotion du castillan, et l’éducation du noble auteur dont nous parlons aujourd’hui n’échappa pas à la règle. Aux côtés des arts militaires, Don Juan Manuel acquit de solides bases dans les matières de l’esprit (histoire, droit, théologie) ainsi qu’en langues (le latin et l’italien faisant partie de son bagage, en plus du castillan).
Devenu orphelin de père à deux ans, il fut élevé sous la tutelle de son cousin Sanche IV, roi de Castille et de Léon, encore connu comme Sanche le brave, lui-même fils d’Alphonse X de Castille et qui, à la mort de son frère aîné, avait réclamé le trône devant ses neveux, en occasionnant quelques tensions avec le roi. Quoiqu’il en soit l’histoire conte que les deux hommes Sanche et Don Juan Manuel furent très liés et que le château de Pañafiel qui devint la demeure de ce dernier est le résultat d’une faveur royale et de cette amitié.
(ci-contre portrait du roi Sanche IV de Castille par José María Rodríguez de Losada (XIXe)
A sa mort, Sanche laissera le trône à son propre fils Ferdinand IV. Le règne de ce dernier fut court puisque le souverain mourra à 26 ans, d’une maladie foudroyante dont la légende dit qu’elle lui fut mandée par un homme qu’il avait fait injustement condamné. Avant de mourir ce dernier, l’invectiva en effet en lui prédisant qu’il mourrait sous trente jours et effectivement trente jours plus tard, le roi décédait inexplicablement. Légende médiévale ? C’est fort plausible. Une histoire similaire se répéta, dit-on, un an plus tard en France entre Philippe le Bel et le grand maître du temps (qui semble-t-il est le fruit de l’imagination d’un historien italien du XVe).
Quoiqu’il en soit, à sa mort, Ferdinand IV laissait derrière lui une ligue formé autour d’un de ces frères (Don Pedro) que sa propre défiance avait peut-être contribué à créer. Le souvenir d’un père ayant ravi le trône à son propre neveu l’avait-il rendu méfiant? L’histoire ne le dit pas. Pour revenir à notre auteur du jour, durant son règne, Ferdinand IV lui accorda sa confiance en le faisant nommer Sénéchal, Un peu avant sa mort, le roi lui confiera même, le royaume de Murcie, ainsi que la mission d’étouffer les futures ambitions de son frère Don Pedro, pour laisser libre champ à l’héritier légitime, son propre fils. Don Juan Manuel n’a alors pas encore trente ans mais il a déjà derrière lui une longue carrière militaire et quelques faits notables. L’histoire dit en effet que, dès l’âge de 12 ans, il guerroyait déjà avec vaillance pour repousser les invasions maures à Grenade et Murcia.
Les déchirements autour de la régence
Le roi Ferdinand IV mort, il laisse derrière lui trois enfants dont un héritier, un jeune fils, âgé de 1 an, Alphonse XI et une veuve, la reine Constance du Portugal. A leurs côtés, on trouve Juan de Castilla, oncle du futur roi et fils d’Alphonse X ( Jean de Castille, autre Don Juan à ne pas confondre avec celui qui fait l’objet de cet article, ou même encore avec les rois Juan I et Juan II de Castille). Fidèle à la promesse faite au défunt roi, Don Juan Manuel prendra ce parti. Face à eux, la reine mère et régente María de Molina se liguera bientôt avec son fils Don Pedro (Pierre de Castille) pour leur disputer le pouvoir.
Don Juan de Castille & Don Pedro
Un an plus tard, la jeune reine Constance mourra, laissant libre le champ à la reine mère et atermoyant ainsi quelque peu les tensions. Don Pedro et Juan de Castilla seront alors proclamés tous deux, tuteurs du futur roi. En l’absence d’intérêts convergents manifestes, de coordination et de directions claires, l’étrange arrangement de ce triumvirat dont la reine forme la troisième tête, ne tardera pas à donner lieu à des tensions entre les différentes parties. Si elles n’atteindront pas, dans un premier temps, celles qui sévirent un peu plus tard en France avec le conflit des armagnacs et des bourguignons, les suites sanglantes qu’allait lui donner l’Histoire, quelque temps après, sous le règne futur d’Alphonse XI portèrent, sans doute, quelques uns de ses fruits gâtés.
Don Juan Manuel, quant à lui, en essuya assez vite quelques plâtres puisque Don Pedro tenta de lui reprendre quelques terres et domaines qui lui avait été précédemment concédés. L’homme ne se laissa pas faire et pour y surseoir, se délia même de son serment de vassal et entreprit de piller les terres du prétendant, ce qui finit par régler le conflit. On reconnut ainsi bien vite à Don Juan Manuel le bien fondé de ses propriétés et l’on comprit au passage, si l’on ne le savait déjà, qu’il n’était pas homme à prendre à la légère.
Du côté de la gouvernance de l’Espagne, l’année 1319 mit bientôt d’accord les deux tuteurs Juan de Castille et Don Pedro d’une manière assez radicale. Réunis en effet sous la même bannière, à l’occasion d’une bataille contre le sultan de Grenade, (la bataille d’Elvira), les deux seigneurs espagnols périrent tous deux sur le champ de bataille et semble-t-il, sans que le fer, ni l’estoc de l’ennemi sarrasin n’y soit pour rien; on conta que le premier noble tomba de sa monture alors qu’il n’était engagé dans aucun combat et qu’il en périt, mais le comble, on dit encore qu’apprenant la nouvelle, quelques instants après, le deuxième noble fut pris à son tour d’un malaise inexplicable et qu’il trépassa, à son tour, sans qu’on put rien y faire et alors qu’on l’évacuait du champ de bataille : foudre de Dieu ?, Confusion, légendes inventées après coup ou plutôt chute accidentel de cheval, apoplexie, déshydratation, ou effet d’une chaleur de plomb ? Les historiens n’ont, à ce qu’il semble, toujours pas tranché sur cette étrange farce du destin.
Don Felipe de Castilla et Juan de Haro,
le temps de la guerre
A la mort des deux tuteurs, Don Juan Manuel offrit ses services à la reine pour prendre, à son tour, la régence. Il a le droit de son côté et peut-être aussi que le devoir l’y pousse. Comme rien n’est jamais simple, la souveraine qui a peut-être le mauvais souvenir des tensions ayant opposé l’homme à son fils mais qui semble aussi bien décidée à promouvoir à tout prix ses propres enfants aux poste-clés, accepte la demande du noble tout en enjoignant un autre de ses fils, Felipe de Castilla (Philippe), de faire tout son possible pour entraver la chose. Ce dernier tendra un piège à Don Juan Manuel pour tenter de l’enlever, puis, devant son échec, mandera encore un exercice pour l’affronter mais c’est sans compter sur l’expérience militaire de Don Juan Manuel autant que sa puissance. A l’époque, l’homme à en effet à son service une armée de plus de 800 cavaliers et plusieurs milliers de fantassins. Devant le fait, l’opération capotera lamentablement sans qu’on est même eut à batailler.
La nature a horreur du vide et le pouvoir plus encore. La manoeuvre grossière ayant échoué, la reine se trouvera en position délicate et, à la faveur de ces circonstances, un autre noble se rapprochera d’elle, tout en entendant bien jouer sa carte dans les affaires de régence et de pouvoir. Il a pour nom Juan de Haro, dit encore Juan el tuerto (Jean le Borgne), et il n’est autre que le fils du défunt Juan de Castille, mort au combat sans combattre; par le sang, il est donc aussi cousin du futur roi. (ci-dessus les armoiries de la maison des Haro)
Peut-être sous l’influence de l’infant Felipe et du nouveau noble entré en lice, la reine finira par ôter le titre de grand sénéchal à Don Juan Manuel. Isolée par cette nouvelle maladresse et sous la pression des influences, elle finira par perdre la régence tandis que le conflit entre Felipe et le prince de Villena se résoudra bientôt par un pacte de non agression et un serment prêté devant l’église.
Las !, la promesse de la paix retrouvée ne sera qu’un mirage de courte durée et, à la mort de la reine, les luttes pour la régence et le pouvoir se poursuivront, cette fois, entre Felipe et Juan De Haro, pour finir par éclater bientôt en un conflit militaire et ouvert, aux allures de guerre civile. Les échauffourées entre les deux seigneurs gagneront bientôt leurs vassaux, des factions émergeront, certains civils s’en mêleront et on entretiendra même des hordes de brigands qui dévasteront tout sur leur passage : pillage, rapine, meurtre, exaction, c’est un véritable déchaînement de violences dans une Espagne meurtrie par ses luttes intestines. Des deux côtés, on met les cités de la partie adverse à sac et on va même jusqu’à en assassiner les notables. Bien qu’étant aussi l’un des tuteurs du roi, il semble que, durant le sanglant épisode, ces déchirements et ses exactions aient plus concerné les deux nobles susnommés que Don Juan Manuel. Quant au conflit entre Don Felipe, l’oncle du roi, et Don Jean de Haro, son cousin, Il fallut que l’enfant roi devint majeur pour y mettre un terme.
L’enfant fait roi
Le rêgne d’Alphonse XI
Dans l’Europe du moyen-âge central, les monarques se suivent et ne se ressemblent pas toujours et quand le pouvoir est centralisé de manière si forte autour d’une seule personne, ils finissent par marquer invariablement leur pays de leur empreinte, pendant leur années de règne. A la dureté du contexte et des crises, peut-être fallut-il que l’Espagne donne naissance, à ce moment précis de l’Histoire, à un roi à la main forte. De fait, on le surnomma le justicier et, à en juger par certains faits dont il fut comptable, Alphonse XI n’usurpa pas sa réputation d’impitoyabilité.
(ci-contre portrait de Alphonse XI de Castille, par Francisco Cerdá de Villarestan (XIXe), Musée du Prado, Madrid)
Dès son accession au pouvoir, en 1325, les trois tuteurs furent de fait, écartés de la régence mais aussi de l’oreille du roi. Les exemples qu’ils venaient de laisser de leur capacité à mener le pays avaient sans doute jouer contre eux mais il en fallait plus pour que les déchirements cessent. Ainsi, le reste est encore fait d’intrigues et de luttes de pouvoir.
De son côté, il semble que Felipe ait réussi à tirer son épingle du jeu en conservant quelques influences à la cour, mais sa mort en 1327 y mettra fin; trois hommes auxquels on prête une influence certaine auprés du roi, virent bientôt s’imposer dans les jeux de pouvoir: Álvar Núñez Osorio, Juan Martínez de Leiva y Garcilaso I de la Vega. Les luttes qui en suivront sont, en partie, souterraines puisqu’elles opposent ses nouveaux conseillers de cour ambitieux aux deux anciens tuteurs Juan de Haro et Don Juan Manuel, considérés alors comme des rivaux potentiels. Faut-il pour autant supposer que le roi s’est laissé totalement manipulé ? Difficile de l’affirmer, au vue du contexte et des crises passées, peut-être avait-il hérité, lui aussi, d’une méfiance naturelle envers de trop puissants vassaux ?
Fausses promesses et froids assassinats
Sachant leur position devenue délicate, Don Juan Manuel et son neveu Juan le Haro formèrent bientôt une alliance qui, comme souvent au Moyen-âge, quand on les voulait fortes et pérennes passait par un mariage. Ainsi le noble promis au borgne sa fille Constanza (âgée alors de 9 ans) et on s’apprêta à célébrer les noces. Sous la pression de ses conseillers ou simplement parce que la présence de ce nouveau contre-pouvoir l’inquiétait, le roi Alphonse XI contra l’alliance en s’interposant de la manière la plus imparable qui soit. Il demanda en effet d’épouser lui-même la jeune princesse. Don Juan Manuel y souscrira de bonne grâce et sur la foi de cette promesse, il servira même les intérêts du nouveau roi en partant en campagne pour lui.
En réalité, soit que le roi n’en ait jamais eu l’intention, soi que les suites de l’Histoire ne le permirent pas, ce mariage ne fut jamais mené à son terme. Sur son intention véritable pourtant et en s’avançant un peu, quelques subterfuges dont il usa juste après la promesse faite à Don Juan Manuel, laissent à supposer que ce n’était pour lui qu’un moyen politique de contrer l’alliance, même si on avait célébré les fiançailles avec faste. C’est en tout cas certainement ce qu’en pensa Don Juan Manuel. Dans le même temps, bien décidé à éliminer tout contre pouvoir potentiel, Alphonse XI fera, en effet, froidement assassiner Juan le borgne (son cousin) après lui avoir promis la main de sa soeur. Nous sommes en 1326, le souverain n’a alors que 16 ans et quelque soit l’influence que l’on peut prêter à de fallacieux conseillers, la scène est si brutale et la manoeuvre si perfide qu’elle pourrait être digne d’un épisode ou d’un chapitre du trône de fer.
Rendu méfiant par les rumeurs sur les intentions de la couronne et sachant que certains des conseillers veulent sa peau, malgré la proposition qui lui est faite d’épouser la soeur du roi, Juan le Haro refusera de se rendre à une convocation du souverain. On lui donnera donc rendez-vous sur un terrain plus neutre et Alvar Nuñez en personne, viendra assurer l’homme des bonnes intentions de la couronne à son égard. Juan le Haro finalement mis en confiance, on pourra l’entraîner dans un piège impitoyable auquel Alphonse XI garde son nom entaché. Après avoir convié l’homme à table, on le fera, en effet, égorger pendant le repas avec deux de ces vassaux avant de jeter un drap noir sur la scène et de le déclarer traître non sans s’approprier, au passage, ses fiefs et ses domaines. Etroitement associé au crime, Alva Nuñez s’y taillera une belle part et héritera même d’un château.
Don Juan Manuel contre le roi
Après avoir appris les faits, Don Juan Manuel rendu méfiant quittera l’armée royale pour se retirer en Murcie. Le roi déchaînera alors sa fureur contre les anciens alliés du noble et répudiera la fille de ce dernier, la faisant même enfermer, pour se promettre de son côté à la princesse Marie-Contance du Portugal. Devant les faits, Don Juan Manuel se déliera de ses obligations envers le roi et formera même une ligue contre lui. (ci-dessus armoiries de Don Juan Manuel)
Le conflit sévira alors., la ligue de Don Juan Manuel d’un côté et de l’autre les conseillers du roi rapidement élevés dans leur statut et leur pouvoir à de plus haut rangs nobiliaires. Le souverain a fait le vide autour de lui, il ne lui reste d’autres choix. Face à la disgrâce du conflit et de ces déchirements entre chrétien, Le pape Jean XXII finira même par s’en mêler.
(portrait supposé de Don Juan Manuel, Cathédrale de Murcia)
De son côté, Alva Nuñez que l’on rend comptable d’une bonne partie de ces conflits finira, bientôt, assassiné sur ordre du roi et sur un mode opératoire semblable à celui qu’il avait lui-même utilisé pour venir à bout de Juan de Haro. Sa méfiance endormie par un de ses anciens alliés, venu lui faire une visite de courtoisie, Nuñez serapoignardé dans le coeur par ce même homme mandaté en réalité par la couronne. Et comme on ne change pas une recette quand elle est bonne, ce dernier recevra, en échange de ses loyaux service et à son tour, le château de sa victime.
Après cela le roi tentera encore de tendre un piège à Don Juan Manuel pour l’assassiner mais ce dernier ne tombera pas dedans. Qui peut encore faire confiance à un homme qui a fait assassiner deux hommes dans leur dos, fusse-t-il roi, et qui en plus a fait enfermer votre propre fille et refuse de la libérer ?
L’union face à l’envahisseur sarrasin
Il faudra encore de longues années pour que le conflit s’apaise et que les deux parties s’unissent. il faudra que le roi montre sa mansuétude et qu’ayant longtemps et de la manière la plus cruelle, assiégé la forteresse de son cousin Don Juan Nuñez, autre allié de Don Juan Manuel, il accorde finalement à l’homme sa merci et le nomme même à ses côtés pour faire un pas dans la bonne direction et restaurer un peu de la confiance qu’il avait depuis si longtemps et par ses actes, perdus. Après quelques tractations menées par des intermédiaires auprès de Don Juan Manuel, la réconciliation suivra… à temps.
De leur côté, les musulmans d’outremer se sont unifiés et ont levé, dit-on, une armée de soixante mille cavaliers et quatre cent mille fantassins avec laquelle ils promettent d’envahir cette fois toute l’Europe. Un peu plus tard, face à la dureté des affrontements avec l’envahisseur et devant la nécessité de nouveaux moyens, Alphonse XI finira même par céder à la demande du Portugal de relâcher la fille de Don Juan Manuel. Le souverain portugais d’alors entend en effet lui faire épouser son héritier Pierre Iᵉʳ et le souverain espagnol y consentira, contraint par la nécessité dit-on, après avoir d’abord refusé. Dix avaient passé depuis ses fiançailles avec elle, dix ans retenue prisonnière, comme les princesses des contes. On ne sait pas vraiment si c’est par jalousie que Alphonse XI ne voulut toujours pas, dans un premier temps, la faire libérer. La princesse a laissé en tout cas un témoignage éloquent de ses états d’âme et de ses vues sur le roi dans une lettre qui nous est parvenue de cette période.
Pour, le reste de l’histoire, à près de soixante ans, Don Juan Manuel se battit loyalement et valeureusement aux côtés du roi et fut l’artisan de nombreuses victoires contre les maures. Ses faits et son héroïsme entrèrent pour longtemps dans la légende de l’Espagne, autant que le fit Alphonse XI pour ses grandes campagnes d’alors contre les sarrasins.
Dans une vie troublée par tant de luttes intestines, notre auteur du jour trouva tout de même le temps de léguer à la postérité quelques écrits qui firent date. Comme nous le disions en introduction, nous aurons bientôt l’occasion d’en publier quelques extraits ici mais nous voulions dans un premier temps, faire une large place à sa vie politique et militaire, d’abord parce qu’elle nous ait assez bien connu, ensuite parce qu’elle nous fournit l’excuse de faire un détour par l’histoire de l’Espagne médiévale.
Encore une fois, avec quelques nuances, il ne s’agit que d’une brève synthèse des pages de son biographe, cité en introduction. En plus de leur qualité de plume, ces dernières portent en elles toute la force de conviction que pouvait parfois porter l’histoire du XIXe dans ses grandes envolées narratives et lyriques. Elle n’avait pas toujours raison, mais tout de même, qu’elle était belle à lire quand elle savait se charger de véritables qualités littéraires, aussi nous ne pouvons que vous enjoindre si le sujet vous intéresse et pour plus de détails, d’aller puiser directement à leur source.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE
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