Sujet : musique ancienne, folk, chanson traditionnelle anglaise, version pour flûtes et clavier, version instrumentale. Période : XVIe, début de la renaissance, toute fin du moyen-âge. Titre : Lady Greensleeves, Greensleeves Interprète : Orlan Charles (chaîne youtube)
Bonjour à tous,
ous vous proposons un post léger pour commencer l’année dans la bonne humeur et en musique avec une version instrumentale de Greensleeves, interprétée par un quartet à une seule tête. Orlan Charles est, en effet, un musicien brésilien, instrumentiste, touche à tout (clavier, cornemuse, flûte, percussion) qui s’est fait une spécialité des « cover » et compositions multi-instrumentales maison, sur sa chaîne youtube.
La version de Greensleeves qu’il nous propose ici est, en réalité, la reprise d’une version enregistrée par le groupe brésilien Musikantiga qui, dans les années 70, suivirent, comme de nombreux autres, la vague revival folk qui émergea alors et qui inspira une partie de la génération des fleurs de l’avant et l’après woodstock.
Pendant que le rock progressif connaissait ses plus belles heures, on assistait, en effet, dans ces années-là, à l’explosion d’un mouvement folk et sa volonté de renouer avec un certain passé musical: retour aux sources, en forme d’escapade, vers un monde pré-industriel perçu comme plus authentique? Rêve de lendemains vécus dans une tradition tout à la fois naturaliste, festive, et bon enfant réconciliée? On assistait encore à la naissance, dans certaines franges de ce mouvement, de forme de recherches spirituelles, introspectives ou psychédéliques, qui, tournant le dos aux religions officielles, allaient aussi se chercher des racines du côté du paganisme anglo-saxon ou des croyances celtes, autant que leur folklore. De fait, un certain nombre de compositions anciennes, pas forcément médiévales d’ailleurs, mais aussi traditionnelles, populaires, ou encore d’origine celtique, fut redécouvert par le public, durant ces années-là.
Pour le reste, quelques cinquante ans plus tard, et plus près de notre monde moderne, voici encore une preuve, s’il en était besoin, d’un engouement qui perdure pour le monde médiéval et ses compositions musicales. Jugez plutôt, il s’invite même jusqu’à São Paulo, au pays de la Samba et du carnaval.
En vous souhaitant une très belle journée!
Fred
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Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. Période: moyen-âge central Titre: l’Ecole de Salerne (1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc Média : lecture audio
Bonjour à tous,
our ce qui est du post d’aujourd’hui, nous prolongeons le plaisir de la compagnie de la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne. Il faut dire que résister à la lecture de quelques strophes du Flos Medicinae relevait de la gageure et je me suis trouvé dans l’incapacité de ne pas y céder. Et comme, pour une fois, le texte n’est pas en vieux français mais en français moderne du XIXe siècle avec, il faut l’avouer, une qualité dans la versification qui le distancie sûrement de son original latin, au niveau sémantique mais qui est savoureuse, il nous fallait un peu corser la difficulté. Alors plutôt que notre voix pour se prêter à l’exercice, nous avons décidé d’en emprunter deux autres. Du Docteur Knock à l’école des femmes, celle de Louis Jouvet est la première des deux, et pour sa filiation avec lui, autant que pour ses grandes lectures, celle de Fabrice Luchini est la deuxième. Toute ressemblance avec des personnes existantes ne pouvant être qu’allégorique, le genre auquel nous nous exerçons ici pourrait avoir pour nom l’imitation de loin.
Vous allez me dire que je n’en finis pas de chercher des peaux de banane sur lesquelles glisser et vous n’aurez sans doute pas tord, mais comme je ne cesse ici de le réaffirmer avec le poète latin Publilius Syrus du premier siècle avant notre ère: « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient». Il faut donc bien, fidèle à cette maxime, se situer, de temps en temps, dans la prise de risque pour étonner et pour se divertir aussi.
Un OVNI médiéval
ous voici donc rendu avec une lecture audio sur le sujet très sérieux de la médecine médiévale, à la façon de Louis Jouvet et de Luchini, même si, encore une fois, ce n’est que de très loin. Techniquement, on pourrait être tenté d’appeler cela un OVNI, comprenez un Objet Versifié Non Identifié. Tout cela a un goût de fêtes de fin d’année, un goût d’enfance aussi parce que cette chose là qui consiste à s’amuser à calquer des notes, des rythmes, des accents ou des voix, en les empruntant aux autres ne s’explique pas. Elle prend sûrement sa source dans un mimétisme grégaire. On la commence comme un enfant qui joue à ressembler aux adultes, et puis elle fait partie de vous et, quelquefois, s’y enracine. Pourtant, toute réserve gardée sur la ressemblance de facto à l’original, au delà du singer, c’est aussi une question d’alchimie, une façon de prendre, un peu, de l’essence de l’autre pour le retraduire, une sorte de transmutation ou de distillation empathique. Et comme il est question d’empathie, rien ne pourrait mieux la traduire qu’une maxime un peu étirée: dis-moi qui tu singes, je te dirais qui tu es.
Alors voilà, nous y sommes. La peau de banane étant droit devant, laissez-moi prendre un peu d’élan et je suis à vous!
La médecine médiévale de Salerne avec Louis (pratiquement) Jouvet et Fabrice (presque) Luchini
Une très belle journée à tous!
Fred
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Sujet : couleur, symbolique, moyen-âge, catégorie cognitive et sociale, anthropologie, histoire médiévale, histoire des couleurs. Période : de l’antiquité à nos jours Média : émission radio, livre Auteur : Michel Pastoureau Titre : « Des goûts et des couleurs : le bleu » Radio : France Culture, Hors Champs, Laure Adler
« Regardons les couleurs en connaisseur, mais sachons aussi les vivre avec spontanéité et une certaine innocence. » Michel Pastoureau – Le petit livre des couleurs
Bonjour à tous,
ous avions déjà parlé, il y a quelques temps ici, de Michel Pastoureau. C’était alors à propos des légendes arthuriennes et d’une analyse qu’il faisait de leur popularité médiévale, à travers, notamment, des recherches sur la propagation des prénoms. Dans ses sujets de prédilection et les nombreux écrits et ouvrages qu’il a, à ce jour, publiés, on doit également à cet historien contemporain, désormais célèbre, un cycle sur l’histoire de couleurs. C’est d’ailleurs, sans doute, avec son bestiaire du monde médiéval, le sujet sur lequel il est le plus connu.
Aujourd’hui, nous publions donc la première émission d’un programme de France Culture, présenté par Laure Adler, qui nous présente, en compagnie de Michel Pastoureau, un aperçu de son ouvrage sur la couleur bleu, à travers les âges.
Une analyse socio-historique
de la symbolique des couleurs
« Des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter. »
Pour autant qu’il plaide pour une certaine liberté, jamais un dicton populaire n’a été aussi peu suivi d’effets que celui-ci. S’ils peuvent, en effet, se présenter comme des penchants individuels, les couleurs et les goûts sont, avant tout, comme le dit Michel Pastoureau dans cette conférence et comme il le montre dans son ouvrage, des catégories de classement, et, pour être plus spécifique et resserrer un peu cette définition, des catégories sociales symboliques et signifiantes.
Pas d’équivoque donc, pour être historique, l’approche reste sociologique et anthropologique, à la manière habituelle de Michel Pastoureau, qui, en opposition au dicton populaire que nous citions plus haut, écrira d’ailleurs dans son ouvrage :
« C’est la société qui fait la couleur pas l’artiste ou le savant ; encore moins l’appareil biologique de l’être humain ou le spectacle de la nature » Michel Pastoureau – Bleu, histoire d’une couleur.
Comme son titre l’indique, le sujet du livre de Michel Pastoureau s’intéresse à l’histoire du bleu au sens large et déborde quelque peu l’Histoire médiévale mais il l’inclut et lui fait, bien entendu, une large part. On y découvrira donc ce bleu encore peu fixé symboliquement dans l’antiquité romaine et qui naîtra à la divinité au XIe siècle en entrant dans les représentations chrétiennes et celles de la Sainte Vierge. Bientôt frappé de lys d’or, il accédera à la cour des rois pour devenir une des couleurs qui représentera le sang bleu et plus tard, après quelques péripéties historiques, la nation française.
« Un écu d’azur semé de fleur de lys d’Or » Le bleu, couleur des rois
Pour le reste et pour qui douterait encore de l’emprise du social et de sa symbolique sur nos goûts colorimétriques et sur le regard que nous portons sur les couleurs, on y découvrira encore un bleu qui passe du chaud au froid, et qui deviendra même une couleur « morale » ou une couleur « honnête » dans une valse historique des valeurs qui le verra triompher au XXe siècle, pour devenir même la couleur préférée des français et des européens.
Il y aurait encore bien à dire sur l’ouvrage de Michel Pastoureau, et pour le découvrir, si ces sujets vous intéressent, nous ne pouvons que vous enjoindre à y mettre directement le nez.
En vous souhaitant une excellente journée sous le bleu du ciel.
Fred
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l’approche des fêtes, il est temps de publier quelques éléments sur noël sous l’angle de la poésie médiévale. Nous vous partageons donc ici, plusieurs extraits, et entre autre, la célèbre ballade des proverbes de François Villon puisqu’il en inclue un de circonstances sur Noël.
Cette allusion de Villon à Noël, même si elle scande sa ballade, ne peut pas tellement être considérée comme une poésie dédiée à la célébration de la nativité, mais il faut dire que si on chante Noël en latin dans les cantiques et les églises durant ce long moyen-âge, les poètes médiévaux qui nous sont connus, se sont, quant à eux, assez peu exercés sur le sujet, et s’ils l’ont fait, peu de leurs textes nous sont parvenus, à ce jour.
Les fêtes de Noël,
de Chrétien de Troyes à Clément Marot
Dans Perceval, le roman de Graal, le célèbre Chrétien de Troyes mentionnera la célébration de la nativité, en simple forme d’allusion à un long repas, comme ceux que l’on fait alors autour des fêtes de Noël.
« Mes sire Gauvains coste a coste Fist delez lui mangier son oste, Et li mangiers ne fut pas corz, Qu’il dura plus que uns des jorz Antor Natevité ne dure »
Messires Gauvin à ses côtés, Qui avait fait de lui son hôte, Et le repas ne fut pas bref Qui dura plus qu’un des jours Autour de Nativité dure
Chrétien de Troyes, Perceval, le conte de Graal, (XIIIe siècle)
On trouvera encore, dans le Fabliau de Cocagne (Cocaigne) du XIIIe siècle, une courte mention du sujet. Le Fabliau traite pourtant d’un pays imaginaire où tout se trouve en abondance, et où tous les jours sont fériés et propices à la fête:
« Quatre semaines font un mois , Et quatre Pasques a en l’an Et quatre festes Saint-Julian. Quatre toz saints , quatre Noex , Et quatre festes chandeleurs. »
Fabliau de Cocagne, XIIIe siècle.
Bien plus tard, dans l’hiver du moyen-âge et au début de la renaissance, Clément Marot de Cahors écrira quelques textes sur le sujet, dont une chanson que voici :
« Une pastourelle gentile Et un berger, en un verger, Lautrehier en jouant à la bille S’enlredisoient, pour abréger : Roger Berger, Légère Bergère, C’est trop à la bille joué : Chantons Noé, Noé, Noé. Te souvient il plus du Prophète Qui nous dit cas’ de si hault faicl, Que d’une pucelle parfaicte Naistroit un enfant tout parfaict ? L’effect Est faict : La belle Pucelle A un filz du ciel advoué : Chantons Noé, Noé, Noé. » Clément Marot Chanson XXV, un jour de Noël.
Ballade des proverbes de François Villon
Pour l’instant, place donc à la Ballade des proverbes de François Villon, dont on a dit que le poète médiéval l’adressa en 1458, à son mécène d’élection, Charles D’Orléans, afin de se réconcilier avec lui. Si c’est le cas, cela ne suffira pas à lui ré-ouvrir les portes de la cour, ni à lui regagner les faveurs du Prince.
Si elle ne nous dit pas grand chose des fêtes de Noël, mais nous le disions plus haut, les poètes médiévaux semblent les avoir peu chantées, cette ballade reste un précieux héritage sur les proverbes du XVe siècle. Comme il s’agit d’une véritable compilation d’adages, plus ou moins remaniés par le verbe de Villon, il demeure difficile d’y retrouver un fil conducteur, autre que le plaisir que prend ici l’auteur à jouer avec les mots:
Tant gratte chèvre que mal gît, Tant va le pot à l’eau qu’il brise, Tant chauffe-on le fer qu’il rougit, Tant le maille-on qu’il se débrise, Tant vaut l’homme comme on le prise, Tant s’élogne-il qu’il n’en souvient, Tant mauvais est qu’on le déprise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant parle-on qu’on se contredit, Tant vaut bon bruit que grâce acquise, Tant promet-on qu’on s’en dédit, Tant prie-on que chose est acquise, Tant plus est chère et plus est quise, Tant la quiert-on qu’on y parvient, Tant plus commune et moins requise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant aime-on chien qu’on le nourrit, Tant court chanson qu’elle est apprise, Tant garde-on fruit qu’il se pourrit, Tant bat-on place qu’elle est prise, Tant tarde-on que faut l’entreprise, Tant se hâte-on que mal advient, Tant embrasse-on que chet la prise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Tant raille-on que plus on n’en rit, Tant dépent-on qu’on n’a chemise, Tant est-on franc que tout y frit, Tant vaut « Tiens ! » que chose promise, Tant aime-on Dieu qu’on fuit l’Eglise, Tant donne-on qu’emprunter convient, Tant tourne vent qu’il chet en bise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
Prince, tant vit fol qu’il s’avise, Tant va-il qu’après il revient, Tant le mate-on qu’il se ravise, Tant crie-l’on Noël qu’il vient.
François Villon, 1458
En vous souhaitant une belle journée à tous et de joyeuses fêtes de fin d’année.
Fred
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