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Conférence médiévale: invasions barbares et chute de l’empire romain

histoire_medievale_invasion_barbare_chute_de_rome_conference_haut_moyen_ageSujet : invasions barbares, empire romain, histoire médiévale, analyse historique et économique de la chute de Rome.
Période : fin de l’antiquité, haut Moyen Âge.
Média  : vidéo-conférence
Titre : Les invasions barbares
Conférencier : Bruno Dumézil, maître de conférences à Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Lieu : Aix-en-Provence (2015)

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passion’empire romain est-il, comme on l’a longtemps avancé, uniquement tombé du fait des invasions répétées de barbares ? En réalité, la réponse à cette question est un peu plus complexe qu’un simple oui ou non.

Illustration d'Angus Mc Bride. Visigoths mettant à mal l'empire romain
Illustration d’Angus Mc Bride. Visigoths mettant à mal l’empire romain

D’ailleurs ainsi formulé, le problème est sans doute mal posé et peut-être faudrait-il privilégier des questions comme: quelles raisons endémiques, historiques, économiques, financières et politiques peuvent expliquer un affaiblissement de l’empire romain ayant fragilisé ses frontières ? Y avait-il dans ses fondements économiques même et/ou dans sa mécanique d’expansion et de conquête, les conditions d’une fragilité structurelle qui allait se révéler avec le temps ? Devant la taille qu’il avait atteint, jusqu’à quel point l’intégration des « barbares » et la délégation de pouvoir à leurs chefs les plus puissants pouvaient-elles être évitées ?

Rome allait-elle ainsi nourrir en son sein de futurs rois, aptes à se retourner contre son propre pouvoir et si oui pour quels motifs ? Analyser les causes de  l’affaiblissement, puis de la chute, de l’empire romain dans une perspective globale prenant à la fois en compte les données endogènes et exogènes, voilà donc l’ambitieux sujet de la conférence auquel nous convie  Bruno Dumézil.

Bruno Dumézil & la passion du haut Moyen Âge

« – Tu veux me dire que l’Empire romain aurait été détruit par des Romains déguisés en Barbares pour payer moins d’impôts ? »
Les Barbares expliqués à mon fils . Bruno Dumézil

Agrégé d’Histoire, formé à l’école normale supérieure; Bruno Dumézil est un jeune et néanmoins brillant historien médiéviste français, plus particulièrement spécialisé dans le haut moyen-âge. On lui doit de nombreux ouvrages sur cette période et quand il n’écrit pas sur ce sujet, il enseigne à l’Université de Paris Ouest Nanterre.

Dans cette conférence sur les « invasions » barbares, il se propose, comme nous le disions plus haut,  de nous donner de sérieux éléments de réflexion sur les causes de la chute de Rome mais il se penche aussi sur l’existence factuelle d’une « réelle » identité barbare. Au passage, la vision un peu schématique qu’une certaine Histoire avait pu nous enseigner sur les « grandes » invasions barbares s’en trouve totalement rééclairée et dans cette relecture le profil du « barbare » se trouve, du même coup, sérieusement redéfini.

De fait, nous nous retrouvons bien moins face à la vision « classique » d’un « choc » de civilisation que devant le constat d’une intégration romaine des populations et des guerriers en provenance des nations et tribus dites barbares, bien longtemps avant l’effondrement de l’Empire.

En bref, à l’image de la complexité du monde et des interrelations entre cultures et sociétés humaines, rien n’est jamais simple, ni aussi tranché en Histoire, et c’est encore un grand enseignement à tirer de cette excellente conférence. Soyez donc les bienvenus pour un voyage d’une heure trente  à l’aube du moyen-âge et à l’encontre des idées reçues.

Une sélection de quelques ouvrages
de Bruno Dumézil sur le haut moyen-âge

Pour prolonger le plaisir de cette conférence et creuser de manière plus détaillée l’approche du Bruno Dumézil, sur ces questions, voici quelques liens utiles qui vous permettront, si vous le désirez, d’acquérir ses ouvrages.

Les Barbares, Bruno Dumézil la société médiévale en Occident, Bruno Dumézil
Les Barbares expliqués à mon fils les Temps Barbares, Bruno Dumézil

En vous souhaitant une très bonne écoute, ainsi qu’une excellente journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

Conférence : l’hérésie vue par les historiens avec le médiéviste André Vauchez

heresie_heretiques_histoire_medievale_historiographie_video_conference_andre_vauchez_moyen-age_centralSujet : hérésie, historiographie,  cathares, albigeois, hérétiques, Histoire, méthodologie
Média : conférence
Titre : Les hérétiques  au Moyen Âge, approches historiographiques. 
Période : du Moyen Âge central  à nos jours
Auteur : André VAUCHEZ

Bonjour à tous,

A_lettrine_moyen_age_passionujourd’hui, nous vous proposons d’aborder le sujet des « hérésies » et des mouvements hérétiques de l’antiquité au Moyen Âge tardif, examiné  du point  de vue critique  et comparatif de  l’historiographie.

inquisition_heresie_heretique_monde_medieval_approche_historiographique_video_conference_moyen-age

Repenser les hérésies médiévales
en perspective de l’historiographie

S’il est un sujet entre tous qui a questionné et fasciné nombre d’historiens médiévistes, à travers le temps, c’est bien celui des différentes  » hérésies ».

Or, dans le domaine de l’historiographie,  ce thème reste privilégié pour une raison particulière. La notion même « d’hérésie » situe, en effet, déjà l’historien du côté de l’autorité ecclésiastique  puisque c’est cette dernière qui nomme et qualifie ce qui est « hérétique » de ce qui ne l’est pas.  Pour des raisons de neutralité, on serait donc plutôt enclin de nos jours,  et de nombreux historiens le font, à plutôt  utiliser le terme de dissidence pour désigner ces pratiques religieuses qui se différenciaient de la ligne officielle de Rome, tout en prônant tout de même souvent un retour à un christianisme des origines.

Au delà du simple fait qui a longtemps consisté à  prendre, en quelque sorte « au comptant »,  une « hérésie » qui stigmatisait socialement des catégories de pratiques sur des bases théologiques mais aussi forcément idéologiques,  un autre problème  auxquels les historiens ont dû faire face dans l’étude de ces mouvements et Jean-Louis Biget  le souligne bien dans ses travaux sur « l’hérésie » cathare, histoire_medieval_moyen-age_historiographie_methodologie_historique_video_conferencec’est que les sources qui permettent de les analyser sont, bien souvent, des documents laissés par les tribunaux d’inquisition eux-mêmes. De fait, sans totalement les remettre en question, un certain nombre d’historiens nous invite aujourd’hui à les manier avec précaution.

A quel point les  questions soumises aux accusés ne les piégeaient-ils pas dans une grille de réponses déjà préconstruites ? A quel point encore, les « hérésies » dualistes et manichéennes auxquelles s’était frotté Saint Augustin  durant l’antiquité sont-elles venues servir de modèles aux clercs et religieux du Moyen Âge central pour être  mises au service de visées politiques ? Jugements biaisés ou stratégies calculées ? Une fois qualifiée et nommée, l’hérésie n’était-elle qu’un instrument idéologique au service d’intérêts « corporatistes » ? Voilà les questions que tout historien sérieux soulève nécessairement, aujourd’hui, face à  ce délicat objet d’étude.

Au delà, penser « l’hérésie » en historiographie pour tenter de la reconstruire de manière objective  est  un exercice  qui permet de bien comprendre le mouvement et les avancées de la science historique dans son approche méthodologique comme dans son nécessaire recul critique. A travers son analyse critique des mouvements hérétiques,  Andre Vauchez  nous invite à une belle leçon d’Histoire sur l’Histoire.

Conférence: hérésies et hérétiques
dans l’Occident médiéval

La conférence  sur l’historiographie n’étant plus disponible  pour des raisons inconnues, depuis ce jour sur le site  de l’Ecole nationale des Chartes et en espérant que cela soit temporaire, nous vous présentons ici une autre conférence donnée par André Vauchez sur le même sujet. Nous laissons tout de même temporairement le lien vers la conférence  que proposait alors l’ENC en espérant qu’il soit restauré dans le temps.

Conférence alternative : « La Marche de l’Histoire, France inter
Les hérétiques du Moyen Âge, André Vauchez (nov 2014).

Si difficultés, lien vers le même Podcast sur le site de France Inter

André Vauchez, portrait d’un historien médiéviste et d’un académicien français

Formé à l’école normale supérieure, reçu premier à l’agrégation en Histoire, André Vauchez a fait de sa spécialité l’histoire de la spiritualité et de la Sainteté au Moyen Âge, et de manière plus large, le christianisme médiéval. Depuis sa thèse sur l’histoire de la canonisation et de la sainteté à la fin du Moyen Âge, on lui doit un certain nombre d’ouvrages sur  le sujet dont un sur heresies_heretiques_histoire_medievale_historiographie_video_conference_andre_vauchez_moyen-age_central Saint François d’Assise qui lui a valu le prix chateaubriand en 2010. Il a aussi contribué à des ouvrages d’ordre plus général sur le monde médiéval et son Histoire du Moyen Âge, coécrit avec le médiéviste Robert Fossier (1927-2012), lui a également valu le prix Balzan en 2013.

Sur le sujet de l’hérésie, il a publié en  2014,  « les hérétiques au Moyen Âge : Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ? ». Il y revisitait l’histoire des mouvements hérétiques pour y faire tout à la fois le portrait de l’église et de ses intentions, mais aussi celui des mentalités médiévales sous-tendues par ces mouvements.

andre_vauchez_conferences_histoire_historiographie_historien_medieviste_heresies_christianisme_medieval_moyen-age_centralProfesseur émérite des universités, André Vauchez  a également été directeur de l’Ecole Française de Rome et est encore membre, depuis 1998, de l’Académie des inscriptions et des belles lettres, dont il fut même le président en 2009.

 Sa participation  et ses travaux dans le domaine de l’histoire médiévale et l’histoire du christianisme lui ont valu de recevoir  le titre d’officier de la légion d’honneur,  celui de commandeur de l’ordre des palmes académiques et encore celui d’officier de l’ordre national du mérite. Hors de France, ses contributions et ses publication sont largement reconnues. Il est en effet Docteur Honoris Causa de l’université de Genève, Commandeur de l’ordre national du mérite de la république italienne et membre de plusieurs académies à l’étranger (Italie, Tunis, Vatican, Belgique). Très actif dans son domaine, il y fait autorité et il est encore membre de la British Academy et correspondant de la Medieval Academy of America. Ajoutons pour finir qu’il dirige la revue Mabillon,  revue internationale consacré à  l’histoire et la littérature religieuse.

Vous l’avez compris, il s’agit là d’un prestigieux intervenant qui maîtrise parfaitement son sujet et c’est un grand plaisir de vous faire découvrir ici cette conférence, autant que son parcours autour de l’histoire médiévale.

En vous souhaitant un excellente journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com.
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.

l’homme au coeur de l’histoire et l’histoire au coeur des sciences de l’homme

histoire_questionnement_sciences_humaines_anthropologie_liberte_representations_symboliquesSujet : citations  histoire, historien médiéviste, Michel Pastoureau,  Sciences humaines, anthropologie et histoire, réflexions , pluridisciplinarité,  histoire des symboles et des représentations, liberté, sociologie.

“La préférence individuelle, le goût personnel existent-ils vraiment ? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard et le jugement des autres. L’homme ne vit pas seul, il vit en société.”
Citation de Michel PASTOUREAU, historien médiéviste,  Bleu : Histoire d’une couleur

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiaour ne pas être ciblée uniquement sur le monde médiéval,  cette citation de Michel Pastoureau reste un axiome pour tout amateur ou chercheur en sciences humaines. L’homme, animal social, n’existe qu’en relation. Il « épouse » ou « contredit » dans des positions ou des histoire_libre_arbitre_empreinte_determinisme_sciences_humaines_anthropologie_symbolespostures qui n’en finissent pas d’interroger ou de refléter, en miroir, le contexte social, culturel et historique dans lequel il se trouve pris. Et même le deux-plumes d’Edouard Sapir,  interrogé dans sur la culture de sa tribu et qui n’était jamais de l’avis de personne, ne pouvait s’y soustraire.

Echapper aux déterminismes, exercer notre  libre arbitre, espérer faire le deuil de nos « habitus » en faisant la nique à Bourdieu, bien sûr, nous en avons quelquefois soif, mais aux frontières de nos conformismes comme de nos échappées belles, nous demeurons le produit d’un contexte et nous évoluons dans un champ de symboles et de représentations dont les contours nous sont tracés.  Alors, si la beauté de nos itinéraires existe, sans doute est-ce dans le dessin et les motifs que nous laissons de nos empreintes, sur la toile  figée de ces espaces possibles.  Le « génie », ou celui que l’on pointe du doigt comme tel, y  échappe-t-il ou ne fait-il que les réagencer en se juchant un peu plus haut, à des hauteurs qui lui permettent de regarder un peu plus loin ? Il faut relire l’archéologie du savoir de Foucault pour trouver quelques éclairages sur ces questions.

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De la même façon, la richesse, la distinction unique et ce qui fait nos différences, sont toutes entières contenues dans ces déterminismes. Combien de  vocables pour décrire le sable chez les Touaregs, là où nous ne voyons que des dunes? On pense encore à cette tribu indienne d’Amérique latine dont Jean Stoetzel nous parlait dans sa psychologie sociale et qui étaient les seuls à percevoir dans le ciel, une étoile que nul autre ne voit.  Alors, prenant la mesure de notre histoire_sciences_humaines_complexite_pluridisciplinarite_citation_michel_pastoureaupropre ignorance et touchant du doigt les merveilles et les richesses insoupçonnables de tous les ailleurs possibles, on ne peut s’empêcher d’attraper le vertige, celui-là même qui effleure l’historien, face à un manuscrit ancien exhumé du passé et découvrant un simple texte  qui paraît vouloir lui parler, dans lequel il retrouve des mots même semblables aux siens, mais qui cache pourtant,  il le sait, des trésors de monde à reconstruire.

L’Histoire, complexité et pluridisciplinarité

Face à cette vérité et cet axiome, l’histoire  est devenue une science pluridisciplinaire qui tente de restituer les sociétés du point de vue non plus simplement  de leur chronologie mais qui, bien au delà, fait le pari de resituer les hommes du passé dans une histoire des symboles et des représentations, autant que dans les intrications culturelles, psychologiques et sociologiques dans lesquels ils se trouvaient pris.

C’est un travail de reconstruction complexe et subtil, une monographie patiente qui fait appel, bien au delà de la paléographie, l’analyse des sources et documents anciens,  ou l’approche des traces factuelles du passé grâce à l’archéologie sous ses formes les plus diversifiées et pointues, aux méthodes et aux apports de toutes les autres sciences humaines, et même encore, nouvellement aux données de sciences récentes comme la climatologie.

michel_Pastoureau_histoire_vivante_reflexion_pluridisciplinarite_anthropologie_complexite_representations_symbole

En changeant de visage au fur et à mesure de l’évolution des autres sciences pour élargir ses vues, l’Histoire a su opérer sa remise en cause autant que prendre la mesure de sa propre complexité. Elle a su encore retourner sur elle-même son propre regard en développant l’Historiographie pour chercher à mieux se comprendre et pour interroger ses processus de gestation idéologiques, contextuels et sociaux. Gourmande de tous les histoire_libre_arbitre_empreinte_determinisme_sciences_humaines_anthropologie_symboleséclairages, ouverte à tous les questionnements,  jamais  elle n’a été aussi vivante, vibrante  de tout embrasser. Il n’y a plus de certitudes confortables et l’on peut quelquefois s’en offusquer, habitués que nous étions à recevoir d’elles des réponses simples, mais elle y a substitué la passion de l’inconnu et, avec elle, une curiosité insatiable. Signe de maturité, nulle doute qu’elle y a aussi gagné en humilité. .

Michel Pastoureau est un de ces médiévistes qui pense la complexité historique en perspective et ses ouvrages  le place au coeur de questionnements devenus aussi anthropologiques. Vous pouvez découvrir quelques unes de ses conférences  dans les articles suivants :

universite_ete_ecole_nationale_chartes_histoire_medievale_patrimoine_moyen-ageVous pourrez  encore le retrouver comme intervenant et enseignant dans la formation unique  sur l’Histoire et le Patrimoine proposée par l’Ecole Nationale des Chartes, ce mois de juillet :
l’Ecole d’été de l’Ecole nationale des Chartes : excellence et prestige au service de l’Histoire.

En vous souhaitant une merveilleuse journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
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Foi et fidélité, naissance d’un système de valeurs liés au monde féodal, par Jacques Le Goff

histoire_monde_medieval_jacques_le_goff_citations_moyen-âgeSujet : citations, histoire, monde médiéval, foi, fidélité au seigneur, monde féodal et valeurs du moyen-âge central, rattachement au fief,  mentalités médiévales.
Période : moyen-âge central
Auteur : Jacques le Goff
Ouvrage : la civilisation de l’occident médiéval

“Mais  on sent ce  qui se passe  de décisif  à l’époque carolingienne pour  le monde médiéval. Chaque homme désormais va dépendre de plus en plus de son seigneur, et cet horizon proche, ce joug d’autant plus lourd qu’il s’exerce dans un cercle plus étroit seront fondés en droit. La base du pouvoir sera de plus en plus la possession de la terre, et le fondement de la moralité sera la fidélité, la foi qui remplaceront pour longtemps les vertus civiques gréco-romaines.-romaines. L’homme  antique devait être juste et droit, l’homme médiéval devra être fidèle.”
Jacques Le GOFF, historien médiéviste (1924-2014)
La civilisation de l’occident médiéval.