Sujet : médecine, citations médiévales, école de Salerne, Europe médiévale, moyen-âge, ouvrage, manuscrit ancien. Période: moyen-âge central (XIe, XIIe siècles) Titre: l’Ecole de Salerne (traduction de 1880) Auteur : collectif d’auteurs anonymes Traducteur : Charles Meaux Saint-Marc
« La fatigue, les maux, les chagrins, la colère
De tes jours dévorés abrègent la carrière;
Esprit vif, enjoué, de fleurs sème tes pas.
Fuis des festins pompeux les perfides appas. souffrant d’un flux cruel, si tu ne veux mourir, crains le froid, la boisson, l’ivresse du plaisir.
Repas, travail, sommeil, prends tout avec mesure; L’excès en ces trois points blesserait la nature. Lève-toi de bonne heure, et le soir marche tard, Tu prolonges ta vie, heureux et gai vieillard »
Citation médecine médiévale – l’hygiène, principes généraux. “Flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanum” ou “L’Ecole de Salerne” Traduction par Charles Meaux Saint-Marc (1880)
Bonjour à tous,
ous poursuivons avec la médecine médiévale de l’Ecole de Salerne à laquelle nous avions déjà dédié un long article. Cette fois-ci, nous vous partageons une citation sous la forme de pieds de vers caractéristique de ce manuscrit ancien. Elle concerne les principes généraux d’hygiène et même si elle date des XIe XIIe siècles, il y aurait, sans doute, peu de médecins modernes pour la désavouer.
Alors, autant le concéder par contre, à la veille des fêtes de Noël ou du nouvel an, pour ceux qui pensent s’adonner joyeusement aux excès et aux grandes ripailles, ces quelques lignes prennent un peu la forme d’un méga « spoil », mais, en même temps, c’était peut-être le moment ou jamais de les découvrir. Un peu de mesure ne faisant jamais mal au foie.
Une très belle journée à vous et n’oubliez pas de semer des fleurs sous vos pas, en évitant les chrysanthèmes quand même!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musiques médiévales et anciennes, danse médiévale, estampies royales Période : moyen-âge central, XIIIe siècle, Titre : La Septime Estampie Royale et l’Istampitta In Pro Tirées de manuscrit du Roy (Roi), chansonnier du Roy, manuscrit 844, manuscrit add 29987 Interprètes : Hanneke van Proosdij & Peter Maund Média : vidéo, chaîne youtube Voices of Music
Bonjour à tous,
oici un peu de musique du moyen-âge central pour égayer cette journée. Nous restons dans le registre des Estampies avec deux pièces successives dans une seule même vidéo: l’une est tirée du chansonnier du Roi (le manuscrit 844 de la BnF): la Septime estampie royale. L’autre provient du manuscrit de Londres (manuscrit add 29987) et il s’agit de l’Istampitta in Pro. Au niveau de l’orchestration, les interprétations qui nous en sont proposées ici, par deux musiciens uniquement, pourraient sembler minimalistes mais c’est sans compter sur le fait que nous avons à faire à deux grands virtuoses.
Voices of Music : quand San Francisco se met à l’heure des musiques anciennes
e vois avouer avoir découvert récemment cette excellente chaîne youtube et le projet qu’elle porte et je vous la conseille vivement, si vous aimez les musiques anciennes, antérieures au XIXe siècle.
Plus qu’une simple chaîne youtube, Voices of Music est, en réalité, une formation musicale américaine, originaire de San Francisco. Son projet est à la fois simple et ambitieux, faire revivre et faire partager les musiques anciennes et antiques, et ce que l’on appelle, en bon anglais, la « Early music ». Le répertoire est donc vaste et inclut des musiques médiévales mais il s’étend aussi largement vers les musiques de la renaissance et celles de l’ère Baroque. Au delà d’être un ensemble qui se produit en concert Voices of Music se présente encore comme suit :
« Notre but en tant qu’artistes et enseignants est d’offrir des concerts et des enregistrements de musique composés avant 1800, des programmes éducatifs abordables pour les enfants et les adultes, une formation avancée pour la prochaine génération de jeunes professionnels et une sensibilisation du public. Nous entendons proposer aussi de la musique d’excellence et de haute qualité en concert. Grâce à une programmation innovante ainsi qu’à notre passion artistique et créatrice, nous proposons, au niveau mondial, la découverte de la musique classique ancienne auprès de nouveaux publics de tous âges. » Voices of Music
Deux musiciens et interprètes d’exception
n pari d’ouverture et d’excellence, la passion et le sens du partage, auxquels il faut ajouter, bien sûr, un répertoire qui s’aventure sur le terrain des musiques anciennes, et, en l’occurrence médiévales, il n’en fallait guère plus pour que nous réservions, ici, une juste place à l’ensemble Voices of Music. Comme vous pourrez en juger avec la pièce du jour, les musiciens sont talentueux et la qualité des enregistrements exceptionnels sur leur chaîne youtube. N’ayant pas la possibilité d’aller les entendre à San Francisco qui reste tout de même leur ville de prédilection pour les concerts, cela tombe plutôt bien. Concernant les deux pièces médiévales et musicales du jour, elles sont interprétées par deux pointures dont il faut ici dire un mot :
Peter Maund, percussionniste inspiré
Sorti tout droit du conservatoire de San Francisco, le percussionniste américain Peter Maund a derrière lui une longue carrière dans le registre des musiques anciennes, médiévales et celtiques, mais également dans le registre de la musique classique. Le quotidien écossais Glasgow Herald a même écrit de lui qu’il était un des percussionnistes les plus renommés et les plus imaginatifs de son temps.
Hanneke van Proosdij, flûtiste, claveciniste et compositeur
De son côté, Hanneke van Proosdij, formée au conservatoire Royale de la Hague, est à la fois flûtiste mais joue également du clavecin et est encore compositeur. On ne compte plus les formations dans lesquelles elle a joué ou fait des apparitions, Hespérion XXI est d’ailleurs dans la liste, Avec plus de 40 disques et enregistrements à son actif, elle a également fondé et animé, pendant sept ans, une fondation dédiée aux musiques de l’époque médiévale et de la renaissance. Etablie à San Francisco, elle est aussi rien moins que la co-fondatrice du projet Voices of Music et en assume la direction.
En espérant que vous apprécierez cette belle interprétation du jour, issue de deux manuscrits de musique ancienne parmi les plus célèbres qui nous soient parvenus du moyen-âge central, autant que ce coup de coeur musical et « youtubesque ».
Une très belle journée à tous.
Frédéric EFFE.
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Sujet : poésie médiévale, poésie réaliste, satirique, trouvère, Vieux français, langue d’oil, ribauds, misère, hiver. Période : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur ; Rutebeuf (1230-1285?) Titre : le diz des ribaux de grève. Média : lecture audio, par André Brunot.
Bonjour à tous,
our commencer cette semaine sous le signe médiéval, nous vous proposons une lecture audio celle de la célèbre poésie de Rutebeuf: le Diz des Ribauds de Grève. Il y est encore question de misère et d’hiver, mais cette fois-ci, ce n’est pas de sa propre infortune dont Rutebeuf nous parle mais de celle des miséreux qui se tiennent alors sur la place de Grève, à Paris.
Comme nous le soulignions dans la lecture audio du « Dit de l’oeil », même si l’on est pas certain de l’origine de Rutebeuf que l’on a peut-être un peu vite désigné comme champenois, ce dont on reste sûr c’est qu’il a passé la majeure partie de sa vie à Paris, en tout cas au moins celle durant laquelle il a rédigé ses oeuvres connues de nous. Et puisqu’elle est le théâtre de cette poésie qu’il nous a léguée, nous en profiterons aussi ici pour dire un mot de la place de Grève de Paris à l’époque médiévale.
Avant d’entrer un peu plus dans ce détail et de vous proposer cette lecture pleine de force qui fait honneur à la poésie de Rutebeuf, nous voulons également dire un mot du comédien auquel nous la devons.
Tribut à André Brunot
Sociétaire de la comédie française, André Brunot (1879-1973) fut un comédien célèbre en son temps, même s’il n’a pas eu le succès d’un Jouvet. Premier prix de comédie au conservatoire de Paris en 1903, il mena une longue carrière sur les planches et au théâtre et sa carrière cinématographique lui permit de tourner près de trente films.
La lecture audio qu’il nous fait de la poésie de Rutebeuf sur les Ribauds de Grève est tirée d’une excellente anthologie poétique audio en 3 volumes, que nous proposait la bibliothèque Nationale de France en 1958, et ayant pour titre : « Trésor de la poésie lyrique française ». Le premier volume était dédié au moyen-âge et c’est de là que provient la pièce du jour.
Le dit des ribauds de Grève de Rutebeuf,
lecture poétique audio
La place de Grève du temps de Rutebeuf
A l’époque médiévale, sur cette place des bords de Seine, rebaptisée depuis place de l’Hotel de Ville, se réunissaient les travailleurs, autant que les oisifs et les miséreux en quête de pitance ou de travail (le terme de « faire la Grève » viendrait de là).
Il est difficile de savoir si Rutebeuf s’adresse publiquement et directement aux gueux et aux miséreux dans cette poésie, mais plus qu’une des pirouettes caustiques auquel il nous a habitué, elle dénote d’une véritable empathie de sa part, à l’égard de ces malheureux sans le sou à l’approche des rigueurs de l’Hiver. Il y rapproche, sans aucun doute, toute proportion gardée, ses propres misères.
« C’était (la place de Grève au XIIIe siècle) un lieu de déchargement des lourdes marchandises venues par eau. Des débardeurs, des « ribauds » s’y affairaient. Notre soif de couleur locale et même, nos idées toutes faites sur la ville médiévale ont de quoi se satisfaire. Tout le folklore « troubadour et mâchicoulis » est là, depuis ces « escoliers » toujours prêts à se quereller mais bons garçons au demeurant, jusqu’à ces foules de religieux dont les divers ordres, profitant de la piété du Saint roi Louis IX, avaient proliféré, sans oublier les hordes de pauvre – tels les « Trois-cents Aveugles », tels les lépreux du « Champ-pourri » qui mendiaient dans les rues, ou les « musardes » (les prostitués) que guettaient fort les regards naïfs de jeunes paysans débarqués depuis peu, avec leur porte-
monnaie fraîchement rempli. »
A la recherche d’une « voie de Paradis » dans le Paris de RUTEBEUF, Françoise Barteau. Historienne médiéviste. « Tiré de Errances et parcours parisiens de Rutebeuf à Crevel », Univerisité de la Sorbonne, 1986
Les exécutions en place de Grève
On admet, généralement, que la première exécution qui eut lieu sur la place Place de Grève date de 1310. On la doit à deux évêques, celui de Paris, assisté de celui de Cambrai alors « Docteur et inquisiteur de la Foi en France »*. Elle prit la forme d’un bûcher et on y brûla pour hérésie, la mystique chrétienne et poétesse flamande Marguerite Porete (ou Perrette). Pour faire bonne mesure, on en profita pour livrer également ses écrits aux flammes, soit son ouvrage: « Le Miroer (miroir) des âmes simples et anéanties ». Tout fut conduit avec l’aval du bon roéPhilippe le Bel, mais il faut dire qu’il était bien lancé (pour ne pas dire bien chaud), puisque c’est cette même semaine qu’il fit aussi brûler les premiers templiers.
Quoiqu’il en soit, ce fut là, la première d’une longue série d’exécutions publiques en place de Grève, qui ne s’acheva que plus de cinq siècles plus tard, en 1822. Aux vues des dates, Rutebeuf n’a pas connu cette vocation de la place dont il nous décrit les Ribauds puisqu’il a disparu autour de 1285.
Le Diz des Ribauds de grève dans le vieux français d’oil original et parisien de Rutebeuf
Ribaut, or estes vos a point : Li aubre despoillent lor branches, Et vos n’aveiz de robe point, Si en avrez froit a vos hanches. Queil vos fussent or li porpoint Et li seurquot forrei a manches. Vos aleiz en estai si joint, Et en yver aleiz si cranche, Vostre soleir n’ont mestier d’oint, Vos faites de vos talons planches. Les noires mouches vos ont point; Or vos repoinderont les blanches.
La traduction en français moderne
de Michel Zink de l’Académie française:
« Ribauds, vous voilà bien en point! Les arbres dépouillent leurs branches et d’habit vous n’en avez point, aussi aurez-vous froid aux hanches. Qu’il vous faudrait maintenant pourpoints, surcots fourrés avec des manches! L’été vous gambadez si bien, l’hiver vous traînez tant la jambe! Cirer vos souliers? Pas besoin: vos talons vous servent de planches. Les mouches noires vous ont piqués, A présent c’est le tour des blanches »
En vous souhaitant un excellent début de semaine et une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
* Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris par Mr. Henri Sauval, Avocat du Parlement (1724)