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Les Grandes dames de la guerre de Cent Ans (2) : Isabelle de Bavière, une reine dans la tourmente

Sujet : guerre de cent ans, destin, femmes, monde médiéval, saga historique, roman, jeanne d’Arc, Charles VII.
Période : XVe siècle, Moyen Âge tardif
Portrait : Isabelle de Bavière (1370-1435)
Auteur : Xavier Leloup
Ouvrage : Les Trois pouvoirs (2019-2020)


En plein Moyen Âge tardif et au cœur de la guerre de Cent Ans, le destin de grandes femmes a marqué, à jamais, celui de la France. Dans ce cycle, nous vous présenterons quatre d’entre elles. Nous poursuivons, aujourd’hui, avec la seconde : Isabelle de Bavière.


u tribunal de l’histoire, la reine de France Isabelle de Bavière apparaît coupable d’une double trahison : trahison à son époux Charles VI, qu’elle aurait allègrement trompé, mais aussi trahison à son royaume, de par la signature du « honteux » traité de Troyes livrant la France aux Anglais. Pour autant, cette reine allemande mérite-t-elle vraiment sa légende noire ?

L’entrée de la reine Isabelle de Bavière à Paris, en 1389, entourée des princes du sang, Miniature du MS Harley 4379, British Library (Chroniques de Froissart, Bruges, vers 1470)

Une reine cupide et adultère ?

Isabelle de Bavière n’aurait sûrement jamais atteint une telle renommée si Charles VI n’était tombé fou. Car lorsqu’il devient clair à tous que le roi de France, qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la démence, ne reviendra jamais à son état normal, Isabelle de Bavière se voit attribuer la régence du royaume. Seulement voilà, cette souveraine se désintéresse de la politique. Raison pour laquelle elle s’empresse de confier à son beau-frère, le beau et séduisant Louis d’Orléans, les rênes du gouvernement. Dès lors, ces deux-là ne se quitteront plus. Selon toute vraisemblance, ils deviendront même amants. C’est en tout cas ce qu’en pensaient leurs contemporains, qui s’étonnaient de les voir longuement deviser ensemble au château de Saint-Germain-en-Laye, dans le logis royal, ou au couvent des Célestins. Mais ce n’est pas là le seul reproche fait à la reine.

Son infidélité au roi se doublerait d’un goût du luxe et de l’argent. Au point qu’on écrira sur elle dans Le Songe véritable, pamphlet politique de l’époque, que « tout ce qu’elle veut est d’en prendre tant qu’elle peut mais non pas tant comme elle veut ». Au point qu’à compter de cette époque, ses détracteurs ne la désigneront plus que sous le sobriquet d’« Isabeau ». Le cas de la reine s’aggrave encore lorsqu’elle consent à ce qu’une jeune concubine soit donnée au roi pour combler son absence dans le lit conjugal. Odette de Champdivers, cette maîtresse officielle dénommée la « petite reine », donnera même un enfant au roi. Et un moine augustin invité à prêcher à l’occasion des fêtes de la Pentecôte d’oser lancer à Charles VI que « la déesse Venus règne toute seule à votre cour… ».

Mais très vite, les choses vont se gâter. C’est d’abord le duc d’Orléans qui se fait assassiner en plein Paris sous les ordres de son cousin Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne. C’est ensuite un royaume divisé entre Armagnacs et Bourguignons qui plonge dans la guerre civile, puis les chevaliers français qui se feront exterminés à la bataille d’Azincourt. C’est enfin Jean Sans Peur qui se fera tuer à son tour sur le pont de Montereau, privant ainsi la France du seul prince capable de s’opposer à l’appétit de conquête d’Henri V, le roi d’Angleterre.

Après la disparition de Louis d’Orléans

La reine se consolera de la disparition de Louis d’Orléans dans les bras d’autres amants, parmi lesquels un certain chevalier de Boisrédon. S’inspirant probablement des écrits du marquis de Sade, l’historien Philippe Erlanger dépeindra lsabelle de Bavière, à l’automne de sa vie, envahie de graisse, submergée, déformée au point que ne pouvant marcher, elle se faisait traîner dans une chaise roulante. « Jamais cependant, écrit-il encore, la colossale matrone, soufflante et gouteuse, n’avait tant aimé le faste et les plaisirs. Elle se soignait en absorbant de l’or potable… Immobile dans sa cathèdre, le chef écrasé sous le poids du hennin, le corps surchargé d’étoffes orfévrées, l’étrange dame présidait inlassablement aux ébats de la cour ».

Détail Français 2646, Chroniques Froissart, BnF, Arrivée et bon accueil de la Royne dans Paris (Bourgogne, vers 1475)

Mais il ne s’agit pas seulement de sa vie personnelle. Pour les historiens, Isabelle de Bavière est surtout coupable d’avoir négocié le traité de Troyes. L’accord qui livre le royaume aux Anglais, celui par lequel Charles VI déshérite le Dauphin, son fils unique, et donne sa fille en mariage au roi d’Angleterre Henri V, faisant de celui-ci l’héritier de la couronne et le régent du royaume. Animée, selon l’histoire Edouard Perroy, d’une « haine atroce » envers le futur Charles VII, Isabelle de Bavière se serait laissée acheter par l’Anglais pour renier son fils et lui livrer sa fille. De tous les désastres connus par la France au cours de son histoire, celui-là est sans doute l’un des plus graves : l’instauration d’une double monarchie sous égide anglaise, une capitulation en bonne et due forme. Or rien n’aurait pu se faire sans qu’Isabelle de Bavière l’étrangère, Isabelle l’allemande, ne renie préalablement son fils et avoue par là-même qu’il n’était qu’un bâtard.

Nous avons donc là le portrait d’une femme infidèle et cupide, voire débauchée, mauvaise mère, traître à son pays. Avouez qu’à ce prix-là, Isabelle de Bavière aurait plus encore que Marie-Antoinette mérité de voir sa tête rouler sur le billot. Seulement voilà, il s’agit là d’un portrait au vitriol. Car à y regarder de plus près, la reine de France bénéficie de circonstances atténuantes.

Une vie d’épreuves

Détail Harley 4380, Chroniques Froissart, BnF, Signature du traité de Troyes avec Charles VI ( (Bruges – vers 1475)

On ne saurait comprendre la conduite d’Isabelle de Bavière sans rendre compte de ce que son mari, à son corps défendant, lui a fait subir. A compter de 1392 et de sa première crise dans la forêt du Mans, le roi de France est schizophrène. Il s’agit donc d’une folie intermittente, qui le voit alterner les périodes de rémission avec les périodes de démence. Il devient alors incontrôlable, voire violent. Pris d’accès maniaques, il refuse de se laver, de se raser et se prend pour un chevalier vengeur, un certain « Georges ». Charles VI crie et hurle « comme s’il était piqué de mille pointes de fer ».

Le Religieux de Saint-Denis raconte ainsi que lorsque la reine Isabelle s’approchait de lui, «  le roi la repoussait en disant à ses gens : « Quelle est cette femme dont la vue m’obsède ? Sachez si elle a besoin de quelque chose et délivrez-moi comme vous pourrez de ses persécutions et des importunités afin qu’elle ne s’attache pas ainsi à mes pas. » Il prétendait n’être pas marié et n’avoir jamais eu d’enfants…  Lorsqu’il apercevait ses armes ou celles de la reine gravée sur sa vaisselle d’or ou ailleurs, il les effaçait avec fureur ». Parfois même, le roi de France menaçait de s’en prendre à son épouse. Ce qui ne pouvait qu’inquiéter, attendu que lors de sa première crise dans la forêt du Mans, Charles VI avait tué quatre de ses gardes coup sur coup… Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi Isabelle de Bavière aura décidé de quitter le logis royal pour emménager dans l’hôtel Barbette, emportant avec elle tous ses enfants. Ce qui n’empêchera pas le sort de s’acharner sur la reine de France, qui perdra successivement ses deux fils aînés, les Dauphins Louis et Jean, morts tous deux de maladie dans les dix-huit mois suivant le désastre d’Azincourt.

Une amoureuse des arts

Le-cheval-d-or-Altötting commandé par la reine Isabelle, grand chef d’œuvre de l’orfèvrerie médiévale

Il est toutefois remarquable qu’au milieu de ces désastres, la reine Isabelle de Bavière ait conservé un intérêt marqué pour les choses de l’esprit. Ainsi la voit-on mécène de l’écrivaine Christine de Pizan, première femme de lettres française, féministe avant l’heure, qui lui dédiera ses « Epîtres du Débat sur le Roman de la Rose » et composera même une « Epître à Isabelle de Bavière ».

Les comptes de la reine montrent d’ailleurs qu’elle faisait partie des plus importants mécènes de son temps et aimait beaucoup plus les livres que son royal époux. Ainsi la voit-on offrir à Charles VI « Le Petit Cheval d’or », sculpture en or émaillé et argent doré, ornée de saphirs, de rubis et de perles représentant la Vierge à l’enfant, véritable chef d’œuvre de l’orfèvrerie médiévale qui figure aujourd’hui parmi le trésor de la collégiale d’Altötting, en Bavière. Ainsi découvre-t-on une reine bien plus intelligente et cultivée que ne le laisserait suggérer sa légende noire. Si elle a beaucoup dépensé, c’est aussi en proportion de son amour du Beau.

Une reine objet de tous les désirs

Isabelle de Bavière aura été, sa vie durant, une reine sous influence. Qu’il s’agisse de son amant le duc Louis d’Orléans, de son « beau cousin » de Bourgogne, Jean Sans Peur, ou du roi d’Angleterre Henri V, chacun aura cherché à se servir de son statut de reine pour accéder au pouvoir. Aussi par comparaison avec la « reine de fer » Yolande d’Aragon et la sainte de Domrémy, la Bavaroise fait-elle pâle figure. Elle aura même contribué, par sa parfaite incarnation de la pécheresse, à faire de Jeanne d’Arc cette nouvelle Eve, cette Marie lavant le royaume de France de ses péchés sans nombre.

Mais il faut admettre que la vie n’aura pas épargné cette princesse arrivée en France à l’âge de 14 ans sans parler un mot de français. Et que le désespoir l’aura sans doute étreint plus d’une fois, comme en cette nuit du 23 novembre 1407 où Louis d’Orléans, son amant passionnément aimé, périra sous les coups de haches quelques minutes seulement après l’avoir quittée.

De par ses multiples fragilités, Isabelle de Bavière n’en est que plus humaine et je dirais même, plus touchante. C’est pourquoi si elle ne mérite pas les lauriers de la gloire, il serait sans doute injuste de la jeter au bûché de l’histoire.

Un article de Xavier Leloup. avocat, journaliste, auteur.
Auteur de la saga médiévale « Les Trois Pouvoirs »
Editions Librinova (2020-2021).
Découvrir son interview exclusif ici.


Voir également les autres articles du cycle sur Les grandes dames de la guerre de cent ans signé de cet auteur :Yolande d’Aragon, la reine de fer – Christine de Pizanchampionne des damesLes illusions perdues de Valentine Visconti, duchesse d’Orléans.


Bibliographie & Références

Atlas de Paris au Moyen Âge, Philippe Lorentz et Dany Sandron, Parigrame.
Charles VII et son mystère, Philippe Erlanger, Gallimard.
Charles VI, Françoise Autrand, Fayard.
Chronique du Religieux de Saint-Denys contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, publiée en latin et traduite par M.L Bellaguet, imprimerie de Crapelet.
1328-1453, Le temps de la guerre de Cent Ans, Boris Bove, Belin

Note Moyenagepassion : la miniature ayant servi de fond à l’image d’en-tête représente Christine de Pisan tendant un de ses ouvrages à la reine Isabelle de Bavière. Cette illustration est issue du manuscrit médiéval Harley ms 4431, intitulé The book of the Queen. Daté des débuts du XVe siècle, cet ouvrage est conservé à la British Library et consultable en ligne à l’adresse suivante. Au premier plan, le buste de la reine est, quant à lui, issu de la photo d’une œuvre de Guy de Dammartin (1365-1404). Cette sculpture est encore exposée au Palais de Justice de Poitiers. En 2001, elle a également servi à la couverture d’un ouvrage de Jean Verdon au sujet de Isabeau de Bavière.

éloge du dépouillement aux temps médiévaux avec Jacques Le goff

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Sujet : citation, Moyen Âge chrétien, représentations médiévales, historien médiéviste, mentalités médiévales, capitalisme, mobilité des richesses, valeurs du Moyen Âge
Période : Moyen Âge central, long Moyen Âge
Auteur : Jacques le Goff (1924-2014)
Livre : La civilisation de l’Occident médiéval  (1964)

Bonjour à tous,

ous retrouvons, aujourd’hui, une citation de Jacques le Goff extraite de La civilisation de l’Occident médiéval, parue en 1964. Comme on le verra, cet extrait éclaire assez bien de nombreux textes médiévaux que nous avons déjà eu l’occasion de publier.

Il y est question d’un Moyen Âge des valeurs qui fait l’apologie de la nature transitoire du passage en ce monde, du détachement du monde matériel, de l’importance des bonnes œuvres, de la charité, etc… Du même coup, ce monde médiéval freine aussi des quatre fers sur l’usure (dans son principe et plus encore dans ses abus) et montre aussi du doigt des travers tels que la cupidité, l’avidité ou encore la course permanente aux possessions, à l’accumulation d’avoirs et de richesses, etc… : autant de choses qui se situent à des lieues du capitalisme en terme de mentalités, même si, il faut le dire, des développements économiques ont eu lieu au Moyen Âge qui se sont appuyés sur l’emprunt, le profit et certaines formes de « croissance ».

Importance du salut & passeport pour le ciel

« …Pour ceux enfin qui ne sont pas capables de cette pénitence finale (érémitisme), l’Église prévoit d’autres moyens d’assurer leur salut. C’est la pratique de la charité, des œuvres de miséricorde, des donations, et pour les usuriers et tous ceux dont la richesse a été mal acquise la restitution post mortem. Ainsi le testament devient le passeport pour le ciel.

Si l’on n’a pas bien présentes à l’esprit l’obsession du salut et la peur de l’enfer qui animait les hommes du Moyen Age, on ne comprendra jamais leur mentalité et on demeurera stupéfait devant ce dépouillement de tout l’effort d’une vie cupide, dépouillement de la puissance, dépouillement de la richesse qui provoque une extraordinaire mobilité des fortunes et manifeste, fût-ce in extremis, combien les plus avides de biens terrestres parmi les hommes du Moyen Age finissent par mépriser toujours le monde, et ce trait de mentalité qui contrarie l’accumulation des fortunes contribue à éloigner les hommes du Moyen Age des conditions matérielles et psychologiques du capitalisme. »

Jacques le Goff –  La civilisation de l’Occident médiéval  (1964)


Jacques le Goff rejoint donc, ici, ce constat de mentalités chrétiennes médiévales aux antipodes de l’esprit capitalistique, tout en plaçant ces dernières sur un terrain psychologique relativement connoté. S’il va, en effet, jusqu’à parler « d’obsession » du salut chez l’homme médiéval, il se réfère, toutefois, à la définition vulgarisée du terme et pas à la notion psychiatrique et clinique. Un peu plus loin, le médiéviste mettra d’ailleurs l’emphase sur une attraction plus positive, en parlant « d’aspiration des hommes du Moyen Age vers le bonheur du salut, de la vie éternelle ».

Dans tous les cas, il nous suggère que ces « pôles » et cette recherche de salut débordent du simple plan des représentations, de la morale, de la croyance et de la foi pour s’incarner sur le terrain de la conscience et des émotions au point de devenir un moteur qui agit même sur la circulation des richesses. Ses lignes sont assez claires et on s’offre souvent un passeport pour le ciel, en désignant une partie des bénéficiaires testamentaires en la personne de monastères, d’évêchés, de dignitaires ou d’établissements ecclésiastiques.

Comme l’historien nous l’indique, l’Église fait aussi la promotion de ses façons de sauver son âme (cela reste, dans le principe, cohérent avec les Evangiles : pour y suivre le Christ, il faut se défaire du superflu et, pour le reste, les moines, autant que les prêtres sont aussi censés prier pour le salut et le repos des âmes les plus chrétiennes). De notre côté, il nous semble utile d’ajouter qu’on ne doit pas sous-estimer, dans l’ensemble de ce phénomène, le fait que la religion chrétienne est profondément intériorisée chez l’homme médiéval.

Sur le terrain des mêmes valeurs, on pourra voir, entre autres articles : Les réflexions d’un pêcheur, (auteur anonyme), Vivre du sien et non nuire à autrui (Eustache Deschamp), L’histoire de l’homme qui traverse la Rivière (ou l’exemple XXXVIII du le comte Lucanor de Don Juan Manuel).

En vous souhaitant une bonne journée.

Frédéric EFFE
Moyenagepassion.com
A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes

NB : l’image en-tête d’article est tirée d’une miniature tirée de l’ouvrage impr. Rés. SA 3390 : Compost et calendrier des bergers. Elle représente le supplice réservé aux envieux. Daté de la fin du XIVe siècle, ce beau manuscrit du Moyen Âge tardif est conservé à la Bibliothèque municipale d’Angers et consultable en ligne ici.

en Septembre 2021, Les figurants de l’histoire de retour à Senlis

Sujet : agenda, animation, fêtes médiévales, sorties historiques, foires, marché médiéval.
Lieu : Senlis, Oise, Hauts-De-France
Evénement ; la 6e foire médiévale de Senlis 
Date : 25 et 26 septembre 2021

Bonjour à tous,

réée en 1994, l’Association des Figurants de l’Histoire de Senlis anime, depuis près de 25 ans, une partie de la vie culturelle de cette célèbre bourgade de l’Oise, mais aussi de ses environs. Tenue par des bénévoles enthousiastes et passionnés, on la retrouve à l’organisation de nombreux événements autour de l’histoire et du patrimoine local, mais elle est également présente dans de nombreuses fêtes françaises autour du Moyen Âge(Fête des remparts de Dinan, Fête de Jeanne Hachette de Beauvais, etc…). Du point de vue des périodes, les « Figurants » et leur 450 costumes ne se cantonnent pas au Moyen Âge. Ils couvrent aussi la renaissance, le XVIIIe siècle et vont même jusqu’au XXe siècle et ses années folles.

La 6eme foire médiévale de Senlis :
le chancelier Guérin de retour à la fête

Au titre des activités de l’association qui nous intéressent plus particulièrement, ici, pour des raisons éditoriales, nous avons déjà mentionné, à plusieurs reprises, la belle Foire médiévale de Senlis (voir nos articles sur l’édition 2017 et sur l’édition 2019 de cet événement). Les Figurants organisent, en effet, cette grand fête et s’y investit à plein.

En général, la thématique centrale gravite autour du personnage du chancelier Guérin, personnage qui a marqué le XIIIe siècle par ses hauts faits et sa présence. Chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, on lui prête d’avoir participé activement à la victoire de Bouvines au côté de Philippe-Auguste. Consacré évêque de Senlis en 1213, il sera aussi nommé chancelier de France et premier officier du royaume en 1223. Entre autre legs, on le considère, également, comme un des pères de ce qui deviendra plus tard les archives nationales. Il contribua, en effet, à fonder le Trésor de Chartes, l’un des fonds les plus anciens des archives nationales.

Camps, animations médiévales et grand marché,

La dernière édition de la foire médiévale de Senlis ayant eu lieu en 2019, cette fête bisannuelle n’a pas eu à souffrir, l’année dernière, des nombreuses annulations culturelles dues aux mesures anti-covid prises par le pouvoir exécutif français. De son côté, l’association des figurants a dû, tout de même, suivre le mouvement en mettant partiellement en sommeil ses autres activités. Cette année, elle compte bien, en revanche, maintenir son habituel calendrier en proposant, en septembre, une belle fête de deux jours pour mettre à l’honneur le Moyen Âge festif, au temps de frère Guérin.

Du point de vue de l’organisation, aux Figurants de l’Histoire se joindra, à nouveau, l’Association Cité d’Antan. Formée en 2008, cette structure qui prend le Moyen Âge et la reconstitution très au sérieux, est focalisée sur la vie quotidienne au XIIIe siècle. A l’occasion de la foire, les deux associations s’entoureront encore d’autres collaborations.

Au titre des animations, on pourra donc compter sur force musiques, parades et joyeuses déambulations. Diverses troupes de reconstituteurs seront aussi présentes et on devrait donc pouvoir visiter des camps de vie quotidienne médiévale et même d’artisanat d’époque. Des démonstrations de combats seront, bien sûr, de la fête avec même, des tirs de machines de guerre. Enfin, troupe animalière et numéro de dog training ou encore jeux géants pour les plus jeunes seront aussi au rendez-vous. Elément indispensable de toute fête réussie autour du Moyen Âge, un marché et ses exposants inspirés par le monde médiéval devraient venir compléter le tableau.

Programme détaillé et interrogations
dans un contexte persistant de navigation à vue

Nous aurons, sans doute, un détail plus précis des troupes à vous fournir à l’approche de l’événement. Pour l’instant, à propos de cette fête, l’organisation ajoute, tout de même, par mesure de prudence : « si la crise sanitaire nous le permet ». Affaire à suivre ici ou sur leur site web donc. Nous allons croiser les doigts et y croire avec eux, tout en notant au passage que cet état d’incertitude dans lequel on nous a plongé et qui nous fait douter d’une sortie du tunnel, même à 6 mois de là, devient aussi préoccupant pour le devenir de la culture que pour celui des libertés individuelles.

Quoi qu’il en soit, longue vie à la foire médiévale de Senlis et aux fêtes médiévale à venir !

En vous souhaitant une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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Technologie : Le verre et les verriers au Moyen Âge

Sujet : verrerie, métier de verrier, technologie, histoire médiévale, maître verrier, histoire du verre, Moyen Âge central à tardif, proto-histoire à nos jours.

Bonjour à tous,

armi les matériaux qui ont révolutionné nos usages de façon si radicale que nous ne saurions plus comment nous en passer, le verre est, sans conteste, l’un de plus étonnants. Depuis plus de 3000 ans avant notre ère, il a accompagné l’histoire de l’humanité, des premiers enduits aux premiers objets d’art, perles ou parures, confectionnés en Perse et en Mésopotamie à ses usages les plus récents : domestiques (fenêtres, vaisseliers, miroirs,…), artisanaux et artistiques (bijoux, ornements, pièces décoratives) ou, encore, technologiques ( fibre optique, fibre de verre, télescope astronomique, micro-chirurgie, etc…)

Une découverte fortuite

Si nos ancêtres préhistoriques ont pu façonner divers objets fonctionnels ou ornementaux dans des formes de verre naturel (obsidienne, fulgurite,…), la légende nous conte que le moyen de fabriquer ce matériau fut découvert, de manière fortuite, par d’antiques voyageurs. Ayant fait leur feu, sans y prendre garde, sur un lit de sable riche en silice, ils se seraient aperçus, un peu plus tard, que l’opération avait donné naissance à une étrange matière. Un campement, un feu de camp, c’est donc ainsi que, plusieurs milliers d’années avant notre ère, la fabrication du verre serait apparue dans les civilisations humaines. Comme nous n’avons aucun document capable d’attester, ni de contredire cette version, il va falloir nous en contenter.

Verre et verriers dans le monde médiéval

D’abord décoratif, ornemental et utilisé plutôt dans des parures et des objets d’art, il fallut encore attendre quelques milliers d’années pour qu’on découvre comment produire des récipients en verre ou même encore comment souffler ce délicat matériau.

Durant ces périodes reculés, les égyptiens l’utiliseront de manière variée. Les phéniciens en feront aussi usage. Ils en amélioreront même le procédé et contribueront à commercialiser le verre autour du bassin méditerranéen. Tout au long de cette période, le matériau restera précieux à semi-précieux. Plus tard, on le retrouvera chez les romains et, quelques siècles avant notre ère, ses techniques de fabrication se répandront dans tout l’Empire et à travers l’Europe. Les romains y auront apporter entre-temps quelques innovations, notamment l’invention du verre coulé à plat à l’origine des premières vitres (même si ce dernier est alors loin d’être transparent et son usage très sélectif).

D’éternelles idées reçues

Concernant l’histoire médiévale du verre et cédant à l’habituelle facilité, vous trouverez toujours des férus d’obscurantisme pour vous expliquer que, de l’antiquité gallo-romaine à la renaissance, le Moyen Âge n’est qu’une longue période de 1000 ans passée essentiellement à patiner sur place. L’usage du verre au Moyen Âge n’y échappe pas puisqu’on le trouve assez souvent présenté comme une sorte de grand absent au tableau à quelques vitraux près et encore (1). Bien sûr, le monde médiéval n’a pas utilisé le verre autant que nous l’utilisons. Il n’en a pas non plus produit des quantités industrielles. Par contre, aux temps médiévaux, il n’y a pas, dans cette matière comme dans d’autres, une éclipse totale de la marche de l’humanité ou plutôt, pour coller à notre sujet une longue traversée du désert (de sable). La prétendue absence d’usage du verre, comme l’absence d’effervescence autour de sa fabrication, durant le Moyen Âge n’est qu’une caricature de plus à ajouter au tableau des idées reçues à l’encontre du monde médiéval. Dans la veine de notre article sur les préjugés et la révolution technique du Moyen Âge, nous allons nous évertuer à la déconstruire en apportant quelques éléments sur la question.

Usages du verre au Moyen Âge

Contre toute attente, le Moyen Âge a bien connu le verre et a même contribué à faire évoluer ses techniques de fabrication. De 2017 à 2018, le musée de Cluny consacrait d’ailleurs une grande exposition visant à montrer la richesse des objets et des usages du verre durant la période médiévale. On peut encore en trouver le fil conducteur en ligne et quelques belles images issues de cette exposition, comme celles ci-dessus ou le vitrail ayant servi d’en-tête à notre article.

L’art des vitraux

On ne peut parler de période médiévale sans évoquer les cathédrales et il est difficile de le faire sans penser aux incroyables vitraux mis alors en exergue dans ces édifices. Sans aller même jusqu’à ces superbes monuments architecturaux, du haut Moyen Âge au Moyen Âge tardif, des milliers de ces œuvres d’art sont venus peupler les lieux de culte de l’Europe : chapelle, églises, monastères et abbayes. Si l’on connait le vitrail depuis l’Antiquité, le monde médiéval (du haut Moyen Âge au central) lui a apporté des améliorations qui l’ont élevé au rang d’art à part entière et lui ont conféré toutes ses lettres de noblesses : amélioration des cadres et vitraux enchâssés (VIe s), vitraux au plomb (Xe s), puis plus grande richesse graphique, détails, apport de couleurs, rosaces, (XIe siècles et suivant). La renaissance les connaitra aussi et ce n’est que plus tard vers les XVIIe et XVIIIe que l’art du vitrail médiéval commencera à reculer.

Usages sacrés, profanes et scientifiques

Les vitraux sont loin d’avoir été les seuls à consacrer l’usage du précieux matériau. Le verre est présent dans l’architecture sacrée, sous forme décorative mais on le retrouve aussi dans les objets d’ornement. Pour parenthèse et concernant l’aspect religieux, on ne s’étonnera pas de le retrouver sur les autels, comme on lui confiait déjà un rôle dans les vitraux : sa nature hybride entre matière et lumière fascine et lui ont conféré, de tout temps, une dimension spéciale qui ne peut que séduire l’homme médiéval.

Cet attrait fait qu’il est encore à l’œuvre dans les parures et les perles de verre des orfèvres et, pour mieux en apprécier les effets, ses propriétés étonnantes permettent encore de jouer à Narcisse en se contemplant dans ses miroirs. Dans d’autres domaines, on se réjouira encore de découvrir de subtils élixirs ou de nouvelles fragrances grâce à son entrée dans l’univers de la distillerie et les alambics. En matière de science, il fera aussi des apparitions très remarquées dans la médecine et ses ustensiles, ou encore en optique dans les lunettes à montures, mises au point au début du Moyen Âge tardif.

Vaissellerie, récipients luxueux, émaux médiévaux, …

En vaissellerie, on trouvera le verre sur les plus grandes tables mais pas seulement. Les tavernes ou les fêtes populaires l’ont aussi connu. Bien sûr, la quantité, les degrés de qualité et de finition, les provenances y sont différentes de quand il siège dans les classes les plus hautes de la noblesse ou de la bourgeoisie, ou même dans les usages sacrés et consacrés du riche clergé, mais il est tout de même déjà présent là où on ne l’aurait pas attendu.

Pour finir ce petit tour d’horizon des usages du verre au temps médiévaux, on n’oubliera pas de mentionner le grand développement des techniques autour des émaux au Moyen Âge. Ils sont à l’origine de véritables trésors d’art décoratif, sacré ou ornemental qui nous émerveille encore à ce jour.

Verrerie médiévale d’orient et d’occident

Pour dire un mot de la production de verre au Moyen Âge, plusieurs berceaux culturels seront réputés pour la grande qualité de leurs réalisations. Dans les directions vers lesquels on se tourne, les créations en provenance du monde byzantin et du Moyen-Orient sont particulièrement réputées pour leur grande finesse. L’Italie et Venise joueront aussi un rôle de pointe. Les procédés de production n’y sont, bien sûr, pas étrangers. Ainsi par exemple, dans ces zones de production, pour abaisser la température de fusion, on peut utiliser comme fondants, des compositions savantes de végétaux marins et, notamment, la salicorne.

Les secrets de fabrication, comme le contenu et le dosage des matériaux intervenants dans les préparations, y sont bien sûr jalousement gardés. Autour du bassin méditerranéen, la concurrence est rude et l’enjeu de taille pour le matériau convoité. Dans ce contexte, on imagine que nombreux sont ceux désireux d’améliorer leurs recettes et leurs méthodes pour atteindre le « Graal », celui du verre idéal : le plus résistant et le plus durable, le plus pur, le moins opaque.

La Fabrication du verre – Gravure Robert Bénard (XVIIIe s), ‘Encyclopédie Diderot & Le Rond d’Alembert

A partir du XIIIe siècle jusqu’au long du Moyen Âge tardif, et même un peu plus tard, Venise, ou encore certains sites provençaux, commenceront à privilégier des procédés visant à concurrencer la qualité des verres en provenance des plus lointaines destinations. De leur côté, en France, les métiers du verre et l’industrie verrière se sont plutôt organisés, depuis les carolingiens, dans les zones forestières. Hêtres, fougères, on se sert de végétaux trouvées sur place, pour obtenir les fondants. Le verre produit y gagne une teinte plus résolument verdâtre et son aspect a tendance à s’altérer dans le temps, mais la production a le mérite d’être locale et de pouvoir servir une partie du marché.

Des ateliers de tailles et de vocation variables

Autour du Xe, XIe siècles, avant l’avènement de ces fondants composés de cendres végétales, un certain nombre d’ateliers intermédiaires, installés en zones urbaines, ne fabriquaient pas eux-mêmes le verre. Ces officines se servaient alors de lingots déjà constitués et de calcin pour refondre le matériau dans des chaudrons pouvant en supporter la chauffe. Au moyen de cette technologie, il n’était pas alors nécessaire d’atteindre les mêmes températures pour la refonte. Dans le courant du Moyen Âge central à tardif, de tels ateliers ont pu coexister aux côtés de grandes verreries forestières plus complètes dans leur approche de la chaîne de production. Les traces archéologiques sont trop faibles pour en former la certitude mais on touche, ici, la complexité des métiers gravitant autour de la verrerie : entre établissements capables de gérer tout le processus de fabrication, petites officines urbaines travaillant pour une clientèle plus locale et, peut-être, à la commande, et encore, en plus de tout cela, artisans plus spécialisés dans certains secteurs du verre que d’autres. (2).

Des évolutions technologiques sur la durée

« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » : l’adage vaut en général pour toutes les sciences et techniques, mais il est sans doute encore plus vrai pour la fabrication du verre. Au fond, c’est un peu comme pour la forge, le fer, l’acier et ses multiples possibilités d’alliage : fusion, fondant, assemblage chimique, « modelage » à chaud, rigueur et précision dans les gestes, la production du verre est une affaire complexe. Elle fait intervenir des combinaisons subtiles de matériaux, différentes cuissons, différentes techniques d’usinage, de soufflage, de colorisation, … Au sortir de tout cela, si ses possibilités semblent infinies, son équilibre demeure subtil et fragile.

Si la recherche de perfectionnement par les artisans et les maîtres verriers est constante, les choses prennent nécessairement du temps ; ainsi, par exemple, Venise disposait, dès le XIIIe siècle, de grandes verreries et d’une corporation professionnelle déjà bien organisée et puissante. Les créations, ni le verre ne furent d’emblée au niveau des réalisations orientales mais les procédés de fabrication utilisés allaient conférer à Venise une avance certaine sur d’autres productions concurrentes du reste de l’Europe, moins « fines » et moins abouties. À force d’améliorations, il faudra attendre le XVe siècle pour que leur maestria permette aux verriers vénitiens d’atteindre une perfection inégalée. De la même façon, les évolutions ont existé dans la verrerie française médiévale, procédant de longueur de temps pour se peaufiner. Au cours du Moyen Âge, elles ont permis, par exemple, aux verriers du nord de la France de parfaire leur art et de produire leurs propres innovations avec, par exemple, la mise au point de verres à tiges.

Circulation des objets et concurrence culturelle

Inévitablement, en s’exportant et en circulant, les meilleurs produits finissent par susciter des vocations et des recherches en d’autres endroits. C’est vrai aujourd’hui. Ce fut aussi vrai de la circulation de objets, comme des idées et du savoir, aux temps médiévaux. Dans toutes ces évolutions technologiques autour du verre, on ne peut ignorer l’ouverture au monde qui s’opère durant le Moyen Âge central, ni les échanges commerciaux, culturels et inter-civilisationnels auxquels on assiste alors entre orient et occident.

Pour conclure, le monde médiéval occidental ne s’est donc pas contenté de colporter ou de reproduire des technologies qui présidaient à la fabrication du verre dans le monde gallo-romain. Les artisans et professionnels de ces métiers ont aussi fait évoluer ce matériau dans ses procédés de production, ses formes et ses couleurs, autant que dans ses usages. Toutes ces transformations se sont situées dans un contexte global d’échange, de commerce et d’émulation.

Du verre au cristal, l’après Moyen Âge

La renaissance et les siècles suivants connaîtront la même fascination pour le verre que le Moyen Âge. Les découvertes autour de l’incroyable matériau se poursuivront et s’élargiront pour en imposer graduellement un usage plus généralisé. On le verra même se démocratiser pour entrer dans les maisons des classes les plus modestes.

Grand tournant de plus dans l’histoire du verre, le début du XVIIe siècle verra naître le cristal. C’est en Angleterre qu’il sera mis au point mais on en découvrira bientôt les acarnes en France. Des régions comme la Lorraine s’en feront même une spécialité toute particulière, au point qu’un siècle plus tard, cette production fera de la France, le fer de lance d’une cristallerie de luxe qui marquera l’histoire et dépassera nos frontières. Aujourd’hui, à plus de deux-cent ans de là, les grands maîtres verriers français et lorrains continuent d’exercer tous leurs talents. Il y est question tout à la fois d’art, d’artisanat, de tradition et de lignage. Vous pourrez retrouver la liste des plus grands verriers français ici.

Le verre à la conquête de la modernité

Bien sûr, la course du verre vers le progrès ne s’arrêtera pas là. Il aura encore de nombreuses places à conquérir dans notre monde moderne. Au XIXe siècle, nos villes finiront par bénéficier de ses lanternes et, plus tard, de ses réverbères. Il entrera aussi, dans nos maisons en généralisant son usage à nos fenêtres. De la même façon, plus aucun vaisselier domestique ne pourra se passer de sa présence, des verres aux plats en pyrex. Au XXe et au XXIe siècle, il s’imposera, de plus en plus, comme une évidence dans le secteur des transports ou de l’architecture avec l’avènement du verre feuilleté et encore du verre teinté. On le retrouvera encore au cœur de vibrantes compétitions et dans des matériaux de pointe comme la fibre de verre. Enfin, il ne sera pas en reste et s’imposera dans les technologies d’information de plus haute performance avec la fibre optique. Enfin, quand l’humanité se piquera de conquérir l’espace et les mondes inconnus, il sera encore là, tourné vers les profondeurs de l’univers à l’intérieur de nos plus puissants télescopes.

En vous souhaitant une très belle  journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes.

NB : l’image d’en-tête est un détail du vitrail les joueurs d’échec. Daté du XVe siècle, il provient de l’Hôtel de la Bessée à Villefranche-sur-Saône, et se trouve Grand Palais (musée de Cluny)


Notes

(1) En matière d’architecture par exemple, nous avons pu lire, par endroits, que les romains possédaient des carreaux à leur fenêtre et que le Moyen Âge, période amoureuse des éternels retours en arrière, n’en avait rien retenu. On oublie deux choses en disant cela. D’abord les romains même les plus nantis sont loin d’avoir tous eu des verres à leurs fenêtres. Ensuite, durant une période qui déborde largement le Moyen Âge, les procédés de fabrication ont fait, longtemps, du verre une matériau précieux à semi-précieux car, relativement fastidieux à produire. Pour poursuivre sur cet exemple des fenêtres, il faudra attendre, bien des siècles après la période médiévale pour qu’on commence à remplacer le papier huilé par des carreaux. On ajoutera encore, que durant le Moyen Âge l’usage des fenêtres et la quantité d’ouvrants dans les habitations reste limitées, pour des raisons pratiques et thermiques.

(2) voir Technologie, géographie, économie : les ateliers de verriers primaires et secondaires en Occident. Esquisse d’une évolution de l’Antiquité au Moyen Âge, Danièle Foy, Colloque organisé en 1989 par l’Association française pour l’Archéologie du Verre (Année 2000)

On pourra également retrouver des éléments sur l’exposition passée sur le site du musée de Cluny et notamment pour les plus jeunes un sympathique livret-jeu.