Sujet : Kaamelott, humour, série télévisée, trilogie, cinéma, tournage, légendes arthuriennes, quête du Graal, médiéval-fantastique, comédie. Période : haut Moyen Âge à Moyen Âge central, Auteur-Réalisateur : Alexandre Astier
Bonjour à tous,
e n’est une nouvelle pour personne, dans le cadre du confinement lié au Covid 19, le secteur de la culture est aussi fortement touché. Nous en avons déjà largement parlé sur les fêtes et autres événements que nous relayons, ici, autour du monde médiéval, et, désormais, quelques célébrités ont aussi fait entendre leur voix et leurs préoccupations.
Théâtres, concerts, animations, comme le reste de l’économie, le secteur est sinistré. Les événements culturels, du mois de mars à l’automne 2020, ont été déprogrammés ou annulés en avalanche. Certains ont décalé leur sortie quand ils le pouvaient mais rien de simple en l’absence totale de visibilité. Du côté des productions cinématographiques ou télévisuelles, les calendriers de sortie et de tournage sont aussi chamboulés et on a même déjà appris le retard probable de saisons très attendues sur les sites de streaming.
« Seigneur, je me vouerai tout entier à la noble quête dont vous m’honorâtes. Mais avec l’équipe de romanos que je me promène, on n’est pas sorti des ronces. »Arthur (Alexandre Astier) – Série Kaamelott
Kaamelott : sortie prévue à novembre 2020
Dans ce contexte, le premier long métrage d’Alexandre Astier autour de Kaamelott n’échappera pas à la règle. Le lancement avait été annoncé pour juillet 2020 et, sur son compte twitter, l’auteur a relayé, hier, un communiqué officiel du groupe M6 confirmant une sortie nouvellement prévue pour le 25 novembre 2020.
Au vue du contexte , on se doutait bien que les cinémas en juillet n’allaient pas avoir repris leur activité normale. Ce n’est donc qu’une confirmation. Quant aux nombreux fans qui attendent le film depuis de nombreuses années, on peut gager que quelques mois de plus ne feront guère de différence.
epuis quelques semaines, sur les réseaux sociaux et sur les groupes de médiévistes ou de passionnés de Moyen Âge, on voit passer certaines créations très drôles autour du confinement. Jusque là, nous n’avions pas eu l’occasion d’en partager mais voici quelques vidéos pour nous rattraper.
« Ce sont des temps troublés, Une nouvelle épidémie a vu le jour… Tandis que le royaume est en confinement, isolé et protégé dans son manoir, il appartient à Sire Gregory SAIS de maintenir son domaine. Tout en se tenant prêt pour la bataille…. »
Une Dance macabre du confinement
par Anno Domini 1250
Dans un style un peu plus grinçant, voici la Medieval confin dance d’une bande de développeurs et joyeux drilles réunis sous le nom de Anno Domini 1250 (voir page Facebook). D’origine tchèque, ils ont semble-t-il en projet, la réalisation d’une plateforme autour d’un jeu médiéval. En attendant , ils occupent aussi leur confinement avec créativité.
Une note de swing et de bonne humeur
avec The Medieval Thing
Cette fois, c’est sur fond de musique (pas du tout médiévale) que les réconstituteurs et amateur de behourd de la compagnie médiévale espagnole TheMedievalThing se fendait, début avril, d’une petite dance pour égayer le confinement de tous. (Facebook ici)
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du Monde Médiéval sous toutes ses formes
Sujet : musique médiévale, galaïco-portugais, lyrisme médiéval, culte marial, miracle Période : XIIIe siècle, Moyen Âge central Auteur : Alphonse X de Castille (1221-1284) Interprète : Esther Lamandier Titre : Cantiga Santa Maria 384, « A que por gran fremosura é chamada Fror das frores » Album : Alfonso el Sabio. Cantigas de Santa Maria (1981)
Bonjour à tous,
e qui nous suivent de près le savent, nous avons entrepris, depuis quelques années déjà, l’étude et la traduction des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille. Récits de miracles autour de la sainte, témoignages de pèlerins, ou encore chants de louanges, avant d’être recompilées et retranscrites au XIIIe siècle et en galaïco-portugais par le souverain de Castille, un grand nombre de ces histoires circulait déjà sous diverses formes dans l’Europe médiévale.
On le sait, à partir du XIIe siècle, le Moyen Âge central s’est enflammé pour le culte marial. Dans la littérature médiévale, on trouvera ainsi de nombreux Ave Maria en hommage à la Sainte, chez quantité de nos auteurs, trouvères, poètes, clercs ou même religieux, de Rutebeuf à Villon. La vierge Marie est alors, cette mère pleine de compassion et de piété, qui peut entendre et qui sait écouter. Elle est aussi celle qui, par sa bonté et l’oreille qu’il lui prête, pourra peut-être intercéder en faveur du prieur ou du dévot auprès de son fils le Christ, la chair de Tout Puissant, Dieu mort en croix.
Le Salut pour un moine dévot à la vierge
La cantiga d’aujourd’hui est un nouveau récit de miracle. On y apprendra, ou en tout cas le poète nous contera, que dans les manières de louer la Sainte, entre imagerie, iconographie, prières, et autres, celle qui consiste à louer son nom est une des plus appréciées. Ici c’est un moine qui s’adonnant à la calligraphie, l’écrira même, ce nom, avec de belles couleurs. L’histoire se posera aussi comme une confirmation déjà acquise dans le culte marial : la dévotion à la sainte peut ouvrir, au croyant, les portes du salut.
Dans la foi chrétienne, la mort n’est rien si, au bout du chemin de vie et quelque soit sa durée, se trouve un nouveau commencement pour l’éternité. L’important est dans le salut. Dans cette cantiga de Santa Maria 384, comme nous l’avions vu dans le miracle de la jeune fille malade de la cantiga 188, le corps du protagoniste périra. Sa vie prendra fin et seule son âme sera sauvée. Pas de « transhumanisme ici, pas plus que de défi lancé à la longévité dans ce monde-ci, au Moyen Âge, les désirs d’éternité ne sont pas, ici-bas, mais dans le monde suivant.
La cantiga de Santa Maria 384 par Esther Lamanthier
Esther Lamandier et Alphonse le Sage
En 1980, la belle et talentueuse chanteuse soprano, harpiste et instrumentiste, Esther Lamandier décida de faire une incursion du côté de l’Espagne médiévale et du répertoire d’Alfonso el Sabio.
Tout entière dédiée aux Cantigas de Santa Maria, la production fut enregistrée à l’Abbaye de l’Épau, dans la Sarthe. A sa sortie, en 1981, l’album proposait 20 pièces interprétées par la musicienne et artiste, accompagnée de son seul
talent vocal et instrumental. La cantiga 384 que nous vous présentons aujourd’hui ouvre ce très bel album que l’on peut encore trouver à la vente en ligne. notamment au format mp3. Voici un lien utile pour plus d’informations : Les Cantigas de Santa Maria par Esther Lamandier.
La Cantiga de Santa Maria 384
Du galaïco-portugais au français moderne
Como Santa Maria levou a alma dun frade
que pintou o seu nome de tres coores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Comment Sainte Marie emmena au paradis l’âme d’un frère qui avait peint son nom de trois couleurs.
Celle qui, pour sa beauté, on nomme la Fleur des fleurs, Plus que tout autre louange, préfère de loin quand on loue son nom.
Desto direi un miragre, segundo me foi contado, que aveo a un monge bõo e ben ordinado e que as oras desta Virgen dizia de mui bon grado, e mayor sabor avia desto que d’outras sabores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
A ce propos, je vous dirai d’un miracle, selon qu’il me fut conté, Qui arriva à un bon moine bien ordonné, Qui disait les heures de la Vierge avec grande joie Et prenait en cela un plaisir plus grand que tout autre plaisir.
Celle qui, pour sa beauté, on nomme la Fleur des fleurs, Plus que tout autre louange, préfère de loin quand on loue son nom.
Este mui bon clerigo era e mui de grado liia nas Vidas dos Santos Padres e ar mui ben escrivia; may[s] u quer que el achava nome de Santa Maria fazia-o mui fremoso escrito con tres colores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
C’était un bon prêtre qui, avec enthousiasme, lisait Les vies des Saints Pères et qui écrivait aussi très bien ; Et, à chaque fois, qu’il arrivait au nom de Sainte Marie, Il l’écrivait de très belle manière et de trois couleurs.
Celle qui, pour sa beauté…
A primeyra era ouro, coor rica e fremosa a semellante da Virgen nobre e mui preçiosa; e a outra d’azur era, coor mui maravillosa que ao çeo semella quand’ é con sas [e]splandores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
La première était d’or, couleur riche et belle Semblable à la Vierge noble et très précieuse ; L’autre était d’azur, couleur très merveilleuse Qui ressemble au ciel quand il se montre dans toute sa splendeur.
Celle qui, pour sa beauté…
A terçeyra chamam rosa, porque é coor vermella; onde cada a destas coores mui ben semella aa Virgen que é rica, mui santa, e que parella nunca ouv’ en fremosura, ar é mellor das mellores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
La troisième, est appelée rose, car c’est une couleur vermeille ; Et chacune de ces couleurs ressemble donc en tout point à la Vierge qui est splendide et très sainte, et qui jamais n’eut d’égale en beauté, et demeure la meilleure entre toutes.
Celle qui, pour sa beauté…
Ond’ aqueste nome santo o monge tragia sigo da Virgen Santa Maria, de que era muit’ amigo, beyjando-o ameude por vençer o emigo diabo que sempre punna de nos meter en errores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Ainsi, ce moine portait toujours avec lui ce nom saint de la vierge Sainte Marie, à laquelle il était fermement dévoué, L’embrassant souvent pour vaincre le diable ennemi Qui s’acharne toujours pour nous faire tomber dans l’erreur.
Celle qui, pour sa beauté…
Onde foi a vegada que jazia mui doente da grand’ enfermidade, de que era en possente; e pero assi jazia, viinna-lle sempre a mente de seer da Virgen santa un dos seus mais loadores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Mais vint un temps où il tomba gravement souffrant D’une grande maladie, qu’il avait contracté. Et bien qu’il gisait ainsi, il lui venait toujours à l’esprit De rester un des plus grands faiseurs de louanges de la vierge Sainte.
Celle qui, pour sa beauté…
O abade e os monges todos veer-o veron, e poi-lo viron maltreito, un frade con el poseron que lle tevesse companna; e pois ali esteveron un pouco, foron-se logo. Mais a Sennor das sennores
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
L’abbé et les moines vinrent tous le voir, Et en le voyant en si piteux état, ils assignèrent un frère Pour lui tenir compagnie; puis ils restèrent un moment, avant de s’en aller. Cependant, la reine des reines
Celle qui, pour sa beauté…
Apareçeu ao frade que o guardav’, en dormindo, e viu que ao leyto se chegava passo yndo, e dizia-lle: «Non temas, ca te farey ir sobindo mig’ ora a parayso, u veerás os mayores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Apparut en rêve au frère qui gardait le moine, Et il vit qu’elle s’approchait du lit, Et disait au moine alité : « n’aies crainte, car je te ferai monter Avec moi au paradis où tu verras tous ceux qui s’y trouvent déjà (les anciens).
Celle qui, pour sa beauté…
Ca por quanto tu pintavas meu nome de tres pinturas, levar-t-ey suso ao çéo, u verás as aposturas, e eno Livro da Vida escrit’ ontr’ as escrituras serás ontr’ os que non morren, nen an coitas nen doores».
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Puisque, en effet, tu as peint mon nom de trois couleurs, Je t’emmènerai au ciel et tu verras ce qui est droit et juste Et dans le livre de la vie, tu seras inscrit entre les écritures entre ceux qui ne meurent pas, et qui n’ont ni peine ni douleur.
Celle qui, pour sa beauté…
Enton levou del a alma sigo a Santa Reynna. E o frade espertou logo e foy ao leyt’ agynna; e pois que o achou morto, fez sõar a campaynna segund’ estableçud’ era polos seus santos doctores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Puis, la sainte reine prit l’âme du moine avec elle, Et le frère s’éveilla et s’approcha de son chevet, Et comme il le trouva mort, il fit sonner la cloche Ainsi qu’il a été établi par les Saints Docteurs de l’Eglise.
Celle qui, pour sa beauté…
Mantenente o abade chegou y cono convento, que eram y de companna ben oyteenta ou çento; e aquel monge lles disse: «Sennores, por cousimento o que vi vos direy todo, se m’ en fordes oydores».
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
L’abbé s’en vint rapidement avec ses moines, Qui était une communauté de près de 80 ou 100 Et le frère leur dit : « Messieurs, pour en avoir été témoin ( pour le connaître ) Je vous dirais tout ce que j’ai vu, si vous voulez bien m’entendre ».
Celle qui, pour sa beauté…
Enton contou o que vira, segundo vos ey ja dito; e o abade tan toste o fez meter en escrito pera destruyr as obras do emigo maldito, que nos quer levar a logo u sempr’ ajamos pavores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Puis, il leur dit tout ce qu’il avait vu et que je vous ai déjà conté; Et l’abbé, sans attendre, le fit consigner par écrit Pour détruire les œuvres de l’ennemi maudit (le diable) Qui toujours veut nous entraîner en des lieux où nous vivons dans la peur.
Celle qui, pour sa beauté…
E pois souberon o feyto, loaron de voontade a Virgen Santa Maria, a Sennor de piedade; e se en alga cousa ll’ erraran per neçidade, punnaron de se guardaren que non fossen peccadores.
A que por gran fremosura é chamada Fror das frores, mui mais lle praz quando loam seu nome que d’outras loores.
Et après avoir entendu le miracle, ils louèrent avec joie La Vierge Saint Marie, dame de Piété ; Et si, en quelques occasions, ils avaient pu errer par négligence, Ils s’efforcèrent après cela, de se garder de commettre des pêchés.
Sujet : vaux de vire, chansons à boire, poésies satiriques, humour, vaudevire, Vire, Normandie. Période : Moyen Âge tardif, Renaissance Auteur : Jean le Houx (1550-1616), Ollivier Basselin (vers 1400-1450 ?) Sources : Vaux-de-Vire d’Olivier Basselin et Jean Le Houx, PL Jacob (1858).
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous restons dans la légèreté en faisant suite à notre premier article sur Ollivier Basselin. Ce personnage, qu’on trouve mentionné dans quelques rares sources médiévales, aurait été un poète normand et un joyeux buveur contemporain du Moyen Âge tardif et du XVe siècle. En dehors des quelques manuscrits qui y font allusion, un auteur renaissant du nom de Jean le Houx lui rendit hommage, un siècle plus tard, en s’inspirant d’une certaine tradition locale et orale.
Chansons à boire et Vaudevire
Le genre dont il est question est à classer dans les chansons à boire. Il porte le nom de Vaudevire ou Vaux de Vire du nom de la ville de Vire, dans le Calvados, dont les deux hommes sont originaires.
Comme on ne peut attribuer d’originaux à Basselin – ce dernier n’a, en effet, laissé aucun legs direct dans les manuscrits connus à ce jour – , il faut ranger cette chanson à boire plutôt du côté du médiévalisme que du côté de la littérature médiévale. Nous l’avons dit, dans les faits, il ne s’agit pas d’une production du Moyen Âge, mais d’un « tribut », un hommage, fait un siècle après la vie supposée de Basselin. Du reste, sa langue, elle non plus, n’a rien de médiévale. Elle est tout à fait proche du français renaissant. Pour être clair, si on avait d’abord supposé que toutes ces chansons à boire avaient pu être collectées, retranscrites et modernisées par Le Houx, à partir d’une certaine forme de tradition orale, rien ne permet, en réalité, de l’établir. De nombreux experts s’accordent même aujourd’hui sur le fait que ces vaudevires d’abord attribués à Basselin sont des chansons écrites ex nihilo par Jean le Houx.
Une longue tradition
Culture de tavernes et ode aux plaisirs de la boisson. Le thème n’est pas nouveau et on pourrait aisément trouver, entre les lignes de ce vaudevire, une résonance certaine avec les poésies des goliards, ces clercs marginaux et polissons du Moyen Âge central qui chantaient la perdition et la débauche bacchusienne de taverne en taverne. On pense à des chansons contemporaines du XIIe siècle comme l’Estuans Intrinsecus de l’Archipoète de Cologne, ou comme le In Taberna des Carmina Burana de Carl Orff. Plus proche encore de Basselin ou de Le Houx, on ne peut s’empêcher de penser aux facéties de François Villon autour de la boisson et du monde des tavernes. On évoquera, pour ne citer qu’elles, son Oraison à l’âme du
bon maître Jehan Cotard ou encore sa ballade de bonne doctrine.
Comme souvent dans les chansons à boire, on trouvera aussi dans ce texte, une forme de satire légère, en creux. C’est assez coutumier du genre. Si la chanson à boire encense les joies du partage entre amis et un certain plaisir social, elle est aussi souvent, de manière gentillette, humoristique et autorisée : transgressive, anti-conformiste, anti-sociale, dans le sens de « anti-productiviste », (éloge de l’oisiveté, …) quelquefois même anti-militariste. Dans le texte du jour, cette dimension satirique reste toutefois très légère. Elle passe simplement par la promotion d’une certaine philosophie du détachement et l’auteur y fera un pied de nez à la recherche d’avoirs et à l’accumulation de richesses.
La Probité et la joie
On plante des pommiers ès bords Des cimetières, près des morts (1), Pour nous mettre en la mémoire Que ceux dont là gisent les corps Ont aimé comme nous à boire.
Si donc de nos prédécesseurs Il nous faut ensuivre les mœurs, Ne souffrons que la soif nous tue : Beuvons des pommiers les liqueurs Ou bien de la plante tortue* (la vigne).
Pommiers croissans ès environs Des tombeaux des bons biberons Qui ont aimé vostre beuvrage, Puissions-nous, tandis que vivrons, Vous voir chargez de bon fruitage !
Ne songeons plus aux trespassez: Soyons gens de bien : c’est assez. Au surplus, il faut vivre en joye. Que servent les biens amassez Au besoin qui ne les employe ?
(1) D’après PL Jacob (op cité), coutume de certains villages normands près de Caen.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du Monde médiéval sous toutes ses formes