Sujet : animations médiévales, compagnies de reconstituteurs, animations historiques, marché artisanal, vikings, campement, évocation médiévale, Moyen Âge festif Période : Moyen Âge central Lieu : Clermont-Ferrand, Auvergne-Rhône-Alpes. Evénement : Les 27e Médiévales de Montferrand Dates : les 3 et 4 juin 2023
Bonjour à tous,
ur l’agenda des samedi 3 et dimanche 4 juin, le monde médiéval sera de nouveau à la fête en les murs de Clermont-Ferrand. Il s’agira de la 27eme édition de cet événement qui se place, cette année, sous le signe des sorcières et des alchimistes du Moyen Âge.
Des animations médiévales non stop
Après un bal d’ouverture au soir du 2 juin, la célébration se poursuivra sur l’ensemble du week-end. Sous les remparts et dans le centre historiques, les animations battront leur plein . On y retrouvera les grands classiques de toute fête médiévale réussie : spectacles de rue, saynètes, farces, déambulations costumées, mais aussi, bien sûr, musiques et danses médiévales pour que l’immersion soit complète.
Ajoutons à cela, un grand campement militaire et civil du temps de Charles VII, à l’ombre des remparts, quelques troupes vikings qu’on imagine joyeuses, viriles et combattives. Bien entendu, on pourra s’approcher pour échanger avec ces passionnés de reconstitution et de Moyen Âge ou, suivant les goûts, se contenter de les regarder œuvrer, interagir, préparer leur popottes ou croiser le fer en armure. Cette année, les visiteurs pourront aussi s’essayer au tir à l’arc sur une partie de la zone de campement réservée à cette activité.
Pour couronner le tout, on pourra découvrir sur place d’autres stands animés, entre ateliers à la démonstration de techniques artisanales d’antan (cuisiniers médiévaux, tourmenteurs, forgerons, souffleurs de verre …) et d’autres plus étonnants encore : dans ce dernier lot, Le thème de cette édition ne sera pas oublié entre recettes de potions, contes ou spectacles sur le thème de la sorcellerie et de l’alchimie.
Compagnies médiévales & troupes attendues
Le Centre Régional d’Art Dramatique de Clermont – Compagnie Toca Bestia – Les Gueuses – Les derniers trouvères – Al Cantara – Il était une fois Montferrand -Vire et Volte – Maisnie de Mont Ferrand – Cit Skuldalith – Cie Oi Askoi – Les Archers de la nuit – La belle roue – Kala Lunae – Au trois clefs – Meistre Nicodème – Les compagnons de la Vouivre – La vieille Rachel
Précisons encore que les plus petits auront aussi leur médiévale, rien que pour eux. Entre petite ferme et animaux, village en torchis à fabriquer soi-même, jeux divers ou encore promenades à cheval et à dos d’ânes pour les plus petits, ils ont été gâtés.
Enfin, comme chaque édition, un grand marché artisanal viendra s’ajouter à ces réjouissances médiévales, ainsi que de nombreux stands de restauration. Pour plus d’informations sur le programme de ces animations historiques, voir le site officiel ici.
Sujet : festivités médiévales, animations médiévales, compagnies médiévales, spectacles, marché artisanal, Moyen Âge festif, reconstituteurs. Lieu : Crest, Drôme, Auvergne-Rhône-Alpes Evénement: La 17e fête médiévale de Crest Dates : du 27 au 28 mai 2023
Bonjour à tous,
ur l’agenda des animations du week-end prochain, la ville de Crest évoquera son riche passé médiéval, le temps d’une grande célébration. Il faut dire qu’avec ses jolies ruelles en pente et ses pavés, avec encore sa grande tour qui la surplombe (le plus haut donjon médiéval de France !) , la belle cité drômoise se prête particulièrement bien à l’exercice. En temps normal, ses vieilles pierres et ses atours offrent déjà, à eux seuls, un véritable voyage au cœur du Moyen Âge.
Au programme des réjouissances 2023
Crest n’en est pas à son premier galop d’essai, puisqu’il s’agira de la 17e édition de cette belle fête médiévale. Comme à chaque fois, on peut donc s’attendre à y croiser des milliers de visiteurs et ce programme 2023 replet d’animations promet d’y contribuer.
L’année dernière, le service culturel de la municipalité, épaulée par les associations et une bonne poignée d’acteurs locaux, nous avait entraîné sur le thème d’un « Jardin au paradis ». Pour ce nouveau cru, elle a choisi comme titre de l’événement » Génération Moyen Âge », un thème qui entend faire le trait d’union entre monde médiéval et modernité. Nul doute que sous cette bannière, la fête saura aussi rallier dans la bonne humeur tous les participants avec ou sans costume, et toutes générations confondues.
Des animations médiévales plein la vue
Au fil de ces deux journées du 27 et du 28 mai, les animations battront leur plein, de manière permanente, dans les rues de la cité : farces et spectacles humoristiques, saynètes et bonimenteurs, déambulations en fête et en musique, concerts de rue, saltimbanques et cracheurs de feu seront de la partie. Pas de fête médiévale réussie sans compagnies de reconstituteurs dignes de ce nom. Sur place, des troupes en arme variées tiendront campements. On pourra y découvrir différents aspects de la vie civile et militaire médiévale, entre artisanat, exposition de matériels, animations scénarisées, auxquels s’adjoindront démonstrations de combats rapprochés en armure et exercices de tirs variés (archers, arbalétriers,…).
Le tableau ne serait pas complet sans ateliers de métiers d’antan. Cette édition vous permettra de vous initier à la broderie médiévale, à la corderie, au travail du cuir, aux métiers du verre soufflé, de la forge, de la calligraphie et d’autres encore.
Compagnies médiévales & comédiens attendues
( liste non exhaustive, artisans et exposants du marché non compris)
Archers de Saint-Loup – Compagnie Créations Internationales – Compagnie Zazie 7 – Compagnie Les Alexandrains- Compagnies l’Arbre-Frée – La Maisnie Hellequin – Les Derniers trouvères – Magic Land Théâtre – Compagnie la Lily Impro Lyon – Le Chant de l’Epée – Le Pistil – L’Ordre des Chevaliers Templiers de France – L’ordre Chevaleresque de Crest- Sagittari Liger- Ragondine
Autres surprises et temps forts
Au titre des nombreuses animations de cette édition, on pourrait encore ajouter, en vrac, une grande dictée médiévale, des jeux-quizz interactifs, une conférence sur JRR Tolkien et son médiévalisme. De nombreuses démonstrations de cuisine médiévale sont aussi prévues tout au long de l’événement. Thème oblige, pour agrémenter cette partie animation, les amateurs de nouvelles technologies et de mondes virtuels pourront également trouver, sur place, un espace « spécial gaming » autour de jeux vidéo « médiévalisants ».
Le samedi soir comptera aussi comme un vrai temps fort de cette édition. Entre ripailles médiévales animées, grands concerts, défilé de mode médiévale et spectacle de feu, il entraînera ses fêtards jusqu’au milieu de la nuit.
Marché artisanal & Ripailles
Pour que la fête soit vraiment complète, un marché artisanal d’inspiration médiévale vous permettra de satisfaire vos envies shopping ou plus gourmandes. Quant aux tablées crestoises, elles seront nombreuses à avoir donné à leur carte une touche médiévale et se tiendront ouvertes aux grand faim et grand soif, tout au long de l’événement.
Sujet : auteur médiéval, conte moral, Espagne médiévale, littérature médiévale, Europe médiévale, avidité, cupidité, mentalités médiévales, miracle, saint Dominique. Période : Moyen Âge central ( XIVe siècle) Auteur : Don Juan Manuel (1282-1348) Ouvrage : Le comte Lucanor traduit par Adolphe-Louis de Puibusque (1854) & versions originales espagnoles de l’ouvrage.
Bonjour à tous,
os pérégrinations du jour nous entraînent du côté de l’Espagne médiévale, pour l’étude d’un nouveau conte moral de Don Juan Manuel. Ecrit autour de 1330-1335 par ce noble de Castille et Leon aux nombreux titres, « le Comte Lucanor » demeure un ouvrage important pour la littérature hispanique du Moyen Âge.
Le Comte Lucanor est-il facile à lire ?
Le Comte Lucanor est un ouvrage agréable à parcourir et à lire. Son principe est simple : un noble seigneur fait face à toutes les difficultés qui touchent un homme de son rang et de sa charge ( tensions avec ses voisins, trahisons qui guettent, stratégies diplomatiques, exercices du pouvoir et gestion de ces domaines ou terres, etc…) mais il se pose aussi des questions qui touchent de plus près la vie, la mort et la morale de tous les jours.
Entouré de relations pas toujours avisées, ni désintéressées, notre personnage principal, le comte Lucanor, n’a pour seul recours que son propre valet, un conseiller du nom de Patronio qui répond à ses interrogations avec sagesse et au moyen d’exemples et d’anecdotes. Il en résulte de petits contes moraux de deux à trois pages chacun et qui peuvent se lire dans n’importe quel ordre et pas nécessairement d’une traite. Le lecteur aura également l’occasion d’y faire quelques rapprochements culturels intéressants sur l’Europe d’alors et ses territoires.
Qui est le Comte Lucanor ?
Le comte Lucanor a été écrit entre 1330 et 1335 par un Don Juan Manuel qui approche la cinquantaine. S’il lui reste encore quelques belles années à vivre, c’est alors un homme expérimenté, avec une carrière bien remplie de combats et d’exercice du pouvoir. Issu de la famille royale d’Espagne, il a côtoyé et servi les plus puissants à la cour. Respecté et craint, il compte, lui même, comme un des plus puissants seigneurs du nord de la péninsule et règne sur de nombreux duchés et seigneuries.
A l’automne de sa vie, il a sans doute voulu mettre cette longue expérience du pouvoir et de la stratégie, au service de ce comte Lucanor. Sur le fond, ce noble de papier est donc un peu son double littéraire. Certains de ces contes évoquent même, assez directement, les propres questionnements de Don Juan Manuel auxquels il répond, en se servant du miroir de Patronio (1).
En dehors des chapitres qui touchent plus particulièrement l’exercice du pouvoir ou du bon gouvernement, les exemples du conte Lucanor sont traversés d’interrogations plus existentielles et philosophiques. Les problématiques soulevées, comme les réponses, illustrent alors assez bien les valeurs qui traversent l’occident médiéval chrétien : relation à la vie, à la mort, au salut, relation à l’argent, au sens moral et aux qualités morales (honneur, renommée, postérité, mansuétude, etc…) , aux bonnes œuvres, etc. L’exemple du jour se range, sans doute plus, dans cette dernière catégorie.
Exemple XIV : le cœur pourri d’un homme avide
Les histoires de Don Juan Manuel sont assez variées du point de vue des références — il faut se souvenir qu’avant lui, cette branche royale de Castille a donné naissance à des hommes férus de littérature, de la trempe d’Alphonse X le savant — . Il peut arriver à l’auteur d’emprunter ses anecdotes à des faits survenus en Espagne ou à d’autres endroits d’Europe, ou encore à des fables ou à des récits et contes en provenance de terres plus lointaines et de temps plus anciens.
L’exemple du jour est le récit d’un miracle qui fait intervenir une prédiction spectaculaire de saint Dominique, à l’occasion d’un enterrement. Il nous transporte en Italie, aux pays des Lombards, riches marchands, banquiers et usuriers, montrés du doigt et critiqués par de nombreux textes satiriques médiévaux, ainsi que par les sociétés populaires d’alors, pour le commerce qu’ils font de l’argent (voir Histoire et littérature médiévale satirique autours des Lombards ).
Les freins médiévaux à l’usure
Si le monde est, aujourd’hui, ultra financiarisé, au delà même de toute raison, un fait demeure et ceux qui s’aventurent à le nier n’ont, sans doute, jamais mis le nez, sérieusement, dans des textes médiévaux : le Moyen Âge chrétien occidental s’est posé, dans ses valeurs morales et dans sa littérature, comme un frein sérieux à la spéculation, à la course aux trésors et à l’accumulation effrénée de richesses à n’importe quel prix. Cela ne l’a pas empêché de se servir de prêts pour financer sa croissance, ni de connaître des abus et des pillages, mais, sur le fond, ce frein était bien là pour brider certains abus, tant du point de vue des taux d’usure que du point de vue de certaines prédations.
L’Eglise elle-même et le clergé, qui étaient les porteurs officiels de ces valeurs chrétiennes, en ont été victimes quand, la voyant trop s’enrichir au goût de certains moines ou certains hommes, de nouveaux prédicateurs ont voulu s’en extraire pour fonder des choses comme les hérésies vaudoises, cathares, ou les ordres mendiants. Du moine replet et rassasié (ou du riche et productif cistercien), au moine ermite itinérant, dans l’ombre de saint Benoit et de sa règle, il semble qu’un mouvement pendulaire ait fait émerger, à plusieurs reprises, durant ce long Moyen Âge, des envies insatiables de chemins plus dépouillés et plus christiques, des appels à des vocations monacales plus rudimentaires. D’une certaine façon, la présence de ses mouvements, comme la morale chrétienne qui traversent la littérature semble prouver à quel point le christianisme et ses valeurs débordaient alors de la simple institution qui avait en charge de les représenter, pour se tenir dans tous les cœurs ou, au moins, dans tous les esprits.
Si ce monde médiéval a critiqué les « Lombards » pour leur pratique de l’usure, il a eu, tout autant, en horreur, l’avidité et la cupidité. Sur fond de valeurs chrétiennes, sa littérature, sa poésie satirique et morale et ses poètes n’ont cessé de le crier haut et fort. Pour n’en donner qu’un exemple (même si notre long périple au sein des textes médiévaux nous a amené à en croiser plus d’un), on citera ici, le, Roman de la Rose. Il avait fait, lui aussi, en son temps et de manière édifiante, la verte critique de l’avidité et, partant, l’apologie du contentement ou du dépouillement :
Si ne fait pas richesce riche Celi qui en trésor la fiche : Car sofîsance solement Fait homme vivre richement. Le Roman de la Rose, Guillaume de Lorris & Jean de Meung.
Encore une fois, nous parlons de représentations et de valeurs partagées. L’objectif n’est pas, non plus, de dépeindre un Moyen Âge idyllique ou idéalisé. Dans la pratique, les entorses existaient. On voit bien, d’ailleurs, dans ce conte que l’accumulation d’avoirs n’est pas tant condamné que son obsession au détriment de tout le reste. Disons, au moins, que le contexte social et les mentalités médiévales ne leur étaient pas favorables.
Le dépouillement comme passeport pour le ciel
Dans l’exemple du Comte Lucanor, du jour, on retrouvera, encore, cet éloge du dépouillement que nous avions abordé avec Jacques le Goff et cette idée de « testament qui devient le passeport pour le ciel. » Le médiéviste nous expliquait alors que l’homme aux portes de la mort, terrorisé de ne pas obtenir le salut, pouvait léguer toutes ses richesses à l’église en dépouillant totalement, au passage, ses héritiers. Il est amusant de retrouver, très concrètement, cette idée dans le conte du jour. On trouvera même bien réel la peur de ces derniers, au point qu’ils vont même empêcher le père de trouver le repos éternel, en congédiant le moine dominicain. Hériteront-ils, ce faisant, de la malédiction du trésor et son obsession tenace ? L’histoire ne le dit pas.
Pour finir, on notera encore une parenté relative entre le conte du jour et l’exemple XXXVIII du Comte Lucanor, que nous avions déjà étudié. Ici, un homme ne voulant se dessaisir d’une seule de ses pièces, pour traverser une rivière, finissait par y périr noyé. Non content de l’avoir rendu stupide, son avidité finissait, donc, par le condamner. Dans l’exemple ci-contre, l’homme avide et, en l’occurrence, de peu de morale et de peu de cœur, sera poursuivi jusque après la mort par ses choix de vie et même le salut de l’âme lui sera refusé, par Dieu, par ses proches et par saint Dominique. Crêpe, jambon fromage, œuf à cheval, la totale.
Exemple XIV, du miracle que fit saint Dominique lors de l’enterrement d’un usurier
NB : pour la traduction, nous nous sommes d’abord appuyés sur celle de Adolphe-Louis de Puibusque. Puis, finalement, nous sommes remontés aux sources directes du texte pour la reprendre sérieusement quand nous le jugions nécessaire. A cet effet, nous nous sommes servis de la version ancienne du Comte Lucanor, mais aussi de la version en Espagnol moderne actualisée de Juan Vicedo (2004).
Le comte Lucanor s’entretenait un jour avec son conseiller et ce faisant lui disait :
— Patronio, quelques personnes me conseillent d’accumuler le plus grand trésor possible, en me disant qu’il faudrait que je m’y consacre plus qu’à toute autre chose ; aussi, je vous prie de me dire ce que vous pensez de cela ? — Seigneur comte, répondit Patronio, bien qu’il soit certainement utile, aux grands seigneurs de disposer d’un trésor et d’argent en de nombreuses occasions, en particulier, pour avoir les moyens de faire tout ce qui est nécessaire et convenable, ce serait une erreur de croire que vous ne devez amasser ce trésor en ne pensant plus qu’à cela, en cessant de faire votre devoir auprès de vos sujets, et au détriment de votre honneur et de vos intérêts même. Car si vous agissiez de la sorte, vous pourriez connaître le sort d’un certain Lombard qui vivait à Bologne. Le comte demanda alors ce qu’il était advenu à ce Lombard. — Seigneur comte, il y avait à Bologne, poursuivit Patronio, un Lombard qui avait accumulé un grand trésor, sans jamais s’inquiéter de savoir s’il était bien ou mal acquis. Son unique pensée était de le grossir de quelque manière que ce fût. Or, il advint que ce Lombard tomba gravement malade ; son état empira rapidement, et un de ses amis, le voyant proche de la mort, lui conseilla alors de se confesser à saint Dominique, qui prêchait alors à Bologne. Le Lombard y consentit et envoya quérir saint Dominique. Quand on le fit appeler, Saint Dominique comprit tout de suite que ce n’était la volonté de Dieu que ce mauvais homme n’endure aucune peine pour tout le mal qu’il avait causé. Il ne souhaita pas se déplacer, mais envoya un autre moine pour qu’il se rende sur place (2). Dans le même temps, comprenant que leur père avait fait quérir saint Dominique, les enfants du lombard s’en inquiétèrent, craignant que le bon saint ne requiert du mourant la donation de tous ses biens en échange du salut de son âme, en les laissant dans la misère. Aussi, lorsque le moine se présenta, ils lui firent savoir que leur père était en pleine crise de fièvre et qu’ils l’avertiraient sitôt que ce dernier irait mieux.
Peu de temps après, le Lombard perdit l’usage de la parole et mourut, de sorte qu’il ne put prendre aucune disposition pour le salut de son âme. Le lendemain, on s’occupa de l’enterrer, et, sur la demande de ses enfants, saint Dominique consentit à venir faire son oraison funèbre. Quand le saint dut parler du défunt, il cita ces paroles de l’Evangile : « Ibi est thesaurus tuus, ibi est cor tuum », c’est-à-dire, « où est ton trésor là est ton cœur ». Puis, il ajouta, en se tournant vers l’assistance : — Mes amis, pour vous convaincre de la vérité des paroles de l’Evangile, faites rechercher le cœur de cet homme et vous verrez que vous ne le trouverez pas à sa place, mais bien plutôt dans le coffre où il tenait son trésor enfermé. »
En effet, on alla chercher le cœur du mort dans son corps et il ne s’y trouvait plus ; comme saint Dominique l’avait indiqué, on le trouva dans le coffre. Et il était plein de vers et exhalait la pire odeur de putréfaction qu’on n’est jamais pu sentir.
» Et vous seigneur comte Lucanor, même si, comme je le disais précédemment, posséder de l’argent peut être utile, prenez garde à deux choses si vous désirez former un trésor : d’abord, que ce trésor soit de bonne et honorable provenance ; ensuite, que vous ne mettiez pas autant d’attachement dans ce trésor au point de vous condamner à faire ce que vous ne devriez pas faire, ou à négliger votre honneur et les devoirs que vous devez remplir. Avant toute chose, vous devez tenter de réunir un trésor de bonnes œuvres, pour mériter la grâce de Dieu et l’estime des hommes (une bonne renommée auprès des gens). »
Le comte apprécia beaucoup ce conseil de Patronio ; il le suivit et s’en trouva bien ;
Et Don Juan jugeant aussi que la leçon était utile à retenir, la fit écrire dans ce livre, avec deux vers qui disent ceci :
« Cherche, par-dessus tout, le trésor véritable Et garde toi toujours de l’avoir périssable. » (3)
En vous souhaitant une bonne journée.
Frédéric EFFE Moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Notes :
(1) L’exemple XV du conte Lucanor : « De ce qui advint à Don Lorenzo Suarez Gallinato à la porte de Séville » semble faire clairement référence aux relations houleuses et dangereuses qui virent, durant de longues décennies, le roi d’Espagne Alphonse XI s’opposer au grand seigneur et prince de Villena : faux promesse de mariage et séquestration durant de longues années de la fille de Don Juan Manuel, que le roi n’épousa jamais, complots et tentative d’assassinat sur la personne de Don Juan Manuel, pour finalement, voir les deux hommes se rabibocher bon gré mal gré. L’introduction de l’exemple XV commence par : « Patronio lui dit-il, j’ai eu le malheur de mettre contre moi un roi très puissant, et comme cette inimitié durait déjà depuis bien des années, nous finîmes de guerre lasse par nous accommoder ensemble (…) Malgré cette réconciliation et les rapports pacifiques qui existent entre nous, il nous est impossible de nous fier l’un à l’autre. »
(2). Ici le traducteur original se contente de : Le Lombard y consentit et envoya chercher saint Dominique qui, ne pouvant venir chargea un moine de le remplacer auprès du malade.
(3) La formule choisie par Adolphe-Louis de Puibusque est assez heureuse et claire : « Là-haut est le seul bien, le trésor véritable , Tâche de le gagner ; Tout autre est périssable. » , nous ne l’avons remplacé que pour coller un peu plus à la version originale espagnole qui sous-entend ce qu’est le trésor véritable, alors que notre auteur du XIXe siècle a décidé de rendre le tout un peu plus explicite. L’Espagnol ancien original donne : Gana el tesoro verdadero, et guárdate del falleçedero. En Espagnol moderne, Juan Vicedo opte pour : » Amarás sobre todo el tesoro verdadero, despreciarás, en fin, el bien perecedero. » Autrement dit : en aimant par dessus-tout le trésor véritable, tu finira par déprécier les biens périssables.
Sujet : marché, animations historiques, histoire vivante, inspiration médiévale, artisanat, marché historique Evénement : 5e Marché de l’Histoire Lieu : Espace Le Tigre, Margny-lès-Compiègne, Oise, Hauts-de-France. Date : les 15 et 16 Avril 2023
Bonjour à tous,
our ce week-end faisant suite aux fêtes de Pâques, nous vous entraînons, cette fois-ci, du côté des Hauts-de-France et du département de l’Oise. Plus qu’un événement festif, il s’agit d’un Marché de l’Histoire, celui de Margny-Lès-Compiègne. Ceux qui nous suivent le connaissent puisque nous vous présentons, en principe, chaque nouvelle édition, quand la Covid et les mesures sanitaires ne se mêlent pas de l’annuler.
240 exposants et un grand marché historique
A l’habitude, ce marché de l’Histoire se tiendra à l’Espace le Tigre de Margny-Lès-Compiègne et sera organisé par l’Association pour l’Histoire vivante. Plus de 240 exposants y sont annoncés venus des quatre coins de France mais aussi de divers pays d’Europe. Fidèle à son concept, il représentera une large période historique s’étalant de la préhistoire jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
Pour le reste, il s’agira là de la 5eme édition de cet événement. On se souvient qu’un autre marché de l’histoire revient, également, sur place, chaque automne, généralement accompagné du festival Fous d’Histoire. L’édition printanière se concentre, quant à elle, uniquement sur la partie marché et exposants. A l’initiative de la municipalité, sa vocation est de faire suite à un événement similaire qui se tenait auparavant à Pontoise. Pour rappel, l’entrée est payante (de 4€ tarif réduit à 8€ tarif normal) et vous pourrez trouver plus d’informations sur le site de l’organisateur.