Sujet : mottes castrales, motte féodale, archéologie expérimentale, architecture médiévale, château à motte, archéosite Période : moyen-âge central, XIIe siècle Lieu : Tour Roland, Lassigny,
Oise, Hauts de France Porteur du projet : Bruno De Saedeleer Association Sauvegarde du Patrimoine,
Bonjour à tous,
ous avons déjà eu l’occasion de publier plusieurs articles au sujet du site de la Tour Roland de Lassigny et c’est toujours un plaisir que de suivre les avancées de ce projet engagé, depuis plus de 8 ans, par son créateur Bruno De Saedeleer.
Aux dernières nouvelles, le logis seigneurial était en voie d’édification sur le site de cette motte historique datant du XIIe siècle. Il est désormais achevé et la belle tour maîtresse se dresse maintenant, fièrement, au sommet de sa butte. C’est une étape symbolique et cruciale du projet mais, ne nous y trompons pas, nombre de chantiers ambitieux restent encore à l’oeuvre sur le site.
Deux grands projets pour l’immédiat
Le premier consistera à meubler cette grande tour. Pour cela, une opération de financement participatif a déjà été mise en place sur le site Dartagnans.fr.
Le deuxième projet a pour ambition de mieux faire connaître le site et son histoire. Il consistera en la réalisation, dès l’arrivée des beaux jours et en mai prochain, d’un film de trente minutes. Avec la participation de nombreux figurants en costume d’époque, ce tournage devrait permettre de faire revivre le village et la Tour Roland, du temps de son seigneur Roland, fils de Ulfr. Bien sûr, en plus de tout cela, la construction du reste des édifices et installations se poursuit.
C’est l’une des première fois qu’une opération de ce type est tentée en Europe. Elle relève d’une double gageure puisqu’il s’agit d’édifier un parc et village d’inspiration médiévale sur l’emplacement original d’un site archéologique et historique. A l’évidence, la tenue d’un tel chantier suppose la gestion de sérieuses recherches et appuis, mais aussi sa part d’expérimental et d’inconnu. C’est du reste le lot de tous les sites qui entendent faire revivre le Moyen-âge. En l’absence de sources précises, il s’agit toujours pour les porteurs de tels projets de tracer les frontières entre reconstitution et évocation, mais aussi de savoir les rendre lisibles au public.
Au delà de cette dimension et de l’émotion que ne manque pas de susciter, auprès des acteurs et de la presse locale, la sortie de terre d’un château à motte, évoquant l’ancêtre médiéval du village actuel, il faut encore souligner que cette aventure emporte aussi des ambitions plus larges : des aspects pédagogiques et de sensibilisation avec notamment la tenue sur place de chantiers-école et l’accueil de scolaires, en plus du grand public, mais également des aspects de développement local et rural prometteurs. A ce titre de grandes fêtes, événements et divertissements y sont prévus, à commencer par la tenue d’une Médiévale en juin. Affaire à suivre donc.
Sujet : mottes castrales, motte féodale, archéologie médiévale expérimentale, architecture médiévale, château à motte, lieux d’intérêt, archéosite Période : moyen-âge central, XIIe siècle Lieu : Lassigny, Oise, Hauts de France Porteur du projet : Bruno De Saedeleer Association Sauvegarde du Patrimoine,
Bonjour à tous,
u’est-ce qui nous fait lever matin ? Qu’est-ce qui fait que certains courent, plus que d’autres et avec plus de force encore, après leurs rêves ? Quelquefois, la passion pour le patrimoine, l’Histoire, et les mystères du passé suffit à soulever des montagnes et c’est le cas de l’aventure humaine dont nous voulons vous parler aujourd’hui.
L’histoire commence autour des années 2010-2011. Nous sommes dans l’Oise, près de Compiègne, dans la région des Hauts- de-France et sur le territoire de la commune de Lassigny. Il y a là un site historique, les vestiges d’une motte castrale qui, durant le moyen-âge, surplombait un petit village rupestre qu’elle tenait sous sa protection. Comme dans la plupart des cas de ce genre, quand la motte n’a pas donné lieu à des installations plus durables, il n’en demeure plus de visible qu’une simple élévation, un tertre nu dominant la plaine. Sans être un peu averti du sujet ou curieux des choses du monde médiéval, on aurait même pu, il y a encore quelques années, passer à côté sans savoir, mais ce n’est plus le cas désormais.
Il y a près de 6 ans de cela, Bruno De Saedeleer, un passionné d’archéologie et d’Histoire, s’est, en effet, mis en tête d’aller bien plus loin que la simple préservation du site, en l’état. Avec l’appui de la commune, il a même décidé d’y insuffler de nouveau, la vie qui animait déjà l’endroit, il y a près de 1000 ans quand un petit seigneur du nom de Roland, tenait ce fief et en avait fait son havre, sous la main de Raoul 1er, sénéchal de France et comte de Vermandois dont il était le vassal.
Un chantier d’archéologie expérimentale.
Sans attendre, une Association est donc créée avec pour nom sans équivoque « Sauvegarde du Patrimoine ». Son ambition ? Faire resurgir ici d’après plan et sur le site historique même les bâtiments, le village médiéval et la tour maîtresse, pour replonger ses futurs visiteurs au coeur du moyen-âge central.
En 2011, après une étude des sols réalisée à la demande de l’Association, sous la houlette conjointe de l’archéologue médiéviste Richard Jonvel et de l’Université de Picardie Jules Verne, on mettra à jour des vestiges, des tracés et une masse d’information suffisante pour avoir une vision plus claire du site tel qu’il se présentait par le passé. Cap sur le XIIe siècle ! L’aventure de l’archéosite de la Tour Roland pouvait enfin vraiment débuter.
De retour à la période médiévale, l’édification de la motte et la construction de sa tour soulevèrent, semble-t-il, quelques débats. Nous en avons déjà parlé en d’autres endroits, les mottes castrales ont souvent été élevées rapidement, quelquefois en quelques jours seulement, et celle-ci, en son temps, ne fut pas du goût de l’évêché de Noyons qui n’y vit alors rien moins qu’une atteinte à sa suzeraineté sur ses terres. Après quelques pourparlers et de sérieuses négociations avec le comte de Vermandois, la question fut pourtant réglée et, sous condition(s), on laissa finalement la tour et son élévation occuper, pour longtemps, le terrain. C’est à cette période, autour de la date clé de 1137, que l’Association Sauvegarde du Patrimoine se propose de refaire vivre le site.
Le chemin parcouru : échanges,
expériences, expérimentations
Après sa création, d’autres passionnés et érudits sont venus se joindre à l’aventure pour y apporter leur expertise ou y prêter leur main. De son côté, pour faire bonne mesure, l’Association a continué de s’entourer des conseils éclairés d’experts, historiens, archéologues, médiévistes et universitaires. Vous l’aurez compris, on ne veut, ici, rien laisser au hasard et il s’agit bien de conduire une expérience d’archéologie expérimentale au plus près de la réalité historique.
Techniques de constructions d’époque, taille de pierre, grand renforts de bois, outils forgés sur place pour certains d’entre eux, à l’image du chantier de Château de Guedelon,l’Association fait appel à son environnement immédiat pour trouver les matériaux nécessaires à la réalisation du projet. Lieu d’échange et de découverte, d’apprentissage, mais encore d’expérimentation, à quelques années de son lancement, le site de la Tour Roland est devenu un peu tout cela à la fois.
Loin de rester sur le papier, en six ans, le projet a en effet bien avancé et s’est largement concrétisé. Le site est totalement ouvert aux visites qui servent à appuyer valablement son financement et il accueille encore de nombreux bénévoles ou scolaires sur ses différents chantiers. Aujourd’hui, vous pourrez y découvrir une forge, des écuries, des étables, une belle barbacane de bois, une maison de potier, un four à pain et encore une grange qui a même, depuis sa création, donné naissance à des animaux, veaux, chèvres et poussins. Quant à la tour maîtresse juchée sur la butte, son premier niveau et ses premiers rangs de pierre se dressent déjà fièrement avec comme objectif sa finalisation dans le courant de l’année à venir. Par la suite, le projet devrait se poursuivre encore plus loin dans le temps et de nouvelles campagnes de fouilles seront également conduites sur site.
Partenariats institutionnels et financement
Du côté des partenariats, la municipalité, ainsi que le département de l’Oise et même la communauté de communes se sont associés au projet. Ils ont été encore rejoints par quelques autres partenaires privés et financiers.
Un agrément a également été signé avec l’éducation nationale dans le cadre des Contrat Départementaux de Développement Culturel. donnant lieu notamment à des chantiers écoles d’apprentissage et de sensibilisation à l’Histoire autant qu’aux méthodes de constructions venues du moyen-âge.
Bien sûr, afin de consolider ses appuis, de se doter de moyens supplémentaires et d’avancer plus efficacement dans ses objectifs, la structure accueille toujours avec bienveillance et enthousiasme tout nouveau partenaire désireux de faire partie de l’aventure, en numéraire, en moyens matériels ou même venu mettre la main à la pâte sur le terrain.
Avant de terminer cette brève présentation du site de la Tour Roland et de son beau projet, signalons encore que chaque année, des Médiévales sont organisées sur place autour du mois de juillet. Nous aurons, bien sûr, l’occasion de vous informer de celles à venir. Dans l’attente, pour plus d’informations, de photos et de détails, visitez le site web officiel ici : www.tour-roland.com
Pour plus d’informations sur les mottes castrales, ajoutons enfin que vous pouvez valablement vous référer à nos vidéos de reconstitution et nos articles sur la question : Les mottes castrales et les châteaux à motte.
En vous souhaitant une belle journée.
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.
A propos de la Tour Roland de Lassigny, vous pourriez aussi aimer :
Sujet : motte castrale, motte féodale, monde médiéval, monde féodal, châteaux à motte, château fort, reconstitution historique Média : chaîne youtube, vidéo, documentaire Date de mise en ligne : 14 juillet 2016 Auteur : votre serviteur.
Tout savoir sur les mottes castrales (ep1)
Bonjour à tous,
e premier épisode vidéo de notre série sur les mottes castrales vient enfin d’être publié. La post-production a pris un peu plus longtemps qu’à l’habituel mais l’idée était de donner de la vie et même de l’humour à ce qui finalement a pris la forme d’une vidéo entre la conférence un peu éducative (j’aime à l’espérer en tout cas. :p ) et la ballade médiévale. Quoiqu’il en soit, nous espérons que vous apprécierez. Il y a, derrière tout cela, plus de 250 heures de travail entre les lectures, les recherches, la réalisation du monde 3D, et bien sûr la post-production vidéo.
Au niveau contenu, on peut retrouver dans cette vidéo tous les thèmes abordés à l’occasion de nos différents articles sur la question : le contexte historique, le monde féodal et les invasions « barbares », les conditions d’émergence des châteaux à motte, etc. Les références historiques et archéologiques y sont nombreuses avec notamment un hommage appuyé aux nobles historiens et archéologues qui dédient leur vie à la recherche de notre histoire et à l’archéologie médiévale de l’école de Caen.
Pour le reste, il nous semblait qu’un tel sujet souvent traité en introduction en quelques minutes quand on parle de l’Histoire des châteaux méritait un peu plus de durée et de détails surtout. Il existe quelques vidéos sur les mottes castrales et leur reconstitution mais elles durent en général moins de deux minutes montre en main. Alors au final des trois épisodes, on ne saura peut-être pas tout mais j’espère au moins que l’on en saura un peu plus.
A la croisée des possibles
L’exercice de réunir dans un monde fictif des éléments sus et connus du moyen-âge pour en faire ressentir et vibrer l’Histoire est toujours un peu périlleux. Et même si la tentation du Lyrisme de Georges Duby est louable, au carrefour des possibles reconstitués la frontière est quelquefois glissante. Bref, la prétention d’effleurer quelques vérités est déjà suffisamment grande pour en rajouter, j’espère que vous y trouverez de l’intérêt.
Il n’y a, au fond, plus grande chose que d’éveiller les curiosités et de susciter les débats. Alors n’hésitez pas, tout commentaire, remarques ou questions sont les bienvenus.Voilà, cela étant dit, je vous en laisse juger. Pour partager le lien vers la vidéo vous pouvez utiliser le lien de l’article, sinon le lien direct vers la vidéo est ici.
De notre côté, nous nous recollons sur le montage du deuxième épisode que nous avons bien sûr déjà engagé et qui traitera de la vie et des bâtiments de la basse-cour: au programme agriculture, justice, artisanat et religion.
En vous souhaitant une très belle journée et une longue vie!
Frédéric EFFE
Moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »
e vous propose, aujourd’hui, de découvrir, en exclusivité, quelques images d’un projet de reconstitution « historique » auquel nous sommes attelés depuis quelques temps et sur lequel nous avons déjà empilé quelques sérieuses heures.
L’idée est de reconstituer une motte castrale de la fin du XIe, début du XIIe siècle, en nous servant d’une main de la sandbox du jeu Medieval Engineers et de l’autre main de sources archéologiques et historiques entre lesquelles : le dictionnaire raisonné d’architecture médiéval de Eugène Viollet le Duc, les chroniques du curée d’Ardre et encore divers autres documents sur des sites existants actuellement fouillés par les archéologues. S’il ne s’agit pas d’une motte ayant précisément existé, mais plutôt d’un hybride qui réunit les caractéristiques de plusieurs ayant quant à elles existé, cette motte castrale se situe donc au plus près du champ des possibles. Il faudra encore quelques heures pour boucler ce monde mais une fois fini, nous nous en servirons pour réaliser quelques vidéos sur l’histoire des châteaux forts et notamment, en l’occurrence, des châteaux à mottes.
Le site naturel : plaine et rivières
Même si nous voyons quelques montagnes au loin, notre motte castrale se trouve en plaine. A l’image du site de la Tusque, à Sainte-Eulalie d’Ambarès, décrit par Viollet le Duc dans son dictionnaire d’architecture médiévale, l’enceinte a tiré avantage de la présence des deux ruisseaux qui la borde. Elle bénéficie donc de cette protection naturelle. Sur le plus grand des deux cours d’eau, un barrage a également été ménagé pour inonder le fossé, au pied de la motte.
Une hauteur exceptionnelle
Au vue de sa hauteur, on doit supposer que cette motte est partiellement artificielle. Elle dépasse de près de dix mètres celle du château de Gisors. Sauf erreur de ma part, si une motte telle que la notre avait été élevée totalement artificiellement, à ce jour, elle détiendrait le record de la plus haute motte castrale jamais construite. Le plateau de cette création virtuelle culmine en effet à une hauteur supérieure à trente deux mètres. et vous êtes donc, techniquement en face de la motte castrale la plus haute jamais construite. Je n’en suis pas peu fier je dois dire, mais il faut admettre que les pelletées de terre virtuelle sont bien plus légères que les réelles. Outre le fait qu’il soit du plus bel effet visuel et nous aide à percevoir encore mieux, l’effet symbolique de ce type de construction sur qui se trouve au pied, ce gigantisme de circonstance nous permettra encore d’aborder la question de la taille moyenne des mottes castrales et de pouvoir ainsi remettre en échelle les créations du passé. Il n’est pas impossible également que dans une future vidéo, cette motte n’accueille un château du type de celui de Gisors, si ce n’est une réplique de ce dernier, mais j’en dit déjà trop.
Au vue de la taille de l’élévation et même de l’enceinte, on peut également déduire que le seigneur qui l’a faite construire était relativement aisé mais qu’en plus, il n’était peut-être pas aussi pressé par le contexte que certains ont pu l’être à l’époque (qui ont érigé quelquefois des mottes en à peine quelques jours). De la motte prestige à la motte guerrière, réponse immédiate à l’envahisseur ou au voisin plein de convoitise, de la motte du seigneur aisé à celle du seigneur chiche ou de peu de moyens, la disparités des statuts et des situations se donnent à voir dans les architectures. Ici, nous avons pris résolument le pari du prestige et de la grandeur. Point de pierre donc encore pour ce seigneur dans ce XIe finissant, il trouve son luxe et affirme sa grandeur avec le bois, mais en revanche, il ne badine pas.
La tour maîtresse : inspirée des chroniques du curée d’Ardres et de Viollet le duc.
Au sommet de la motte, nous avons juché un grand donjon, spacieux et doté de tout le confort nécessaire à la vie du seigneur et de ses gens, familles, « gens de maison », et garnison d’élite. Son intérieur et la disposition des différents espaces de cette grande tour maîtresse s’inspirent, en grande partie, des descriptions que l’on trouve dans les chroniques du curée d’Ardre. Du point de vue défensif, cette grande tour est, bien sûr, entourée d’une chemise de bois sur le haut de la motte, mais le dispositif est également doublé au pied de butte. L’accès à l’intérieur du donjon ne se fait que depuis le premier étage et au moyen d’un dispositif que l’on peut relever ou baisser. Le bâtiment est aussi nanti de force hourds sur son pourtour ainsi que de quelques autres mécanismes de défense supplémentaires que nous vous présenterons dans la vidéo. Son intérieur prétend également refléter l’obsession de sécurité et de protection personnelle que les seigneurs francs exigeaient de ce type de bâtiments. La barbacane, à l’entrée de l’enceinte, comme celle au sommet de la motte tâche de suivre les études faites par Jean Mesqui sur les portes des châteaux et enceintes, au XI et XIIe siècle.
Côté Basse-cour
On trouvera dans la basse-cour, une église à l’architecture inspirée des églises d’Art Roman des XIe et XIIe siècles mais faite de bois et non encore de pierre. Tous les châteaux à mottes n’ont pas accueilli d’église en leur enceinte, mais ça a été le cas d’un certain nombre d’entre eux et celui que nous avons réalisé en compte une.
Il y aura encore dans cette basse-cour tous les bâtiments nécessaires à la vie du château à mottes, tels que les décrit Viollet le Duc, mais aussi quelques autres auteurs, historiens ou archéologues, ayant écrit sur la question: écurie du seigneur, magasins, artisans mais encore, ici, quelques paysans qui y cultivent ou qui y élèvent des bêtes et se qui sont rangés sous la protection de la motte et de son seigneur. Nous vous présentons ici quelques photos et captures de certaines de ces constructions.
La série de vidéos sur cette motte castrale suivra bientôt. Il reste encore quelques détails à finaliser pour que cet univers soit prêt. Vous en serez, bien entendu, les premiers avertis!
En attendant, une très bonne journée à tous et longue vie!
Fred
Pour moyenagepassion.com « A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes »