Sujet : agenda médiéval, fêtes, animations, Moyen Âge festif, marché artisanal, marché médiéval, compagnies médiévales, campements, ateliers, artisanat médiéval. Evénement : Les Médiévales du Grand-Pic-Saint-Loup Lieu : Teyran, Hérault, Occitanie. Dates : samedi 30 avril & dimanche 1er mai 2022
Bonjour à tous,
ur l’agenda de ce week-end du 1er mai, nous avons déjà mentionné la Médiévale bretonne de Locronan, mais ceux qui sont dans le sud ne seront pas, non plus, en reste. Du coté de l’Occitanie, à quelques encablures au nord de Montpelier, de belles animations autour du Moyen Âge les attendent en la cité de Teyran : les Médiévales du Grand Pic Saint-Loup.
Au programme des animations
Cette année, l’événement est organisé par la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup, ainsi que la commune de Teyran et son office du Tourisme, le tout en collaboration avec l’Association Historique l’Oriflamme. Il s’étalera sur deux journées : les samedi 30 avril et dimanche 1er mai.
Ces belles festivités médiévales n’en sont plus à leur galop d’essai puisqu’il s’agira, là, de leur 14e édition après deux ans d’absence pour les raisons que l’on sait. En dehors de cela, leur formule est originale puisqu’elles sont, en réalité, itinérantes et se baladent chaque année, d’un village à l’autre, dans la région de la montagne occitane du Pic Saint–Loup. Elles sont habituellement suivies par une audience de 10 à 15000 visiteurs, qu’on leur souhaite de reconquérir et même de dépasser pour cette édition 2022.
Le programme de ce cru est bien rempli et on pourra y croiser de nombreuses compagnies, comédiens, bateleurs & musiciens que le Moyen Âge inspire. Aux saynètes et contes, spectacles comiques, déambulations musicales et visuelles, viendront s’ajouter des jeux et animations variés pour les grands comme les plus petits. Dans la ribambelle d’artistes et de reconstituteurs venus animer les rues de Teyran, Les Compagnons du gras jambon qu’on ne présente plus, seront aussi de la fête avec leurs rythmes effrénés.
On pourra encore compter sur la présence d’un campement de nobles chevaliers comme aux temps médiévaux et assister à force démonstrations d’armes et de combats avec même, comme temps fort, une grande mêlée de chevaliers prévue sur chacune des journées. Sur les aspects liés à la vie quotidienne, des ateliers d’artisanats comme au Moyen Âge seront aussi présentés.
Enfin, pour les emplettes, la gourmandise et la flânerie, un marché artisanal d’inspiration médiévale se tiendra également sur place. Les exposants du cru y seront même rejoints par des artisans et commerçants venus de Montelibretti en Italie (ville jumelée avec Teyran depuis plus de 5 ans).
Compagnies médiévales et artistes attendus
Battle of color – Vercoquin- Lanceurs de drapeaux Castiglion Fiorentino – Crinière d’Evol – Armutan – Caminaire – Jehan Sérien – Compagnie des 4 vents – Les Compagnons du Gras Jambon – Compagnie Merces – Association l’Oriflamme.
En vous souhaitant une excellente journée et de belles médiévales du Pic du Grand-Loup si vous vous y rendez.
Frederic F pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : L’image d’en-tête ainsi qu’une partie des photos présentes dans cet article sont tirées de l’édition 2019 des Médiévales du Grand-Pic-Saint-Loup et d’une vidéo faite, à cette occasion, par TV Languedoc.
Sujet : science médiévale, savant, psychologie, citations médiévales, miroir des princes, exercice politique, manipulation, asservissement. Période : Moyen Âge central, XIIIe siècle Auteur : Roger Bacon (1214-1292) Ouvrage : Lettre sur les prodiges de la nature et de l’art et la nullité de la magie, A. Poisson, (1893)
Bonjour à tous,
ans le courant du Moyen Âge central, le savant, médecin et alchimiste Roger Bacon liste, dans un petit ouvrage de moins de 100 pages, les prodiges de la nature et de l’art contre ceux de la magie. Au XIXe siècle, l’écrivain et alchimiste Albert Poisson traduira en français actuel cette Epistola de secretis operibus naturae et artis et de nullitate magiae du Doctor Mirabilis dont on n’avait déjà connu certaines traductions en français vernaculaire dans le courant du Moyen Âge.
Dans cette Lettre sur les prodiges de la Nature et de l’Art, le savant médiéval listera un certain nombre de choses dont certaines pourraient paraître assez surprenantes au profane, au regard du XIIIe siècle dont Roger Bacon est contemporain. Nous en avons déjà cité quelques extraits et citations dans de précédents articles et nous nous récidivons aujourd’hui.
L’asservissement des individus par le prince
Dans son chapitre consacré aux « expériences merveilleuses », Roger Bacon conclut en s’éloignant des arts mécaniques pour basculer sur un propos plus proche de la manipulation politique des individus.
« Il y a un prodige qui l’emporte sur tous les précédents. L’âme raisonnable, qui ne peut être asservie, puisqu’elle possède la liberté, peut cependant être efficacement circonvenue, dominée et disposée de telle sorte qu’elle changera volontiers ses habitudes, ses affections, ses volitions, selon la volonté d’un autre (1), et non seulement on peut ainsi dominer une personne, mais encore une armée, une cité, tout un peuple. Aristote dans le livre des Secrets enseigne la manière de faire cette expérience aussi bien sur un peuple ou une armée que sur les individus. L’on peut dire que c’est là l’extrême limite de la nature et de la science. »
Lettre sur les prodiges de la nature et de l’art, Roger Bacon (1220-1292), Traduction de Albert Poisson
(1)note d’ Albert Poisson :Roger Bacon exposant clairement le dogme de la suggestion mentale ou du magnétisme animal, comme on voudra, quel enseignement pour les adorateurs fanatiques de la science actuelle ! Et encore l’alchimiste anglais reporte cette expérience à Aristote, ce qui nous ramène à quelques siècles avant l’ère chrétienne, ou tout au moins si le livre des Secrets est supposé, à un écrivain arabe. Le fait est trop clairement exposé pour être discuté, Bacon parle bien de la substitution d’une volonté à une autre volonté !
Le Secret des Secrets, un succès médiéval
La référence de Bacon est donc empruntée au Secretum Secretorum, ouvrage très populaire du Moyen Âge que l’on a longtemps attribué à Aristote, devenu avec le temps « Pseudo-Aristote » et dont l’auteur est resté anonyme.
Ce « Secret des secrets » a émergé dans la littérature proche-orientale du Xe siècle sous la forme d’un ouvrage ayant pour nom « Kitāb-al-siyāsaẗ fī tadbīr al-riyāsaẗ ». Ce dernier se présente comme un échange épistolaire supposé du philosophe Aristote vers son prestigieux disciple Alexandre le Grand. Ses origines sont, peu ou prou, inconnues. La version arabe s’annonce comme une traduction du grec vers le syriaque, puis de cette langue vers l’arabe par Abu Yahya ibn al-Batriq, un érudit du IXe siècle. Depuis, cette assertion a été remise en cause par certains érudits et certaines hypothèses font remonter Le Secret des Secrets à un autre miroir des princes islamique dont il aurait été inspiré : le as-Siyâsat al-‘âmmiyyahn du VIIIe siècle.
Popularité de cet ouvrage au Moyen Âge
Livre de conseils de gouvernance (ou miroir des princes, comme on les nomme alors), le Secretum Secretorum apparaîtra, en Europe, dans des centaines de manuscrits du Moyen Âge central : d’abord en latin, puis en français vernaculaire à partir du Moyen Âge tardif et des XIVe/XVe siècles. Il existe en deux versions une courte et synthétique, une autre plus longue de plusieurs volumes. Les thématiques abordés par ce « digest » de la bonne tenue et de la bonne gouvernance à l’attention des puissants demeurent assez larges : stratégies à tenir en matière d’administration et de gestion du pouvoir, usage des conseillers, vertus nécessaires et vices à écarter mais encore santé, régime, vêtements et apparence, … Et pour finir, cette énigmatique « physiognomonie », une discipline qui permettrait de connaître l’âme des hommes d’après leur physique/physionomie, leurs traits particuliers et leurs attitudes, à des fin, bien sûr, de manipulations ou, pour le dire plus positivement, de meilleur gouvernement.
En plus des manuscrits qui attestent de la grande popularité médiévale de l’ouvrage, des références à son contenu apparaissent aussi clairement entre les lignes de nombreuses autres auteurs médiévaux dont Albert le Grand ou Gilles de Rome. Roger Bacon en proposera même une version remaniée et annotée. Plus près de nous, on doit au Docteur ès Lettres et professeur Denis Lorée, une édition commentée du Secrets des Secrets qui vous pourrez trouvez facilement en ligne (voir également ce lien).
Vieux comme le monde et toujours d’actualité
« Plusieurs types de secrets se côtoient dans le traité du Pseudo-Aristote. Les secrets humains sont ceux que chacun utilise pour tromper l’autre. Ils ne sont acceptables que lorsqu’ils permettent de maintenir le prince dans ses fonctions et le royaume en équilibre. »
Edition commentée du Secret des Secrets, Denis Lorée, CELAM, 2012.
A ces secrets, viendront s’ajouter, notamment, les secrets divins, confiés à Dieu à un nombre choisi d’élus et de princes avec grande responsabilité de ne pas les révéler. Marketing médiéval et teasing avant l’heure ? En suivant la plume de Denis Lorée, une partie des secrets éventés par l’ouvrage pourrait avoir fait l’effet d’être un peu remâchés ou survendus même pour certains érudits et savants du XVe siècle.
Quant à la manipulation des individus et des masses par les pouvoirs politiques, si les moyens sont différents au XXIe siècle, le fond n’a guère changé. A l’ère du tout médiatique et numérique, la rapidité de traitement de l’information et son inflation est loin d’être un gage de qualité, et encore moins de vérité. Comme toujours, pour demeurer libre et échapper à la désinformation autant qu’à la manipulation, le devoir nous échoit de croiser très sérieusement les sources pour exercer à plein notre intelligence. C’est, à ce jour, la seule chose qui permette de se faire une idée plus claire de la réalité de l’action politique derrière le visage affable de sa communication. Ce devoir de sens critique est particulièrement essentiel à l’heure où l’on traverse, en France assurément, sinon dans d’autres pays d’Occident, une crise de confiance de plus en plus grande vis à vis de la réalité de l’exercice démocratique, le tout en relation avec des connivences de « caste » aux idéologies autant qu’aux intérêts politico-économico-médiatiques convergents.
En vous souhaitant une excellente journée. Fred pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : l’image d’en tête est tirée, pour le premier plan, d’une gravure de l’édition de 1893 de la Lettre sur les prodiges de la nature et de l’art de Roger Bacon, traduite par A poisson. Son arrière plan provient du manuscrit Ms- 2872 de la Bibliothèque de l’Arsenal. Daté de la première moitié du XVe siècle, cette ouvrage contient diverses œuvres du Moyen Âge en provenance d’auteurs divers, dont le Secrets des Secrets (à consulter en ligne ici).
Sujet : agenda médiéval, fêtes, animations médiévales, Moyen Âge festif, reconstitution, marché artisanal, marché médiéval, compagnies médiévales, campements. Evénement : La Médiévale de Locronan 2022 Lieu : Locronan, Finistère, Bretagne. Dates : le dimanche 30 avril et lundi le 1er mai 2022
Bonjour à tous,
prés deux ans d’absence, la Médiévale de Locronan est, de retour sur l’agenda. Elle se tiendra durant tout le week- end du 1er mai et fournira l’occasion aux locaux, comme aux visiteurs de passage dans le Finistère, de célébrer le Moyen Âge en grand.
Au programme de la Médiévale de Locronan
En 2019, la dernière édition de cette fête médiévale avait accueilli près de 20000 visiteurs. Pour ce cru 2022, les associations Memoria Medieval Heram & MedievaLokorn qui l’organisent attendent un beau succès. Il s’agira d’une première reprise de l’événement, après deux ans d’annulation dues à la crise sanitaire.
Au programme des animations, mesnies, compagnies médiévales, mais encore joyeux troupes de musiciens et de comédiens viendront animer la fête. En plus d’un campement médiéval avec ses combats et ses ateliers, on assistera à des démonstrations de Béhourt effectués par des combattants chevronnés venus de Brest et de Quimper, spécialement pour l’occasion. A tout cela, viendront s’ajouter déambulations variées, animations de rue et musique d’époque. Pour faire bonne mesure, un marché d’inspiration médiévale sera aussi de la fête avec ses artisans et ses échoppes.
Compagnies médiévales & artistes attendues
La Mesnie du Goëlo – Monkey flamme – MedievaLokorn –La compagnie Ar Laouen Broc’h – Memoria Medieval Heram – Bardawen et le chaudron folklorik – Thierry Brillault – Combattants de Béhourt de Renne et Quimper – Medievalokorn – et plein d’autres surprises encore en préparation !
Par les heureux hasards du calendrier, un Fest Noz est également prévu, à Locronan, cette même fin de semaine. On y attend les concerts de huit groupes bretons dans une ambiance celte et festive. En voici la liste : Belbeoc’h – Tosser – Deudé – Hémon – Henaff – Gloaguen – Kervern et DBL. A noter que la cité bretonne accueillera aussi, ce même week-end, un salon du livre pour les amateurs de littérature et notamment de polars.
A toutes ces raisons de visiter Locronan, pour ce week end du 1er mai, il faudra encore ajouter, pour ceux qui ne s’y sont jamais rendus, les charmes de cette jolie cité bretonne et son patrimoine architectural unique qui l’ont faite labeliser au titre des plus beaux villages de France.
Sujet : poésie médiévale, auteur médiéval, moyen-français, manuscrit ancien, poésie, Virelay, devoir, poésie morale, bienséance, virelai. Période : Moyen Âge tardif, XIVe siècle. Auteur : Eustache Deschamps (1346-1406) Titre : «Fay tousjours ce que tu doys» Ouvrage : Œuvres complètes d’Eustache Deschamps, T IV, Marquis de Queux de Saint-Hilaire (1878)
Bonjour à tous,
ous repartons, aujourd’hui, à l’exploration de l’œuvre d’Eustache Deschamps. Ce poète du Moyen Âge tardif, qui a vécu entre la deuxième partie du XIVe et le début du XVe siècle, nous a laissé une œuvre abondante en moyen-français, aux thèmes extrêmement variés.
Les vertus de l’homme de bien
Une fois de plus, nous délaisserons la partie la plus courtoise et sentimentale de son héritage, pour aller vers sa poésie plus morale et sociale. L’occasion nous en sera donnée par un virelai qui se présente, à la fois, comme une leçon de conduite, d’éthique et de vie. Les valeurs qu’Eustache y adresse sont assez nombreuses : maintien et calme face à l’adversité, droiture et éloge du contentement, le tout dans la douceur et la courtoisie. Ce sont là les qualités de l’homme de bien.
Quant aux écueils à éviter, ils sont eux aussi trempés de morale sur fond chrétien : convoitise, envie, malhonnêteté, vaine poursuite des mérites mondains; etc… Au bout du chemin, le temps d’une étincelle, la vie est déjà passée. La leçon reste simple, mais profonde. Etonnement, la fin de ce virelai est presque prémonitoire puisque cet auteur médiéval s’est éteint à soixante ans. Or, c’est l’âge qu’Eustache mentionne lui-même dans la dernière strophe de cette poésie comme celui pour l’homme de tirer sa révérence.
Sources historiques et œuvre d’Eustache
Vous pourrez retrouver ce virelai dans le manuscrit médiéval Français 840, conservé à la BnF et accessible à la consultation sur Gallica. Pour sa transcription en graphie moderne, nous continuons de nous baser sur les ouvrages du Marquis de Queux de Saint-Hilaire et de Gaston Raynaud et leur publication de l’œuvre complète d’Eustache Deschamps, dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Fay tousjours ce que tu doys dans le moyen-français d’Eustache
NB : Le moyen français des XIVe et XVe siècles se comprend assez bien mais il peut présenter quelques difficultés cachées, voire quantité de faux-amis ou de mots dont le sens a notablement évolué depuis. Aussi, pour une meilleure compréhension, nous vous fournissons quelques clefs de vocabulaire.
Fay tousjours ce que tu doys : Ne t’esbahy se tu voys Aucune chose grevayne* (fâcheuse) ; Ce qui puet avenir veigne : Dieux cognoist tout une foys.
Convoitise ne te praigne, N ‘envie ne te souspraigne , Maiz soyes douls et courtoys, Qu’au fort* (à la fin) li mauvaiz ont payne Et renommée villayne, Et les bons bien, car c’est droiz* (juste).
Maulx regne un temps comme roys Et fait les bons trop destroys (1), Puis chiet (*de chaoir : choir) par cause soudayne , Et biens tient droite s’ansaigne (2) . Pour ce dy celon les droys : Fay tousjours ce que tu doys.
Que vault richesse mondayne Mal acquise ? n ‘est pas sayne ; Mieux vaudroit mangier ses poys Et boyre yaue* (eau) de fontayne, Que consentir chose vayne Ne pechier pour avoir voys (3).
Soixante ans ne sont c’un moys Ou un jour souventesfoys , Que la mort vient tressoudayne Qui le corps et l’ame enmayne ; Si te conseille a mon choys : Fay tousjours ce que tu doys.
(1) destreindre : tourmenter, angoisser (2) Son enseigne : bannière, banderole de la lance (3) posséder renommée, faire autorité
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE Pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen Âge sous toutes ses formes
NB : l’enluminure de premier plan sur l’image d’en-tête, ainsi que sur l’illustration, est tirée du manuscrit ms 1130 : Les trois pèlerinages et le Pèlerinage de la Vie Humaine de Guillaume de Digulleville (moine et poète français du Moyen Âge central (1295-1360). Elle représente le pèlerin en route pour la Jérusalem céleste. Ce manuscrit de la deuxième moitié du XIVe siècle est actuellement conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris. Il peut être consulté en ligne ici.