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Saadi, robe de Bure contre robe de soie pour un sage

Sujet    : citations médiévales, sagesse persane,  conte moral, liberté, indépendance, soumission.
Période    : Moyen Âge central, XIIIe siècle
Auteur  :   Mocharrafoddin Saadi  (1210-1291)
Ouvrage   :  Le Boustan  (Bustan) ou Verger,  traduction de  Charles Barbier de Meynard   (1880)

Bonjour à tous,

ans notre vaste exploration de ce que l’on nomme en Occident, la période médiévale, nous menons de front plusieurs études de textes. La plupart des productions vient de France ou même d’Europe médiévale avec une prédilection pour le Moyen Âge central et tardif. D’autres puisent leurs origines hors du monde occidental chrétien pour nous apporter la saveur du contraste ou quelquefois celle de la parenté.

Dans ce corpus hors frontières, nous avons inclus les œuvres du conteur persan Saadi. Au même siècle, en pays d’Oc, les dernières générations de troubadours prendront le relai de leurs prédécesseurs pour chanter l’amour. L’ombre de Simon de Montfort et des croisades intérieures contre les cathares viendront bientôt mettre à mal l’indépendance de la Provence médiévale et ses véritables petits royaumes. Culturellement, ce treizième est aussi le temps de Thibaut de Champagne, celui où les trouvères commencent à se répandre dans le nord de la France. C’est le siècle de Adam de la Halle, celui encore qui verra musarder Rutebeuf en Place de Grève et y déployer son talent.

Convergences et coïncidences de valeurs

Durant ce long et riche treizième, presque à l’autre bout du monde, dans la Perse d’antan et les provinces de l’Iran actuel, le conteur Saadi harangue ses contemporains : les émirs et les sultans, les puissants, les faux religieux, les savants pompeux, les mauvais conseillers ou les ignorants. A tous, il délivre des conseils et des perles de sagesse. Toute comparaison simpliste mise à part, entre son monde et le notre, des convergences existent. Ce sont elles qui font qu’à 800 ans du poète, nombre de ses contes nous parlent encore.

Quelquefois, c’est un certain socle religieux et mystique qui les rapproche : bonnes œuvres, charité, mansuétude, défiance envers les illusions du monde matériel, humilité face au destin, face à ses propres privilèges, et finalement, devant la transcendance. D’autres fois, elles peuvent se nicher dans une sagesse et un bon sens qui débordent largement les frontières géographiques. On peut alors retrouver ces coïncidences de valeurs morales dans la volonté de border le devoir politique et l’exercice de la gouvernance, mais aussi, plus largement, dans la préoccupation de penser l’humain et ses travers, avec ses tentations-répulsions qui nous sont familières : cupidité, envie, fausseté, malhonnêteté, perfidie, sècheresse de cœur, abus, mépris du plus faible, etc… Autant de choses qu’on retrouve dans la réalité de notre condition humaine et, du même coup, dans les mythes, les contes et les fables.


La robe de soie

Un pieux personnage reçut en cadeau de l’Emir du Khoten une robe de soie. Il s’épanouit comme un rosier, revêtit le riche vêtement et baisa les mains du prince; puis il ajouta :  » Si magnifique que soit le présent dont l’Emir m’honore, ma robe de bure a plus de prix à mes yeux. »

Si tu as le souci de ton indépendance, couche par terre plutôt que de te prosterner humblement pour obtenir un tapis précieux.

Chapitre VII – Le Boustan – Mocharrafoddin Saadi 


Simplicité et indépendance, contre dette et soumission

Cette petite histoire très courte de Saadi est tirée de son Chapitre VII du Boustan, intitulé « Modération dans les désirs et renoncement. » Le voyageur, diplomate et poète nous y donne une leçon de liberté et d’indépendance que n’aurait pas désavouer certains de nos sages médiévaux. On pense à ceux qui nous enseignaient à nous garder de la convoitise ou de l’appât de la richesse et du confort. Conformément à l’adage « Il n’y a pas de repas gratuit« . Dans bien des cas, tout cela s’échange à prix d’or et voilà le convoiteux pendu à sa propre corde (voir par exemple, cet extrait du Roman de la Rose).

Les historiens ne m’en tiennent pas rigueur mais dans le monde des contes, les distances s’estompent et tout devient possible. Autour de la même période, le moine Eihei Dōgen (1200-1253) revenu de Chine pour importer, dans son Japon d’origine, la graine du Zen, n’aurait, sans doute pas, lui non plus, désavoué cette parabole de Saadi : pour le moine bouddhiste, mieux vaut une Kesa et une robe faite de vieux tissus rapiécés comme celle du Bouddha plutôt qu’une étoffe cousue de fils d’or reçue en cadeau et qui enchaîne celui qui l’accepte.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du Moyen Âge  sous toutes ses formes.

NB : la photo de l’image d’entête est celle d’un manuscrit enluminé du Boustan de Saadi datant des débuts du XVIe siècle. Cette pièce se trouve actuellement conservée au Musée d’Art métropolitain de New-York, USA. Crédits photo : Marie-Lan Nguyen

Conférence : Le Français, 800 ans d’Histoire et ce n’est qu’un début !

Sujet : langue française, francophonie, anniversaire, conférence, histoire du français, linguistique, vieux français, monde médiéval
Période : du Moyen Âge à nos jours
Auteur : Alain Rey
Titre : « Le français, une langue à l’épreuve des siècles« 
Média : vidéo-conférence à l’Université de Genève (2009)

Bonjour à tous,

ous ceux qui nous suivent l’ont bien compris, entre les lignes de nos aventures médiévales et notre exploration des langues romanes, de leur origine, leur évolution, leur richesse, se niche une passion qui s’intéresse autant à l’histoire de notre langage qu’à celle de notre civilisation. De fait, on peut difficilement se pencher sur le Moyen Âge sans croiser le thème de la gestation du Français, de ses formes premières à ses transformations.

Aujourd’hui, nous rendrons un double hommage à la francophonie, ainsi qu’à Alain Rey, célèbre linguiste, lexicographe et homme de média qui nous a quittés,  il y a moins d’un mois, à l’âge de 92 ans.  Qu’il repose en paix.

50 ans : l’anniversaire de la Francophonie

Le sujet de la langue française est d’autant plus d’actualité qu’on fête cette année, et jusqu’à la fin du mois de décembre, les 50 ans de la Francophonie. On pourra se reporter au site officiel de la Francophonie pour suivre l’actualité de cette célébration.  Pour donner quelques éléments sur l’état du Français dans le monde, vous trouverez, ci-dessous, une infographie et quelques chiffres clé de 2018, en provenance du ministère de la Culture.

La langue française dans le monde 

On notera que si la langue française est en recul en terme d’enseignement dans un certain nombre de pays, le nombre de personnes qui le parle est appelé à être en constante augmentation. Aussi, si vous aviez encore des doutes sur le fait que c’est une langue avec laquelle il faudra compter dans l’avenir, ils devraient être dissipés.

La langue française dans le monde

Une conférence sur l’histoire de la langue française, par Alain Rey

Hors des sentiers universitaires classiques, ce passionné de langues au parcours atypique était, notamment, devenu le visage familier des éditions Robert et de leurs dictionnaires auxquels il a largement contribué tout au long de sa carrière. Entre le milieu des années 90 et les années 2010, Alain Rey s’était aussi fait connaître du grand public par ses chroniques sur France-Inter, Europe 1 ou encore à la télévision.

En dehors de ses apparitions médiatiques, ce chercheur enjoué et plein d’esprit a beaucoup œuvré pour l’étude et la connaissance de la langue française, dans ses formes académiques mais aussi dans ses évolutions plus modernes, populaires et même argotiques.  En 2009, il donnait une longue conférence à l’Université de Genève sur l’Histoire et la gestation du Français : de ses premiers balbutiements et son oralité, à l’acquisition de ses lettres de noblesses et ses formes écrites plus formalisées et plus tardives.

Le français, une langue à l’épreuve des siècles, conférence de Alain Rey

Un plaidoyer pour une langue vivante et ouverte

« L’avenir du français, je le vois comme une évolution permanente. Les fautes d’un jour deviennent les règles du lendemain. Dans toutes les époques, on a dit que la langue était foutue et que personne ne parlait bien. »

INA 2006 – Rencontre avec Alain Rey

Dans cette intervention, suivie d’une longue séance de question, Alain Rey se posera à l’encontre d’une certaine morosité, celle qui pourrait nous venir de l’idée que nous écrivons « moins » le français. En réalité, il montrera qu’avec les réseaux sociaux, le blogging et les nouvelles technologies, l’usage du français écrit s’est ouvert à une pratique plus intensive et à un public plus large. Quant à la tendance à laquelle on assiste de  l’écrire moins correctement que ses formes académiques nous l’imposeraient, le linguiste, là encore, viendra mettre un bémol sur nos possibles déconvenues. Résolument optimiste sur cette langue  française en devenir, celui qui aimait répéter que « la faute d’aujourd’hui est la norme de demain » nous rappellera qu’une langue n’est jamais autant en danger que quand on l’arrête de la parler et de l’écrire. Toutes ses formes nouvelles viennent donc comme autant de remparts à l’encontre de ce risque et il convient de s’en réjouir. Académiques ou non, il n’y a que les langues mortes qui n’évoluent plus. 

Une belle journée à tous.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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NB : les moines copistes de l’enluminure utilisée (et rafraîchie pour l’occasion) pour l’image d’en-tête, proviennent d’un manuscrit espagnol, rédigé sous le règne d’Alphonse X et intitulé « El libro de los juegos. El Libro de ajedrez, dados e tablas (le livre des jeux : le livre des échecs, des dés et des jeux de table). Cet ouvrage, daté de 1283, est actuellement conservé à la Bibliothèque de l’Escurial, près de Madrid.

le comte lucanor et La parabole deS DEUX aveugleS

Sujet  : auteur médiéval, conte moral, Espagne Médiévale, littérature médiévale, sagesse, parabole des aveugles.
Période  : Moyen Âge central ( XIVe siècle)
Auteur  :   Don Juan Manuel  (1282-1348)
Titre : Exemple XXXIV de ce qu’il advint à un aveugle…
Ouvrage  :  Le comte Lucanor, traduit par Adolphe-Louis de Puibusque (1854)

Bonjour à tous,

ous partons, aujourd’hui, en direction de l’Espagne médiévale, celle de Don Juan Manuel, seigneur et chevalier des XIIIe et XIVe siècles. Et nous suivrons encore ses pas à la rencontre de son Comte Lucanor, accompagné comme il se doit de son célèbre serviteur, le sage Patronio. Un peu plus de deux siècles avant Cervantès et son Don Quichotte, ce petit ouvrage de contes moraux variés a marqué de son empreinte la littérature médiévale ibérique, et l’explorer est toujours un plaisir.

Cette fois-ci, le petit conte moral du Duc et Prince de Villena que nous avons choisi de vos présenter plaide en faveur de la prudence. Il prend un peu la forme d’un conseil en stratégie militaire et politique comme c’est souvent le cas dans l’ouvrage, mais on peut, sans problème, en élargir le champ. La morale en est simple : un aveugle n’est jamais le mieux indiqué pour en mener un autre. Et, s’il vous convie à le suivre sur un chemin hasardeux et périlleux, fût-t-il un ami de cœur ou de bonne volonté, la sagesse commanderait la défiance. Patronio ne manquera pas de nous le rappeler et on ne pourra évidemment s’empêcher de voir, dans ce conte médiéval, une référence biblique aux Evangiles.

Luc 6:39. Il leur dit aussi cette parabole : Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse ?

Deux siècles plus tard et autour de 1568, cette antique parabole des aveugles inspirera, à son tour, une grande toile à Pieter Brueghel l’ancien. Nous n’avons su résister à la tentation de vous en mettre une reproduction en tête d’article. Pour le reste, et sur ses aveugles qui prétendent en guider d’autres, toute ressemblance avec des personnages de l’actualité ou toute allusion au contexte politique actuel ne serait pas nécessairement fortuite.


Le comte Lucanor – Exemple XXXIV

De ce qui advint a un aveugle qui se laissa guider par un autre aveugle

Le comte Lucanor s’entretenait un jour avec son conseiller : « Patronio, lui dit-il, un de mes parents et amis, dans lequel j’ai une grande confiance, parce que je suis certain qu’il a pour moi un attachement véritable, m’engage à faire une expédition que je redoute beaucoup, et il m’assure qu’il n’y a rien à craindre, attendu qu’il périrait avant qu’il pût m’arriver le moindre mal. Dites-moi, je vous prie, ce qu’il faut que je décide.« 

—  Seigneur comte Lucanor, répondit Patronio, je vous conseillerais plus facilement si vous saviez ce qui advint à un aveugle avec un autre aveugle.


—  Et qu’est-ce que c’est ? demanda le comte.


—  Seigneur comte Lucanor, reprit Patronio, un homme qui demeurait dans un village perdit peu à peu la vue et devint tout à fait aveugle ; cet homme était pauvre. Un autre aveugle qui habitait le même endroit, vint le trouver et lui proposa d’aller de compagnie dans un village voisin, où ils demanderaient l’aumône pour l’amour de Dieu, et où ils auraient de quoi vivre à leur aise. Celui-ci répondit que sur la route qu’ils avaient à parcourir il y avait de très mauvais pas, et que celui lui faisait grand peur. Sur quoi l’aveugle répliqua qu’il ne fallait pas qu’il eût la moindre crainte, parce qu’il serait avec lui et le guiderait sûrement. Il lui donna tant de belles paroles et lui monta si bien la tête que le départ fut résolu et que tous deux se mirent en route. Or, quand ils furent arrivés aux passages difficiles et aux fondrières, l’aveugle qui marchait le premier tomba dans un abîme et entraina avec lui l’aveugle qui avait hésité à le suivre.
Et vous, seigneur comte Lucanor, si vous avez des raisons de croire qu’il y a des chances périlleuses dans ce qu’on vous propose, ne vous aventurez pas sur la route du danger, par cela seul que votre parent ou ami vous assure qu’il perdra la vie avant que vous ayez le moindre mal ; car sa mort ne vous dédommagerait guère, si vous deviez recevoir quelque mauvais coup ou mourir aussi. »

Le comte approuva les conseil ; il le suivit et s’en trouva bien. Don Juan Manuel, estimant que l’exemple était utile à retenir, le fit écrire dans ce livre avec deux vers qui disent ceci :

« Sur la foi d’un ami qui s’expose à périr,
Ne cours pas au danger lorsque tu peux le fuir »


Sur la morale de ce conte et sa traduction

Si nous suivons fidèlement les pas de Adolphe Louis de Puibusque pour la retranscription de cet « Exemple » du comte Lucanor, nous nous permettrons, une nouvelle fois, de chercher quelques alternatives à la traduction très libre que l’auteur du XIXe siècle fait de sa morale. Avant d’avancer dans cette direction, empressons nous de dire que les tournures de AL Puibusque ne manquent pas d’humour et font aussi pleinement le charme de son ouvrage. Il s’agit donc plus d’un jeu, un exercice de style, que d’un élan critique. Ainsi, pour l’exemple du jour et dans l’ouvrage original, l’espagnol ancien nous donne :

« Nunca te metas o puedas aver mal andança
Aunque tu amigo te faga segurança »

Dans certaines versions plus récentes, en Espagnol moderne, du même ouvrage, on trouve cette morale ainsi traduite :

« Nunca te metas donde corras peligro
Aunque te asista un verdadero amigo »

Mal andança, mauvais pas, mauvaise marche, danger, péril : à quelques siècles d’intervalles, les deux versions espagnoles sont assez proches avec, en plus, dans la version moderne, l’idée d’un ami « véritable », sans doute là pour allonger un peu les pieds au risque de les faire déborder. Dans l’esprit de coller à la lettre, voici deux propositions en français moderne qui pourraient convenir. La première est sans doute une plus médiévale que l’autre par ses références.

« Ne t’aventure jamais sur la voie du danger
Même si un ami s’offre en bouclier. »

ou

« Ecarte-toi des lieux où tu risques le pire,
Quand bien même un ami offre de t’y conduire. »

Une belle journée à tous.

Fred
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serons-nous les barbares du monde de demain ?

Sujet : citations, Moyen Âge, philosophie, idées reçues, barbarie, modernité. Martin Blais (1924-2018)

Citation illustrée sur le Moyen Âge de Martin Blais

Bonjour à tous,

ujourd’hui, nous vous proposons une citation de l’écrivain, philosophe et enseignant canadien Martin Blais. Titulaire d’un double doctorat en philosophie et en sciences médiévales, cet éminent professeur des universités québécoises (Université de Laval) nous a légué de nombreux articles et ouvrages de philosophie dont un nombre important au sujet de Thomas D’aquin dont il s’était fait une spécialité.

Sacré Moyen Âge ! de Martin Blais

Entre les nombreuses contributions de Martin Blais, on trouve son livre Sacrée Moyen Âge ! Dans cet ouvrage daté de 1997, assez court et très agréable à lire, le chercheur et intellectuel québécois fait la chasse, à sa manière, à quelques idées reçues autour du Moyen Âge. Plus proche de l’essai que de la thèse et sans méthodologie systématique, il y adopte le parti-pris de l’exploration libre.

Livre Sacré Moyen Âge de Martin Blais

Dix-huit sujets d’origine médiévale et en but aux préjugés sont ainsi à l’honneur, pour un peu moins de 150 pages au total. On en trouve de familiers : le travail au Moyen Âge, les troubadours, la technologie et les inventions, l’hygiène et les bains, les universités, … Mais l’auteur passe aussi par des thèmes plus originaux ou qu’il éclaire sous un autre jour. On citera pêle-mêle les métiers féminins, l’histoire d’Héloïse et Abelard, les prisons « auberges », ce qu’il nomme lui-même la « pornocratie » pontificale, et encore un inévitable détour par Thomas d’Aquin.

Ce livre a été réédité par la  Bibliothèque québécoise  en 2002. Vous pourrez donc le trouver disponible à la commande chez votre meilleur libraire ou à la vente en ligne. Voici un lien utile pour plus d’informations : Sacré Moyen Age !

Réalités médiévales contre barbarie moderne

La citation du jour est tirée de l’introduction de l’ouvrage. Comme de nombreux médiévistes ou chercheurs l’ont fait avant lui et le feront encore après lui, Martin Blais ne peut s’empêcher d’y mettre en balance la barbarie du monde moderne avec celle qu’on adresse, en permanence, au Moyen Âge (moins souvent par raison que par ignorance).

« La réputation que la Renaissance a faite aux gens du Moyen Âge nous attend sans doute à un tournant de l’histoire. Dans un millénaire, quand on parlera de nos camps de concentration, de nos écoles de torture, de notre cruauté unique dans l’histoire, de nos guerres atroces, de nos millions de miséreux — même dans les pays riches —, on se demandera quels barbares nous étions. Soljenitsyne est moins patient que moi : « Dans cent ans, on se moquera de nous comme de sauvages. » René Dubos avance la même opinion : « La vue technologique qui domine le monde actuel […] apparaîtra à nos descendants comme une période de barbarie. » C’est donc sans la moindre arrogance, avec humilité même, que nous allons nous approcher du Moyen Âge. »

Martin Blais – Citation extraite de Sacré Moyen Âge (1997)

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
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