Sujet : chanson, poésie médiévale, auteur médiéval francophonie, Quebec, Auteur : Rutebeuf (1230-1285?) Période: Moyen-âge central, XIIIe Interprète, compositeur : Benoît LeBlanc Album : Le pain le pays la paix (2017)
Bonjour à tous,
uand, à un peu moins de 800 ans de ses écrits, ce bon vieux Rutebeuf traverse l’océan pour gagner les rivages du Quebec, il en revient tout rafraîchi de nouvelles notes, sous la plume du chanteur-auteur-compositeur Benoît LeBlanc.
Homme de poésie et de chansons, doté aussi d’une belle carrière en tant dans le monde de la radio et de la presse, cet artiste Montréalais s’est passionné, de tout temps, de musique ancienne, autant que de musiques traditionnelles américaines de langue française ; de l’Acadie, à la Louisiane, en passant par les mondes créoles. A la source de ses inspirations, on trouve encore les plus grands chanteurs québécois ou français, contemporains du XXe siècle : les Leclerc, les Vigneault, les Charlebois, les Brassens, Brel et Ferré, …
Ribauds de Benoît leBlanc, vidéo réalisée parDouglas Capron)
Le pain le pays la paix
Dans un album sorti en 2017, ayant pour titre Le pain le pays la paix, Benoît LeBlanc nous gratifiait d’une mise en musique et en chanson du verbe de Rutebeuf.
En dehors de cette pièce, on retrouve dans cette production, pas moins de dix-huit chansons et trois poésies, pour une belle balade musicale qui passe par des styles très variés : du folk, au rock et au blues, jusqu’à même quelques accents Slam. Du point de la tessiture vocale, on notera aussi, par instant, une parenté certaine avec le chanteur Yves Duteil. Sans doute l’artiste québécois ne renierait-il pas cette référence à l’auteur de la langue de chez nous et de nombreux autres titres.
Pour revenir à cette chanson, elle est inspirée de deux poésies de Rutebeuf adaptées en français moderne, tout d’abord et principalement, le dit des Ribauds de grève : de son verbe aiguisé, l’auteur médiéval nous y contait les déboires de ces ribauds qui traînaient leur misère, au gré des saisons, dans le Paris du XIIIe siècle et en place de Grève (voir anthologie poétique, le diz des ribaux de Grève) . On retrouvera encore dans cette pièce musicale quelques vers issus du dit de Pouille que nous ne résistons pas à citer ici dans le texte:
Or preneiz a ce garde, li groz et li menu, Que, puis que nos sons nei et au siecle venu, S’avons nos pou a vivre, s’ai je bien retenu. Bien avons mains a vivre quant nos sommes chenu. Rutebeuf – Le dit de Pouille (extrait)
« Prenez-y garde, grands et petits: une fois que nous sommes nés et venus au monde, nous avons peu à vivre, je l’ai bien retenu; et encore bien moins quand nous avons blanchi. » Traduction Michel Zink – Œuvres complètes de Rutebeuf 1980
En vous souhaitant une très belle journée.
Frédéric EFFE
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Sujet : Kaamelott, humour, série télévisée, trilogie, cinéma, tournage, légendes arthuriennes, quête du Graal, Heroic Fantasy, médiéval-fantastique, comédie. Période : haut moyen-âge à moyen-âge central, Auteur : Alexandre Astier
Bonjour à tous,
n sentait bien, depuis quelque temps, que le tournage du premier opus très attendu de Kaamelott au cinéma se précisait. A l’occasion de divers programmes et d’interviews récents, Alexandre Astier l’auteur de la célèbre série télévisée avait, en effet, laissé échapper quelques allusions confirmant que le projet allait s’engager bientôt.
« Début de tournage dans quelques jours »
Comme il aime souvent à le faire, c’est par l’intermédiaire des réseaux sociaux qu’il vient donc d’annoncer, hier, la bonne nouvelle aux fans des Légendes Arthuriennes à la française. A en juger par les nombreux commentaires, retweets et partages qui ont suivi, sur Facebook et Twitter, tous s’en montrent déjà ravis.
Avec près de 10 ans d’attente, les difficultés juridiques des origines, suivies par quelques faux départs de communication, finissaient par donner, un peu, au projet des allures de légende. Force est de constater pourtant que si quelques « mécréants » finissaient par se décourager, la fan base, dans son ensemble, continuait de tenir bon, en répondant présente à chaque appel de l’auteur. On se souvient notamment des longues files d’attente devant la Fnac de Lyon, à l’occasion d’une séance de dédicace qu’Alexandre Astier avait donné en décembre dernier, pour la sortie du coffret de l’Intégrale de la série ou même encore de son passage très remarqué au Festival d’Angoulême, début 2018, pour le lancement du Tome 8 de la BD Kaamelott : « L’Antre du Basilic« . La presse avait même parlé, à cette occasion, de « Marée humaine » !
Bref, pour y revenir, la nouvelle de ce départ de tournage est de taille et risque de valoir à l’auteur de Kaamelott une nouvelle avalanche de questions de la part de toute la presse. Y répondra-t-il ? Rien n’est moins sûr. Connaissant son goût de la surprise et cette salutaire tendance qu’il cultive à n’être jamais là où on l’attend, il pourrait bien être enclin à n’en dire guère plus jusqu’à nouvel ordre, et choisir de se réfugier, à nouveau, dans le silence.
Si le démarrage du tournage est donc bien confirmé pour ce début 2019, à en juger par les « Htags » utilisés, la sortie du film semble, pour l’instant, prévue pour 2020. Au vue de la mer de dunes postée par l’auteur avec l’annonce, les grands espaces seront au rendez-vous. Va-t-il tirer quelques passages de cette nouvelle aventure Kaamelottesque du côté des références moyen-orientales ? Mystère. On ne sait pas non plus s’il a retouché les scenarii qu’il a déclaré avoir écrits depuis quelques années déjà, ni si le ton qu’il adoptera sera plus proche des premiers opus non-sensiques de la série, ou plutôt voisin des derniers livrets qui n’étaient pas exempts d’une certaine gravité. Quoiqu’il en soit, sachons nous contenter de cette heureuse nouvelle et souhaitons-lui bonne chance pour ce nouveau défi de réalisation !
Asterix au box office
Rappelons également qu’en 2018, Alexandre Astier s’est vu confier la réalisation d’un nouvel Asterix, au scénario cette-fois totalement original et écrit de sa plume : « Le Secret de la potion Magique ». Le film d’animation faisait suite à « Asterix et le domaine des Dieux » sorti en 2014 et qui avait connu un franc succès. Très bien accueilli par le public, ce deuxième film, réalisé une nouvelle fois, avec la complicité de Louis Clichy a déjà dépassé depuis sa sortie, début décembre, les 13 millions d’entrées au box office et il est toujours à l’affiche.
Sujet : musique, poésie, chanson médiévale, troubadours, occitan, langue occitane, langue d’oc, amour courtois, Provence médiévale. Période : moyen-âge central, XIIe, XIIIe siècle Auteur : Peire Vidal (? 1150- ?1210) Titre : Ab l’alen tir vas me l’aire Interprète : Camerata Mediterranea, Joel Cohen. Album : Lo Gai Saber : Troubadour and Minstrels 1100-1300 (1990)
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons de partir à la découverte (ou la redécouverte) d’une chanson médiévale du troubadour toulousain Peire Vidal. En plus de sa traduction, cette pièce nous fournira l’occasion de parler d’un ensemble de renom : le Boston Camerata. Né outre atlantique dans les années 60-70, cette formation a trouvé également des prolongements sur les terres européennes, sous l’impulsion de son directeur Joel Cohen et à travers la Camerata Mediterranea.
« Ab l’alen tir vas me l’aire », Peire Vidal par la Camerata Mediterranea
Joel Cohen : de la Boston Camerata
à la Camerata Mediterranea
Ensemble dédié aux musiques anciennes, le Boston Camerata a vu le jour au milieu des années 50. Attaché dans un premier temps au Musée des Arts de la ville, il prit son indépendance 20 ans plus tard, dans le courant de l’année 74. Sous la direction du luthiste passionné de « Early Music » Joel Cohen, assisté bientôt de la chanteuse soprano française Anne Azéma (son épouse), la formation a produit dès lors un nombre considérable d’albums et de programmes. Son répertoire de prédilection s’étend du moyen-âge à la période baroque, mais va même jusqu’à des musiques classiques, populaires ou folkloriques du XIXe siècle. Le Boston Camerata est, à ce jour, toujours actif et Anne Azéma en a repris l’entière direction depuis 2008. A côté de cela, cette dernière a également créé, dans le courant des années 2000, l’Ensemble Aziman.
Dans le courant de l’année 1990, Joel Cohen fut également à l’initiative de la création de la Camerata Mediterranea, organisme à but non lucratif visant à promouvoir la recherche, les échanges et la communication entre artistes issus particulièrement du berceau méditerranéen et des trois religions monothéistes, autour du répertoire des musiques traditionnelles et anciennes, C’est sous l’égide de cette organisme que s’inscrivait l’album Lo Gai Saber : Troubadour and Minstrels 1100-1300, enregistré en France et dont est issue la chanson de Peire Vidal que nous vous présentons ici.
Pour plus d’informations sur les productions et les activités du Boston Camerarata, vous pouvez consulter le leur site web au lien suivant
Lo Gai Saber : un album de choix
autour des troubadours du moyen-âge central
Fort de vingt-une pièces, ce bel album tout entier dévoué à l’art des troubadours du sud de France médiévale, s’étendra même jusqu’à l’Espagne et au galaïco-portugais puisque ce sont les « Ondas de Mar » deMartim Codax qui en feront l’ouverture, Elles seront suivies de près par deux compositions de Peire Vidal, mais encore des chansons des plus célèbres représentants de la langue d’oc du moyen-âge central : Gaucelm Faidit, Bertrand de Born, Raimbault de Vaqueiras, Guillaume IX de Poitiers, Marcabru, Bernard de Ventadorn et bien d’autres encore.
Dès sa sortie, l’album fut encensé par la presse spécialisée. Entourés de grands noms de la scène des musiques anciennes, Joel Cohen et Anne Azema y prêtent leur voix et leur talent. A leur côtés, on retrouve Cheryl Ann Fulton à la harpe, Shira Kammen à la vielle et au rebec, mais aussi Jean-Luc Madier et François Harismendy à la voix. On peut encore trouver cette production à la vente au format CD ou même au format MP3 dématérialisé. A toutes fins utiles, voici un lien utile pour vous le procurer : Joel Cohen: Lo Gai Saber – Troubadours and Minstrels 1100-1300.
« Ab l’alen tir vas me l’aire » : la Provence médiévale de Peire Vidal
our revenir à la pièce du jour, Joel Cohen se livrait ici à l’exercice (au demeurant très médiéval) du contrefactum, puisqu’il plaquait sur les vers et la poésie de Peire Vidal, une mélodie datant du XIIIe siècle, par ailleurs attachée à une chanson du trouvère Conon de Bethune : « Chanson legiere a entendre ».
« Ab l’alen tir vas me l’aire qu’eu sen venir de Proensa« , « avec l’haleine, je tire vers moi l’air que je sens venir de Provence », ce texte est sans doute l’un des plus célèbres du troubadour du moyen-âge central. Voyageur par goût, mais, on le suppute aussi, un peu contraint par la force des événements, l’auteur médiéval faisait ici tribut à sa Provence natale et aimée. Dans un élan de lyrique courtoise, il y évoquait aussi immanquablement la dame qu’il avait dû laisser derrière lui mais qui continuait d’occuper toutes ses pensées. S’agit-il de l’épouse de son protecteur, Raymond Geoffrey, Vicomte de Marseille, dit Barral de Marseille ? Une légende court sur un baiser volé et on avance quelquefois que les transports du poète à l’égard de la noble dame lui aurait peut-être valu de se faire bannir de la ville. Le mystère demeure et il peut encore s’agir de cette dame autour de Carcassonne auquel le poète fait allusion dans d’autres poésies.
Pour la traduction, nous nous basons sur celle de Joseph Anglade, dans son ouvrage consacré aux Poésies de Peire Vidal en 1913, tout en les revisitant un peu sur la base de recherches personnelles .
Les paroles de la chanson de Peire Vidal
avec leur traduction en français moderne
I Ab l’alen tir vas me l’aire Qu’eu sen venir de Proensa : Tôt quant es de lai m’agensa, Si que, quan n’aug ben retraire, Eu m’o escout en rizen E – n deman per un mot cen : Tan m’es bel quan n’aug ben dire.
Avec mon haleine j’inspire l’air que je sens venir de Provence; tout ce qui vient de là me plaît ; De sorte que quand j’en entends bien rapporter, moi, j’écoute en souriant
et j’en demande pour un mot, cent.
Tant il m’est agréable d’en entendre dire du bien.
II Qu’om no sap tan dous repaire Com de Rozer tro qu’a Vensa, Si com clau mars e Durensa, Ni on tan fis jois s’esclaire. Per qu’entre la franca gen Ai laissât mon cor jauzen Ab leis que fa*ls iratz rire.
Car on ne connaît pas de si doux pays que celui qui va du Rhône à Vence et qui est enclos entre mer et Durance ; et il n’en est pas qui procure tant de joie ; c’est pourquoi chez ces nobles gens j’ai laissé mon cœur joyeux, auprès de celle qui rend la joie aux affligés.
III Qu’om no pot lo jorn mal traire Qu’aja de leis sovinensa, Qu’en leis nais jois e comensa. E qui qu’en sia lauzaire, De ben qu’en diga no’i men ; Quel melher es ses conten E-l genser qu’el mon se mire.
Car on ne peut être malheureux le jour Quand on a d’elle souvenance; car en elle naît et commence la joie ; quel que soit celui qui fait son éloge et quelque bien qu’il en dise, il ne ment pas ; car elle est la meilleure sans conteste et la plus gracieuse et aimable qu’on puisse trouver en ce monde.
IV E s’eu sai ren dir ni faire, Ilh n’aja*l grat, que sciensa M’a donat e conoissensa, Per qu’eu sui gais e chantaire. E tôt quan fauc davinen Ai del seu bel cors plazen, Neis quan de bon cor consire.
Et je ne sais rien dire, ni faire dont le mérite ne lui revienne, car science elle m’a donné et talent (connaissance? ) Grâce auxquels je suis gai et chantant. Et tout ce que je fais de beau
m’est inspiré par son beau corps plaisant,
même quand cela vient du plus profond de mon coeur. (1)
(1) Joseph Anglade traduit ce dernier vers comme « même quand je rêve de bon cœur (?) » ce qui n’a pas tellement de sens. Nous penchons plus en faveur d’une traduction dans laquelle il fait de la dame de son cœur, la source d’inspiration de ses plus beaux vers, même quand ils viennent du plus profond de son être.
En vous souhaitant une excellente journée.
Fred
pour moyenagepassion.com A la découverte du Moyen-âge sous toutes ses formes
Sujet : musique médiévale, chanson, cantigas de Santa Maria, galaïco-portugais, culte marial, miracles, Sainte-Marie, Dragon, Vierge, lèpre. Epoque : moyen-âge central, XIIIe siècle Auteur : Alphonse X (1221-1284) Titre : Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon Interprète : Eduardo Panigua Album : Remedios Curativos (1997)
Bonjour à tous,
otre exploration du culte marial du moyen-âge central se poursuit, aujourd’hui, à travers l’étude des Cantigas de Santa Maria du roi de Castille Alphonse X. Est-il un miracle que la Sainte ne puisse accomplir pour l’homme médiéval doté de foi véritable ? Il semble que non et cette Cantiga 189 va encore nous le démontrer.
Le récit d’une guérison miraculeuse
On croise bien des dangers sur les chemins de pèlerinage, a fortiori quand l’on décide de les arpenter seul, mais l’égaré, guidé par sa foi en la Sainte mère du Christ, peut compter sur la protection de cette dernière ou sur son intervention pour réparer et effacer les plus terribles des disgrâces et des incidents de parcours. Sur les rives les plus fantastiques de ces chants dévots du XIIIe siècle, il est ici question, tout à la fois, de dragon, de poison, de lèpre (on se souviendra que ce dernier terme désignait alors un grand ensemble d’affections) et de guérison miraculeuse.
La Cantiga de Santa Maria 189 par Eduardo Paniagua
« Remedios Curativos », les remèdes curatifs
dans les Cantigas de Santa Maria
Comme nous l’avions déjà indiqué, en présentant dans un article précédent Eduardo Paniagua, on doit à ce grand musicien espagnol, passionné de répertoire médiéval, l’enregistrement de l’ensemble des Cantigas d’Alphonse X de Castille. Il y a ainsi consacré un grand nombre d’albums en opérant souvent, pour se faire, des regroupements thématiques particuliers au sein de ce vaste corpus.
En 1997, sous le titre Remedios curativos, avec sa formation spécialisée dans les musiques anciennes et médiévales, il proposait ainsi un bel album regroupant onze Cantigas de Santa Maria (dont trois en version instrumentale) sur le thème de la guérison miraculeuse. L’album est toujours édité et vous trouverez ici un lien permettant de le pré-écouter ou de l’acquérir au format CD ou MP3 : Remedios Curativos – Cantigas de Santa Maria
L’ermitage de Sainte-Marie de Salas
Le pèlerinage dont il est question dans cette chanson est celui de Sainte-Marie de Salas, à Huesca, au Nord de l’Espagne et dans l’Aragonais. Un ermitage y fut construit au début du XIIIe qui fit l’objet de nombreux récits de miracles. Comme dans nombre d’autres cas, certains d’entre eux furent sans doute forgés, au départ, autour des lieux Saints par ceux-là même qui y officiaient afin d’attirer plus de pèlerins. De fait, le lieu connut une grande popularité et vit affluer de nombreux croyants dans le courant du moyen-âge central.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon, Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison
Note : cette traduction du galaïco-portugais vers le français moderne a été effectuée, comme à l’habitude, par votre serviteur, à l’aide de sources et recherches diverses. Elle n’a pas la prétention de la perfection mais simplement de s’approcher, au plus près, du sens général du texte.
Esta é como un ome que ya a Santa Maria de Salas achou un dragon na carreira e mató-o, e el ficou gafo de poçon, e pois sãou-o Santa Maria.
Celle-ci conte comment un homme qui allait à Sainte-Marie de Salas, croisa un dragon en chemin et le tua, et il en devint lépreux et, suite à cela, Sainte Marie le guérit.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon, pois madr’ é do que trillou o basilisqu’ e o dragon.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison Puisqu’elle est la mère de celui qui terrassa le basilic* et le dragon.
(* bête légendaire, symbole biblique de Satan)
Dest’ avo un miragre a un ome de Valença que ya en romaria a Salas soo senlleiro, ca muit’ ele confiava na Virgen Santa Maria; mas foi errar o camynno, e anoiteceu-ll’ enton per u ya en un monte, e viu d’estranna faiçon
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
De là, un miracle survint à un homme de Valence allé en pèlerinage
à Salas, seul et sans compagnie, car il avait une grande confiance en la Vierge Sainte-Marie; Mais il se trompa de chemin et la nuit le surprit tandis qu’il se trouvait sur une montagne, et il vit une étrange face
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
A ssi vir ha bescha come dragon toda feita, de que foi muit’espantado; pero non fugiu ant’ ela, ca med’ ouve se fogisse que seria acalçado; e aa Virgen beita fez logo ssa oraçon que o guardasse de morte e de dan’ e d’ ocajon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Venir jusqu’à lui, toute semblable à un dragon, dont il fut très effrayé: Mais il ne s’enfuit pas face à elle, de crainte qu’elle ne le poursuive; Et à la Vierge bénite, il fit alors sa prière, Pour qu’elle le garde de la mort, des dommages et des disgrâces.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
A oraçon acabada, colleu en ssi grand’ esforço e foi aa bescha logo e deu-ll’ ha espadada con seu espadarron vello, que a tallou per meogo, assi que en duas partes lle fendeu o coraçon; mas ficou enpoçõado dela des essa sazon. Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
La prière finie, il prit sur lui et, dans un grand effort, s’approcha de la bête
Et il lui donna un coup avec sa vieille épée qui la trancha en deux moitiés
De sorte qu’il lui fendit le cœur en deux
Mais à partir de là, il fut empoisonné
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Ca o poçon saltou dela e feriu-o eno rosto, e outrossi fez o bafo que lle saya da boca, assi que a poucos dias tornou atal come gafo; e pos en ssa voontade de non fazer al senon yr log’ a Santa Maria romeiro con seu bordon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Car le poison surgit et le toucha au visage, ainsi que la vapeur Qui sortait de la bouche de la bête, de sorte que quelques jours après, il devint comme un lépreux; Et il mis toute sa volonté à ne faire rien d’autres, sinon de se rendre avec son bâton de pèlerin, jusqu’à Sainte Marie.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Aquesto fez el muy cedo e meteu-ss’ ao camo con seu bordon ena mão; e des que chegou a Salas chorou ant’ o altar muito, e tan toste tornou são. E logo os da eigreja loaron con procisson a Virgen, que aquel ome guariu de tan gran lijon.
Ben pode Santa Maria guarir de toda poçon…
Ainsi, fit-il cela sans délai, et il se mit en chemin, son bâton à la main;
Et dès qu’il arriva à Salas, il se mit à beaucoup pleurer en face de l’autel, et, aussitôt, il se trouva soigné.
Et après cela ceux de l’église ont loué, en procession,
La vierge qui avait guéri cet homme d’une si grande blessure.
Sainte-Marie peut bien nous guérir de tout poison…
Pour les plus mélomanes d’entre vous, n’hésitez pas à consulter le site suivant : Cantigas de Santa Maria. Animé par un expert du sujet, il est en anglais, mais vous y trouverez de nombreuses indications musicales et rythmiques sur les Cantigas d’Alphonse le Sage.