Sujet : citation médiévale, sagesse persane du moyen-âge central
Un mal d’yeux’ survint à. un pauvre petit homme; il alla trouver un vétérinaire, lui disant : “Donne-moi un remède.” Le vétérinaire lui introduisit dans l’oeil la drogue dont il se servait pour les yeux des quadrupèdes, et notre homme devint aveugle. On porta la contestation devant le juge, lequel dit : “il n’y a pas d’amende à payer par le vétérinaire. Si cet autre n’avait pas été un âne, il ne serait pas allé le trouver. ” Mocharrafoddin Saadi (1210-1291), poète et conteur persan Gulistan, le jardin des roses.
Sujet : archéologie médiévale, Tintagel, château, statue roi Arthur, sites touristiques, légendes Arthuriennes, gestion de patrimoine. Période : haut moyen-âge, moyen-âge central. Lieu d’intérêt : Tintagel, site archéologique et historique d’exception
Bonjour à tous,
ntre presse à sensation, exigence du négoce touristique et archéologie sur site, les polémiques font rage, depuis 2016, du côté de Tintagel. Après avoir dédié, il y a quelque temps, un article sur les découvertes récentes sur site, en relation aux légendes arthuriennes, nous voulions, cette fois, aborder les questions qui touchent le difficile équilibre à trouver entre marché du tourisme et gestion du patrimoine sur les sites d’intérêts.
Comme nous l’avions dit, les archéologues qui s’affairent sur le lieu que Geoffrey de Monmouth avait consacré comme celui de la naissance d’Arthur depuis le moyen-âge central, sont loin de tous résumer leur travail quotidien à la poursuite d’un Graal que serait devenu lui-même le légendaire Roi de Bretagne, et pourtant l’organisme qui gère le site et y finance les fouilles n’a pas résisté, de son côté, à mettre un peu l’emphase sur le sujet. Il faut dire que l’attrait principal de Tintagel auprès des nombreux touristes qui le visitent chaque année, n’est bien sûr pas étranger aux légendes arthuriennes. Pour le dire autrement, on vient plus certainement y chercher un peu de la saveur de cette quête du Graal que pour s’entendre dire que rien, à ce jour, ne permet sur place d’en établir avec certitude la véracité historique.
English Heritage : gestion du patrimoine et maintien des sites historiques anglais
English Heritage est un organisme de bienfaisance très officiel et tout à fait sérieux qui gère la collection du patrimoine national anglais. A ce titre, l’organisation a en charge plus de 400 bâtiments, monuments et sites historiques, pour un patrimoine qui couvre plus de 5000 ans d’histoire. Sa mission consiste donc à faire vivre tous ces lieux, à prévenir leur détérioration et à assurer leur conservation. Tout cela suppose, entre autres missions, de les animer, les rentabiliser et d’y pratiquer
encore, quand les moyens le permettent, des campagnes de fouilles.
Dans le courant 2015/2016, English Heritage a donc décidé de faire appel à deux artistes pour effectuer sur le site de Tintagel deux créations : une sculpture de Merlin dans la roche, réalisée par Peter Graham et un chevalier de bronze, réalisé par Rubin Eynon. Cette dernière oeuvre n’a pas de nom, libres aux visiteurs du site d’imaginer s’il s’agit du Roi Arthur lui-même, de Uther Pendragon ou même encore d’une référence allégorique aux chevaliers de la table ronde.
Concilier gestion du patrimoine
et exigences du négoce touristique
Au delà de la dimension esthétique de ces créations, laissée au goût et à l’appréciation de chacun, sitôt mises en place elles ont suscité de vives polémiques, démontrant combien il est quelquefois difficile de tracer la ligne entre gestion du patrimoine et animation touristique sur les lieux d’intérêt historiques.
Là où bien sûr, personne n’en doute, il s’agit pour l’organisme anglais de dynamiser l’endroit et d’y attirer plus favorablement les touristes, les levers de boucliers ne se sont pas faits attendre et on a même parlé de « Dyneyïsation » du site. Les puristes et les plus conservateurs ont crié au scandale, jugeant que l’intérêt de l’endroit se suffisait largement à lui-même sans qu’on ait à y ajouter. Les autres y ont trouvé, sans doute, un aspect ludique à leur goût, se contentant d’apprécier les œuvres, en laissant voguer leur imagination. Est-ce ludique ? Est-ce esthétique ? Est-ce vulgaire et dévoyé ?
Au delà, les questions sont soulevées. Comment faire fonctionner, maintenir et financer les sites d’intérêts historiques sans un apport de touristes ? Si les fonds privés ne suffisent pas, l’Etat doit-il les prendre entièrement en charge ? Les réponses peuvent devenir rapidement politiques mais ne font, en tout état de cause, que déplacer le débat car quand bien même on déciderait de faire reposer l’ensemble des lieux historiques sur fond public, il ne viendrait sans doute plus à l’idée de personne de se priver de l’apport touristique pour participer aux frais de fonctionnement et de maintien des sites.
Alors, comment favoriser le développement du tourisme grand public sur les sites patrimoniaux ? Y-a t’il une manière correcte de le faire ? Comment concilier intérêt historique et exigence du marché touristique, sans tomber dans la tentation de « raconter » des histoires simples aux visiteurs, au risque de vulgariser les données en présence ? Qui peut tracer la ligne entre le racoleur et le « bon ton » ? Tout ceci n’est sans doute pas qu’une affaire de bon goût et le difficile débat de la gestion de patrimoine reste tout entier posé ici. Nous vous laissons le soin de le trancher. Le sujet prouve bien, en tout cas, à quel point, les anglais ne badinent pas quand il s’agit des légendes Arthuriennes et de leurs sites historiques.
En vous souhaitant une belle journée.
Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : hérésie, historiographie, cathares, albigeois, hérétiques, Histoire, méthodologie Média : conférence Titre : Les hérétiques au Moyen Âge, approches historiographiques. Période : du Moyen Âge central à nos jours Auteur : André VAUCHEZ
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous vous proposons d’aborder le sujet des « hérésies » et des mouvements hérétiques de l’antiquité au Moyen Âge tardif, examiné du point de vue critique et comparatif de l’historiographie.
Repenser les hérésies médiévales
en perspective de l’historiographie
S’il est un sujet entre tous qui a questionné et fasciné nombre d’historiens médiévistes, à travers le temps, c’est bien celui des différentes » hérésies ».
Or, dans le domaine de l’historiographie, ce thème reste privilégié pour une raison particulière. La notion même « d’hérésie » situe, en effet, déjà l’historien du côté de l’autorité ecclésiastique puisque c’est cette dernière qui nomme et qualifie ce qui est « hérétique » de ce qui ne l’est pas. Pour des raisons de neutralité, on serait donc plutôt enclin de nos jours, et de nombreux historiens le font, à plutôt utiliser le terme de dissidence pour désigner ces pratiques religieuses qui se différenciaient de la ligne officielle de Rome, tout en prônant tout de même souvent un retour à un christianisme des origines.
Au delà du simple fait qui a longtemps consisté à prendre, en quelque sorte « au comptant », une « hérésie » qui stigmatisait socialement des catégories de pratiques sur des bases théologiques mais aussi forcément idéologiques, un autre problème auxquels les historiens ont dû faire face dans l’étude de ces mouvements et Jean-Louis Biget le souligne bien dans ses travaux sur « l’hérésie » cathare, c’est que les sources qui permettent de les analyser sont, bien souvent, des documents laissés par les tribunaux d’inquisition eux-mêmes. De fait, sans totalement les remettre en question, un certain nombre d’historiens nous invite aujourd’hui à les manier avec précaution.
A quel point les questions soumises aux accusés ne les piégeaient-ils pas dans une grille de réponses déjà préconstruites ? A quel point encore, les « hérésies » dualistes et manichéennes auxquelles s’était frotté Saint Augustin durant l’antiquité sont-elles venues servir de modèles aux clercs et religieux du Moyen Âge central pour être mises au service de visées politiques ? Jugements biaisés ou stratégies calculées ? Une fois qualifiée et nommée, l’hérésie n’était-elle qu’un instrument idéologique au service d’intérêts « corporatistes » ? Voilà les questions que tout historien sérieux soulève nécessairement, aujourd’hui, face à ce délicat objet d’étude.
Au delà, penser « l’hérésie » en historiographie pour tenter de la reconstruire de manière objective est un exercice qui permet de bien comprendre le mouvement et les avancées de la science historique dans son approche méthodologique comme dans son nécessaire recul critique. A travers son analyse critique des mouvements hérétiques, Andre Vauchez nous invite à une belle leçon d’Histoire sur l’Histoire.
Conférence: hérésies et hérétiques
dans l’Occident médiéval
La conférence sur l’historiographie n’étant plus disponible pour des raisons inconnues, depuis ce jour sur le site de l’Ecole nationale des Chartes et en espérant que cela soit temporaire, nous vous présentons ici une autre conférence donnée par André Vauchez sur le même sujet. Nous laissons tout de même temporairement le lien vers la conférence que proposait alors l’ENC en espérant qu’il soit restauré dans le temps.
Conférence alternative : « La Marche de l’Histoire, France inter Les hérétiques du Moyen Âge, André Vauchez (nov 2014).
André Vauchez, portrait d’un historien médiéviste et d’un académicien français
Formé à l’école normale supérieure, reçu premier à l’agrégation en Histoire, André Vauchez a fait de sa spécialité l’histoire de la spiritualité et de la Sainteté au Moyen Âge, et de manière plus large, le christianisme médiéval. Depuis sa thèse sur l’histoire de la canonisation et de la sainteté à la fin du Moyen Âge, on lui doit un certain nombre d’ouvrages sur le sujet dont un sur Saint François d’Assise qui lui a valu le prix chateaubriand en 2010. Il a aussi contribué à des ouvrages d’ordre plus général sur le monde médiéval et son Histoire du Moyen Âge, coécrit avec le médiéviste Robert Fossier(1927-2012), lui a également valu le prix Balzan en 2013.
Sur le sujet de l’hérésie, il a publié en 2014, « les hérétiques au Moyen Âge : Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ? ». Il y revisitait l’histoire des mouvements hérétiques pour y faire tout à la fois le portrait de l’église et de ses intentions, mais aussi celui des mentalités médiévales sous-tendues par ces mouvements.
Professeur émérite des universités, André Vauchez a également été directeur de l’Ecole Française de Rome et est encore membre, depuis 1998, de l’Académie des inscriptions et des belles lettres, dont il fut même le président en 2009.
Sa participation et ses travaux dans le domaine de l’histoire médiévale et l’histoire du christianisme lui ont valu de recevoir le titre d’officier de la légion d’honneur, celui de commandeur de l’ordre des palmes académiques et encore celui d’officier de l’ordre national du mérite. Hors de France, ses contributions et ses publication sont largement reconnues. Il est en effet Docteur Honoris Causa de l’université de Genève, Commandeur de l’ordre national du mérite de la république italienne et membre de plusieurs académies à l’étranger (Italie, Tunis, Vatican, Belgique). Très actif dans son domaine, il y fait autorité et il est encore membre de la British Academy et correspondant de la Medieval Academy of America. Ajoutons pour finir qu’il dirige la revue Mabillon, revue internationale consacré à l’histoire et la littérature religieuse.
Vous l’avez compris, il s’agit là d’un prestigieux intervenant qui maîtrise parfaitement son sujet et c’est un grand plaisir de vous faire découvrir ici cette conférence, autant que son parcours autour de l’histoire médiévale.
En vous souhaitant un excellente journée.
Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com. A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes.
Sujet : musique et chanson médiévales, poésie goliardique, golliards, poésie latine et satirique Période : XIIe, XIIIe siècle, moyen-âge central Titre : Tempus Est iocundum Carmina Burana Manuscrit ancien : Codex Buranus 179 Compositeur : Carl Orff (Karl) Interprètes :Oni Wytars & ensemble Unicorn
Bonjour à tous,
ous vous proposons de revenir, aujourd’hui, sur la Cantate Carmina buranade Carl Orff, tirée du manuscrit ancien Codex Buranus 179, connu aussi sous le nom de Chants de Benediktbeuern. Nous en avons déjà parlé, ici, à plusieurs reprises, ce manuscrit ancien du moyen-âge central est devenu célèbre, largement grâce au compositeur allemand qui, au passage, a contribué à « populariser » également ainsi la poésie des Goliards, ces jeunes étudiants ou clercs quelque peu dévoyés qui, au XIIe siècle sillonnait la France pour chanter en latin leurs amours, leurs joies et aussi leur moment de fêtes et de perdition.
La formation Oni Wytars en collaboration
avec l’ensemble Unicorn
ette fois-ci, la pièce que nous partageons est la chanson « Tempus Est iocundum », interprétée conjointement et de manière très énergique par l’excellent ensemble Unicorn, originaire d’Autriche et les membres de la formation Oni Wytars.
Formé en 1983 en Allemagne, par le compositeur, musicien et vielliste Marco Ambrosini, l’ensemble Oni Wytarsse dédie à un répertoire qui va du monde médiéval à celui de la renaissance, en élargissant son champ d’investigation musical et instrumental au berceau méditerranéen et à des pièces en provenance du monde byzantin ou de l’Est de l’Europe. La qualité des artistes qui le composent les ont amenés à participer à des concerts ou productions en collaboration avec d’autres formations, et ils font eux-même appel, à l’occasion, à d’autres musiciens ou formations comme ici dans cette interprétation de Carmina Burana avec l’ensemble Unicorn.
Pour faire partager sa passion, Oni Wytars organise encore des stages de formations à la musique ancienne. Les quelques 15 albums qu’ils ont produit à ce jour se trouvent à la vente sur leur site web (hélas pour le moment seulement disponible en allemand et japonais) mais on en trouve également quelques uns sur Amazon ou sur le site de la FNAC. Quand au fondateur du groupe, Marco Ambrosini (portrait ci-contre) sa renommée n’est plus à faire et il compte une participation sous formes diverses dans plus de 110 albums, autour des musiques anciennes, et ce au niveau international.
Les paroles de Tempus est iocundum
et leur traduction adaptation en français
Tempus est iocundum, o virgines, modo congaudete vos iuvenes.
Le temps est joyeux, O vierges, Réjouissez-vous avec Vos jeunes hommes.
Oh – oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo.
Oh, oh, oh ! Je fleuris entièrement ! De mon tout premier amour Je brûle ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure.
Mea me comfortat promissio, mea me deportat negatio.
Je suis réconfortée Par ma promesse, Je suis abattue par mon refus
Oh – oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo.
Oh, oh, oh ! Je fleuris entièrement ! De mon tout premier amour Je brûle ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure.
Tempore brumali vir patiens, animo vernali lasciviens.
Au solstice d’hiver L’homme patient, Par l’esprit printanier Devient folâtre.
Oh – oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo.
Oh, oh, oh ! Je fleuris entièrement ! De mon tout premier amour Je brûle ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure.
Mea mecum ludit virginitas, mea me detrudit simplicitas.
Ma virginité Me rend folâtre, Ma simplicité Me retient.
Oh – oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo.
Oh, oh, oh ! Je fleuris entièrement ! De mon tout premier amour Je brûle ardemment ! Un nouvel, nouvel amour Est ce dont je meure.
Veni, domicella, cum gaudio; veni, veni, pulchra, iam pereo.
Viens, ma maîtresse, Avec joie, Viens, viens, ma toute belle, Déjà je me meure !
Oh – oh, totus floreo, iam amore virginali totus ardeo, novus, novus amor est, quo pereo.
Oh, oh, oh !
Je fleuris entièrement !
De mon tout premier amour
Je brûle ardemment !
Un nouvel, nouvel amour
Est ce dont je meure.
Oh, oh, oh, une belle journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes