Sujet : danse, musique médiévale, ductia Période: moyen-âge central, XIIIe siècle Titre : « Ductia » Auteur : Anonyme Interprètes : ArteFactum Album: « Saltos brincos y reverencias » 2008
Bonjour à tous,
oici un peu de musique médiévale pour commencer dans la joie cette journée, avec une Ductia du XIIIe siècle. Comme l’estampie, la Ductia est, en générale, une pièce instrumentale destinée à être dansée même s’il en existe quelques formes chantées. De tempo modéré, rythmée par un battement de percussions, cette danse se classe dans la même famille que l’Estampie ou la nota. On la trouve mentionnée au XIVe siècle par Jean De Grouchy (1255-1320). théoricien de la musique français encore connu sous le nom de Johannes de Grocheio, dans son traité Ars musicae. L’auteur dira de ces danses qu’elles « influencent le coeur des jeunes filles et garçons et peuvent les tirer de la vanité » et leur prêtera même encore la réputation de pouvoir éloigner les passions et notamment celle qu’on appelle l’amour. Nous ne nous aventurerons pas à nous prononcer sur la nature scientifique de cette assertion mais il la faisait en relation à la difficulté technique et la concentration que ces danses très précises et structurées requéraient de leurs exécutants.
Artefactum un ensemble espagnol
dévoué au répertoire médiéval
oncernant les interprètes de cette ductia dont l’auteur est resté inconnu, à ce jour, ArteFactum est un ensemble espagnol originaire de Séville, formé de musiciens d’expérience aux trajectoires artistiques variées.
Dès leur création en 1994, le groupe s’est positionné sur le répertoire des musiques anciennes et médiévales, en ne s’interdisant rien et avec l’ambition de tout explorer de cette période, des pièces liturgiques aux compositions les plus légères, jusqu’à la poésie goliardique. On leur doit, à ce jour, cinq albums, dans lesquels ils nous entraînent successivement à la découverte de la musique des troubadours, des Cantigas Santa Maria ou des danses médiévales variées, en passant par les chants et musiques des pèlerins de Compostelle et en allant jusqu’à l’interprétation de Carmina Burana dont nous avions déjà publié un morceau de leur cru ici, il y a quelque temps.
Une très belle journée à tous.
Fred
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »Publiliue Syrus Ier s. av. J.-C
Sujet : mottes castrales, châteaux à mottes, châteaux de bois, documentaire historique, 3D, reconstitution historique Période : moyen-âge central, Xe, XIe et XIIe Titre : tout savoir sur les mottes castrales ep 1. Auteur : votre serviteur Média : vidéo, chaîne vidéo youtube
Bonjour à tous,
ujourd’hui, nous nous permettons de partager à nouveau, ici, le premier épisode de notre série de vidéos sur les mottes castrales. La suite est encore en post-production mais sa sortie ne saurait tarder. Nous avons, en effet, passé plus de temps que prévu à le peaufiner mais, si tout va bien, nous pensons la publier entre cette fin de semaine et le courant de la semaine prochaine. Nous y présenterons le contenu de la basse-cour et en profiterons pour aborder de nombreux aspects de la vie médiévale tel qu’elle pouvait se dérouler dans un château à mottes, dans ses dimensions agricoles, religieuses, judiciaires, artisanales mais aussi
quotidiennes, En attendant, je vous invite à redécouvrir ou même à découvrir le premier épisode pour le cas où vous l’auriez manqué lors de sa première publication dans le courant du mois de juillet. Il y est question de contexte historique, d’invasions barbares et de bien d’autres choses encore et nous espérons que vous l’apprécierez.
« Tout savoir sur les mottes castrales » épisode 1: naissance des mottes castrales
Pour rappel, l’ensemble de cette série de vidéo sur les mottes castrales ( il y aura trois épisodes) se base sur des recherches qui croisent à la fois les découvertes de l’archéologie et celle de l’Histoire médiévale. Même s’il est fictionnel, le monde que nous y présentons se veut donc réaliste et se situe, au moins, dans l’ordre des possibles. L’idée étant de nous fournir un support viable et ludique pour aborder le sujet des châteaux à mottes de manière sourcée et sérieuse. Comme l’intérieur du Donjon s’inspire d’une tour de bois décrite dans les chroniques du curé d’Ardre, le monde en question se situe au milieu du XIIe siècle, et en 1170 pour être plus précis. Dans l’idée, cette motte castrale est construite depuis déjà quelques cinquante ans au moment où nous la découvrons.
En vous souhaitant une belle journée!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : livre, roman, fiction historique réaliste, abbaye cicestercienne Période : moyen-âge central, XIIe siècle Titre : les pierres sauvages Auteur : Fernand Pouillon (1912-1986) Editeur : Seuil (1964)
Bonjour à tous,
‘est avec grand plaisir que nous ajoutons, aujourd’hui, un article de plus à cette rubrique « livres et romans ». Elle n’est pas encore aussi étoffée que nous le souhaiterions et elle souffre un peu de notre emploi du temps chargé, mais, avec le temps, tout y trouvera assurément sa place. Quoiqu’il en soit, le parti pris étant plutôt la qualité, le roman que nous présentons ici lui fait largement honneur. Pour n’être pas spécialement récent, cet ouvrage est devenu, en effet, un classique dans le domaine des romans sur la période médiévale et en particulier, sur le sujet de la construction des abbayes cisterciennes et sur le quotidien de ces moines bâtisseurs.
La double passion d’un moine bâtisseur
« la difficulté est l’un des plus sûrs éléments de la beauté »
Extrait de Fernand Pouillon, les pierres sauvages (Guillaume Balz, moine bâtisseur)
‘une grande qualité documentaire, écrit de la main même d’un architecte, l’ouvrage est une fiction historique basée sur le champ des possibles. L’auteur nous conte, en effet, l’histoire de Guillaume Balz, moine cistercien, architecte et chef de chantier, mandaté par Bernard de Clairvaux pour superviser la construction d’une abbaye dans le courant du XIIe siècle, celle du Thoronet, abbaye cistercienne située dans le Var, construite durant ce même siècle.
Le roman est donc le journal de bord fictionnel de Guillaume Balz, au jour le jour et sur une période de près d’un an. A l’arrivée du moine, le lieu est à peine défriché et des solutions doivent être trouvées à tous les problèmes qui se posent déjà pour ériger là, un lieu digne du créateur auquel les moines vouent leur pratique et leur vie. Dans un récit laconique et profond, Fernand Pouillon, nous invite à nous glisser dans la peau de ce moine bâtisseur tenu à se frayer un chemin entre les problèmes matériels rencontrés, la gestion de la communauté qui participe à la vie du chantier (les frères comme les laïques), et la nature hautement spirituelle de l’ouvrage d’architecture auquel il se dédie. Il y sera question de la relation entre l’art de bâtir, la communauté et la foi, de la rencontre du spirituel et du matériel dans une recherche sans fin de perfection pour tenter humblement d’élever l’oeuvre humaine à la hauteur du divin. Ordre humain, ordre naturel, et ordre divin tout devra trouver sa place pour être sublimé dans l’oeuvre architecturale achevée et le roman vibrera tout entier de cette double passion du moine pour ces pierres sauvages et fragiles qui prendront vie sous sa plume, autant que pour le but ultime et transcendant de son ouvrage.
« La plupart des pierres seront traitées rudement, grossièrement : nous gagnerons du temps. Le soleil accrochera les facettes, les éclats, et fera précieuse la matière scintillante. Les anges, les joints dressés, ciselés, deviendront les pures arêtes, définiront le filet de la maille élémentaire, par la discrète diversité des fins appareillages que nul mortier apparent n’insensibilisera. Voilà pourquoi je ne veux pas la bâtir, l’engluer de chaux; je veux lui laisser un peu de liberté, sinon elle ne vivrait pas. »
Extrait de Fernand Pouillon, les pierres sauvages
(Guillaume Balz, moine bâtisseur)
Des pierres sauvages encore vivantes
ien qu’écrit il y a plus d’un demi-siècle, le roman de Fernand Pouillon est encore bien vivant et, en 2011, l’abbaye du Thoronet a même crée un spectacle en hommage à ses Pierres sauvages, autour de la lecture d’extraits choisis par la comédienne Mady Mantelin. L’ouvrage a aussi été traduit depuis sa parution dans de nombreuses langues et a dépassé de loin les frontières de France. Peut-être a-t’il ainsi rejoint la volonté de son auteur qui plus que d’en faire le témoignage d’une architecture passée voulait, au contraire, par son biais, remettre en question et en perspective les enjeux modernes de sa discipline.
« …Les plus nombreux considèrent ce livre comme une histoire se rattachant davantage à l’archéologie, à une architecture périmée, à une époque à jamais révolue qui n’a aucun rapport même lointain avec notre temps. Est-il utile de dire que mon intention fut de décrire à travers une aventure exemplaire ce qu’était le métier d’un architecte hier aujourd’hui et demain. » Fernand Pouillon
Pour dire encore quelques mots de Fernand Pouillon, on lui doit une longue carrière d’architecte, ainsi que de nombreuses réalisations dans ce domaine. Plus que de lui avoir inspiré un simple roman, les longues heures passées à l’abbaye du Thoronet semblent aussi avoir influencé son travail architectural. A n’en pas douter, en effet, au moins l’une des passions qu’il met dans ce moine bâtisseur est sienne et le romancier architecte était un véritable amoureux de la pierre; il y a, sans nul doute, dans ce Guillaume Balz plus d’un trait de l’auteur lui-même.
Ecrivain, architecte, entrepreneur, la vie de Fernand Pouillon pourrait encore faire l’objet, à elle seule, d’un roman d’aventure puisqu’il connaîtra également quelques déboires judiciaires et la prison pour une affaire d’abus de biens sociaux. Il s’en évadera même pour se présenter plus tard à son procès. et finira, sa courte peine expurgée et voulant exercer à nouveau, par subir des menaces qui le contraindront à s’exiler en Algérie où il finira sa carrière d’architecte et sa vie. Pour la petite histoire, il a d’ailleurs écrit son roman les pierres sauvages pendant ces années d’incarcération et reçut un prix à cette occasion.
Pour en conclure et pour revenir à ce livre, quand il s’agit de parler du moyen-âge central, on peut difficilement faire l’impasse sur le rôle joué par les ordres monastiques et notamment les abbayes cisterciennes qu’il s’agisse d’influence économique, éthique ou politique, comme de grands travaux d’architecture (voir l’article sur l’abbaye de Clairvaux). Cet excellent roman vous fera voyager à la découverte de ces grands travaux, depuis l’intérieur, avec tous les questionnements profonds que cela ne devait pas manquer de soulever.
Une excellent journée à tous!
Fred
Pour moyenagepassion.com A la découverte du monde médiéval sous toutes ses formes
Sujet : poésie médiévale mise en chanson, Rutebeuf, complainte Titre : Pauvre Rutebeuf, la Complainte de l’Amitié Auteur : Rutebeuf, Léo Ferré (1916-1993) Interprète : Philippe Léotard
Bonjour à tous,
oilà quelques temps que nous n’avons rien publié autour de Rutebeuf et, une fois encore, c’est par l’intermédiaire de Léo Ferré que nous allons le faire en revenant sur cette chanson « Pauvre Rutebeuf » que l’on appelle encore la complainte de l’amitié et que le célèbre chanteur et auteur anarchiste écrivit, dans les années cinquante, en hommage au poète du XIIIe siècle.
Aujourd’hui, nous postons aussi les vers originaux de la poésie de Rutebeuf qui inspirèrent Léo Ferré. Il est indéniable que ce dernier y mit sa plume et son talent autant que sa grande sensibilité, ne se contentant pas simplement de traduire le poète médiéval. De fait, sa version est très librement inspirée et emprunte même à d’autres extraits de Rutebeuf autant que s’y mêle un véritable travail d’écriture poétique. Mettre les deux versions en miroir permet de mesurer un peu mieux cette distance d’une poésie à l’autre.
Philippe Léotard, le coeur au bord du gouffre
« Tout le monde aimerait qu’il ne manque personne à sa solitude. Qu’ on se réjouisse ou qu’ on se lamente, quand on est seul, c’est tout de même aux yeux du monde ! »
Philippe Léotard – Clinique de la raison close
omme nous l’avions évoqué lors d’un article précédent, cette chanson de Léo Ferré à donné lieu à d’innombrables versions, mais nous voulons profiter de l’occasion du jour pour en partager une très spéciale. Elle nous vient du regretté Philippe Léotard, artiste écorché vif, acteur, chanteur, poète et écrivain anticonformiste de talent que la vie a fini par emporter, de boires en déboires, à l’âge de soixante et un ans. C’était il y a maintenant plus de quinze ans, presque jour pour jour, le 27 août 2001, aussi que cette pensée s’envole jusqu’à lui, et que cet article permette de le faire revivre le temps d’une chanson.
Au delà de la coïncidence des dates, cette version est encore très particulière à deux titres au moins. Dans sa forme, elle nous permet de nous délecter de la voix éraillée de Philippe Léotard et de la sensibilité unique de ce coeur qui semblait toujours être au bord du gouffre. Sur le fond, c’est aussi un hommage en cascade qui raisonne de la voix de trois véritables artistes et poètes, à travers les temps et les âges, du monde médiéval à nos jours.
La version originale de Rutebeuf
Li mal ne sevent seul venir; Tout ce m’estoit a avenir, S’est avenu. Que sont mi ami devenu Que j’avoie si pres tenu Et tant amé ? Je cuit qu’il sont trop cler semé; Il ne furent pas bien femé, Si ont failli. Itel ami m’ont mal bailli, C’onques, tant com Diex m’assailli En maint costé, N’en vi un seul en mon osté. Je cuit li vens les a osté, L’amor est morte. Ce sont ami que vens enporte, Et il ventoit devant ma porte Ses enporta. C’onques nus ne m’en conforta Ne du sien riens ne m’aporta. Ice m’aprent Qui auques a, privé le prent; Més cil trop a tart se repent Qui trop a mis De son avoir pour fere amis, Qu’il nes trueve entiers ne demis A lui secorre. Or lerai donc fortune corre Si entendrai a moi rescorre Si jel puis fere.
La complainte de l’Amitié ou Pauvre
Rutebeuf de Léo Ferré
Que sont mes amis devenus Que j’avais de si près tenus Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés Je crois le vent les a ôtés L’amour est morte Ce sont amis que vent me porte Et il ventait devant ma porte Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
En vous souhaitant une très belle journée! Pleut-il chez vous? Ici, les tropiques n’en finissent pas de s’épancher en belles pluies capricieuses.
Fred
Pour moyenagepassion.com « L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. »Publilius Syrus Ier s. av. J.-C.