Archives par mot-clé : moyen-âge tardif

La grande Fête historique des Louches de Comines

comines_blason_medieval_armoirie_heraldique_nord_haut_de_franceSujet : agenda médiéval, fêtes historiques, animations, marché médiéval.
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle
Evénement : La Fête historique des Louches
Lieu : Comines, Nord, Haut de France
Date : les 7, 8, 9 octobre 2017

Bonjour à tous,

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epuis la fin du XIXe siècle et plus précisément l’an 1884, on célèbre à Comines, dans le département du Nord, et en Flandre romane, la Fête historique des louches. Elle se tient, chaque année, au second week-end d’octobre et durant 3 jours pleins.

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La légende médiévale aux origines de la fête

U_lettrine_moyen_age_passionne légende conte qu’au moyen-âge, le seigneur local de la cité fut fait prisonnier dans une tour de son château. Il jeta alors par la meurtrière de sa geôle une cuillère arborant ses armoiries, à des couvreurs travaillant sur les toits.  Alertée par les ouvriers, la population se mit bientôt en devoir d’assiéger la tour et put ainsi  libérer le noble.

Historiquement, cette légende pourrait bien être née de la capture par les anglais de Jean 1er de la Clite ( en Flamand, Jan van der Clyte), Seigneur de Comines, pendant la bataille d’Azincourt. Emprisonné à Ruisseauville, il fut, en effet, libéré contre rançon, acquittée dit-on, fete_louches_comines_nord_celebration_medievale_animations_historiques_moyen-age_tardifpar les citoyens même de la cité. Afin de les en remercier,  Jean II, son héritier, obtiendra de Philippe III de Bourgogne, moins d’un demi-siècle plus tard et en 1456, le privilège pour les citoyens de Comines de pouvoir commercer librement pour la Saint-Denis. On établira alors une franche foire.

Quant à cette  cuillère qui, avec le temps, se transforma en Louche, il semble que cette coutume fut consacrée par des marchants qui ouvrirent ainsi la franche foire.

Au programme de la fête des Louches

S_lettrine_moyen_age_passioni cette fête chère aux cominois célèbre bien cette légende médiévale, elle reste fortement attachée à l’histoire du village et se présente aussi comme une célébration résolument populaire, et pas seulement comme un événement strictement médiéval : fête foraine, marché médiéval et franc marché (avec installation libre et pour tous les commerçants et artisans), on y trouvera encore de nombreuses animations, dont, bien sûr, les traditionnels  jets de louches; plus de 1000 d’entre elles seront, en effet, jetées à la foule  depuis les étages de l’Hotel de ville. Cortèges historiques, élection fetes_historique_animation_medievale_des_louches_comines_nord_flandre_romanedes seigneurs de Comines, défilé nocturne des « allumoirs » seront encore de la fête, et on fera aussi parader fièrement les sept géants de la ville (dont deux sont nouveaux) qui représentent des personnages de l’Histoire locale et dont les premiers ancêtres, faits d’osier, remontent  à la fin du XIXe siècle.

Pour les sportifs, la fête sera également l’occasion d’une grande course cycliste et pour les plus mélomanes, un grand concert  sera donné par l’ensemble Symphonie l’Espérance qui proposera un florilège de belles pièces de musique classique.

Retrouvez le programme détaillé sur le site officiel très complet de la fête historique des Louches.

Une très belle journée à tous !

Fred
Pour moyenagepassion.com
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La puissance de l’esprit humain selon Paracelse

citations_alchimie_medecine_medievale_moyen_age_paracelseSujet : citations, libre-arbitre, esprit humain, philosophie, pouvoir de l’esprit.
Période : début renaissance, moyen-âge tardif
Auteur Paracelse, Paracelsus (1493-1541) 

« Si nous, les hommes, connaissions bien notre esprit, rien ne nous serait impossible sur terre.»
Theophrastus Bombastus Von Hohenheim, Paracelse (1493-1541)  Médecin, alchimiste & astrologue du moyen-âge tardif.

Bonjour à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionue cache cette citation de Paracelse que vous avez peut-être déjà croisée ici ou là ? Prise hors de son contexte, elle pourrait presque nous rappeler les assertions modernes de la Science sur les mystères et le pouvoir infinis du cerveau humain au niveau bio-chimique.  En réalité, nous sommes au début du XVIe siècle et même si le moyen-âge est déjà en train de céder la place à la Renaissance, il ne s’agit pas encore  de cela.

Pour Paracelsele médecin, philosophe et savant du moyen-âge tardif, l’essence de l’esprit humain est divine :  « C’est une grande chose que l’esprit de l’homme, une chose telle que personne ne saurait l’exprimer. Comme Dieu lui-même est éternel et impérissable, ainsi en est-il de l’esprit de l’homme. ».  Cet esprit humain, émanation directe du divin, est même si puissant qu’il pourrait aller jusqu’à prendre l’ascendant sur les étoiles et sur les Astres eux-même.

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Plus qu’un relation hiérarchisée entre Dieu, l’homme et la nature, à laquelle le moyen-âge nous avait habitué  il y a donc, selon Paracelse, une relation véritablement intime entre l’homme, couronnement de la création et Dieu. De cette philosophie, il résulte pour lui que l’homme devrait être affranchi de toute structure politique ou sociale coercitive ou arbitraire et ne jamais être subordonné au bon vouloir d’un « maître » afin de pouvoir développer directement ses propres dons pour le bien-être de la communauté. Cette  idée forte du libre arbitre et de la liberté individuelle l’ont d’ailleurs fait, quelquefois, rapprocher de Luther (voir l’ouvrage Paracelsus, essential, theoretical writings de  Nicholas Goodrick-Clarke).

Cette conception d’une inspiration divine directe et d’un potentiel infini qui peuvent se manifester sous certaines conditions explique encore, sans doute et en partie, le mépris que Paracelse a souvent affiché auprès des universités, contre l’expérience et l’apprentissage direct, autant que les quolibets qu’il a pu adresser à des personnes s’engageant sur la voie de la médecine, sans en avoir la vocation profonde, ni le don.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
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L’éloge médiévale de la « médiocrité » par Eustache Deschamps

poesie_medievaleSujet : poésie médiévale, morale,  réaliste, ballade, médiocrité dorée, vieux français
Période : moyen-âge tardif, bas moyen-âge
Auteur : Eustache Deschamps  (1346-1406)
Titre : « pour ce fait bon l’estat moien mener»
Ouvrage ;
œuvres complètes d’Eustache Deschamps Vol II, Marquis de Queux de Saint-Hilaire

Bonjour à tous,

V_lettrine_moyen_age_passion copiaoici une autre ballade d’Eustache Deschamps sur un des thèmes qu’il affectionne particulièrement et dont nous avons déjà parlé dans un article précédent : « Aurea médiocritas » ou  la « médiocrité dorée », autrement dit, au sens médiéval et en référence au poète Horace, du 1er siècle avant Jésus-Christ :  l’éloge de la « voie moyenne ».

Pour le poète du moyen-âge tardif, tout en se gardant bien de l’extrême pauvreté, il est donc ici question de se défier de vouloir crouler sous les richesses et les possessions avec leurs lots de souci et même de vices (avarice, envie, etc…). Corollaire de cette vie simple, sécurité, indépendance et tranquillité d’esprit, bref autant de valeurs venant récompenser qui saura s’en contenter et aura la sagesse de « tenir ou mener le moyen ».

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Faut-il, une fois de plus, voir dans cette ballade (comme on a si souvent tendance à le faire avec la poésie d’Eustache Deschamps) la marque « psychologique » d’un auteur désabusé, un peu sur le retour et qui a fait le tour de toutes les ambitions ? Il n’est pas certain que cela épuise le sujet. Dans son Automne du Moyen-âge, Johan Huizinga y lira plutôt, justement contre l’avis de Gaston Raynaud, un des grands éditeurs de Deschamps au XIXe siècle, le signe d’un déclin des temps, et même une certaine usure ou lassitude du moyen-âge tardif, face aux deco_frise_medevial_eustache_deschampsvaleurs de la noblesse, aux valeurs courtoises et à la vie curiale. Comme il le rappellera, Eustache Deschamps n’est d’ailleurs pas le seul auteur à promouvoir cette idée. Avant lui, on trouve une forme d’éloge du retour à une vie simple, loin des fastes de la cour, au point de prendre même un tour pastoral, chez Philippe de Vitry, musicien, poète et évêque de Meaux, dans son Dit de Franc Gontier. Autour de 1400, cette idée de « mépris de la vie curiale » sera aussi promue dans le cercle des pré-humanistes français, et on la retrouvera, encore un peu plus tard,  chez Jean Meschinot pour ne citer que lui.

Quoiqu’il en soit, pour revenir à des considérations plus contemporaines, cette ballade qui semble consacrer le plafonnement des ambitions pécuniaires et sociales (un certain statut social atteint tout de même),  pourrait presque prendre des dehors de contre-pied pour nos esprits modernes, tant nos sociétés post-industrielles se sont si souvent complu à encenser la réussite financière à tout crin. De fait, le « moyen » y tutoie bien souvent le « passable » et la médiocrité n’y a plus grand chose de dorée, même s’il faut tout de même constater que ces valeurs ont aussi fini par trouver de sérieux détracteurs.

Pour ce fait bon l’estat moien mener
dans le moyen-français d’Eustache Deschamps

Je ne requier a Dieu fors qu’il me doint
En ce monde lui servir et loer,
Vivre pour moy, cote entière ou pourpoint,
Aucun cheval pour mon labour porter,
Et que je puisse mon estat gouverner
Moiennement, en grace, sanz envie,
Sanz trop avoir et sanz pain demander,
Car au jour d’ui est la plus seure vie.

Cilz qui trop a n’est toudis en un point,
Tousjours doubte du sien perdre et gaster,
Cuisançon l’art, Avarice le point, (le souci le brûle, l’avarice le pique)
Et Envie lui fait le sien oster ;
Qui sires* (grand seigneur) est, il a moult a penser
Pour son estat et pour sa grant maisgnie* (maison) ;
Pour ce fait bon l’estat moien mener,
Car au jour d’ui est la plus seure vie.

Qui povres est, chascun vers lui se faint ;
Grant doleur a de son pain truander* (mendier),
Honte le suist. Indigence le vaint ;
Impaciens veult son Dieu acuser ;
Les drois civilz le veulent reprouver
Que creus ne soit : ainsis povres mendie ;
Dieux nous vueille vivre et robe donner.
Car au jour d’ui c’est la plus seure vie.

L »ENVOY

Princes, qui veult son temps vivre et durer
Moiennement doit son fait ordonner,
Sanz trop vouloir avoir grant seignourie,
Ne richesce, ne soufraicte porter:
Le moien doit vouloir et désirer,
Car au jour d’ui c’est la plus seure vie.

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE
Pour moyenagepassion.com.
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Trois extraits des lunettes des princes de Jehan Meschinot

manuscrit_24314_jean_Meschinot_poete_breton_medieval_poesie_politique_satirique_moyen-age_tardifSujet : poésie satirique, politique, morale, poésie médiévale, poète breton. exercice du pouvoir
Période : moyen-âge tardif, XVe siècle
Auteur : Jean (Jehan) Meschinot (1420 – 1491)
Manuscrit ancien : MS français 24314 bnf
Ouvrage : Les lunettes des Princes.

Bonjour à tous,

P_lettrine_moyen_age_passion copiadeco_medieval_bretagneour faire suite à notre portrait de Jean Meschinot, poète médiéval et  gentilhomme d’armes  breton et nantais du XVe siècle, nous livrons ici encore trois strophes extraites de ses Lunettes de princes et de sa poésie politique et satirique.

Sans ménagement, notre auteur du moyen-âge tardif commande encore ici aux princes sagesse et morale dans l’exercice du pouvoir et leur rappelle très justement qu’il s’agit là d’un exercice du service et du don de soi. Compassion, tempérance et sens des responsabilités doivent donc y commander. Autant de choses qui demeurent encore évidentes et auxquelles on ne peut qu’adhérer, quelques 600 ans après ces vers et ce, que  les princes soient ou non réputés désignés par Dieu,


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« Seigneur, qui as souverain regne,

Gouverne tes subjectz en paix,
Fay que justice sur eulx regne,
D’amour et equité les paistz,
Aussi de pitié les repaistz
Quant ils auront vers toy sailly (1),
Le fort doit support au failly. »


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« Croy tu que Dieu t’ayt mis à prince

Pour plaisir faire à ta personne ?
Las! je ne sçay se as aprins ce (2),
Mais le vray bien autre part sonne,
Et ton nom à l’effect consonne,
Le roy gouverne et le duc main,
Servans à créature humaine. »


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« O prince, je te supply, traicte

Tes subjectz en grant amytié,
Soit à l’entrer ou à la traicte;
Le pasteur doit plus de moytié
Avoir de ses brebis pitié
Qu’ung mercenaire ou estrangier
En ce monde a tousjours dangier. »


Notes
(1) quand ils se présenteront devant toi
(2) Las! je ne sais si c’est que tu as appris

En vous souhaitant une belle journée.

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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