Archives par mot-clé : moyen-âge tardif

Tournoi de la citadelle : dans la peau d’un combattant de Béhourd avec les franc-comtois d’Aquila Sequania

behourd_logo_combat_joute_chevalerie_medieval_reconstitution_historique_passion_monde_medievalSujet : Béhourd, Carcassonne, tournoi, escrime ancienne, sport, combat médiéval.
Période  : moyen-âge central à tardif
Média : vidéo, chaîne youtube
Auteur : Aquila Sequania
Evénement : tournoi de la citadelle de Carcassonne, Avril 2017

Bonjour à tous

N_lettrine_moyen_age_passionous vous avions parlé, il y a quelque temps, du grand tournoi de  la citadelle, à Carcassonne.  Alors pour tous ceux qui n’ont pas pu s’y rendre, voici une belle vidéo qui vous met, pour quelques minutes, dans la peau d’un combattant de Béhourd  et vous donne une bonne idée de l’intensité des combats et des échanges.

Aquila Sequania, Béhourd et passion médiévale en Franche Comté.

C_lettrine_moyen_age_passion‘est l’équipe Aquila Sequania, originaire de Franche Comté,  qui nous  gratifie de ce montage original.  Comme il se doit, cette association réunit de véritables  passionnés behourd_combat_tournoi_medieval_sport_art_martial_moyen-agede combat et d’Art martial mais aussi d’Histoire médiévale. Leur passion pour le Béhourd et leur investissement dans la discipline les ont conduit rien moins qu’à la deuxième place des championnats de France 2017 de Saint-Dizier. Depuis leur fondation en 2013, ils ne cessent d’ailleurs d’accumuler les titres  et vous pouvez consulter leur excellent palmarès  ici.

Pour plus de vidéos, n’hésitez pas à consulter leur chaîne youtube . Pour leur actualité et des interviews exclusives et complètes de leurs pratiquants, ils ont aussi  un site web très complet ici.

Pour le reste, vous pouvez retrouver tous nos articles sur cette discipline qui mêle combat et passion pour l’histoire médiévale ici,

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes

Saltarello, Francesco Landini et musique florentine du XIVe par l’ensemble Micrologus

musique_medievale_moyen-age_tardif_saltarelle_danse_italienneSujet :  musique,  danse médiévale, musiques anciennes, saltarelle, saltarello, musique florentine, Francesco Landini.
Période : moyen-âge tardif, XIVe siècle
Auteur :  Anonyme
Titre :  Saltarello
Interprètes : Ensemble Micrologus
Album :  Landini e la musica fiorentina (1995)

Bonjour à tous,

E_lettrine_moyen_age_passionn 1995, dans un album dédié aux compositeurs florentins et à la musique florentine du XIVe siècle, le très talentueux ensemble Micrologus nous gratifiait  d’une belle interprétation d’un Saltarello demeuré anonyme et datant de cette même période.

L’ensemble Micrologus,
à la redécouverte des musiques médiévales

Nous avons déjà parlé ici de cette formation italienne, toute entière dédiée au répertoire des musiques anciennes et médiévales, sur une période qui se situe micrologus_musique_ancienne_medievale_ethno_musicologie_saterelle_moyen-age_tardifplutôt autour des  XIIIe au XVe siècles, mais qui va parfois jusqu’au début de la renaissance. Depuis leur création en 1984, on doit à Micrologus près d’une quarantaine d’albums, dont les derniers depuis 1995 sont produits directement par leurs soins et sous leur propre label.

Prenant leur inspiration à la source des manuscrits d’époque, en comparant patiemment les documents, en étudiant les sources historiques comme iconographiques, les artistes de Micrologus  jouent encore avec des instruments anciens pour être au plus proche des sonorités,  autant que de « l’esprit » des pièces médiévales interprétées.

musique_medievale_ancienne_danse_historique_saltarello_ensemble_micrologus_moyen-age_central

A l’image des ensembles les plus exigeants dans le domaine des musiques anciennes et médiévales, il est donc question ici  d’ethno-musicologie et de recherche, autant que du plaisir de jouer et de partager. Cette exigence de restitution, autant que le talent de ses interprètes, ont fait de la formation une référence du genre,  bien au delà de la seule péninsule italienne dont elle est originaire. Ils se produisent d’ailleurs en concert dans toute l’Europe et au delà, jusqu’aux Etats-Unis.   Vous pouvez retrouver l’ensemble de leur discographie  ainsi que leur agenda de concerts  sur leur site web  (en anglais uniquement pour l’instant).

Francesco Landini
et  la musique florentine du XIVe siècle

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Primé  à plusieurs reprises, cet album fut notamment “Diapason d’Or de l’Année” en France en 1996, on y retrouve des pièces de compositeurs florentins tels que  Francesco Landini, Giovanni da Firenze, Magister Guglielmus, Lorenzo Masi, Donato da Firenze, Gherardello da Firenze et encore quelques  morceaux  demeurés anonymes comme ce Saltarello qui fait d’ailleurs l’ouverture de l’album.

Même si la pièce que nous vous proposons aujourd’hui n’est pas de Francesco Landini (1335 (?) -1397),  il convient de dire un mot de ce compositeur ici puisque cet album lui est dédié. Connu encore sous le nom de Landino, Magister Franciscus Caecus, ou  même Francesco « Cieco » (l’aveugle), il se passionna d’abord de peinture mais rendu non-voyant dés l’enfance, suite à la variole, il s’orienta sur la musique et sur la fabrication d’orgues. De fait, il y brilla, puisqu’il fut à la fois instrumentiste et organiste couronné, autant qu’il devint un  compositeur et poète florentin parmi les plus célèbres et reconnus de son siècle.

Francesco Landini, compositeur italien, Ars Nova, enluminure, portrait, Squarcialupi Codex (XVe siècle)
Francesco Landini, compositeur italien, Ars Nova, enluminure, portrait, Squarcialupi Codex (XVe siècle)

En matière de composition, il a laissé en héritage un nombre important de pièces, près de 154, musicales et vocales, la plupart polyphoniques à deux et trois voix et il s’inscrit dans le mouvement de l’Ars nova caractéristique du XIVe s dont il  est, comme Guillaume de Machaut, considéré comme un des plus importants représentants, du côté de la péninsule italienne.

Pour découvrir ce compositeur avec la très sérieuse formation Micrologus qui s’en est fait experte, nous ne pouvons que vous conseiller de vous pencher plus avant sur cet album. Il est à en juger toujours disponible à la vente en ligne à l’adresse suivante : Landini & ses contemporains

En vous souhaitant une belle écoute et une très belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
A la découverte du moyen-âge sous toutes ses formes.

Jeu video et musique médiévale : quand Sid Meyer rencontre Guillaume de Machaut

Guillaume-de-Machaut_trouvere_poete_medieval_moyen-age_passionSujet : musique, chanson ancienne, médiévale, musicien, maître de  musique, virelai, amour courtois, fine amour
Titre : « Quant(d) je suis mis au retour »
Auteur: Guillaume de Machaut (1300-1377)
Période : XIVe siècle, Moyen Âge tardif
Interprétes, orchestration  : Roland Rizzo,  Geoff Knorr
Jeu vidéo : Civilization  6

Bonjour  à tous,

Q_lettrine_moyen_age_passionuand le compositeur Guillaume de Machaut et ses mélodies uniques se réinvitent dans notre modernité, cela peut quelquefois prendre des dehors surprenants.   Cette fois-ci, nous retrouvons deux pièces du maître de musique du XIVe siècle dans un des titres  les plus mythiques de l’histoire  des jeux vidéo : Civilization VI  de Sid Meyer.

civilization_6_musique_medievale_guillaume_de_machaut

Ces chansons ont, bien entendu, été réarrangées pour l’occasion et ne sont proposées que dans leur version instrumentale. Elles ne forment qu’une infime partie de l’ambiance sonore du jeu qui, par ailleurs, propose plus de quatre heures trente de musique contextuelle, cette dernière variant en fonction de la civilisation choisie, autant que de la période historique traversée par le joueur.  Nous sommes bien loin  du temps où les jeux vidéos ne proposaient que de petits jingles  ou  des bandes son midi  en boucle.

Concernant les pièces issues du répertoire de Guillaume de Machaut, Civilization 6  propose  une reprise de Douce Dame Jolie  et une autre chanson de lui dont cet article nous donne l’occasion de parler et qui s’intitule : Quant je sui mis au retour.

Cette dernière chanson se situe encore dans le registre de la « fine amor » et nous conte le transport et l’émoi de l’amoureux qui s’en revient de voir sa belle et n’en finit plus de conter les louanges de cette dernière. Nous aurons sans nul doute l’occasion d’en partager d’autres versions dans le futur, et nous publions dors et déjà les paroles ici. Cette interprétation du jour nous fournit  l’occasion  de l’anecdote et nous permet aussi de mesurer à quel point la musique et les mélodies du compositeur du Moyen Âge tardif continuent à travers les siècles de servir sa renommée.

Les paroles de la chanson de Guillaume de Machaut

Quant je sui mis au retour
De veoir ma dame,
Il n’est peinne ne dolour
Que j’aie, par m’ame.
Diex! c’est drois que je l’aim, sans blame,
De loial amour.

Sa biauté, sa grant douçour
D’amoureuse flame,
Par souvenir, nuit et jour
M’esprent et enflame.
Diex! c’est drois que je l’aim, sans blasme,
De loial amour.

Et quant sa haute valour
Mon fin cuer entame,
Servir la vueil sans folour
Penser ne diffame.
Diex! c’est drois que je l’aim, sans blame,
De loial amour.

En vous souhaitant une belle journée.

Fred
Pour moyenagepassion.com
L’ardente passion, que nul frein ne retient, poursuit ce qu’elle veut et non ce qui convient. Publilius Syrus   Ier s. av. J-C.

La Ballade des menus propos de maître François Villon et l’analyse littéraire de Gert Pinkernell

françois_villon_poesie_francais_moyen_ageSujet : poésie, littérature médiévale, réaliste, satirique, ballade, auteur médiéval, analyse littéraire.
Période : moyen-âge tardif
Titre :  « Ballade des menus propos »
Auteur :  François Villon (1431- ?1463)

Bonjour à tous,

L_lettrine_moyen_age_passionégèreté et profondeur, de la mouche à la mort, peut-être ne sont-ils pas au fond si menus ces propos de François Villon sur la connaissance du monde et des choses, opposée à la difficulté  ou l’impossibilité dérisoire de se connaitre soi-même.

Dans cette ballade  dont le  titre même semble nous inviter à ne pas la prendre au sérieux, cette litanie de celui qui connaît tout mieux qui lui-même qui revient comme une ronde, vient trancher comme un couperet  dans la légèreté du propos. A quelques exceptions, voilà donc une grande liste de connaissances finalement assez peu savantes, pour un narrateur poète  qui, pour finir, confesse se connaître lui-même encore moins.

francois_villon_ballade_auteur_poesie_medievale_realiste_satirique_menus_propos_moyen_age_tardif

Avec cette pirouette ironique, Villon se rit-il seulement de lui-même ou fait-il encore  une allusion  ( narquoise ?)  à un genre poétique connu de son temps et dont on retrouve la trace aussi dans le lointain XIIe siècle, notamment dans la poésie du duc d’Aquitaine , Guillaume IX (1071-1126)  ?

Ieu conosc ben sen et folhor,
E conosc anta et honor,
Et ai ardimen e paor…

Je connais  bien sens et folie
Je connais  la honte et l’honneur
J’ai connu l’audace et la peur

Guillaume IX d’Aquitaine
Ben vuelh que sapchan li pulzor

Une hypothèse plus pragmatique
sur la ballade des menu propos de Villon

D_lettrine_moyen_age_passionans une approche plus pragmatique et plus « factuelle » de la poésie de François Villon et notamment sur la période  qui couvre les années 1457 à 1461, le romaniste et professeur de littérature française allemand Gert Pinkernell (1937-2017) a émis l’hypothèse qu’à l’image de la ballade des proverbes, cette ballade des menus propos  pouvait être une tentative du poète médiéval  pour se réconcilier avec son protecteur Charles d’Orléans. Toujours selon Gert Pinkernell, au moment de l’écrire, Villon avait été chassé de Blois, suite à une querelle entre poètes de cour; le bon Villon aurait pu en effet y égratigné quelque peu un dénommé  Fredet, poète alors en faveur du seigneur d’Orléans. Ce dernier, ainsi que son écuyer, en aurait d’ailleurs  blâmé François Villon par poésie interposée qui, humilié, aurait alors décidé de déserter la cour.

Toujours suivant l’hypothèse de l’auteur allemand, cette  ballade des menus propos prendrait donc plutôt l’allure d’un plaidoyer de Villon sur sa propre ignorance, animé de  la volonté très pratique de se remettre dans les faveurs du noble. Le poète médiéval  y relaierait encore dans un jeu de miroir,  un plaidoyer fait peu avant par Charles d’Orléans pour la défense de Jean d’Alençon et dans lequel  le prince reprenait notamment la phrase suivante empruntée à Saint-Bernard :   « plusieurs congnoissent plusieurs choses et ne se congnoissent pas eulx mesmes »    et  plus loin: « …congnoissant que je ne suis ne sage, ne bon clerc… »

Encore une fois, il est difficile d’être totalement affirmatif sur tout cela et Gert Pinkernell  lui-même prend de grandes précautions  jusque la fin de son propos:  « il pense avoir démontré qu’il est vraisemblable que… » Son approche suscite d’ailleurs quelques polémiques en d’autres endroits, parce que toute théorique et finalement absolument invérifiable même si elle se fonde sur l’ analyse minutieuse des textes, et des rapprochements  et renvois aussi précis que troublants d’une poésie à l’autre.  Au demeurant, ses efforts pour ancrer  les ballades de François  Villon dans le contexte réel de ses relations avec Charles d’Orleans  et la cour restent tout à fait Francois_villon_poesie_litterature_medievale_ballade_menu_propos_analyselouables et pour tout dire, sans aucunement les déprécier, plutôt plaisants à suivre.  On y trouve, bien sûr, de nombreux : « Villon a pu » « a dû », « a certainement », mais  on suit avec plaisir les investigations littéraires de G Pinkernell pour mettre à jour les intrigues relationnelles possiblement cachées derrière la  poésie  de Villon, dans le but de la ré-éclairer d’une autre manière. Il faut ajouter que pour un peu, en le lisant, on assisterait presque à une répétition des querelles entre poètes de cour et des règlements de compte par poésies interposées au milieu desquels Clément Marot se retrouvera pris,  un peu moins d’un siècle plus tard.

Si le sujet vous intéresse,  vous trouverez plus de détails sur la  question dans l’ouvrage  du :  François Villon et Charles d’Orléans (1457 à 1461) de Gert Pinkernell. Plus accessible encore, vous pourrez consulter  sur Persée un article détaillé du même auteur, paru en 1983 dans lequel il développe déjà largement cette hypothèse :  une nouvelle date dans  la vie et dans l’oeuvre de François Villon :  4 octobre 1458.

La ballade des menus propos

Je connois bien mouches en lait,
Je connois à la robe l’homme,
Je connois le beau temps du laid,
Je connois au pommier la pomme,
Je connois l’arbre à voir la gomme,
Je connois quand tout est de mêmes,
Je connois qui besogne ou chomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Je connois pourpoint au collet,
Je connois le moine à la gonne,
Je connois le maître au valet,
Je connois au voile la nonne,
Je connois quand pipeur jargonne,
Je connois fous nourris de crèmes,*
Je connois le vin à la tonne,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Je connois cheval et mulet,
Je connois leur charge et leur somme,
Je connois Biatris et Belet,
Je connois jet qui nombre et somme,
Je connois vision et somme,
Je connois la faute des Boemes,
Je connois le pouvoir de Rome,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes.

* Sur ces fous nourris de crème, c’est encore un article de Persée qui vient à notre secours pour tenter de les expliquer : Note sur la Ballade des menus propos. Gertrude Schoepperle.  Deux hypothèses existent sur l’interprétation de cette expression. La première  y verrait plutôt comme sens que les fous  sont bien nourris à l’inverse des sages et des poètes, La deuxième hypothèse, développée dans cet article,  souligne l’association  fréquente à l’époque du fou et du fromage.

Un  excellente journée à tous !

Frédéric EFFE.
Pour moyenagepassion.com
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